PERNET QUI VA AU VIN
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PERNET QUI
VA AU VIN
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Pernet qui va au vin fut sans doute composé par un de ces fatistes picards qui œuvraient à Paris dans le premier tiers du XVIe siècle ; voir la notice du Mince de quaire.
L’auteur, ou plutôt le compilateur, s’inspire de plusieurs sources, quand il ne les recopie pas sans vergogne. La fin (à partir du vers 275) provient d’une autre farce, que le compilateur amalgame sans même prendre la peine de faire rimer la transition. Dès lors, le nom de Pernet n’apparaît plus que dans les rubriques, et ce fruste vigneron devient par miracle un sculpteur de bondieuseries. Les seuls points communs avec la pièce principale sont la présence d’un faux cousin, et celle d’un pâté. On reconnaît d’ailleurs des analogies entre cette conclusion apocryphe et la farce du Pasté (F 19), sans qu’on puisse dire laquelle des deux pièces a influencé l’autre.
Source : Recueil du British Museum, nº 12. Publié en 1548, chez feu Barnabé Chaussard. Cet éditeur lyonnais a gommé plusieurs particularismes picards, mais avec tant de maladresse qu’on peut les reconstituer. La farce de Pernet qui va à l’escolle, nº 46 du même recueil, n’a aucun rapport avec celle-ci.
Structure : Rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle trèsbonne
et fort joyeuse de
Pernet qui va au vin
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À troys personnaiges, c’est assavoir :
PERNET
SA FEMME [Nicolle]
et L’AMOUREUX
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PERNET
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LA FEMME commence 1 SCÈNE I
Hau, Pernet ! Hau ! Respondez-moy !
Viendrez-vous point ? C’est grant esmoy
D’avoir mary de telle sorte.
Hau, Pernet ! Pensez-vous qu’il sorte ?
5 [Et !] il fera sa malle2 mort !
Jamais ne cesse s’il ne mort3,
Tant il est friant et gourmant.
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L’AMOUREUX commence 4 SCÈNE II
C’est grant pitié d’ung pouvre amant
Qui ne peult jouyr de sa Dame.
10 Brief je m’en voys, sans crainte d’âme5,
Parlementer avec Nicolle.
J’enraige que je ne l’acolle
En lieu secret ung tantinet.
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LA FEMME SCÈNE III
J’ay beau crier « Pernet ! Pernet ! » :
15 Par ma foy, il est endormy.
L’AMOUREUX
Et ! m’amour !
LA FEMME
Monsieur mon amy,
Dieu vous mette en c[él]este voye !
Pourveu que Pernet ne vous voye !
Prendre fault garde sur ce pas6.
20 Aussi, que ne pourchassez pas7
Mon déshonneur pour récompense.
L’AMOUREUX
M’amye, [tout] le mal que g’y pense
Vous8 puisse advenir, à la fin,
[Dans vostre lit !]
LA FEMME
Vous este[s] fin.
L’AMOUREUX
25 Nous deux ferons bien noz accordz.
LA FEMME
Noter vous fault que de mon corps
N’ay [jà] faict chose qui approche9
Dont j’aye déshonneur et reproche ;
Car je ne suis du lieu10 venue.
30 Je vous ditz ma desconvenue11
Affin que [bien] vous l’entendez12.
L’AMOUREUX
Si vostre grâce [n’]estendez
Sur moy13…
LA FEMME
[Dea !] je vous entens bien.
L’AMOUREUX
Vous y acquerrez…
LA FEMME
Et quoy ?
L’AMOUREUX
Tout bien.
LA FEMME
35 C’est ung dit14.
L’AMOUREUX
[Dont verrez]15 l’effait.
LA FEMME
Mon âme ! Quant [c’]est faict, c’est faict.
On dit au panier, pour déceptes16,
Adieu, quant vendanges sont faictes.
Voylà le bruyt17 qu’il en advient.
40 Mais que dira Pernet, s’il vient ?
Monsieur, vous me ferez infâme.
L’AMOUREUX
Mon serment ! vous estes bien femme
Pour luy dresser quelque mestier18.
LA FEMME
[Et !] à voz ditz19, j’en fais mestier ;
45 Non fais, dea, [non fais] !
L’AMOUREUX
Et ! m’amye,
Je n’ay bonne heure ne demye20,
Sinon quant je suis avec vous.
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PERNET commence 21 SCÈNE IV
Ha ! je le voy. J’en suis jaloux.
Ventre sainct Gris ! voylà mon homme.
50 Je ne sçay comment on le nomme,
[Mais] c’est luy, ou je suis déceu22.
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LA FEMME 23 SCÈNE V
Monsieur, j’ay Pernet apperceu,
Qui s’en vient tout droict [du raisin]24.
L’AMOUREUX 25
Adieu, cousine26 !!
LA FEMME
Adieu, cousin !!
L’AMOUREUX
55 Adieu, ma cousine, ma seur !!
PERNET
(Ventre sainct Gris ! quel gaudisseur27,
Et quel embrocheur de connin28 !)
L’AMOUREUX
Adieu, cousine !!
LA FEMME
Adieu, cousin !!
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PERNET 29 SCÈNE VI
Cousin ? [Et] dea, que de langaige30 !
60 Vous me dressez [ung beau] lignaige
[De gentilhomme] en peu de temps.
LA FEMME
Certes, Pernet : comme j’entens,
C’est vostre [grant] cousin germain31.
PERNET
Cousin [de la sénestre main]32 !
65 Ou il meschait de l’âme.
Prendre fault garde sur ce point.
LA FEMME
Dea ! Pernet, je ne pensoye point
Que soyes33 de gentillesse traict.
PERNET
Gentil34 ? Ung quart moins, pour le trait35 !
70 Gentil [ne] suis, [ne] gentillastre :
Il suffist bien d’avoir ung astre36
À se chaufer en la maison.
LA FEMME
Vous estes gentil par raison :
Vostre cousin, Monsieur37, me l’a dit.
PERNET
75 Gentilhomme ? Dea ! qu’esse-cy ?
Cela se pourroit-il bien faire ?
LA FEMME
Pourquoy non ?
PERNET
C’est ung [grant] affaire38
Qui me trouble l’entendement.
Mon père estoit, premièrement…
LA FEMME
80 Quoy ?
PERNET
Du villaige vach[ï]er39.
LA FEMME
[ C’est-à-dire va te chïer.
PERNET
Bren ! ]40
LA FEMME
Qui vous puist41 casser les dens !
Vous estes, dehors et dedans,
Gentilhomme, vueillez ou non.
PERNET
85 Gentilhomme ? C’est donc de nom
[Que je le seroys], et non d’armes.
Je ne craindray plus les gensdarmes42
Comme [je l’]avoys de coustume.
[Çà ! il fault]43 que je m’acoustume
90 À porter le bonnet sur l’oreille,
Et la plume (pour l’apareille44)
Tout à l’entour de mon bonnet.
LA FEMME
Certes, mon [bon] mary Pernet,
Ce ne vous est pas vitupère45.
PERNET
95 Je croy bien que, de par mon père,
Qui espousa sa seur Perrine,
Ma tante [estoit] sa grant cousine
[Et fille de nostre voisin.]46
Ramentez-vous47 du gros cousin
100 Qui fut à ma tante parent.
Et ! vélà le faict apparent
Qui esprouve ma gentillesse48.
LA FEMME
Sans faulte, ung homme gentil esse
Du cousin49 de quoy je vous parle ;
105 De tous voz parens, c’est la parle50.
Pour l’amour de vous, sur ma foy,
[Vous] toucherez vous deux à moy51.
Ce sont lignaiges tous notoires.
PERNET
Gare le heurt pour les portoires52 !
LA FEMME
110 Je dictz sans mal ne desplaisir.
PERNET
Jehan ! Je croy bien que, pour le plaisir,
[Vous] joindriez voluntiers ensemble.
LA FEMME
Certes, Pernet : il vous ressemble,
Et cela me le faict aymer
115 De bon cueur [doulx].
PERNET
Tous doulx ! Sans vous blasmer,
Ma femme, je vous entens bien.
LA FEMME
Ma foy ! c’est ung homme de bien.
Il pourtraict53 [autant] à mon filz
Comme faict Dieu au crucifix.
120 Du père tient54, j’en suis certaine.
PERNET
Et ! il faict sa fièbvre quartaine !
LA FEMME
Il est tout vray, n’en contredictes.
PERNET
Mais venez çà. Qui est ce cousin que vous me dictes,
De quoy je suis du lignaige pourveu ?
LA FEMME
125 Et ! C’est celuy que tu as icy veu.
Pas ne t’engendre55 déshonneur.
PERNET
Et ! au moins, porte-moy honneur
Comme gentil homme, veulx-tu ?
LA FEMME
Comment, honneur ?
PERNET
Tu me dictz « tu56 »,
130 Et je suis gentilhomme, en somme.
LA FEMME
Pardonnez-moy, mon Gentilhomme !
PERNET
Gentillesse fault soustenir,
Qui la pourroit entretenir57.
LA FEMME
Il vous ressemble, [je le voy].
PERNET
135 C’est donc du nez. Qui suis-je, moy ?
Hau ! Qui ? Quoy ? Quoy ?
LA FEMME
Cela me fasche.
PERNET
Mais venez çà : ay-je quelque tache
De gentillesse58 sus mon corps ?
LA FEMME
Je vous en ay faict le recorps59
140 Car gentil vous peult establir
Vostre cousin, et anoblir
Vous et moy, sans aultre diffame.
PERNET
S’i[l] vous peult anoblir, ma femme,
Je croy qu’à luy pas ne tiendra.
LA FEMME
145 Dictes-vous ?
PERNET
Qui l’entretiendra60,
Tous serons gentilz.
LA FEMME
C’est ainsi.
Je seray gentilfemme61 aussi,
Et telle me pourray asseoir62.
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L’AMOUREUX 63 SCÈNE VII
Bon soir, cousin !
LA FEMME
Et ! Monsieur, bon soir !
150 Vous soyez le trèsbien venu.
L’AMOUREUX
Cousin, m’avez-vous mescongneu64 ?
PERNET
Mescongneu ? [Non, je vous promais]65,
Combien que je ne vous vis jamais.
Mais toutesfoys, je vous congnois66.
LA FEMME
155 On jugeroit, à vos minoys67,
Qu(e) estes frères, non pas cousins.
PERNET
Il suffist bien d’estre voisins68,
Et non cousins, dame Nicolle.
L’AMOUREUX
Çà, cousin, que je vous accolle69
160 [Et baise] icy tout à mon ayse !
Vous desplaira-il se je baise70
Ma cousine prés[en]tement ?
PERNET
Et ! que sçay-je ?
LA FEMME
Nennin non, baisez hardiment :
Comme cousin, le povez faire.
PERNET
165 Démaine-l’en71 ainsi l’affaire ?
J’entens chat sans dire « Minon »72.
L’AMOUREUX
Estes-vous marry73 ?
LA FEMME
Nennin, non ;
Il faict ainsi quant il luy plaist…
L’AMOUREUX
Dea ! Cousin, s’il vous en desplaist,
170 J’adviseray bien tost la porte.
PERNET
(Que l’Ennemy74 d’enfer l’emporte !
De ma femme il est trop privé75.)
LA FEMME
Quoy76 ?
PERNET
Qu’il soit le bien arrivé !
Dea ! personne ne luy mesdit.
175 [ (De Dieu puist-il estre mauldit !) ]77
LA FEMME
Faire fault ce que nous debvons.
L’AMOUREUX
Questïon est que nous beuvons
De la purée du raisin.
LA FEMME
Et ! cousin…
L’AMOUREUX 78
Tenez [çà], cousin,
180 Que ceste gorge soit baignie79.
PERNET
Et, bon gré bieu ! De la lign[i]e80
On m’appellera Jénin81.
L’AMOUREUX
[Là,]
Tenez, cousin !
PERNET
Et ! qu’esse-là ?
L’AMOUREUX
C’est de l’argent : il convient boyre.
PERNET
185 Iray-je au vin82 ?
L’AMOUREUX
[Et !] voire, voire.
Allez tousjours, sans faire noyse83.
PERNET
Il vault mieulx que ma femme y voyse84 ;
Et vous et moy deviserons.
LA FEMME
Monsieur et moy adviserons
190 Du lignaige, s’il est besoing.
PERNET
Où iray-je au vin ?
L’AMOUREUX
Tout au plus loing.
Apportez du blanc une quarte.
PERNET
([Que] la teigne et la fi[è]bvre quarte
Les puissent tous deux espouser !)
LA FEMME
195 Irez-vous tost ?
PERNET
Sans [plus muser]85.
Vous voyez quelle diligence86.
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L’AMOUREUX 87 SCÈNE VIII
Çà, m’amye, que je vous agence88
En faisant [l’]amoureux tripot89.
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PERNET 90 SCÈNE IX
Sainct Jehan ! j’ay oublié mon pot.
200 J’ay bien courru, au revenir.
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LA FEMME SCÈNE X
Ce villain [n’a nul]91 souvenir,
[Ou] quelque cautelle il92 nous brasse.
L’AMOUREUX
Çà, m’amye, que je vous embrasse !
Amour me tient en ses lÿens93.
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PERNET SCÈNE XI
205 Et si on me dit le vin est failly94 cëans,
Où en prendray-je ? Que dictes-vous ?
LA FEMME
À tous les dyables le jaloux !
Et ! marchez, que bon gré sainct George !
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L’AMOUREUX SCÈNE XII
Que je manye ceste gorge95 !
210 À cela je prens mes esbatz.
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PERNET SCÈNE XIII
Et si on me dit : « Le vin est bas96. »
En prendray-je de frais persé ?
L’AMOUREUX
Il deust estre beu97 et versé.
Despêchez-vous, j’ay la pépye98.
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LA FEMME SCÈNE XIV
215 Mais par despit qu’il nous espie,
Nous le ferons99 !
L’AMOUREUX
C’est trop bavé100.
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PERNET SCÈNE XV
Mon pot [n’]est [pas trop] bien lavé :
Çà, de l’eau !
LA FEMME
Allez en malle estraine101 !
Il semble que ce villain traîne
220 Ung boulet102 après ses tallons.
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L’AMOUREUX
Chantez ! [Pour ce que nous voulons]103,
Le cueur avez triste et marry104 ?
LA FEMME
Je songe de mon sot mary :
Ma foy, il ne vault [pas] ung liart105.
225 Et si106, c’est le plus fin paillart
Que sçauriez veoir ne rencontrer.
Qu(e) en mal an puisse-il107 entre[r],
Et que Mort en face [le change]108 !
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PERNET SCÈNE XVI
Et dea ! s’il n’avoit point de change,
230 [Luy] lairray-je le demeurant109 ?
LA FEMME
De malle mort soyez mourant !
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Ce villain (par saincte Marie !) SCÈNE XVII
Ne le faict que par mocquerie.
Mais en110 fin, nous le tromperons.
235 J’ay advisé que111 luy ferons :
Sans le batre, meurtrir n(e) ocire112,
Nous luy ferons chauffer la cire113
[Tandis que ferons le banquet.]114
L’AMOUREUX
De moy il n’aura autre aquest ;
240 Impossible est qu’il en reschappe.
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PERNET SCÈNE XVIII
Faictes [acoup115] bouter la nappe :
Je reviendray tantost du vin.
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L’AMOUREUX SCÈNE XIX
Que je manye ce tétin !
Et pensons, [car le jeu j’en prise,]
245 De faire [tost] nostre entrepri(n)se
Maulgré Pernet qui faict du fin.
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PERNET SCÈNE XX
Est-ce au Pillon ou au Coffin,
Au Sabot ou [à] la Lanterne116 ?
J’ay mis en oubli la taverne…
250 Non ay, non ay, il m’en souvient117.
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LA FEMME SCÈNE XXI
Sans cesse il [s’en] va et revient,
Et ne le fait que par mal songer.
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PERNET SCÈNE XXII
Feray-je apporter à menger ?
Qui boit sans menger, il se gaste118.
L’AMOUREUX
255 J’ay faict mettre ung chappon en paste119,
Dea, cousin. Mais n’arrestez point120 !
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PERNET SCÈNE XXIII
C’est assez pour venir au point :
Puisqu’on paye le banqueter,
Je n’ay plus garde d’arrester ;
260 Au vin iray diligemment.121
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L’AMOUREUX SCÈNE XXIV
Baisez-moy, m’amye au cueur gent !
Amour me tient en ses lactz, [las122] !
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PERNET 123 SCÈNE XXV
Folye me tient bien en ses latz,
D’aller au vin [delà, deçà]124.
265 Cecy m’est brassé de piéçà125.
Que dira-on se on le sçait ?
[Derrière moy,] on dira : « C’est
À Pernet [bien] grant vitupère126 ;
Son cousin [du costé]127 sa mère
270 S’est de sa femme apparenté. »
Qu’à l’Ennemy soit parenté128,
Et ma femme soit la parente129 !
Car je voy bien que la parante130
Me fera jénin [tout] parfaict131.
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………………………….. 132 SCÈNE XXVI
L’AMOUREUX
275 Despeschez-vous, boutez la nappe,
Car de boyre il me prent envye !
[Il nous fault mener bonne vie :]133
Despeschez, le vin [on] approche !
PERNET
Il fault mettre au tonneau [la] broche134.
280 Beuvez-en, il est bon et frais.
[Ce vin] est-il bon, cousin ?
L’AMOUREUX
Très.
Or çà, cousin : j’ay pensé [faire]
[Avec vous] ung subtil affaire
Dont vous serez riche à jamais,
285 [Car je tiens ce que je promais.]135
PERNET
Riche, cousin ?
L’AMOUREUX
Certes, [beau] sire.
[Il] vous faul[droi]t chauffer [la cire],
Et [en] faire ung subtil ouvraige136
Qui vous gardera de dommaige
290 [Auprès de Dieu137,] cousin, beau sire.
PERNET
Me fault-il donc chauffer la cire
Tandis que vous banquèterez138 ?
Corbieu ! j’en suis marry. [Bauffrez139,]
Je croy que ce pasté est bon140.
L’AMOUREUX
295 Chauffez et mettez du charbon :
L’ymaige141 sera proffitable.
PERNET
Vous iray-ge signer la table142 ?
Je sçay bien le Bénédicité 143.
L’AMOUREUX
Faictes ce que j’ay récité,
300 Dea, cousin, ne perdez point de temps.
PERNET
C’est ung trèspouvre passetemps,
De chauffer la cire quant on dîgne144.
Regardez, elle est plus molle que [la vigne]145 :
En la chauffant, rien [je] n’aqueste146.
[L’AMOUREUX conclut. Et qu’on queste.]147
305 Avec la femme je banqueste
— Combien que je n’e[n] soye le sire148 —,
Et son mary chauffe la cire.
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Cy fine la farce de
Pernet qui va au vin.
Imprimé nouvellement.
M. D. XLVIII.
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1 Devant sa porte, elle appelle son mari, pensant qu’il est dans la maison. 2 Mauvaise. Ces imprécations sont intraduisibles. « Elle fera ta male bosse ! » Le Poulier à sis personnages. 3 S’il ne mord : Nicole croit que son mari est dans la cuisine, en train de manger. Elle profitera cependant de la gloutonnerie de Pernet aux vers 258-260. 4 C’est un noble. Il se dirige vers la maison de Nicole et Pernet. 5 Je m’en vais vite, sans craindre personne. 6 Il faut prendre garde à cela. Tout ce dialogue va se dérouler devant la porte, car Nicole croit toujours que son mari est dans la maison. 7 Il ne faut pas que vous recherchiez. « Pourchacier vostre déshonnour. » ATILF. 8 BM : Me (Que tout le mal que je vous souhaite puisse vous arriver.) 9 Une chose approchante, une telle chose. 10 D’un mauvais lieu, d’un bordel. « Je ne suis point du lieu venue ! » L’Amoureux. 11 Ma contrariété. 12 Pour que vous compreniez bien. C’est notamment le vers 411 du Faulconnier de ville. 13 L’Amoureux compare sa dulcinée à la Vierge Marie : « Si sus iceulx n’estendez vostre grâce. » Jehan Lemaire de Belges. 14 C’est un propos en l’air. Cf. les Chambèrières et Débat, vers 236. 15 BM : Cest ung dit / Dõt on verra (Dont vous verrez la réalisation.) 16 BM : dessertes (À cause de tromperies. Cf. Pour le Cry de la Bazoche, vers 385 et 638.) « Adieu panier, vendanges sont faites : pour dire qu’une chose est perdue. » Antoine Oudin. 17 La mauvaise réputation. 18 Pour lui tendre un piège. « Je te dresseray tel mestier. » (La Nourrisse et la Chambèrière.) Effectivement, Nicole s’y connaît en tromperies : vers 234-8. 19 Selon vos dires : d’après vous. 20 Je n’ai pas un seul bon moment, ni même la moitié d’un. 21 Il rentre de sa vigne, et s’immobilise en voyant le couple qui roucoule devant la maison. 22 C’est l’amant de mon épouse, ou je me trompe fort. 23 Elle aperçoit son mari. 24 BM : en ce lieu. (Qui revient de cultiver son raisin.) 25 Le couple va parler très fort et en articulant, pour que Pernet l’entende. 26 Le cousin du mari devenait de facto celui de son épouse, qui prenait donc le titre de cousine par alliance. 27 Quel plaisantin. Cf. le Gaudisseur. 28 BM : cousine. (Le connin [lapin] désigne le con, le sexe de la femme. « Car elle avoit parfaict désir/ Que son connin fust embroché. » Sermon joyeulx pour l’Entrée de table.) 29 Il s’approche du couple. L’Amoureux s’enfuit. Pernet et sa femme entrent dans leur maison. 30 BM : plait (Que de bavardage ! « Allez, allez ! Que de langaige ! » La Femme mocqueresse.) 31 Beaucoup de femmes adultères font passer leur amant pour le cousin du cocu : « C’est vostre cousin,/ Bien prochain de vostre lygnage. » (Le Poulier à quatre personnages.) Celle du Munyer présente le sien comme son « grant cousin germain ». 32 BM : est le mien voisin (Un cousin de la main gauche est un cousin douteux, issu d’un « mariage de la main gauche ».) 33 BM : fussiez (Au vers 129, Pernet reproche à sa femme de le tutoyer.) Que tu sois extrait de la Noblesse. 34 BM : Gẽtilhõme (Gentil = gentilhomme, noble. Gentillesse = noblesse.) 35 Enlèves-en un quart, pour atteindre la hauteur marquée d’un trait. Un quart moins = moins un quart : « De manière qu’elles ne soient maintenant haultes que six aulnes ung quart moins. » Revue belge d’archéologie. 36 Un âtre, un foyer. 37 Monseigneur. Idem vers 189. 38 Ce mot est encore masculin à 283. 39 Vacher. La prononciation scatologique est induite des répliques suivantes. 40 BM : Bren bren. / Pernet. / Cestadire va te chier. (Bran = merde.) 41 BM : puisse (Que l’étron que vous invoquez puisse vous casser les dents quand vous le mangerez !) Cette imprécation scatologique se décline sous mille formes : « −Estron de chient !/ −Qui vous puisse les dens casser ! » Le Vilain et la Tavernière. 42 Les paysans craignaient beaucoup les soldats, qui réquisitionnaient, chapardaient, piétinaient les champs avec leurs chevaux, et violaient tout ce qui portait jupon. 43 BM : Sa sa (Pernet incline son bonnet sur l’oreille, pour imiter les jeunes gens de bonne famille : « Les bonnetz pendans sur l’oreille. » Éloy d’Amerval.) 44 Pour fignoler ces préparatifs. « Despeschons-nous pour l’appareille. » (Les Sotz nouveaulx farcéz.) Mais l’auditeur peut comprendre « pour la pareille » : en attendant que la plume me fasse la même chose. Cf. Jéninot qui fist un roy de son chat, vers 184. 45 Pour vous, ce n’est pas une honte de singer les nobles. Le comique de la situation tient au fait que Pernet arbore l’accoutrement et la démarche d’un vigneron, et qu’il est sans doute affublé d’un fort accent campagnard. 46 Vers manquant. Les généalogies fantaisistes plaisaient aux spectateurs : « Mon frère fut cousin germain/ À l’oncle du nepveu au frère/ De la fille à la seur du père/ De la mère de mon ayeulle. » Daru. 47 BM : Remuez (Souvenez-vous. « Ramentez-vous de ce mot. » La Somme des péchéz.) 48 Qui prouve ma noblesse. George le Veau <BM 22>, après avoir étalé une généalogie encore plus contestable, se découvre « gentilhomme de nom et d’armes » tout en ayant un « père savetier ». 49 Que le « cousin », c’est-à-dire l’Amoureux. 50 « Parle, s.f., perle. » René Debrie, Glossaire du moyen picard. 51 Vous aurez tous deux une parenté avec moi. Sous-entendu : Vous me toucherez tous les deux. 52 On utilisait ces espèces de brancards pour transporter dans les ruelles certaines marchandises ou matériaux. Le porteur qui marchait devant criait aux passants : « Gare le heurt ! » Comme tous les paysans, Pernet s’exprime par proverbes. « Gare le heurt : Donnez-vous de garde du danger si vous entreprenez inconsidérément. » Oudin. 53 Il ressemble. Ce vers sous-entend que le gentilhomme est le véritable père de l’enfant ; cela contredit les vers 26-29, où Nicole joue les pucelles effarouchées devant ce même gentilhomme. Pour Bernard Faivre*, « il n’est pas impossible que l’auteur de la farce ait cousu ensemble deux morceaux différents ». *Répertoire des farces françaises, p. 338. 54 Mon fils tient de son père, c.-à-d. de l’Amoureux. 55 BM : test (Sa parenté ne te déshonore pas.) 56 BM : toy (Tu te permets de me tutoyer.) 57 Quand on peut la tenir. 58 Cette expression concerne plus particulièrement les chevaux. Cependant, même chez les humains, on interprétait comme des signes positifs ou négatifs les particularités du corps et de la peau. 59 Le récit. 60 Si on l’entretient financièrement. Double sens : Si vous avez des relations avec lui. 61 Ce mot existe, ce n’est pas une blague de l’auteur : « Madame la Daulphine, acompaignée de madame de Beaujeu, madame l’admiralle, et autres dames et gentilzfemmes. » (ATILF.) En 1854, l’unique éditeur moderne de notre farce a lu gentilhomme ! 62 Je pourrai m’asseoir au plus haut bout de la table, comme une aristocrate. 63 À partir de maintenant, l’Amoureux est rebaptisé « le Cousin » dans toutes les rubriques, que je ne suivrai pas. 64 Ne m’avez-vous pas reconnu ? 65 BM : ma foy nennin (« Non, non, je vous promais ! » Le Retraict.) Je vous le jure. 66 Je vous connais pour être l’amant de ma femme. 67 À vos mines, à vos visages. Il va de soi que les deux comédiens n’ont aucune ressemblance. 68 L’Amoureux n’est pas un voisin, puisque Pernet ne l’a jamais vu auparavant. Mais l’auteur emprunte ce vers au Munyer. Dans cette farce, l’amant se présente aussi au mari comme son cousin : « –Dieu vous doinct bon jour, mon cousin !/ –Il suffit bien d’estre voisin/ Sans estre de si grant lignaige. » 69 Souvenir de Folconduit : « Dame Nicole,/ Approchez, que je vous accole ! » 70 Si j’embrasse. Mais le sens érotique de ce verbe ne trompait personne ; voir la note 130 du Povre Jouhan et la note 29 du Trocheur de maris. 71 Mène-t-on. 72 J’entends venir le chat sans l’avoir appelé. C’est encore un proverbe. « Il entend bien chat sans qu’on dise ‟Minon” : Il entend à demi-mot. » Le Roux. 73 Sous-entendu : Êtes-vous le mari de Nicole ? Vous acquittez-vous de votre devoir conjugal ? 74 Le diable. Idem vers 271. 75 Intime. 76 BM : Que dictes vous. (Cette réplique menaçante est celle que profère la femme du Munyer quand son époux se plaint d’être cocu, au vers 149.) Bien arrivé = bienvenu. 77 Vers manquant. J’emprunte le vers 117 de la Laitière, qui est aussi, entre autres, le vers 218 des Queues troussées. 78 Il ouvre sa bourse. 79 BM : benigne (Pour que mon gosier soit baigné de vin.) Cette rime et la suivante sont typiquement picardes : « Là où tes mains sont taintes et baingnies/ Dedens leur sang, et durement vengies [vengées]. » Georges Chastellain. 80 « Lignie, s.f., lignée, famille. » R. Debrie, Glossaire du moyen picard. 81 Je serai l’idiot de la famille. Voir le vers 274. BM ajoute dessous : Parmy les rues ca et la. 82 Irai-je acheter du vin dans une taverne ? Comme dit la chanson : « J’ay ung mary qui est bon homme :/ Il prent le pot et va au vin,/ Et puis en boit ung bon tatin/ Tandis que je fais la ‟besongne”. » On voit bien que nous sommes au théâtre, car il est invraisemblable qu’un vigneron n’ait pas quelques bonnes bouteilles en réserve. 83 Sans vous plaindre. 84 Y aille. 85 BM : seiourner. (L’auteur aime les rimes riches. « Allons-y voir, sans plus muser. » Les Femmes qui font baster leurs maris aux corneilles, F 29.) Sans perdre plus de temps. 86 Quelle rapidité est la mienne. Pernet sort de la maison, et regarde par le trou de la serrure. 87 Il enlace Nicole. 88 BM : regente (Que je mette en désordre votre coiffure et vos habits.) 89 Tripotage. Cf. les Povres deables, vers 228. 90 Il rentre sans frapper. Jeu de scène classique : Pernet sort, puis revient sous un vague prétexte pour interrompre les deux amoureux. Le même jeu agrémente le Badin qui se loue. 91 BM : a tousiours (N’a aucune mémoire.) Vilain = paysan, comme aux vers 219 et 232. 92 BM : quil (Brasser une cautèle = ourdir une ruse.) 93 Les Nordiques prononçaient « lians » (Pates-ouaintes, v. 219), qui rime avec « cians » (Lucas Sergent, v. 81). 94 Est épuisé. 95 Votre poitrine. Voir le vers 243. 96 Quand le tonneau est presque vide, le vin s’oxyde au contact de l’air. Il est meilleur — mais plus cher — quand le tonneau vient d’être percé. 97 Ce vin devrait déjà être bu. 98 J’ai soif. Cf. Gournay et Micet, vers 402. 99 Nous ferons l’amour. Idem vers 168. 100 Bavardé : passons aux choses sérieuses. « Vélà trop bavé ! » Sermon joyeux de bien boire. 101 En mauvaise fortune. 102 BM : mortier (Le mortier est un canon, qui tire des boulets.) On cadenassait aux chevilles des forçats une « chaîne grosse & pesante, & une grosse boule de fer au bout, beaucoup plus pesante que n’estoit de raison ; et les appelloit-l’on les ‟fillettes du Roy”. » Ph. de Commynes. 103 BM : tout ce que vous pensez 104 Plusieurs chansons contiennent ces mots, notamment On a mal dict de mon amy, dont j’ay le cueur triste et marry. Les farces en conservent de nombreux échos : « Et ay le cueur triste et marry. » (La Résurrection de Jénin Landore.) « Ayant le cœur triste et mary. » (La Fille bastelierre.) « Mais ay le cueur triste et marry. » (Le Ramonneur de cheminées.) 105 Il ne vaut pas un sou. Liard est monosyllabique : « Y ne vault pas un tout seul lyard. » Le Trocheur de maris. 106 Et aussi. Paillard = vaurien, qui couche sur la paille : cf. l’Aveugle et le Boiteux, vers 136. 107 BM : soit il (Qu’il entre dans une année de malheur. « En mal an puissez entrer ! » Le Cousturier et son Varlet.) 108 BM : la chance. (Me l’échange contre un autre.) 109 Si le tavernier n’avait pas de monnaie, lui laisserais-je le reste ? 110 BM : a la 111 J’ai trouvé ce que nous. 112 Ni l’assassiner, ni l’occire. 113 Sens figuré : Nous le ferons patienter. Le même double sens est mis en scène dans le Pasté (F 19), où les deux adultères envoient le mari « chauffer la cire » pendant qu’ils mangent un pâté, comme ici. 114 Je reconstitue ce vers manquant d’après les vers 292 et 305. 115 Rapidement. « Sus ! acoup, qu’on mette la nappe ! » Le Résolu. 116 Le Pilon, le Couffin, le Sabot et la Lanterne sont des tavernes parisiennes. Le Sabot eut son heure de gloire en littérature : d’après Furetière, il était tenu par une femme que Ronsard idéalisa sous le nom de Cassandre. « Cassandre n’estoit en effet qu’une grande halebréda [haridelle] qui tenoit le cabaret du Sabot, dans le fauxbourg Saint-Marceau. » Le Roman bourgeois. 117 Aucune taverne n’ayant été préconisée, on voit mal de quel nom Pernet se souvient. 118 Il s’enivre. C’est encore un proverbe. 119 J’ai commandé un pâté de chapon au rôtisseur, qui va nous le livrer. Dans le Badin qui se loue, les amoureux tentent vainement d’écarter le gêneur en l’envoyant quérir un pâté de chapon. 120 Ne tardez pas. Idem vers 259. 121 Pernet, muni de son pot, se rend à la taverne. 122 Ce vers est trop court, et ne peut pas rimer avec le même mot si le sens en est identique. La rime couronnée que je propose a beaucoup séduit les Grands Rhétoriqueurs, dont notre auteur se réclame : « Si Vénus nudz nous tient en ses lacs, las ! » Guillaume Crétin. 123 ACTE 2. Pernet revient de la taverne avec un pot de vin. Sur le chemin du retour, il monologue. 124 BM : deca dela (Ainsi, la rime est plus digne d’un rhétoriqueur.) 125 Cela m’a été préparé depuis longtemps. 126 C’est une grande honte. 127 BM : a cause de (Le cousin du côté de sa mère est le cousin germain évoqué au vers 63.) « Son père estoit messire Robert de la Marche…. & vint aussi ledit adventureux, du costé sa mère, de dame Catherine de Croÿ. » Mémoires du maréchal de Fleuranges. 128 BM : le parent (Qu’il soit adopté par le diable.) 129 Sa marraine. 130 Que cette parenté. « Qui fut de sa parente. » ATILF. 131 Fera de moi un parfait idiot. « C’est ung droit génin tout parfait. » Cautelleux, Barat et le Villain. 132 Le compilateur colle ici la fin d’une autre farce ; voir ma notice. L’époux est à la maison, et sert de domestique aux amants, qui s’apprêtent à entamer un pâté. 133 Vers manquant. J’emprunte le vers 305 de la Satyre pour les habitans d’Auxerre, qui rime aussi avec « envye ». 134 La cheville qui bouche le tonneau. La farce principale évoquait un pot, et non un tonneau. 135 Vers manquant. J’emprunte le vers 308 du Pèlerinage de Mariage, qui rime aussi avec « à jamais ». 136 Pour modeler une statuette votive en cire, qui représente la Vierge ou l’enfant Jésus. 137 Qui vous permettra d’éviter l’enfer. 138 « Et me fait-on chauffer la cire/ Tandis que le pasté on mange. » Le Pasté, F 19. 139 Bâfrez, mangez. « Il la bauffrera/ Tout seul, et ne t’en gardera/ Jà morceau. » Le Cousturier et Ésopet. 140 « Vostre pasté estoit-il bon ? » (Le Pasté.) L’époux s’accroupit devant la cheminée, d’où il ne bougera plus. 141 L’effigie en cire. « De Nostre Sire [de Notre Seigneur]/ Une bele ymage de cire. » Gracial. 142 Faire le signe de croix avant le repas. « Je viens à bégnir la table. » Le Pasté. 143 Cette prière qu’on récite avant le repas est ébauchée dans la farce du Pasté. 144 Quand les autres dînent. 145 BM : laine (Le compilateur a dû glisser là une allusion au métier de vigneron qu’exerce Pernet dans la farce principale.) 146 Je n’arrive à rien, car la cire est maintenant trop molle pour tenir. 147 BM : Le cousin. / Conclus & conqueste (BM présente cette didascalie comme un vers.) Sur les comédiens qui descendent quêter parmi le public peu avant la fin du spectacle, voir la note 167 des Brus. 148 Bien que je n’en sois pas le maître, l’époux légitime.
LES MAL CONTENTES
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*
LES MAL
CONTENTES
*
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De ce débat normand, nous ne possédons plus qu’un manuscrit copié vers 1575 ; mais il y en avait eu avant 1515 une édition rouennaise, nommée au vers 188 du Vendeur de livres.
Source : Manuscrit La Vallière, nº 61.
Structure : Rimes mêlées, avec 10 groupes de quatrains à refrain et 6 groupes de sixains à refrain. Signalons au titre de bizarrerie une rotrouenge écartelée (vers 242-281).
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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*
Farce joyeuse
À quatre personnages, c’est assavoir :
LA JEUNE FILLE
LA MARYÉE
LA FEMME VEFVE
et LA RELIGIEUSE
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Et sont LES MAL CONTENTES
*
LA JEUNE FILLE commence en chantant SCÈNE I
Las ! quant serai-ge maryée ? 1
.
Dieu m’y veuille réconforter,
Et de tous mes2 maulx aléger !
Je croys que mal3 suys fortunée.
5 Et afin que chascun congnoisse
Pourquoy je faictz chans douloureulx,
Je suys en la fleur de jeunesse
Et sy4, je n’ay poinct d’amoureulx.
J’ey bien des ans quinze5 ou quatorze,
10 Ou plus ; c’est le poinct d’arager6 !
Et les tétins plus blans que roze
Pour y toucher sans grand danger7.
Ne suys-je pas bien mal menée,
Que ne puys amy rencontrer ?
15 Et sy, sçay mon gent corps monstrer
Myeulx que personne qui soyt née8.
Mais voélà : c’est ma destinée,
C’est le train, c’est la pénitence
Que je doy souffrir en enfance.
20 Je ne sçay sy mon impotance9
Ressemble à la vielle arbalestre10,
Mais on m’a sellé ma quictance11 ;
Au moins, j’en porte belle lestre12 !
.
LA MARIÉE entre. SCÈNE II
Qu’esse-là ? Où cuydez-vous estre ?
25 Mygnonne, d’où vient ce brocart13 ?
Y sauroyt14-on remède mectre,
S’on se15 rencontroict à l’écart ?
Esse poinct quelque sot quocart,
Oultrecuidé16, jeune mygnon ?
LA JEUNE
30 Par mon âme, moquin mocart17 !
Je ne congnoys s’on m’ayme ou non.
L’une foys vient un compaignon
Qui dict qu’il est mon assoté18.
L’aultre se tient soublz un pignon19,
35 Qui me regarde de costé20.
Après, vient un vilain botté21 :
Voulentiers feroit son plaisir.
L’aultre foys, un mal raboté22,
Des héritiers Jehan de Loisir23.
LA MARIÉE
40 Vous avez donques beau choisir24,
Puysqu’on vous presse jours et nuictz.
LA JEUNE
Y n’est poinct plus grand desplaisir
Que tant de truans à un huys25.
L’un me dict : « Hélas ! je ne puys
45 Vous compter au long mes clamours. »
L’autre se souhaicte en un puys
S’y ne joïst de ses amours26.
LA MARYÉE
Et bien ? Ce ne sont pas des27 tours
Pour jouyr d’amours bien apoinct,
50 À dames de plaisans atours ?
LA JEUNE
Encor[e] n’y estes-vous poinct.
LA MARIÉE
Pourquoy ?
LA JEUNE
Vous ne venez au poinct
Où je prétens planter ma bourne28.
LA MARIÉE
Comme quoy29 ?
LA JEUNE
Qu’on lesse en ce poinct
55 Fresche desrée30 quant elle est bonne !
Se l’un y mect31 et l’autre donne
Pour bien venir à son entente32
En désirant qu’on s’abandonne33,
Ce34 n’est poinct où j’ey mon entente.
LA MARIÉE
60 Vous estes donques mal contente ?
LA JEUNE
Se ne suys mon35 qu’on ne vient au poinct
Une foys. Trop mal me contente
D’amours, car jouy n’en ay poinct.
LA MARIÉE
Est-il vray ?
LA JEUNE
C’est le contrepoinct
65 De quoy j’en suys désanuyée36
Quant la douleur d’amours m’espoinct :
(En chantant.)
Ne serai-ge poinct mariée ?
LA MARIÉE
A ! fille folle, desvoyée !
Souhaitez-vous avoir mary ?
70 S’une foys y estes lyée,
Vous en aurez le cœur mar[r]y.
Pleust à Dieu et à sainct Mary
…………………………… 37
Dont chantent les cocus38 au boys.
Que le myen vous eust, aulx aboys39,
75 Un jour, [à cœur de fiancer]40,
Et [des coups eussiez]41 .XX. et troys.
Et [ce fust]42 à recommencer.
LA JEUNE
Et ! comment ? Vous l’aymez sy cher43 ?
Est desjà l’amour recullée ?
LA MARIÉE
80 Je n’ay besoing d’ouÿr prescher :
Souvent je suys capitulée44,
Sy je voys tiltre ma télée45
Sans mener varlet ou méquine46.
Au retour me rompra l’échine.
LA JEUNE
85 Est-il vray ?
LA MARIÉE
Tousjours il rechine47
Se je requiers cote ou corset.
Nul ne congnoist quel descord c’est48.
Il tient à chime et à racine49.
LA JEUNE
Est-il vray ?
LA MARIÉE
Tousjours y rechigne.
90 Sy je demande estre gorierre50,
Souflez51 ! Il tend le cul arierre52,
Et le terme à deulx ans m’assigne.
LA JEUNE
Est-il vray ?
LA MARIÉE
Tousjours y rechine.
LA JEUNE
Et quant y voyt la queue troussée53,
95 Large, espanye, damassée54,
Et les beaulx pongnés55 de velou(r)s :
Que dict-il ?
LA MARIÉE
Il en est jaloux56.
LA JEUNE
Les chaînes tant bien avenantes,
Et ces cordelières57 trainnantes
100 Un pié au-dessoublz des genoulx :
Qu’en dict-il ?
LA MARIÉE
Il en est jaloux.
LA JEUNE
Aussy, quant il voyt ces signés58,
Ces dyamans, ces moulinés59
Esmaillés dessus et dessoublz :
105 Qu’en dict-il ?
LA MARIÉE
Il en est jaloux.
Et m’en fault fuÿr tous les coups,
S’y se monte à son vercoquin60.
LA JEUNE
C’est donques quelque viel taquin61
Qui ne peult plus ses rains traŷner ?
LA MARIÉE
110 C’est un droict amyrabaquin62,
À luy veoir ses mos desruner63.
Il me voulsit faire aruner64
À son plaisir, et je ne daigne65.
LA JEUNE
Vous le voulsissiez gouverner66 ?
115 Je vous entens bien, ma compaigne :
La chose trop67 plus vous engaigne.
LA MARIÉE
Pleust à Dieu qu’i fust à Coquengne68,
En Lombardye ou en Espaigne !
Tant que je l’alasse quérir,
120 L’ort vilain y deust conquérir
Et gaigner pavyllons et tentes69.
LA JEUNE
Je voy bien, sans plus e[n]quérir,
Que nous sommes des mal contentes.
.
LA VEFVE 70 entre. SCÈNE III
Comment, mes belles filles gentes !
125 De quel lieu viennent ces complainctes,
Vos regrés et piteuses plainctes ?
Dictes-moy dont ce conseil sourt71.
LA MARIÉE
Par ma foy ! c’est conseil à sourt72.
Le tiers73 y peult bien davantage.
LA JEUNE
130 Voyez-vous bien ce bel ymage74,
Ce corps traitif75, ces rains toufus ?
Un chascun me deust faire hommage ;
Le moindre76 faict, de moy, refus.
LA MARIÉE
Jamais sy empoinct je ne fus,
135 Ne sy friande à l’esperon77 ;
Mais mon courage est tout confus,
Quant je regarde mon baron78.
LA JEUNE
Y n’y a sy villain huron79,
Sy lourdault ne sy vilagoys
140 — N’eust-il ne maison, ne buron80 —
Qu’i me responde en ambagoys81.
LA MARY[É]E
Bref ! je feroye le feu grégoys82
Et [je porteroys]83 le velou(r)s
Autant que femme de bourgoys,
145 Sy mon mary [n’]estoyt jaloux.
LA VEFVE
Comment ! Je m’esbaÿs de vous,
Ma jeune dame maryée :
Vous estes mal aparellée84
Avec ceste jeune mygnonne.
LA MARIÉE
150 Plust à Dieu que je fusse nonne,
Et je n’usse mary ne maistre !
LA JEUNE
Mais pleust à Marye la bonne
Qu’il ne tensît qu’à la main mectre85,
Et je fusse devant le prestre
155 Pour donner le consentement.
Sy meschant ne pouroyt-il estre86
Qu’i n’eust mon acord promptement.
LA VEFVE
Vous acordez bien durement87 :
L’une veult son mary blasmer,
160 Et l’aultre meurt entièrement
Qu’el88 ne trouve qui veult [l’]aymer.
LA MARIÉE
Que le myen fust gecté en la mer !
LA JEUNE
Et pleust à Dieu que j’en eusse un !
Y seroyt bien dur à aymer,
165 Sy ne le mectoye bien à run89.
LA VEFVE
C’est un proverbe bien commun :
Deuil de vielle90 n’est pas uny.
L’un veult du blanc, l’aultre du brun.
L’une dict « ouy », l’aultre « nenny91 ».
170 L’une souhaicte son mary
Fringant, joyeulx et esbatant,
Et l’autre a le cœur fort mar[r]y
Que son mary luy dure tant.
LA MARIÉE
Par ma foy, c’est parlé contant92 !
LA VEFVE
175 Hélas ! et j’avoys le meilleur,
Et l’homme le plus travailleur,
Bon preudhomme [le jour, vaillant]93
[De nuict]. Hélas, y m’aymoyt tant !
Et quant il se trouvoyt à l’ouvrage94,
180 C’estoyt tout cœur et tout courage.
Mauldicte puisse estre la Mort !95
LA JEUNE
Qu’avez-vous ?
LA VEFVE
Hélas ! il est mort.
Pensez-vous, quant je m’en aloye
À l’esbat là où je vouloye
185 Cheux mes antes96 ou [cheux] mes nyèces,
Mais que je raportasses mes pièces97
Au soir ? [C’eust esté]98 le plus fort !
LA JEUNE
Qu’avez-vous ?
LA VEFVE
Hélas ! il est mort.
Le regret m’en faict le cœur fendre.
LA MARIÉE
190 Taisez-vous, nous ferons plus fort :
Se voulez à moy condécendre99,
Y nous le fault bruller en cendre,
Afin qu’en ayons de l’engendre100.
LA VEFVE
A ! fille, qu’on te puisse pendre !
195 Tu dis cela pour [la revendre]101.
LA MARYÉE
Et moy, [ne m’oseroys]102 deffendre ?
Suys-je d’un tel lieu103 venue,
Pour estre ainsy court tenue
De soir et de matin ?
200 Par Dieu qui fist la nue104 !
J’en auray une venue105.
LA VEFVE
Elle entend bien son latin106.
LA MARIÉE
Je ne suys pas sy grue107,
Sy je rencontre en la rue
205 Quelque beau palatin108,
Que je ne le salue
Ou que l’œuil ne luy rue109.
LA JEUNE
Elle entent bien son latin.
LA MARIÉE
Puysque je m’évertue,
210 Je seray revestue
De cote de satin
Et de robe tyssue ;
Puys, s’il a deuil, sy sue110 !
LA VEFVE
Elle entent bien son latin.
LA MARIÉE
215 Que sert oyseau en mue111 ?
Y fault qu’on se remue
Pour monstrer ce tétin,
Ceste face tendue112
Et facunde113 entendue.
LA JEUNE
220 Elle entent bien son latin.
Je voy bien à son advertin114
Qu’el ne vient pas à son entente.
LA MARIÉE
Je voue à Dieu et sainct Martin
Sy jamais fus[t] plus mal contente !
225 Et, afin que je vous contente,
J’ey espousé le plus rongneux115,
Le plus ort [et] le plus rafleux116
Qui soyt d’icy à Pampelune.
LA JEUNE
Des mal contentes, j’en suys l’une.
LA MARIÉE
230 Sy je veuil l’un, y veult de l’autre ;
Et sy je veulx coucher au peaultre117,
Y me contrainct coucher au lict.
Bref ! jamais je n’y eustz délict118 :
Tout ce que j’ayme luy répugne.
LA JEUNE
235 Des mal contentes, j’en suys l’une.
LA VEFVE
Mais moy, j’en suys la principalle.
Hélas ! je n’estoys pas sy palle119,
Quant y vivoyt, le bon des bons :
À pou près y faisoyt les bons,
240 De quoy recepvoys la vollée120.
LA MARIÉE
Y vous fault estre consollée.
LA VEFVE
Hélas ! j’estoye acollée
Et baisée
Toutes foys qu’il me plaisoyt ;
245 Et de plaisans mos consollée,
Apaisée121
De ce qu’il me devisoyt.
Jamais mot122 ne me diso[y]t
Nul qui soyt,
250 Ny parolle ne demye123,
Synon « ma trèsdoulce amye ».
LA MARYÉE
Et j’ey le plus rigoureulx
Et rongneulx,
Et le plus rébarbatif,
255 Le plus meschant orguilleux
En tous lieux,
Qui soyt en ce monde vif ;
Le plus ort, le plus poussif,
Excessif,
260 Dont en nul124 jour parler j’oye.
Je n’ay de luy ne bien ne joye.
LA JEUNE
Hé, mon Dieu ! [J’envoye ambassades]125
Et œuillades
De mes yeulx rians et vers.
265 Je faictz petis saulz, jambades126
Et ambades
De long, de hault, et de travers.
Mais je treuve amans pervers,
Au revers
270 De complaire à mes clamours :
[J’essuye le refus]127 d’amours.
LA VEFVE
[De deuil suys inconsolable]128,
Povre vefve mysérable
Qui a son mary perdu.
LA MARIÉE
275 Et je suys celle [ qui s’acable
Que le diable
Ne l’ayt ]129 au gibet pendu.
LA VEFVE
A, dame, c’est mal entendu
[Et rendu.]130
LA MARIÉE
280 Pourquoy est ? Mais le myeulx du monde !
Car je vous pry qu’on me responde :
De quoy sert un mary folastre131,
Le long d’un jour assis en l’astre132,
À doller à tout son coustel133 ?
LA JEUNE
285 C’est tout empeschement d’ostel134.
LA MARIÉE
S’on ne va que jusqu(e) à la porte135,
Y fault que compte on luy raporte
Que c’est qu’on veult, et tel et quel136.
LA VEFVE
C’est tout empeschement d’ostel.
LA MARIÉE
290 Et s’on va jusques à l’église,
Y fault, après, qu’on luy devise137
Le lieu, la chapelle et l’autel.
LA VEFVE
C’est tout empeschement d’ostel.
LA MARIÉE
Ce m’est bien un glève mortel,
295 D’estre sy court tenue ainsy.
LA VEFVE
Hélas ! il n’estoyt pas aintel138,
Le mien. Dieu luy face mercy !
S’il me falloyt cela, cecy,
Robes, chaperons deulx ou troys,
300 Je n’en estoys poinct en soulcy,
[Quant mon mary estoyt icy.]139
LA MARIÉE
J’aroys plus140 tost de la vraye croys !
LA VEFVE
S’il me falloyt or ou argent,
Ne joyaul41 qui fust exigent
305 Pour orner le corps ou les doys,
Luy-mesmes estoyt diligent
De venir parer mon corps gent.
LA MARIÉE
J’aroys plus tost de la vraye crois !
LA VEFVE
Sy j’eusse désiré(e) avoir
310 [De la lune]142, ou Paradis voir,
Je le cuyde et ainsy le crois
Que luy-mesmes eust faict debvoir
D’en chercher et de m’en pourvoir.
LA MARIÉE
J’aroys plus tost de la vraye croys,
315 Ou des reliques sainct Françoys
— Qu’on doibt orer143 à deulx genoulx —
Que je seusse trouver à choys144
Un145 mary qui ne fust [bon galoys]146.
LA VEFVE
C’est pire que chasser [aulx loups]147.
LA JEUNE
320 Hélas ! je poursuys et pourchasse148 ;
Et en chassant, je faictz ma chasse
Sur les beaulx corps plaisans et doulx.
Mais, quelque chose que je face,
Faulx Danger vient149, qui me déchace.
LA VEFVE
325 C’est pire que chasser aulx loups.
LA MARIÉE
Je chasse devant et dèrière150
Que mon mary me fist gorière,
En l’esjouyssant tous les coups ;
Mais tant plus chasse à sa barière151,
330 Et plus tire le cul arière152.
LA VEFVE
C’est pire que chasser aulx loups.
Seurement y tient plus qu’à cloux153,
L’argent du faulx154 villain infâme.
LA JEUNE
Vilains de leurs biens ainsy gloux155
335 Ne feront156 jamais bien à femme.
Non obstant, je prens sur mon âme :
Ne m’en chauldroyt, fût [droict ou tort]157,
Crocheu158, contrefaict, laict ou ort159,
Mais c’un seul m’apelast sa mye.
LA MARIÉE
340 Qui emprunte ne choisit mye160.
LA JEUNE
Que me chauldroict-il de quel âge,
De bonne ville ou de village,
Mais qu’il entretînt mes estas
Et j’eusse des joyaulx à tas,
345 Avèques la croste et la mye161 ?
LA VEFVE
Qui emprunte ne choisit mye.
LA JEUNE
Ce m’est tout un, jeune ou vefvyer162,
Villain ou portant esprevyer163,
Mais que j’en menasse un en lesse164.
350 Quant je voy c’un chascun me lesse,
Je n’ay plaisance ne demye165.
LA MARIÉE
Qui emprunte ne choisit mye.
LA VEFVE
Mydieulx non. Et puys, ma gentil mygnonne,
Quoy que la derrée soyt bonne,
355 Il y vient sy pou166 de marchans,
Tant de la ville que des champs,
Qu’on ne sçayt y167 avoir recours.
Marchandise n’est poinct de cours168,
Puys est peu de telle derrée.
LA MARIÉE 169
360 Vous faictes trop de la serrée170 !
Y fault hanter où on171 les vent.
LA JEUNE
En plain marché, le plus souvent,
J’estalle ma desrée en vente.
LA VEFVE
Vous congnoissez quel vent y vente172 ?
LA JEUNE
365 Je congnoys ce que je congnoys.
LA MARIÉE
A ! sy j’avoye un tel mynoys…
LA JEUNE
A ! sy j’avoye un tel corps sage173,
Je ne donneroys un tournoys
[D’un homme qui tordît]174 visage.
LA MARIÉE
370 J’ey du voulloir.
LA JEUNE
J’ey du courage.
LA MARIÉE
J’ey du maintien.
LA VEFVE
Mais du raceuil175.
Et sy, avez, pour faire rage
À tous venans, un regard d’euil176.
LA MARIÉE
Enterré fust-il soublz le seuil !
LA JEUNE
375 Qui ?
LA MARIÉE
Qui, dea ? Le jaloux [contrariant177].
S’y vouloyt faire tout mon veuil178,
Mon cœur ne seroyt récréant179 :
G’yroie jouant, chantant, riant,
En grans banqués180 et en ris[é]es.
380 Or181, le faulx jaloux mescréant
Me faict desvyder mes fuzées182.
LA JEUNE
Sommes-nous pas mal aryvées183 ?
LA VEFVE
Sommes-nous loing de nos ententes184 !
LA MARIÉE
À ouÿr nos plainctes pryv[é]es,
385 Nous sommes troys des mal con[ten]tes.
.
LA RELIGIEUSE entre. SCÈNE IV
Je voy troys povres pénitentes185,
Troys povres dames escartées186
Qui me semblent fort esgarées187,
À oïr leurs regrés piteux.
390 L’amant seroyt bien merveilleux,
S’y se trou[v]oyt dessoublz leurs elles188.
.
Dieu gard les belles damoyselles ! SCÈNE V
LA JEUNE
Et Dieu gard la religieuse !
LA MARIÉE
Ma belle dame gracieuse,
395 Je pry Dieu qu’il vous doinct confort 189 !
LA VEFVE
Et vous face victorieuse
S’un conquérant vous faict effort190 !
LA RELIGIEUSE
Par Nostre Dame de Montfort !
Mais vous191, mes trèsgentes mignonnes !
400 Vous sçavez bien qu’entre nos192, nonnes,
Bénignes dames enmurées193,
Sommes à tousjours demourées194,
Sans195 jamais du lieu ne vider.
LA VEFVE
Ainsy vous veuille Dieu ayder !
LA RELIGIEUSE
405 Vous sçavez qu’au lieu où nous sommes
Il n’y hante grans gentilz hommes,
Synon le prestre chantant messe,
Qui a faict serment et promesse196
De jamais rien nous demander.
LA JEUNE
410 Ainsy vous veuille Dieu ayder !
LA RELIGIEUSE
Vous sçavez (ce n’est pas nouvelle)
Que nous avons au chef le velle197
Comme espouse[s] de Saincte Église.
Pour aymer, nus ne nous élise198 !
415 On y auroyt beau procéder199.
LA VEFVE
Ainsy vous veuille Dieu ayder !
Ma dame, que vous dictes vray !
Çà, çà, je vous entretiendray200,
Puysque vous venez à la bende201 :
420 Par vostre foy, à la prébende
Ou au monastère d’Amours202,
De quoy faictes-vous vos clamours203 ?
Y vous fault chanter [messe] à l’heure.
LA RELIGIEUSE
Matines sont de chante-pleure204,
425 Des regrés, des soupirs205 d’euillades,
Des petis remors de ballades206 ;
Et la messe, de piteux chans ;
Les Vespres, des regrés perchans207 ;
Et toute doulleur à Complye208.
LA VEFVE
430 Quoy ! n’est poinct l’église remplye
De prime, tierce, siste, nonne209 ?
LA RELIGIEUSE
Il n’y a sy petite nonne
— Soyt prieure, dame ou novice210 —
Qui ne soyt subjecte au service.
435 Nous chantons de jour et de nuict,
Et levons souvent à mynuict :
Se fault lever quant le sainct211 sonne.
LA MARIÉE
Je l’entens bien : c’est en personne.
LA RELIGIEUSE
Aussytost que le secrétain212
440 Ouvre l’huys, c’est pour tout certain :
Y fault afluber sa couronne213.
LA VEFVE
Je l’entens bien : c’est en personne.
LA RELIGIEUSE
Sy le clerq ou le chapelain
Veult carilonner tout à plain214,
445 Y fault que secours on luy donne.
LA MARIÉE
Je l’entens bien : c’est en personne.
LA RELIGIEUSE
Y ne fault plus qu’on en blasonne215 :
Il ne tient ny à roy ny à roq216.
S’une foys, de hanche ou de croq217,
450 Je pouvoys trouver mes partyes218,
Le voyez-vous, ce maistre froq ?
Je le gecteroys aulx ortyes219 !
LA VEFVE
Nous endurrions220 le coup d’estoq,
S’ainsy nous estions convertyes221.
LA RELIGIEUSE
455 Je vous jures, coquery coq222 !
Je le gecteroys aulx orties.
Quoy ! nous sommes plus amortyes223,
Plus pasles, plus défigurées224,
Entre nos, povres enmur[é]es,
460 Que se l’âme estoyt hors du corps.
LA MARIÉE
Le feu n’en est pas encor hors.
LA RELIGIEUSE
À nous veoir ainsy desguis[é]es,
Nous sommes des gens desprisées225,
Et banyes [d’amoureux recors]226.
LA JEUNE
465 Le feu n’en est pas pourtant hors.
LA RELIGIEUSE
Il y a troys [quartiers de]227 l’an
Qu(e) on ne veoit que messire Jehan228
Ou deulx clers qui sont lais et ors229.
LA MARIÉE
Le feu n’en est pas pourtant hors.
470 Je l’entens bien, dame nonnète :
Vous voulsissiez que l’eau benoiste230
Se fist quatre foys la semaine.
LA RELIGIEUSE
Quoy ! suis-je pas aussy honneste
Comme est ma cousine germaine ?
475 Aussy femme, et aussy humaine231 ?
De beaulx membres et de corps sage ?
Que la senglante Mort amaine232
Qui premyer en fist le message !
LA VEFVE
Y n’est estat que mariage.
LA RELIGIEUSE
480 C’est estat de salvation233.
Mourir puist-il de male rage,
Qui234 me mist en religion !
LA MARIÉE
Et, par Dieu ! Soublz corection235,
Quant tout est bien solicité,
485 On faict bien sa confession,
Debsoublz le bénédicité236.
LA VEFVE
On trouve bien l’invention237
C’un beau Père soyt incité238 ;
On faict bien sa commission239,
490 Dessoublz le bénédicité.
LA MARIÉE
Et par bonne excusation,
Tout le monde est de parenté240
Pour couvrir la conception241
Dessoublz le bénédicité.
LA RELIGIEUSE
495 Mon Dieu, que c’est bien récité,
Fust-il escript en parchemin242 !
Eussiez-vous, [en sy]243 bon chemin,
Une année toute acomplye ?
LA JEUNE
Et pourquoy ?
LA RELIGIEUSE
Pour aller à Complye
500 Et puys se lever à Matines244.
Pas n’auriez ainsy les tétines
Ne les mynes sy reluysans.
LA MARIÉE
Vresbis245 ! les vos sont plus plaisans,
Plus petis et myeulx redréchés246
505 Que les nostres.
LA RELIGIEUSE
Vous gaudissez247 !
LA VEFVE
Quant vous vous trouvez sur les champs248,
Vos regardz sont aussy perchans
Et aussy en parfons fichés249
Que les aultres.
LA RELIGIEUSE
Vous gaudissez !
LA JEUNE
510 Sur vos beaulx yeulx et fins, flambans250,
Vous avez vos crévechers251 blans
Là où sont vos cheveulx tressés252.
Est-il pas vray ?
LA RELIGIEUSE
Vous gaudissez
De la povre religieuse,
515 La plus triste et [plus] ennuyeuse253
Qui soyt sur terre, à mon entente254.
LA MARIÉE
Vous estes donques mal contente ?
LA RELIGIEUSE
Hélas, mon Dieu ! que suys-je donques ?
Je le suys bien, s’il en fust onques.
520 Et sy, est mon mal incurable.
LA MARIÉE
C’est une chose incomparable :
Voécy ceste belle mygnonne
Qui se souhaictoyt255 estre nonne
Pource qu’el n’a poinct d’amoureulx.
525 Et voicy, auprès de nos deulx,
Une vefve toute esplourée,
Mal contente et désespoirée
Qu’elle a perdu son bon mary.
LA RELIGIEUSE
Et vous, quoy ?
LA MARIÉE
J’ey le cœur mar[r]y
530 Encontre mon vilain jaloux.
Que fust-il estranglé des loups,
Et qui256 le premyer m’en parla !
LA RELIGIEUSE
Ceste maladye tient à tous257 ;
Ne prenons poinct garde à cela.
LA VEFVE
535 C’est pis que le mal de la toux :
Y nous fault tous passer par là.
LA RELIGIEUSE
C’est assez devisé, holà !
Assez avons de telz parentes258 :
On trouve deçà et delà
540 Un plat fourny259 de mal contentes.
LA MARIÉE
S’il y a feste ne banquet
Où soyent mys pavillons ou tentes,
Vous y trouverez au caquet260
Un plat fourny de mal contentes.
LA JEUNE
545 Quant filles sont sur le banquet261,
S’ilz ne viennent à leurs ententes262,
Vous lèveriez263, pour un bouquet,
Un plat fourny de mal contentes.
LA VEFVE
Ces langues à demy-cliquet264,
550 Plus afil[é]es que serpentes265,
Y trouvent bien pour un niquet266
Un plat fourny de mal contentes.
LA RELIGIEUSE
Poissonnyères ont peu d’aquest267,
Sy ne parviennent à leurs ventes ;
555 Vous trouverez dens leur baquet
Un plat fourny de mal contentes.
.
LA VEFVE 268
Seigneurs, pour éviter caquet,
Nous vous donrons lestres patentes269
Qu’on a trouvé en plain Parquet270
560 Un plat fourny de mal contentes.
En prenant congé de ce lieu,
Une chanson pour dire adieu ! 271
.
FINIS
*
1 Chanson inconnue, dont nous avons sans doute un deuxième extrait au vers 67. La présence de chansons et le congé final prouvent que ce débat fut joué au théâtre. 2 LV : mais 3 LV : je (Que je suis malchanceuse. « Mal suis fortunéz. » Le Ribault marié.) 4 Et pourtant. Idem vers 15, 372 et 520. 5 LV : quinse (« J’ey quinze ans, ce n’est que fleur d’âge. » La Fille esgarée.) 6 Il y a de quoi enrager. 7 Sans risquer de prendre une gifle. 8 Mieux que nulle au monde. 9 LV : inconstance (Mon incapacité à perdre mon pucelage. « Virginité par impotence de nature. » Oresme.) 10 Les vieilles arbalètes avaient beaucoup moins de puissance que les modernes. 11 On m’a tenue quitte de mes désirs. 12 Une grande contrariété. Cf. Raoullet Ployart, vers 142 et note. 13 Ce sarcasme. 14 LV : scoreoyt 15 LV : le (Si nous parlions entre nous.) 16 Prétentieux. « Sot oultrecuydé. » Sermon pour une nopce. 17 À malin, malin et demi : Vous êtes plus maline que moi. Cf. les Maraux enchesnéz, vers 115. 18 LV : asote (Qu’il est fou de moi. Cf. le Dorellot, vers 265.) 19 Dissimulé dans l’ombre du faîte d’une maison. Cf. le Gentil homme et Naudet, vers 13. 20 Qui me reluque du coin de l’œil. 21 LV : boste (« On appelle un vilain botté un homme de ville qui a des bottes, à cause que cela n’appartenoit autrefois qu’aux nobles qui alloient à la guerre…. On appelle par injure un méchant cavalier un villain botté. » Furetière.) 22 Un malpoli. 23 Un paresseux. « Les personnes qui se trouvent de repos & de la confrarie de Jean de Loisir. » Les de Relais. 24 Vous avez l’embarras du choix. 25 Tant de mendiants devant une porte. On se méfiait de ceux qui opéraient en équipe : cf. les Bélistres, vers 171-2. 26 Noyé dans un puits s’il ne peut jouir de moi. 27 LV : les 28 Ma borne : à quelle hauteur je prétends placer la barre. 29 C’est-à-dire ? 30 Ma fraîche denrée féminine. Idem vers 354, 359 et 363. Cf. le Trocheur de maris, vers 164. 31 Y met de l’argent, me paye. « Je n’y mettroye pas ung niquet. » Cautelleux, Barat et le Villain. 32 Pour parvenir à ses fins. 33 Que je m’abandonne à lui. 34 LV : et (Ce n’est pas ce que je recherche.) 35 Je le suis. « Se suis mon ! » La Résurrection de Jénin Landore, et Jolyet. 36 Tirée de mon ennui, de ma peine. 37 Il manque un vers en -oys et un vers en -ry. 38 Les coucous. Ce calembour est banal : « En ces boys qui sont si vers (…),/ C’est ung plaisir d’estre à l’envers/ Pour ouÿr chanter le coqu. » Farce de quattre femmes, F 46. 39 Serrée de près. 40 LV : aceuillye a tencer (Que mon mari ait à cœur, un jour, de se fiancer avec vous.) 41 LV : vous en eusies (Et vous auriez 23 coups de poing.) La précision du nombre est comique : « Tu auras des coups plus de huit ! » Grant Gosier. 42 LV : je fuse (Et ce serait.) 43 Ironique : Vous l’aimez si peu. 44 Chapitrée par mon mari. 45 Si je vais tisser ma toile chez une voisine. Cf. les Femmes qui font refondre leurs maris, vers 160-1. 46 Un valet ou une servante, pour me surveiller. Le vers qui suit est de trop : ces 3 quatrains riment en aabB. 47 Il rechigne, il refuse de payer. 48 LV : set (Quel désaccord il y a entre nous.) « Je n’ay pas ung povre corset./ Nul ne congnoist quel discord c’est. » Calbain. 49 Mon mari tient par la cime et par la racine : il est obstiné. « Il i tient à cisme et à racine. » Bib. mun. Lille. 50 LV : porierre (À être élégante. Idem v. 327.) La Gorrière est un personnage de la Farce de quattre femmes (F 46), qui n’est pas sans rapport avec la nôtre ; par exemple, la dernière à entrer n’est autre que la Théologienne, comme c’est ici la Religieuse. 51 Causez toujours ! Cf. Deux hommes et leurs deux femmes, vers 368. 52 Il recule. Idem v. 330. 53 La traîne cousue derrière le col de votre robe, et dont le bout est troussé sous la ceinture. Voir les Queues troussées. 54 Épanouie, et tissée à la façon du damas. 55 Les poignets désignent le bas des manches. 56 Il en devient jaloux : il croit que je me pare ainsi pour séduire d’autres hommes. 57 Ces ceintures de soie. 58 Les signets sont des bagues surmontées d’un sceau. Cf. Beaucop-veoir et Joyeulx-soudain, vers 128. 59 Les moulinets sont probablement des broches. « Un petit moulinet d’or garni de perles. » Godefroy. 60 S’il prend la mouche. « Et quant le ver coquin au front le picque,/ Il romproit tout, s’il n’estoit enchêné,/ L’homme enragé. » ATILF. 61 Un vieux grigou. Cf. Jehan de Lagny, vers 294. 62 C’est un vrai barbare, comme le sultan Bajazet Ier. Voir la note 192 des Trois amoureux de la croix. 63 À le voir jeter des mots désordonnés, qui sont le contraire des « mos arunés » (le Monde qu’on faict paistre, vers 390). 64 Il voudrait me ranger. Cf. le Cousturier et le Badin, vers 86. Ceux qui ont lu desrimer et arimer ont mal lu : le scribe n’a pas surmonté ces prétendus « i » d’un accent aigu, comme il le fait partout ailleurs. 65 Je ne l’accepte pas. 66 Vous voudriez le gouverner ? 67 LV : qui (Vous irrite beaucoup.) 68 Au pays fabuleux de Cocagne. 69 Ce sale bouseux aurait le temps d’y conquérir les campements de tous nos ennemis. Les pavillons et les tentes reviennent au vers 542, mais dans un contexte moins guerrier. 70 La veuve porte un costume de deuil, comme celle qui est coiffée de noir sur cette gravure. 71 La raison de cette assemblée. 72 C’est un dialogue de sourds. 73 Un troisième intervenant. 74 Ce corps de statue. La fille soulève sa robe pour se montrer sous tous les angles à la veuve et au public. 75 Bien tourné. On croirait entendre la belle Heaumière de Villon évoquer son « cler vis traictiz » et « ces larges rains ». 76 L’homme le plus minable. 77 Ni si gourmande d’être chevauchée. 78 Mon époux tyrannique. Voir la note 5 de l’Amoureux. 79 Sauvage. Cf. Daru, vers 304. 80 Ni cabane. « Il n’[y] a ne maison, ne buron. » ATILF. 81 En ambageois = avec des ambages, des circonvolutions trompeuses. « Il respont tout par enbagés. » Le Messager et le Villain. 82 Le feu grégeois, sorte de bombe incendiaire, symbolise la flamme amoureuse. Cf. le Povre Jouhan, vers 133. 83 LV : gouuerneroys (« Johannès porte le velours. » Science et Asnerye.) 84 Appareillée, assortie. 85 Qu’il ne tienne qu’à mettre ma main dans celle d’un homme pour sceller nos fiançailles. Double sens : Qu’il ne tienne qu’à mettre ma main dans sa braguette. « Elle commença à mettre la main sur son braquemard. » Gabriel Chappuys. 86 Mon fiancé ne pourrait être si misérable. 87 Vous vous accordez bien mal, toutes les deux. 88 LV : quil (Voir les vers 222 et 524.) 89 Si je ne le mettais au pas. « C’est dommaige/ Que ne mettons villains en run. » Mallepaye et Bâillevant. 90 Chaque vieille femme a son deuil à elle. « Chascune vieille son dueil plaind. » Cotgrave. 91 LV : nennyn 92 Comptant, comme dans la locution « payé comptant ». 93 LV : bon trauaillant 94 Quand il accomplissait « l’ouvraige de rains ». Les Botines Gaultier. 95 La veuve s’évanouit dans les bras de ses compagnes. Ses jérémiades rappellent celles de la Veuve juste avant qu’elle n’épouse son jeune et vigoureux valet : « J’ey le cueur marry (…) de mon deffunt mary,/ Du bon Roger, dont Dieu ayt l’âme !/ Car c’estoyt le meilleur, pour femme. » 96 Chez mes tantes. Cf. l’Antéchrist, vers 16. 97 Que je rapportais à la maison l’ouvrage que j’avais filé, pour prouver à mon mari que je n’avais pas fait autre chose. 98 LV : cestoyt (La veuve s’évanouit à nouveau.) 99 Si vous voulez me faire plaisir. 100 Nous devons réduire votre défunt en cendres, afin que nous en ayons un autre de la même race que lui. Allusion au phénix, qui renaît de ses cendres. La veuve se redresse brusquement. 101 LV : ta reuenge (Tu veux revendre la cendre de mon mari aux autres femmes.) 102 LV : je noseroys (Je n’oserai pas me défendre ?) 103 D’un mauvais lieu, d’un bordel. « Je ne suis point du lieu venue ! » L’Amoureux. 104 Le ciel. 105 Un accouplement. « N’aurions-nous poinct une venue/ D’une de voz brus toute nue ? » Les Brus. 106 Elle connaît ses intérêts. « Nous entendons nostre latin. » Le Capitaine Mal-en-point. 107 Pas si dinde. « Je n’estoye pas si grue. » Les Maraux enchesnéz. 108 Courtisan. 109 Ou que je ne lui jette une œillade. 110 Si mon jaloux en a du dépit, qu’il l’évacue en suant à grosses gouttes ! 111 À quoi sert un oiseau en cage ? « Chappons en mue. » Les Sotz ecclésiasticques. 112 Sans rides. 113 Cette faconde, cette éloquence. 114 À sa furie. Cf. Serre-porte, vers 216 et note. 115 Galeux. Idem v. 253. 116 Le plus sale et le plus galeux. « Je suis si ord et si raffloux. » ATILF. 117 Sur une paillasse, pour ne pas devoir partager son lit. « Jényn couchoit au peaultre. » La Résurrection Jénin à Paulme. 118 Je n’y aurais de plaisir. 119 La pâleur des femmes dénote un manque d’activité sexuelle, comme au vers 458. Cf. les Chambèrières qui vont à la messe, vers 68-69 et note. 120 Les bonds et la volée sont des termes du jeu de paume qui sont vite passés dans le langage érotique. 121 LV : y aisee 122 Un mot désagréable. 123 Ni même la moitié d’une. Idem v. 351. 124 LV : un (Dont j’aie jamais entendu parler.) 125 LV : jauoye balades (Une ambassade est un clin d’œil. « Vostre œil mignon feriez embassadeur. » Jardin de Plaisance.) 126 Sortes de ruades. « Le cheval (…) vient à faire jambades,/ Bondissementz, soupplessaultz & pennades. » (Guillaume Haudent.) Les ambades sont des farandoles : « De ce vent qui faict ceste ambade. » Sermon joyeux des quatre vens. 127 LV : je suys le resus 128 LV : jesuys de deuil lincomparable 129 LV : coupable / qui souhaicte estre capable / du myen (Je refais sous toutes réserves ces 3 vers faux et dépourvus de sens.) « Le grant deable l’en puisse pendre ! » Les Trois amoureux de la croix. 130 Vers manquant. Entendre les plaignants et rendre un jugement sont les deux mamelles de la Justice. « Mais qu’il ayt le cas entendu,/ Tantost sentence aura rendu. » Le Pauvre et le Riche. 131 À moitié fou. 132 Devant la cheminée. 133 En train de sculpter une bûche avec son couteau. 134 C’est un embarras dans la maison. Jeu de mots sur « empêchement d’autel » : en droit, l’empêchement est un fait qui peut empêcher un mariage (à l’autel de l’église). 135 Même si je ne vais pas plus loin que notre porte. 136 Il faut que je lui rende compte de ce que je veux faire, et ceci, et cela. 137 Que je lui précise. 138 Ainsi, tel. Cf. Messire Jehan, vers 95. 139 Vers manquant. (Ces 3 sixains riment en aabaaB.) « Se mon mary estoit icy. » Le Pardonneur. 140 LV : pleust (Voir les refrains de 308 et 314.) J’aurais plus vite un morceau de la vraie croix de Jésus. 141 LV : jouyau (Voir le v. 344.) « Exigent » était encore un substantif : un exigent est une nécessité. 142 LV : des nues (« Il auroit plustost de la lune ! » Les Botines Gaultier.) 143 Adorer. Les reliques de saint François d’Assise étaient un sujet de plaisanterie : Frère Guillebert fait s’agenouiller les bigots pour adorer, en guise de relique, des braies puantes qu’il attribue au saint homme. 144 Plutôt que de pouvoir trouver au choix. 145 LV : mon 146 LV : jaloux (Ces 3 sixains riment en aabaaB.) Un bon galois est un bon compagnon, généreux. « Tel porte face d’estre chiche/ Qui non pourtant est bon galloys. » Guillaume Alécis. 147 LV : gõloups (Voir les refrains de 325 et 331.) Il est encore plus difficile d’attraper un bon mari que d’attraper un loup avec un piège à loups. Cela dit, on peut « prendre un loup par la queue » (Antoine Oudin), tout comme le mari du vers 153. 148 Je recherche. 149 LV : veult (Ce sournois danger est un personnage très négatif de la poésie allégorique : « Que Faulx Dangier, vostre adversaire. » Rondeau.) 150 Je cherche à obtenir par tous les moyens. 151 Plus je le pousse dans ses retranchements. C’est une expression militaire. 152 Et plus il recule. Idem v. 91. « Ne tire point le cul arrière ! » Le Fol et la Folle. 153 Il tient plus solidement que si sa bourse était clouée. 154 Perfide. Idem vers 324 et 380. 155 Gloutons, avides. 156 LV : seront (« Et ceulx qui du bien luy feront. » L’Aveugle et Saudret.) 157 LV : tort ou droict (Correction d’André Tissier : Recueil de farces, t. IX, 1995, pp. 297-364. Ces 3 sixains riment en aabbcC.) Peu m’importerait que mon ami soit droit ou tordu. 158 Voûté. 159 Laid ou sale. Idem v. 468. 160 « Tel que vous le pourrez avoir./ Qui emprunte ne choisist mye. » Farce de Pathelin. 161 Avec la croûte et la mie : avec tout ce dont j’ai besoin, notamment d’un point de vue sexuel. 162 Veuf. 163 Roturier, ou noble qui chasse en portant un épervier sur son poing. 164 Pourvu que j’en mène un en laisse. 165 Ni même la moitié. 166 Il vient si peu de marchands de maris. On en trouve un dans le Trocheur de maris, la farce qui précède la nôtre dans le ms. La Vallière. 167 LV : en (Il est possible de corriger : En avoir secours.) Qu’on ne saurait recourir à eux. 168 Cette marchandise n’a plus cours. 169 À la pucelle. 170 Vous parlez comme une pucelle. « On sçaura qui fait la serrée,/ Et qui franche [libérale] est de sa derrée. » Saincte-Caquette. 171 LV : nous (Il faut fréquenter les endroits où l’on vend des maris.) 172 Vous savez ce qui s’y passe ? Les foires, où les marchands et les acheteurs allaient sans leur femme, attiraient des prostituées. 173 Le corsage désigne le corps, et plus rarement la poitrine : cf. les Sotz fourréz de malice, vers 220. 174 LV : a homme qui portit (Je ne donnerais pas un sou d’un homme qui me dédaignerait.) 175 Et même, vous êtes accueillante. 176 Une œillade. 177 Mot manquant. « Et aucuns sont [Il y a des hommes] qui, tout au contraire, sont contrarians en toutes choses. » (ATILF.) Contrariant rime à la manière normande avec récriant, riant et mécriant. 178 Toutes mes volontés. 179 À bout de force. « Je n’avoye cueur récréant ne failly. » Octovien de Saint-Gelays. 180 On reparle au vers 541 de ces banquets où les femmes sérieuses évitent d’aller. Voir Régnault qui se marie, vers 131-5. 181 LV : ou (Faux = sournois. Mécréant = soupçonneux, qui ne croit pas sa femme.) 182 LV : fuzes (« Va desmesler tes fuzées ! » L’Antéchrist.) M’oblige à filer ma quenouille : c’est l’activité principale d’une bourgeoise honnête. 183 LV : aryues (Mal tombées.) 184 De nos premières intentions. 185 D’après André Tissier, « penitent a ici son sens étymologique latin : “qui est mécontent, qui a du regret” ». 186 LV : esgares (à la rime.) À l’écart. 187 LV : esgares (Perturbées. « Quelque chambèrière esgarée. » Tout-ménage.) 188 Ce serait merveilleux qu’elles trouvent un amant sous leur aile, comme une poule y trouve un poussin. 189 Jeu de mots pour banquets de noces : Que Dieu vous donne un sexe endurant. « Dieu te doint ung bien bon “confort”,/ S’il advient que trop grant effort/ Te face, la nuyt, ton mary ! » Sermon pour une nopce. 190 Si un soldat vous prend de force. La littérature anticléricale montre des nonnes peu effarouchées par l’intrusion de la soldatesque ennemie. « Sœur Monique s’écrie : “Eh bien !/ Quand est-ce donc que l’on viole ?” » J.-F. Guichard. 191 Que Dieu vous l’accorde plutôt à vous ! 192 Entre nous. Même normandisme aux vers 459 et 525. 193 LV : amures (Voir le v. 459.) Douces dames murées, cloîtrées. 194 LV : demoures (Nous sommes là pour toujours.) 195 LV : et (Sans jamais abandonner le cloître.) 196 Vœu de chasteté. Visiblement, notre religieuse ne vit pas dans le même couvent que Sœur Fessue… 197 Un voile sur la tête. 198 Que nul homme ne nous choisisse. 199 On aurait beau faire : toutes les tentatives seraient vaines. 200 Je vous pose la question. 201 Puisque vous rejoignez notre coterie. 202 La phraséologie courtoise voyait l’amour comme une dévotion. « (Son Éminence) luy fit demande à son tour/ De quelque prébende d’amour. » Le Mercure burlesque. 203 De quel droit allez-vous vous plaindre ? 204 De plaintes. 205 Des souvenirs. 206 Le regret des ballades que les galants composent pour leur belle. Voir la Réformeresse, vers 243-7. 207 Perçants. Même prononciation normande à 507. 208 Aux complies : à l’office du soir, après les vêpres. Idem v. 499. 209 Les heures de prime, de tierce, de sexte et de none rythment, par les prières qu’on y associe, la vie monotone du couvent. 210 LV : nonne (Correction Tissier.) Une novice est une jeune entrante qui n’a pas encore prononcé ses vœux. 211 Le seing, la cloche. « Quant le gros sainct si sonnera,/ Bien temps sera de vous lever. » ATILF. 212 Que le sacristain. 213 LV : guerronne (Affubler = coiffer : « Affublez ces chappeaulx. » La Folie des Gorriers.) La couronne désigne le frontelet, un bandeau dont les religieuses ceignent leur front en souvenir de la couronne d’épines. C’est l’équivalent féminin de la couronne [tonsure] des moines. 214 Veut sonner toutes les cloches. 215 Qu’on en plaisante. 216 Cela ne dépend de personne. (Le roi et le roc [la tour] sont des pièces du jeu d’échec.) « Il ne tenoit de roy ne de rot. » ATILF. 217 D’une manière ou d’une autre. Cf. les Tyrans, vers 23. 218 Toucher ma part d’héritage. Les héritiers mâles étaient plus avantagés que leurs sœurs, et les sœurs aînées plus que leurs cadettes. « Filles (…), vous eussiez eu vostre partie, ne fust la fausseté de vostre père, qui vous et moy a mis en grant misère sans fin. » (ATILF.) Les filles spoliées de leur héritage ne pouvaient se constituer la dot qui leur eût permis de trouver un époux ; il ne leur restait plus qu’à entrer au couvent ou au bordel. Ou au service d’un maître qui abusait parfois de ses prérogatives. 219 Je serais défroquée. « Mon froc ay gecté aux ortys. » Les Povres deables. 220 LV : andurions (Le conditionnel normanno-picard use volontiers du « r » géminé. « Mais ainchoys [plutôt] endurrions-nous le plus grant tourment que oncques gens firent. » Jehan le Bel.) Nous préférerions endurer un coup d’épée. 221 Si nous étions ainsi converties de force. 222 Cocorico ! Cette interjection belliqueuse représente le coq qui monte sur ses ergots pour attaquer. Cf. le Pardonneur, vers 138 et 156. 223 Plus anéanties. 224 LV : defigures (Méconnaissables.) 225 LV : desprises (Nous sommes méprisées par les gens.) 226 LV : damours remors (Des entretiens amoureux. « Et de Vénus les amoureux recors. » Lancelot Carles.) 227 LV : partys a (Les trois quarts de l’année. « Par chascun an, et par trois quartiers de l’an. » ATILF.) 228 Partout ailleurs, c’est l’une des incarnation de l’ecclésiastique paillard et sans scrupule. Voir par exemple Messire Jehan. 229 Laids et sales. 230 L’eau bénite désigne le sperme lancé par le « goupillon » du curé. « Vostre eaue béniste bien ne coulle,/ Domne Johannès : jettez fort ! » (Les Chambèrières qui vont à la messe de cinq heures pour avoir de l’eaue béniste.) Les Normands prononçaient « bénète » : cf. le Retraict, vers 429. 231 Tartuffe dira : « Ah ! pour estre dévot, je n’en suis pas moins homme. » 232 Emmène, emporte le premier qui l’a prétendu. 233 Les épouses peuvent accomplir le devoir conjugal tant qu’elles veulent, elles seront sauvées le jour du Jugement dernier. 234 Celui qui. Voir la note 218. 235 Sauf erreur. « Soubz correction, (elle) ne pouvoit dire qu’elle eust esté surprise. » 53e Arrest d’Amours. 236 Sous le secret de la confession. Martial d’Auvergne fait parler un confesseur : « Dire me povez hardiment,/ Cy, soubz le Bénédicité,/ Vostre vouloir et pensement. » 237 On peut bien trouver le moyen. 238 Soit incité à commettre le péché de la chair. 239 LV : confession (Influence du vers 485.) L’action de confier ses péchés au confesseur. Double sens : l’action de commettre une faute. La « commission de l’adultère » fut longtemps une des gourmandises du prétoire. 240 Est d’accord. 241 LV : condition (Le fait d’avoir conçu un enfant.) À la fin de Sœur Fessue, tout le monde pardonne à la religieuse enceinte, et parodie le texte latin de l’absolution. Un peu avant, les sœurs veulent dire leur Bénédicité ; « o lieu de le dire, y chantent » une chanson paillarde. 242 C’est aussi bien dit que si c’était écrit sur du parchemin. « Toutes deux parlent bon latin,/ Et fust pour mettre en parchemin. » La Nourrisse et la Chambèrière. 243 LV : ansy (Auriez-vous tenu un an dans les mêmes conditions que moi ?) 244 On chantait les matines avant l’aurore, quelques heures seulement après les complies. Les religieuses conventuelles dormaient très peu, ce qui n’améliorait ni leur caractère, ni leur apparence physique. 245 Euphémisme pour « vrai Dieu » : cf. Jénin filz de rien, vers 338 et 434. Les vos = les vôtres. 246 Redressés (prononciation normande). En principe, les religieuses n’avaient pas d’enfants : leurs seins restaient donc plus fermes que ceux des mères. 247 Vous plaisantez. 248 Hors du couvent. 249 Aussi perçants, et aussi profondément plantés sur les hommes. 250 Étincelants. 251 Prononciation normande de « couvre-chef ». Cf. le Marchant de pommes, vers 120. « Aveuc men crévecher et men biau devantel [mon beau tablier]. » La Muse normande. 252 LV : dreses (La fille reproche à la religieuse de dissimuler des tresses sous sa coiffe.) Les moniales n’ont pas le droit de tresser leurs cheveux : tout leur temps doit être consacré à Dieu, et non à des futilités. En outre, la coquetterie leur est défendue. 253 Chargée d’ennui. 254 À mon avis. 255 LV : souhaicte (En fait, c’est la mariée elle-même qui, au vers 150, aurait voulu être nonne.) 256 Celui qui. Les mal mariées ne pardonnent jamais à leur marieur : « Qu’estranglé soit cestuy des loups,/ Qui nous mist une foys ensemble ! » Les Femmes qui font refondre leurs maris. 257 LV : toux (à la rime.) Nous souffrons toutes de mécontentement. 258 Nous avons beaucoup de consœurs de notre sorte. 259 Un plein plat. « (Ils) furent bien serviz de dix-huict ou vingt platz fournys. » N. Volcyr. 260 En train de bavarder. « J’ay fréquenté aussi maint lieu/ Comme festes, convis, bancquetz,/ Où l’on devise des caquetz. » Farce de quattre femmes, F 46. 261 LV : chonquet (Le banquet, au sens propre, est la banquette sur laquelle s’assoient les convives. « Les Lorains estoient sur ung autre bancquet assis, près du dit bancquet où nos seigneurs estoient assis. » Jehan Aubrion.) 262 Si elles ne parviennent pas à leurs fins en séduisant des hommes. 263 LV : les veries (Vous captureriez. C’est un terme de chasse.) Les filles naïves cèdent en échange d’un bouquet : « En un banquet,/ On dance, on donne le bouquet,/ On baise, on parle à son amye. » Marchebeau et Galop. 264 Inconséquentes, qui cliquettent à tort et à travers. « Lors monstrerez que vous aurez cervelle/ Pour déclicquer [bavarder] à ung demy-clicquet,/ Et estes gens où il y a peu d’arrest [de réflexion]. » Pierre Michault. (Cette expression découle de celle-ci : « Leur langue va comme un cliquet de moulin. » Le Roux.) 265 Que des vipères, dont la langue est affilée. 266 Pour un sou. 267 De gain. Les poissonnières, elles non plus, ne sont jamais contentes : voir l’Antéchrist, ou Grant Gosier, ou les Laudes et complainctes de Petit-Pont. 268 Aux spectateurs. 269 Nous vous donnerons des lettres royales décrétant. 270 Dans la salle du tribunal où les plaideuses expriment leur mécontentement. Voir la note 78 de Pour porter les présens. 271 Ce distique apocryphe est la signature habituelle du copiste de ce ms. La Vallière.