POUR LE CRY DE LA BAZOCHE

Bibliothèque municipale de Soissons

Bibliothèque municipale de Soissons

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POUR  LE  CRY  DE

LA  BAZOCHE

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Les clercs de justice qui composaient la Basoche de Paris ne se contentaient pas de griffonner des attendus et des sentences en latin de bureaucrate : à l’occasion de certaines fêtes, ils écrivaient des pièces comiques, véritables revues satiriques où les initiés pouvaient reconnaître les pontes du Palais de justice, les fins stratèges de la politique internationale, ou des voisins qui s’étaient récemment ridiculisés. Les représentations se tenaient sur une longue table de marbre noir qui meublait la grand-salle du Palais, dans l’île de la Cité.

Les suppôts de dame Basoche, Mireloret1 et Rapporte-nouvelle, ont la dent dure ; et sous le prétexte de rendre le monde plus moral, ils jettent en pâture à leurs congénères toutes les histoires de fesses qui parviennent à leurs oreilles de Sots : « Pareille liberté se logea en ceste ville de Paris, soubz le nom de la Bazoche, aux clercs tant du Palais que du Chastelet, lesquels jouant à certains jours — les uns à la table de marbre, au Palais, les autres au siège du Chastelet —, introduysoient ordinairement sur l’eschafaut [sur la scène] trois d’entre eux, habillés en Sotz que l’on apelloit vulgairement mirelorets ou soteletz, dont l’un, nommé Rapporte-nouvelles, interrogé par ses compaignons, leur rapportoit soubz équivoque de noms tous ceux ou celles qu’ils pensoient estre marqués de quelque vice ». (Estienne Pasquier.) Une chanson basochienne, Escoutez la nouvèle, dénonce par exemple un marchand de bouillottes auquel une de ses clientes a donné la syphilis ; en voici la fin : « Ceste chanson fut faicte/ Au Palais, à Paris,/ Prise sur la sonnette/ D’un des joyeux devis/ Que racontoient les joueurs de Bazoche/ Lorsqu’à chacun jettoient leur lardon de reproche. »

Pour le cry de la Bazoche se compose de deux sotties mises bout à bout : la première, assez convenue, renferme des allusions aux grands de ce monde2 ; la deuxième, beaucoup plus vivante, déballe toute la chronique scandaleuse du quartier. Malheureusement, ces ragots n’ont pas eu la chance d’intéresser les historiens de l’époque. Mars et Justice, une autre pièce due aux basochiens de Paris, fut aussi agrémentée d’une sottie finale où les racontars le disputent aux commérages : Rouge-affiné, Bec-affillé et Décliquetout.

Notre sottie s’intitule « Cri » parce qu’elle s’achève sur une convocation publique des suppôts de la Basoche afin d’élire leur nouveau roi. Elle fut jouée lors des festivités du Mardi gras, le 5 mars 1549 (nouveau style).

Source : Bibliothèque municipale de Soissons, manuscrit 0199 (ancien 187), copié dans la seconde moitié du XVIe siècle. Folios 14 verso à 25 verso.

Structure : Dizains, sizains, quintils, rimes plates, huitains, rimes plates.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Pour le cry de la Bazoche

ès jours gras mil cinq cens quarante-huict

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    [ LA  BAZOCHE

       LE  PREMIER   SUPPOST,  Mireloret

       LE  DEUXIESME  SUPPOST,  Rapporte-nouvelle

       MONSIEUR  RIEN ]

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                        LA  BAZOCHE  commance 3                SCÈNE  I

        Non sans propos, l’on dict que la Justice

        A faict et faict régner princes et roys.

        Non sans raison, fault que force juste isse4

        Pour corriger les rebelles desroys5

5      Et mectre aux champs les martiaulx arroys6,

        Pour secourir le droict d’obéissance

        Trop opprimé par la folle arrogance

        D’aucuns mutins7 fiers et audatieulx

        Qui ont ausé eslever leur puissance

10    Contre honneur deu8 à la terre et aulx cieulx.

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        Ô combien grandz sont les biens de Prudence,

        Soubz qui se tient en paix la républicque !

        Ô que trop grandz sont les maulx d’Ignorance,

        Qui contre Droict cherche la voye oblicque !

15    L’esprit heureulx, celluy qui ne s’applicque

        À la suyvir, mays ensuict la raison,

        Pour en user en temps, lieu et saison,

        Et de son Tout la congnoyssance avoir,

        Affin que Rien 9, qui vient par desraison,

20    Soit annullé soubz provident10 sçavoir.

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        Voyant le Temps en tranquille repos,

        Le Monde en paix (du moins en l’espérance),

        Je suys icy attendant mes suppostz

        Acoustuméz, ces jours11, faire apparence

25    Pour m’esjouyr par gaye révérence.

        J’espère d’eulx ouÿr propoz nouveaulx

        Qui causeront plaisir à noz cerveaulx.

        Au bon esprit chose bonne est plaisante ;

        Et aux fascheux, rudes et tristes veaulx,

30    Chose joyeuse est en tout desplaisante,

        Et (pour mon faict12) ennuyeuse et nuysante.

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                     LE  PREMIER  SUPPOST,  Mireloret.13     SCÈNE  II

        N’est-il temps de se resveiller,

        Et sur joyeusetéz veiller

        Pour dancer et motz joyeulx dire ?

                     LE  DEUXIESME  SUPPOST,  Rapporte-nouvelle.

35    N’est-il temps de s’esmerveiller14,

        Et plus que jamays travailler

        Pour lamenter au lieu de rire ?

                        LE  PREMIER  S[UPPOST] 15

        Qui peult à plaisir contredire,

        Ny les gaillardz suppostz desdire

40    De triumpher, ces jours joyeulx ?

                        LE  DEUXIESME  SUPPOST

        Qui peult, qui sçayt ou qui désire,

        Se voyant cheoir de mal en pire,

        Qu’i ne soyt mélencolieulx16 ?

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        [Il nous en va de myeulx en myeulx :]17

45    Nous voyons temps neuf, nouveaulx lieulx,

        Nouvelles gens, nouvelle guyse.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Plus ne veoyons le Bon Temps vieulx,

        Les vieilles gens non envyeulx.

        Vieillesse en jeune se desguyse.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

50    Tout nous rid : le temps, la fortune,

        L’honneur, l’amour et le surplus.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Tout 18, en tout le peuple importune,

        Le temps, les gens ; dont la commune19

        Est tant faschée que riens plus.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

55    [Jà ne]20 fut plus gratieulx temps,

        Les gens, et Tout pareillement.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Jamays aussi, comme j’entendz,

        Il ne fut tant de mal contens

        Comme il est ; c’est tout aultrement.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

60    Tout n’est-il pas suffisamment

        Bien gouverné entièrement,

        Et pourveu comme raison veult ?

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Tout est beau au commancement,

        Et a faict du bien largement.

65    Mays…

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                         Quel mays ?

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                                                Si chacun se deult21,

        Croyez que ce n’est point sans cause.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Espérons !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                            Tel veult qui ne peult.

        On n’ose dire qui l’esmeult

        À se plaindre, entendez la clause.

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                        LA  BAZOCHE 22                                 SCÈNE  III

70    Je trouve bien estrange chose

        De vostre devis, mes suppostz.

        L’un rid, l’aultre ung grief dueil expose :

        E[s]t la cause en vous si fort-clause23

        Qu’entendre n’en puys les dispos24 ?

                        LE  PREMIER  SUPPOST

75    De cent milliers de bons propos,

        Nostre princesse la Bazoche,

        Ayez-vous repas et repos !

                        LA  BAZOCHE

        Suppostz, Dieu vous gard de reproche !

        J’ay faict de voz devys approche,

80    Qui sont certes fort différentz.

        Y a-il quelques différendz

        Entre vous ?

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                              Nenny non, ma Dame.

                        LA  BAZOCHE

        Il m’est à rebours25 (sur mon âme !)

        Que vous, de rire acoustuméz,

85    Les plaisirs désacoustumez

        Pour propos contraires tenir.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Non pour soucy entretenir.

        Nous devisions du temps, des gens,

        Du commung26 foullé, des sergentz,

90    De paix, des amours, de la guerre

        Qu’on veoyt préparer sur la terre27,

        Des oyseaulx, de leur chant ramaige,

        De ceulx qui ont changé de caige28 ;

        De ceulx [qui], pour avoir [cas laidz]29,

95    Ont esté faictz [jà roiteletz]30.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Des bien heureulx, des malheureux,

        Des vieillardz qui sont amoureux,

        Des jeunes gens devenuz chiches,

        Des pauvres qui ne sont pas riches ;

100  De ces jeunes filz de Paris

        Cocquus avant qu’ilz soient maris,

        Comme sont ceulx du Pont-au-Change31 ;

        D’une privée, d’une estrange32.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Bref ! de tout qu’on peult adviser33,

105  Nous prétendons en deviser,

        Et laisser le feu sainct Anthoine34

        Au ladre Cardinal Le Moyne35

        Et au Bourguygnon enfumé

        (Nostre ennemy maistre Enrymé36) !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

110  Voyre, qu’i les puisse brusler !

                        LA  BAZOCHE

        Je crève d’en ouÿr parler,

        Tant les parolles sont puantes,

        Ordes, villaines et cuysantes.

        Fy des villains ! Laissez-les là,

115  N’en parlez plus, fy !

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                                              C’est cela.

                        LA  BAZOCHE

        Or sus, mes suppostz ! Regardons

        (Et de trop parler nous gardons)

        Que37 c’est qu’on dict, qu’on veoit, qu’on faict,

        Et qui c’est qui faict ou deffaict

120  Ses affaires, au temps présent.

        Et le tout soubz joyeulx présent38,

        Sans taxer ou blasmer personne,

        Ne dire chose qui39 mal sonne :

        Car l’estat des bazochïens

125  Gist sur honneur qu’i ne dict riens40

        S’il n’est prouffitable et louable.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Le temps présent est admirable.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Le passé a faict grandes choses.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Qu’est devenu le pot aux roses41 ?

130  Long temps a qu’il ne fut ouvert.

                        LA  BAZOCHE

        Quelque jour sera descouvert

        Pour démonstrer à l’advenir

        Combien de causes42 peult tenir,

        Qui sont, au temps présent, cachées.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

135  Combien de personnes faschées

        Qu’en publicq ne se peult ouvrir !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        [Nul ne]43 l’oseroyt descouvrir,

        Car il tient soubz main par trop forte44.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Si fault-il ung jour qu’il en sorte

140  Des choses qu’on veult trop celler.

                        LA  BAZOCHE

        Mes suppostz, gardez de parler

        Trop avant !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                              Mot45 !

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                                              La bouche close !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        N’est-ce grand dommaige qu’on n’ose

        Monstrer son mal au médecin,

145  Et faire cracher au bassin46

        Ceulx-là que tant je n’oze dire ?

                        LA  BAZOCHE

        Ne parlez sinon que pour rire,

        Mes supostz !

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                                 Je diz à propos.

        L’Aigle47, en somme, prend ung repos.

150  Et comme… Mays je ne sçays quoy.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Tel se mect souvent en requoy48

        Qui ne prétend repos avoir.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Le Phœnix49, pour son Aigle veoir,

        A prins son vol bien diligent,

155  Non desgarny d’or et d’argent.

        Je ne sçay pas s’il reviendra.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Et s’il revient, on le prendra,

        Et l’Aigle aussi, par bonne chère.

                        LA  BAZOCHE

        La chère50 me fut ung jour chère ;

160  Mays51, c’est tout ung. Et si, regarde

        Me tenir tousjours sur ma garde

        Pour obvier à la surprinse.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Je ne sçay par quelle entreprise

        De ce Paris on a osté

165  L’ung des grandz esbatz de l’esté.

                        LA  BAZOCHE  vacabat per Curiam.52

        Or diz-nous comment, sotte trongne !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        On a cloz le Boys de Boulongne53,

        Si bien qu’on n’y sçayt plus entrer.

                        LA  BAZOCHE

        As-tu aultre cas à monstrer

170  Ou dire ? Parle, sot cerveau !

        Tu ne nous diz rien de nouveau :

        Il est cloz, voyre, en double sorte ;

        Et d’une closture si forte

        Que tous ceulx-là qui sont dedans

175  N’oseroient plus monstrer les dentz54.

        Car pour résister aux effortz,

        Il y a des gens fortz ès fortz55

        Qui sçavent trèsbien ung bien faire.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Ceulx qui sont cause de l’affaire,

180  Ne sçay s’ilz s’en trouveront bien.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        De Bourdeaulx56 nous ne dirons rien ;

        La prudente espée a bien dict.

                        LA  BAZOCHE

        C’est trop à raison contredict57,

        S’eslever encontre son prince.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

185  Il n’y a si grande province

        Dont le plus grand et le plus riche,

        Le plus pauvre homme ou le plus chiche

        Ne soit au Roy de corps et biens,

        Et quant luy plaira, peu ou riens58,

190  Tant soit-il de grant et hault pris59.

                        LA  BAZOCHE

        C’est trop follement entrepris,

        Dont en fin ne peult que mal prendre.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Pour l’advenir, l’on peult comprendre

        Tout bon heur60.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                                      Par noble alliance,

195  Le sang françoys au sang de France

        S’est61 conjoinct par vraye unité.

                        LA  BAZOCHE

        Dieu garde ceste affinité

        Cent milliers d’ans et cent encore(s) !

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Je cuydoys l’Ours toute forlore62,

200  Car l’Aigle faisoit sa menasse

        De luy faire changer de place,

        Ou l’enchesner comme subject.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Il est survenu quelque object

        Qui a empesché le passaige.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

205  Le Léopard63 faict du sauvaige

        Encontre le Lyon rampant ;

        Mays le franc Coq64 sa force espand,

        Qui le gardera de moleste.

                        LA  BAZOCHE

        Sainct-Jacques65, avec(ques) sa mallette,

210  A laissé Espaigne ; et dict-on

        Qu’il vient avecques son baston66

        Pour veoir s’il fera quelque chose

        On sçayt bien où…

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                                           Pendant, repose

        L’Ytalye, et Sainct-Pierre67 aussi,

215  Qui avec Sainct-Marc prent soucy

        D’entretenir son alliance.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Je croy, en ma sotte fiance68,

        Que cest an nous verrons merveilles,

        Voire, et des choses nompareilles,

220  Qui les vouldra bien retenir69.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Tout cela qui doit advenir

        Adviendra.

                        LA  BAZOCHE

                             Mes joyeulx suppostz,

        Pour faire changer de propos,

        Faictes sonner les instrumentz,

225  Récréant noz entendemens.

                        Icy sonnent les instrumentz.

                                   *

                        MONSIEUR  RIEN                               SCÈNE  IV

        N’enquérez poinct que70 je sçays faire,

        Qui je suys, ne quel est mon nom :

        Je sçay tout parfaire et défaire,

        Et transmuer « ouÿ » en « non ».

230  J’ay par le monde grand renom.

        Aussi, suis-je grand terrïen.

        Ne demandez point mon surnom.

        Je peulx tout, et si71, je suys Rien.

.

        Je suys Rien, et si, l’ay esté ;

235  Et puys je suys devenu Tout.

        Rien fuz, et pour l’honnesteté,

        Tout m’a mis dessus le bon bout72.

        Ce Rien, ce Tout n’est à mon goust :

        De mon heur ne suys qu(e) aux faulx-bourgs73.

240  Je veulx faire, du tout en tout,

        Tout le monde aller au rebours.

.

        Je puys faire ung sot estre saige,

        Ou au moins il le semblera ;

        Une vieille belle en grand aage :

245  Du moins, aymée elle sera.

        La maistresse serve74 on croyra ;

        La bourgeoyse, une Damoyselle75.

        Ung souldart évesque on verra,

        Et une nourrice pucelle.

.

250  Bref ! je faictz les choses possibles,

        Soubz ma grande philosophie,

        Ressembler quasi impossibles.

        Toutesfoys, fol est qui s’y fie.

        J’estudye en cosmographie

255  Et tiens Tout en commandement.

        J’escriptz, je liz, j’orthographie76,

        Et ay partout l’entendement.

                        LA  BAZOCHE

        Voylà parler estrangement !

        Qui est-il, suppostz ?

                        LE  PREMIER  SUPPOST

                                            Je ne sçay.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

260  Ne moy aussi.

                        LA  BAZOCHE

                                Faict-il l’essay

        De nous congnoystre, ou nous surprendre ?

        Sachez, suppostz !

                        MONSIEUR  RIEN

                                       On peult comprendre

        – Au moins si vous avez espritz –

        Que je suys homme de hault pris,

265  Qui sçayt, qui faict et qui deffaict,

        Qui contrefaict et qui parfaict,

        Qui prend, comprend et entreprend.

        Et celluy qui de moy apprend,

        Il peult grandes choses sçavoir.

                        LA  BAZOCHE

270  Je loue en tout le grand sçavoir

        Qu’i nous faict entendre estre en luy.

                        MONSIEUR  RIEN

        Demandez-moy77, je suys celuy.

        Vous ay-je pas dict une foys

        Que je fays plus que Tout, et voys78

275  Où aucun ne sçauroit aller ?

        Quoy ! fault-il plus avant parler ?

                        Monstre ung sac, et [des] pappiers.79

        Je veulx monstrer en évidence

        Des receptes que ma prudence

        A faictes par grand appareil80

280  Pour ceulx qui venuz au conseil

        Sont à moy de leurs entreprises81,

        Qui ont esté en tout bien prises,

        Et ne leur est venu que bien.

                        LA  BAZOCHE

        Vostre nom, monsieur ?

                        MONSIEUR  RIEN

                                                Monsieur Rien,

285  Qui ne veult user de déceptes82.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Monsieur Rien, quant à voz receptes

        (Dont vous nous donnez l’apparence),

        Sont-elles par expérience

        Aprouvées83, et de vertuz fortes ?

                        MONSIEUR  RIEN

290  Ouÿ. Et en cent mille sortes

        De cas nouveaulx et joyeulx tours

        Despendant du grand dieu d’Amours,

        Je84 donne conseil et remedde.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Je veulx doncq requérir vostre ayde,

295  Monsieur Rien, pour ung pauvre amant

        Aux faictz de Vénus si gourmand

        Qu(e) ung jour, luy faisant sacriffice,

        Fut surprins dans une Escrevisse 85,

        En la rue de la Huchette,

300  Auquel lieu souvent se délecte

        Avec sa dame bien aprinse86.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Ung oncle sot fit la surprinse87,

        À qui cousta plus d’un ducat ;

        Et le surpris est advocat,

305  Des nostres assez bien congneu.

                        MONSIEUR  RIEN

        Récipé 88 : S’en fuÿr tout nud,

        Se cacher dedans une estable,

        Et endurer par faict notable

        (Pour luy conforter le cerveau89)

310  Estre attaché comme ung gros90 veau

        Deux heures de grande froydure,

        Voyre au temps de la grand froydure91,

        Pour luy appayser sa challeur.

                        LA  BAZOCHE

        Voylà recepte de valleur,

315  Monsieur Rien. Et monstrez vrayment

        Qu’avez du sçavoir largement.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Sçavez-vous le moyen vollaige92

        Faire d’une ville ung villaige ?

        C’est ung faict quasi impossible.

                        MONSIEUR  RIEN

320  Mays rien au monde plus possible,

        Le moyen facille : j’entendz

        Que vous verrez dedans bref temps

        (Cela promect[z] sans faulte aulcune)

        Le cours et dispos93 de la lune.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

325  Pour payer les fraiz et boissons

        D’un escot faict aux Troys Poissons 94,

        À Sainct-Marceau ?

                        MONSIEUR  RIEN

                                           En attendant,

        Vous baillerez pour respondant95

        Le Cordelier bien esprouvé

330  Lequel fut tout debout trouvé

        Besongnant madame l’hôtesse.

                        LA  BAZOCHE

        Le Cordelier chault de la fesse

        Luy faisoit-il cela par mal ?

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Je croy que non !

                        MONSIEUR  RIEN

                                         Propos final,

335  J(e) advoue96 le faict en tout lieu,

        Car ce n’est en despit de Dieu.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        À ce propos, mays aultrement :

        De quoy sçaurez-vous, ne comment,

        Faire, de malle chose, bonne97 ?

                        MONSIEUR  RIEN

340  Faveur, par avarice, ordonne

        Le moyen, faisant fricassée98

        Dont les docteurs99 rendent cassée

        Raison et le Droict tout ensemble.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Mays, monsieur Rien : que vous en semble,

345  De l’argent au[x] pauvres donné ?

                        MONSIEUR  RIEN

        Par statut, il est ordonné

        Recepte100 en chacune parroisse,

        Affin que la somme apparoysse

        Justement, sans aucune tache.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

350  En la parroisse Sainct-Eustache,

        Deux dames plaines de sçavoir,

        Commises iceulx recepvoir

        Et les bailler soubz bonne foy

        Au saige primat de la Foy,

355  Qui veult les sommes calculler101

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Il sçayt bien les dames culler102

        Premier que de bailler quictance103 !

                        LA  BAZOCHE

        Sur aultre cas donnons sentence,

        Pour rendre noz espritz contens.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

360  Monsieur Rien, en combien de temps

        Peult devenir ung marchant riche ?

                        MONSIEUR  RIEN

        Selon qu’il est fin104 et qu’il triche,

        Les ungs plus et les aultres moins :

        Les affineurs prenz105 pour tesmoings,

365  Riches en ung an ou en deux.

        Si des aultres sçavoir tu veulx,

        Ce sont usuriers qui attendent

        Plus long temps, car leurs deniers rendent

        Prouffit, mays c’est à plus longs termes ;

370  Exceptéz ceulx, d’espritz bien fermes,

        Qui prestent les plus grosses sommes,

        Comme trésoriers, et telz hommes

        Qui106 baillent les deniers du Roy

        À intérest : c’est leur arroy107.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

375  Combien d’argent vouldriez-vous prendre

        Pour ung procès tout instruict rendre

        Concernant confisca[ti]on ?

                        MONSIEUR  RIEN

        Pour myeulx faire telle action

        Et rendre ennemys108 plus vaincuz,

380  Je veulx cinquante mil escuz.

        Moyennant lesquelz, forgeray

        Des tesmoings, et m’obligeray

        Vous rendre la sentence au poing109.

                        LA  BAZOCHE

        De faulce monnoye, faulx coing110,

385  C’est bien entendu le dispos.

        Venons à plus joyeulx propos

        Et à matière plus civille.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Ung gaillard officier de ville,

        De deux advocatz compaigné,

390  N’a point ung escu espargné

        À une masque111 (ou macquerelle)

        Qui, pour la chose de laquelle,

        Promect en secrette maison

        Produyre fresche venaison112.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

395  De faict, fist telle diligence,

        Avec sa bonne intelligence,

        Qu’elle ameine pour troys ducatz

        La femme d’un des advocatz

        Qui estoit en la compaignie.

400  Cependant, la chaulde mesgnye113

        Disputent et sont en débat

        Qui auroit le premier « combat ».

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Enfin fut dict, d’accord facond114,

        Que le mary seroit second.

405  La dame, en secrette manière,

        Entre par [un huys]115 de derrière,

        Sans que personne la peult116 veoir.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Après du premier le « debvoir »,

        Le mary dedans la chambre entre,

410  Prest de donner ventre sur117 ventre,

        Fort esbahy de veoir sa femme ;

        Qui118 dict lors : « Ha ! putain infâme !

        Es-tu icy ? »  « Non (ce dict-elle) :

        J(e) y suis venue par cautelle119,

415  Et sçavoys bien que j’espiroys120

        Le lieu où, meschant, tu seroys.

        C’est assez ! » Ainsi s’en alla.

                        LA  BAZOCHE

        Or, quel remedde sur cela,

        Monsieur Rien ?

                        MONSIEUR  RIEN

                                     Je diz, pour celluy

420  Récipé : Qui121 te faict, faiz-luy !

        Il n’est vaincu, n’elle vaincue ;

        S’il est cocu, elle est cocue.

        Et voylà la conclusion.

                        LA  BAZOCHE

        C’est trèsbonne décision

425  De propos.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                             Rue Sainct-Denys

        (Où sont plus d’oyseaulx que de nidz122),

        A une dame, vigoureuse

        De cueur et de corps, amoureuse

        D’un des moynes de Sainct-Magloyre.

430  Laisse cheoir en son oratoire123

        Ung billet du lieu, heure et jour

        D’accomplir « l’amoureux séjour ».

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Cela veu de bonnes façons

        Par troys ou quatre bons garsons

435  Qui n’estoient là pour prier Dieu ;

        Espient la dame et le lieu

        Où vint le monachus 124 crotté.

        Mays Dieu sçayt s’il fut bien frotté

        Et servy de boys et coups lours,

440  Au lieu de baiser ses amours125

        Et faire ce qu’il prétendoit !

                        MONSIEUR  RIEN

        Qui plus hault monte qu’il ne doibt,

        Il veoit de plus loing ung clocher126.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Suyvant ce propos, fault toucher

445  D’un aultre127, à Sainct-Martin-des-Champs,

        Désirant les « amoureulx chantz »

        D’une dame de la grand rue ;

        Et tellement poursuict et rue

        Que sa requeste elle luy signe128.

450  Et pour l’accomplir, jour assigne.

        Mays en attendant ces mistères,

        La dame en advertist ses frères,

        Qui conseillent son mary mectre

        Soubz le lict, et pour myeulx congnoystre

455  Quant le moyne sera venu,

        Affin qu’il soit par eulx congneu,

        Qu’elle dira : « Belin129, belin ! »

        Le mary, faict au jobelin130,

        Respondra en mouton : « Bêz, bêz ! »

                        LE  PREMIER  SUPPOST

460  Sans faire plus longs collibetz131,

        Ainsi fut faict, ainsi fut dict.

        Le moyne, po[u]rsuyvant le dict

        D’amour fainct à luy présenté,

        Y vint à sa malle santé132.

465  « Belin » dict et « bêz » respondu,

        Dessus son doz fut estandu

        Ung millier de coups de bastons,

        Et remené non en bas tons133

        Par deux tabourins134 au couvent,

470  Où fut receu myeulx que devant

        Avec des verges et des fouetz.

                        LA  BAZOCHE

        C’est assez dict pour ceste foys.

        Il convient aultre cas comprendre.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        À [tout moyne]135 en puisse ainsi prendre,

475  Et à tous les jeunes maris

        Du Pont-au-Change !

                        MONSIEUR  RIEN

                                             Je m’en ridz :

        Ilz méritent bien telle offrande.

                        LA  BAZOCHE

        Monsieur Rien, je vous faictz demande

        Pourquoy le royaulme de France

480  N’est jamays en paix n’asseurance.

                        MONSIEUR  RIEN

        Je vous respondray, sur ce pas :

        Pource qu’on ne la cherche pas.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        La raison ?

                        MONSIEUR  RIEN

                             Paix, où tout bien sonne,

        Ne destruict ou gaste personne,

485  Et n’est possible qu’homme chiche

        Ou avare devienne riche

        Premier136 qu(e) ung aultre n’apauvrisse.

        Or voyons-nous régner ce vice,

        Et fault qu(e) ung perde et l’aultre gaigne.

490  Par quoy guerre, à tous maulx compaigne,

        Est meilleure (il le fault penser)

        À gens qui veullent s’advancer,

        Que la paix.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                             Donnez-nous conseil

        Si, par grand ardeur du soleil,

495  Le plomb peult devenir argent.

                        MONSIEUR  RIEN

        Ouy da, et tout par ung art gent,

        Qui bien le bon moyen contemple137.

        Et qu’i soit vray, du plomb du Temple138

        On ne faict argent seullement,

500  Mays du fin or139 pareillement.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Est-il temps que le sac on lie140.

        De la rue de Saccalye,

        Chassé est qui le mal apporte.

        Mays de celluy qui bien rapporte,

505  Amoureux de sa chambèrière,

        Qui trouva façon et manière

        De se fascher hors tout diffame141

        De coucher avecques sa femme ;

        Luy estant esmeu par le membre142,

510  Feist faire troys lictz en sa chambre :

        Les deux pour sa femme et sa serfve,

        Le tiers pour luy seul il réserve.

        Et de nuict, sans avoir sommeil,

        Va donner l’amoureux resveil

515  À la servante, en telle sorte

        Et d’une chaleur si trèsforte

        Qu’i luy a faict enfler la pence.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Quel remedde, pour récompence

        De l’intérest de la maistresse143,

520  Qui en porte grande destresse

        Quant les faictz luy sont apparentz ?

                        MONSIEUR  RIEN

        Récipé : Mander les parens,

        Ausquelz elle en fera complaincte.

        Et le mary, en voix non faincte,

525  À genoulx trop myeulx qu’estre assiz,

        Cryera à sa femme mercys,

        Promectant n’y retourner plus144.

        Lors, la faulte et tout le surplus

        Sera pardonné et remys145.

                        LA  BAZOCHE

530  Au besoing on veoit146 ses amys.

        À cela on le peult congnoystre.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Ung practicquant147, assez bon maistre,

        Qui aux forestz d’Amours arpente148,

        En la rue de la Serpente

535  Il a sa servante engrossée.

        Ce voyant, tout d’une poussée,

        Le maistre à son clerc persuade

        De donner « l’amoureuse aubade »

        À la pauvre pucelle grosse,

540  Affin que le clerc eust l’andosse149

        D’espouser la mère et l’enfant150.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Le clerc guières ne se défend,

        Mays faict d’une volunté grande

        Ce que son maistre luy commande,

545  Joinct qu’il avoit en cest affaire

        Acoustumé de cela faire :

        Et sans que son maistre en sceût rien,

        De long temps151 se congnoyssoient bien.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Quant est de la fille espouser,

550  Le clerc ne s’i veult disposer

        Et dict : « Nego 152 ! » Remède quel ?

                        MONSIEUR  RIEN

        C’est que le maistre de l’hostel153,

        Ainsi comme vray successeur,

        Demourra154 l’entier possesseur

555  De l’enfant du clerc et la mère,

        Qui se joueront sans chose amère

        Ensemble tout à ses despens,

        Eust-il des chappons et des paons155.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Avez-vous moyens nécessaires

560  Que les estatz des commissaires156

        Vaillent plus que le temps passé ?

                        MONSIEUR  RIEN

        Ouÿ, le tout bien compassé157.

        Et fault de toutes choses une :

        C’est faire la bourse commune,

565  Et la signer158 comme l’on faulche159

        Du bon signe de la main gaulche,

        Pour les garder de parjurer.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        On faict aux officiers jurer

        N’avoir baillé or ny avoir

570  Pour office de juge avoir ;

        Pourquoy, veu que toutes se vendent,

        À faire ce serment entendent ?

                        MONSIEUR  RIEN

        Affin de s’acoustumer d’heure160

        À avoir bonne bouche et seure161,

575  Et ne descouvrir les secretz

        Qui sont cachéz soubz leurs décretz.

                        LA  BAZOCHE

        De dire point ne me repens

        Que c’est grand mal d’estre en suspendz162

        De sa femme ou quelque aultre chose.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

580  Comme ung quidam qui ne repose

        Jour ne nuict, mays de corps et biens

        S’employe et cherche les moyens

        Pour trouver comme il est cocu.

        Car on se joue à « broche-en-cul163 »

585  Avec sa femme : on luy a dict.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Ung jour entend que par édict

        L’amoureux est en sa maison,

        Et faict aprester grand foyson

        De vïandes pour le bancquet164.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

590  Le mary trousse son pacquet

        Et s’en va chez ung pâticier.

        Pour myeulx son faict assocyer,

        Se charge de pâtisserye

        Et s’habille (sans menterie)

595  En pâticier. Puys se transporte

        En sa maison, frappe à sa porte,

        Parle en voix fainte ; mays je croys

        Qu’il fut bien congneu à sa voix :

        Car l’amoureulx, desjà caché,

600  Sort et s’enfuyt. Bien empesché,

        Le « pasticier » entre, trèsbien

        Fouille, cherche et ne trouve rien,

        Et tout confuz demoure là.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

        Dedans deux ou troys jours delà165,

605  Trouve l’amoureulx, et luy dict

        Que sa maison luy interdict.

        « Et pourquoy ? »  « Pour ung cas infâme :

        Je sçay (dict-il) qu’avec ma femme

        Vous besongnez. Pour ce, au surplus,

610  Mon amy, n’y revenez plus

        Si ne voulez gouster des vins

        De la rue des Poictevins166 ! »

                        LE  .IIe.  SUPPOST

        Comment peult-on venir, sans guerre,

        Plus riche qu(e) homme de la terre ?

                        MONSIEUR  RIEN

615  Il fault avoir le cueur plus dur,

        Plus ferme et asseuré qu’un mur,

        Ne que dure pierre d’aymant167.

        Par ce moyen, facillement

        Il tirera à luy tout l’or

620  Et l’argent de chacun.

                        LE  .IIe.  SUPPOST

                                            Encor

        Je demande comme est possible

        D’avoir tel cueur ?

                        MONSIEUR  RIEN

                                        Rien impossible

        N’est à homme qui laisse Dieu,

        Son amour et crainte en tout lieu,

625  Pour168 mectre son esprit soubdain

        À aymer tout honneur mondain

        Et ses plaisirs.

                        LA  BAZOCHE

                                 C’est grand simplesse

        À l’homme, pour vaine richesse,

        Laisser Dieu, honneur et vertu.

                        LE  PREMIER  SUPPOST

630  Le temps présent est abatu

        Et aveuglé par avarice :

        Tout y va, tout tire à ce vice ;

        Dont le commung ne se peult taire,

        Car il est destruict.

                        MONSIEUR  RIEN

                                         J’ay affaire

635  Aultre part. Si n’estoit cela,

        Je desployerois, tant cy que là,

        Cent aultres milliers de receptes

        Propres à monstrer des déceptes

        Du monde. Or, à Dieu ! Je m’en voys169.

                        LA  BAZOCHE

640  C’est assez dict pour ceste foys.

        Grand sçavoir en vous s’assocye,

        Monsieur Rien. L’on vous remercye

        Du bien qu’avons aprins170 de vous.

.

        Bazochïens, entendez tous !                                      SCÈNE  V

645  Je veulx, en triumphant arroy,

        Eslire et faire ung nouveau Roy,

        Comme il est coustume de faire.

        Pour tant171, chacun pense à l’affaire,

        Autant les grandz que les petitz,

650  Et faire les préparatifz.

        Car, ainsi comme libéralle,

        Je tendz à monstre172 généralle

        Qui, l’esté qui vient, sera faicte

        En honneur, en triumphe et feste.

655  Ne faillez monstrer voz bons cueurs

        Qui font de la vertu approche,

        Tant que l’on dye173 par honneurs :

        Vive l’excellente Bazoche !

.

                                             FIN

*

.

                     CRY  CONTRE  LES  CLERS

                                        DE  CHASTELLET 174

.

                             LA  BAZOCHE

       Dormez-vous ? Quoy ! est-il vray ? Je m’en plains.

       Sus, mes suppostz ! Gectez regrectz et plains175 :

       Ou aultrement, je n’en seray contente.

       Est-il saison, par chemins et par plains176,

5     De songer creux ? Non, non ! Je me complains,

       Tout à part moy, de vostre longue attente.

       Bazochïens, qu’on ne se mescontente :

       Car il est dict, sans faire grant hahay177,

       Que vous jourrez ce joly moys de may178.

.

10   Laissez courir gensdarmes et leurs trains,

       Postes, héraulx179. S’il vient qu’ilz soient contrains

       De desmarcher ainsi180 que le vent vente,

       Que voz esbas ne soient jamais estains.

       De lascheté ne fustes onc attaint[s] :

15   Il est tout vray, j’en ay lectre patente.

       Continuez, vous arez vostre rente.

       Grans et petis s’actendent de cueur gay

       Que vous jourrez ce joly moys de may.

.

       Suppostz gentilz, ayméz, doubtéz181 et crains,

20   Empoignez-moy ces tripiers à beaulx crains182 !

       Dès aujourd’huy, contre eux je me présente.

       Ce sont poissars183, pipereaulx mal mondains,

       Punectz184 infectz et puans comme dains185 ;

       Qui ne me croit, qu’on les expérimente186.

25   Du Cardinal187, jà ne fault que j’en mente :

       S’il n’est papa, papelart, papegay188,

       Si jourrez-vous ce joly moys de may.

.

       Prince : Je dis, comme Dame et Régente,

       Et pour oster tout ennuy et esmay189,

30   Veu et congnu vostre manière gente,

       Que vous jourrez ce joly moys de may.

*

1 C’est le nom d’un Sot dans la sottie parisienne de Trote-menu et Mirre-loret.   2 Mes deux prédécesseurs en ont résolu beaucoup. Adolphe FABRE : Les Clercs du palais. La farce du Cry de la Bazoche. 1882, pp. 1-36. Émile PICOT : Recueil général des sotties, t. III, 1912, pp. 233-267. Contrairement à une idée reçue, l’édition Fabre comporte moins de fautes graves que l’édition Picot, dont tous les médiévistes ont le tort de se servir.   3 Elle est dans la salle, parmi les spectateurs : voir la note 52.   4 Sorte, se manifeste.   5 Les dérèglements.   6 Les colonnes de soldats.   7 Des protestants, que poursuivait depuis 1547 la Chambre ardente du Parlement de Paris, siège des basochiens.   8 Dû.   9 Monsieur Rien apparaît au vers 226. Les jeux entre Rien et Tout polluent la littérature morale de l’époque, et ne peuvent entrer dans aucune catégorie figée ; les auteurs jouent sur des mots vides de sens, et donc susceptibles d’accaparer tous les sens. Pour souligner l’extériorité de ce rien, le manuscrit le place entre parenthèses, de même que tout au vers précédent.   10 Prudent.   11 Pendant les jours gras du Carnaval. Idem vers 40. Faire apparence = faire leur apparition.   12 En ce qui me concerne.   13 Ce Sot est un optimiste qui ne voit que des raisons de se réjouir. Son camarade est un pessimiste pour qui tout va mal. Les deux suppôts de dame Basoche discutent sur la table de marbre.   14 De s’étonner que tout aille si mal.   15 Le ms. abrège souvent les noms des personnages ; je ne le suivrai pas.   16 Ne pas être mélancolique.   17 Vers manquant. « –Comme vous va ? –De mieulx en mieulx. » Le Monde qu’on faict paistre.   18 Dans les Sotz qui remetent en point Bon Temps, ce personnage allégorique symbolise l’abondance.   19 Le peuple. C’est un personnage du Jeu du Prince des Sotz.   20 Ms : Jamays   21 Se plaint, verbe douloir.   22 Elle est au pied de la table sur laquelle bavardent ses suppôts.   23 Si secrète, comme une lettre cachetée. Cf. Ung Mary jaloux, vers 172.   24 Les dispositions. Idem vers 324 et 385.   25 Cela me contrarie.   26 Du peuple. Idem vers 633.   27 « Dès la fin de l’année 1548 le connétable de Montmorency, qui dirigeait la politique royale, avait commencé des préparatifs de guerre contre l’Angleterre, en vue de reprendre Boulogne. » (Émile Picot.) Si l’on en juge par tous les thèmes que les suppôts disent avoir traités, la 1ère des deux sotties a subi de grosses coupures.   28 Des hommes qui ont changé de parti.   29 Ms : leurs cas netz  (Magnifique exemple de la censure qu’on imposait aux basochiens, dont on expurgeait les manuscrits avant la représentation : les deux vers que le censeur a modifiés sont grammaticalement faux et n’ont plus aucun sens.)  Le pouvoir n’aimait pas trop qu’on lui rappelle que les Anglais occupaient toujours Calais, qui ne sera libéré qu’en 1558. Le jeu de mots sur « cas laids » ne pouvait pas tromper des auditeurs : « Les trois Leopards [Anglais, v. 205], craignant d’estre brusléz,/ Doubtent fort ardre, et renforcent cas laids. » Barthélemy Aneau.   30 Ms : chardonneretz  (Le roitelet, Arthur Plantagenêt, fils illégitime d’Édouard IV, fut gouverneur de Calais. Il venait de mourir en 1542.)   31 Ceux qui pratiquent l’échangisme, qui louent leur femme à d’autres hommes. Idem vers 476. « Maintes damoiselles/ Qui, en Paris, vont au Change souvent. » Claude Chappuys.   32 D’une femme proche de nous, ou d’une étrangère. Cf. le Moral de Tout-le-Monde, vers 283.   33 De tout ce que nous avons le droit d’évoquer.   34 Le mal des ardents, l’ergotisme.   35 Le collège parisien du Cardinal-Lemoine entretenait avec la Basoche un long jeu de dénigrement dont beaucoup de pièces ont rendu compte avec délectation. Voir la notice de Ung Fol changant divers propos. Je publie ci-dessous une ballade où ledit collège est encore pris à partie, au vers 25.   36 Henry, du collège de Bourgogne, est une autre tête de Turc des basochiens. « Ce faulx [sournois] maistre Enrimé,/ Infâme Bourguignon salé. » Ung Fol changant divers propos.   37 Ce que.   38 Sous forme de cadeau.   39 Ms : que   40 Met un point d’honneur à ne rien dire.   41 Le tiroir où le Parlement cache les affaires gênantes qu’il n’a pas le droit de traiter.   42 Ms : cas il  (Un terme juridique féminin est nécessaire pour aller avec l’adjectif « cachées ».)   43 Ms : Nulluy   44 Sous la main du roi.   45 Plus un mot !   46 Faire payer. Cf. la Satyre pour les habitans d’Auxerre, vers 137-138.   47 La symbolique animalière évoque les pays d’Europe et leurs dirigeants. On trouve à peu près la même dans les sotties des Cronicqueurs et de l’Astrologue. L’Aigle allemand représente l’empire de Charles Quint.   48 En recoi, en retrait.   49 « Le Phénix est le prince d’Espagne, le futur Philippe II, qui, en 1548, passa d’Espagne en Italie et traversa ensuite l’Allemagne pour se rendre en Flandre. » É. Picot.   50 La chaire, l’Université.   51 Désormais.   52 « Vaquait parmi sa Cour. » Elle est donc toujours dans la grand-salle.   53 Ce bois parisien était devenu parc. La clôture gênait les viticulteurs, qui furent indemnisés en 1545, mais aussi les couples qui venaient s’y livrer aux « ébats de l’été ». Les ébats en question ne différaient guère de ceux que connaît l’actuel Bois de Boulogne : voir les vers 260-265 du Faulconnier de ville.   54 Les garenniers du Bois ne devaient pas être plus tendres avec les couples adultères qu’avec les braconniers.   55 Parmi les forts.   56 Jeu de mots banal sur la ville de Bordeaux, et sur les bordeaux : les bordels. Cf. les Sotz fourréz de malice, vers 284. Les Bordelais s’étant révoltés contre l’impôt de la gabelle, l’épée du connétable de Montmorency les avait remis au pas en octobre 1548.   57 C’est trop outrager la raison, que de…   58 Quand il plaira au roi, cet homme ne sera plus rien.   59 Prix. Idem vers 264.   60 Beaucoup de chance, car les nouvelles matrimoniales du royaume sont rassurantes.   61 Ms : Cest  (Le 20 octobre 1548 avait eu lieu le « mariage d’Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, et de Jeanne d’Albret, héritière du royaume de Navarre. » Picot.)   62 Perdue ; all. verloren. « Dès la mort de François Ier, l’Empire (l’Aigle) avait fait des efforts pour prendre pied du côté de la Suisse (l’Ours). » Picot.   63 « Le Léopard désigne l’Angleterre, et le Lion rampant, l’Écosse. La petite reine Marie Stuart avait été amenée en France au mois d’août 1548. Un des premiers soins d’Anne de Montmorency, en prévision de la guerre avec l’Angleterre, avait été d’envoyer des secours à M. d’Essé en Écosse. » Picot.   64 Le Coq gaulois représente la France.   65 Saint-Jacques-de-Compostelle représente l’empire espagnol, c’est-à-dire l’incontournable Charles Quint. Sa mallette de pèlerin contient de l’argent pour acheter les uns et les autres : les mallettes d’argent étaient déjà une des clés de la diplomatie.   66 Le redoutable bâton ferré dont les pèlerins de Compostelle ne se séparent jamais.   67 Le pape Paul III, qui s’était allié avec la république de Venise.   68 Dans ma confiance aveugle. Sotte Fiance est un personnage du Jeu du Prince des Sotz.   69 Si on veut bien en prendre bonne note.   70 Ne demandez pas ce que.   71 Et pourtant.   72 M’a mis en bon état. « Pour me mettre sur le bon bout. » Les Enfans de Borgneux.   73 Mon ascension ne fait que commencer.   74 Servante. Idem vers 511.   75 Une dame de la Noblesse.   76 Les simplificateurs de l’orthographe (Meigret, Peletier du Mans) s’agitaient beaucoup, et leurs excès les faisaient prendre pour des fous.   77 Le ms. distribue Demandez à la Basoche. Je suis celui = je suis la bonne personne. C’est ce que répond Jésus aux juifs qui le cherchent pour l’arrêter : « Je vous dy que je suys celuy. » Mistère de la Passion de Troyes.   78 Et que je vais.   79 Le sac à procès cher aux basochiens renferme des pièces de procédure. Ici, nous avons plutôt des recettes et des formules d’apothicaire, comme celles du charlatan Maistre Doribus.   80 Avec de grands préparatifs.   81 Qui sont venus me demander conseil au sujet de leurs affaires.   82 De tromperies. Idem vers 638.   83 Éprouvées.   84 Ms : Jen   85 Enseigne d’une auberge. « Une maison de la ruë de la Huchette où pend pour enseigne l’escrevice. » Jacques du Breul.   86 Bien apprise : habituée à venir le retrouver dans cette auberge.   87 Les surprit ensemble, après avoir soudoyé l’aubergiste.   88 Voici le remède. Idem vers 420 et 522. Le charlatan Maistre Doribus (vers 12, 81, 85, 128) vante lui aussi de tels récipés.   89 Pour lui rafraîchir les idées.   90 Ms : gris  (Cf. les Veaux, vers 85 et 110.)  L’amant restera attaché dans l’étable comme un veau. Notons que l’Écrevisse n’avait pas d’étable, mais une écurie pour les chevaux des voyageurs.   91 Même en plein hiver.   92 Rapide.   93 La disposition. Cela se produira quand les astres le voudront.   94 Enseigne de cabaret. « Au petit cabaret des Trois Poissons, au faubourg Sainct-Marceau de Paris, à ce bon vin d’Orléans. » Noël Du Fail.   95 Vous donnerez comme garantie.   96 Je reconnais.   97 Faire, d’une mauvaise chose, une bonne.   98 Une tambouille.   99 Ms : aucteurs  (Les docteurs en droit, les juristes.)   100 La perception d’une quête.   101 Le suppôt insinue que les deux quêteuses ont payé l’archevêque pour coucher avec lui.   102 Besogner à coups de cul. « Et jà montoit dès son jeune aage/ Sur les filles de son village,/ Et les culoit et les fouloit./ Si bien qu’on vit bien qu’il falloit/ Hors du monde le reculer,/ Pource qu’il eust pu trop culer. » Estienne Jodelle.   103 Avant de leur donner un reçu.   104 Malin.   105 Je prends les trompeurs.   106 Ms : Et   107 Leur manière.   108 Les parties adverses.   109 Une sentence favorable.   110 Un faux coin sert à frapper de la fausse monnaie.   111 « Une masque : vulgairement, une macquerelle. » Antoine Oudin.   112 Fournir à ses clients de la chair fraîche : une jeune fille. « Ce leur est fresche venoison. » Les Queues troussées.   113 La compagnie excitée.   114 Verbal.   115 Ms : lhuys   116 La pût, la puisse.   117 Ms : contre  (Corr. Picot.)   118 Lequel : c’est le mari qui parle.   119 Par ruse.   120 Que j’épierais.   121 À celui qui.   122 Il y avait déjà des maisons de rendez-vous dans cette rue : cf. les Rapporteurs, vers 55 et note.   123 Elle fait exprès de laisser tomber une lettre à l’endroit où son amant fait semblant de prier.   124 Le moine. On prononçait moine à cul crotté : voir la note 138 d’Ung jeune moyne. La forme française, qui a fini par triompher, est moins drôle : « Attache-moy une sonnette/ Sur le front d’un moyne crotté,/ Une oreille à chaque costé/ Du capuchon de sa caboche :/ Voylà un Sot de la Bazoche/ Aussy bien painct qu’il est possible. » Clément Marot.   125 Son amoureuse.   126 Les Sots confèrent à ce dicton une valeur érotique. Voir la note 112 des Cris de Paris.   127 Il faut parler d’un autre moine.   128 Elle lui accorde.   129 Mouton.   130 À la ruse. Maître Pathelin, qui est un « droit joueur de jobelin » (Testament Pathelin), conseille à un gardeur de belins convoqué par le juge : « Tu ne respondras nullement/ Fors “bêê !”. » La scène ici évoquée n’est pas d’une grande logique : où sont cachés les frères ? Pourquoi le moine ne s’enfuit-il pas lorsqu’il entend bêler le mari ? On songe à la scène de Tartuffe où Elmire tousse pour que son époux, caché sous la table, vienne interrompre les tripotages du faux dévot.   131 Tergiversations.   132 Pour son malheur.   133 Non pas à voix basse.   134 Deux joueurs de tambourin, qui font le plus de bruit possible.   135 Ms : tous moynes   136 Sans.   137 Si on en considère le moyen.   138 La tour et les quatre tournelles de l’hôtel des Hospitaliers étaient couvertes de plomb.   139 Certaines parcelles du quartier du Temple étaient louées à prix d’or.   140 Il est temps de refermer le sac à procès, au sens propre et au sens figuré.   141 Sans que sa femme l’ait mérité.   142 Alors qu’il était en érection.   143 Du dommage de la maîtresse de maison.   144 Une telle scène est décrite dans le Ribault marié, ou dans Tripet : « El eut ung mary devant vous ;/ Mais elle le fist, à genoulx,/ Crier mercy plus de cent foiz. »   145 On lui en fera rémission.   146 C’est dans le besoin qu’on reconnaît.   147 Un praticien, un homme de loi.   148 Qui lutine à droite et à gauche. « Les bestes/ Qu’on va chassant en la forest d’Amours. » Marot.   149 Le fardeau.   150 On disait plus couramment : « Prendre la vache & le veau. » Oudin.   151 Depuis longtemps, le clerc et la servante…   152 Je refuse. Le basochien trouve plus sérieux de répondre en latin.   153 Le maître de maison.   154 Demeurera.   155 Même si les enfants qu’ils lui donneront étaient des chapons et des paons.   156 Des fonctionnaires que le Parlement nomme pour accomplir une seule mission.   157 Bien organisé.   158 Faire un signe de croix sur cette bourse, mais avec la main du diable, pour que les commissaires n’osent pas se parjurer.   159 Les faucheurs tiennent l’extrémité haute de leur faux dans la main gauche.   160 De bonne heure. Cf. le Poulier à quatre personnages, vers 107.   161 Une bouche discrète et sûre.   162 Dans l’incertitude vis-à-vis.   163 Ce jeu d’enfants est détaillé dans l’Aveugle et Saudret. Mais ici, nous en avons la version pour adultes.   164 L’amant qui va chez sa maîtresse apporte toujours à boire et à manger. Cf. l’Amoureux, vers 82.   165 Plus tard.   166 Sur cet unique exemple, Huguet traduit : « Être maltraité. »   167 Confusion courante avec le diamant.   168 Ms : Et   169 Ms : veoys  (Je m’en vais.)   170 Appris. Monsieur Rien s’en va. Le « Cri » proprement dit va commencer.   171 Pour cela, que.   172 J’envisage une montre, une parade festive.   173 Tant et si bien qu’on dise.   174 Cette ballade est de Roger de Collerye. Par la voix de la Basoche, les clercs du Palais s’y attaquent à leurs concurrents du Châtelet, qui jouaient sous le nom d’Empire de Galilée. Sans doute mal payé de ses services, Collerye composa un Cry pour les clercs de Chastellet contre les Bazochiens : « Bazochïens ne prise une groseille ;/ Certain je suis que leur bourse est mallade. »   175 Rejetez vos regrets et vos plaintes.   176 Par plaines.   177 Tumulte.   178 Le dernier samedi de mai, les basochiens plantaient un « may », c’est-à-dire un arbre, dans la cour du Palais de justice. La fête n’eût pas été complète si le théâtre n’était venu la solenniser.   179 Les messagers et les hérauts d’armes.   180 D’entrer en guerre aussi vite.   181 Redoutés.   182 Par les crins, par les cheveux. Tripier est une injure : cf. Trote-menu et Mirre-loret, vers 215.   183 Des voleurs, des trompeurs mal éduqués.   184 Punais : qui puent.   185 Les daims lâchent des pets particulièrement nauséabonds. « Puys sault et poicte comme ung dain. » Parnasse satyrique du XVe siècle.   186 Qu’on aille les sentir.   187 Sur le collège du Cardinal-Lemoine, voir la note 35.   188 Cocu, hypocrite et perroquet. Ces trois mots font référence au pape, que « le cardinal Le Moyne » ira consulter dans Rouge-affiné, Bec-affillé et Décliquetout.   189 Émoi.

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