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GRANT GOSIER
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Les auteurs de farces s’aident parfois d’une contrainte qui consiste à mettre en scène au premier degré un proverbe ou une expression. Dans cette farce parisienne, deux harengères font prendre des vessies pour des lanternes à leur époux1. Les vessies en question ne sont pas théoriques : les comédiens les montrent aux spectateurs. On s’interroge alors sur la nature de cet objet dans lequel on peut introduire une chandelle. En fait, il s’agit tout bêtement d’une vessie de chimiste : cette cornue métallique2 possède un goulot dans lequel on insère non pas une chandelle, mais le bout de l’alambic. « Il faut tirer du vaisseau toute la matière, & la mettre dans la vessie d’airain, y adaptant l’alembic. » (Pharmacopée de Bauderon.) Cette vessie était employée pour distiller l’eau de vie ; par conséquent, nos harengères l’utilisent pour boire. La sobriété de ces paisibles commerçantes, que ce soit en matière de boisson, de mœurs ou de langage, est détaillée dans la farce de l’Antéchrist.
Le titre court de la pièce est Grant Gosier3. Rien à voir avec le Grandgousier de la geste gargantuine ; le seul point commun entre le savetier de notre farce et le géant rabelaisien est leur amour du vin.
Source : Recueil de Florence, nº 15. Pour des raisons dramaturgiques, le chef de troupe a voulu commencer par la dispute des harengères ; il a donc décalé la première scène, plus banale, aux vers 73-96. Pour affirmer cela, je m’appuie sur quatre arguments. 1> L’index personæ dispose toujours les personnages dans leur ordre d’entrée ; on peut conclure de cet index que les deux hommes ouvraient le feu. 2> Dans un livret de théâtre, la rubrique initiale se termine toujours par le mot commence : ce n’est pas le cas de celle qui en tient lieu ici. 3> L’actuel 1er vers, en -is, rimait avec un vers précédent qui a disparu au montage. 4> Beaucoup de farces débutent par une chanson : par exemple Serre-porte, où « le Savetier commence en chantant », tout comme le savetier qui « commence en chantant » au début du Pauvre et le Riche, ou celui qui « commence en chantant » au début du Savatier et Marguet, etc. Dans Grant Gosier, la chanson inaugurale se trouve bel et bien à l’entrée du savetier, mais au vers 73, alors que dans les autres farces, elle est au vers 1.
Structure : Rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle trèsbonne
et fort joyeuse des
Femmes qui font
acroire à leurs
maris de vécies que
ce sont lanternes
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À .V. personnages, c’est assavoir :
[JEHAN MARION] 4
GRANT GOSIER
LA PREMIÈRE HARANGIÈRE [Thyphaine, femme de Jehan Marion]
LA SECONDE HARENGIÈRE [Jehanne, femme de Grant Gosier]
LA VIEILLE
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GRANT GOSIER
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LA PREMIÈRE POISSONNIÈRE 5 SCÈNE II
Ilz sont tous vifz6, tous vifz, tous vifz !
Je l’ay, je l’ay la marée fresche7 !
LA SEGONDE [POISSONNIÈRE]
Je l’ay, je l’ay, la grande sèche8 !
La grant, la grant, c’est la grant roye9 !
5 Je fais marché10 pour la monnoye :
Je donne cinq11 pour ung grant blanc.
Là, là ! Auray-je [nul chalant]12
Pour expédie[r] mon panier13 ?
LA PREMIÈRE
Çà, çà, çà ! Elle n’est que d(e) hier14 !
10 Ilz sont tous vifz, tous vifz, tous vifz !
LA SEGONDE
J’ay bon15 merlus, à mon advis !
Venez prendre ma marchandise !
LA PREMIÈRE
La mienne vault mieulx qu’el devise16 :
La mienne est plus fresche dix foys !
15 Va, va aux Halles17, vielz harnois !
Ta marée si ne vault rien !
Mon poisson vault mieulx que le tien,
Voy-tu, sanglante18 harangière ?
LA SEGONDE
Va, vieille, va à la rivière
20 Laver ton baquet19, [car] il put !
LA PREMIÈRE
Enné20 ! il ne sent que le fust21 ;
Seurement il est plus honneste22
Que le tien !
LA SEGONDE
Orde23 déshonneste !
La croix bieu, vous avez menti !
25 Va, [va], paillarde !
LA PREMIÈRE
Et toy aussy !
Ne sçay-je pas bien tout ton cas24 ?
Va, truende25 ! Va, vielz cabas !
J’é meilleure marée que toy !
LA SEGONDE
Que tu l’as plus fresche que moy ?
30 Je fairé [marquer ta]26 marée,
Et diray où tu es alée,
Par Dieu, se tu me dis huy mot !
[LA PREMIÈRE]
Mais toy, se descouvres le pot27,
Par Dieu, ton mari le sçaura !
LA SEGONDE
35 Que diras-tu ?
LA PREMIÈRE
On le voirra.
Fus-tu pas, devant-hier, au[x] Carmes28 ?
LA SEGONDE
Et toy, avecques les gens d’armes29 ?
LA PREMIÈRE
Et ! je fus tes fièvres quart[ain]es30 !
Me vien-tu dire ces fredaines31,
40 Très orde vilaine32 loudière ?
LA SEGONDE
Vous [en] avez menty, commère !
Les coquins de Sainct-Innocent33
N’auroi[e]nt c[ur]e de ton harenc
Tout pu[an]t34, et vilain, et ord !
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LA VIEILLE 35 SCÈNE III
45 Ho ! commères, vous avez tort.
Vous fault-il ainsy entrebatre ?
LA PREMIÈRE
Je la batré plus que vieulz plastre36,
La croix bieu, s’elle me dit mot !
Ne sçay-je pas tout le tripot37,
50 Et là où tu prens challandise38 ?
LA VIEILLE
Et ! vendez vostre marchandise
Sans vous débastre nullement.
LA PREMIÈRE
S’elle dit mot, par mon serment,
Je décliqueray le cliquet39 !
LA SEGONDE
55 Tu feras ton sanglant gibet !
Ne suis-je mye preude femme ?
LA PREMIÈRE
Tu en as menty, par mon âme !
LA SEGONDE
Et ! me di[ra]s-tu celle injure ?
Je te defferay la figure
60 Se me prends à toy, maquerelle40 !
LA PREMIÈRE
T’y prendras-tu41 ?
LA VIEILLE
Baillez-luy belle !
Par Dieu, voicy trop combatu !
Mais ne cesserez-vous mèshuit42 ?
LA PREMIÈRE
Tu auras des coups plus de huit,
65 Truande, paillarde, mastine43 !
Je te chanteray ta matine44,
Par Dieu ! Grant Gosier le sçaura !
LA VIEILLE
Et ! taisez-vous, taisez, hen dea !
Ne craignez-vous point vos maris ?
[LA SEGONDE]
70 Je suis marchande de Paris
Et tu me viens [cy] dire injure ?
LA VIELLE
N’en parlez plus à l’aventure.
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GRANT GOSIER, en chantant 45 SCÈNE IV
Comment le buvroys-je,
Ce vin qui est si bon, don, don ?
75 Plus boire ne pourroye.
JEHAN [MARION]
Hé ! franc pion46 plus franc q’une oye :
Buras-tu point, à ce matin,
De vin de Beaulne ou [vin] de Rin47 ?
Se ne boy, jamais n’auray joye :
80 Grant Gosier, prenons le chemin,
Beau sire, pour aller pier48.
GRANT GOSIER
Il me fault, avant, taconner49
Mes souliers, pour avoir [du caire]50.
JEHAN [MARION]
Sang bieu ! je buvray [bien] au verre51,
85 Mais52 que ma lenterne soit faicte.
Ha ! je te prie, plus n’arreste53,
Despeschons-nous sans plus tarder :
Je ne m’en pourroye plus garder54.
GRANT GOSIER
Où yrons-nous ?
JEHAN [MARION]
Aux Pourcelectz55 :
90 Il y a, je le te promectz,
Du vin qui est le plus friant,
Qu’on a crié56 tout maintenant.
GRANT GOSIER
Laisser fault donc savèterie57.
Et si, prendrons (n’oublie mie)
95 Chacun ung haren58 à sa femme.
JEHAN [MARION]
C’est bien dit !59
.
LA PREMIÈRE SCÈNE V
Orde vieille paillarde infâme,
Par Dieu, je te torcheray : tien60 !
LA SECONDE
Sainct Jehan ! aussy feray-je bien.
Et ! m’as-tu appellée ribaude ?
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JEHAN [MARION] 61 SCÈNE VI
100 Le sanc bieu ! nous l’avons bien cha[u]lde62 :
Escoutez ung petit63 nos femmes.
GRANT GOSIER
Je croy64 que ces vielles infâmes
S’entreturont, n’est-il pas vray ?
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LA PREMIÈRE SCÈNE VII
Par la croix bieu ! je luy diray
105 Que [t’]as esté aux Cordeliers65,
Et qu’il y eust deux cousturie[r]s
Qui t’ont donné ton chaperon.
LA SEGONDE
De qui euz-tu ce cotillon ?
N’a-ce pas esté ung vieulz moyne
110 Qui te l’a donné ?
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JEHAN MARION SCÈNE VIII
Sainct Anthoine !
Nous en avons au long des rains66.
[GRANT] GOSIER
Je te requiers à joinctes mains,
Beau sire : oyons la quirïelle67.
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LA PREMIÈRE SCÈNE IX
Ceste orde vieille maquerelle
115 Me vient tousjours injurier.
LA SEGONDE
Mais toy, ne fus-tu pas, hier,
Porter68 harenc dedans le cloistre ?
LA VIEILLE
Tanserez-vous huy en cest estre69 ?
Voz maris viennent, assoti[e]s70 !
LA PREMIÈRE
120 Çà71 ! je croy qu’i nous ont ouÿ[e]s.
.
JEHAN MARION SCÈNE X
Sans bieu, vécy bonnes vies !
Et ! par Dieu, il les fault bien batre !
[GRANT] GOSIER
Sainct Jehan ! il ne fault point débatre :
Ilz seront torchés72 à l’ostel.
JEHAN MARION
125 Jamais je ne vis cas ytel73 ;
C’est grant chose que d’escouter.
Allons-nous-en sans caqueter,
Et ne disons mot maintenant.74
.
LA PREMIÈRE 75 SCÈNE XI
Hélas, ma bonne mère-grant,
130 Donnez-moy quelque bon conseil !
Le cas est advenu ytel
Par toy, orde vieille paillarde !
LA SEGONDE
Le feu sainct Anthoine vous arde76 !
C’est par vous !
LA PREMIÈRE
Vous avez menty :
135 Par vous est venu tout cecy,
Paillarde, coquine77, truande !
LA VIEILLE
Taisez-vous, je vous le comande !
Je vous en donneré bon remède.
Avant que plus loing on procède,
140 Prenez chacunne sa vessie78.
LA PREMIÈRE
Hellas, que ferons-nous, m’amie(s) ?
LA VIEILLE
Faictes-leur trèsbien acroire
Qu’ilz [verront mal]79 de si bien boire ;
Et leurs faiz, après80, escoutez.
145 Et puis après, vous leur direz
Que ce sont icy deux lantarnes81 ;
Et leur monstre[re]z les lucarnes82
Par où on boute la chandelle.
LA PREMIÈRE
C’est bien dit, la façon est belle.
LA VIEILLE
150 Et puis, pour confirmacion,
Leur diray mon oppinion
En affermant83 ce que direz.
LA SEGONDE
Certes, m’amie, hélas, feriez ?
Et ! vous seriez trèsbonne femme.
LA VIEILLE
155 Ouy, foy que doy à Saincte Dame84 !
LA PREMIÈRE
Je m’en [re]voys85 à nostre hostel
[Avec Jehanne, s’il luy est bel.]86
.
Dieu gard, J[e]han ! SCÈNE XII
JEHAN [MARION]
Ha ! vieille paillarde,
Le feu sainct Anthoine vous arde !
160 Me faictes-vous telles menées87 ?
GRANT GOSIER
Sommes-nous ainsy gouvernés ?
LA PREMIÈRE
[Que voullez-vous dire ?]88 Quoy ? Qu’esse ?
JEHAN MARION
Vous et Jehanne la [ja]ngle[re]sse89,
Qu’avez-vous dit, à ce matin ?
LA PREMIÈRE
165 Qu’avons-nous dit ?
JEHAN MARION
[Par] sainct Martin !
Vous en aurez ung passe-avant90 !
LA PREMIÈRE
Estes-vous ivres maintenant91 ?
Comment sommes-nous arrivées92 !
JEHAN [MARION]
N’avez-vous pas estés « rivées » ?
170 Ne luy as-tu pas reprouché93 ?
GRANT GOSIER
Sans94 bieu, on vous a encoché95 !
Ha ! je le voy bien seurement.
LA PREMIÈRE
Vous estes yvres, vrayement !
Dea, voire, que voullez-vous dire ?
175 Regarde-moy ce vaillent sire :
Il est tant beau96 que plus ne peult.
LA SEGONDE
Il ne voit pas le point qui deult97,
Et si, ne scet-il qu’i fatroulle98.
JEHAN [MARION]
Que dictes-vous ? Vous estes soûle99 !
180 Je ne beuz ennuit100.
LA PREMIÈRE
C’est bien dit !
Dictes-moy icy vostre dit101 :
Qu’esse-là ?
JEHAN [MARION]
C’est une vessie.
LA SEGONDE
Une vessie ? Vierge Marie !
Et là, qu’esse102 ?
GRANT GOSIER
Et ! c’en est une.
LA SEGONDE
185 Une vessie ? Quelle fortune103 !
Regardez : c’est une lanterne.
JEHAN [MARION]
Sans bieu, comment on me gouverne !
Une lenterne, vertu bieu ?
Par le sang bieu, voicy beau jeu !
190 [Une lanterne ? Par quelz chermes ?]104
Nous voullez-vous faire telz termes105
Que de vessie[s] ce sont lanternes ?
LA SEGONDE
Dea ! il[z s’en] vienent des tavernes :
Ilz ont encores les yeulz troubles106.
JEHAN MARION
195 Belle dame, plus ne me troubles :
Mes lanternes sont-elle telles107 ?
LA PREMIÈRE 108
Voicy où on met les chandelles ;
Demande-le à ma voisine.109
.
JEHAN [MARION] SCÈNE XIII
Venez çà110 ! Dit[es], ma cousine :
200 Qu’esse-cy, par vostre serment ?
LA VIEILLE
Que c’est ? Il est bien évident :
Ce sont lanternes.
JEHAN [MARION]
Lanternes ? C’est bien dit !
[Se peult-il] qu(e) acroire on me fist
Que de lanternes fussent vessies ?
LA PREMIÈRE
205 Par la croix bieu ! quoy que tu dies,
On congnoist bien que tu es yvre.
LA VIEILLE
Voisin, que voullez-vous pour[su]ivre111 ?
Sont-ce pas lanternes icy ?
JEHAN [MARION]
Maulgré qu’en ait bieu ! qu’esse-cy ?
210 Sommes-nous ainsy gouvernéz ?
Nous en sommes bien lanternéz112 !
Nous ouaint-on113 de telles parolles ?
LA PREMIÈRE
Voyci de bonnes parabolles !
Dea ! ilz ne scevent où ilz sont.
215 Allons, lessons-les telz qu’ilz sont.
Le grant diable nous en délivre !
LA SEGONDE
Ort vieil paillart, tant tu es yvre,
Tu ne me verras de sepmaine.
LA PREMIÈRE
La sanglante fièvre quartaine
220 Relie qui leur en bauldra114 !
Jehan Marion si ne gaigna
Denie[r] il y a plus d’ung moys.
LA SEGONDE 115
Non fit Grant Gosier, par la croix
De Dieu ! Dea, j’en puis bien jurer :
225 Nous leur quérons116 boire [et] menger
Sur le gain que nous povons faire.
LA PREMIÈRE
Ma voisine, il [nous fault bien]117 taire ;
Mais s(e) une fois [y a jugé]118,
Jà ne demanderons congé119
230 D’aller où bon nous semblera.120
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JEHAN [MARION] SCÈNE XIV
Dictes, voisine, venez là :
Ce ne sont pas lenternes, cy ?
LA VIEILLE
Et ! si sont, par la Dieu mercy !
Voicy merveilleuse fortune.121
235 Regardez, vez-en cy une.
Voicy où on met la chandelle.
JEHAN [MARION]
Ma lanterne est-elle telle ?
Ho ! je le croy, puisque le dictes.
[LA VIEILLE]
Et pour Dieu, que vous soyez quictes,
240 [À voz]122 femmes faictes la paix.
GRANT GOSIER
Et ! nous n’en parlerons jamais.
S’avons123 mal dit, pardonnez-nous !
LA VIELLE
Et ! cuidez-vous [donc] estre cou[x]124 ?
[Par mon serment], vous n’avez garde125 !
JEHAN [MARION]
245 Or, par Dieu, quant bien je126 regarde,
Cecy me semble une vessie.
N’y pensons plus, non, c’est folie.
Je croy bien que c’est une lanterne.
LA VIEILLE
Or me dictes icy quel(z) terme(s)127
250 Voullez vous à voz femmes tenir.
JEHAN [MARION]
Je ne sçay, ou puisse mourir !
Conseilliez-nous que nous ferons,
Et comment nous en chevirons128
Pour les apaiser, entre nous.
[GRANT] GOSIER, [en chantant] 129
255 Escoute, mon fin cueur doulx130…
Nous deux leur cri[e]rons « mercy »
À deulx genoulx, en ce lieu-cy,
Sans jamais sur elles parler131.
LA VIEILLE
Or çà, je m’en vueil donc aller
260 Pour faire vostre132 appointement :
Je voys à elles en présent133.
Attendez-moy cy, je revien !134
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Çà, mes commères, je fais bien SCÈNE XV
De voz maris ce que je veulx.
LA PREMIÈRE
265 Qu’avez-vous fait ?
LA VIEILLE
Se m’aïd Dieux135 !
Prestz sont de vous crier mercy.
LA SECONDE
Dictes-vous vray ?
LA VIEILLE
N’aiez soucy :
Ilz feront ce que [vous] vouldrez.
D’ore-en-avant136, vous en irez137
270 Partout où bon vous semblera ;
Portez voz raies138 çà et là :
Jamais ilz ne vous en diront parolle.
LA SEGONDE
Vous vallez139 ung maistre d’escolle,
Pour bien monstrer une leçon.
275 Conseillez-nous140 que nous feron(s)
Pour les tenir tousjours en serre.
LA VIEILLE
Ne vous chaille, venez grant erre141 !
Je leur diray, je vous assure,
Que vous [faictes si grant murmure]142
280 Qu’à peine vous apaiserez143.
Venez-vous-en sans demourés :
Ilz sont gluéz144, je vous affye.
LA SEGONDE
Si ferons-nous, ma doulce amye.
Allez devant incontinent.
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LA VIEILLE 145 SCÈNE XVI
285 Grant Gosier, j’é [faict parlement]146
Pour vous et pour Jehan Marion.
Venez avant147, par saint Symon !
Vous me donnez beaucoup de peine.
GRANT GOSIER
Bien venez, commère Thyphaine148 !
290 Et vous aussy semblablement,
M’amye ! Se j’ay nullement
Dit quant [à] vous chose qui touche149,
Pardon vous requiers humblement,
Car j’é menti parmi ma bouche.
JEHAN MARION
295 Aussi ay-je fait somme toute.
Je me repens, par mon serment !
Jamais, en jour de mon vivant150,
Ne vous diray telles parolles.
LA PREMIÈRE
Cuidez-vous que nous soyons [si] folles151
300 Que vous pensez à vostre advis ?
Par Dieu ! il n’y a en Paris
Plus preudes femmes que nous sommes.
GRANT GOSIER
Sainct Jehan ! vous dictes vray. Nous, hommes152,
Sur ce cas sommes153 abuséz.
305 Pour ce, v[u]eillez nous pardonner
Ceste fois, je vous [en] suplie !
LA SEGONDE
Sommes-nous aises qu’on s’en rie154,
Des parolles que dit avez ?
[JEHAN MARION]
Vrayment, il n’en fault plus parler ;
310 Laissons tout cecy, maintenant.
Allez et derrière et devant155 :
Par Dieu, nous en sommes d’acord !
LA PREMIÈRE
Se jamais en faictes effort156,
Par Dieu, nous nous rebell[er]ons !
315 Vous sçavez bien que nous avons
Des challans157 en beaucoup de lieux,
Qui nous mandent, voire ce m’aïd158 Dieux,
Pour leur porter de noz harens.
JEHAN MARION
C’est bien fait de faire [leurs grans]159
320 Plaisir[s] à ceulx que vous aymez :
Ilz vous font tous les jours gaigner,
Et feront au temps advenir.
Pour tant160, je ne vueil plus tenir
Parolles161, jamais, nullement.
LA SEGONDE
325 C’est trèsbien dit, par mon serment !
Tout cecy nous vous pardonnons.
Et sur ce point, nous concluons
Que plusieurs femmes de Paris
Font acroire telles façons,
330 Le plus souvent, à leurs maris.
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EXPLICIT
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1 Ces Femmes qui font acroire à leurs maris de vécies que ce sont lanternes sont les proches cousines des Femmes qui font baster leurs maris aux corneilles (F 29). 2 Les vessies de chimiste sont en cuivre ou en airain, mais celles qu’on voit sur la scène sont en verre, pour que leur ressemblance avec des lanternes vitrées soit plus crédible. 3 Voir l’édition de Jelle Koopmans : le Recueil de Florence, Paradigme, 2011, pp. 221-231. 4 F : Jenin (C’est probablement par hasard que ce fabricant de lanternes parisien porte le même nom qu’un poète nivernais et qu’un éditeur lyonnais contemporains.) Jean Marion partage son échoppe avec un savetier, Grand Gosier. On trouve exactement le même duo professionnel dans les Queues troussées, où le lanternier Macé cohabite avec le savetier Michault. 5 La scène I est devenue la scène IV, comme je l’explique dans ma notice. Nous sommes à Paris, sur le Petit-Pont (voir la note 4 des Sotz escornéz). Deux harengères ont dressé leurs stands côte à côte, et se chamaillent comme celles des Laudes et complainctes de Petit-Pont, de Jehan Le Happère. 6 On prononçait : « Tous vits ! » « Les femmes n’ont cure de danser aveuc les mors, mais très bien aveuc les vifs. » (Bruno Roy, Devinettes françaises du Moyen Âge.) Les crieurs publics ne reculaient devant aucun calembour pour attirer les clients. Par exemple, les vendeuses ambulantes de harengs saurs criaient : « Harengs sots ! » La grivoiserie n’est jamais loin, comme le prouvent notamment les cris des ramoneurs, qui promettent de bien ramoner la cheminée des jeunes femmes. 7 Comprendre : « Je l’ai là, ma raie fraîche. » Voir le vers 4. 8 Seiche. La grande sèche = la grande dure. 9 La grande raie. « Ta raye put : ne la metz plus en vente. » Laudes et complainctes. 10 Je me vends. Nous verrons plus loin que ces dames se vendent contre de la lingerie. 11 On prononçait comme « seins ». Le grand blanc est le salaire des prostituées de bas étage : « Ung beau grand blanc –qui n’est pas trop grant somme–/ Fist le marché. » (Les Sept marchans de Naples.) Cf. Jehan de Lagny, vers 358. 12 F : nulz chalans (Idem vers 316.) Ce mot désigne un client, y compris un client de prostituée. « CHALAND : Celui qui se divertit d’une manière libertine avec des femmes qui aiment ce négoce. » (Le Roux.) Cf. Frère Phillebert, vers 122. 13 Mon postérieur. « Marion, qu’avez-vous à rire ?/ Avez-vous “hoché le prunier” ?/ Je voy bien ce gracieux sire/ Qui veult percier vostre panier. » (Vie et passion de monseigneur sainct Didier.) Nous disons toujours : « Mettre la main au panier. » 14 Ma marée fraîche (vers 2) a été pêchée hier. 15 F : bou (L’imprimé contient 10 autres « n » ou « u » à l’envers, que je corrige tacitement.) 16 Qu’elle ne le dit : que la sienne. 17 Sur l’antagonisme qui régnait à Paris entre les poissonnières des Halles et les poissonnières indépendantes, voir la note 3 de l’Antéchrist. « Vieux harnais » [vieille vulve] est une injure fréquente. 18 Maudite. Idem vers 55 et 219. Le mot « harengère » était devenu péjoratif ; « poissonnière » était plus chic. 19 Ton sexe. « [Elle] aura, pour sa plaisance,/ À Pièrequin ou à Jacquet (…)/ Mille foiz presté son bacquet. » (Sermon plaisant.) Cf. Laudes et complainctes, vers 121. 20 Interjection féminine. Cf. le Résolu, vers 50 et note. 21 Le chêne. Mais aussi : le pénis. « La dame (…) s’escrye, disant que son escu n’estoit assez puissant pour recevoir les horions de si gros fust. » Cent Nouvelles nouvelles, 86. 22 Plus propre. 23 Sale. Contre des poissonnières, c’est une insulte banale : voir les vers 40, 96, 114, 132. 24 Tous tes trafics. 25 Misérable. Idem vers 65 et 136. Un « vieux cabas » est une vieille prostituée au sexe trop large ; cf. les Chambèrières et Débat, vers 380 et note. 26 F : marchandise de (Je la ferai saisir. Cf. l’Antéchrist, vers 29-34.) 27 Si tu découvres le pot aux roses, si tu me trahis. 28 Au couvent de ces moines paillards. « Vits de prescheurs,/ De carmes, de frères myneurs. » Le Tournoy amoureux. 29 À la caserne des soldats. 30 Voir le vers 219. 31 F : procardes (qui n’a aucun sens.) « L’une dit ung tas de fredaines,/ Et l’autre, qu’il n’en estoit rien. » (Guillaume Coquillart.) Le synonyme trudaines est aussi envisageable. 32 F : vieilles (La loudière est une femme de mauvaise vie : cf. la Nourrisse et la Chambèrière, vers 217.) 33 Même les gueux qui vivent dans le cimetière des Saints-Innocents. Voir la note 58 des Premiers gardonnéz. 34 Cf. les vers 9 et 29 de l’Antéchrist, ainsi que le vers 116 des Laudes. 35 C’est une voisine des deux couples. 36 Nous disons toujours : « Battre comme plâtre. » Cf. Deux Jeunes femmes qui coifèrent leurs maris, vers 41-42. 37 Tous les tripotages auxquels tu te livres. Cf. les Povres deables, vers 228. 38 Dans quels lieux tu vas chercher ta clientèle. 39 Je débloquerai la roue du moulin à paroles. 40 On accorde souvent ce titre aux vendeuses de maquereaux : cf. le v. 251 de l’Antéchrist, et le v. 124 des Laudes. 41 T’en prendras-tu à moi ? 42 Maishui : bientôt. 43 Chienne (femelle du mâtin). 44 « Avez-vous ouï noz voisines,/ Qui ont bien chanté leurs matines ?/ L’une a crié, l’autre hué. » Jehan qui de tout se mesle. 45 F : chantent (Voici l’ancien début de la pièce.) Les deux artisans sont dans l’échoppe qu’ils partagent. Le savetier, qui ne se nomme pas « Grand Gosier » pour rien, passe son temps à chanter, comme toujours dans les farces : voir la notice du Savatier et Marguet. Cette chanson à boire n’est point parvenue jusqu’à nous. 46 Bon buveur. « Et qui est ce vuideur de potz ?…./ Or est-il le plus franc pyon/ Qui soit point d’icy en Bourguoigne ! » (Sermon joyeux de bien boire.) Ce n’est pas difficile d’être plus franc qu’une oie, qui est réputée pour sa sournoiserie. 47 Du Rhin. F intervertit ce vers et le suivant. 48 Boire (argot parisien). Cf. Tout-ménage, vers 193. 49 Rapiécer. 50 F : aubert (Aubert et caire sont deux mots d’argot parisien qui désignent l’argent. « Il a de l’aubert et du caire. » Maistre Doribus.) 51 F : voire 52 Pour peu. Jean Marion fabrique des lanternes (note 4). 53 F : narrestons (Correction suggérée par J. Koopmans.) Ne traîne plus. 54 Je ne peux m’abstenir plus longtemps de boire. 55 Cabaret parisien. « Jouer aux Pommes de Pin, se retirer sur le Bœuf, se deffendre au Pourcelet. » Lettre d’escorniflerie. 56 Les taverniers envoyaient dans les rues des crieurs de vin : « L’on a crié du moûlt de Rin :/ En voulez-vous avoir ung pot ? » (Le Clerc qui fut refusé à estre prestre.) Jean sait que ce vin est « friand » parce que le crieur lui en a fait goûter un échantillon : « L’on crie vin nouveau et vieulx,/ Duquel l’on donne à taster. » (Les Crys d’aucunes marchandises que l’on crye parmy Paris.) 57 Mon activité de savetier. 58 Les buveurs avaient coutume de manger salé, comme l’autre Grandgousier (Gargantua, 3). 59 Les deux hommes se dirigent vers le Petit-Pont. 60 F : bieu (Bien est à la rime.) Torcher = frapper : cf. Colin filz de Thévot, vers 148. 61 Les deux hommes s’arrêtent à quelques pas pour écouter leurs femmes. 62 On nous la baille belle. « Mais quant (…) je voulu mon sallaire/ De luy avoir, j’avoye beau braire (…) :/ Dieu scet qu’il me la bailla chaude ! » ATILF. 63 Un peu. 64 F : cuide (Vers 120, 238 et 248.) 65 Au couvent de ces moines considérés comme les plus lubriques de tous. « Carmes et cordelliers de vostre con joïssent. » Jehan Molinet. 66 Des reins, comme si nous recevions des coups de bâton. 67 La kyrielle, la suite. 68 F : Proter du (Les poissonnières livraient à domicile : voir les vers 315-8.) 69 En ce lieu. « Être » rime avec « cloêtre ». La Vieille aperçoit les deux époux. 70 Sottes ! Cf. la Nourrisse et la Chambèrière, vers 21. 71 F : Sans faulte 72 F : couches (Elles seront rossées à la maison. Voir le vers 97.) Ce masculin est un jeu extrêmement courant sur le fait que les rôles de femmes sont joués par des hommes travestis. Voir la note 142 des Laudes. 73 Tel que celui-ci. Idem vers 131. Cf. le Ramonneur de cheminées, vers 143. 74 Les deux hommes retournent à l’atelier au lieu d’aller boire à la taverne. 75 Elle s’adresse d’abord à la Vieille, puis à sa rivale. 76 Que le mal des ardents (l’ergotisme) vous brûle ! Même vers que 159. 77 Mendiante, avec une nuance érotique. « Vous estes tant coquine/ De ces vitz que c’est grant pitié ! » Mystère d’ung Jeune enfant que sa mère donna au dyable. 78 Votre gourde d’eau de vie (voir notice). 79 F : venront (Qu’ils auront la vue troublée par l’alcool.) 80 F : aues (Ensuite, écoutez leurs récriminations.) 81 Faites-leur croire qu’ils sont tellement soûls qu’ils prennent des lanternes pour des vessies, et que par conséquent, ils se sont aussi trompés quand ils ont cru entendre vos aveux. Les Parisiens pouvaient prononcer ar au lieu de èr, et inversement. 82 Le trou du goulot. 83 F : afferment (En confirmant.) 84 F : anne (À Notre Dame. Cf. Sœur Fessue, vers 318.) 85 Je m’en retourne à l’atelier de nos maris. Le vers suivant est perdu. 86 Si elle veut bien. « S’il luy plaist et il luy est bel,/ Il entreprendra ceste charge. » (François Villon.) Les deux épouses entrent dans l’échoppe, et la Vieille attend dehors, en plaquant son oreille contre la porte. 87 De tels agissements. La rime est irrégulière, à moins qu’on n’attribue le vers suivant à la 2ème harengère pour qu’il rime en gouvernées. Mais le vers 210, qui est identique à celui-ci, est déclamé par un homme. 88 Je comble cette lacune d’après le vers 174. 89 La médisante. « À Ysabeau la jangleresse. » Béranger de La Tour. 90 Un coup. Cf. la Laitière, vers 263. « Pour bailler ung soufflet/ À aucun, ou ung passe-avant. » Les Menus propos. 91 Si tôt : nous sommes en fin de matinée (vers 164). 92 F : auiues (Nous sommes bien tombées ! « Nous sommes tous privéz :/ Sommes-nous pas bien arrivéz ? » Le Capitaine Mal-en-point.) 93 N’as-tu pas reproché à Jeanne d’avoir été « rivée » par des Cordeliers et des couturiers (vers 105-6) ? 94 Ici, comme aux vers 121 et 187, pour éviter de jurer sur le sang de Dieu, on en vient à dire « sans Dieu ». Beau résultat ! 95 « Plusieurs fois [il] l’encoche ;/ Dont, pour certain bien l’avoir encochée,/ Dedans neuf mois se trouva accouchée. » Charles de Bourdigné. 96 Soûl. 97 F : seult (Le point qui fait mal, du verbe douloir : l’endroit où le bât blesse.) 98 Ce qu’il bredouille. Cf. Colin filz de Thévot, vers 156. 99 F : folle 100 Je n’ai pas bu aujourd’hui. 101 Votre opinion. Elle lui montre la vessie d’eau de vie. 102 Elle montre la sienne à son mari. 103 Quelle malchance. 104 Vers manquant. Charme = sortilège, enchantement : « Et ceulx qui font chermes et sors. » (Vie et hystoire de ma dame saincte Barbe.) Les Parisiens prononçaient cherme : « Cherme félon. » Villon, Testament, 946. 105 Voulez-vous nous faire croire. Jean Marion connaît bien les lanternes, puisqu’il en fabrique. La Farce de Pathelin rend à cette locution son sens figuré : « Me voulez-vous faire entendant/ De vécies que sont lanternes ? » 106 F : rouges (Ils ont la vue trouble, ils ne voient pas clair.) 107 Ressemblent-elles à la vessie que tu tiens. 108 Elle montre le goulot de la vessie. 109 La Vieille, qui écoutait derrière la porte, se précipite dans l’échoppe. 110 F : ce 111 Que cherchez-vous à obtenir ? 112 « Lanterner une personne : la fascher, la tourmenter de discours, la divertir. » Antoine Oudin. 113 F : saint on (Oindre de paroles = embobiner. « Vous flatte et vous oint de parolles. » George Chastellain.) 114 F : fauldra (Celui qui leur baillera de l’argent.) 115 F : premiere 116 Nous leur acquérons. Pour un mari, se faire entretenir par sa femme était une humiliation. 117 F : vous fault (Nous sommes bien obligées de nous taire.) 118 F : i y a jure (S’il y a un jugement qui les condamne. « Duquel procès ensuyrent plusieurs sentences ou jugiéz contre ledit exposant. » Godefroy.) 119 Leur permission. 120 Les deux épouses quittent les lieux, mais elles écoutent à travers la porte. 121 F : foutrine (Ces 4 vers inutiles et boiteux reprennent les vers 184-6 et 196-7.) 122 F : Et noz (Avec vos femmes.) 123 F : Jauons (Si nous avons. « Vous plaise de nous pardonner/ S’avons failly. » Les Femmes qui font renbourer leur bas.) 124 Cocus. Cf. Maistre Doribus, vers 81. 125 Vous ne risquez pas de l’être. La Vieille, en bonne entremetteuse, alterne la sévérité avec la flatterie. 126 F : te 127 Quelle conduite. 128 Nous en viendrons à bout. 129 Le chanteur Grand Gosier compte apaiser sa femme en lui roucoulant un refrain courtois. Cette chanson en heptasyllabes n’a pas été conservée. 130 Cette niaiserie se rencontre notamment dans les Femmes qui font refondre leurs maris (vers 3) et dans Serre-porte (vers 371). 131 Déblatérer contre elles. 132 F : un (Votre réconciliation.) 133 Je vais à elles tout de suite. 134 Elle sort, en renversant les deux épouses qui avaient leur oreille contre la porte. 135 Si Dieu m’aide : que Dieu m’assiste ! (Idem vers 317.) Cf. la Confession Rifflart, vers 124, 219, 265. 136 F : De rien auant (Cf. Gratien Du Pont, vers 243.) 137 F : iries 138 F : raiez (Même double sens qu’au vers 4.) 139 F : voullez 140 F : Conseillez vous (Même vers que 252.) Dites-nous ce que nous ferons. 141 Peu vous importe, venez en grande hâte. 142 F : estes si tresmarries (Une si grande protestation. « Tantost y eut grant murmure dedens Paris. » Pierre de Fénin.) 143 Que vous vous apaiserez à grand-peine. 144 Ils sont pris tels des oiseaux englués, comme dans la Pippée. 145 Elle rentre dans l’échoppe, suivie de loin par les deux boudeuses. 146 F : fais je me vant (J’é = j’ai, comme aux vers 28 et 294.) J’ai parlementé. 147 Avancez-vous vers elles. 148 Grand Gosier salue obséquieusement Tiphaine (la femme de Jean Marion), puis sa propre épouse, Jeanne. Tous les commentateurs ont cru que Tiphaine était le nom de la Vieille : ils ont pris cette jeune vessie pour une vieille lanterne. 149 Si j’ai dit à votre propos une chose blessante. Le schéma des rimes devient aberrant, comme si un mauvais versificateur avait modifié la fin de la pièce. 150 Tant que je vivrai. 151 Si débauchées, comme les femmes folles de leur corps. 152 F : sommes (« Nous sommes » est à la rime.) 153 F : cy bien (Les rimes irrégulières en -er / -és, ici et plus bas, prouvent qu’un ignare a transformé la fin de la pièce.) 154 Sommes-nous contentes que le public rie ? 155 Allez partout où vous voudrez. 156 Si vous résistez. 157 Des clients (note 12). 158 F : main (Vers 265.) 159 F : voz rans (Faire ses grands plaisirs à quelqu’un : le satisfaire entièrement.) 160 Pour cela. 161 Des paroles désagréables.