*
LE CLERC QUI
FUT REFUSÉ À
ESTRE PRESTRE
*
.
Cette farce rouennaise pourrait dater de la première décennie du XVIe siècle.
Les quatre fils Aymon est un célèbre roman de chevalerie ; naturellement, le père des quatre héros s’appelle Aymon1, et demander comment il se nomme équivaut à demander de quelle couleur était le cheval blanc d’Henri IV. C’est pourtant la devinette2 à laquelle est incapable de répondre le clerc de notre farce. En 1566, Henri Estienne se souviendra de lui :
On conte aussi d’un autre qui estoit venu pareillement pour estre faict prestre, lequel on interrogua — pour esprouver son bon entendement — qui estoit le père des quatre fils Aimond. À quoy n’ayant sceu respondre, il fut renvoyé. Estant retourné & ayant raconté l’occasion pour laquelle il avoit esté refusé, son père luy remonstra comment il estoit bien beste de n’avoir sceu respondre qui estoit le père des quatre fils Aymond. « –Voilà (dit-il) grand Jan le mareschal, qui ha quatre enfans : si on te demandoit qui est leur père, dirois-tu pas que c’est grand Jan le mareschal ? –Ouy (dit-il), j’enten bien, maintenant ! » Là-dessus, s’en retourne pour estre receu, comme ayant bien mieux appris sa leçon depuis. Estant donc interrogé, pour la seconde fois, qui estoit le père des quatre fils Aimond, respondit que c’estoit… grand Jan le mareschal. <L’Introduction au Traité de la conformité des merveilles anciennes avec les modernes, ou Traité préparatif à l’Apologie pour Hérodote, chap. 29.>
Source : Recueil de Florence, nº 11.
Structure : Rimes mêlées, rimes plates, avec 2 triolets que l’éditeur a massacrés.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
.
*
Farce nouvelle du
Clerc qui fut refusé
à estre prestre
pource qu’il ne sçavoit dire
qui estoit le père des quatre filz Haymon
.
À trois3 personnages, c’est assavoir :
LE MAISTRE [Maistre Pierre]
JÉNIN, clerc
L’OFFICIAL
.
*
LE MAISTRE commence SCÈNE I
Hau, Jénin4 !
JÉNIN
Plaist vous5, maistre Pierre ?
LE MAISTRE
[Çà,] metz ma table ! Çà, ma chaire6 !
Ung marchepié7, tost ! Ung coussin !
JÉNIN
Vécy tout. Faictes bonne chère8 !
LE MAISTRE
5 Or, prens ce pot et va au vin !
JÉNIN
Vous en aurez tantost de fin9 :
L’on a crié du moûlt de Rin10.
En voulez-vous avoir ung pot ?
LE MAISTRE
Apporte du pain blanc, Jénin,
10 Et ung bon pasté de poussin,
Et ung formaige d’angelot11 !
JÉNIN
Ne vous sers-je pas en gringnot12 !
LE MAISTRE
Je te diray tout plainement :
Marier te vueil13 richement.
15 Ta peine sera14 guerdonnée.
JÉNIN
Femme seroit mal assenée15,
Et [si, serois]16 mon, par mon âme !
Je [veulx que]17, pour vivre sans femme,
Quelque chose que me faciez estre.
LE MAISTRE
20 Et quoy, Jénin ?
JÉNIN
Ung saige prestre ;
Si, auray gaigné mon escot.
LE MAISTRE
(Comment pourroit ung clerc [si] sot
Venir18 en l’ordre de prestrage ?)
J(e) escripray –s’on19 te treuve sage
25 À l’examen– qu’on te reçoyve.
Et s’il est besoing qu’on en boyve,
Je payeray le vin à eulx20.
JÉNIN
Or, escripvez ung mot ou deux
Par-dessus21, pour sçavoir à qui
30 J’adresseray.
LE MAISTRE
[C’]est à celuy
Qui des prestres fait l’examen.
Or, va ! Que Dieu te conduie !
JÉNIN
Amen !
À Dieu, je m’en voys à la Court22.
LE MAISTRE
Quant tu auras fait, tourne23 court.
.
35 [Oncques ne vis teste si folle :]24 SCÈNE II
Il ne fust oncques à l’escolle,
Et si, cuide estre prestre acop25 !
.
JÉNIN SCÈNE III
Je me suis arresté26 par trop ;
Si, m’en vueil aller tout d’une tire27.
40 Où est la lettre de mon sire
Que je dois à la Court porter ?
À l’hostel28 me fault retourner,
Car je l’ay là[-bas] oubliée.
Ha, ha ! non est : je l’ay trouvée ;
45 Elle estoit en ma main sénestre29.
Je voy là ung seigneur ou prestre ;
Je vois30 à luy.
.
Sire31, à qui esse SCÈNE IV
Que ceste lettre-cy s’adresse ?
Lisez ceste lettre à part soy32.
L’OFFICIAL
50 Ces lettres s’adressent à moy.
Je les vois ouvrir et puis lire.
« À Monsieur33 et honoré sire,
Le secrétaire à Monseigneur34.
Cher amy, [j’ay] ung serviteur
55 Que j’envoyes par-devers vous,
[Vous] suppliant, cher sire doulx,
Que se le trouvez assez saige,
Qu’il aye l’ordre de prest[r]aige.
J’ay escript ceste patenostre35.
60 Et par Pierre, le serviteur vostre
À faire tout vostre bon plaisir36. »
À ce que je puis en ouÿr,
Tu veulx estre prestre, fais point37 ?
JÉNIN
Ouy, Monsieur, c’est [bien là] le point
65 Pour quoy je suis en Court venu.
L’OFFICIAL
Or, en bonne heure38, que scès-tu ?
Es-tu39 clerc, comme il appa[r]tient40 ?
JÉNIN
A ! je suis clerc, voyrement. [Bien]
Je say bien chanter, en la maison,
70 Sanctus et Kyrié léyson 41.
J’ay esté grant clerc42, autre foys.
L’OFFICIAL
[Dea !] dont43 es-tu ? De Sainct-Gervoys ?
JÉNIN
Par Dieu ! tous mes parens en sont,
[Aussi tous les enfans qu’ilz ont ;]
75 Mais je n’en suis pas, sauf vo44 grâce.
S’il vous plaist, menez-m’en45 la place
Où l’examen sera, huy[mais]46.
L’[O]FFICIAL
Je te demande que47 tu scès.
Sur ce48, je t(e) examineray ;
80 Puis après, je te passeray49,
Se tu respons bien.
JÉNIN
N’en doubtez50 !
L’OFFICIAL 51
Je te demande se tu sès
Comment avoit jadis à nom
Le père aux quatre filx Aymon.
85 Son nom nommer te convient.
JÉNIN
Par le corps bieu ! je n’en sçay nient52.
L’OFFICIAL
Ne scès-tu le père d’où vient
Le gendre53 Aymon ?
JÉNIN
J’i54 vois penser…
Je ne sçauroye deviner55
90 Ung nom que je n’ouÿs [mais] oncques.
L’OFFICIAL
Tu ne seras point prestre, doncques.
Or, t’en reva dire à ton maistre56
Que tu scès peu pour estre prestre.
.
Ce fol icy est[-il] tout yvre57 ? SCÈNE V
95 [Il n’a oncques leu en ung livre,]58
Et si59, cuyde estre prestre fais.
Il en est beaucoup d’ainsi fais,
Qui cuydent sans elles60 voller.
.
JÉNIN SCÈNE VI
J’ay plus d’ennuy à m’en aller,
100 Cent fois, que n[’en] eux61 à venir.
.
MAISTRE SCÈNE VII
Je voy mon « prestre » revenir ;
Je [luy] vueil aller au-devant.
.
Sire, le bien soyez venant !
Tant estes simple62 ! De quoy esse ?
105 Quant chanterez-vous vostre messe,
Entre vos parens et les miens63 ?
JÉNIN
Par Dieu, Maistre, je n’en sçay riens :
Je reviens tel que g’y allay.
MAISTRE
Ainsi dit-on : « Qui [n’]a les biens… »64
JÉNIN
110 Par Dieu, Maistre, je n’e[n] sçay riens.
MAISTRE
Je n’entens pas bien vos moyens65 ;
Mais à quoy a-il tenu, [bon gré]66 ?
[ JÉNIN
Par Dieu, Maistre, je n’en sçay riens :
Je reviens tel que g’y allay.
MAISTRE ]
115 À67 l’examen n’estes passé68 ?
JÉNIN
Çà69 ! il m’a fait une demande
La plus terrible et la plus grande
Que j’ouÿs oncques en ma vie ;
Je ne l’entens non plus qu’ébrieu70.
MAISTRE
120 T’a-il demandé de quoy Dieu
Fist les elles [de] sainct Michel71 ?
Ou de quel bleu il tint72 le ciel ?
JÉNIN
La demande estoit bien plus grande :
[Oncques n’ouÿs telle demande.]
MAISTRE
125 Je croy qu’il te demanda donc
Où les roules73 Gabriel sont,
Dont il salua Nostre Dame.
JÉNIN
Et ! non fist, [non,] bon gré mon âme !
Mais sans plus [démener de]74 plait,
130 Je le vous diray, s’il vous plaist
[Et s’il vous est bel]75.
MAISTRE
Je t’en prie.
JÉNIN
Ce n’est[oit] q’une tromperie76 :
[Vous m’avez]77 bien recommandé !
Et ! saichez qu’il m’a demandé
135 Comment avoit jadis à nom
Le père aux quatre filz Aymon.
A ! c’est chose forte à entendre.
MAISTRE
Je te le feray bien comprendre78
Par exemple79.
JÉNIN
Dictes avant80.
LE MAISTRE
140 Ne congnois-tu point cy-devant81
Collard le Fèvre, ung marichaux82 ?
JÉNIN
Ouy, je le congnois bien et beau83.
LE MAISTRE
Et n’a-il pas [eu] quatre filz ?
JÉNIN
Si a : deux grans et deux petis.
145 Je les congnois bien, orendroit84.
LE MAISTRE
Et viens çà ! Qui te demanderoit85
Qui est le père des enfans86
Collard le Fèvre, sot meschant,
Que respondrois-tu ?
JÉNIN
G’y vois voir…
150 C’est Collard le Fèvre, [pour voir]87.
[Vous ne m’abuserez ainsy,]
Car je cong[n]ais ces enfans-cy,
Aussi leur père nourris[s]ier88.
De vos promesses ne suis fier89 ;
155 Qui les croit, il pert bien sa peine.
Je m’en voys : [sur moy]90 je n’ay vaine
Qui à vous servir s’estudie91.
MAISTRE
Au fort, soit ou sens ou folie,
Va-t’en où ta teste te maine.
JÉNIN
160 Vous ne me verrez de sepmaine92.
Prestre seray, je vous affie.
Et puis je gaigneray ma vie
Sans servir, ainsi qu’autres font93…
LE MAISTRE
Ne m’arguë plus94, va-t’en [dont]
165 Sans plus te trouver en ma voye !
.
JÉNIN 95 SCÈNE VIII
Dea, il m’est advis que je voye
Le prestre à qui ores parlay96.
Par Dieu ! je le salu[e]ray
Affin que me97 tiengne en amour.
.
170 Monseigneur, Dieu vous doint bon jour ! SCÈNE IX
Je viens à vous encor sçavoir
Se vous me voulez recepvoir
Comme prestre, en peu de parolles.
L’OFFICIAL
Tu n’as point esté aux escolles,
175 Depuis que céans te reprins98 ?
JÉNIN
Non, [Mon]seigneur. Mais j’ay aprins
Ung mot que demandé m’avez.
L’OFFICIAL
Et quel mot fusse ?
JÉNIN
Vous sçavez
Que demandé m’avez le nom
180 Du père aux99 quatre filz Aymon ;
Et j’ay aprins le nom, beau sire.
L’OFFICIAL
Il est vray, tu ne le sceuz dire ;
Je te fiz100 penser bien avant.
JÉNIN
Dea, je [le] sçay bien, maintenant,
185 Le nom ; [et] si, le congnois bien,
Car je l’ay sceu par le moyen
De mon maistre, qui le m’a dit.
L’OFFICIAL
Est-il101 mort ?
JÉNIN
Nenny, [mais] il vit,
Et demeure près ma maison.
L’OFFICIAL
190 Qui ? le père de[s] filz Aymon ?
JÉNIN
Voire, par Dieu !
L’OFFICIAL
Et ! tu t’abuses.
JÉNIN
Et ! que vous me faictes de ruses !
Je le congnois mieulx q’un denier102.
L’OFFICIAL
Touteffois, [je veulx]103 essayer
195 Se tu congnois bien, [ouy] ou non,
Le père au[x] quatre filz Aymon :
Quel est son nom ? Pense à brief dire104.
JÉNIN
C’est Collart le Fèvre, [beau] sire,
Ung mareschal qui fait les cloches.
L’OFFICIAL
200 Collart le Févre ?! De quelz nopces
Seroit-il père105 aux quatre frères ?
Les filz Aymon ont-ilz deux pères ?
Dy-moy comment, ne par quel art.
JÉNIN
Ilz n’ont nul père que Collard,
205 Et en débatriez-vous106 cent foys !
L’OFFICIAL
Sy ont ! Si.
JÉNIN
Non ont, par ceste croix !
L’OFFICIAL
Par sainct Jacques107 ! se tu me croix,
Se tu as argent, si va boire,
Car prestre ne seras-tu point108 !
210 Car tu ne scès rien aprendre.
JÉNIN
Mais vous le me faictes acroire109 ?
[ L’OFFICIAL
Se tu as argent, si va boire !
JÉNIN ]
Ne me faictes plus d’amusoire110 :
Mettez-moy en estat [d’estre oint]111 !
L’OFFICIAL
215 Se tu as argent, si va boire,
Car prestre ne seras-tu point.
.
JÉNIN SCÈNE X
Sainct Jehan, me voicy en bon point !
Je n’ay ordre112 ne bénéfice113,
Et si, suis hors de mon service114.
220 Se j’eusse sceu adeviner
Du père aux filx Aymon nommer,
Je fusse prestre, maintenant.
Pour tant115, vous, jeunes clercz, souvent,
Se prestres vous voulez passer,
225 Le père vous fauldra nommer
Des filz Aymon ; ou nullement
Ne passerez à l’exament.
Ce scet116 Dieu — qui gard, par Sa117 grâce,
Tous ceulx qui sont en ceste place !
FINIS
*
1 Il faut comprendre : les quatre fils de Aymon. Nous avons là une forme fossile du génitif latin. (Par exemple, agnus Dei = agneau de Dieu.) Ce génitif a perduré en ancien français aussi longtemps que les cas obéissaient à des déclinaisons. (« Carles li reis » = le roi Charles. « La grant host Carlun » = la grande armée de Charles.) Mais en moyen français, la notion d’appartenance est subordonnée aux prépositions « de » et « du » : la lettre de mon sire (v. 40). Un reliquat de génitif non décliné se rencontre encore dans certaines formules figées, comme les titres : les Quatre fils [de] Aymon, le Testament [de] Pathelin, la Confession [de] Margot, la Résurrection [de] Jénin à Paulme, les Vigilles [de] Triboullet, etc. Voir aussi les vers 88, 126, et 147-148. 2 Cf. les Devinettes françaises du Moyen Âge, publiées par Bruno Roy, ou les Adevinaux amoureux. « Adevinez que c’est : Mon père et ma mère eurent ung enfant, et si, n’est ne mon frère, ne ma suer. — Ce suis-je moy-meismes. » Voir la note 55. 3 F : quattre (L’imprimeur a été influencé par les quatre fils Aymon, à la ligne précédente.) 4 Ce prénom est toujours porté par des imbéciles. « Quel glorieux sot ! Quel jényn ! » Les Coppieurs et Lardeurs. 5 Plaît-il ? 6 Avance ma chaise. Le curé s’apprête à dîner, pendant que son clerc – pour ne pas dire son larbin – va le servir, debout. On trouve le même cas de figure dans Guillerme qui mengea les figues du curé. 7 Petit tabouret sur lequel on pose les pieds quand la chaise est trop haute. 8 Bon appétit ! 9 Du fin, du bon. 10 Du moût du Rhin, sorte de vin doux. Les taverniers, qui vendaient du vin à emporter, louaient les services de crieurs publics pour faire savoir qu’il avaient mis en perce une nouvelle barrique. « L’on crie vin nouveau et vieulx. » Les Cris des marchandises que l’on crie parmy Paris. 11 Sorte de petit fromage. Cf. les Cris de Paris, vers 175. 12 F : gringuot (Grincheux. « Mult est li deables gringnos. » Godefroy.) 13 Je veux te marier. Sous certaines conditions, un simple clerc peut se marier ; mais le curé n’a pas à jouer les entremetteuses du moment que son élève a encore des parents (vers 73 et 106). 14 F : auras (La peine que tu prends pour moi sera récompensée. Cf. les Premiers gardonnéz.) 15 F : asseuree (Mal assenée = mal mariée. Cf. le Munyer, vers 34 et note.) 16 F : ce seroit (Et je le serais aussi.) 17 F : pense 18 F : Paruenir 19 F : si (Si on. « Je ne sçay s’on le trouvera. » Les Premiers gardonnéz.) 20 J’offrirai des « pots de vin » aux examinateurs. Dans la farce D’un qui se fait examiner pour estre prebstre, on veut aussi acheter l’examinateur : « Luy portez-vous point de fromage/ Pour luy faire quelque présent ? » Le curé écrit une lettre de recommandation pour l’official. H. Estienne dit que les examinateurs des candidats à la prêtrise « les faisoyent passer pour faire plaisir à ceux qui les leur avoyent recommandéz ». 21 Le curé a plié la lettre et l’a cachetée avec de la cire (vers 51). Il doit maintenant marquer sur le dos une suscription : le nom et l’adresse du destinataire. 22 La cour de l’Officialité, où siège l’official, un juge ecclésiastique. L’official de Rouen est encore mis à contribution dans le Tesmoing. Dans D’un qui se fait examiner pour estre prebstre, le clerc stupide est refusé non par un official, mais par un simple vicaire-examinateur. 23 F : retourne (Reviens vite. « Ledict duc (…) tourna tout court au-devant le roy. » ATILF.) Jénin s’en va en tenant la lettre du curé. 24 Vers manquant. « Puisqu’avez la teste si folle,/ Vous en tiendrez céans escolle. » Les Vigilles Triboullet. 25 Et pourtant, il pense devenir prêtre tout à coup. 26 J’ai tardé. 27 D’une seule traite. 28 Au presbytère. 29 Gauche. 30 Je vais. Idem vers 33, 51, 88, 149, 156. 31 Seigneur. Jénin omet la formule de salutation ; il ne réparera cette impolitesse qu’aux vers 168-170. 32 En silence. Jénin aurait dû dire « à part vous » ; cette incorrection ne plaide pas en sa faveur. D’autre part, un clerc ne donne pas d’ordres à un official. 33 F : monseigneur 34 L’official est le conseiller juridique de l’archevêque de Rouen. 35 Je reconnais avoir écrit cette prière que je vous fais. 36 Formule de politesse qui clôt une lettre. « Ce scet Diex, liquel vous ait en sa sainte garde ! Escript à Noion le VIIIe jour du mois de may. Les vostres à faire vostre bon plaisir : les maire, juréz, bourgois et habitans de la ville et cité de Noion. » Lettre du 8 mai 1413. 37 N’est-ce-pas ? 38 Sans tarder. « Séez-vous en bonne heure ! » ATILF. 39 F : Est tu (Même faute au vers 72.) Apparemment, Jénin n’est même pas tonsuré. 40 Comme il se doit pour un futur prêtre. 41 H. Estienne se moque des prêtres incultes qui se plaignent que certains osent dire « Kyrie eleison au lieu de Kyrieleison ». 42 Malin. « Qui estoit plus grant clerc et plus saige que l’autre n’estoit. » (Pierre Salmon.) Cf. l’Homme à mes pois, vers 386. 43 D’où. Saint-Gervais est un quartier de Rouen. On y croisait des paysans du pays de Caux, que les citadins tenaient pour des arriérés. « Les tavernes de Sainct-Gervais/ Sont pour les Cauchois. » Le Discours démonstrant sans feincte… 44 F : vostre (Le vers est trop long.) Jénin trahit ses origines plébéiennes en usant d’une tournure populaire : « Mais, Sire, sauf vo grâce ! » Christine de Pizan. 45 F : menes moy en (Vers trop long.) Encore un raccourci populaire. « Laissez-m’en paix ! » Le Munyer. 46 Maintenant. « Quérez un lieu/ Où nous puissons huimais, pour Dieu,/ Nous hébergier. » (ATILF.) Jénin donne encore un ordre à l’official. 47 F : se (Ce que tu sais.) 48 Ensuite. 49 Je t’accorderai la prêtrise. 50 Un clerc doit faire preuve d’humilité, et non d’arrogance. 51 Il devrait interroger le clerc en latin, et sur des problèmes de théologie. Mais se rendant compte que Jénin est totalement ignare, il décide de s’amuser en lui posant une de ces colles qui circulaient dans les cours de récréation. H. Estienne confirme l’espièglerie des examinateurs vis-à-vis des candidats à la prêtrise : « On leur faisoit plusieurs telles interrogations joyeuses pour donner passetemps à monsieur le prélat qui assistoit là, & pour essayer s’ils estoyent point du tout [totalement] niais & bégaux [sots]. » 52 Forme populaire de néant : rien. Cf. la Pippée, vers 580. 53 La progéniture, la descendance de Aymon. 54 F : Si (Je vais y réfléchir. Cf. le vers 149.) 55 Trouver la solution de cette devinette. Voir aussi « adeviner », au vers 220. 56 F : sire 57 Les clercs avaient la réputation d’aimer boire. 58 Vers manquant. « J’ay leu en ung livre couvert de cuyr rouge. » (Jehan de Nostredame.) De fait, Jénin n’est jamais allé à l’école (vers 36 et 174). 59 Et pourtant. Idem vers 37. 60 Sans ailes. « Il cuyde jà voller, sans elles. » La Pippée. 61 Que je n’en eus. Jénin retourne chez le curé. 62 Penaud, déconfit. « Tant simple et tant piteux que ne le vous saroit dire. » ATILF. 63 Quand un nouveau prêtre disait sa première messe, la famille et les amis venaient l’encourager, puis faisaient la fête. « Ou quant ung prestre, escoute bien,/ A chanté sa première messe,/ Tous ses amys en grant lyesse/ Vous chanteront et danseront,/ Et grant chière ce jour feront. » Éloy d’Amerval. 64 « Qui n’a les biens terrestres aura les biens célestes. » Dicton. 65 Je ne comprends pas vos arguments. 66 Bon gré ponctue une question : « Quel vin, bon gré ? » Le Capitaine Mal-en-point. 67 F : Qua (J’ai reconstitué le triolet qui précède.) 68 F : passes (Vous n’avez pas été reçu ?) 69 F : Ouy il a tenu asses / Car 70 Pas plus que de l’hébreu. 71 Les ailes de cet archange étaient faites de plumes : « Une plume (…)/ Arrachée jadis, au ciel,/ De l’ayle monsieur sainct Michel. » (Sermon de sainct Frappecul.) Les marchands de reliques vendaient son plumage fort cher : « Quant aux ailes de sainct Michel (…), & de la vérité des reliques de ses plumes. » Pierre Viret. 72 Il teignit. 73 Les rôles, les papiers enroulés. En l’occurrence, le texte du « Je vous salue Marie », avec lequel l’ange Gabriel salua la Vierge. Ce phylactère se trouve… dans l’imagination des artistes qui ont représenté l’Annonciation : aucun texte canonique n’en fait état. 74 F : demader (Plaid = discussion.) 75 Si cela vous plaît. « Or escouteis, s’il vous est bel,/ L’aventure d’un damoisel. » Gilles de Chin. 76 Sa question n’était qu’un piège. 77 F : Cest ung sens (Vous m’avez recommandé à un mauvais homme.) 78 F : aprendre (Dans certains manuscrits gothiques, le 9 tironien, qui est l’abréviation de « com- », ressemble à un « a ». L’éditeur l’a mal résolu.) 79 Grâce à un exemple concret. 80 Continuez. 81 Près d’ici. 82 Un maréchal-ferrant, un forgeron, un fondeur de cloches (vers 199). « Fèvre » signifie forgeron. 83 Bel et bien. 84 Présentement. 85 Si on te demandait. 86 Des enfants de Collard. Voir la note 1. 87 En vérité. Cf. la Pippée, vers 227. Le vers suivant est perdu. 88 L’homme qui les élève, à défaut de les avoir faits. 89 Je ne suis pas content de la manière dont vous avez tenu vos promesses. 90 F : car (Je n’ai aucune parcelle de mon corps. « Sur moy je n’ay veine/ Que vers vous me tire. » ATILF.) 91 S’applique. 92 De sitôt. 93 Comme vous, qui ne fichez rien et qui vous faites servir. 94 Ne m’embête plus avec tes arguments. À la rime, donc s’écrit dont : « Et que ne le portez-vous dont ? » Le Faulconnier de ville. 95 Il retourne à l’Officialité. 96 F : parle (À qui je parlai tantôt.) 97 F : le (Pour qu’il m’ait en sa sympathie.) 98 Depuis que je te fis des reproches. 99 F : des 100 F : filz 101 Le père des quatre fils Aymon. 102 Tout le monde connaissait cette monnaie courante. « Je le congnois comme ung denier. » Clément Marot. 103 F : veulx ie 104 Sois bref. 105 F : pire (À la suite de quel mariage serait-il le père.) 106 F : debatrssiez (Même si vous en débattiez.) 107 F : iehan 108 F : pas (La rime correcte se trouve au refrain, vers 216.) Ce triolet est aussi abîmé que le précédent. 109 F : entendre (Vous me faites marcher. « Il me fist acroire mensonge. » Godefroy.) 110 F : cy attendre (« Luy fournir de jouets et d’amusoires, comme à l’enfance. » Montaigne.) 111 F : de prestre (Les mains du nouveau prêtre étaient ointes d’huile.) 112 Je n’ai pas été ordonné prêtre. Voir les vers 23 et 58. 113 Revenu que rapporte une cure. Cf. les Sotz ecclésiasticques qui jouent leurs bénéfices au content. 114 Je ne suis plus au service de maître Pierre. 115 Pour cette raison. 116 F : nest (Dieu le sait. Voir la note 36.) Cette formule clôt une lettre. « Ce scet Dieu, qui, par Sa grâce, vous acroisse en sancté, honneur et prospérité ! » (Laurent Vital.) On a l’impression que l’auteur de la farce est un secrétaire qui passe son temps à rédiger des missives : il en garde le style. 117 F : la