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DEUX HOMMES
ET LEURS
DEUX FEMMES
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Sous le nom de Farce moralisée, voire de Moralité, nous avons là cinq dialogues normands dont la conclusion est assez peu morale : il vaut mieux avoir une épouse infidèle mais agréable à vivre, plutôt qu’une mégère irréprochable.
Sources : Recueil du British Museum, nº 10. « Imprimé à Lyon, à la maison de feu Barnabé Chaussard, près Nostre-Dame-de-Confort », vers 1550. Une autre version lyonnaise, imprimée en 1619, figure dans un recueil conservé à la bibliothèque royale de Copenhague, pp. 78-121 : cette édition prend pour base BM (British Museum), en ajoutant quelques fautes, et en proposant de rares corrections que j’adopte tacitement.
Structure : Rimes plates, rimes enchaînées, rimes abab/bcbc, avec un rondel double, 9 triolets, un double rondeau.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce moralisée
à quatre personnaiges :
C’est assavoir deux hommes
et leur[s] deux femmes,
dont l’une a malle teste
et l’aultre est tendre du cul. 1
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[ LE PREMIER MARY, Colin
LE SECOND MARY, Mathieu
LA PREMIÈRE FEMME, Alix, épouse du Premier Mary
LA SECONDE FEMME, Jehanne, épouse du Second Mary ]
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LE PREMIER MARY 2 commence SCÈNE I
Qui3 n’a jamais, en sa maison,
De plaisir une seulle dragme4,
Que peult-il5 avoir ?
LE SECOND MARY
Sur mon âme :
Mal6 temps en chascune7 saison.
5 Dont8 te vient ce mal ?
LE PREMIER MARY
De tenson(s)9.
LE SECOND MARY
Voire, mais de qui ?
LE PREMIER MARY
De ma femme,
Qui n’a jamais, en sa maison,
De plaisir une seulle dragme.
LE SECOND MARY
La mienne est d[’une] aultre façon :
10 El(le) chante et devise. C’est basme10 !
LE PREMIER MARY
La mienne crye, tempeste et blasme.
Par quoy demande, en ma raison :
Qui n’a jamais, en sa maison,
De plaisir une seulle dragme,
15 Que peult-il avoir ?
LE SECOND MARY
Sur mon âme :
Mal temps en chascune saison.
LE PREMIER MARY
Se je vouloys recorder sa11 leçon…
Laissons-la là, car c’est pis que des Mors12 :
Verset[z]13 de dueil et respons de tenson.
20 Son bec d’aspic14 gecte, par marrisson15,
Son feu16 sourdant, dont tous les jours suis mors17.
Mors18 ay esté, et je m’y suis amors19,
Mort souhaitant plus que joye et soulas.
Lassé en suis, car j’ay receu le mors20
25 Mordant en bouche, dont souvent je dis : « Las21 ! »
LE SECOND MARY
De la mienne, jamais je n’en fus las.
LE PREMIER MARY
Et la raison ?
LE SECOND MARY
Tout mon plaisir accorde22.
LE PREMIER MARY
Corps de moy Dieu ! tenu je suis ès laqs23
De la mère24 de Haine et de Discorde.
30 Oncques corde qui le larron encorde
Encor(es) de l’an ne sera si diverse25
Envers celuy qu’elle estrangle ou encorde.
Recorde-toy26 que ma femme est perverse.
LE SECOND MARY
Elle est preude27.
LE PREMIER MARY
Je le confesse.
35 Et si28, suis tout seur et certain
Qu’el(le) n’est paillarde ne putain.
Mais vélà, elle est magistralle29
De soy-mesme. Et si, est si malle
À ce propos, que bien luy semble
40 Qu’il n’y a nul qui luy ressemble.
Incessamment el(le) m’y frételle30 :
« Voire dea, je ne suis point celle
Qui ayt faict cecy, qui ayt faict cela. »
Somme, il n’y a [ne] sol ne la 31
45 (Tant froye32 hault en ses riottes)
[Qu’el n’excédera]33 de troys nottes.
C’est horreur de l’ouÿr tencer !
LE SECOND MARY
Impossible [il] est de penser
Le plaisir qu’ay avec la mienne.
50 Car de quelque part que je viengne
(Je luy porteray ce regnom),
Jamais ne me dira sinon34 :
« Mon amy, bien soyez venu ! »
Et puis je suis entretenu
55 Scez-tu comment ? Impossible est
De le sçavoir dire, car c’est
Ung vray paradis que d’y estre.
LE PREMIER MARY
Ergo 35 doncques, tu es le maistre
En ta maison ?
LE SECOND MARY
En doubtez-vous ?
LE PREMIER MARY
60 Mais — en parlant icy entre nous —36,
Te feroit-elle point janin37,
Ta femme ?
LE SECOND MARY
Par bieu, [non] ! Nenny[n] !
LE PREMIER MARY
Dictes, compère :
Il n’y auroit pas trop affaire
65 « À femme qui faict bonne chère38
À son mary, gard le derrière39 ! »
Qu’en dictes-vous ?
LE SECOND MARY
A ! il y a ung bien40.
Mauldit soit-il qui en scet rien41 !
Aussi, je n’en veulx rien sçavoir.
LE PREMIER MARY
70 Voire, mais tu pourroys avoir
Reproche42, quant il seroit ainsi.
LE SECOND MARY
Mauldit soit-il qu(i) en a soulcy !
Quant à moy, car il y a ung poinct :
De son faict je ne m’enquiers point.
LE PREMIER MARY
75 Et pourquoy ?
LE SECOND MARY
Que dyable ay-je affaire
De cercher43 ce qui m’est contraire
Et ce que ne vouldroys point trouver ?
LE PREMIER MARY
Par bieu ! si fault-il esprouver
Tout secrètement se ma femme
80 Est point à cela44.
LE SECOND MARY
Sur mon âme,
Il me semble que ton espreuve45
Est ung grant mal. Si tu la treuve46,
Que feras-tu ?
LE PREMIER MARY
Que je feray ?
Par le sang bieu, je la tueray !
LE SECOND MARY
85 Si tu la tues, tu es perdu.
LE PREMIER MARY
Et pourquoy ?
LE SECOND MARY
Tu seras pendu.
LE PREMIER MARY
Je feray donc[ques] aultrement :
Je la battray [bien fort].
LE SECOND MARY
Comment !
La bonne, à [la] battre, s’empire ;
90 Et la maulvaise en devient pire.
Scez-tu point que dit ung proverbe,
Qu(e) à battre la maulvaise gerbe
Se pert la peine du villain47 ?
Oultre, se tu es inhumain
95 Et [qu’à la]48 battre tu l’assaille
Trop souvent, tu gastes49 la paille
Qu’encores pourroit proffiter.
LE PREMIER MARY
Quel remède donc ?
LE SECOND
N’atoucher
À ta femme en nulle manière.
100 Mais qu’el(le) te face bonne chère,
C’est le plus fort50.
LE PREMIER
Je n’ay pas peur
De la mienne, j’en suis trop seur51.
LE SECOND MARY
Que dyable crains-tu donc ?
LE PREMIER
Sa teste52,
Car je n’ay que bruyt et tempeste
105 En la maison, dont que je vienne.
LE SECOND MARY
Et je crains le cul de la mienne.
LE PREMIER MARY
Le cul ? Quoy ?
LE SECOND MARY
On m’a faict entendre,
Puis ung peu53, qu’elle a le cul tendre.
LE PREMIER MARY
Le cul tendre ? Tu me faictz rire.
110 Pleust à Dieu, le souverain Sire,
Que test54 et teste de la mienne
Ressemblast55 le cul de la tienne !
Conseille-moy sur cest affaire.
LE SECOND MARY
Il luy fault prendre ung [bon] clystère
115 Pour luy alléger le cerveau.
LE PREMIER MARY
De vray ?
LE SECOND MARY
Pour la bien faire taire,
Il luy fault prendre ung bon clystère.
LE PREMIER MARY
Et si el(le) veult crier et braire
Comme tousjours ?
LE SECOND MARY
Sans larme d’eau56,
120 Il luy fault prendre ung bon clystère
Pour luy alléger le cerveau.
LE PREMIER
Mais encoire ?
LE SECOND MARY
Il n’est rien si beau57,
Pour la chaleur et la tempeste,
Et la maulvaistié58 de sa teste.
125 S’el(le) prent médecine par bas,
Jamais tu n’auras nulz débas.
Il fault que le bas soit ouvert,
Aultrement, la teste se pert.
Car, voys-tu, la challeur qu’elle a
130 S’esvacuera par ce lieu-là59
Incontinent et sans arrest.
LE PREMIER
Le dyable m’emport si [ce] n’est
Bonne chose s’il est ainsi !
Et de la tienne, Dieu mercy,
135 Que tu dis qui a le cul tendre,
Qu’y feras-tu ?
LE SECOND MARY
Il luy fault prendre
Ung restraintif60, entens-tu bien ?
LE PREMIER MARY
Corps bieu ! Et ! vous n’y sçavez rien :
Tu dis que le cerveau61 se pert
140 Si le bas n’est tousjours ouvert,
Et puis tu dis qu’il luy fault prendre
Ung restrainctif ? Tu doys entendre
Que la fumée62 retournera
Au cerveau, qui la te fera
145 Incessamment [crier et] braire63.
LE SECOND MARY
J’ayme mieulx qu’elle ayt ung clystère !
LE PREMIER MARY
Esse tout ?
LE SECOND MARY
Ouÿ, sur mon âme !
LE PREMIER MARY
Ergo, tu conclus qu’il n’est femme
Qui n’ayt mal cul ou malle teste64 ?
LE SECOND MARY
150 Sans emmoindrir en rien leur fame65,
Icy nous disons qu’il n’est femme
Qui ne crie, tempeste ou blasme,
Ou à quelc’un le « bas66 » ne preste.
LE PREMIER MARY
Icy concluons qu’il n’est femme
155 Qui n’ayt mal cul ou malle teste.
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LA PREMIÈRE FEMME 67 SCÈNE II
Commère, me conseillez-vous
Que [tant] j’endure68 ?
LA SECONDE FEMME
Par bieu, non !
LA PREMIÈRE FEMME
Mais — parlant icy entre nous —,
Commère, me conseillez-vous ?
160 Considérez mes amys, tous
Sans reproche, et mon bon regnom.
Commère, me conseillez-vous
Que [tant] j’endure ?
LA SECONDE FEMME
Par bieu, non !
Car vous estes femme de nom69
165 Plus qu’il n’est, et de meilleur lieu70
Qu’il n’est, dea !
LA PREMIÈRE FEMME
Je faictz veu à Dieu
Et à tous les sainctz, ma commère,
Que71 monsieur de la Haultivière
Me fist demander72 cinq cens foys
170 À mon père.
LA SECONDE FEMME
Je vous en croys.
Mais certes, m’amye, il falloit
Que vous l’eussiez, car Dieu vouloit
Le vous donner de telle sorte.
LA PREMIÈRE FEMME
Mais le grant dyable (qui l’emporte !),
175 Car jamais Dieu ne s’en mesla73.
LA SECONDE FEMME
Communément on dit cela,
Tant soit à Paris comme à Romme :
« À femme de bien, ung fol homme ;
Et à quelque meschante femme,
180 Ung bon homme. » [Aussi], sur mon âme,
Jamais [on] n’en veit aultre chose.
LA PREMIÈRE FEMME
Mauldit[e] soye se je repose
Une heure en paix, avecques luy !
J’en ay le cueur si très failly74,
185 Quant j’y pense ! (Plorando.) 75
LA SECONDE FEMME
[Et !] estes-vous folle76 ?
LA PREMIÈRE FEMME
Aultresfoys m’a mis en tel(le) colle77
Que je n’eusse point faict de compte
D’avoir faict78…
LA SECONDE FEMME
N’av’ous79 point de honte ?
Sainct Pierre ! vous n’estes pas saige.
LA PREMIÈRE FEMME
190 Par bieu, si j’eusse eu le couraige
D’aulcunes (je ne nomme rien80),
J’eusse faict… vous m’entendez bien81.
Mais prie à Dieu qu’il me confonde
Si jamais, à homme du monde82,
195 De riens me voulus consentir !
Et si, vous veulx bien advertir
Que j’ay esté autant requise
De gens de Court et gens d’Église
Que femme qui soit en la ville.
LA SECONDE FEMME
200 Que grant dyable vous falloit-ille83 ?
LA PREMIÈRE FEMME
Voylà, j’ay tousjours vescu, jusqu’icy,
Sans reproche, las84, Dieu mercy,
Et feray, tant que je vivray.
LA SECONDE FEMME
Et ! par sainct Jacques, je feray
205 À gens de bien (ainsi l’entens)
Plaisir tant, qu’ils seront contens.
Mais qu’il soit faict secrètement,
Ce n’est qu’honneur.
LA PREMIÈRE FEMME
Par mon serment,
Commère, vous n’estes pas saige !
LA SECONDE FEMME
210 Taisez-vous, ce n’est que l’usage.
Pensez-vous point que quelque jour
Vous ne tombez en vostre tour ?
A ! par bieu, vous n’estes pas quitte !
LA PREMIÈRE FEMME
Premier85, je soys de Dieu mauldicte
215 Et mengée de chiens et de loups !
LA SECONDE FEMME
Par bieu ! j’ay dit ainsi que vous ;
Aussi d’aultres, qui pis ont faict
Que86 les aultres font [en effect]87.
Congneustes-vous point, ma88 commère,
220 L’ante89 de la seur à mon frère ?
Elle attendit bien, la meschante :
Car elle avoit des ans cinquante,
À l’heure qu’el(le) s’abandonna
À son clerc.
LA PREMIÈRE FEMME
Ave Maria !
225 On la devoit brusler ou pendre !
LA SECONDE FEMME
Et voyre, vrayement, de tant attendre.
LA PREMIÈRE FEMME
Mais d’avoir commis le forfaict !
LA SECONDE FEMME
Mais qu’el(le) ne l’avoit plus tost faict !
LA PREMIÈRE FEMME
Plus tost faict ? Le dyable y ayt part !
230 Elle y vint trop tost !
LA SECONDE FEMME
Mais trop tard !
Que pensez-vous, commère ? Anné90 !
Le péché est tout pardonné
Quant on ne le faict qu’en cachettes91.
Ung tas de menues tendrettes92,
235 Ce n’est que chose naturelle.
Par mon serment, m’amye : la belle
Eaue93 benoiste efface tout.
LA PREMIÈRE FEMME
Vous le dictes !
LA SECONDE FEMME
Par sainct Griboult94 !
(Le bon Griboult, c’est bien juré…)
240 J’ouÿs dire à nostre curé
Que Dieu dit : « En cathimini,
Ève95, multiplicamini,
Crescite, et replete terram !96 »
Et si les dames, mèshouan,
245 Font de Dieu le commandement,
Offencent-el(le)s ?
LA PREMIÈRE FEMME
Nenny, vrayement ;
Mais il s’entend : à leur(s) mary(s)97.
LA SECONDE FEMME
Mais s’ilz ne peuent98 ?
LA PREMIÈRE FEMME
Je vous empry,
N’en parlez plus, vous estes folle.
250 Puisque vous estes en tel(le) colle,
Faictes-en ce qu’il vous plaira.
Mais mon corps jà ne touchera
Qu’à mon mary, en brièfve somme.
Si99, est-ce le plus maulvais homme
255 Qui soit d’icy jusqu(es) à Paris.
LA SECONDE FEMME
Touchant moy100, de tous les marys
Qui furent oncq, j’ay le meilleur.
Quant il vient, « Venez çà, ma fleur ! »,
Ce me dist-il ; puis je l’acolle.
260 Après, je vous entre en parolle
En luy disant : « – Ha ! mon amy,
Je ne vous voys pas à demy101.
Souffrez au moins, puisque je vous tien,
[Qu’ung peu]102 je vous baise ! » « – Et ! bien, bien »,
265 Ce me dict-il. Puis je le baise.
Et par ce point, jamais de noyse
Nous n’avons en nostre maison.
LA PREMIÈRE FEMME
Nous chantons bien aultre chanson103 :
« – Va, va, villain ! – Va, va, villaine !
270 – Malle bosse ! – Fièbvre quartaine ! »
Et cent mille aultres mauldissons104
[À] chascun coup nous nous disons.
Brief, il n’y a point d’amytié
Entre nous.
LA SECONDE FEMME
Voylà grant pitié !
275 Mais d’où vous vient ceste riotte
Entre vous ?
LA PREMIÈRE FEMME
Que vous estes sotte !
Sçavez-vous pas que j’ay esté,
Que je suis et tousjours seray
Celle qui jamais ne meffist105
280 De son corps ?
LA SECONDE FEMME
[Bon, bon,]106 il suffist !
Nous entendons [trop] bien cela.
LA PREMIÈRE FEMME
Et pour ceste cause, voylà,
Commère : je veulx soustenir
Qu’il me doibt mieulx entretenir
285 Qu(e) une aultre.
LA SECONDE FEMME
Vous avez raison.
LA PREMIÈRE FEMME
Retourner fault à la maison.
Commère, je vous dis « à Dieu » !
LA SECONDE FEMME
Sans point tenir tant de blason107,
Retourner fault à la maison.
LA PREMIÈRE FEMME
290 Aussi est-il temps et saison
De s’en aller.
LA SECONDE FEMME
Vuydons le lieu.
LA PREMIÈRE FEMME
Retourner fault à la maison.
Commère, je vous dis adieu !
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LE PREMIER MARY SCÈNE III
Je te pry, compère Mathieu,
295 Que tu viengnes à mon hostel108
Pour ouÿr ung peu le frétel109
De ma femme. Esse pas bien dit ?
LE SECOND MARY
J(e) yray, en faisant cest édict110
Que tu viendras ouÿr la mienne
300 Après que auray ouÿ la tienne.
LE PREMIER MARY
Mais il fauldra que tu te tiengne
En ung lieu caché ou tapys.
LE SECOND MARY
Derrière ung dressouèr ou tapis111,
S’il en y a, je m’yray mettre.
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LE PREMIER MARY 112 SCÈNE IV
305 Hou là, hou !
LA PREMIÈRE FEMME
Voicy nostre maistre :
Il est venu, dressez la table113 !
LE PREMIER MARY 114
Dieu gard, Alix !
LA PREMIÈRE FEMME
Hé ! le grant dyable
Puisse sçavoir d’où vous venez !115
Hélas, que vous entretenez
310 Ung bel estat !
LE PREMIER MARY
Héé, belle dame,
Ne tençons point.
LA PREMIÈRE FEMME
[Mais] sur mon âme,
Vous deussiez [en] avoir grant honte !
LE PREMIER MARY
Soupperons-nous ?
LA PREMIÈRE FEMME
Voilà mon compte :
Il est yvre comme une souppe116,
315 Et puis demande que l’on souppe.
Mauldy soyt-il117 ! Qui luy tortroit
Ung peu le nez, il en ystroit118
Plus de troys chopines de vin.
LE SECOND MARY, caché, dit :
(Escoutez le sermon divin !
320 Ce n’est encor(es) que l’introïte 119.)
LE PREMIER MARY
Mais encores la potée120 est-elle cuytte ?
Truffant, bourdant121, il est saison
De soupper.
LA PREMIÈRE FEMME
Vous avez raison.
Mais, beau sire, je vous demande
325 Où est l’argent, et la vïande
Que vous nous avez mise en voye122.
LE PREMIER MARY
Par Nostre Dame ! je cuidoye
Qu’il y en eust.
LA PREMIÈRE FEMME
Vous le cuydiez ?
LE PREMIER MARY
Voyre, vrayement.
LA PREMIÈRE FEMME
Et ! vous faisiez
330 Voz sanglantes fièbvres quartaines,
Qui vous puisse[nt] serrer les vaines
Et vous puissent rompre le col !
Villain follastre ! Meschant fol !
Qu’au dyable soyez-vous donné !
LE SECOND MARY, caché
335 (Par Dieu ! vélà bien entonné123,
Et fusse pour ung contrepoint !
Sus, Colin ! respondez-vous point ?
Estes-vous recrus124 ?)
LA PREMIÈRE FEMME
Quel « seigneur »125 !
Hélas, que c’est ung bel honneur
340 À vous, d’estre dès126 le matin
À la taverne, à boire vin
Et despendre127 neuf ou dix blancs !
Et ses pouvres petis enfans,
Et moy avec, le plus souvent
345 Nous convient desjeuner de vent
En mourant de fain et de soif128.
LE PREMIER MARY
Par le corps bieu, il n’est pas vray !
LA PREMIÈRE FEMME
Monsieur Colin, sauf vostre grâce129 !
LE PREMIER MARY
De dire qu’en ayez jeusné,
350 Par le corps bieu, il n’est pas vray !
LA PREMIÈRE FEMME
Mauldit soys-je si du pain j’ay
Demy mon saoul130 !
LE PREMIER MARY
Paix, paix, bécasse !
Par le corps bieu, il n’est pas vray !
LA PREMIÈRE FEMME
Monsieur Collin, sauf vostre grâce !
LE SECOND MARY, caché
355 (Ce n’est encor(e) que la Préface131 ;
Nous serons tantost au Sanctus.)
LE PREMIER MARY
Mauldit[e] soit l’heure que j’euz
Oncques de toy la congnoissance !
LA PREMIÈRE FEMME
In Jan132, amen ! Ne133 qui l’acointance
360 Me bailla jamais de ton corps !
LE SECOND134 MARY
(Voylà bien de plaisans acordz !)
[LE PREMIER MARY]
Après, Alix ?
LA PREMIÈRE FEMME
Ma foy, villain,
Il te falloit une putain, (Plorando)
[Et] non une femme de bien135.
LE PREMIER MARY
365 Le corps bieu ! vous ne valez rien
À rost, [à] bouilly, n(e) à potaige136 !
LA PREMIÈRE FEMME
Je vaulx mieulx que tout ton lignaige,
Villain marault !
LE PREMIER MARY
Ouy dea, soufflez137 !
LA PREMIÈRE FEMME
Allez, de par le dyable, allez !
370 Il n’y en a point, en ma lignie138,
Qui ayt faict…
LE PREMIER MARY
Quoy ?
LA PREMIÈRE FEMME
La villennie139,
Comme a faict ta seur Guillemine.
LE PREMIER MARY
Par la chair bieu, vieille mastine140 !
Quoquelicocq141, alleluya !
375 Je vous tueray !
LA PREMIÈRE FEMME
Scez-tu qu’il y a ?
Par la croix bieu ! se tu me touche,
Je t’arracheray la bouche !
Advise bien que tu feras. (Il la bat.)
LE PREMIER MARY
Par bieu, tu t’en repentiras !
LA PREMIÈRE FEMME
380 Mais que dyable me veulx-tu faire ?
LE PREMIER MARY
Le corps bieu ! je vous feray taire
Toute coy[t]e142, ou [bien] je verray
Qui sera le plus fort.
LA PREMIÈRE FEMME
De vray ?
[Me taire ?] Mais qui l’eust pensé ?
LE PREMIER MARY
385 Quant tu auras assez tensé,
Tu te tairas.
LA PREMIÈRE FEMME
Par advanture143.
LE PREMIER MARY
Or es-tu [bien] la créature
Du144 monde que plus doy haÿr.
Hélas ! tu me deusse(s) obéyr,
390 Et je t’obéyz, c’est au contraire.
LA PREMIÈRE FEMME
Tu145 faictz cela que tu doys faire,
Se tu le fais. Ha ! le feu m’arde146 !
Se tu avoys une paillarde
Espousée, tu la traicteroys
395 De trèsbon cueur, et l’aimeroys
Cent foys plus que tu ne fais moy.
LE PREMIER MARY
Il est possible.
LA PREMIÈRE FEMME
Par ma foy !
J’ose147 bien dire et maintenir
Que jamais tu ne vis venir
400 Ces gaudelereaux148 à mon huys,
Prescher avec moy, [car ne suis]149
Comme d’aultres.
LE PREMIER MARY
Pour Dieu, tais-toy !
Je sçay bien la raison pourquoy :
Ilz ne cerchent point de telz rosses.
405 T(u) es trop layde.
LA PREMIÈRE FEMME
Tes malles bosses !
C’est du soulcy que m’as donné.
LE PREMIER MARY
En effect, pour dancer aux nopces,
T(u) es trop layde.
LA PREMIÈRE FEMME
Tes malles bosses !
LE PREMIER MARY
Qu’on te priast de telz négoces ?
410 L’homme seroit bien abusé :
T(u) es trop layde.
LA PREMIÈRE FEMME
Tes malles bosses !
C’est du soulcy que m’as donné.
Au jour [n’heureux ne]150 fortuné
Que tu me prins, estoys-je telle ?
LE PREMIER MARY
415 Nenny, vrayement, tu estoys belle.
LA PREMIÈRE FEMME
Qui m’a faict doncques si villaine ?
LE PREMIER MARY
La maulvaistié dont tu es plaine ;
Car maulvaistié est de tel(le) sorte
Que où elle est, beaulté est morte.
420 L’on ne dit point, ne te desplaise,
« Ceste femme est belle et maulvaise »,
Car le langaige mieulx s’ordonne151
En disant : « Elle est belle et bonne. »
Mais toy, tu n’es bonne ne belle.
LA PREMIÈRE FEMME
425 Que dyable suis-je donc ?
LE PREMIER MARY
Rebelle,
Mal gracieuse et mal plaisante.
LA PREMIÈRE FEMME
Je ne suis que trop advenante
Pour le « sainct » à qui je suis offerte.
LE PREMIER MARY
Mais, pour Dieu, regardez quel(le) perte
430 Ce seroit de ce gentil corps !
Que de fièbvre soit-il retors152 !
Aussi bien, est-il mal fillé153.
LA PREMIÈRE FEMME
Sçais-tu qu’il y a154, Jehan l’Anguillé ?
Se t(u) es bien ayse, si t’y tien155.
LE PREMIER MARY
435 Dea, m’amye, je ne vous dis rien.
(Que Dieu vous doint maladventure156 !)
Car vous estes la créature
Du157 monde que j’ayme le mieulx.
LA PREMIÈRE FEMME
Elle le prent au visaige, et dit : 158
Par la croix bieu !
LE PREMIER MARY
Gardez les yeulx159 !
440 (Vertu bieu, comme elle esgratigne !)
Ma femme, ma doulce poupine,
Corps advenant, plaisante et belle,
Fassonnée160 comme une chandelle :
Je vous ayme tant, que c’est raige.
LA PREMIÈRE FEMME
445 Je t’arracheray161 le visaige,
Traistre, marault, villain infâme162 !
LE PREMIER MARY
Non feras, car, par Nostre Dame,
Je m’en voys163, pour le plus sortable.
À Dieu, Alix !
LA PREMIÈRE FEMME
Et toy, au dyable,
450 Qui te puisse rompre le col !
LE PREMIER MARY
Escoutez : qu’elle est amyable164 !
Adieu, Alix !
LA PREMIÈRE FEMME
Et toy, au dyable !
LE PREMIER MARY
N’est pas bien l’homme misérable,
Qui se marie ? [Il est]165 bien fol.
455 À Dieu, Alix !
LA PREMIÈRE FEMME
Et toy, au dyable !
LE PREMIER MARY
Qui te puisse rompre le col !166
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Corbieu ! si j’avoys ung licol, SCÈNE V
Je croy que je m[’en] iroys pendre.
LE SECOND MARY
Dea, Colin, il te fault attendre :
460 Ta pénitence n’est pas faicte167.
LE PREMIER MARY
Si joué n’eusse de retraicte168,
Le corps bieu, elle m’eust battu !
Mais que t’en semble ? Qu’en dis-tu ?
En veis-tu jamais de la sorte ?
LE SECOND MARY
465 Nenny, ou le dyable m’emporte !
LE PREMIER MARY
Conseille-moy que je feray.
LE SECOND MARY
Endure.
LE PREMIER MARY
C’est bien enduré !
Je mourray donc en endurant.
LE SECOND MARY
Puisque [à] ta femme as169 tant duré,
470 Endure.
LE PREMIER MARY
C’est bien enduré !
Avant l’an, maint hahan auray170.
LE SECOND MARY
Je te diray : cest [an durant]171,
Endure.
LE PREMIER MARY
C’est bien enduré !
Je mourray donc en endurant.
LE SECOND MARY
475 Sus ! après, à ce demeurant,
Il fault aller ouÿr la mienne.
Mais il fauldra que tu te tienne
Caché ainsi comme j’ay faict.
LE PREMIER MARY
Ne me dictz mot, il sera parfaict172.
LE SECOND MARY
480 Je voys devant, à la maison.
.
Holà, ho !173 SCÈNE VI
LA SECONDE FEMME
J’ay ouÿ le son
De mon mary. Qu(i) est là ?
LE SECOND MARY
C’est moy !
LA SECONDE FEMME
Esse vous, mon mary ?
LE SECOND MARY
Je croy
Qu’en voycy174 ung qui luy ressemble.
485 Et puis, m’amour, que vous en semble ?
Suis-je celuy que vous quérez ?
LA SECONDE FEMME
S’il vous plaist, vous me baiserez175 ;
Et puis après, je vous diray
Ce qui en est.
LE SECOND MARY
Je le feray
490 Voluntiers, de bon cueur et de bon couraige176.
Il baise sa femme.
LE PREMIER MARY, [caché]
(Je fais veu à Dieu : voylà raige !
Est-il rien plus doulx ne plus beau ?
Ilz s’entre-leschent le morveau177
Comme les chatz au moys de may.)
LA SECONDE FEMME
495 Je vous supply que vous et moy
[Nous] disons ung mot de chanson.
LE SECOND MARY
C’est bien dit. Or sus, commençon !
Ilz chantent.178
LA SECONDE FEMME
Mon mary, à mon appétit,
Que nous banquetons ung petit179.
500 Dis-je bien ?
LE SECOND MARY
Vous me faictes rire !
Impossible [il] est de mieulx dire :
Qui ne vouldroit [boire et menger]180 ?
LA SECONDE FEMME
Voicy de la perdrix d’arsoir181,
Que vostre compère182 apporta.
LE SECOND MARY
505 Ce m’est tout ung183, mettez-la là.
Et de vin ?
LA SECONDE FEMME
Ne vous souciez.
Mais aussi, vous me promettez…
Escoutez184… L’avez-vous ouÿ ?
[Me] le ferez-vous185 ?
LE SECOND MARY
Par bieu, ouy !
510 Apportez vin tant seullement.
LA SECONDE FEMME
Je le veulx. Mais, par mon serment,
Je voys [en] boire la première186.
LE SECOND MARY
C’est bien dit ! Faisons bonne chère.
Est-il bon187 ?
LA SECONDE FEMME
Il n’est rien meilleur.
LE SECOND MARY
515 Or en versez ! Et ! la couleur
En est rouge comme sendal188.
LA SECONDE FEMME
Et puis189, Mathieu ?
LE SECOND MARY
Il n’(y) a rien mal.
Où l’avez-vous eu ?
LA SECONDE FEMME
Ne vous en chaille :
Nous n’en devons denier ne maille190 ;
520 Je l’ay payé en beau contant191.
LE SECOND MARY
Comment, Jehanne ? En avez-vous tant192 ?
LA SECONDE FEMME
Se j’en ay ? Et ! qu’auray-je doncques ?
Par sainct Jacques ! il n’en fut oncques
Que193 je n’en eusse quelque croix194,
525 La Dieu mercy !
LE SECOND MARY
Je vous en croy[s].
Mais, belle dame, je vous en prie :
Versez là !
LA SECONDE FEMME
Par saincte Marie,
Vous me baiserez doncques !
LE SECOND MARY
Je le veulx.
Et si, ferons, par bieu, nous deux,
530 Ceste195 nuyct… vous m’entendez bien.
LA SECONDE FEMME
J’ay grant peur que n’en faciez rien :
Vous faictes assez de parolle196 ;
Mais quoy, c’est tout.
LE SECOND MARY
Vous estes folle !
Versez à boyre seullement.
LA SECONDE FEMME
535 Par sainct Jehan ! c’est entendement,
Et au[r]ez trèsbonne mémoyre197.
LE SECOND MARY
Le marché est faict : j’en voys boire
À vous, c’est d’autant198.
LA SECONDE FEMME
Grant mercys.
Vous bevrez aussi bien assis
540 Comme debout.
LE SECOND MARY
Ce m’est tout ung.
LA SECONDE FEMME
Il fault que je boyve, à mon rum199 ;
Ne faict pas ?
LE SECOND MARY
Vous avez raison.
LA SECONDE200 FEMME
Or, tenez, soufflez le thyson201,
Entretant202 que je mengeray.
LE PREMIER MARY, [caché]
545 (Corps bieu ! mon homme est demouré203.)
Mathieu, hau ! Viendrez-vous ?
LE SECOND MARY
Je voys204.
Mais que j’aye beu neuf ou dix foys,
Je seray tout prest, attendez.
LA SECONDE FEMME
Il fault bien que vous entendez
550 Que vous n’yrez mèshuy205 dehors !
LE SECOND MARY
M’amour, par la foy de mon corps,
Présent206 me verrez revenir.
LA SECONDE FEMME 207
Le dyable l’a bien faict venir,
[Et] non pas Dieu ! (Plorando.)
LE SECOND MARY
Estes-vous sotte !
555 Fault-il pleurer ? Que de riotte !
Je reviendray tout à ceste heure208.
.
Tu ne sçais pas ? SCÈNE VII
LE PREMIER MARY, parlant à Mathieu 209
Et quoy ?
LE SECOND MARY
El(le) pleure.
LE PREMIER MARY
Non faict ?
LE SECOND MARY
Si faict, sur mon âme !
LE PREMIER MARY
Par bieu, c’est une bonne femme !
560 Et vouldroys — le dyable l’emporte210 —
Que la mienne fust de sa211 sorte,
Quelque tendre du cul qu’el(le) soit212.
LE SECOND MARY
Mais si ma femme le faisoit ?
LE PREMIER MARY
Par ma foy, Martin le Bécu213 :
565 À peine de perdre ung escu214
Qu’elle le faict !
LE SECOND MARY
Ha ! je n’en croy rien.
LE PREMIER MARY
Par le corps bieu ! vous estes coqu,
À peine de perdre [ung escu]215 !
LE SECOND MARY
Certes, ce seroit mal vescu216,
570 S’el(le) le faisoit.
LE PREMIER MARY
Il y a ung bien.
À peine de perdre ung escu
Qu’elle le faict !
LE SECOND MARY
Je n’en croy rien.
Encor(es) qu’il soit vray217, je maintien
Que je suis mille foys plus ayse
575 Que tu n’es.
LE PREMIER MARY
Point ne le confesse218,
Se tu ne me dis la manière.
LE SECOND MARY
Une foys219, ta femme en est maistresse220,
Tencerresse, orguilleuse et fière.
LE PREMIER MARY
La tienne est tendre du derrière.
LE SECOND MARY
580 Et la tienne est dure de teste.
LE PREMIER MARY
Aussi, elle est seine et entière
De son corps, sans riens déshonneste.
LE SECOND MARY
Aussi, en douleur et tempeste
Uses ta vie, [et] en tourment221.
585 Et ! [tu] scès bien que l’homme est beste,
S’il n’a ung petit222 d’aisement.
Se ma femme, secrètement,
Le preste223 à ung [homme] ou à deux,
C’est tout ung. Car, par mon serment,
590 J’en ay encor(e) plus que ne veulx224.
Oultre plus, congnoistre tu peulx
Comment ta femme est acoustrée225 :
Femmes ne tiennent compte d’eulx226,
S’ilz ne s’aydent de leur denrée227.
LE PREMIER MARY
595 Tu dis vray : elle est évantrée228,
La plus orde229, la plus villaine,
La plus crottée et mal coiffée
Qui soit en [la] nature230 humaine.
LE SECOND MARY
Il n’est qu’une femme mondaine231
600 Pour estre propre et mignonnette.
Raison pourquoy ? Elle prent peine
À s’acoustrer et tenir nette.
Aulcunesfoys, on se déshette232.
Mais, tant soit [ung] homme esbahy233,
605 Quant il voit sa femme proprette,
Il s’en treuve tout esjouy.
N’est-il pas vray ?
LE PREMIER MARY
Par bieu, ouÿ,
Et est ta raison bien entière234.
Par quoy conclus, ton cas ouÿ
610 Et le mien235 sur ceste matière,
Qu’il vault trop mieulx femme de bonne chère236
— Présupposé qu’el(le) preste son237 derrière
Secrettement — que femme à malle teste,
Ce néantmoins qu’el(le) soit chaste et honneste.
615 Pour vivre en paix, l’autre est plus singulière238.
LE SECOND MARY
Ne me parlez jamais de femme fière :
Il vauldroit mieulx qu’homme fût [mis] en bière
Que d’en avoir !
LE PREMIER MARY
Il est tout manifeste239
Qu’il vauldroit trop mieulx femme de bonne chère,
620 Présupposé qu’el(le) preste son derrière.240
La raison est : el(le) vous a la manière
De vous traicter. La peine n’est point chère241.
El(le) rit tousjours, chante, ou [bien vous] faict feste.
Mais de l’autre, qui pleure puis tempeste,
625 N’en parlez point !
MATHIEU 242
Conclusion dernière243 :
Il vauldroit mieulx femme de bonne chère
— Présupposé qu’el(le) preste [son] derrière
Secrètement — que femme à malle teste,
Ce néantmoins qu’el(le) soit chaste et honneste.
630 Pour vivre en paix, l’autre est plus singulière.
.
COLIN SCÈNE VIII
Avant que tirez plus arrière244,
Ainsi comme il est de raison,
La petite chanson gorrière245.
Ce faisant, « à Dieu » vous dison !
.
Cy fine la farce des
Deux marys
et de leur[s] deux femmes.
.
*
1 Titre dans le recueil de Copenhague : MORALITÉ ET FARCE NOUVELLE, très belle, & fort joyeuse, à quatre personnages. C’est à sçavoir : Deux hommes, & leur <sic ! La faute est commune aux deux imprimés, et se retrouve dans le colophon de BM.> deux femmes, dont l’une a male <BM : molle, qui est une erreur.> teste, & l’autre est tendre de cul. 2 Les deux amis sortent d’une taverne. 3 Celui qui. 4 Une seule drachme, un seul gramme. On prononçait « drame ». Voir la note 149 de Saincte Caquette. 5 BM : veult il (Refrain correct au vers 15.) 6 Mauvais. Idem vers 38, 149, 270, 405, 436, 613. 7 BM : toute (Refrain correct au vers 16.) 8 D’où. Idem vers 105. 9 La tançon est le fait de tancer, de quereller pour rien. Idem vers 19. 10 C’est du baume : c’est un plaisir. Cf. les Coppieurs et Lardeurs, vers 184. 11 BM : ta — Copenhague : sa (Me remémorer. « Jour et nuict/ Me fault recorder ma leçon. » Le Cuvier.) Ces 17 décasyllabes sont écrits en rimes enchaînées, à la manière des Grands Rhétoriqueurs. La difficulté de l’entreprise est telle, qu’il ne faut pas y chercher un sens logique avec trop d’exigence. 12 Les Leçons des Morts, tirées du Livre de Job, faisaient partie des Vigiles des Morts. Voir « les neuf Lissons des Mors faictes par le saint homme Job », de Pierre de Nesson. Elles se composent de versets et de répons, comme dans les Vigilles Triboullet. 13 Il eût fallu un mot comportant la syllabe mor-, ce qu’interdit la rime du vers précédent. 14 De vipère, de dragon. « Ung grant serpent et dangereux aspic. » (Clément Marot.) Sa gueule jette des flammes, et sa langue fourchue symbolise la médisance. 15 Par courroux. 16 BM : oeil (« Un grand feu sourd d’une bluette. » J.-A. de Baïf.) 17 Brûlé comme par la morsure d’une flamme. 18 Mordu. 19 Blessé, du verbe amordre. « Le dueil qui maintenant m’amort. » ATILF. 20 Pièce métallique qu’on met dans la bouche d’un cheval pour le diriger. 21 BM : helas 22 Elle s’accorde à tous mes plaisirs. 23 BM : latz — Cop. : laqs (Dans les lacs, les filets.) 24 Nyx (la Nuit) est la mère de Némésis (la Vengeance) et d’Éris (la Discorde). 25 Défavorable. 26 Souviens-toi. 27 Prude, chaste. 28 Et même. Idem vers 38 et 529. 29 Elle règne en maître. 30 Ressasse (normandisme). Cf. Saincte Caquette, vers 140. 31 Cf. Frère Frappart, vers 95. 32 BM : seffroye (Tant elle vise haut. Verbe frayer.) Riote = querelle. Idem vers 275 et 555. 33 BM : Quelle excedera bien (Elle crie encore plus haut que toutes les autres.) 34 Autre chose que. 35 Donc, comme au vers 148. Cette redondance est typique des farces de collège : « Ergo donc, se j’estoyes fourmy. » (Les Sotz escornéz.) « Ergo donc, selon l’Escripture. » (L’Avantureulx.) 36 Même vers que 158, où le « en » superflu disparaît. 37 Cocu. « Que ma femme m’ayt faict jénin. » Ung Mary jaloux. 38 Une figure agréable. Idem vers 100 et 611. 39 Attention à ses ruades ! Cf. cet autre proverbe : « Garde le derrière, Moreau rue ! » Mais dans notre farce, derrière a toujours une acception anatomique. 40 Cela se peut bien. (Idem vers 570.) « Y a » est scandé « ya » en 1 syllabe, comme aux vers 375, 433, 517 et 570. 41 Celui qui en sait quelque chose. 42 Les cocus trop complaisants n’étaient pas bien vus. Voir la note 75 du Povre Jouhan. 43 Chercher (normandisme). Idem vers 404. 44 Ne serait pas portée sur la chose. 45 Ton idée d’éprouver ta femme. 46 Si tu la trouves avec un homme. 47 Le paysan perd son temps. 48 BM : que a 49 BM : gasteras — Cop. : gaste 50 Du moment qu’elle te fait bonne figure, c’est l’essentiel. 51 Je suis sûr de sa fidélité. 52 Sa mauvaise tête. La femme se réduit à une tête et un cul, comme le résument les vers 148-149. Dans la farce de Tarabin, Tarabas (F 13), le cul intempérant représente aussi l’épouse, mais la mauvaise « teste qui à tous propos tence » représente le mari. 53 Depuis peu. C’est Colin qui vient de lui en parler, aux vers 61-66. 54 Le crâne. 55 Soient aussi tendres, aussi malléables que. 56 BM : dieu (Sans attendre qu’elle se mette à pleurer.) 57 Il n’y a rien de mieux. BM ajoute dessous : Comme te dis 58 La méchanceté, la malignité. Idem vers 417 et 418. Cf. la Mauvaistié des femmes. 59 Elle n’aura plus la tête chaude, puisque sa chaleur s’évacuera par l’anus. 60 Un restringent pour resserrer ses ouvertures naturelles. Dans Tout-ménage, on dit à une fille qui souffre du mal d’amour : « Mais il vous fault ung rétrainctif. » 61 BM : hault (Voir les vers 121 et 144.) 62 « Les fumositéz, ne se pouvans évaporer, sont cause de leur folie, opiniastreté, & de leur maladie commune du mal de teste. » Guillaume Bouchet, Troisiesme Sérée. 63 Je complète d’après le vers 118. 64 « Il vaut mieux, à une femme, avoir bonne teste que mauvais cul…. Son mary n’avoit jamais pu remédier à ceste teste, encores qu’il se fust aidé de deux poings. » G. Bouchet. 65 Sans diminuer leur réputation. 66 Cf. les Femmes qui font renbourer leur bas. 67 Les deux amies sortent du marché. La première, Alix, est mal vêtue et mal coiffée (vers 595-8). La seconde, Jeanne, est « propre et mignonnette » (vers 600). 68 « De tant endurer, je ne puys…./ A ! je n’en puys endurer tant ! » Le Poulier. 69 De renom. 70 Origine. 71 BM : Le filz (On songe à M. de la Hanetonnière qui, dans le Poulier, poursuit de ses assiduités la femme d’un meunier.) 72 En mariage. 73 On note la pruderie de la bigote, qui ne veut pas mélanger le sacré avec le profane. 74 BM : treffailly — Cop. : tres failly (Le cœur me manque, me fait défaut. « Ilz semblent tous malades, tant ont lez visages fades et palles, et lez cuers faillis. » ATILF.) 75 En pleurant. 76 Les deux femmes vont se renvoyer mutuellement cette accusation aux vers 249, 276, 533 et 554. Elles emploient la variante « Vous n’êtes pas sage » aux vers 189 et 209. 77 Disposition. (Idem vers 250.) « Qu’il suive encor l’escole,/ Car il est de si bonne cole/ Qu’il apprendra tant c’on vouldra. » (Godefroy.) Cf. le Sourd, son Varlet et l’Yverongne, vers 83. 78 BM : faict etc. 79 BM : Nauez vous (« N’av’ous » en est une forme normande. « Et ! comment ? N’av’ous point de honte ? » Serre-porte.) 80 De certaines que je ne nommerai pas… 81 Litote courante. « Car il fault… vous m’entendez bien. » (Serre-porte.) Idem vers 530. 82 Qui soit en ce monde. 83 Il, lui. Pronom picard ou normand. « C’est ille ! » Frère Guillebert. 84 Copenhague corrige : la (La merci de Dieu, comme au vers 525.) Je conserve le « las ! » de BM, où l’on sent poindre un regret d’avoir vécu sans profiter des plaisirs de la vie. 85 BM : Premiere (Auparavant, que je sois…) 86 BM : comme 87 En réalité. « –Je ne vueil point nuyre à l’Église./ –Sy ne ferez-vous en effect. » Jeu du Prince des Sotz. 88 BM : la 89 Ma tante. « Qui ont pères, mères et antes. » (Villon.) Le vers est en forme de devinette : voir la note 2 du Clerc qui fut refusé. 90 Enné ! Ce juron synonyme de vraiment est réservé aux femmes. « Et Ysabeau qui dit :/ “Enné !” » (Villon.) Cf. le Résolu, vers 50 et 244. 91 « Faisons-le tout secrètement,/ Il sera demy pardonné. » Les Femmes qui font escurer leurs chaulderons. 92 Gestes tendres, caresses. 93 BM : Leaue (L’eau bénite : la confession. Eau-e compte ici pour 2 syllabes.) « Belle » ne peut s’appliquer à Alix, qui reconnaît elle-même sa laideur aux vers 405-6. On emploie cet adjectif pour mettre en valeur le mot qui suit : « À ma grand’soif, la belle eaue se présente. » (Clément Marot.) « La belle eaue [de] roze à laver mains. » (Guillaume Coquillart.) 94 Personnage inconnu. Les femmes invoquaient plusieurs saints priapiques : Couillebaud, Alivergaut, Velu, Foutin, etc. Saint Gris (St François d’Assise), qui est le fondateur des Cordeliers, réputés comme les moines les plus paillards, ne serait-il pas devenu « saint gris bout » ? 95 BM : A eue (« Ce qu’on fait a catimini / Touchant multiplicamini,/ Mais qu’il soit bien fait en privé,/ Sera tenu pour excusé. » Jardin de Plaisance.) 96 En cachette, multipliez-vous, croissez, remplissez la terre. Le « croissez et multipliez » de la Genèse servit bien souvent d’excuse aux débauchés… Prononcé à la française, « terran » rime avec « maisouan » [désormais]. 97 Elles doivent se multiplier avec leur mari. 98 Peuvent (normandisme : cf. la Fille bastelierre, vers 54). S’ils ne peuvent plus faire l’amour. 99 Et pourtant. 100 En ce qui me concerne. 101 Suffisamment. 102 BM : Que (Que je vous baise/ Ung poy ! » Frère Guillebert.) 103 BM : lecon (« Vous chanterez d’aultre chançon ! » Mistère de la Passion.) 104 Malédictions. 105 Ne fit un mauvais usage. On songe inévitablement à Rabelais : « Il est marié…. Il est doncques, ou a esté, ou sera, ou peult estre coqu. » Tiers Livre, 32. 106 BM : Boo — Cop. : Bon 107 De discours futiles. « Ne me tenez plus de blason ! » L’Homme à mes pois. 108 À ma maison. 109 Le bavardage (normandisme). Cf. Saincte Caquette, vers 279. 110 En posant cette condition. 111 Un buffet ou une tenture. « Je me mectoie/ Derrière ung vieil tapis troué/ Parmy [à travers] lequel ung œil boutoye. » Martial d’Auvergne. 112 Devant chez lui, il appelle sa femme pour qu’elle vienne lui ouvrir. 113 Posez sur des tréteaux les planches qui tiennent lieu de table. Alix ouvre la porte en distillant des propos ironiques : mon époux ne rentre au bercail que pour mettre les pieds sous la table. 114 Il entre. Son camarade reste dehors et observe par la fenêtre ouverte. 115 Elle sent son haleine avinée. 116 Il est imbibé comme un morceau de pain trempé dans du vin. 117 BM : soys ie 118 Il en sortirait (verbe issir). 119 L’introït, le début du sermon. 120 Le contenu du pot en terre qu’on laisse mijoter dans la cheminée. 121 BM : bordant il est — Cop. : bourdant, il est, (Soit dit sans vouloir vous offenser. Voir la note 29 de la Pippée.) 122 Que vous nous avez fait envoyer par le boucher. Cf. Tout-ménage, vers 178-186. 123 Chanté. 124 BM : reus — Cop. : recrus (Recru = fatigué ; lâche.) 125 Dans le Povre Jouhan, Affriquée dit la même chose à son mari qu’elle accable d’insultes. 126 BM : depuis 127 Dépenser. Le blanc est une petite pièce en argent. 128 Les Normands prononcent « sé », qui rime avec vrai. Voir la note 33 de Troys Galans et un Badin. 129 Je vous en prie ! 130 À moitié autant que j’en voudrais. 131 La partie de la messe qui précède le Sanctus. Cf. Colin qui loue et despite Dieu, vers 387-388. À la française, on prononçait « Santu ». 132 Saint Jean (normandisme). Cf. Jehan de Lagny, vers 153 et 204. 133 Et que soit maudit aussi celui… 134 BM : premier (Matthieu, toujours à la fenêtre, continue à filer sa métaphore musicale du sermon chanté : vers 319-320, 335-336, 355-356.) 135 « Ces tant femmes de bien ont communément maulvaise teste. » Tiers Livre, 9. 136 Quelle que soit la manière dont on vous accommode, vous n’êtes pas bonne. 137 Causez toujours ! Cf. les Mal contentes, vers 91. On dit parfois : « Souffle, Michaut ! » 138 BM : lignee (-ie est une terminaison normanno-picarde.) « N’y en » est scandé « nyen » en 1 syllabe ; voir la note 40. 139 Un adultère. « Ilz faisoient la vilanie. » Opuscules tabariniques. 140 Chienne, femelle du mâtin. 141 Cocorico ! Cette double interjection sonne comme un cri de guerre. Cf. Colin, filz de Thévot, vers 90 et note. 142 Coite, muette. 143 Par extraordinaire. 144 BM : De ce (Voir le vers 194.) 145 BM : Je 146 Que l’Enfer me brûle. 147 BM : Je lose 148 Ces godelureaux, ces galants. 149 BM : ne gaudir (Voir les vers 42-43.) 150 BM : malheureux (Ni heureux, ni chanceux. « La femme estoit eureuse et bien fortunée, qui de tel mary estoit douée. » Cent Nouvelles nouvelles.) 151 BM : sadonne (Les mots viennent plus naturellement.) 152 Tordu. 153 Mal filé, mal fait. 154 Ce qu’il y a. Anguillé se dit d’un galérien qui a subi une anguillade : qu’on a fouetté avec une peau d’anguille. En Normandie, « anguiller » = se glisser dans une rue : « En anguillant dez Augustins la rue. » (La Muse normande.) Enfin, l’anguille désignant notoirement le pénis, un anguillé pourrait à la rigueur être un sodomite passif. G. Bouchet parle d’une femme qui traite son époux de « maquereau, rufien, paillard, ribaud, fouetté, larron, bougre ». 155 Contente-toi de ce que tu as. 156 Une mésaventure, un accident. 157 BM : De ce (Voir le vers 94.) 158 BM intervertit la rubrique et la didascalie. 159 Faites attention à mes yeux ! 160 Façonnée, droite. C’est une comparaison ironique : « Dame Flourence l’Escornée,/ Longue eschine et plate fourcelle [poitrine] (…),/ Façonnée comme une chandelle. » (G. Coquillart.) Notons qu’au vers 428, Alix se compare elle-même à une chandelle qu’on offre à un saint. Le comédien qui jouait son rôle devait être grand et maigre, ce qui correspond à l’idée qu’on se fait d’une femme revêche. 161 BM : ten arracheray 162 La farce du Savatier et Marguet présente deux couples similaires aux nôtres ; la harpie traite son souffre-douleur de « meschant vilain infâme ». 163 Vais. Idem vers 480, 512, 537, 546. Sortable = convenable. 164 Amicale. 165 BM : et — Cop. : il est (« Il est bien fol, qui se marie. » Le Savetier qui ne respond que chansons, F 37.) 166 Il sort et rejoint Matthieu. 167 Ton séjour au purgatoire n’est pas terminé. 168 Si je n’avais pas battu en retraite. 169 BM : ta (Puisque tu la supportes depuis si longtemps.) 170 BM : duray (Ahan = peine, épreuve. Cf. le Prince et le deux Sotz, vers 128.) « Ysaac, Jacob, qui maint ahan/ Eurent. » ATILF. 171 BM : en endurant (Durant cette année. « Cest an durant, furent desconfits les Anglois devant Patay. » Cronique martiniane.) 172 Ce sera fait. 173 Devant chez lui, il appelle sa femme. 174 BM : voyez cy 175 Vous m’embrasserez, pour que je puisse juger si vous êtes bien mon mari. Matthieu entre, et Colin se poste devant la fenêtre ouverte. 176 De bon cœur. 177 Le museau. « Léquer le morveau » est une expression normande. « Luy demander comment elle se porte, et luy lécher le morveau (…) sans exécuter ce qui importe le plus. » Odet de Turnèbe. 178 Cette chanson à la mode, interchangeable au gré des représentations, n’a pas été conservée. Dans le Savatier et Marguet, le couple heureux passe son temps à chanter, alors que le couple hargneux s’injurie en permanence. 179 Restaurons-nous un peu. 180 BM : recommencer (« Venez céans asseurément/ Boire et menger ! » Les Femmes qui font escurer leurs chaulderons.) 181 D’hier soir. Les Normands prononçaient « essair », qui rime avec mangèr. « Voulant souper, essair, à la c[h]andelle. » La Muse normande. 182 Il ne s’agit pas de Colin mais d’un des amants de Jeanne. Il était d’usage d’apporter à boire et à manger aux rendez-vous galants. Par exemple dans le Poulier : « J’aporteray, pour le repas,/ Un gras chapon avec une ouée./ Et du vin. » 183 Ça m’est égal. Matthieu exprime la même indifférence aux vers 540 et 589. 184 Avec une pudeur qui devait être fort comique, elle parle à l’oreille de son époux, afin qu’il s’acquitte du devoir conjugal. 185 « Vous ne me le ferez plus : ma mère m’a mariée. » Brantôme. 186 Elle boit dans le verre de son mari, selon un vieux rituel amoureux. 187 « –Voyelà du vin. –Est-il bon ? » Troys Gallans et Phlipot. 188 Comme du cendal, de la soie rouge. 189 Comment trouvez-vous ce vin ? 190 Quand maître Pathelin montre à sa femme le drap qu’il a volé, il dit : « –Je n’en doy rien./ Il est payé, ne vous en chaille./ –Vous n’aviez denier ne maille. » 191 Comptant. Il y a peut-être un clin d’œil au public : « Mais avant, fus privé de mon argent comptant,/ Dont je fus par trop fol d’achetter ung con tant. » Jehan Molinet. 192 Avez-vous tellement d’argent ? 193 Il n’y eut jamais d’argent sans que… 194 BM : peu (Quelque pièce frappée d’une croix. Cf. le Bateleur, vers 147.) 195 BM : Encores 196 Avec des mots. C’est l’éternelle opposition entre Dire et Faire, illustrée dans Raoullet Ployart. 197 Le vin vous donnera de la mémoire (note 77 des Coppieurs et Lardeurs), et ainsi, vous vous souviendrez que nous devons faire l’amour. 198 Boire d’autant à quelqu’un : boire à sa santé pour sceller un marché. Afin de porter ce toast, Matthieu se lève en chancelant. 199 À mon run, à mon tour. Cf. Mallepaye et Bâillevant, vers 48. 200 BM : premiere 201 Ravivez le feu de la cheminée. 202 BM : Entreprenant (Entre-temps, pendant que. « Entretant que le fer est chault, on le doibt batre. » Godefroy.) 203 BM : demonte (Matthieu a pris racine. « Vuidez tost, c’est trop demouré ! » Ung jeune moyne.) Sans plus se cacher, Colin appelle Matthieu par la fenêtre. 204 J’y vais : je viens. Dans le Savatier et Marguet, l’un des deux maris appelle l’autre : « –Jaquet, hay ! hay ! –Je voys, je voys. » 205 Aujourd’hui, maintenant. 206 Présentement, tout de suite. 207 Elle désigne Colin, qui attend devant la fenêtre. 208 Tout à l’heure. Mais on peut comprendre : à 7 heures. Matthieu sort et rejoint Colin. 209 BM intervertit la rubrique et la didascalie. 210 BM : memporte (Que le diable emporte la mienne ! Voir le vers 174.) 211 BM : la 212 Quoique la tienne ait le cul tendre. « Et ! vous avez le cul trop tendre. » (Le Poulier à quatre personnages.) Dans Saincte Caquette, il est question de « femmes tendres du bas ». 213 Encore un personnage non identifié. Bécu = pointu comme un bec, ou comme les cornes d’un « becque-cornu » (Le Roux), c’est-à-dire d’un cornard. Bécu qualifie également le nez d’un alcoolique : « De jeune femme (portée) sur le vin, nez rouge et beccu. » Trésor des sentences. 214 Je parie un écu. 215 BM : la vie (Rime correcte aux refrains 565 et 571.) 216 Elle mènerait une mauvaise vie. 217 Quand bien même ce serait vrai. 218 Je refuse de le reconnaître. 219 D’abord. 220 Porte la culotte. Dans le Savatier et Marguet, l’époux de la femme acariâtre se plaint : « Suys-je pas de malle heure né,/ De te voir estre ainsy mêtresse ? » 221 L’auteur a bien lu –et bien retenu– les XV Joyes de Mariage, où le pauvre mari « use sa vie en douleurs et en tourmens ». 222 BM : peu (Un peu d’aise, de plaisir.) 223 Prête son « bas » (vers 153), ou son derrière (vers 612). 224 Matthieu aime mieux boire que faire l’amour : vers 248, et 531-533. 225 Si elle est bien vêtue, c’est la preuve qu’elle se fait entretenir par un amant. 226 De leurs soupirants du vers 588. 227 BM : derriere (De leurs deniers. « Ung chappon [vault] XV denrées, et une géline, XII denrées. » ATILF.) Les galants doivent payer pour obtenir les faveurs des dames. 228 Débraillée. 229 Sale. 230 Dans toute l’espèce. 231 Il n’y a qu’une aguicheuse. « Ceste femme estoit fort mondaine, désiroit estre fort bien vestue et parée, et si, aymoit le desduit d’amours. » ATILF. 232 Parfois, on se plaint d’elle. 233 Aussi ahuri que soit un homme. 234 Il n’y manque rien. 235 Après avoir examiné ton cas et le mien. 236 Qui montre une figure agréable à son mari. Ce double rondeau est probablement chanté, comme Jehan Molinet le suggère dans l’Art de Rhétorique : « Et ceste manière de rondeler sert aux chansons de musique. » 237 BM : en (Forme correcte au refrain de 620, mais faute identique à celui de 627.) 238 La femme volage est plus précieuse. 239 Il est évident. 240 Dessous, BM répète inutilement le refrain B : Secrettement que femme a malle teste 241 La peine qu’elle vous cause n’est pas grave. 242 BM restitue leur nom aux deux hommes : ne voulant pas faire déborder cette ultime colonne, l’éditeur a placé les rubriques sur la même ligne que le texte en décasyllabes ; et pour qu’elles y entrent, il a dû les raccourcir. 243 BM : derriere 244 Que vous ne repartiez. 245 À la mode. Cf. le Résolu, vers 127, 202 et 279. Avant le salut, il est de tradition que les comédiens chantent une chanson dans l’air du temps.