FRÈRE FRAPPART

BnF, Ms. allemand 106

BnF, Ms. allemand 106

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FRÈRE  FRAPPART

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Cette pièce est peut-être du même auteur qu’une sottie de la fin du XVe siècle, les Esveilleurs du chat qui dort, et qu’une farce contemporaine, le Mariage Robin Mouton : l’on y reconnaît la même abondance de triolets, de didascalies, d’hiatus, et de saints à la rime, ainsi que plusieurs mots peu courants.

Ici, tous les personnages se prénomment Jean ou Jeannette, à l’exception du frère Frappart1. C’est ainsi qu’on baptisait les moines paillards, notamment les Cordeliers : « Ce Cordelier, qui estoit ung frère Frappart, embrasé de chaleur naturelle et du désir de luxure. » (Guillaume Tardif.) FRÈRE FRAPPART est le sous-titre de la pièce ; le titre original étant beaucoup trop long, j’ai donné à cette farce le nom de son « héros »2.

Source : Recueil de Florence, nº 23. Il suffit de voir avec quelle désinvolture on a imprimé les refrains, qui auraient dû être identiques entre eux, pour comprendre que le texte n’est pas en bon état.

Structure : Rimes abab/bcbc, abababab, rimes plates, avec 17 triolets (parfois enchaînés par 4 ou par 5) : cette versification n’est pas adaptée au théâtre et ralentit l’action. C’est d’autant plus curieux que les personnages ne cessent de vouloir agir au plus vite : sans demeure, nous haster, sans demourance, bien vistement, incontinent, sans que plus débatons, mettre diligence, tout batant, sans que plus n’arrestons, errant, sans faire plait, comme une aronde, tost, sans nul séjour, sans plus attendre, avoir le vent au cul, sans attendue, tout à ung trait, sans séjourner, sans arrest, sans démise, sans détrier, bien brièfvement, venir bonne erre…

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Farce  de  la  femme  qui  fut

desrobée  à  son  mari  en  sa  hote,

et  mise  une  pierre  en  son  lieu.

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À quattre personnages, c’est assavoir :

       LE  LABOUREUR  [Jehan des Prés]

       LA  FEMME  [Jehannette]

       FRÈRE  FRAPPART

       LE  CLERC  [frère Jehan]

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                           FRÈRE  FRAPPART

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        LE LABOUREUR JALOUX  commence en disant :

     [Or], ma femme et ma ménagière,          SCÈNE  I

     Il est le temps et la saison

     Qu’on doit labourer chènevière3.

     Qui en veult avoir par raison

5     Grande planté4 et grant foison,

     Cultiver le fault de bonne heure ;

     Ou aultrement, sans achoison5

     On perdroit temps, je vous as[s]eure.

     Pour ce, allons-y sans demeure,

10   Je vous en prie, belle dame.

           LA  FEMME,  faignant estre impotente

             et ne povoir soustenir sur ses piedz.

     Las ! mon amy, c’est chose seure

     Qu’aler n’y pourrois, par mon âme !

           LE  LABOUREUR

     Et pourquoy non, ma gente femme ?

     Quel accident vous est venu ?

           LA  FEMME

15   Las ! Dieu vous gard(e) de tout diffame6,

     Mais trèsgrant mal m’est advenu.

           LE  LABOUREUR

     Vécy ung cas mal advenu !

     [Pour qu’y mette mon estudie,]7

     Or me dictes [par le]8 menu

     Où vous tient vostre maladie.

           LA  FEMME

20   Puisqu’il convient que je le die,

     Il me tient aux jambes et aux piedz.

           LE  LABOUREUR

     Il faut bien qu’on y remédie

     Par fine force de pier9.

           LA  FEMME

     De tout cela suis estourdie :

25   Congnoissez10 que me coppiez !

           LE  LABOUREUR

     Il fault aller chez le frippier

     [Pour de bons chaussons]11 vous chausser,

     Affin que soyez chauldement ;

     Ung de ces jours, sans vous faulcer12,

30   G’iray pour en avoir, vrayment.

     Pourtant, il nous convient haster

     De labourer premièrement

     Le chanvre ; [ore] il en fault penser,

     Saison en est certainement.

     [Sans demeure allons labourer :]13

35   Faire le fault sans demourance,

     Ne ci faire plus grant libelle14.

     De prendre ma houe m’avance15,

     Tous mes oustilz et allumelle16.

     Mettre ne vueil en oubliance,

40   Par saincte Marie la belle17,

     Ma grant boutaille d’acointance18

     Plaine de liqueur nompareille :

     Avec elle, ferons grant19 chère

     En labourant, je vous affie.

45   Partirons-nous, m’amye chière ?

           LA  FEMME

     Par Celuy en qui je me fye !

     Aller ne puis n’avant, n’arrière.

           LE  LABOUREUR

     M’amye, je vous certiffie

     Que compaignie, sans renchière20,

     [Ou aultrement je vous deffie,]21

50   Vous me tendrez22 au labouraige.

     [Tandis que je laboureray,]

     J’en auray trop meilleur courage

     De besongner, quant vous verray.

           LA  FEMME

     C’est à propos ! Comment iray-je ?

           LE  LABOUREUR

     Ha ! certes, je le vous diray.

55   (J’ay advisé en ce passaige23.)

     Pour mieux faire, vous porteray,

     Et vous mettray dedans ma hotte.

     Ainsi, tout bien se portera.

           LA  FEMME

     Posay que la façon24 est sotte,

60   Faictes tout ce qu’il vous plaira.

           LE  LABOUREUR

     Que je vous ambrasse, ma sotte25 !

     Pour veoir comment il en yra,

     Estes-vous bien, ma dorelotte26 ?

           LA  FEMME

     Chascun, de vous se mocquera,

65   De me porter aux champs ainsi.

           LE  LABOUREUR

     Laissez-leur en faire le gal27.

           LA  FEMME

     D’autre part, il y a ung si 28,

     Que s’il me prenoit aulcun mal,

     Vous en serez presque transi29,

70   Desprisay et mis au raval.

           LE  LABOUREUR,  en chargant la hotte.

     Non feray. Cherger fault cecy,

     Et m’en iray par cy-aval30

     Pour besongner bien vistement.

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           FRÈRE  FRAPPART,  le questeur 31 cordelier,

               advise 32 le laboureur portant sa femme.

     Ha ! frère Jehan : le transporteur !          SCÈNE  II

75   Vélà ung sot, par mon serment !

     Ung villain jaloux [qu’est porteur]33

     De sa femme tout seurement

     En une hotte, j’en suis seur,

     Pour la garder plus vivement

80   Et en estre trop plus asseur34.

     C’est le laboureur de cy-près35 ;

     Sa femme contrefaict la morte.

           LE  CLERC

     Qui est-il ? Esse Jehan des Prés36 ?

           FRÈRE  FRAPPART

     Et ouy. Que le dyable l’emporte !

85   Nous entresentons com(me) cyprès37.

     Sa femme vers moy bien se porte38

     (Je le vous prometz par expretz39)

     Quant son mary passe la porte40.

     C’est femme de bien, pour cela.

           LE  CLERC

90   Dictes-vous vray ?

           FRÈRE  FRAPPART

                Ouy, sans nul(le) doubte.

     Quant je huche41 : « Holà ! qui est là ? »,

     Incontinent sus je me boute42 ;

     Tout à deux coups43 c’est fait, vélà.

     Aultre chose il ne me couste.

95   [Nul ne]44 chante ne sol, ne la45.

     [Lorsque l’ung contre l’autre on joute,]46

     G’y ai plaisance infinie.

           LE  CLERC

     Y allez-vous souvent ?

           FRÈRE  FRAPPART

                   Nenny.

           LE  CLERC

     Si faictes, si !

           FRÈRE  FRAPPART

              Je le vous nye !

           LE  CLERC

     Pourquoy ?

           FRÈRE  FRAPPART

             De peur d’estre pugny,

100  Et trouve[r] malle47 compaignie.

           LE  CLERC

    En avez-vous esté bany ?

    Puis peu de temps ? Je croy que non.

           FRÈRE  FRAPPART

    Non. Mais je crains d’avoir fornye48

    Mon eschine (ou je regny49)

105  De trèsmauvais coups de baston[s] :

    Ce jeu-là ne m’est point plaisant.

    Or sus ! Sans que plus débatons,

    Il fault affiner50 ce galant,

    Frère Jehan. Il fault que mettons

110  Diligence, et tout batant51,

    Sans ce que plus icy n’arrestons52,

    D’avoir ceste femme errant53

    Pour en jouyr à mon souhait.

           LE  CLERC

    Par quel(le) façon pourra-il estre ?

           FRAPPART

115  Nous ferons trèsbien nostre fait,

    Se m’en croyez, par sainct Silvestre !

    Je m’en iray, sans faire plait54,

    Par ce chemin icy à dextre55,

    Au-devant de luy tout attrait56,

120  Affin de mieux le faire paistre ;

    Et après luy, yrez le pas57.

           LE  CLERC

    Et puis, que [me] fauldra-il faire ?

           FRÈRE  FRAPPA[R]T

    Il fault que vous n’oubliez [pas]

    Une aultre chose.

           LE  CLERC

               Sainct Hylaire !

125  Et quoy ?

           FRÈRE  FRAPPART

           Une pierre en voz bras,

    Trèsgrosse, il est nécessaire.

    Et le suivez tout par compas58.

           LE  CLERC

    Et puis ?

           FRÈRE  FRAPPART

           [Alors,] à son viaire59

    M’aparoistré trèsbien et beau,

130  Le blasonnant60 le mieux du monde.

           LE  CLERC

    Et cependant ?

           FRÈRE  FRAPPART

               Par sainct Marceau !

    Sans sonner mot (ou qu’on vous tonde61 !),

    Prendrez la femme [à ce]62 lourdeau,

    Et [en] son lieu, parolle ronde63,

135  La pierre mettrez pour fardeau.

    Puis la portez comme une aronde64.

    Et en ce point, il sera prins.

           LE  CLERC

    Seullement allez l’amuser ;

    Pour le surplus, je suis aprins65.

           FRÈRE  FRAPPART

140  Se je ne le sçay abuser,

    D’ygnorance seray surprins.

    Je sçay assez de bien ruser :

    Jamais, de ce, ne suis reprins.

    On ne me doit point refuser

145  Pour ung bon bailleur de bons jours66.

           LE  CLERC

    Or allez tost, sans nul[z] séjours67,

    Affin d’avancer nostre cas 68

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           FRÈRE  FRAPPART69       SCÈNE  III

    Je prie à Dieu que cent ducatz

    Vous doint70, et trèsbonne sancté71 !

           LE  LABOUREUR

150  À vous aussi, par saint Lucas !

           FRÈRE  FRAPPART

    [Je prie à Dieu que cent ducatz]

    Vous vueil donner sans rebécas72 !

           LE  LABOUREUR

    [Que] Dieu vous tienne en équité !

           FRÈRE  FRAPPART

    Je prie à Dieu que cent ducatz

155  Vous doint Dieu, et [très]bonne sancté !

    Or çà, sire, en cest esté,

    Le temps s’est-il porté deuement73 ?

           LE  LABOUREUR

    Il a terriblement venté.

           FRÈRE  FRAPPART

    Or çà, sire, en cest esté,

160  A-il esté rien tempesté74 ?

           LE  LABOUREUR

    Rien ne sçay véritablement.

           FRÈRE  FRAPPART

    Or çà, sire, en cest esté,

    Le temps s’est-il porté deuement ?

           LE  LABOUREUR

    La mercy Dieu, passablement.

165  Besoing n’y a que de pécune.

           FRÈRE  FRAPPART

    La reigle en est toute comune75.

    Le remède, c’est pacience.

           LE  LABOUREUR

    Il est vray ; ce n’est pas science

    D’en murmurer, et tant en sçay-je76 !

           FRÈRE  FRAPPART

170  Présent allez au labouraige,

    Ainsi que j’ay présupposé ?

           LE  LABOUREUR

    Ouy, sire.

           FRÈRE  FRAPPART

           C’est très bien advisé.

    Fait-il bon cultiver la terre ?

           LE  LABOUREUR

    Ouy dea, monsïeur.

           FRÈRE  FRAPPART

                 Par sainct Pierre 77 !

175  C’est donc trèsbien fait d’y entendre.

    Aller m’en fault sans plus attendre,

    Pour disner à nostre couvent.

           LE  LABOUREUR

    Saige serez, à tout comprendre78.

           FRÈRE  FRAPPART

    Aller m’en fault sans plus attendre,

180  Et vous79, laboureur, sans mesprendre,

    Combien qu’ayez au cul le vent80.

    Aller m’en fault sans plus attendre,

    Pour disner à nostre couvent.

    Adieu vous dy, pour le présent ;

185  Une aultre fois nous vous verrons.

           LE  LABOUREUR

    Allez à Dieu, qui est décent81

    Pour nous pourvoir quant nous mour[r]ons.82

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           FRÈRE  FRAPPART83       SCÈNE  IV

    Or çà, m’amours, nous jouyrons

    Maintenant d’amours à plaisir.

           LA  FEMME

190  Accolerons et baiserons.

           [FRÈRE  FRAPPART]

    Or çà, m’amour, nous jouyrons.

    L’ung contre l’autre jouxterons84.

           LA  FEMME

    D’autre chose je n’ay désir.

           FRÈRE  FRAPPART

    Or çà, m’amour, nous jouyrons

195  Maintenant d’amour à plaisir.85

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           LE  LABOUREUR86         SCÈNE  V

    Il me fault icy, par loysir,

    Poser et mettre ma hottée :

    De travail pourrois bien basir87 !

    Il me fault icy, par loysir,

200  Descharger ; puis après, choisir

    Lieu pour commencer ma journée.

    Il me fault icy, par loysir,

    Poser et mettre ma hottée…

    Ha ! Jehannette, mon assotée,

205  M’amye, [où] estes-vous perdue88 ?

    Vous a-l’en d’icy emportée ?

    Ha ! Jehannette, mon assottée,

    Vous a point quelq’ung transportée ?

    Ou s’en pierre estes-vous89 rendue ?

210  Ha ! Jehannette, mon assotée,

    M’amye, [où] estes-vous perdue ?

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           FRÈRE  FRAPPART90       SCÈNE  VI

    Aller me fault, sans attendue,

    À vostre mary veoir qu’il fait91.

           LA  FEMME

    Advis luy est que suis fondue92.

           FRÈRE  FRAPPART

215  Aller me fault, sans attendue,

    Par-devers luy, la main tendue93,

    Luy demandant s’il94 a forfait.

    Aller me fault, sans attendue,

    À vostre mary veoir qu’il fait.

           LA  FEMME

220  Allez-y donc tout à ung trait95,

    Et le parachevez de paindre96.

           FRÈRE  FRAPPART

    Je le feray (je vous promet)

    Tantost plourer sans plus s’en faindre97.

           LA  FEMME

    Ne vueillez plus icy remaindre98 :

225  Allez-vous-en sans séjourner.

           FRÈRE  FRAPPART

    Je le [vays si au]99 vif attaindre

    Qu’à vous obeir vouldra péner100.

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    Mon voisin, Dieu vous vueil donner         SCÈNE  VII

    Bonne sancté et bonne vie !

           LE  LABOUREUR

230  Las ! Monseigneur, je me desvie101,

    Ou peu s’en fault, je vous prometz !

           FRÈRE  FRAPPART

    Avez-vous sur quelq’ung envie102 ?

           LE  LABOUREUR

    Las ! Monseigneur, je me desvie

    Pour ma femme, je vous pleuvie103,

235  Que j’ay perdue pour tous metz104.

    Las ! Monseigneur, je me desvie,

    Ou peu s’en fault, je vous prometz !

           FRÈRE  FRAPPART

    Voicy ung piteux entremetz105 !

    [Elle] est perdue ? Mais à quel jeu106 ?

           LE  LABOUREUR

240  D’aulcun107 espoir je me desmetz.

           FRÈRE  FRAPPART

    Voicy ung très piteux entremetz !

    Tel chose, se, croy n’avint jamais.

           LE  LABOUREUR,  monstrant sa hotte.

    Je l’ay perdue en ce lieu.

           FRÈRE  FRAPPART

    Voicy ung piteux entremetz !

245  [Elle] est perdue ? Mais à quel jeu ?

           LE  LABOUREUR

    En celle hotte, par le sang bieu,

    [Je] l’ay perdue, et non ailleurs.

           FRÈRE  FRAPPART

    En celle hotte ? Par saint Mathieu !

           LE  LABOUREUR

    En celle hotte, par le sang bieu,

250  Je la portoye. Mais j’advoue Dieu108 !

    Celle pierre est pour ses valleurs109.

    En celle hotte, par le sang bieu,

    [Je] l’ay perdue, et non ailleurs.

           FRÈRE  FRAPPART

    Ha ! mon amy, ce sont couleurs110

255  Que gramment avez offencé111.

           LE  LABOUREUR

    Peult-estre que ce sont railleurs112 ?

           FRÈRE  FRAPPART

    Ha ! mon amy, ce sont couleurs

    Que vous avez, pour voz folleurs113,

    Quelque péché fait ou pensay.

260  Ha ! mon amy, ce sont couleurs

    Que gramment avez offensay.

           LE  LABOUREUR

    Et ! par mon âme, je ne sçay

    Se c’est point par ma jalousie.

           FRÈRE  FRAPPART

    De ce, [vous seriez]114 incensay !

           LE  LABOUREUR

265  Et ! par mon âme, je ne sçay.

    Trèstout pensay et pourpensay115,

    J’en avoys116.

           FRÈRE  FRAPPART

              Et quoy ? fantasie117 ?

           LE  LABOUREUR

    Et ! par mon âme, je ne sçay

    Se c’est118 point par ma jalousie.

           FRÈRE  FRAPPART

270  Or me dictes, par courtoisie,

    Pour quel cause [vous] la portiez.

           LE  LABOUREUR

    Je le diray par amitiéz119 :

    Cheminer elle ne povoit

    Sur les piedz (ainsi qu’el(le) disoit),

275  Par accident survenu brief120.

           FRÈRE  FRAPPART

    Vélà dont vient tout le meschief121.

    Et donc, vous dampn[er]ez vostre âme,

    Mescroyant122 vostre preudefemme

    D’estre paillarde [et] adultaire,

280  Qui ne l’est pas, mais débonnaire

    Et loyalle à sa partie123.

    Pour cela, Dieu l’a convertie124

    Et [l’a] réduyte en celle pierre.

    Par péché, trèssouvent on erre125,

285  Dequoy on a pugnition

    En quelque temps. Sans fiction126,

    C’est une reigle bien commune.

    En Bible, avons histoire d’une

    Et d’un quidem127 à qui Dieu dist

290  Que brief d’une cité sortist,

    Et qu(e) après luy128 ne regardast,

    Mais sans séjourner s’en allast.

    Le commandement Dieu trespassa129 :

    Mais plus avant el ne passa

295  Qu’en pierre Dieu la transmua ;

    Et d’ainsi, long temps ne mua.

    Maintenant m’en est souvenu130.

    Ce malheur cy [n’]est advenu

    [Que] par vostre énorme péché,

300  Dont avez esté entaché

    En pensant mal131 où point n’y est.

           LE  LABOUREUR

    Et quel remède ?

           FRÈRE  FRAPPART

                Sans arrest132,

    Il vous fault du tout disposer133,

    Sans reffuser ne opposer,

305  À requérir grâce et mercy

    À Dieu (lequel vous face ainsi !),

    Et luy plaise vous pardonner,

    Par ainsi que [vous adonner]134

    Au grant jamais vous ne vouldrez

310  D’aultruy mesdire, ne touldrez135

    À nul sa bonne renommée.

    Et luy plaise que transmuée

    Soit vostre femme, et [soit] remise

    Au premier estat, sans démise136.

315  Or, priez Dieu, [ses] sainctz et sainctes.

    Et je m’en vois sans nulles fainctes

    À nostre couvent le prier.

    Or vous verrez sans détrier137,

    [Mais] bien brièfvement, vive et saine,

320  Vostre femme en chair humaine,

    Bien formée et [bien] restablie.138

.

           LE  LABOUREUR,  à genoulx.   SCÈNE  VIII

    Saincte Trinité anoblye,

    Père et Filz et Sainct-Esperit :

    Je te prie, pas ne m’oublye.

325  Deffends-moy contre l’Antrécrist

    Qui doit venir, com dit l’escript.139

    Je te pry que par ton édit140

    Ma femme me soit retournée,

    Tantost en son premier estat,

330  Qu’ainsi m’a esté destournée.

    Il te plaise la m’adresser,

    Et jamais ne sera journée

    Que ne t’ayme sans varier141.

    J’ay bien failly, en ceste année,

335  À te servir, dont mercy quier142

    Et te supply : pardonne-moy !

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           FRÈRE  FRAPPART143       SCÈNE  IX

    Je l’ay bouté en grant esmoy

    D’avoir péché, et en grant doubte.

           LA  FEMME

    Et comment ?

           FRÈRE  FRAPPART

              À genoulz se boutte,

340  Et prie Dieu dévotement

    Qu’i vous retourne144 brièfvement,

    Et jamais ne vous mescroira145.

           LA  FEMME

    C’est bien besongné !

           FRÈRE  FRAPPART

                  Il fauldra

    Que frère Jehan si vous retourne146

345  Et, sans tenir le pied à borne147,

    S’en revienne, [ci pris ci]148 mis.

           LE  CLERC149

    (Je ne suis fondu ne remis150

    Que ne le [luy] face à deux coups151…)

           FRÈRE  FRAPPART

    O ! frère Jehan, mon amy doulx :

350  Apportez-la ! Je voys152 devant

    Pour la musser153, de ce me vant154 ;

    Et venez après moy bonne erre155.

    Et n’oubliez pas vostre pierre

    À raporter, qu’il ne l’advise.

           LE  CLERC

355  Allez, j’entens bien la devise ;

    Ne vous chaille, laissez-moy faire.

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           FRÈRE  FRAPPART156       SCÈNE  X

    Or çà, mon amy débonnaire,

    Avez-vous bien Jésus prié ?

           LE  LABOUREUR

    Oncques-puis157 ne cessay de braire.

           FRÈRE  FRAPPART

360  Or çà, mon amy débonnaire,

    Une oraison vous fault refaire.

           LE  LABOUREUR

    J’ay bien à Dieu mercy criay158.

           FRÈRE  FRAPPART

    Or çà, mon amy débonnaire,

    Avez-vous bien Jésus priay ?

           LE  LABOUREUR

365  Je l’ay priay et dépriay

    Autant que m’a esté possible.

    Mais aucune chose visible

    Je n’ay veue de ma fumelle159,

    Ne ouÿe aulcune nouvelle.

370  Je ne sçay, moy, que ce peult estre160.

.

           LA  FEMME,  retournée 161    SCÈNE  XI

    Dieu vous bénie (le Roy célestre),

    Mon mary et la compaignie !

           LE  LABOUREUR

    Trèsbien venez-vous en cest estre162 !

           LA  FEMME

    Dieu vous bénie (le Roy célestre) !

375  Par ce qu’avez voulu promettre

    À Dieu, il m’a à vous unie163.

    Dieu vous bénie (le Roy célestre),

    Mon mary et la compaignie !

           LE  LABOUREUR

    Ha ! ma femme, Dieu vous bénye !

380  Mercys vous requier, et pardon !

    Je vous ay fait grant villenie.

    Ha ! ma femme, Dieu vous bénye !

    Vous estes de bonté garnye :

    Du vray Dieu en avez le don.

385  Ha ! ma femme, Dieu vous bénie !

    Mercy vous requiers, et pardon !

           LA  FEMME164

    En nostre amour nous concordon

    Par nos ditz, vous tous le(s) voyez.

           LE  LABOUREUR

    Mais que point ne nous discordon !

           LA  FEMME

390  En nostre amour, nous concordon.

           LE  LABOUREUR

    Se aultrement nous accordon165,

    Nous pourrons estre desvoyéz.

           LA  FEMME

    En nostre amour nous concordon

    Par nos ditz, tous vous le voyez.

           FRÈRE  FRAPPART

395  Bien faisant, soyez avoyéz166 !

    Adieu vous dis, pour le présent :

    Je ne vous puis pas convoyez167.

    Bien faisant, soyez advoyéz !

    Se d’honneur vous vous p[o]urvoyez,

400  Prouffit aurez bel et décent168.

    Bien faisant, soyez advoyéz !

    À Dieu vous dy, pour le présent.

.

                                              EXPLICIT

*

1 Voir le vers 527 de Serre-porte, et le vers 137 de Ung jeune Moyne et ung viel gendarme.   2 Jelle Koopmans a fait de même dans son édition : le Recueil de Florence, Paradigme, 2011, pp. 341-351.   3 Champ où pousse du chanvre, dont on tirait le chènevis. On le labourait surtout en hiver, et plusieurs fois au printemps avant de semer.   4 Quantité.   5 Sans raison, bêtement.   6 Qu’on n’aille pas croire que vous m’avez battue.   7 Vers manquant. « En l’art de médecine/ Ay mis mon estudye…./ À mainte maladye/ Je say donner comfort. » ATILF.   8 F : le pas  (Par le détail.)   9 Le verbe pier [boire du vin] remplace comiquement le verbe prier. Cf. Tout-ménage, vers 193. La rime -iez / -ier est irrégulière ; voir la note 167.   10 F : Congnoissance  (Reconnaissez que vous vous moquez de moi : « Congnoissez que ce n’est point pour l’amour de vous. » Calvin.)  Cf. les Coppieurs et Lardeurs qui sont copiéz et farcéz.   11 F : De bons chaussons pour  (Pour vous chausser de bons chaussons.)   12 Sans vous mentir.   13 Je reconstitue ce vers manquant d’après le vers 9.   14 Et sans faire ici de plus longs discours.   15 Je m’apprête à prendre ma houe. C’est une pioche à une, deux ou trois dents (voir l’illustration). « Hou-e » compte pour 2 syllabes.   16 Mon couteau.   17 Ce vers revient trois fois dans la farce de Pathelin, que notre auteur a toujours en mémoire.   18 Ma cruche de compagnie (voir l’illustration), afin de pouvoir « pier », comme cela est préconisé au vers 23.   19 F : bonne  (« Croyez-moy, nous ferons grant chère. » La Résurrection Jénin à Paulme.)   20 Sans faire de difficultés. « Et faisons icy, sans renchière,/ Ung tronsonnet de bonne chière. » L’Aveugle et Saudret.   21 Vers manquant. « Ou autrement je vous deffie de par lui. » Bérinus.   22 Que vous me tiendrez compagnie.   23 J’ai réfléchi à ce détail.   24 F : facan  (Étant admis que cette façon de faire.)   25 Il prend sa femme par les hanches comme pour l’embrasser, et la met dans la hotte, qui est posée par terre. Les comédiens qui jouaient le laboureur et le clerc devaient être particulièrement musclés ; celui qui jouait la femme était plutôt fluet.   26 Ma mignonne.   27 Se galer, plaisanter.   28 Un inconvénient. « Mais encore y a-il ung si. » Les Chambèrières et Débat.   29 À demi mort.   30 Un peu plus bas. « Nous en allons par cy-aval. » Les Esveilleurs du chat qui dort.   31 F : chasseur  (Les ordres mendiants faisaient la quête, comme le Cordelier des Chambèrières et Débat.)  « Un questeur cordelier, prescheur de pardons. » Jean Sleidan.   32 F : aduisa  (Le moine, accompagné de frère Jean, son clerc, observe le couple à distance.)   33 F : qui se portent   34 Plus assuré de sa fidélité.   35 Le laboureur est voisin du couvent des Cordeliers : vers 228.   36 Le nom colle à la fonction. (Dans le Ramonneur de cheminées, un housseur se nomme Jean du Houx.) Mais notre auteur se réfère là comme ailleurs à la farce de Pathelin, qui évoque un Jean du Chemin <vers 896>.   37 Nous ne pouvons pas nous sentir. (Tous les jardiniers savent que deux cyprès trop proches l’un de l’autre se font concurrence.) « Comme » est abrégé en « com » à 326. En dépit du schéma des rimes, F met ce vers après 88.   38 Se transporte vite vers moi.   39 Je vous le jure expressément.   40 Sort de la maison.   41 Quand je crie devant sa porte.   42 J’entre. Ou bien : je me mets sur elle.   43 Expression érotique qu’on retrouve à 348. Voir le v. 109 des Femmes qui font escurer leurs chaulderons, et le v. 259 de Raoullet Ployart.   44 F : Ne nul  (Personne ne dit rien.)   45 F : fa  (La rime est en la.)  « Tu n’y congnois ne sol, ne la. » Éloy d’Amerval.   46 Je reconstitue ce vers manquant d’après 192.   47 Mauvaise ; ou bien : mâle. Bref, de peur de tomber sur le mari. C’est ce qui advient au Cordelier frère Guillebert, aussi lubrique et aussi lâche que Frappart.   48 Que mon échine ne soit fournie.   49 F : regnye  (Ou je renie Dieu. Cf. Colin filz de Thévot, vers 158 et 244. Dans la bouche d’un moine, ce juron est savoureux.)   50 Tromper avec finesse. Cf. Serre-porte, vers 285.   51 Tambour battant. Cf. Serre-porte, vers 551.   52 F : escoutons  (Sans que nous perdions davantage de temps. « Et plus à cecy n’arrestons. » Les Premiers gardonnéz.)   53 Sur le champ.   54 Sans discuter plus longtemps.   55 À droite. C’est un raccourci qui conduira le moine devant le laboureur.   56 À trait : directement.   57 Vous marcherez derrière lui.   58 Suivez le laboureur prudemment.   59 Devant son visage, devant lui. Cet archaïsme nous reporte au XVe siècle.   60 En le flattant. Réminiscence de Pathelin : « Vous l’avez happé/ Par blasonner, et attrappé/ En luy usant de beau langaige. »   61 On tondait les fous (le Roy des Sotz, note 82). Mais frère Jean, en tant que clerc, est déjà tondu !   62 F : au   63 En un mot. Cf. les Coppieurs et Lardeurs, vers 8.   64 Emportez la femme, aussi vite qu’une hirondelle. Cf. Troys Pèlerins et Malice, vers 36.   65 Appris, expert.   66 De bonjours. « Un donneur de bons jours : un courtisan, un flatteur. » (Antoine Oudin.) « Ung maistre bailleur de bons jours. » Le Mince de quaire.   67 Sans délai.   68 Notre pénis. Voir la note 117 des Cris de Paris.   69 Il arrive devant le laboureur, qui pose sa lourde hotte pour lui répondre.   70 Il vous donne. Ce salut n’est pas très catholique.   71 F : amitie  (La rime correcte est au refrain de 155.)   72 Sans que vous ayez à commettre d’abus. Cf. le Sermon joyeux de bien boire, vers 133. « Faire rebecca : “anticiper sur le terrain voisin en labourant” (Normandie). » ATILF.   73 Dûment, favorablement.   74 Quelque chose a-t-il été détruit par une tempête ?   75 C’est pareil pour tout le monde. Idem vers 287.   76 Je suis bien placé pour le savoir. Sans être vu, le clerc fait sortir la femme de la hotte.   77 Le moine rappelle à son clerc qu’il ne doit pas oublier de placer une pierre dans la hotte. Le clerc obéit, puis il s’éclipse avec la femme.   78 À tout prendre.   79 Et vous aussi. Sans méprendre = sans faute ; cf. Lucas Sergent, vers 94.   80 Parce que vous êtes pressé. Double sens : votre hotte ne contient plus que du vent.   81 Qui est à même de.   82 Sans regarder, le laboureur charge sur son dos la hotte lestée d’une pierre.   83 Il rejoint la femme du laboureur dans un bosquet. Le clerc les laisse seuls. Le dialogue des deux amants influencera celui de Martin de Cambray (F 41) : dans cette farce comme dans la nôtre, un curé enlève sa maîtresse par ruse, copule avec elle, puis la rend au mari en prière, lequel jure alors qu’il ne sera plus jaloux.   84 Nous jouterons sexuellement. « Se tu as point joutté/ À elle. » Les Enfans de Borgneux.   85 Le couple s’allonge derrière des feuillages : on ne le voit plus.   86 Il arrive à sa chènevière.   87 Je pourrais bien mourir sous l’effort. Cf. le Testament Pathelin, vers 540.   88 « Où estes-vous, mon cher enfant Tobie ?…. Où estes-vous perdu ? » Amable Bonnefons.   89 F : vous estes  (Ou bien êtes-vous changée en pierre ?)   90 Il se relève, ainsi que sa maîtresse.   91 Ce qu’il fait.   92 Que j’ai fondu comme neige au soleil.   93 Dans une posture christique.   94 F : quil  (S’il a commis un péché, pour que Dieu le punisse de la sorte.)   95 D’une traite.   96 Donnez-lui le coup de grâce. Cf. le Dorellot, vers 251.   97 Sans se retenir.   98 Demeurer.   99 F : feray si  (J’appuierai tant là où ça fait mal. « Il attaignit la jambe droicte de Lazanor si au vif, qu’il la luy coupa quasi en deux. » D’Herberay des Essarts.)   100 Il mettra toute sa peine. On scande « o-bèyr » en 2 syllabes, comme dans ces octosyllabes : « De vous obeir prent grant plaisance…. / De luy obeir c’est bien raison. » (Vie de ma dame saincte Barbe.) Frappart se rend dans la chènevière.   101 Je deviens fou.   102 Êtes-vous jaloux de quelqu’un ?   103 Je vous le garantis. Ce vieux mot fut rarement employé après le XVe siècle.   104 En tout et pour tout. « Per-du-e » compte pour 3 syllabes.   105 C’est le vers 247 du Poulier à quatre personnages. Cf. les Esveilleurs du chat qui dort, vers 111.   106 L’avez-vous jouée aux cartes ou aux dés ? (Voir la note 28 du Cousturier et le Badin.) Réminiscence de Pathelin : « Mais la manière de l’avoir/ Pour ung denier, et à quel jeu ? »   107 F : Daultre  (Je renonce à tout espoir.)   108 Juron qu’on peut traduire par : je crois en Dieu. Cf. les Esveilleurs du chat qui dort, vers 41.   109 Cette pierre équivaut à ma femme, elle en tient lieu.   110 C’est le signe.   111 Que vous avez grandement offensé Dieu.   112 Des mauvais plaisants qui m’ont fait une blague.   113 Par votre folie. Cf. les Esveilleurs du chat qui dort, vers 127.   114 F : series  (Vous seriez fou d’être jaloux d’une femme si fidèle.)   115 Tout bien considéré.   116 J’avais des cornes, j’étais cocu. (Cf. les Sotz ecclésiasticques, vers 257.) Là encore, on songe à un dialogue de Pathelin et de sa femme : « –En ay-je ? –De quoy ? »   117 Vous aviez des lubies ?   118 F : cestoit  (Même refrain que 263.)   119 F : aduisz  (« Si luy prie, par amytié,/ Qu’il en vueille avoir pitié. » ATILF.)   120 Récemment.   121 Voilà d’où vient ce malheur.   122 En soupçonnant votre honnête femme.   123 Envers son partenaire. Tous les propos du moine peuvent être entendus au second degré.   124 L’a transformée.   125 On commet des erreurs.   126 Sans mentir.   127 D’une femme et d’un quidam. Deux anges contraignirent Loth et son épouse à fuir Sodome sans regarder en arrière. La femme, désobéissante comme toutes les femmes de la Bible, ne put s’empêcher de se retourner : elle fut changée en statue de sel.   128 Que derrière lui.   129 Loth outrepassa le commandement de Dieu. Frappart falsifie l’épisode biblique pour rendre Loth –et donc le laboureur– responsable des malheurs de son épouse.   130 Frappart se souvient de la Bible, mais aussi de la farce de Pathelin, qui introduisait un apologue moralisateur de la même manière : « Il m’est souvenu de la fable/ Du corbeau. »   131 En voyant le mal.   132 Sans délai.   133 Vous devez vous apprêter.   134 F : habandonner  (À la condition que vous ne voudrez plus vous adonner à médire d’autrui.)   135 Ni n’enlèverez. Ce verbe toldre est une forme depuis longtemps périmée de l’archaïque verbe tolir : notre farce date incontestablement du XVe siècle.   136 Sans que Dieu se démette de faire cela. Mot hors d’usage depuis longtemps.   137 Sans tarder. Ce verbe avait connu son heure de gloire du temps de Froissart.   138 Le moine retourne auprès de sa maîtresse.   139 L’Apocalypse, jadis attribuée à saint Jean.   140 Par ton ordre.   141 Sans y manquer. Quand il priait Dieu ou les saints, le peuple recourait au chantage et aux menaces.   142 Ce dont je te demande pardon.   143 Il rejoint sa maîtresse et son clerc, frère Jean. On devine qu’il s’est passé quelque chose entre ces deux-là.   144 Qu’il vous ramène.   145 Plus jamais il ne vous soupçonnera d’être infidèle.   146 Vous ramène à votre mari. Devenant l’égal du laboureur cocu, le Cordelier trompé se livre à des glissements érotiques dont il n’a pas conscience : son clerc ne demande pas mieux que de « retourner » la paysanne.   147 Sans rester sur place. Tenir pied à borne = ne pas franchir une limite. « Il n’y a Édict de plus grande force & auctorité que le comportement & exemple des supérieurs, rien qui fasse tenir meilleur pied à borne que de les veoir les premiers à faire ce qu’ils commandent. » Jean de Marnix.   148 F : si pris si  (« Cy prins, cy mis : aussi tost faict que dict. » Proverbe.)  Le Cordelier joue involontairement sur le double sens érotique du verbe mettre. « Elle est, par bieu, en garnison/ En la chambre de quelque prestre,/ Et on ne la sçauroit mieulx mectre. » Les Queues troussées.   149 Dans un coin, il lorgne les charmes de la paysanne.   150 Amaigri ni dépourvu de muscles. « Et je puis bien fondre et remetre :/ Je n’ay que frire. » Ung biau miracle.   151 Pour ne pas le lui faire une seconde fois. Voir le vers 93.   152 Je vais.   153 Pour la cacher : pour détourner l’attention du laboureur pendant que vous la remettrez dans la hotte.   154 Je me fais fort de cela.   155 Rapidement.   156 Il revient à la chènevière.   157 Depuis tout à l’heure. La prière est assimilée au braiment des ânes.   158 Crié grâce. Derrière le laboureur, le clerc enlève la pierre de la hotte, dans laquelle il dépose la femme. Puis il s’esquive en emportant la pierre.   159 F : femme  (On trouve le normandisme « fumelle » au v. 313 de Saincte-Caquette, au v. 45 de Trote-menu, au v. 191 de la Mauvaistié des femmes, au v. 94 du Vendeur de livres, etc.)  « Vu-e » compte pour 2 syllabes.   160 Je ne sais pas ce qui se passe. Même vers dans le Prince et les deux Sotz.   161 Revenue.   162 Vous arrivez à point nommé en ce lieu.   163 Réunie, rendue. Le laboureur a promis de ne plus être jaloux.   164 Elle fait semblant de répondre à son mari, mais ses paroles affectueuses s’adressent au moine et au clerc.   165 F : discordon  (Cette rime est déjà prise à 389.)  Si nous nous accouplons autrement.   166 Vous qui faites le bien, soyez mis sur la voie céleste.   167 F : conuuoyez  (L’auteur avait le choix entre une conjugaison fautive <convoyez>, et une rime irrégulière <convoyer>. Il a sacrifié la conjugaison.)   168 Vous gagnerez le Paradis.

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