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TROYS PÈLERINS
ET MALICE
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Cette « farce morale1 » est en fait une sottie. Comme toutes les vraies sotties, elle donne la parole à un trio de Sots. La pernicieuse Malice veut les conduire en pèlerinage chez Désordre. Le mot « malice » avait un sens beaucoup plus négatif qu’aujourd’hui, en référence au Malin, au diable ; voir les Sotz fourréz de malice.
L’œuvre fait allusion à des événements de 1535. Elle est donc contemporaine d’une autre sottie normande conservée dans le même manuscrit, les Sobres Sotz, qui pourrait être du même auteur anonyme.
Source : Manuscrit La Vallière, nº 67.
Structure : Rimes plates, avec 4 triolets, et un douzain d’hexasyllabes en rimes croisées.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce moralle de
Troys Pèlerins
et Malice
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[MALICE], qui commence 2 SCÈNE I
Où sont ces pèlerins des maulx3 ?
Veulent-il poinct suyvre Malice
Par chans, vi[l]ages et hameaulx ?
Où sont ces pèlerins des maulx ?
5 Quoy ! veulent-il estre énormaulx4 ?
Sortez, ou g’y métray police5 !
Où sont ces pèlerins des maulx ?
Veulent-y poinct suyvir Malice ?
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LE PREMYER PÈLERIN NOMMÉ SCÈNE II
Quant à moy, j’en tendray6 la lice,
10 Car je ne [m’en] saroye tenir7.
LE IIe PÈLERIN
Aussy la veulx-je « entretenir » ;
Je ne le veulx pas aultrement.
LE IIIe PÈLERIN, BADIN 8
Ne moy aussy pareillement.
Et sy, ne suys pas sy jénin9
15 Que je ne fache10 du chemin
Au millieu11 de la compaignye.
MALICE
[Quoy ?] Que dis-tu ?
LE IIIe [PÈLERIN] 12
A ! je renye
Sy je faulx13 à courir, troter
Pour le voyage descroter14 !
20 Car j’ey vouloir, de ma nature,
Faire voyage à l’avanture ;
Ne me chault sy je me forvoye15.
LE PREMYER PÈLERIN
Premyer que de se16 metre en voye,
Chantons !
LE IIe PÈLERIN
Mais en nous esbatant,
25 Chemynons tousjours en chantant !
LE PREMYER PÈLERIN [chante]
Vélà bien alé ! Sus avant !
Marchons et nous métons en ordre17 !
MALICE 18
Or, alons pour voir la Désordre19
Qui se faict maintenant au monde !
LE IIIe PÈLERIN
30 Ne me chault, mais que j’aye à mordre20.
Or, alons [pour voir à la Désordre]21 !
MALICE
Ces22 bras et jambes fault destordre23.
LE PREMYER PÈLERIN
Or chemynons !
LE IIe PÈLERIN
Alons comme une onde24 !
LE IIIe PÈLERIN
Or, alons pour veoir la Désordre
35 Qui se faict maintenant au monde !
MALICE
Sus dont, alez !
LE PREMYER PÈLERIN
Comme une aronde25.
Mais en alant, veulx bien sçavoir
En quel lieu on26 la pourons veoir,
Et comment el est convertye27.
MALICE
40 Taisez-vous, je suys avertye28 :
Premyèrement, says les contrés29
Où plusieurs se sont acoustrés
Et estat de fémynin gerre30.
LE IIIe PÈLERIN
A ! ce ne sont poinct gens de guerre,
45 Ne vray[s] supos du dieu Bacus31,
Car ilz ne bataillent q’aulx cus32.
[ Comment ilz sont fort embridés !
Par Nostre Dame ! ilz sont bridés ]33
Comme ces barbes34 morfondus
50 Qui sont demy mors et fondus
D’estre senglés parmy les rains.
Ces hanteurs35 de chemins forains,
Ces coquars afulés en gresne36,
Désordre les tient [c]y en renne37
55 Comme un trupelu38, un mymin
Qui veult devenir fémynin.
C’est envers eulx qu’elle se tient39.
LE IIe PÈLERIN
C’est mon40 ! Désordre se maintient
Avec telz gens, dont j’en arage41.
LE IIIe PÈLERIN
60 Il est de trop lâche courage42,
Qui43 se contrefaict et desguise.
LE PREMYER PÈLERIN
Or çà ! n’est-el poinct à l’église44 ?
MALICE
Ouy, car ceulx de « Religion45 »
Veulent tenir sa région46.
65 Et mesmes grans histoyrïens47
Veulent estre luthérïens ;
N’esse pas Désordre, cela ?
LE IIe PÈLERIN
Ouy, sceurement !
LE IIIe PÈLERIN
Et puys voylà
Pourquoy vient yver en48 esté,
70 Qui nous maintient en pauvreté,
Et de quoy le grand maleur vient.
Mais vrayment, quant [il] me souvyent49,
Justice la détient-el poinct50 ?
MALICE
Quoy donc51 !
LE PREMYER PÈLERIN
Sainct Jehan ! voy(e)là le poinct :
75 Je veulx venir à cest endroict52.
MALICE
Justice faict [ou] tort, ou droict,
Voyre, mais c’est à qui el veult.
LE IIe PÈLERIN
On veoyt mainct pauvre qui s’en deult53.
LE IIIe PÈLERIN
On voyt mainct riche qui s’en rit.
LE PREMYER PÈLERIN
80 Par argent, Justice s’esmeult54.
LE IIe PÈLERIN
On veoyt mainct pauvre qui s’en deult.
LE IIIe PÈLERIN
On veoyt qui à grand paine peult
Se nourir, qui aultre nourist55.
LE PREMYER PÈLERIN
On veoyt mainct pauvre qui s’en deult.
LE IIe PÈLERIN
85 On veoyt mainct riche qui s’en rit,
Et tel qui en terre pourit :
Et c’est du tort qu’on luy a faict.
MALICE
Que vous en semble ?
LE IIIe PÈLERIN
C’est très mal faict.
MALICE
C’est Désordre, n’est pas ?
LE PREMYER PÈLERIN
Ouy, ouy !
90 De l’Estat, nul n’est resjouy ;
Un jour, à l’Audictoyre56, on faict
Des choses de [bien] grand éfaict
Qui sont quelquefoys cavilleux57.
Faire un exploict bien mervilleux.
LE IIe PÈLERIN
95 L’on58 juge ce cas périlleux ;
Mais de peur d’en estre hérité59,
Y fault juger la Vérité :
Ainsy, Désordre sera mise
Hors de ceulx qui l’airont submise60
100 Et entour d’eulx entretenue.
LE IIIe PÈLERIN
Or çà ! Ne s’est-el(le) poinct tenue
En marchandise61 ?
MALICE
[Où n’est-el]62 don !
LE PREMYER PÈLERIN
Pencez-vous qu’el en ayt pardon63,
Sy Désordre ne s’en retire ?
LE IIe PÈLERIN
105 Ma foy, nénin ! Et pour vous dire,
Les faulx sermens, les tricheryes,
Les regnymens, les tromperyes,
Les moqueryes64 et faulx marchés
Qui se font sont tant [myeulx] cachés
110 Entour Désordre.
LE IIIe PÈLERIN
Dont je dis
— Et croys — que Dieu de paradis
Se course à nous65 de telle afaire.
LE PREMYER PÈLERIN
Il est vray.
LE IIe PÈLERIN
Çà ! il fault parfaire66.
En quel lieu peult-el encor estre ?
MALICE
115 Je vous le feray acongnoistre
Devant que de moy séparer67.
LE IIIe PÈLERIN
Ne se faict-el poinct aparoir68
En guerre, par terre ou par mer ?
MALICE
Et quoy donc ! Mainct faict inhumer69
120 Loing d’une église ou cymetière,
Et sans faire confessïon entière ;
Et fault qu’i meurent en ce lieu,
Ouy, sans souvenance de Dieu
Ne de sa Mère, rien quelconques70.
LE PREMYER PÈLERIN
125 A ! vrayment c’est Désordre, donques :
En son71 cas n’a poinct d’amytié.
LE IIe PÈLERIN
Mais voicy où est la pityé72 :
Quant ce vient à donner les coups,
Ceulx-là qui sont les myeulx secous73,
130 Bras coupés, jambes avalés74,
C’est la Désordre, allez, alez !
Dont vérité [je] vous confesses :
Je ne veulx gu[e]rrïer75 qu’aulx fesses,
[Abatre une]76 bonne vendenge,
135 Que soufrir sy grosse lédenge77
D’estre en ce poinct martirisé.
LE IIIe PÈLERIN
En la fin, nul n’en est prisé
De hanter guerre.
LE PREMYER PÈLERIN
A ! j’espères,
Sy on [s’en] va sur les luthères78,
140 Employer ma langue pour dire
Que bien tost leur convyent desdire79 ;
Ou, par moy80, sans qu’ilz ayent remors,
De par mes mains seront tous mors !
Et puys y s’en repentiront,
145 [Ces breneulx]81. Il en mentiront,
De ce qu’i veulent metre sus82.
LE IIe PÈLERIN
En la fin, en seront déceups83.
LE IIIe PÈLERIN
Je le voyer[oy]s volontiers84 !
Mais sur les chemins et sentiers
150 D’Amours, y pouroit-on trouver
Désordre ?
MALICE
Ouy, ouy !
LE PREMYER PÈLERIN
Y [le] fault prouver,
Afin qu’en ayons congnoissance.
MALICE
Depuys le jour de ma naissance,
En amours je l’ay veue85 régner.
LE IIe PÈLERIN
155 C’est donc mal faict de nous mener
En tel voyage, mes amys.
MALICE
Quant on a en amours promys
Et la promaisse ne tient poinct,
Désordre y est.
LE IIIe PÈLERIN
Voicy le poinct.
160 Et sy la femme, d’avanture,
Est mauvaise de sa nature86,
Qu’el veuille fraper ou mauldire,
Ou le povre sot escondire :
C’est Désordre, n’est pas, aussy ?
LE PREMYER PÈLERIN
165 Ouy, vrayment !
LE IIe PÈLERIN
Je le croys ainsy.
Au moins, assez souvent m’y nuict.
LE IIIe PÈLERIN
Et sy l’amant, sur la mynuict,
Est à trembler87 parmy la rue,
Et que sans cesser son œuil rue
170 Vers la fenestre, fort pensant,
Baisant la la cliquète88 en passant,
En danger d’engendrer les mulles89 ;
Et d’amours n’a nouvelles nulles,
Synon qu[’a] — la chose est certaine —
175 Bien souvent, la fièvre cartaine90.
C’est Désordre ?
MALICE
C’est mon, ce croi-ge.
LE PREMYER PÈLERIN
Et davantage91… Le dirai-ge ?
MALICE
Que feras-tu don ? Ne crains rien(s) !
LE PREMYER92 PÈLERIN
Sy le mary se doubte bien
180 Que sa femme face un amy :
N’est-il pas bien sot et bémy93
De s’en couroucer tellement
Qu’il en perde l’entendement
Tant que son bon sens soyt osté ?
LE IIIe PÈLERIN
185 Y doibt faire94 de son costé,
Pour éviter plus grans dangers.
LE PREMYER PÈLERIN
Aussy messieurs les estrangers :
Y sont tousjour[s] myeulx soutenus,
Entretenus et bienvenus,
190 Mille foys plus que nos voésins
Dans95 les pays circonvoysins.
Désordre y est-el(le) pas ?
LE IIe PÈLERIN
Quoy donques !
Je n’ay veu nul pays quelconques
Où on leur face ce qu’on faict96.
LE IIIe PÈLERIN
195 Vous en voirez l’air sy infaict97
Qu’en la fin en aurons dommage.
MALICE
Or, achevons nostre voyage.
Mais retenez tous ces notas98,
Que Désordre est en tous estas99.
200 Sus ! récréons-nous un petit
De chanter !
LE PREMYER PÈLERIN
J’en ay apétit.
LE IIe PÈLERIN
Et aussy, pour nous resjouir,
Chantons !
LE IIIe PÈLERIN
Sus, faisons-nous ouïr !
Ilz chantent.
LE PREMYER PÈLERIN
Sy j’estoys tout prest d’enfouyr100,
205 De joye seroys res[s]ucité.
LE IIe PÈLERIN
Gectons hors toute a[d]versité !
LE IIIe PÈLERIN
Gectons hors ennuy et soulcy !
LE PREMYER PÈLERIN
Soulcy n’est que simplicité 101.
LE IIe PÈLERIN
Gectons hors toulte advercité !
LE IIIe PÈLERIN
210 Chascun de nous soyt incité
De chanter !
LE PREMYER PÈLERIN
Je le veulx ainsy.
LE IIe PÈLERIN
Gectons hors toulte advercité ! 102
LE IIIe PÈLERIN
Gectons hors ennuy et soulcy !
MALICE
Devant que vous partez d’icy,
215 Sy voirez-vous Désordre en poinct.
LE PREMYER PÈLERIN
Chantons ! On ne la voullons poinct103 !
MALICE
Qui commence et ne veult parfaire104,
C’est mal faict. Voulez-vous pas faire
Le voyage qu’avez emprins105 ?
LE IIe PÈLERIN
220 Nénin !
MALICE
Vous en serez reprins106 !
Et maintenant, serez surprins
De Désordre : vous [la voirez]107 !
LE IIIe PÈLERIN
Sortez d’icy, car vous errez108 !
Nous ne voulons poinct de Désordre,
225 Et [vous trouverez qu’on peult]109 mordre !
Sus, sus, chantons myeulx que devant ! [Il chante :]
Arière, vilain ! Avant 110, avant !
Ilz chassent Malice.
SCÈNE III
LE PREMYER [PÈLERIN] rentre, abillé en
Désordre111, qui dict :
Malice112 est embûchée
Non pas [bien] loing d’icy.
230 El est mal embouchée :
C’est sa nature, aussy.
Mais tout incontinent,
Chascun de nous labeure113
— Sans estre impertinent —
235 De la gecter au feurre114 !
Malice soyt cachée115
D’entre nous sans mercy,
Ou qu’el soyt esmouch[é]e116 !
Sans faire demourée
240 On le voulons ainsy.
LE IIe PÈLERIN
C’est bien dict ! Marchons sur la brune117,
Et parlons des mengeurs de lune118,
Qui119 ont mengé mainct bon repas
Et ne séroyent marcher un pas120,
245 Synon « danser121 » aveq fillète.
Ce sont ceulx qui Désord[r]e ont faicte
Et f[er]ont tousjours. Mais argent
Les maintient en leur entregent122.
L’un saillet, l’aultre regibet123 ;
250 Mais ne vous chaille : le gibet
Sonnera tousjours son bon droict,
[Qui met les choses à leur droict.]124
En prenant congé de ce lieu,
Une chanson pour dire adieu !
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FINIS
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1 Dans sa table des matières, le copiste va même jusqu’à nommer cette pièce Moralité. 2 Elle est devant la maison des trois Sots. 3 De malheur. Calembour sur les pèlerins d’Emmaüs, qu’on prononçait émo : « Au plus fort de mes maulx (…),/ Dieu, qui les pèlerins d’Esmaus/ Conforta. » Villon. 4 En dehors de la norme : être les seuls à ne pas suivre Malice. 5 Sortez de votre maison, ou j’y mettrai bon ordre. 6 Tiendrai (normandisme). Je combattrai pour Malice. Mais « tenir la lice » = se livrer à un combat érotique : « Petiz tétins, hanches charnues,/ Eslevées, propres, faictisses/ À tenir amoureuses lices. » Villon. 7 Je ne pourrais pas me retenir, m’en empêcher. C’est le vers 155 des Femmes qui font refondre leurs maris, avec le même sous-entendu grivois. 8 Les rôles de Badins, sortes de demi-fous, se distinguent des rôles de Sots : les Sobres Sotz confrontent 5 Sots et un Badin. 9 Si niais. Cf. les Botines Gaultier, vers 138 et 438. Mais beaucoup de Badins se nomment réellement Jénin : « Jénin-ma-Fluste, Badin. » Satyre pour les habitans d’Auxerre. 10 Que je ne fasse : au point de ne pas faire. La chuintante est normande : « Car encor que je fache une grande despense. » La Muse normande. 11 LV : milleur (Au milieu.) Que je ne vous dépasse tous. 12 Je compléterai tacitement les rubriques abrégées par le copiste. 13 Je renie Dieu si je manque. 14 Expédier rapidement. « Beau despescheur d’Heures, beau desbrideur de messes, beau descroteur de Vigiles. » Gargantua, 27. 15 Si je me fourvoie, si je me trompe de route. 16 LV : me (Avant qu’on ne se mette en route.) 17 « Marchons et nous ostons d’icy ! » (Seconde Moralité.) Les pèlerins se mettent en route au rythme d’une marche militaire, qui n’a pas été conservée. 18 LV : le iie (C’est Malice qui sait où se trouve Désordre, et qui propose d’aller en pèlerinage vers elle.) 19 Ce personnage allégorique est ici représenté par une femme. Le mot désordre était rarement féminin. 20 Peu m’importe, du moment que j’ai à manger. 21 LV attribue ces mots à Malice, alors que les refrains 28 et 34 tiennent en un seul vers. 22 LV : cens (Ces = vos. « Faites ces mains chasser aux lièvres…./ Ployez ces genoulz. » Le Capitaine Mal-en-point.) 23 LV : desteurdre (Il vous faut déployer vos bras et vos jambes.) 24 Aussi vite que l’eau qui coule. 25 Aussi vite qu’une hirondelle. Cf. Frère Frappart, vers 136. 26 Nous. Même normandisme aux vers 216 et 240. 27 À quoi elle ressemble. Double sens : convertie au protestantisme. 28 Je m’y connais. 29 Je connais les contrées. 30 Genre. « Esse à vous à congnoistre/ Que c’est que du féminin gerre ? » (Les Brus.) La sottie dénonce d’abord le désordre sexuel : les femmes règnent sur des hommes efféminés. François Ier vivait dans une mollesse tout italienne, dominé par sa favorite, Anne de Pisseleu, et surtout par sa mère, Louise de Savoie, qui fut plusieurs fois régente du pays. Voir la préface d’Émile PICOT : Recueil général des sotties, t. II, pp. 299-303. 31 Ni des bons buveurs. « Car y sont supos de Bacus. » Troys Galans et un Badin. 32 Les courtisans efféminés ne s’intéressent qu’aux culs. Jeu de mots sur « cocus ». 33 Il y a ici une lacune qui décrit le corsetage androgyne des courtisans. Je la comble grâce aux vers 425 et 426 des Femmes qui plantent leurs maris. 34 Ces chevaux de Barbarie. « Va tirer mon barbe de l’estable ! » (Godefroy.) Mais la plus célèbre barbe de l’époque était celle de François Ier ; voir la note d’Édouard FOURNIER : le Théâtre français avant la Renaissance, p. 407. 35 LV : senteurs (« Hanteurs de tavernes. » Godefroy.) Les chemins forains sont des chemins à l’écart où des homosexuels peuvent se rencontrer. 36 Ces frimeurs affublés de vêtements écarlates. « Deux paires de fines chausses, dont les unes sont de graine. » ATILF. 37 En rêne, en bride. 38 Un naïf ; cf. le Cousturier et son Varlet, vers 204. Un mimin est un sot ; cf. le Monde qu’on faict paistre, vers 189. 39 On appelait la sodomie le « péché désordonné ». 40 C’est mon avis. Idem vers 176. 41 Ce qui me fait enrager. Cf. le Temps-qui-court, vers 238. 42 Il a un cœur lâche. « Ung homme de laische couraige. » Régnault qui se marie. 43 LV : quil (Celui qui se travestit.) 44 Désordre n’a-t-elle pas perverti l’Église ? 45 De la religion réformée. « Ceulx de religion s’estoient saisiz de la ville et tuent les catholicques. » Consulat de Lyon. 46 Son fief. « Il seroit moult bien digne de tenir région. » ATILF. 47 Les raconteurs d’histoires. 48 LV : y (Pourquoi nous avons eu du mauvais temps cet été.) En 1535, la pluie endommagea les récoltes, qui sont la richesse du pays : « L’année fut si pluvieuse, et furent les blédz et vignes coulléz. » Cronique du roy Françoys, premier de ce nom. 49 Maintenant que j’y pense. « Touteffoys, quant il me souvient. » Les Femmes qui se font passer maistresses. 50 Justice (autre personnage allégorique) n’a-t-elle pas emprisonné Désordre ? 51 Et comment donc ! Aujourd’hui, nous dirions : « Ben voyons ! » Idem vers 119 et 192. 52 Je veux parler de cela. 53 Qui s’en plaint, verbe douloir. 54 Se met en branle. 55 Il s’agit des paysans. « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. » Voltaire. 56 Au Parlement. 57 Trompeuses. « Chose » était parfois masculin. 58 LV : son 59 LV : irite (Être hérité de = Devoir supporter les conséquences. « Le mary ne faict que songier,/ Tant est hérité de soucy. » Les Ténèbres de mariage.) 60 Hors d’atteinte de ceux qui l’auront soumise. 61 Désordre ne se tient-elle pas dans le commerce ? 62 LV : quest elle 63 Que le commerce puisse obtenir le pardon. 64 Les duperies. 65 Se courrouce contre nous. « Je croy que Dieu soyt yrité/ De nos fais. » L’Avantureulx. 66 Il faut en finir. 67 Avant que vous ne vous sépariez de moi. 68 Désordre ne se fait-elle pas voir. 69 Désordre fait inhumer maint homme loin de chez lui. Allusion aux guerres d’Italie, où des Français meurent pour rien. 70 Rien du tout. Cf. le Pourpoint rétréchy, vers 409 et 568. 71 LV : ce (Dans son cas il n’y a aucune excuse.) 72 La chose la plus pitoyable. Le scribe met ce vers entre deux +, comme il le fait quand il veut déplacer un vers. 73 Les plus secoués, malmenés. Cf. les Trois amoureux de la croix, vers 457. 74 Cassées. « À l’un faisoit voler le bras, à l’autre la teste. L’un tombe, une jambe avalée. » Claude Colet. 75 Guerroyer, au sens érotique. Cf. la Nourrisse et la Chambèrière, vers 338. 76 LV : a batre uin (Boire du bon vin. « De bonne vendange : de bon vin. » Antoine Oudin.) Dans le même sens, on disait également : « Abattre la rosée. » 77 Injure. Cf. les Sobres Sotz, vers 101. 78 Si on va faire la guerre aux luthériens. Cf. Thévot le maire, Perruche sa femme, et Colin Gendeguerre leur fils, lequel s’en va sur les Turcz. 79 Qu’ils ont intérêt à abjurer bien vite. 80 LV : la (Par mon œuvre.) 81 LV : ses bronaulx (Ces merdeux se repentiront d’être morts.) 82 Mettre sur pied une armée. 83 Déçus, bien attrapés. 84 Je verrais cela avec plaisir. « Je le verrois voluntiers ! » La Résurrection de Jénin Landore. 85 LV : faict (J’ai vu Désordre régner sur les choses de l’amour. « Le mauvais exemple des désordres que nous y avons veu régner en nostre temps. » François Hédelin.) 86 « Elle est de nature maulvaise. » Les Femmes qui font refondre leurs maris. 87 Tremble de froid sous la fenêtre de sa belle. 88 Les amants ont coutume d’embrasser le heurtoir pendu à la porte de leur maîtresse. Cf. le Sermon pour une nopce, vers 176 et note. 89 D’attraper des engelures aux talons. Cf. les Sotz escornéz, vers 57. 90 Si ce n’est qu’il attrape une fièvre quarte. 91 Et en plus. Sous la chape de plomb que fut le règne de François Ier, même les Sots* hésitaient à s’exprimer : « Je le diroys bien, mais je n’ose,/ Car le parler m’est deffendu. » (Les Sobres Sotz.) *Voir la note 48 du Jeu du Prince des Sotz. 92 LV : iie (Le 1er Pèlerin termine sa phrase.) 93 Stupide (mot normand). « Ce grand bémy, ce sotelet. » La Veuve. 94 Il doit faire la même chose : être infidèle. « C’est tout un, s’il prend sa lifrée/ De son costé, et moy du myen. » Lucas Sergent. 95 LV : ne (Mille fois mieux que nos proches voisins ne le sont dans les pays frontaliers de la France.) 96 Où on les traite si bien. Ce reproche vise les Italiens, qui se comportaient chez nous en arbitres des élégances. Les Sobres Sotz déplorent qu’en France, on laisse mourir de faim « le commun [l’autochtone], et non l’estranger ». 97 Vous verrez que l’air sera si infecté par les étrangers. « De telz gens, l’air en est infaict. » (Les Langues esmoulues, LV 65.) Les vers 187-196 sont d’une actualité brûlante. 98 Ces remarques. 99 A investi tous les domaines. 100 Si j’étais à l’article de la mort, près d’être inhumé. Cette chanson n’est pas connue. 101 LV : mendicite (N’est qu’une preuve de simplicité d’esprit, de bêtise. « Mais ce n’est que simplicité/ D’y penser. » Livre d’Amours.) 102 LV intervertit les refrains 212 et 213 de ce triolet. 103 Nous ne voulons pas la voir. Le 1er Pèlerin s’esquive derrière le rideau de scène afin de se déguiser en Désordre. 104 Celui qui commence et ne veut pas achever. 105 LV : comprins (Que vous avez entrepris. « Le saint voiage avez empris. » ATILF.) 106 Repris, blâmés. « Et jamais n’en serez reprins. » Les Vigilles Triboullet. 107 LV : le voieres 108 Vous faites erreur, vous déraillez. « On dit qu’errez contre la loy. » Jeu du Prince des Sotz. 109 LV : a la fin vous trouuers quon ne peul (Et vous allez constater que nous pouvons mordre.) 110 LV : ariere (Refrain de la chanson anonyme Et quant je suys couchée, publiée en 1532 : « Arière, villain ! Avant, avant !/ Je pleure et maulditz l’heure/ De quoy le villain vit tant. ») 111 Ce déguisement ne coûte pas cher : il suffit de créer du désordre dans ses habits et sa coiffure pour que les spectateurs comprennent le symbole. 112 LV : desordre (D’après le vers 236, le pèlerin parle de Malice, qui se cache à proximité.) Embûchée = embusquée. 113 Que chacun de nous s’évertue. 114 LV : vent (Sur la paille d’un cachot. On dit aussi : « L’envoyer fouler le foin. » Les Premiers gardonnéz.) 115 Chassée (prononciation normande). « Ses ennemys/ Le cachoyent [le chassaient] à grans coups d’espée. » Le Poulier à quatre personnages. 116 Battue. « Pensons de courir/ Devant que quelc’un nous esmouche ! » (Godefroy.) On pourrait traduire émoussée : « Vitement qu’el soyt esmouquée ! » Les Langues esmoulues, LV 65. 117 À la tombée du soir. Cf. les Botines Gaultier, vers 538. 118 Des profiteurs. « Menger la lune à belles dens. » Les Sobres Sotz. 119 LV : quilz 120 Et qui ne sauraient faire un pas, car ils sont ivres. 121 Pour copuler. « À dancer dehors quelque ‟dance”,/ En esté, avec ces fillètes. » La Fille esgarée. 122 Dans leur familiarité avec les grands. 123 Tels des chevaux, l’un sautait, l’autre ruait. 124 Lui qui remet les choses en ordre. « Je suys Ordre,/ Qui mets les choses à leur droict. » (Le Monde qu’on faict paistre.) Notre copiste a remplacé le dernier vers par le distique dont il signe la plupart des pièces du ms. La Vallière.