LA FILLE ESGARÉE

Ms. La Vallière

Ms. La Vallière

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LA  FILLE

ESGARÉE

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Quoi qu’en dise le manuscrit, ce monologue du XVIe siècle n’est pas un sermon joyeux, puisqu’on n’y parodie jamais la liturgie. Le titre nous promet aussi une fille égarée, c’est-à-dire une prostituée, comme la « Fille esgarée » qui traverse la sottie des Povres deables. Or, la chambrière qui en tient lieu se plaint d’être toujours vierge ; elle est tout au plus égarée psychologiquement à cause de son encombrante virginité, comme la « chambèrière esgarée » de Tout-ménage. Il serait bon de rétablir le titre que porte la version imprimée : Monologue de la Chambrière esprouvée1 du mal d’amours.

Nous possédons plusieurs de ces monologues, qui étaient joués par des hommes travestis : la Fille bastelierre, le Sermon pour une nopce, dit par un « prescheur habillé en femme », le Monologue de Mémoyre, dont l’acteur doit « estre abillé en déesse »… Noël Du Fail évoqua un rôle travesti du comédien Nicolas Michel : « Ou bien qu’il jouast –aiant un couvrechef de femme sur sa teste, & le devanteau ou tablier attaché à ses grandes & amples chausses à la suisse, avec sa longue & grosse barbe noire– une jeune garse allant à l’eau, interrogeant sa compagne nouvellement mariée sur les points & articles de la première nuit de ses noces. » Contes et discours d’Eutrapel (1585).

Les héroïnes barbues des monologues et des farces revendiquent l’égalité sexuelle ; évidemment, les auteurs de ces œuvres comiques se moquent des femmes qui prétendent agir et parler comme des hommes. À ce propos, réglons tout de suite son compte au 10ème vers du présent monologue : « De qui je me tiens serviteure. » Ce hideux synonyme de servante, bien attesté, ne fut pas créé pour l’occasion ; il peut être mis au compte des inévitables maladresses commises par des écrivains qui n’étaient pas professionnels et qui ne disposaient d’aucun dictionnaire, à une époque où les manuels de grammaire étaient en latin, et où le langage était loin d’être fixé2. Regardons plutôt pourquoi des satiristes d’un certain niveau commettaient de pareilles cacophonies : leur but n’était certes pas de féminiser le vocabulaire, contrairement à nos précieuses d’aujourd’hui, mais bien de masculiniser les femmes qui se comportaient comme des hommes. Dans le Mistère du Viel Testament3, Adam se plaint d’Ève, qu’il masculinise de la sorte :

           Pleure, dolente femme, pleure !

           Et de pleurs, tout ton corps espleure,

           D’avoir esté médiateure

           Du serpent, et intercesseure

           Envers moy, pour moy décevoir.

           Requier à Dieu qu’il te sequeure !

           Repens-toy, povre malfacteure,

           Femme fragille, détracteure,

           De tout vice procurateure !

Dans le même Mystère4, sur un rythme imparfait d’heptasyllabe, Rébecca se flatte d’avoir désobéi à son époux, Isaac :

           Dieu soit loué de ceste heure

           Que j’ay esté inventeure,

           Première procurateure

           De ce fait, et conducteure !

           Soit aussi bonté divine

           Louée, qui la facteure

           En est, et médiateure,

           Et finalle parfacteure,

           Qui m’a faicte promoteure

           De mouvoir chose si digne !

Que le discours soit tenu par un homme ou par une femme, la féminisation des substantifs masculins faisait déjà mauvais genre…

Sources : Manuscrit La Vallière, nº 44. Je corrige tacitement d’après le Monologue nouveau fort joyeulx de la Chambrière despourveue du mal d’amours (Montaiglon, t. II, pp. 245-252), qui publie 12 vers manquants, mais qui omet 24 vers apocryphes du ms. Les chambrières ont généré beaucoup de monologues ; la question de savoir s’ils sont dramatiques ou purement littéraires n’est pas tranchée. Ainsi, La Vallière est la seule des trois versions de ce texte qui s’achève sur un congé adressé à des spectateurs ; et encore, il y a été plaqué artificiellement (v. la note 89), peut-être à l’occasion d’une représentation publique.

Structure : Rimes abab/bcbc parasitées par des rimes plates, avec un triolet initial en décasyllabes.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Sermon  joyeulx  de

la  Fille  esgarée

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                        [LA  CHAMBÈRIÈRE,   en chantant :]

        Seule, esgarée de tout joyeulx plaisir5,

        Dire me puys en amour malureuse.

        [Tant que vivray, n’aray que desplaisir,6

        Seule, esgarée de tout joyeulx plaisir.]

5      Au lict d’ennuy, il me convyent gésir

        Sur l’oriler7 de vie langoureuse.

        Seulle, esgarée de tout joyeux plaisir,

        Dire me puis en amours malheureuse.

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        Vénus, la déesse joyeuse

10    De qui je me tiens serviteure,

        Serez-vous envers moy piteuse8 ?

        Fault-il qu’en cest estat je meure

        Sans « coup » férir9 ? A ! j’en suys seure :

        Sy de moy pityé vous n’avez,

15    De rechef fauldra que je pleure

        Larmes, dont j’ay les yeulx cavés10.

        Or vivez, Cupido11, vyvez !

        Et Vénus, la noble déesse !

        Et à mon secours arivez !

20    Remétez mon cœur en léesse12 !

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        Il y a de la gentillesse

        En13 moy ; et sy, a du couraige.

        Mais Fortune vers moy s’adresse,

        Qui me tourne son faulx14 visage.

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25    J’ey quinze ans, ce n’est que fleur d’âge15 ;

        Je suis sur la coupe16 de seize.

        Je suys au péril d’une rage17

        Sy, de bref, mon mal ne s’apaise.

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        On va, on vient, on touche, on baise,

30    On dict, on me corne à l’oreille,

        On couche de dix et de treize18,

        On fait de babiller merveille.

        Mais nul quidam ne s’apareille19

        À me dire le mot du guet20.

35    Veu c’un pareil quiert sa pareille21,

        Le tant atendre mal me faict22.

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        Volontiers me misse en effaict23

        De faire de mon « cas » ouverture24

        À quelque mignon, en effect,

40    Sy ne me tournast à injure25.

        Mais, par la mercy Dieu, j’en jure :

        Quant j’en aray bien attendu26,

        Un « coup » feray à l’avanture,

        Et en dust tout estre perdu27.

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45    Sui-ge pas sur le hault verdu28 ?

        Je ne suys poinct, mydieulx, [de cestes]29

        [Dont tout le corps est défendu]

        De voilètes30 ny de templètes :

        J’ey, sans plus, blanches colerètes,

50    Robes faictes en mesnagère31,

        Et tous beaulx habis et honnestes,

        Comme [en] a simple chambèrière.

        Bonnes gestes, bonne manière,

        Ferme de rains, dure [de tette]32.

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55    Mais, pour déclarer la matière33,

        J’ey du jeu d’aymer grand soufreste34.

        Au myeulx que je puys je m’apreste,

        Désirant compaignye françoise35.

        Mais nul l’oreille ne me preste

60    À mon désir, dont ce me poise36.

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        Sy vaul-ge bien une bourgoise37,

        Par Dieu ! Voyre une damoyselle38,

        Ou quelque fille vilagoise

        Refaicte comme une groiselle39.

65    Je ne suys fière ne rebelle ;

        J’apète la doulce aléance40.

        Conclusion, la chose est telle :

        Il n’est trésor que de plaisance41.

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        Je passe temps, je ris, je dance,

70    Je devise avec les amoureulx42

        (Cela me semble gratieulx)

        En oyant [des] choses bien faictes

        Pour récréer les amourètes

        Aveques ces jeunes garsons

75    Qui manyent nos tétons

        En devisant de toutes choses,

        Et aultres dont dire je n’oses.

        Et sy43, souvent fort je m’avance

        À dancer de[hors] quelque dance,

80    En esté, avec ces fillètes.

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        Mais onques n’us la joÿssance

        De ce plaisant jeu d’amourètes,

        Pour la craincte des eschoguètes44

        Et du danger de Male Bouche45.

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85    Mais n’y46 ferai-ge mes aprestes

        D’en avoir quelque jour la touche47 ?

        Jamais ne seray sy farouche !

        Sy quelque homme me vient à gré48,

        L’escondirai-ge d’une49 touche,

90    À quelque cornet de degré50 ?

        Nennin, nennin ! Sy un me vient à51 cœur,

        Je le prendray comme amateur52,

        Amoureulx de jeune jeunesse53,

        À qui l’engin souvent se dresse.

95    À aultre chose n’ay regret.

        Craincte plus ne m’y survyendra

        Que je ne prenne bien en gré

        Mon bien54, à l’heure qu’il viendra,

        À quelque garçon qui sera55,

100  Et me dira un jour : « Ma doulce amye,

        J’ey [du bien, ne l’espargnez]56 mye ;

        J’ey de l’or [et] j’ey de l’avoir

        Pour [le] vostre amour recepvoir. »

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        Puys quelque mygnon surviendra,

105  De vilage, ou varlet d’ostel57,

        Qui à espouse me prendra

        Sans sçavoir que le cas soyt tel58.

        Telle a mys cent foys le martel

        En vente59, et faict sa destinée

110  (Dont on n’a poinct tenu frestel60),

        Qui a esté bien maryée.

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        Trouc avant61, trouc ! Je suys louée62.

        Pourtant, s’on l’a un peu presté63,

        Quant la chemise est abaissée64,

115  Il n’y pert qu’on y65 ayt esté…

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        Ains qu’il soyt la Sainct-Jehan d’esté66,

        En danger que la panse dresse67,

        Avec quelc’un feray traicté68,

        Et d’Amours je feray l’adresse69.

120  Pour estre un petit myse en presse70,

        Je n’en seray que plus marchande71.

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        Y convyent aquérir jeunesse72,

        Car Vénus le veult et commande,

        Pour l’éguillon qui [seul se bande]73.

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        ………………………………….

125  Il y a maincte vielle mule,

        Mariée et à marier,

        Qui n’en a poinct faict de scrupule

        Ne l’empeschée74, de75 harier !

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        Et pour tant76, sans plus en crier,

130  Je le feray (par saincte Marye)

        Aller, sy l’on me vient prier,

        Le manche après la cougnie77 !

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        À qui trop atent, il ennuye.

        Qui n’a dîné, volontiers soupe78.

135  Je suis donc(ques) tentée, sur ma vie,

        De bouter le feu à l’estoupe.

        On taille tant que l’on se coupe.

        On crye tant Noël qu’i vient79.

        On faict souvent, de pain blanc, soupe80.

140  On per[t] souvent ce que l’on tient.

        Au bon joueur, l’éteur81 luy vient.

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        Somme, je demeure obstinée

        Que sy la fortune me vient,

        Je passeray ma destinée82.

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145  J’ey troys seurs, je suys la puisnée83 ;

        Chascune a bien faict son debvoir84,

        Tant la moyenne que l’aŷnée.

        Quant à moy, j’en ay le vouloir.

        Mal gré ne me vueilez sçavoir85,

150  Sy quelc’un me vient à courage86,

        Que je ne prenne bien d’avoir87

        Faict88 aler le chat au fourmage !

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        Icy feray fin de langage,

        En vous faisant à tous prière

155  Qu’il vous souvyenne du courage

        De la despourveue chambèrière.

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        Pour mectre fin à la matière,89

        Prenez garde tousjours à l’âge

        De la fille bonne ouvrière90.

160  En prenant congé de ce lieu,

        En vous disant à tous adieu !

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                             FINIS

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1 Éd. : despourueue  (Atteinte. Confusion avec le vers 156.)  Le mal d’amour est le besoin maladif de perdre sa virginité. La chambrière de Tout-ménage en est atteinte elle aussi : « Le mal d’amour si fort me blesse ! »   2 On disait indifféremment une prieuse, une prieuresse, ou une prieure. Cette troisième forme, influencée par le masculin prieur, l’emporta ; mais elle ne parvint jamais à détrôner la sous-prieuse. En conclusion, la prieure, qu’on nous présente comme une victoire des femmes, n’est pas autre chose que la femelle du prieur.   3 Une rumeur narquoise prétend que des universitaires féministes, pour ne pas dire des féministes universitaires, désireuses de justifier les castrations malsonnantes qu’elles infligent à notre pauvre langue française, brandissent péremptoirement ce passage comme une preuve que les écrivains médiévaux sont à l’origine du charabia féministe. N’ayant pas lu les quelque 50 000 vers qui composent le Mistère du Viel Testament, nos « auteures » l’ont daté de 1605, en plein Moyen Âge selon elles, alors qu’il fut élaboré vers 1450. Le chiffre « 1605 » n’est autre que le numéro du premier vers du passage incriminé, d’après l’édition Rothschild (tome 1, p. 64), une édition que ces « professeures » ne connaissent pas. Il paraît qu’elles ont découvert ce texte par hasard, dans le dictionnaire de Frédéric Godefroy, qu’elles ont mal compris. En tout cas, nos « écrivaines » devraient s’abstenir de faire dire aux auteurs du Moyen Âge, qui ne sont plus là pour se défendre, l’exact contraire de ce qu’ils ont réellement dit. L’inculture et le dogmatisme n’excusent pas tout.   4 Édition Rothschild, tome 2, p. 170. Ces rimes contre nature ont tellement choqué certains éditeurs du XVIe siècle qu’ils les ont déclarées fausses (sic !), ou qu’ils les ont tout bonnement remplacées par des rimes en -euse.   5 Gilles Binchois composa vers 1450 une chanson qui commence par le même vers que celle-ci, mais la suite est différente.   6 Ce vers étant perdu, j’intègre ici le 5ème vers de la chanson de Binchois. Les refrains 7 et 8 figurent dans les deux imprimés mais pas dans le ms.   7 Sur l’oreiller. Langoureuse = languissante, mélancolique.   8 Pitoyable, charitable.   9 Sans avoir tiré un coup. Seure = sûre.   10 Creusés, cernés.   11 Dans Ung jeune Moyne et ung viel Gendarme, Cupidon procure un amant à une jeune fille neurasthénique dont le caractère est tout à fait celui de notre chambrière.   12 En liesse, en joie.   13 LV : a  (Il y a de la noblesse en moi, et aussi, il y a du courage.)   14 Sournois.   15 La vie étant brève, il fallait se dépêcher d’en profiter. « Je suys en la fleur de jeunesse,/ Et sy, je n’ay poinct d’amoureulx./ J’ey bien des ans quinze ou quatorze. » Les Mal contentes.   16 À la limite.   17 Je risque de devenir enragée.   18 On mise sur moi 10 ou 13 écus. « Jouez, c’est de douze que je couche. » Eustache Deschamps.   19 Nul homme ne se dispose.   20 Le mot de passe qui lui ouvrirait la porte de ma chambre. « C’est le mot du guet d’amour,/ Qui plaît seul à ma maîtresse. » Dictionaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre & proverbial.   21 Que chacun recherche sa semblable.   22 L’attendre aussi longtemps me fait mal.   23 En mesure.   24 D’ouvrir mon sexe. Même calembour au vers 107. « Je vous prometz/ De vous fère [laisser] foutre une foys/ Ma femme, qui est un grand cas. » Le Vilein, sa Femme et le Curé.   25 Si cela ne tournait pas à mon déshonneur.   26 Quand j’en aurai eu assez d’attendre.   27 Même si je devais y perdre mon honneur.   28 Ne suis-je pas élégante ? « Vous estes sur le hault verdus. » Le Monde qu’on faict paistre.   29 LV : fardee  (Je ne suis pas –Dieu m’assiste !– de celles-là…)  Le vers suivant manque.   30 LV : violetes  (De voiles légers.)  Les templettes sont des bandeaux qui rabattent les cheveux sur les tempes, cachant les oreilles et les joues.   31 À la manière bourgeoise.   32 LV : comme une traiste  —  Éd. : comme ung treste  (Vers trop long.)  Tette = tétons. « Belle femme doit avoir (…)/ Dures tettes,/ Dures fesses/ Et dur ventre. » La Louenge et beauté des dames.   33 Pour tout vous dire.   34 Une grande pénurie. Cf. Frère Guillebert, vers 101.   35 Galante, amoureuse. Cf. les Chambèrières et Débat, vers 455.   36 Cela me pèse, m’est insupportable. « –Mais n’estes-vous point mariée ?/ –Nenny encor, dont ce me poise. » Ung jeune Moyne.   37 Pourtant, je vaux bien une bourgeoise.   38 Une femme noble.   39 Ronde et rouge comme une groseille. « Princesse de basse contrée/ Et preste à “chevaucher” sans selle (…),/ Refaicte comme une groselle. » Guillaume Coquillart.   40 Je recherche l’alliance charnelle.   41 Ce vers proverbial apparaît notamment dans le Temps-qui-court, que le ms. La Vallière donne juste avant notre monologue.   42 Les vers 70-79, écrits en rimes plates et absents des imprimés, sont apocryphes. Les quatre passages interpolés sont probablement l’œuvre du comédien, qui aura voulu briller en ajoutant des grivoiseries. Malheureusement, son style pénible et artificiel plombe le texte original.   43 Et même. Idem vers 22.   44 Des échauguettes, des postes d’observation : par crainte d’être vue.   45 Mauvaise langue. Ce personnage du Roman de la Rose symbolise la médisance.   46 LV : sy  —  Éd. : cy  (Mes apprêts, mes préparatifs.)   47 Ce terme d’escrime est passé, comme tant d’autres, dans le vocabulaire érotique. La chambrière réclame un coup de braquemart. Cf. Frère Guillebert, vers 517.   48 Me plaît.   49 LV : pour une  (Avec une tape, une gifle. « Touche : Coups qu’on donne à quelqu’un qu’on maltraite. » Dictionaire comique.)   50 Dans un recoin d’escalier. Vu l’étroitesse des escaliers en colimaçon, un homme qui montait ne pouvait faire autrement que de frôler une femme qui descendait.   51 LV : de  (Les vers 91-94 sont apocryphes.)   52 Amant, du latin amator.   53 D’une jeunette. Idem vers 122.   54 Mon plaisir.   55 Qui soit : à n’importe quel garçon. Les vers 99-103 sont apocryphes.   56 LV : des biens ne les espargnes   57 Le valet est l’homologue masculin de la chambrière, et son époux prédestiné.   58 Sans savoir que je ne suis plus vierge. Jeu de mots : Sans savoir que mon sexe est dans un tel état. V. la note 24.   59 A conclu des transactions amoureuses. « (Il fault) mettre le marteau en la vente/ En despit de luy, ma commère. » Les Femmes qui font escurer leurs chaulderons.   60 Fait de bavardages. Cf. Deux hommes et leurs deux femmes, vers 296.   61 Allons ! On dit aussi truc, ou trut. « Trut avant, trut ! C’est à demain ? » Les Frans-archiers qui vont à Naples.   62 Pour ma vertu.   63 Si on a prêté son sexe. « Pleust à Dieu que la chambrière/ Et moy fussions emmy ces boys,/ Et el m’eust presté son harnoys ! » Le Badin, la Femme et la Chambrière, BM 16.   64 Une fois qu’on a rebaissé sa chemise longue, qu’on avait enroulée sur le buste pour faire l’amour.   65 LV : ny  (Il n’apparaît pas qu’un homme y soit entré.)   66 Avant le 24 juin.   67 Que je me retrouve enceinte. « Sy vostre “esperon”/ Faisoyt tant que la pance dresse. » Le Gallant quy a faict le coup.   68 Un traité, un contrat de mariage. Voilà très exactement le thème de Jolyet, par qui une femme enceinte se fait épouser.   69 Je réparerai les torts de Cupidon. « Pour la cause de ce que m’en faciez adresse ne raison. » Godefroy.   70 En me couchant un peu sous lui. « –Il vous a mys le corps en presse ?/ –Il me feist choir en la reverse. » Jehan de Lagny.   71 Meilleure commerçante, pour discuter le contrat.   72 Il faut épouser une jeunette. Idem vers 93.   73 LV : seueille  (« Jadis, [son instrument] se bandoit seul. » Béroalde de Verville.)  « L’esguillon qui leur fait l’enflure de neuf mois. » (La Ronce.) Il manque 3 vers au-dessous.   74 Faire de l’empêché : se gêner. « Vous faictes bien de l’empesché ! » L’Homme à mes pois.   75 LV : ne  (Harier = secouer, au sens érotique. « Vostre “poulain” ainsi la harioit. » Cent Nouvelles nouvelles.)   76 Pour toutes ces raisons.   77 Détournement érotique du proverbe « Jeter le manche après la cognée ». Le manche = le pénis : les Femmes qui font renbourer leur bas, vers 74. Cogner = coïter : Jeu du Prince des Sotz, vers 130. Comme dit Priapus : « S’il est ainsi que coingnée sans manche/ Ne sert de rien, ne houstil sans poingnée,/ Affin que l’un dedans l’autre s’emmanche,/ Prends que soys manche, et tu seras coingnée. » Rabelais, Quart Livre.   78 Se rattrape au souper.   79 Cette litanie de proverbes emprunte ici le refrain de la Ballade des Proverbes, de Villon.   80 Même le pain de luxe peut finir trempé dans du bouillon.   81 L’éteuf, la balle du joueur de paume. Cf. le Monde qu’on faict paistre, vers 187.   82 Je mènerai joyeuse vie. Idem vers 109.   83 La dernière née.   84 Son devoir conjugal, ou extra-conjugal.   85 Ne m’en veuillez pas. « Sans vous savoir mal gré quelconques. » L’Aveugle et Saudret.   86 Au cœur : à l’esprit. « Ce qui me vient à cueur et à couraige. » ATILF.   87 LV : en grey  (Si je ne prends le plaisir d’avoir…)   88 LV : laiser  (« Laisser aller le chat au fromage : Manière de parler libre & basse, qui se dit d’une fille qui a accordé la dernière faveur, qui s’est laissé persuader à faire faux bond à son pucelage, qui a fait brèche à son honneur. » Dictionaire comique.)   89 Cette fin est apocryphe : elle est absente des imprimés, les rimes reprennent maladroitement les rimes précédentes, et le distique final recopie le congé de la Fille bastelierre et du Monologue de Mémoyre, dont je parle dans ma notice.   90 Qui travaille bien, y compris au lit. Cf. le Dorellot, vers 168.

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