LES FRANS-ARCHIERS QUI VONT À NAPLES

Franc-archer

Franc-archer

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LES  FRANS-ARCHIERS

QUI  VONT  À  NAPLES

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Le type du soldat fanfaron, immortalisé par le Franc-archier de Baignollet (1468)1, a fourni au théâtre une longue série de poltrons, de voleurs de poules et autres traîne-rapières : l’Avantureulx, Maistre Mymin qui va à la guerre, ou Colin, filz de Thévot, qui vient de Naples.

Ce dialogue normand2 est la juxtaposition de deux monologues, déclamés par des comédiens qui occupent chacun une partie de la scène avant leur rencontre finale. L’auteur a eu l’intelligence de donner aux deux matamores un caractère différent : le second est beaucoup moins lâche que le premier.

Les Français voulurent plusieurs fois s’emparer de Naples ; le cavalier Colin, « qui vient de Naples », s’y trouvait lors de la troisième guerre d’Italie (1501-1504). Notre dialogue est de la même époque.

Source : Recueil de Florence, nº 14.

Structure : Rimes plates.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Farce  nouvelle  trèsbonne

&  fort  joyeuse  des

Deux  frans-archiers

qui  vont  à  Naples

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À deux personnaiges, c’est assavoir :

       LE  .I[e].  FRANC-ARCHIER   [Jehan de La Combe]

       LE  .II[e].  FRANC-ARCHIER

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                          LES  FRANS-ARCHIERS

                           QUI  VONT  À  NAPLES

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           LE  PREMIER  FRANC-ARCHIER  commence 3

     Escherra-il point à ma chance,                SCÈNE  I

     Par ma prouesse4 et [ma] vaillance,

     Que je soye ung coup5 chevalier ?

     Il n’est point de meilleur poullaillier6

5    Sur la terre que ma personne.

     (Que dy-je, moy ?) Je ne vous sonne

     Mot de mes faitz du temps passé.

     Par le sang bieu ! j’ay cabassé

     Et raulday7 villages et champs.

10   Vous eussiez veu les plus meschans

     Venir vers moy plus dru que paille8.

     Ha ! je ne crains pas une maille9

     Homme, s’il n’a plus de dix ans10.

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           LE  SECOND  [FRANC-ARCHIER] 11

     Bouter fault armes sur les rens,              SCÈNE  II

15   Et prendre bastons12 et guisarmes.

     Je ne crains rien fors les gendarmes13.

     Hardy tousjours me maintiendray.

     Mais touteffois, je me tiendray

     Tousjours au derrière de l’ost14,

20   À celle fin que soyes plus tost

     Près de fouïr, si mestier est15.

     Or sus ! je seray tantost prês16.

     Vécy tous mes bastons ensemble.

     Je voy desjà Napples qui tremble

25   De peur, par saincte Katherine17 !

     Or sus ! vécy ma javeline :

     El en pourra faire prou rendre18,

     Et servira bien à estendre

     —S(i) ung coup je perdoys la journée19

30   À quelque femme la buée20,

     Car el y est toute droit digne.

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           LE  PREMIER               SCÈNE  III

     Pensez que feray bonne mine,

     Mais que soyes21 sur mes adversaires ;

     Le sang bieu ! je ne les crains guères.

35   Ha ! se Napples me congnoissoit,

     Je cuide, moy, qu’il trembleroit,

     Tant ay ung merveilleux couraige.

     Ha ! brief et court22, je ne crains paige

     Ne houspaillier23 en quelque place

40   (Mais que de fouïr j’ayes espace24)

     Qui courre plus viste que moy.

     Iray-je ?

          – Ouy, certes, j(e) yray,

     [Sans plus] 25 sermonner.

                    – Sermonner ?!

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           LE  SECOND               SCÈNE  IV

     Il est temps de m’acheminer26,

45   Que je ne soye cassay aux gaiges27.

     Je m’en voyes parmy ces villages

     Pour menger poulles et chappons,

     Lièvres, connilz, brebis, moutons

     Et tout autelle sauvagine28.

50   Vécy une grant javeline

     Qui m’aidera [bien] à les prendre ;

     Pensez qu’el en fist plusieurs rendre29,

     La journée Mont-le-Héry30.

     Vray(e)ment, je suis encor marry

55   Quant il me souvient du martire

     Qu’el y fist ; je ne l’ose dire.

     En Paradis en soyent les âmes31 !

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           LE  PREMIER               SCÈNE  V

     Ha ! vray(e)ment, gardent-soy les femmes

     De Naples de venir vers moy !

60   Par la mort bieu ! je n’en prendray

     Une à mercy que je ne tue.

     Croyez que de plaine venue32,

     Je les mettray toutes en fuyte.

     Encore ne seront point quicte

65   Que n’en face33… Je n’en dis rien.

     Se Dieu plaist, trèstout ira bien34,

     Sinon les bossus et les tors35.

     Si fault-il esprouver mon corps,

     Pour veoir com je seray vaillant.

70   Je prens le cas que maintenant

     Bataille36 contre quelque paige :

     – Vélà mon gantelet pour gaige37

     À qui gaignera la victoire !

     Demeure !

            – Non feray ! encoire 38

75   Pas ne suis si anienty 39 !

     – Si feras, tu auras menty !

     – Mais toy ! Laisse-moy, laisse-moy !

     – Ha ! non feray, dea, par ma foy !

     – Ha ! si feras, tu mentiras !

80   – Jamais tu n’en eschapperas !

     Rens-toy à moy, ou tu es mort !

     – Par mon serment, je suis plus fort !

     – Je ne crains homme qui soit nay40 !

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           LE  SECOND               SCÈNE  VI

     Je m’en vois, c’est trop demouray41 ;

85   Car on a de moy grant deffaulte42.

     Il n’y a muraille si haulte

     Que je ne [rompe], abbate et foulle !

     Et si, ne laisseray jà poulle

     À qui je n’oste la pépie43.

90   À Dieu toute la seigneurie,

     Et44 tous ceulx de nostre quartier !

     Vécy aller le franc-archier

     Qui va bouter Naples45 par terre !

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           LE  PREMIER              SCÈNE  VII

     [Mais] touteffois, iray-je en guerre46 ?

95   – Ouÿ !

          – Nenny !

                 – Ha ! si feray !

     – Et ! par ma foy, jà je n’iray,

     Puisq’une fois l’ay entreprins.

     Je ne crains sinon d’estre prins

     Et atrapé à quelque braiche47,

100  Et puis [d’]avoir ung trait de flesche

    Passé au travers de la cuisse.

    Je n’iray point, non, que je puisse48,

    Pour estre prins49 à ung passaige.

    – Si ay-je merveilleux couraige ;

105  Je ne m’en puis tenir : [en route] 50 !

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           LE  .II[e].  ARCHIER         SCÈNE  VIII

    S’il y en a ung qui me boute

    En quelque lieu par quelque oultrance,

    Il n’aura point de délivrance

    Qu’il ne soit, à pié ou à cheval,

110  Haché comme chair sur l’estal51 !

    Ne s’i joue homme, s’il me croit !

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           LE  PREMIER              SCÈNE  IX

    Ha ! g’iroy certes, en effect,

    Puisque ma teste [en] est esmue.

    J’enrage jà que je ne tue

115  Et que ne bas ung capitaine.

    Sang bieu ! je donray mal estraine52

    Au premier qui viendra vers moy.

    Se je meurs, il est fait de moy.

    – Ce me fera beau réconfort 53 !

120  Ce sera ung franc-archier mort.

    – On n’aura pas gramment 54 perdu !

    Si ne seray-je pas rendu

    Du premier cop, que n’en despesche55 !

    [Or] sus, tant que la chose est fresche56 !

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           LE  SECOND 57              SCÈNE  X

125  Vienne qui s’en vouldra venir :

    Je les feray bien esquarrir58,

    S’ilz portent bastons ou guisarmes !

    N’y passera jà nulz gensdarmes ?

    Il me semble que meurs de deul59.

130  Sang bieu ! je combatray tout seul,

    Qui ne viendra bien vistement60.

    Je suis aspre, Dieu scet comment,

    Quant [je] me treuve en tel destour61.

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           LE  PREMIER               SCÈNE  XI

    Je m’en vois tandis qu’il est jour.

135  Plus ne sçauroies icy song[n]ier62.

    Ha ! j’auray quelque prisonnier,

    De cela je suis tout certain ;

    Aussi en ay-je bon besoing,

    Pour avoir pourpoint ou jacquète63.

140  (– Qu’esse-là64 ?

               – C’est ung eschauguette

    Qui est là pour guetter le pas 65.

    – Ha ! vrayment, vous ne m’avez pas !

    Vous n’avez garde66 que je passe,

    Mais que de fouïr j’aye espace !

145  Vous ne m’avez pas, par saint Gille !

    Le sang bieu ! ilz sont plus de mille :

    Je n’en vy oncques tel troppeau67.)

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           LE  SECOND 68              SCÈNE  XII

    Qui vive69 là ? Qui vive ? Hau !

    Qui est là ? Qui vive ? Qui vive ?

           LE  PREMIER

150  Jésus, quel besongne hastive !

    (Or [il] est tout fait de ma vie70.

    Je n’en vis onc tel compaignie

    Assemblée en ung [seul] monceau.)

           LE  SECOND

    Qui vive là ? Qui vive ? Hau !

155  Qui vive ? Qui vive ? Qui vive ?

           LE  PREMIER

    Vi… vi… vi… vi… vive saint Yve71 !

    Dy-je72 : le… le…

           LE  SECOND

                Vive le quoy ?

           LE  PREMIER

    Dictes, et puis je le diray

    Incontinant tout maintenant.

           LE  SECOND

160  Non feray : tu diras devant73 !

    Pense tost de te despescher !

           LE  PREMIER

    Or, vive… Dictes le premier.

           [LE  SECOND]

    Vous direz devant que je dye !

           LE  PREMIER 74

    (Sang bieu, il est fait de ma vie !)

           [LE  SECOND]

165  Jamais tu n’en seras délivre,

    Et ne sçauras75 jamais plus vivre

    Se ne dis qui vive soudain !

           LE  PREMIER

    Attendez jusques à demain,

    Et je le vous diray sans faille.

           LE  SECOND

170  Tu n’y gaignes pas une maille76,

    Puisq’ung coup le te signifie77 ;

    Car brief il est fait de ta vie :

    Jamais78 ne mengeras de lièvres.

           LE  PREMIER

    Or trêves, doncques ! Trêves ! Trêves !

175  Aymez toute paix et concorde79 !

           LE  SECOND

    Je le veulx ; je [te les]80 acorde

    D’icy jusqu(es) à la Saint-Remy81.

           LE  PREMIER

    Vray(e)ment, vous estes mon amy.

    Se estes de Naples82, j’en suis,

180  Et vous prometz et signifis

    Que je seray tousjours loyal

    Envers le Roy, soit bien, soit mal.

    Je n’y contrediray en rien.

           LE  SECOND

    Il te fera beaucop de bien83,

185  Se veulx tenir de sa banière84.

           LE  PREMIER

    Allemant, garde de derrière85 :

    Pour l’afaire, n’en crains personne,

    Car soudainement j’abandonne

    Mon corps et jambes pour fuÿr86.

           LE  SECOND

190  Et moy, pour bien le poursuivir,

    G’y vaulx tousjours autant que quatre !

           LE  PREMIER

    Sur ma foy ! il nous fault combatre87

    Pour veoir qui sera le plus fort.

           LE  SECOND

    Je le veulx bien, j’en suis d’accord.

195  Arme-toy tout présentement ;

    Car tu verras, par mon serment,

    Icy ung trèsbeau jeu jouer.

           LE  PREMIER

    Ne te joue pas à me tuer,

    Car jamais je n’aurois santé.

           LE  SECOND

200  Or sus ! à coup, despesche-toy88

    Com ung houeur89 en une vigne !

    Ung mercier tuerois pour ung pigne90,

    Tant suis eschauffé, maintenant.

           LE  PREMIER 91

    (Le sang bieu ! je suis bien meschant92

205  De m’aller contre luy jouer :

    Il m’ira tout [fin] droit93 tuer,

    Et n’en craindra sa conscience.

    Ha ! Nostre Dame de Lience94,

    Aydez-moy icy, s’il vous plaist !)

210  Au moins je requier —s(e) ainsi est

    Que [je] demeure en tel arroy95

    Chascun de vous prie[r] pour moy96.

    Et qu’on boute97 dessus ma tombe :

    « Cy-gist sire Jehan de La Combe,

215  Franc-archier et cassé98 aux gaiges ;

    Lequel, de peur de maulx passaiges99,

    Trespassa de grant deul et yre

    Qu’il eut pource qu’il ne put100 fuire

    Quant il fut surprins tout soudain. »

           LE  SECOND

220  Trut avant, trut ! C’est à demain101 ?

    Mettez soudain vostre sallade102 !

           LE  PREMIER

    Par mon serment ! je suis malade,

    Beau sire. Puisqu’il le fault faire,

    Je vous suply que on diffère

225  La bataille à [ung] autre jour ;

    Car pour bien besongner entour103,

    Je ne sçaurois pour aujourd’uy.

           LE  SECOND

    Vive le franc-archier hardy

    Qui en emporte la victoire104 !

230  Sang bieu ! je jousteray encoire,

    Et deussé-je jouster seullet.

           LE  PREMIER

    ([Par] saincte Marie ! en effect,

    Se je devois mourir martire,

    Si ne me convient-il point fuire ;

235  Ce me seroit ung grant dommage.

    Et ! j’ay ung si vaillant couraige,

    Mais q’une foys je le desplye105 !)

    Venez-vous-en, je vous deffie !

    Je ne vous crains pas une maille106.

240  Soudain mettez-vous en bataille :

    Je suis tout prest de me deffendre.

           LE  SECOND

    J’aimeroyes mieulx qu’on me vînt107 pendre

    Que je [ne] fouisse pour toy108 !

           LE  PREMIER

    Or sus, donc ! viste deffens-toy !

245  Mort [tu] es ! À l’arme ! À l’assault !

           LE  SECOND

    Mort bieu ! je vous auray, ribault !

    Rens-toy tost, car tu es perdu !

           LE  PREMIER

    J’aymeroyes mieulx estre pendu,

    Puisqu’il fault que je le te dye !

           LE  SECOND

250  (Il convient donc que je m’en fuye,

    Ou ma vie sera [brief] finée109.)

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           LE  PREMIER              SCÈNE  XIII

    Mort bieu, je gaigne la journée110 !

    Le ribault ! il est confondu.

    Qui me tint111, que ne l’ay fendu

255  Jusqu’au pommeau de mon espée ?

    J’en ay la teste affollée

    De dueil et de marissement112.

    Oncques Rolland113, par mon serment,

    Ne jousta en telle vaillance !

260  Donray-je114 point ung coup de lance

    À quelq’un, devant que je parte ?

    Si convient-il que je combate

    Encontre quelque bon follastre ;

    Estes-vous point deux contre quatre,

265  Ou six contre demye-douzaine115 ?

    Le cueur me frémist en la vaine,

    Quant me souvient de la bataille.

    Il convient bien que je m’en aille :

    Napples a de moy grant besoing.

270  À Dieu trèstous, vaille que vaille,

    Petis et grans, jusqu’à demain !

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                                                EXPLICIT

                *

1 Le Franc archier de Baignollet, le Franc archier de Cherré, le Pionnier de Seurdre. Édition critique de Lucie Polak. Droz, 1966.   2 La Normandie avait produit un monologue intitulé le Franc-archier du Boys-Guillaume, aujourd’hui perdu. Cf. Maistre Mymin (vers 32), et les Sotz escornéz (vers 25).   3 Il marche le long d’un chemin, habillé en civil, chargé d’un balluchon d’où dépassent des armes.   4 F : promesse  (« Par ma prouesse et par ma grant valliance. » Mystère des trois Doms.)   5 Un jour. Idem vers 29.   6 Voleur de poules. « Larron poulaillier !/ Meurtrier d’oysons et de poulletz ! » Le Pionnier de Seurdre.   7 J’ai chapardé et rôdé.   8 Plus serrés que des fétus dans une botte de paille.   9 Pas du tout. Idem vers 239.   10 « Je ne crains paige,/ S’il n’a point plus de quatorze ans. » Franc-archier de Baignollet.   11 Devant un feu de bois, il endosse son uniforme et prend ses armes.   12 F : bastans  (Voir le vers 127.)  La guisarme est une sorte de hallebarde.   13 À part les soldats.   14 De l’armée.   15 De fuir, s’il en est besoin.   16 Prêt.   17 On invoquait beaucoup cette sainte à Rouen, où reposaient ses reliques.   18 Elle pourra contraindre beaucoup d’ennemis à se rendre.   19 La bataille. Idem vers 53 et 252.   20 Elle pourra servir de tringle pour étendre du linge.   21 Quand je serai.   22 En bref.   23 Ni page, ni valet d’armes. L’archer ne s’attaque donc pas à des militaires armés.   24 Du moment que j’ai la place de fuir. Même vers que 144.   25 F : Puis qua  (« Abrégeons, sans plus sermonner ! » Jehan Michel.)  Comme il le constate lui-même au vers 6, notre 1er archer semble atteint d’un dédoublement de la personnalité, qui va s’aggraver plus loin. Il fait penser aux Sots qui dialoguent avec leur marotte : cf. Ung Fol changant divers propos.   26 De me mettre en chemin.   27 Pour que je ne sois pas révoqué sans solde. (Voir la note 164 de Marchebeau et Galop.) En théorie, les francs-archers n’existaient plus depuis 1481, et le vers 215 paraît donc plus proche de la réalité que celui-ci. Sauf que sur les côtes normandes, par crainte d’un débarquement anglais, on formait toujours des francs-archers en ce début du XVIe siècle. Voir par exemple le cas d’Harfleur, p. 19.   28 Et tout gibier semblable.   29 Se rendre.   30 À la bataille de Montlhéry, le 16 juillet 1465. Avec l’aide des Normands, Louis XI y combattit les Bourguignons et les Bretons. Ce ne fut une victoire que pour les déserteurs et pour les pillards. Les fanfarons se vantent toujours d’avoir pris part à des batailles trop anciennes pour qu’il en reste des témoins qui pourraient les contredire : l’Avantureulx (au vers 20) dit avoir participé à une bataille vieille de 73 ans ! Quant au capitaine Mal-en-point, il a combattu au côté d’Hannibal…   31 Jehan de Roye conclut pareillement sa description de ladite bataille : « Après que tout fut fait, on trouva que oudit champ y estoient mors IIIm VIc [3600] hommes. Dieu en ait les âmes ! »   32 D’emblée.   33 Sans que je les viole. Les soldats ne se gênaient pas : cf. Colin, vers 173.   34 Tout marchera droit.   35 Les boiteux.   36 Je me bats. Jeu de scène : l’archer capture un page imaginaire, qu’il maintient de force, et dont il contrefait la voix juvénile.   37 « Mon gantelet vélà pour gaige. » Franc-archier de Baignollet.   38 Comme au vers 230, l’éditeur parisien fait rimer encoire avec victoire. En fait, dans les parlers nordiques, c’est victore qui rime avec encore. Voir la note 85 de la farce normande du Bateleur.   39 Je ne suis pas encore si anéanti.   40 Qui soit né, qui soit vivant.   41 Je m’en vais, c’est trop demeurer sur place.   42 Besoin.   43 L’envie de boire.   44 F : A  (Confusion fréquente avec &.)  Rouen se divisait en quartiers, c.-à-d. en paroisses.   45 F : napres   46 Nouveau jeu de scène schizophrénique.   47 La brèche est l’ouverture que des assiégeants font dans un rempart.   48 Si je peux.   49 Si c’est pour être pris.   50 F : sans doubte   51 Comme de la viande sur l’étal du boucher.   52 Je donnerai un maudit cadeau. « En malle estraine Dieu la mette ! » Testament Pathelin.   53 Ça me soulagera !   54 Grandement.   55 Je ne me rendrai pas de prime abord sans en exterminer quelques-uns.   56 Allons-y, tant que ma résolution est valide. F attribue ce vers au second archer.   57 Il se poste en sentinelle devant un pont.   58 Déguerpir (argot militaire). « Se je n’eusse esquarry, vrayement,/ J’eusse encor eu je ne sçay quoy. » Serre-porte.   59 De deuil, de colère. (Idem vers 217 et 257.) « La vertu bieu ! je meurs de deul./ Je me battrois plus tost tout seul. » Franc-archier de Cherré.   60 Si personne ne vient bien vite.   61 Dans une telle embuscade.   62 Faire quelque chose de bon.   63 On libérait les prisonniers en échange d’une rançon. Le père de Colin, désireux de s’offrir une robe de Frise, demande au prisonnier de son fils : « Combien de rençon veulx-tu rendre ? »   64 Il aperçoit le second archer, et se dissimule tout en se parlant à lui-même. Un échauguette est une sentinelle.   65 Pour surveiller le passage.   66 Vous ne risquez pas.   67 Troupeau. Les fanfarons exagèrent toujours le nombre de leurs ennemis : dans Maistre Mymin, quatre soudards attaqués par une femme seule s’écrient : « Ilz sont plus que nous ! »   68 Il repère le 1er archer.   69 Cri de reconnaissance des soldats : cf. Daru, vers 316. On trouve un équivalent de cette scène dans Troys Gallans et Phlipot, vers 490-503.   70 C’en est fait de moi. Idem vers 164.   71 L’archer croit que la sentinelle est bretonne, et il pousse le cri de reconnaissance des Bretons. Ces derniers n’étaient plus en guerre contre les Français depuis 1491, mais ils ne les aimaient pas. Le franc-archer de Bagnolet se ridiculise d’une manière analogue face à un épouvantail qu’il prend pour un arbalétrier breton : « Dea ! je suis breton, si vous l’estes./ Vive sainct Denis ou sainct Yve ! »   72 Je veux dire. L’archer n’est plus sûr de la nationalité de son ennemi, et s’apprête à dire « vive le Roi », au cas où il aurait affaire à un Français.   73 D’abord.   74 F : second   75 Tu ne pourras.   76 Un sou.   77 Comme je t’en avertis.   78 Jamais plus, puisque tu seras mort.   79 Respectez l’accord entre le duché de Bretagne et la France.   80 F : les te  (Je t’accorde ces trêves.)   81 Jusqu’au 1er octobre.   82 Si vous êtes du voyage de Naples.   83 « Dist le Roy : “Vous serez des miens,/ Et vous feray beaucoup de biens.” » Franc-archier de Cherré.   84 Si tu veux te mettre sous son autorité. Louis XII enrôla d’anciens francs-archers dans les troupes d’Adventuriers qu’il expédia en Italie.   85 Je ne crains ni les lansquenets [mercenaires allemands], ni l’arrière-garde.   86 D’habitude, les fuyards n’abandonnent que leur arme et leur bouclier ; mais ils ne souffrent pas d’un dédoublement de la personnalité.   87 Il faut que nous nous battions ensemble.   88 On prononce « dépêche-té », à la manière normande. « Tais-tay, morbleu, tais-tay ! » (La Muse normande.) Voir aussi les rimes 41-42, 59-60, 111-2, 157-8.   89 Un piocheur.   90 Les merciers [colporteurs] vendaient notamment des peignes.   91 Il s’habille et s’arme avec une sage lenteur, tout en se parlant à lui-même.   92 Malheureux.   93 En droite ligne. « Je viens tout fin droit de boire. » Pernet qui va à l’escolle.   94 Même vers dans Chagrinas. Notre-Dame-de-Liance était une église picarde consacrée à la Sainte Vierge, qui y faisait des miracles : c’est grâce à elle que le sodomite Louis XIII put faire un enfant à son épouse après 23 ans de tentatives !   95 S’il advient que je meure.   96 Je requiers chacun de vous de prier pour moi. Cette exhortation s’adresse au public.   97 Qu’on mette, qu’on écrive.   98 F : passe  (Vers 45.)   99 Par peur de la mort.   100 F : peut  (Le franc-archer de Bagnolet dicte également son épitaphe : « Cy-gist Pernet, franc-archier,/ Qui cy mourut sans démarcher,/ Car de fuïr n’eut onc espace. »)   101 Allons ! c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? « Viendra-el point ? C’est à demain ! » Les Botines Gaultier.   102 Votre casque.   103 Les jouteurs qui combattaient à pied tournaient autour d’un centre commun en se faisant face (d’où le substantif « tournoi » et le verbe « tournoyer »). On en a un bel exemple dans la scène VIII de l’Avantureulx.   104 Qui a gagné par abandon.   105 Pour peu que je le déploie.   106 Pas du tout. « Posé soit ores que je tremble,/ Sang bieu, je ne vous crains pas maille ! » Franc-archier de Baignollet.   107 F : vist   108 Plutôt que je ne fuie à cause de toi.   109 Sera bientôt finie. Le second archer s’enfuit.   110 La bataille (note 19).   111 F : tient  (Qui m’a retenu ? « Qui ne me tînt, tu fusses bas ! » L’Avantureulx.)   112 De chagrin.   113 Beaucoup de fanfarons se comparent au neveu de Charlemagne. Cf. le Capitaine Mal-en-point, vers 196.   114 Ne donnerai-je. L’archer menace le public.   115 Autrement dit : six contre six.

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