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FRÈRE
PHILLEBERT
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Beaucoup de farces n’auraient pas vu le jour si une chanson ne leur avait servi de point de départ : le Ribault marié, le Povre Jouhan, le Bateleur, Jehan de Lagny, Régnault qui se marie à La Vollée, etc. Une chanson intitulée la Pauvre Garce a motivé l’écriture de cette farce picarde du XVIe siècle.
Le mot « garce », qui désigne une fille, n’est pas forcément péjoratif : « Les vieilles gens, parmy le menu peuple, disent la pauvre garce pour la pauvre fille. » (Gilles Ménage.) Une garce peut même être vierge : « La povre garse, cognoissant assez qu’on la menoit à la boucherie de sa chasteté & pudicité, & au dernier supplice de la fleur de sa virginité. » (F. de Belleforest.) C’est d’ailleurs sa virginité qui rend malade notre pauvre garce : elle souffre d’une maladie que les auteurs comiques appellent la « trop-fille ». Besogne-faite en est atteinte, de même que la Fille égarée. Nous remarquerons que toutes les victimes de ce terrible fléau sont des chambrières. Mais heureusement, elles se soignent ! D’ailleurs, nous avons sans doute là une de ces farces de carabins qu’on jouait dans les facultés de médecine, où l’humour potache et irrévérencieux était de mise1.
Voici la chanson de LA POVRE GARCE. À gauche, la version originale de Guyard2 ; à droite, la parodie de Janequin3. Je surligne les passages repris par l’auteur de la pièce.
M’y levay, par ung matin, M’i levay par ung matin :
Plus matin que l’alouette. Ne pouvois dormir seulette.
M’en entray en ung jardin Descendis en mon jardin
(Tan ouist, tan gay, tan farelarigoy) Pour cuillir la violette.
Pour cueillir la violette. Je trouvai le mien amy
(Ouistan, ouistegay, gay, gay !) (Tant fringant, gay, tant frire larigay),
Vray Dieu ! qu’elle est malade, Qui me coucha sur l’herbette.
Hé, Dieu, la Povre Garce ! (Gai, tout gay, et la la la !)
M’en entray en ung jardin Hellas ! qu’ell’ est malade,
Pour cueillir la violette ; La Povre Garce !
Là trouvay le mien amy Je trouvai le mien amy,
(Tan ouist, tan gay, tan farelarigoy), Qui me coucha sur l’herbette.
Qui me pria d’amourette. Il me leva mon coutron4
(Ouistan, ouistegay, gay, gay !) Et aussi ma chemisette ;
Vray Dieu ! qu’elle est malade, Il débrida son moreau5
Hélas, la Povre Garce ! (Tant uistant, gay, tant frire larigay),
Qui avoit la bouche fresche.
(Gai, tout gai, et la la la !)
Hellas ! qu’ell’ est malade,
La Povre Garce, la Povre Garce !
Source : Manuscrit La Vallière, nº 63. Le nombre anormalement élevé des indications scéniques me fait croire que le scribe a recopié le livret d’un chef de troupe.
Structure : Rimes plates, avec 4 triolets, et 4 sixains sur deux refrains alternés.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle de
Frère Phillebert
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À .IIII. personnages, c’est assavoir :
FRÈRE FILLEBERT 6
LA VOY(E)SINE
LA MAISTRESSE
PERRÈTE [POVRE-GARCE] 7
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FRÈRE FILLEBERT 8 commence SCÈNE I
C’est bien vray dict ; en chascun lieu,
L’on dict : « Qui est aymé de Dieu
Est aymé du monde. » N’est mye9 ?
Aussy je ne me soulcye mye.
5 Et puysque je suys en Sa grâce,
Moy, mes parens, tous de ma race
Avons la lumyère divyne
Pour guérir tous maulx qu’on devygne10…
Car il n’y a, en ceste ville,
10 Médecin, tant soyt-il habille11,
Qui sceût donner alégement
À la Povre Garce, vrayment.
Mais en brief temps12, je me faictz fort
Qu’el aura, par moy, bon « confort13 ».
15 Ainsy donques, pour abréger,
En ce lieu me viens héberger14
Pour luy ordonner15 guérison.
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LA MÊTRESSE DE LA POVRE GARCE entre.16
Voysine ! SCÈNE II
LA VOYSINE entre.17
Plaist-il ?
LA MÊTRESSE
Devison
De ceste povre créature
20 Qui n’ust jamais biens de Nature :
Qu’est-il possible de luy faire18 ?
LA VOYSINE
Y fault penser à son afaire,
Qu’el ne soyt pas ainsy débille19.
LA MAÎTRESSE
Il est renom20, en ceste ville,
25 D’un nommé frère Fillebert21.
Mais il n’est Trubert ne Hébert22
Guillebert, Robert ne Lambert
Qu’incontinent ne remédye
À guérir toute maladye.
30 Alons le veoir.
LA VOYSINE
Sus, qu’on desmarche23 !
S’y peult guérir la Povre Garce,
Ce sera plaisir faict à vous.
Alons !
LA MÊTRESSE
Menons-la quant et nous24,
Afin qu’el soyt hors de tristesse.
35 Perrète25 !
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PÉRÈTE POVRE-GARCE entre. SCÈNE III
Plaist-il, ma mêtresse ?
LA MÊTRESSE
Vien avant26, et faict[z] ton urine !
FRÈRE FILLEBERT 27
(Dieu luy doinct « chose » qui se dresse !)
LA MÊTRESSE
Pérète !
PÉRÈTE
Plaist-il, ma mêtresse ?
LA VOYSINE
Mais où luy tient tant de détresse ?
PERRÈTE
40 C’est au cœur [et] à la pouét(e)rine28.
LA MÊTRESSE
Perrète !
PÉRÈTE
Plaist-il, ma mêtresse ?
LA MÊTRESSE
Vien avant, et faict[z] ton urine !
PÉRÈTE aporte un urinal.29
Voyes, en voécy dens une verrine30,
Que j’ey faicte nouvellement.
LA VOYSINE
45 Voyez, sa couleur poinct ne ment :
Elle a deisjà le vière fade31.
FRÈRE FILLEBERT
(Hélas !)
LES DEULX FEMMES chantent :
Vray Dieu ! qu’elle est mallade,
Hélas, d’aymer, la Povre Garce ! 32
FRÈRE FILLEBERT
(Voycy à gaigner33 ! J’os34 l’estrade.
50 Hon, hon !)
LES FEMMES, en chantant :
Vray Dieu, qu’elle est malade !
PERRÈTE
Il n’y a chant, rondeau, ballade35
Qui me donne joye ; tout me fâche.
FRÈRE FILLEBERT
(Hélas !)
LES FEMMES chantent :
Vray Dieu ! qu’el est mallade,
Hélas, d’aymer, la Povre Garce !
Pérète toust 36, et sa mêtresse tient son front.
LA MÊTRESSE
55 Hardiment tousse fort et crache !37
LA VOYSINE
En efect, il y fault pourvoir38.
PERRÈTE
Han ! Dieu, le cœur !39
LA MÊTRESSE
Allons, pour veoir
Ce bon médecin sy expert.
Car vous voyez bien qu’il apert
60 Qu’elle a le povre cœur failly.
LA VOYSINE
Sus donques, qu’il soyt assailly !
Devant40 ! l’honneur vous apartient.
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LA MÊTRESSE SCÈNE IV
Voycy le lieu où il se tient.
Y nous fault heurter à la porte.
65 Holà !
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FRÈRE FILLEBERT 41 SCÈNE V
Qui esse là ?
LA VOYSINE
L’ on vous aporte
L’urine de la Povre Garce.
Il42 n’y a lieu, place ne marche
Où on sceût médecin trouver
Qui son sçavoir puisse esprouver
70 Pour aulcunement43 la guérir.
Voyez.
FRÈRE FILLEBERT, la regardant :
Elle44 est presqu’au mourir.
Sa maladye est fort diverse45.
LA MÊTRESSE, en soupirant :
Ne la sauriez-vous secourir ?
Voyez.
FRÈRE FILLEBERT
Elle46 est presqu’au mourir :
75 Car la mort en peult encourir,
Sy el ne tumbe à la reverse47.
Voyez, elle est presqu’au mourir.
Sa maladye est fort diverse.
LA VOYSINE
Que luy fault-il ?
FRÈRE FILLEBERT
Qu’elle « converse »
80 Avec le gerre48 masculin
Vitement, soyt Pierre ou Colin49.
Car je vous dy sans moquerye :
Sans cela, jamais n’est guérye.
Que je voye un petit vostre œuil…
85 Y fault bien acomplir mon veuil,
Ou jamais vous ne guérirez.
PÉRÈTE
An ! Dieu, le cœur !
FRÈRE FILLEBERT
[Le cul]50 ! Vous rirez,
Mais que vous soyez hors d’esmoy51.
Or, venez çà ! Parlez à moy :
90 D’où vient ce mal qui vous conteste ?
LA MÊTRESSE
Dy hardiment !
PERRÈTE
C’est de la teste,
Dont je ne puys prendre liqueur52.
Puys il me vient descendre au cœur,
Et cela me respont53 à l’ayne.
FRÈRE FILLEBERT
95 Au cul !
[LA MÊTRESSE]
O ! saincte Marye Madeleine !
Je le disoys bien, gnegnegnie54 !
Ne l’avoys pas [donc devygnie]55 ?
A ! Povre Garce !
LA VOYSINE
Mais, beau sire,
[Ouvrez-en]56 ainsy que de cyre,
100 Et monstrez vostre habilité57.
FRÈRE FILLEBERT
A ! s’el a une foys lysté
Avec le malle58, je sçay bien
Que son mal ne viendra qu’en bien59.
LA MÊTRESSE
Or sus, donq, plus ne babillon60 !
FRÈRE FILLEBERT prent ses lunètes,
puys escript une recepte61.
105 « Recepte pour le cotillon62
Que la Povre Garce a perdu :
Y fault qu’el face un tortillon63.
Recepte pour le cotillon. »
En parlant à eux 64 :
Prengne le galant bastillon65 !
110 [Qu’il] féra[i]lle66, ou qu’il soyt pendu !
En luysant 67 :
« Recepte pour le cotillon
Que la Povre Garce a perdu. »
Sy l’un d’eulx se trouve esperdu68,
L’un sera pour l’autre enseigner
115 Que bien tost la convyent seigner69.
Puys après, fera gargarin70
D’un bon clistère barbarin71.
Et pour luy remplir bien ses vaines,
La fault seigner entre deulx aynes72
120 Tant qu’elle en puisse estre assouvye.
TOUTES TROYS ensemble
Sainct Jehan ! Dieu vous doinct bonne vye !
FRÈRE FILLEBERT
Après, s’il vient quelque chalant73,
Vitement prengne le gallant74 !
Et garde bien qu’il ne s’absente
125 Le jour, la nuyct, tant qu’il s’en sente75
Depuys la teste jusqu(es) à l’ongle.
TOUTES TROYS ensemble
Dieu vous doinct bonne vie et longue !
FRÈRE FILLEBERT
En après, sans plus de recorps76,
Prenne le galant par le corps.
130 Qu’il sache gaser comme un gay77,
Et bien faire farlarigoy78
Jusqu(es) à tant qu’elle soyt ravie.
TOUTES TROYS
Sainct Jehan ! Dieu vous doinct bonne vye !
FRÈRE FILLEBERT
Puys, pour acomplir ma recepte79,
135 Prenne le gallant (je l’acepte) ;
Et qu’il face bien « ouyste ouyste80 »
En remuant le cul bien vite.
Mais gardez bien qu’il ne soyt hongre81 !
TOUTES TROYS
Dieu vous doinct bonne vie et longue !
LA MÊTRESSE
140 Frère Fillebert, mon amy,
Voi(e)là deulx escus et demy ;
Vous prendrez en gré82, s’il vous plaist.
FRÈRE FILLEBERT
Encor ferai-ge le souplaist
À cul ouvert83 et sens rassis,
145 Vous disant cent mille mercis.
Mais c’est le souverain remède
De prendre le galant fort royde,
À povre garce ou jeune fille.
Et que le galant bien frétille,
150 Pour luy garir sa maladye.
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Vous priant84, à chascun, qu’on dye
Un petit motet85 de chanson,
Voullez-vous pas ?
LA VOYSINE
Ouy, commençon.
Je seray bien aise d’ouÿr
155 Bien chanter, pour me resjouyr.
En prenant congé de ce lieu,
Une chanson pour dire « à Dieu » !
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FINIS
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1 Voir la note 51 du Pèlerinage de Saincte-Caquette. 2 Vingt et huyt Chansons musicales, imprimées l’an mil cinq centz trente et troys, au moys de mars, par Pierre Attaingnant. 3 Il secondo libro de Canzon francese a quatro voci di Clément Janequin. (Antonio Gardano, 1560.) 4 Mon cotteron : mon cotillon, mon jupon. « [Je] la jettis dessus le jonc,/ Luy levis son cotteron. » (M’amye, voulez-vous dancer.) 5 Il libéra de sa braguette son pénis. Au sens propre, le moreau est un cheval noir. 6 Ce nom est orthographié « Fillebert » tout au long de la pièce, mais « Phillebert » dans le titre, qui n’est jamais de l’auteur. Ce charlatan a beau se faire appeler « frère », ce n’est pas plus un homme d’Église qu’un homme de science. 7 LV : venes tost (Perrette Venez-tôt est elle-même un personnage de chanson et de farce : cf. Jehan de Lagny. Mais la nôtre se nomme Perrette Pauvre-garce, comme en témoigne le vers 35.) 8 Vêtu en médecin, il se dirige vers la maison où travaille Perrette Pauvre-garce. 9 N’est-ce pas vrai ? Non : plusieurs proverbes affirment exactement le contraire. « L’homme ne peult en mesme temps esre aymé de Dieu & du monde ensemble. » François de Belleforest. 10 Qu’on devine sans que j’aie besoin de les préciser. Il s’agit des maladies honteuses que soigne la Fille bastelierre aux vers 172-210. 11 Habile. 12 Dans peu de temps. 13 Un « con » fort, capable de résister aux assauts de ses amants. Cf. le Sermon pour une nopce, vers 105. 14 Planter. 15 Prescrire par ordonnance. 16 Entre en scène, comme aux deux occurrences qui vont suivre. L’employeuse de la chambrière Perrette sort dans la rue et appelle sa voisine. Philebert se cache à proximité. 17 Elle sort de chez elle et rejoint sa commère dans la rue. 18 Que pouvons-nous faire pour Perrette ? 19 Affaiblie. 20 LV : onm 21 La réputation de ce charlatan dépasse même la ville : « La belle Gribouille, accompaignée de la Péronnelle, & de frère Philbert (de quoy l’on parle tant en France). » Les Croniques admirables du puissant roy Gargantua. 22 Il n’y a nul malade. 23 Qu’on se mette en marche. 24 Avec nous. 25 L’employeuse, qui est dans la rue, appelle sa servante par la fenêtre, où elle apparaît. 26 Viens ici. L’urine est la première chose qu’examinait un médecin : cf. la Seconde Moralité, vers 223-227. 27 Caché près de là, il commente en aparté l’action qui se déroule sous ses yeux. 28 À la poitrine. Le ms., copié en Normandie, revendique cette graphie locale : « La pouétrine m’est sy enflée ! » Sermon pour un banquet. 29 Elle rejoint les deux femmes dans la rue, avec une carafe d’eau trouble à la main. 30 Dans un flacon de verre. 31 Le visage pâle. Cf. Frère Frappart, vers 128. 32 « L’aultre jour m’en chevauchay,/ Tant uistz, tant gay, tant farelarigay…./ Hé ! Dieu, la Pouvre Garse, hélas, qu’elle est malade ! » (Brian Jeffery, Chanson verse of the early Renaissance, II, p. 124.) Voir aussi H. M. Brown, Music in the french secular theater, pp. 135-136 et nº 300. 33 Il y a là de l’argent à gagner. 34 J’ois, j’entends : je connais l’art du pillage. 35 Pour soulager la chambrière de Tout-ménage, qui souffre du même mal que Perrette, on lui dit : « Vous me semblez bien fort malade ;/ Vous fault-il chanson ne ballade/ Pour vous esjouir ? » 36 Tousse. Sa patronne vérifie alors si elle a de la fièvre. 37 Saisi par le virus de la poésie, mais peu au fait de ses règles, le copiste a ajouté dans la marge de gauche : frere fillebert gare le pet 38 Il faut faire quelque chose pour elle. 39 Après avoir copié le vers 87, le scribe est revenu ajouter dans la marge de gauche : frere fillebert dict helas le cul 40 Marchez devant, cet honneur vous est dû. « Allons, marche devant, l’honneu’ t’apartien ! » (L’Agréable conférance de deux Normans.) Philebert retourne vite chez lui. 41 Il vient sur le pas de sa porte. 42 LV : qui 43 En quelque manière. 44 LV : du soroboro elle (Un acteur a défiguré ce triolet avec des formules magiques vaguement latines. Celle-ci fait référence au personnage biblique Zorobabel, qui assurera le succès de l’Homme à mes pois.) Tout récemment, Jody Enders* a émis l’intéressante hypothèse qu’il pourrait s’agir de l’ouroboros, le symbole alchimique du serpent qui se mord la queue. *Immaculate Deception and Further Ribaldries, University of Pennsylvania Press, 2022, p. 167. 45 Redoutable. 46 LV : da usque me he / el (Voir la note 44.) 47 Elle risque de mourir, si elle ne se couche pas sous un homme. Cf. Jehan de Lagny, vers 21. « Se je ne tumbe à la renverse,/ Je sçay bien que je mourray. » (On dit que le mal de dents.) 48 Le genre masculin : les hommes. 49 Peu importe avec qui. 50 LV : helas le cul / et tant (Voir le vers 95.) 51 Quand vous serez hors de danger. 52 De la force. « Force n’ay plus, substance ne liqueur. » François Villon. 53 Rejaillit. 54 LV : que qnengne (Juron qui sert de refrain à la Pauvre Garce. « Gnygnegnies !/ Hé ! Dieu, la Pouvre Garse !/ Hélas, qu’elle est malade ! » Jeffery, II, 124.) Il s’agit d’une des altérations euphémiques du juron « je regnie ! » [je renie Dieu]. Selon le même principe, « sacré nom de Dieu ! » finira par donner scrongneugneu, et « nom de Dieu ! » aboutira au rogntudjuu que connaissent tous les lecteurs de Gaston Lagaffe. 55 LV : dict deuygne (Ne l’avais-je donc pas devinée ? Voir le vers 8. Nous avons là une terminaison purement picarde.) 56 LV : ouures nen (En œuvrer comme de cire : à la perfection. « Ilz en œuvrent comme de cire », dit maître Pathelin à propos des médecins.) 57 Votre habileté. Dans Jénin filz de rien, un autre charlatan vante son « habilité et science ». 58 « Lutté » avec un mâle. Cf. Guillerme qui mengea les figues, vers 240. 59 Ne pourra que s’améliorer. 60 Ne perdons plus de temps à des bavardages. 61 La recette tient le juste milieu entre l’ordonnance médicale, la formule alchimique, et le grimoire des sorcières. Maistre Doribus en fourgue de semblables aux naïfs : « Recepte pour quelque mignon/ Qui aura les cheveux caducques…./ Femmes qui ont les fesses molles :/ Recepte pour les faire dures. » 62 Le jupon : c’est le « coutron » que chante Janequin (v. ma notice). Ce curieux triolet, qui ne s’intègre à la pièce ni par le fond, ni par la forme, pourrait être une chanson préexistante. 63 LV : bastillon (Au lieu d’enlever sa jupe pour faire l’amour, au risque de la perdre, il faut qu’elle l’enroule sur son ventre.) 64 Aux étudiants et aux médecins qui composent le public. Cette didascalie et la suivante furent notées après coup dans la marge de gauche. 65 LV : bataillon (Que le galant prenne le bastion de Perrette !) Dans la phraséologie érotico-militaire, le pucelage est un « bastion » que la femme doit défendre et que l’homme doit prendre de force. 66 Qu’il s’active de son braquemart. On pendait les déserteurs : cf. Troys Gallans et Phlipot, vers 435. Le verbe ferrailler, cantonné au jargon de la soldatesque, n’a été admis en littérature qu’au XVIIe siècle. 67 En lisant son ordonnance. 68 Ne sait pas ce qu’il doit faire. 69 Qu’il faut lui déchirer son hymen. 70 Elle fera un gargarisme, mais avec une autre cavité que sa bouche… 71 « Et je lui bauldray ung clistoire/ Qu’on dit barbarin. » (Chagrinas.) Cette expression ne désigne pas uniquement la sodomie : « Donner un barbarin clystère/ Par devant, et non par derrière,/ À quelqu’une. » Le Pasquil des cocus. 72 Entre les cuisses. « Qu’il nous donnast deux ou troys chartées de ses filles (…) pour les saigner (respondit Frère Jan) droict entre les deux gros horteilz. » Rabelais. 73 Ami, client. 74 Que Perrette prenne vite ce galant. 75 Tant et si bien qu’il s’en ressente. 76 Sans plus de discours. Cf. le Ramonneur de cheminées, vers 164. 77 Jaser comme un geai (double picardisme). On mettait ces oiseaux en cage pour leur apprendre à parler : cf. le Monde qu’on faict paistre, vers 163 et note. 78 LV : faire larigoy (Voir la chanson de Guyard dans ma notice.) « J’avisay son jolys con/ –Tant miste, tant gay, tant falarigoy– / Qui avoit la barbe faicte…./ Et ! Dieu ! qu’elle est malade,/ Hélas, la Paovre Garse ! » Jeffery, II, p. 223. 79 Mon ordonnance. 80 Onomatopée qui sert de refrain à la Pauvre Garce : « Ouistan, ouistegay ! » (Guyard.) « Tant uistz, tant gay, tant farelarigay,/ Mon chemin droict à Salette,/ Tant voistz, tant voiste, gnygnegnies !/ Hé ! Dieu, la Pouvre Garse !/ Hélas, qu’elle est malade ! » (Jeffery, II, 124.) « Je la gettay sur l’herbette, oette, oette…./ Et ! Dieu, qu’elle est malade,/ Hélas, la Povre Garse ! » (Jeffery, II, 223.) Ces graphies flottantes pourraient renvoyer à l’expression picarde « faire ouste à ouste » : faire sans précaution, grossièrement. Cf. le Dictionnaire rouchi-français, de Hécart. 81 Châtré. 82 Vous les accepterez. 83 Je ferai le souple, en effectuant une profonde révérence. « La révérence à cul ouvert/ Je fais. » Chambrière à louer, à tout faire. 84 LV : prians 85 Quelques mots.