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JÉNINOT QUI FIST
UN ROY DE SON CHAT
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Dans beaucoup de farces, les personnages de « badins1 » ne demandent qu’à travailler, mais leur travail subit la même distanciation par rapport au réel que leur vie quotidienne. De plus, ils prennent le langage au pied de la lettre, et sont persuadés qu’ils ont raison et que les autres ont tort.
Cette farce, écrite aux confins de la Normandie et de la Picardie, fut jouée à l’occasion d’une fête des Rois : le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, on tirait le « roi de la fève », et les troupes joyeuses montaient des pièces de théâtre. Voir la notice de Pour porter les présens à la feste des Roys.
Source : Recueil du British Museum, nº 17. Cette farce fut peut-être composée vers 1500 ; un demi-siècle plus tard, Nicolas Chrestien l’a publiée à Paris, en la modernisant et en gommant certains particularismes picards.
Structure : Rimes abab/bcbc, rimes plates. L’auteur, qui est certainement un comédien, se satisfait de rimes très incorrectes ou même d’assonances, mais il a un véritable instinct des situations visuelles. Malheureusement, ses comparses ont encombré le texte en y ajoutant des bribes de vers et une infinité d’interjections qui étaient acceptables pour le public, mais qui ne le sont plus pour des lecteurs ; j’ai barré impitoyablement toutes ces marques de cabotinage.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle trèsbonne
et fort joyeuse de
Jéninot qui fist
un roy de son chat
par faulte d’autre compagnon, en criant :
« Le Roy boit ! » Et monta sur sa
maistresse pour la mener à la messe.
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À trois personnages, c’est assavoir :
LE MARY
LA FEMME
et JÉNINOT
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LE MARY 2 commence [en chantant :] SCÈNE I
Pourquoy fault-il tant de tourment souffrir,
En ce monde, pour avoir seulement
La pauvre vie et à la fin mourir ?
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Bref, cela n[e m’]est point plaisant.
5 Je veulx avoir doresnavant
Un varlet qui me servira3 ;
Et puis me don(ne)ray du bon temps.
Advienne ce qu(e) advenir vouldra ! 4
LA FEMME
Vous dictes trèsbien de cela,5
10 Mon mary. Car en vérité,
Nous n’aurons pas nécessité6
(Se Dieu plaist) tandis que vivrons,
Car assez de biens nous aurons
Pour nous nourrir honnestement.
15 Mais je vous prie chèrement
Que nous ayons quelque varlet.
LE MARY
Nous en aurons un, soit beau ou layt,
Mais qu’il nous soit bien servïable7
Autant à besongner comme à la table8.
20 Car, m’amye, je vous dis bien
[Que] s’il ne nous servoit de rien,
D’en avoir un se seroit simplesse9.
LA FEMME
Il me mèn[e]ra à la messe.
Et si, gardera la maison.
25 Quand je vouldray aller au sermon,
Aussi10 me portera ma scelle.
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JÉNINOT entre11 à tout un chat, et
luy baille12 sur l’oreille en disant :
Minault13, vous aurez sus l’oreille ! SCÈNE II
À l’ayde, il me tient aux oreilles !
[Ha !] saincte sang bieu, quel gallant14 !
30 À peu15 qu’il ne m’a mis16 les dens !
Que le diable emporte le minault !
LE MARY
Voicy [là] tout ce qu’il nous fault.
Escoutes [çà, hau]17, mon amy !
Entends à moy : veulx-tu servir ?
35 Déclaire-moy un peu ton fait.
JÉNINOT
Et quoy doncques18, [si] en effect
Vous voulez bien estre mon maistre.
LE MARY
Ouy, vrayement je le veulx bien estre,
Mais que tu soye bon garson
40 Et que tu sçaches la façon
De faire tout19 sans riens faillir.
JÉNINOT
Je fairay bien le pot bouillir
Ainsi comme une chambèrière ;
De cela sçay bien la manière,
45 Sans point mouiller mon pain dedans :
Cela, c’est à faire à frians20.
Je me garde de tel affaire.
LE MARY
Or çà, ditz-moy : que sçais-tu faire ?
JÉNINOT
Je sçay bien [bailler vin]21 à boire,
50 Autant au soir comme au matin.
Et si, parleray bien latin,
Voire[ment], mais [qu’on me]22 l’apreigne.
Je n’en crains [pas] homme qui viengne
Pour estre bien envitaillé23.
LA FEMME
55 A, paillard, le fault-il révéler24 ?
Tu n’as25 pas chose qui me haitte.
JÉNINOT
Quant je tiens une tartelette,
Un flanet, ou un cassemuseau26,
Je le fourre soubz mon museau
60 Aussi bien qu(e) homme de la ville.
LE MARY
Par sainct Jehan, tu es fort habille27 !
Or çà, dis-moy combien veulx-tu gaigner ?
JÉNINOT 28
Je vouldroye bien estre habillé,
Et gaigner dix-huit frans le moys.
65 Mais aussi, je veulx avoir des noix
Pour m[’y] aller souvent esbatre29.
LE MARY
La mal[e] mort te puisse abatre !
Quel varlet j’é trouvé icy !
JÉNINOT
Mon maistre, vous avez vécy30.
70 [Prou vous fasse]31 ! Saincte Marie,
Recullez-vous, je vous en prie :
Jamais chose ne fut si aigre !
LE MARY
Et ! je faitz ta sanglante fièbvre,
Villain infâme, larronseau !
75 Je te romperay32 le museau,
[Se mets]33 la main sur ton collet !
JÉNINOT
Voulez-vous batre vo34 varlet ?
Vous estes un vaillant monsieur !
Il m’est venu une sueur
80 Au cul, de la paour35 qu’il m’a fait[e].
Chanter vouloyt36 de chose infaicte,
Se n’eusse retraict37 le cornet.
LE MARY
Que ne parle-tu franc et net,
Sans te mocquer ainsi des gens ?
JÉNINOT
85 Aussi fais-je, par mon serment,
Mon maistre. Ay ! vous estes bon homme38.
LE MARY
Se tu te veulx louer, en somme,
[À moy39], trois francs te don[ne]ray
Tous les ans, et t’abilleray,
90 Puisque habillé40 tu veulx [doncq] estre.
JÉNINOT
Je vous remercie, mon maistre.
De vous servir suis bien contend.
LE MARY
Comment as-tu non vrayement ?
JÉNINOT
Par mon serment, je croy que j’ay nom Jéninot41.
LE MARY
95 Jéninot est le nom d’un sot42 ;
Mais aussi n’es-tu pas trop sage.
Or çà ! laissons [là] ce passage.
[Or], Jéninot, je te diray :
Moy et ma femme allons soupper43
100 Chez nostre voysin icy près.
Souppe-toy44 sans aucun arrest,
Et garde45 bien la maison ! [Feras46 ?]
JÉNINOT
Voire ; mais s’el s’enfuyt, voylà :
Fauldra-il que je coure après ?
LA FEMME
105 Mon Créateur, que t(u) es nÿés47 !
Et ! va, va, elle n’a[ura] garde48.
[Seulement donne-toy bien garde]49
Que nul[ly]50 n’entre point céans.
JÉNINOT
De cela je suis recordant51.
110 Mais venez çà, hau ! Voirement,
[Avant vostre département,]52
Au moins donnez-moy un gasteau :
[Ain]si, feray un roy nouveau53
À ce soir, pour me rigoller.
LA FEMME
115 A ! Jéninot, tu veulx voller54.
Or sus, tien, voylà un liart55 ;
Et ne [nous] fais point du criart.
Va querre56 un gasteau vistement !
JÉNINOT
Aussi voys-je57, par mon serment !
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120 Hon, hon ! J’auray un bon gasteau, SCÈNE III
Mais je ne bevray que de l’eau.
Hélas, que servans ont de peine ! 58
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Icy, Jéninot doit avoir un gasteau.
Or [je] su[i]s en la bonne estraine59 !
Tout le monde crie « le Roy boit ! » :
125 Je suis tout seul icy endroit.
Et, par bieu ! je feray un roy.
Il couppe le gasteau.
Et voicy, [tout] premier, pour moy :
On dit qu’il est fol qui60 s’oublye.
Par la doulce Vierge Marie !
130 Vous verrez tantost un beau jeu61.
Or sus ! Après, voylà pour Dieu62.
Et, dea ! j’ay trop fait d’une part63.
Par mon âme ! c’est pour le chat :
Je ne la sçaurois mieulx bailler.
135 Or çà, je [m’en] vois regarder
Auquel [morceau] c’est qu’est la fève.
Tel cuyde bien faire qu’il resve64.
Or sus ! à l’autre65… Dieu y ayt part,
Par mon âme : c’est nostre chat !
140 Or voicy bien pour enrager.
Par bieu ! si me fault-il crier66.
Par mon âme ! si burez-vous,
Ou je vous donneray des coups !
Entendez-vous, monsieur le Roy ?
145 Serez-vous cy mèshuy67, ou quoy ?
Faictes-nous un peu de raison68.
Tenez, voylà de la boisson :
N’espargnez pas ce vin cléret69.
Icy, fault qu’il face boire le chat.
Le Roy boit !! Le Roy boit !! Le Roy boit !!
150 A ! dea, nostre chat boit70. Et puis ?
[Ne buvez tout, j’en veulx aussi.]
Que dictes-vous, monsieur le Roy ?
Je me suis mis en grand desroy71
Pour en payer la folle enchère72.
155 Or çà, çà, faictes bonne chère :
Tenez, voylà de la pitance.
Vous faictes belle contenance.
Si payerez-vous la royaulté73.
Et ! non ferez ? En vérité,
160 Vous n’en serez pas ainsi quite :
Or buvez doncq ! Je vous en quitte74,
Que n’en soyez plus en esmoy.
Icy, fault qu’il face boire le chat.
Le Roy boit !! Le Roy boit !! Le Roy boit !!
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LE MARY 75 SCÈNE IV
J’ay ouÿ un terrible bruyt !
[ LA FEMME
165 Qui maine tel desroy76 de nuyct ?
LE MARY ]
C’est nostre varlet le testu.
[Et !] dea, Jéninot, que fais-tu ?
Tu maine[s] un trèsgrand desroy.
JÉNINOT
Mon maistre, nostre chat est roy ;
170 Regardez comme il fait le Mage77.
LA FEMME
Mon Créateur, que tu es sage !
Ne sçaurois-tu crier plus bas ?
JÉNINOT
Ma maistresse, vous ne sçavez pas :
Nostre chat est roy du gasteau.
175 Ne luy f(e)rez-vous pas un chappeau78
Pour luy boutter dessus la teste ?
LA FEMME
Saincte Marie, que tu79 es beste !
N’as-tu pas souppé, dy, porchier ?
Despêche-toy, va te coucher !
180 Et te liève de bon matin !
JÉNINOT
Aussi f(e)ray-je, par sainct Martin,
Devant que je voise pisser80.
Mais aydez-moy à deschausser,
Hau, mon maistre, pour la pareille81.
LE MARY
185 Le dyable t’a fait la cervelle !
Couche-toy tost, c’est trop farcer !
JÉNINOT
Et, je n’ay point de pot à pisser :
Ou82 [lict] voulez-vous que je pisse ?
LE MARY
Mauldict soys-tu ! Quel[le] devise83 !
190 Ce lourdault-cy me rompt la teste.
JÉNINOT, en se couchant dedans un lict.
Et fault qu’il soit despouillé 84.
Et, vous estes un terrible maistre !
[On] ne vous ose85 dire mot.
LA FEMME
Pour neant n’a pas non « Jéninot »86 !
Son langage par trop me nuyst.
JÉNINOT
195 Vous ne dictes pas : « Bonne nuyct
Vous doint Dieu ! » Esse la façon ?
LE MARY
Le dyable emporte le garson,
Tant il est sot et peu subtil !
[Çà,] ma femme ?
LA FEMME
Que vous plaist-il ?
LE MARY
200 Faictes que j’aye [un peu] à boire87
Car, par le benoist Roy de gloire88,
Je meurs de soif, aussi de fain89.
LA FEMME
Tenez, mengez : voylà du pain
Et du vin que j’ay recouvré90.
205 Mais gardez de vous enyvrer :
Vous perderiez91 vostre mémoire.
LE MARY
Me cuydez-vous garder de boire ?
Vous avez bon foye92, vrayement !
Versez plain voirre93 seullement,
210 Et ne vous souciez de cela !
JÉNINOT, en resvant :
Nostre vache, qui acoucha
L’autre demain94 de trois pourceaulx ;
Saincte Marie, qu’il[z] estoient beaulx !
Il leur fauldra donner du laict.
LE MARY
215 Qu’esse que j’au95 ?
LA FEMME
C’est no96 varlet ;
Je croy [bien] qu’il a quelque fièbvre.
JÉNINOT, en resvant :
Ma mère ! Ma mère ! Ma mère, la chèvre
M’a mordu [de] par le tallon97 :
Apportez-moy tost un baston,
220 Que je luy casse le museau !
LE MARY
Il luy procède98 du cerveau.
En effect, je croy qu’il affable99.
JÉNINOT, [en resvant :]
Et, dépeschez-vous, de par le dyable !
Apportez-moy ma grande espée !
225 Ceste orde100 vieille ridée
Ne me lairra101 jamais en paix ?
LE MARY
Et ! paix, de par le diable, paix102 !
Voylà beau déluge103 à plaisir.
Allez me le jetter hors du lict,
230 Et me l’éveillez tost acoup !
LA FEMME
Sus, Jéninot ! Debout, debout !
N’est-il pas temps de se lever ?
JÉNINOT
Et, laissez-moy un peu reposer !
Que diable vous estes fâcheux104 !
LE MARY
235 Te lèveras-tu, dy, pouilleux ?
Quel mignon105 ! Comment il devise !
JÉNINOT
Allez-moy chauffer ma chemise106
Et me l’apportez vistement !
LA FEMME
C’est bien raison ! Par mon serment,
240 Ce coquin ne fait que railler.
JÉNINOT
Et ne me devez-vous pas habiller107
Tandis que je seray céans ?
LE MARY
Ouy bien, de quels108 habillemens ?
Voylà bon109 ! Comment l’entens-tu ?
JÉNINOT
245 Comment ? Que je soye vestu
Et habillé tous les matins,
Et qu’on me chausse mes patins110
Quand je vouldray faire tratra111.
LE MARY
Or il n’y a ne cy ne ça112 !
250 Ne fais point icy le follastre :
Liève tost, que [je] ne te lattre113,
Ou tu pourras bien avoir du pire.
JÉNINOT
Par sainct Jehan ! pour bien le vous dire,
Je ne me sçaurois habiller
255 [Si ma mère ne vient m’ayder.]114
LE MARY
Il fault doncq[ues] que je t(e) habille ?
JÉNINOT
Et quoy ! [oncq n’y fustes habille]115 ?
Vous deussiez avoir desjà fait.
LE MARY
[Ma femme, pour dire le fait,]116
260 Puisqu(e) ainsi est, sans flagoller117,
Venez m(oy) ayder à l’abiller,
Affin qu’il vous maine à la messe.
Icy, fault que le mary et la femme habillent Jéninot.
JÉNINOT
Et ! [dea, tout beau]118, hé, ma maistresse !
Que dyable vous estes maussade119 !
LA FEMME
265 Mon Créateur, que tu es sade120 !
Regardez quel museau gourmant :
Son visage e[s]t aussi plaisant
Que le cul de la Barbouillée121.
JÉNINOT
N’auray-je pas une toustée122
270 Au beurre mol123, pour grignoter ?
Je diray mon Bénédicité 124,
Et aussi mon Avé Marïa.
LE MARY
Le grand dyable ceans te chïa125 !
Entens à moy, dy, estourdy !
275 On pert ses peines, avec126 luy.
Aller te fault par bonne adresse127,
Gentiment128, mener ta maistresse
À la grand-messe à Nostre-Dame129.
JÉNINOT
Quant je vous regarde, sur m’âme130,
280 Il me semble que soyez fol.
Elle n’a bride ne licol :
Comment voulez-vous que je la maine ?
LE MARY
[Que] la forte fièvre quartaine
Te puisse serrer le visage !
285 Despêche-toy, si tu es sage,
Ou tu seras trèsbien frotté !
JÉNINOT
Il ne fault point tant tourmenter ;
J(e) y voys, puisque faire le fault.
Icy, fault que Jéninot monte
sus le dos de sa maistresse.
LA FEMME
Qu’esse que tu fais, dy, lourdault ?
JÉNINOT 131
290 Hay ! hay ! dia !
LA FEMME
À l’ayde, il me rompt [le râble]132 !
Descends !
JÉNINOT
Hay ! De par tous les diables,
Tant vous me donnez de [la] peine !
LE MARY 133
Descends ! Que de fièbvre quartaine
Soyes-tu serré134, [en male estraine !]
JÉNINOT
295 M’avez-vous pas dit que la maine
Je ne sçay pas où à135 la messe ?
Vous m’avez tant rompu la fesse !
Jamais je ne fus si estonné.
LE MARY
Comment la voulois-tu mener ?
JÉNINOT
300 Comment ? Comme j’avois acoustumé
De mener [nostre jumant]136 paistre,
Quand j’estoie cheux137 mon autre maistre :
Il me faisoit dessus monter.
LE MARY
Quel(le) raison, bénédicité !
305 [Un sot ne sera pas un sage !]138
Dea ! Jéninot, en ton vilage,
Meine-on ainsi une femme ?139
JÉNINOT
[Et !] je n’en sçay rien, par mon âme,
[Comment on fait les femmes paistre.]140
310 Mais un jour, [j’ay trouvé] mon maistre
[Qui] montoit dessus ma maistresse
Et luy secouet tant la fesse ;
Et si141 ne vouloit : « Hay avant ! »
[Mais] je ne sçay pas bonnement
315 Si vous voulliez que je fisse ainsi.
LE MARY
Mais quel [grand] raillart esse-cy !
Te fault-il tant142 mocquer de nous ?
Vrayement, je te don(ne)ray de[s] coups : En frappant.143
Or tien, tien ! En as-tu assez ?
JÉNINOT
320 Et, tout beau ! Hé, vous me blessez !
Le dyable vous emport ! Quel maistre !
Vous m’avez tout(e) rompu la teste.
Jamais je ne vous serviray.
LE MARY
Va t’en donc !
JÉNINOT
Et ! payez-moy, je m’en iray,
325 [Mais payez-moy ce que devez.]144
LE MARY
A ! vrayement, tu seras payé
Ainsi comme tu l’as desservy145.
LA FEMME
Frappez, frappez dessus cest estourdy !
Ne l’espergnez nomplus que plastre146 !
JÉNINOT
330 Et ! pourquoy me voullez-vous batre ?
Hé ! suis-je en vostre chastiment ?
Si vous estiez hors de céans,
Je vous gallerois bien [le dos]147.
LE MARY
Saincte Marie, que t(u) es nouveau148 !
335 On s’i romp(e)roit l’entendement ;
Car on ne sçauroit nullement,
D’un busart, faire un esprevier149.
Par quoy je vous vueil supplier
Que nous pardonnez, je vous prie.
340 Adieu vous dis, toute la compagnie !
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FIN
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1 Demi-sots. Nous dirions aujourd’hui des autistes. Le Badin des Sobres Sotz détaille les caractéristiques de ce rôle qu’on réservait aux meilleurs comédiens. 2 Il est chez lui, avec sa femme. Cette chanson en décasyllabes n’a pas été conservée. 3 Le même éditeur a publié le Badin qui se loue, qui a peut-être inspiré la présente farce : un couple en quête de serviteur embauche le Badin Janot, qui comprend tout de travers et qui ne songe qu’à boire et à manger. De Janot à Jéninot, il n’y a qu’un pas. 4 Si on remplace vouldra par pourra, nous obtenons un refrain qui figure dans une liste de chansons de la Condamnacion de Bancquet. Il apparaît également au vers 365 des Premiers gardonnéz (exemple non relevé par H. M. Brown, nº 5). On le trouve aussi dans une ballade de Charles d’Orléans. 5 Les premiers vers composés par l’auteur (4-9) dissimulent l’acrostiche BIVEAU. C’est un nom fréquent dans la région concernée. Mais il peut s’agir d’une coïncidence. Rappelons toutefois que les 12 premiers vers de la farce du Pèlerin et de la Pèlerine (recueil de Copenhague) portent en acrostiche le nom de l’auteur, CLAUDE MERMET. Les rares archives qui ont été explorées jusqu’à présent ne permettent pas d’identifier cet hypothétique Biveau. 6 Nous ne deviendrons pas nécessiteux. 7 Cette diérèse est normande : cf. la Veuve, vers 119. 8 Pour faire le ménage et pour servir à table. 9 Ce serait de la simplicité d’esprit, de la bêtise. 10 BM : Et si (BM intervertit les vers 25 et 26.) Les bourgeoises qui n’ont pas de place réservée à l’église y apportent leur selle [leur tabouret] plutôt que de s’asseoir sur un banc avec les femmes du peuple. Au siècle suivant, la selle en question sera percée, et munie d’un petit pot de chambre nommé le bourdalou, permettant aux dévotes à larges robes de soulager leur vessie pendant les interminables sermons du prédicateur Bourdaloue. 11 Il est dehors, et commence à parler : voir la note 51 du Savatier et Marguet. À tout = avec. Les chats étant difficiles à gérer, surtout dans les représentations extérieures où des chiens pouvaient gâcher un spectacle, on les remplaçait probablement par des peluches. Il y a un de ces chats dans les Esveilleurs du chat qui dort et dans Pernet qui va à l’escolle ; voir la note 20 de Tout-ménage. Les Badins et les Sots s’entendent bien avec ces félins, dont ils partagent le caractère. 12 Lui donne un coup. 13 Au lieu de ce nom repris au vers 31, BM met en vedette au-dessus : Jeninot. (« Oreille » rime avec « selle », comme « pareille » rime avec « cervelle » à 184-5.) 14 Jéninot a failli être mordu par son chat. Les Coppieurs et Lardeurs donnent ce vers proverbial sous une autre forme : « Ha ! saincte sang bieu, quelz chalans ! » 15 BM : petit (Il s’en faut de peu qu’il ne m’ait mordu. « À peu qu’el ne s’est arrachée/ La langue, à force de caquet. » Saincte-Caquette.) 16 BM : mange (« Ilz nous eussent dévoréz tous…./ Loué soit Dieu, qui n’a permis/ Que sur nous eussent mis les dentz ! » Jan Poictevin.) L’homme et la femme sortent de leur domicile et voient Jéninot. 17 BM : sa hault 18 Et comment donc ! 19 BM : tous (Voir le Varlet à louer à tout faire.) 20 À des gourmands. La sobriété des serviteurs, en matière de nourriture et de boisson, était un critère d’embauche non négligeable. D’où le gros mensonge de Jéninot qui, en parfait Badin, ne va pas tarder à se trahir. 21 BM : abiller (« Poinct ne me baille/ Vin à boyre. » Messire Jehan.) En Normandie, boire se prononçait baire : « Du meilleur vin y veulent baire. » La Muse normande. 22 BM : comme (Pour peu qu’on me l’apprenne.) 23 BM : en vitaille (Bien fourni de vit.) Le Badin et valet de la Veuve se targue des mêmes avantages pour plaire à sa patronne : « Car je suys bien envytaillé. » 24 BM : reigler 25 BM : nes (Tu n’as rien qui me convienne.) La femme est gênée par la présence de son mari ; beaucoup de bourgeoises profitaient de leur valet plutôt que de faire venir un amant de l’extérieur. 26 BM : cassemureau (Un casse-museau est un gâteau : cf. les Cris de Paris, vers 185. Un flanet est un petit flan.) 27 Habile. 28 BM ajoute dessous : Et que scay ie moy (C’est une contamination du Badin qui se loue : « –Mais combien te donneray-je ?/ –Et que sçay-je ? ») 29 Le jeu des noix est réservé aux enfants. « Mieux eusses faict de te jouer aux noix. » La Prinse de Guynes et de Calais. 30 Vessé, pété. Ce reproche injuste est fait aux personnes qu’on veut faire taire. Cf. la Bouteille, vers 112. Une chanson eut même pour refrain : « Pouac ! vous avez vessy !/ Vertu, qu’elle est puante ! » Calbain. 31 BM : On fas (Que cela vous fasse profit !) On lance cet équivalent de « à vos souhaits » à toute personne qui éternue, qui rote, qui pète, ou même pire (cf. le Munyer, vers 434). Le juge de la très scatologique Farce du Pet ordonne que si l’un des époux vient à péter, « l’autre luy dira : “Prou vous face !” » 32 Ce vers revient deux fois dans les Chambèrières et Débat. L’éditeur parisien a laisser passer un « e » svarabhaktique picard, comme au vers 206. Celui de 335 n’est pas justifié. 33 BM : Semes (Si je te mets la main au collet.) 34 BM : vostre (L’éditeur parisien a résolu l’apocope picarde « vo ». Cf. le Pasté et la tarte, vers 80, 99, 216, 254.) 35 De la peur, en 1 syllabe. 36 BM : vouloye (Il voulait me dire des horreurs.) 37 BM : retrainct (Si je ne lui avais pas retiré l’encrier : si je ne l’en avais pas empêché.) 38 Une bonne poire, comme le Badin qui se loue : « Les aucuns m’appellent “bon homme”,/ Les autres m’appellent Janot. » Cf. la Ruse et meschanceté des femmes, vers 193 et note. 39 Je comble une lacune. L’artisan du Cousturier et le Badin embauche aussi un Badin : « Vous voulez-vous louer à moy ? » 40 BM : habiller (Nous sommes loin des 18 francs mensuels que Jéninot réclamait au vers 64.) Le Badin qui se loue n’exige pas qu’on lui paye sa livrée ; il touchera donc chaque année « six francs pour le moins ». Les Chambèrières et Débat témoignent du même écart de salaires : l’une des deux touche 4 francs par an, et l’autre plus de 8. Mais la première pourrait gagner jusqu’à 6 francs si elle couchait avec son maître. 41 Cette indécision est un des traits caractéristiques du Sot et du Badin. « Et si, ne sçay comme j’ay nom. » Les Sotz nouveaulx. 42 Dans le Badin qui se loue, le mari juge ainsi le patronyme de son nouveau valet : « Janot est le vray nom d’un sot. » Jéninot est un diminutif de Jénin, qui est lui-même un diminutif de Jehan. Or, le prénom Jean et tous ses dérivés servent à nommer des nigauds : voir Jehan qui de tout se mesle, Jénin filz de rien, Janot dans le sac, etc. 43 Le soir de l’Épiphanie, on se réunissait à plusieurs pour tirer les rois. 44 Dîne. « Soupe-toy d’air ainsi comme tu nous as fait souper ! » (Amadis de Gaule.) Sans arrêt = sans retard : cf. l’Aveugle et Saudret, vers 415 et 703. 45 Surveille. Mais le jeune paysan, qui est né dans une ferme (v. 211) et qui a travaillé pour un fermier (v. 302), sait bien que quand on « garde » un animal, on doit lui courir après s’il s’enfuit. 46 BM ajoute dessous : Entens-tu (Le feras-tu ? « –Feras ? –Ouÿ, car c’est l’usage. » Le Ribault marié.) 47 Niais. On retrouve l’élision normande « t’es » au vers 334 et, entre autres, dans ce décasyllabe de la Muse normande : « T(u) es un nïais, che n’est pas là l’affaire. » Cf. Deux hommes et leurs deux femmes, vers 405 et 434. 48 Elle ne s’y risquera pas. 49 BM : Donne toy garde seulement 50 Que nul, que personne. Cf. les Premiers gardonnéz, vers 40. 51 BM : receans (Je me souviendrai. « La chièvre, recordant et ayant souvenance de la doulce saveur de ceste herbe. » ATILF.) Jéninot rappelle le couple, qui est en train de sortir. 52 Vers manquant. Avant votre départ. « Baisez-moy, mon doulx plaisir,/ Au moins, à vo département. » Le Povre Jouhan. 53 Je tirerai les rois. « Que vous me faciez ung gasteau :/ Nous voulons faire ung roy nouveau. » Jehan qui de tout se mesle. 54 Peut-être faut-il comprendre : Tu veux voler sans ailes, en devenant roi. 55 Une petite pièce pour aller acheter un gâteau. 56 BM : querir 57 J’y vais. Idem vers 135 et 288. L’homme et la femme s’en vont. 58 Jéninot entonne l’air célèbre « Vray Dieu, qu’amoureux ont de paine ! », qui inaugure le dialogue du Viel Amoureulx et du jeune Amoureulx (LV 9). Il sort, et revient en portant un gâteau des rois. 59 J’ai bien de la chance (ironique). Dehors, il a entendu que tous les foyers fêtaient les Rois. 60 Celui qui. 61 Une bonne blague. « Et tu voyras tantost beau jeu. » L’Homme à mes pois. 62 Il coupe une deuxième part pour en faire la charité à un éventuel mendiant. Cf. Frère Guillebert, vers 128-9. 63 J’ai fait une 3ème part en trop. Les Normands amuïssaient le « r » final, comme aux vers 33-34, 138-9 et 228-9. Voir la note 75 de la Mère de ville. 64 J’ai cru bien faire en prenant cette part, mais j’ai rêvé puisque la fève n’y est pas. 65 Jéninot examine la part de Dieu : aucune fève à l’intérieur. (Jeu de mots sur « Dieu y ait part ».) Il en conclut que la fève est dans le morceau qu’il a donné au chat. 66 Celui qui tire la fève (en l’occurrence le chat) devient roi ; toute l’assistance crie alors : « Le Roi boit ! » Et à chaque cri, le roi puis ses sujets boivent une gorgée de vin. Inutile de dire qu’on a vu plus d’un roi tomber de son trône… « Nous cririons bien hault : “Le Roy boy !” » Les Maraux enchesnéz. 67 Resterez-vous éternellement sans boire ? 68 Faire raison à un buveur, c’est trinquer à sa santé après qu’il a trinqué à la nôtre. « Je viens du vin…./ Nous vous ferons bien vos raisons. » L’Aveugle, son Varlet et une Tripière. 69 Ce vin est d’autant plus clair qu’il s’agit d’eau (v. 121). Clairet rime avec boit, que les Normands prononcent « bé » : cf. Troys Galans et un Badin, vers 73 et note. 70 BM : ho (« Sçais-tu point pourquoy boit chat eau ?/ C’est pource qu’il n’a point de vin. » Les Actes des Apostres.) Le vers suivant est perdu. 71 Désordre financier. Jéninot exagère : c’est sa patronne qui a payé le gâteau. 72 Pour m’endetter. 73 Vous paierez le prochain gâteau des rois. 74 Je vous tiens quitte de fournir un nouveau gâteau. Cf. le Villain et son filz Jacob, vers 50. 75 Il arrive devant la porte, avec sa femme. 76 Vacarme. Je reconstitue ce vers manquant d’après le vers 168. 77 BM : sage (à la rime.) La fête des Rois fait honneur aux Rois mages. 78 Une couronne. La synalèphe du verbe faire, qu’on retrouve à 181, est plutôt normande ; cf. le Savatier et Marguet, vers 92, 216 et 233. 79 BM : te (On remarquera qu’en cette fête des Rois mages, Marie est invoquée cinq fois, même si elle n’en sort pas grandie.) 80 BM : chasser (Je me lèverai avant que j’aille pisser. Ce grand enfant joue encore aux noix <vers 65>, mais il ne pisse plus au lit. Cependant, voir le vers 188.) 81 En attendant que je vous rende la pareille. 82 Au. Voir le Glossaire étymologique et comparatif du patois picard ancien et moderne, de Corblet. « Beuvez du meilleur, attendans que l’aultre amendera ; et ne chiez plus dorénavant ou lict. » Pantagruéline prognostication. 83 Quels devis, quel bavardage. 84 Déshabillé, juste vêtu d’une chemise longue. Les deux lits sont dans la pièce principale. 85 BM : oseroit on (On ne peut rien vous dire. « On ne vous ose dire rien ! » Adam Fier des Couilles, F 38 bis.) 86 Il ne s’appelle pas Jéninot pour rien. Les Picards <la Pippée, v. 580> et les Normands <le Clerc qui fut refusé, v. 86> prononcent « nian », en 1 syllabe. 87 « S’ung peu ne me donnez à boyre :/ J’en eusse ung peu meilleur mémoyre. » Trote-menu et Mirre-loret. 88 Par Dieu. « Ou nom du benoist Roy de gloire,/ Mon amy, donne-nous bon vin ! » Serre-porte. 89 L’auteur oublie que le mari vient de consommer du gâteau et du vin chez son voisin. 90 BM : recouert (Que j’ai récupéré dans la cuisine.) Notre piètre versificateur fait encore rimer le participe passé avec l’infinitif aux vers 54-5, 62-3, 286-7, 299-300. 91 Vous perdriez. Sur ce picardisme, voir la note 32. Normalement, dans les farces, le vin favorise la mémoire ; voir la note 87. 92 « Vous avez bon foye : Vous avez tort. » (Antoine Oudin.) Les ravages de l’alcool sur le foie n’étaient pas encore connus. 93 Un plein verre de vin. Cette graphie normande n’influe pas sur la prononciation. Cf. le Moral de Tout-le-monde, vers 26 et 131. 94 L’autre jour. « L’autre hier, j’avois une jument/ Qui cochonna [qui mit bas comme une truie] quinze thoreaux. » (Les Sotz nouveaulx.) Les Badins et les Sots côtoient un bestiaire fantastique dont on trouve d’innombrables représentations dans les enluminures marginales des manuscrits. 95 Que j’ois, que j’entends. Possible graphie picarde du normand « j’os ». 96 BM : nostre (Sur ce possessif affaibli, voir la note 34.) 97 Le dormeur se remémore un souvenir d’enfance. 98 Cela lui vient. « Il y a folies maintes…./ Tout procède de la cervelle. » La Folie des Gorriers. 99 BM : resue (Qu’il affabule, qu’il délire. « N’a-l’on point de honte/ De tellement nous avillier ?/ Cella me fait tout affabler. » Moralité de la Croix Faubin.) 100 Sale : les chèvres ont une odeur spéciale. 101 Laissera. 102 « Et ! paix, de par le dyable, paix !/ Vous resveillez le chat qui dort. » Les Sotz qui corrigent le Magnificat. 103 BM : delinge (Voilà un beau vacarme. « Tu orras tantost beau déluge ! » Éloy d’Amerval.) 104 BM : facheuse (Jéninot parle de l’homme et de la femme.) 105 Quel jeune insolent. C’est une formule péjorative : « Quel mignon ! Qu’il est vertmolu !/ Mais regardez ce fol testu ! » Le Prince et les deux Sotz. 106 Le matin, les serviteurs font tiédir la chemise de leur maître devant la cheminée. Cf. le Cuvier, vers 85-86. L’Épiphanie donne le départ du Carnaval, qui renverse toutes les valeurs : les maîtres servent alors les valets. On constate déjà cette inversion aux vers 143-4, 169, 183, 241, 247, 269, 333. Mais quand ce fantoche de Jéninot dit à son employeur « Il me semble que soyez fol » (v. 280), c’est vraiment le monde à l’envers ! 107 Le maître a promis au serviteur qu’il l’habillerait (v. 89), c’est-à-dire qu’il lui paierait ses vêtements. Jéninot, qui prend tout au pied de la lettre, a compris qu’on lui enfilerait ses habits. 108 BM : tes 109 En voilà une bien bonne ! Cf. le Faulconnier de ville, vers 249. 110 Semelles de bois qui isolent les chaussures du froid et de la boue. Un « Jénin Patin » est un benêt : cf. Légier d’Argent, vers 80. Un « claque-patins » est un jeune galant qui marche en faisant du bruit pour que les dames le remarquent. 111 BM : lralra (Les éditeurs anciens et modernes n’ont pas compris cette onomatopée qui reproduit le bruit des patins. « Tric trac, on traisne les patins. » Guillaume Coquillart.) 112 Ni ceci, ni cela : rien du tout. 113 Que je ne te frappe. « S’el [si ma femme] n’est latrée,/ Riens ne vail. » (Le Brigant et le Vilain.) BM ajoute ensuite des caractères inutiles et très défectueux : est r 114 Vers manquant. Jéninot invoque l’aide de sa mère au vers 217. Les Badins sont de grands enfants : voir la note 80. 115 BM : doncq abille abille (N’avez-vous jamais été assez habile pour cela ? « Chascun d’eux y est bien habille. » Maistre Doribus.) 116 Vers manquant. 117 Sans flageoler, sans perdre votre temps à des bavardages. C’est un mot normand : cf. Maistre Mimin estudiant, vers 107. 118 BM : tousbeau (Allez-y doucement.) On se demande si la femme, en enfilant ses chausses à Jéninot, ne vérifie pas manuellement s’il est aussi bien « envitaillé » qu’il s’est vanté de l’être au vers 54. 119 D’un contact désagréable. 120 Gracieux. 121 D’une femme mal torchée. Un proverbe plaignait le sort de cette pauvre femme : « Vous vous mocquez de la Barboüillée : Vous ne devez pas faire ce que vous faites. » Oudin. 122 Une tôtée : une tartine de pain grillé. Les Anglais en ont tiré le toast. 123 BM : mô maistre 124 On récite cette prière avant le repas. Ayant la reconnaissance du ventre, Jéninot veut même dire un Ave Maria, qui est totalement hors de propos. 125 BM : cheria (Le bouffon Brusquet déplorait d’être le « mary de la plus laide que le diable chia jamais ».) En Normandie, céans pouvait se prononcer « cian » en 1 syllabe : cf. le Savatier et Marguet, vers 179. 126 BM : de paler a 127 Avec adresse. 128 Gentement, avec noblesse. 129 C’est le nom des cathédrales d’Amiens, de Laon et de Rouen. 130 BM : mon ame (« Qui se moque d’ung sot, par m’âme ! » Mahuet.) 131 Il crie à sa monture les injonctions qu’on crie à un cheval. Hay = hue ! Dia = à gauche ! Là encore, Jéninot prend une expression au pied de la lettre : il veut « mener » sa patronne à la messe comme il menait sa jument au pré. 132 BM : la robbe (Il m’écrase le bas du dos.) 133 Il tape sur les fesses de Jéninot et, quand il vise trop bas, sur celles de sa femme. 134 BM : sarrez (Puisses-tu être serré : voir les vers 283-284.) Je comble ensuite une lacune d’après l’Antéchrist : « En male estraine/ Eusse-tu la fièvre quartaine ! » 135 BM : est (« Je ne sais où » s’explique parce que le jeune paysan, qui arrive de son village <v. 306>, n’a pas retenu le nom de la cathédrale.) 136 BM : noz iumans (Il ne pouvait monter que sur une seule jument à la fois.) 137 Chez (morphologie normanno-picarde). 138 Vers manquant. J’emprunte le vers 123 des Sobres Sotz : il annonce nos vers 336-7. 139 BM ajoute : a la messe 140 Vers manquant. Jéninot emploie faire paître au 1er degré, comme tout Badin qui se respecte ; mais au 2ème degré, cette locution veut dire tromper : « Que tu feroys bien les gens paistre ! » La Nourrisse et la Chambèrière. 141 Et si elle. Hay = hue, comme aux vers 290 et 291. 142 BM : ainsi 143 BM descend cette didascalie sous le vers suivant. 144 Vers manquant. Je recycle le « payez-moy » qui est de trop dans le vers précédent. Le valet du Sourd, son Varlet et l’Yverongne réclame lui aussi ses gages : « Payez-moy, et je m’en iray. » 145 Comme tu l’as mérité. 146 Ne l’épargnez pas plus que du plâtre : battez-le comme plâtre. Cf. le Cuvier, vers 138. 147 BM : vostre poyreau (« Mais bien vous galleray le dos ! » Godefroy.) BM ajoute sous ce vers : Sortez pour veoir 148 Novice. Cf. Messire Jehan, vers 128. 149 L’épervier est l’oiseau que les nobles utilisent pour la chasse ; le busard n’est bon qu’à attraper des poules. Le Badin des Veaux renverse comme il se doit ce proverbe : « On ne faict poinct d’un esprevier/ Un busart. » Les derniers vers s’adressent au public.