PATES-OUAINTES

Pates-ouaintes

Pates-ouaintes

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PATES – OUAINTES

*

Cette sottie allégorique est trop longue, alourdie de références latines et de poèmes à forme fixe qui ne conviennent pas au théâtre, certes. Mais elle est peu connue. Certains croient même que son manuscrit est perdu depuis le XIXe siècle ! Or, Pates-ouaintes mérite plus de notoriété : aux vers 433-446, pour la première fois, des clercs exigent du Pouvoir les moyens de remplir leur fonction d’intellectuels sans contrepartie.

La représentation – pour ne pas dire le charivari – eut lieu le 19 février 1493, lors des festivités carnavalesques du Mardi gras. L’auteur, Pierre de Lesnauderie, composera notamment la moralité de la Cène des dieux <T 17>, et peut-être Science et Asnerye. Il jouait ici le rôle titre en imitant Girard Bureau (lieutenant du bailli de Caen et lui-même ancien étudiant de l’université caennaise), lequel avait notifié une ordonnance royale qui frappait d’un impôt ladite université, pourtant placée sous l’autorité de l’Église1.

Parmi les interprètes, « escoliers » de l’université de Caen, on reconnaissait le receveur général Beaunes, maître Jean de Caux, les deux neveux du conservateur Le Héricy, et l’auteur. Comme toujours dans les sotties, c’est un homme qui tenait le rôle féminin.

Sources : Matrologe de l’Université de Caen, Collection Mancel 69. Folios 305 recto à 331 recto. (Musée des Beaux-Arts de Caen2.) Manuscrit copié vers 1515 par Lesnauderie.  B : La Farce de Pates-Ouaintes. (Théodose Bonnin.) Ancelle, Évreux, 1843.

Structure : Rimes plates, abab/cdcd, avec 1 chanson balladée isométrique, 4 rondels doubles, 4 triolets, 2 ballades.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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La Farce de

Pates-ouaintes

*

    [ LA  MÈRE  (l’Université, l’Église)

    LÂCHE-ENMANCHÉ

    VA-T’EN-QUITTE

    QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

    ESCOUTE-S’IL-PLEUT

    RIBON-RIBAINE

    PATES-OUAINTES ]

*

            LA  MÈRE,  nommée l’Université ou l’Église,

                    incipit cantando :

     Quomodo sedet, etc.3              SCÈNE  I

     La dame des gens salutaire

     Est faicte veufve et tributaire4,

     Princesse des pays5 désolée,

     Sans estre des siens consolée.

5     Ceste offence n’est pas à taire !

     Jérémie, souverain notaire,

     Avois-tu presceu ce mistère

     De me voir en ce point foulée ?

     La dame des gens salutaire

10     Est faicte veufve et tributaire,

     Princesse des pays désolée,

     [Sans estre des siens consolée.]

     Ceste offence n’est pas à taire !

     Rachel6, tendre et esplorée mère,

15     Plore o moy par douleur amère,

     Quand mes enffans m’ont violée !

     Déboutée suis, comme à volée,

     De ce dont suis propriétaire.

     La dame des gens salutaire

20     Est faicte veufve et tributaire,

     Princesse des pays désolée,

     Sans estre des siens consolée.

     Ceste offence n’est pas à taire !

     Pour neant suis douce et débonnaire

25     À mes enffans, que cher conserve ;

     Car mès qu’ilz aient le liminaire7,

     Ilz ne se soucient qui me serve.

     J’estoie dame, et on me fait serve

     Par moiens dampnés et obliques,

30     Aux yeux des gouverneurs publiques.

     Et n’y a celuy qui [n’]en pense ;

     Mès seuffrent parmy la despense8

     Les chiens à leur aise courir.

     Plus ne sçay à qui recourir.

35     Mes enffans ne m(e) ont point en cure9 ;

     Chacun, endroit soy, ne procure

     Que son proffit particulier.

     Et celluy qui tient la cuillier

     Par le manche, à tremper les souppes10

40     S’en donne ; et ne lui chault des coupes11,

     Ne come on traite mes ouaylles.

     Ilz ne donnent en moy deux mailles12,

     Et je les ay nourris si doux.

.

            LÂCHE-ENMANCHÉ,  l’ung des enffans

                           de l’Université

     Ne craignez plus : v(e)ez-nous cy tous !    SCÈNE  II

45     Au mains la plus part, ce me semble.

            LA  MÈRE

     Si je vous veisse tous ensemble,

     Je n’eusse pas tel peur des loupz.

            VA-T’EN-QUITTE,  l’ung des enffans

     Par votre foy, que craignez-vous ?

            LA  MÈRE

     Ma substance, que chacun emble13.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR,  l’ung des enffans

50     Ne craignez plus : v(e)ez-nous cy tous !

     Au mains la plus part, ce me semble.

            LA  MÈRE

     Vous avez manière de Foulx14,

     C’est la cause pour quoy je tremble.

     L’ung à l’autre point ne resemble ;

55     Et si debvez estre frères.

            ESCOUTE-S’IL-PLEULT,  l’ung des enffans

                   Nous ?

     Ne craignez plus : v(e)ez-nous cy tous !

     Au mains la plus part, ce me semble.

            LA  MÈRE

     Si je vous veisse tous ensemble,

     Je n’eusse pas tel peur des loupz.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

60     Pensez qu(e) ung lou seroit secouz,

     S’il venoit choir entre noz pates !

            LA  MÈRE

     Voz raisons me semblent si plates

     Que j’en ay le cueur tout fâché.

     Tu me sembles lâche enmanché15

65     Terriblement.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

              Votre mercy !

     Auxi m(e) appelle-l’en ainssy :

     Je suis Lâche-enmanché, voir(e)ment.

            LA  MÈRE

     Je t’en croy ! Et toi ?

            VA-T’EN-QUITTE

                 Seurement

     Je suis appellé Va-t’en-quitte.

            LA  MÈRE

70     Ô génération mauldite !

     En vous, y a peu de fiance.

     Si je n’avoie autre aliance

     Que de vous, je seroie deffaite.

     Vous autres, dittes (s’il vous haite16)

75     Voz nons, et vous venez offrir !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Je suis Qui-ne-le-peult-souffrir,

     C’est le non que l’en m(e) attribue.

            LA  MÈRE

     Celui qui les nons distribue

     Ne t(e) a pas le pire ballié17.

            QUI-NE-LE-PEULT[-SOUFFRIR]

80     Il y aira bien batallié

     Et rué d’estoc et de touche,

     Si je voux faux en tant que touche

     La partie que je doy garder.

            LA  MÈRE

     Puisqu’il fault par tout regarder,

85     L’autre me die son non, s’il veult !

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT,  filius ejus

     Moy ? Je suis Escoute-s’il-pleut18 :

     En ce point sui-ge bâtizé,

     Pour cause que je suis ruzé

     De bien nager entre deux eaux.

            LA  MÈRE

90     En effect, les termes sont beaux,

     Et bien duysibles à ung chescun !

     Et de [vous tous]19, je ne sçay qu(e) ung

     Où je puisse trouver pié ferme

     Se l’en me donne quelque alerme,

95     Qui m’est fort mauvaise fredaine.

.

            RIBON-RYBAYNE  (fait pour Chalon20.)

     Qui vouldroit voir Ribon-ribaine,       SCÈNE  III

     V(e)ez-le cy en propre personne.

            LA  MÈRE

     Ribon-ribaine ? Le non sonne

     Très mal, et l’abit21 pire encor !

            RIBON-RIBAINE22

100   « Ribon-rybayne » : par saint Mor,

     Je me faiz ainssi appeller.

     Et se, ne vous fault jà céler

     La cause qui deçà m(e) amaine.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Que vient faire Ribon-ribayne

105   En ce quartier, ainssi en haste ?

     Il mettroit la main à la paste

     Voulentiers, je vous en asseure.

            LA  MÈRE

     La choze ne seroit pas seure

     De lui souffrir, en ce quartier,

110   Mettre la main au prouvendier23.

            VA-T’EN-QUITTE

     Comment ! n’est-il pas vray pasteur ?

            LA  MÈRE

     C’est ung gros lou dévorateur,

     Qui ne lesse rien pendre au clou.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Mès esse de la peau d’ung lou

115   Qu’il s’est vestu ?

            RIBON-RIBAINE

               Tout proprement.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     As-tu lessé l’abillement

     Du vray pasteur pour cestuy prendre ?

     Tu es grandement à reprendre ;

     Et de ton cas, fort m(e) esmerveille.

            RIBON-RIBAINE

120   Escoutez ung mot à l’oreille.

     Lâche-enma[n]ché, premièrement…

            LÂCHE-ENMANCHÉ

             … Je n’y donrray consentement

     Tant que l’âme me bate au corps !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Qu’esse qu’il dit ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

               Par ses recors24,

125   Il cuide menger notre Mère.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

     Menger !

            LÂCHE-ENMANCHÉ

          Par sainte Marie, boire25 !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Il n’entreprint onc si cher mors26.

            VA-T’EN-QUITTE

     Mès par la foy de votre corps,

     Dittes-moy, s’il vous plaist, mon frère,

130   Qu’esse qu’il dit ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

               Par ses recors,

     Il cuide menger notre Mère.

            RIBON-RIBAINE

     Vous en airez chacun son mors

     Entre vous, et me lessez faire.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     J’airois plus cher me voir deffaire

135   Que l’endurer !

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

              Dehors ! dehors !

     Qu’esse qu’il dit ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

               Par ses recors,

     Il cuide menger notre Mère.

            VA-T’EN-QUITTE

     Menger !

            LÂCHE-ENMANCHÉ

           Par sainte Marie, boire !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Onques n’entreprint si cher mors.

140   Ne sommes-nous pas assez fors,

     S(i) on voulon estre vertueux,

     Contre ce lou impétueux

     Qui veult notre Mère menger ?

     De moy, je la pense venger

145   Jusques à la desraine maille,

     S’il fault que ce gros lou l’assaille ;

     Et pour27 en mourir en la paine.

            TOUS  ENSEMBLE

     Sçavez-vous quoy, Ribon-ribayne ?

     Deslogez soudain, sans trompette !

            LA  MÈRE

150   Gardez bien que la main ne mette

     À moy, enffans, je vous suplie.

     S’il y a nul de vous qui plye,

     Je porte ch[é]ance et dangier

     Que vous ne me lessez mengier

155   À ce lou.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

           J’en suys espeuré28.

            LA  MÈRE

     Ô lâche ! Si, as-tu juré

     Me garder comme ton espouze.

            VA-T’EN-QUITTE

     Il29 porte une sauvage mouse30 :

     Je le crains biaucoup, somme toute.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

160   Quant au regar de moy, j’escoute

     De quel part le vent peult venir.

.

            RIBON-RIBAINE,  parlant à luy seul

     Impossible est de parvenir,          SCÈNE  IV

     Sans autre moien, à mes fins :

     Car vécy des pasteurs trop fins,

165   En ce pays, pour garder leur Mère.

     Force me sera que je [m’]esclère

     À quelqu’un (ce sera du mains31)

     Qui lyra si estroit les mains

     De la Mère, qu’el(le) n’aira filz

170   Qui ne craigne, pour ses prouffiz,

     L’ozer secourir ne deffendre ;

     Ainssy, par ce point l’iroy prendre,

     Menger, riffler et transgloutir.

.

            PATES-OUAINTES  incipit

     J(e) ne fineray huy de sentir          SCÈNE  V

175   Et d’escouter s’il vendra gent

     Qui m(e) oignist la pate32 d’argent

     Pour l’ordre de droit subvertir.

            RIBON-RIBAINE

     Je me viens à vous convertir33.

            PATES-OUAINTES

     Pour avoir de l’or frisque et gent,

180   J(e) ne finirai huy de sentir

     Et d’escouter s’il vendra gent.34

            RIBON-RIBAINE

     De mon cas vous veul advertir :

     Ma Mère m’a fait ung régent

     Si fin, si cault, si diligent,

185   Que menger la veux.

            PATES-OUAINTES

                 Sans mentir,

     J(e) ne finiray huy de sentir

     Et d’escouter s’il vendra gent

     Qui m(e) oignist la pate d’argent,

     Pour l’ordre de droit subvertir.

            RIBON-RIBAINE

190   [ Besongnez !

            PATES-OUAINTES

             Il fauldroit nantir35,

     Ribon-ribaine.

            RIBON-RIBAINE

              Je l’appointes. ]36

     Puisqu’on sçait qui doit garantir,

     Besongnez !

            PATES-OUAINTES

            Il fauldroit nantir :

     Cuidez-vous, pour dire et glatir,

195   Qu’on chevisse37 de Pates-ouaintes ?

            RIBON-RIBAINE

     Besongnez !

            PATES-OUAINTES

            Il fauldroit nantir,

     Ribon-ribaine.

            RIBON-RIBAINEponens donum in manu 38

              Je l’appointes :

     Ilz seront ouaintes et prou39 ouaintes,

     Emplies, argentées et dorées.

200   On feroit de graces pourées40

     De l’ouainture qu’on vous y boute.

     Mès besongnez bien !

            PATES-OUAINTES

                  Somme toute,

     C’est raison. Mais que vous plaît-il

     Que je face ?

            RIBON-RIBAINE

             Ung moien subtil

205   Fault trouver, pour ma Mère mordre

     Jusqu(ez) au sang.

            PATES-OUAINTES

                J(e) y metray tel ordre

     Qu’el(le) sera mengée juc’aux oz.

            RIBON-RIBAINE

     Elle a de si fermes suppoz

     Entour elle pour la deffendre,

210   Que l’en ne sçait comme la prendre.

            PATES-OUAINTES

     Taisez-vous ; puisque je m’en mesle,

     Vous n’en trouverez nul rebelle.

     Car tous pour les humilier,

     Je voys à la Mère lier

215   Les deux mains.

            RIBON-RIBAINE

               Et de quoy ?

            PATES-OUAINTES

                       Que sai-ge !

     De quelque bref, ou gaige-plège,

     Ou de quelque clameur41 nouvelle.

     Allon, vous et moy, devers elle ;

     Je suis bien pourveu de lians.

.

            LA  MÈRE           SCÈNE  VI

220   Hélas ! où êtes-vous, enffans ?

     Je voy desjà Ribon-ribayne,

     Lequel, pour me menger, amaine

     En sa compengnie Pates-ouaintes,

     Qui tant m’a fait de fausses pouaintes42.

225   Ne lessez pas mes droiz corrumpre.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

     Somme, il vault mieux plier que rompre.

            LA  MÈRE

     Sont-ce les tours que me jouez ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

     Deffendez-vous, si vous pouez43 ;

     Je ne m’en mesleroy de rien.

            LA  MÈRE

230   En saincte Escripture, le chien

     Est mauldit, qui n’oze abayer.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

     Qui ne doibt de l’escot paier

     En effect, il s’en peult bien taire.

            LA  MÈRE

     Enffans engendrés d’adultère :

235   Plus fins44 estes que muletz fauves !

            VA-T’EN-QUITTE

     Se je m’en voys mes bagues sauves,

     Qu(e) ai-ge affaire de l’outre plus ?

            LA  MÈRE

     Ô pasteurs vuydes de vertus,

     Corrumpus d’ardeur d’avarice !

240   Êtes-vous plains de tel abuz,

     Qu(e) habandonnez votre nourrice ?

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     S’il fault qu(e) avuesques vous périsse,

     Très voulentiers y périroy.

     En tant que touche mon office,

245   Ma Mère, je vous aideray ;

     Car pour rien je ne souffriray

     Que soiez abbay[é]e45 ne morse,

     Synon maulgré moy et par force.

             RIBON-RIBAINE

     Çà ! frères, contredittes-vous

250   Que ne succe ma Mère ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

                    Nous ?

     On n’y metron pas grant débat.

            PATES-OUAINTES

     Or, mengez donc.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

                Çà, chat !46 çà, chat !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     A ! larron, tu n’en feras plus !

            RIBON-RIBAINE

     Venez-moy aider s’el(le) me bat.

            PATES-OUAINTES

255   Or, mengez donc.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

               Çà, chat ! çà, chat !

            RIBON-RIBAINE

     Liez-luy les mains sans rabat,

     Ou point n’en airoy le dessus.

            PATES-OUAINTES

     Or, mengez donc.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

               Çà, chat ! çà, chat !

     A ! larron, vous n’en ferez plus !

            PATES-OUAINTES,  ligando manus Matris

                         de pargameno 47

260   En cas de délay ou reffuz

     D’obéyr à Ribon-rybaine,

     De plus for[s] liens que de laine

     Seront voz mains serrées et jouaintes.

            LA  MÈRE

     Ha ! Pates-ouaintes, Pates-ouaintes,

265   Tu sçaiz bien que pouair n’y as.

     Te souvient-il point d’Ozïas,

     Non content d’office roialle,

     Qui voulut la sacerdotalle

     Entreprendre, et offrir l’encens,

270   Pour avoir or, argent et sens48 ?

     Et si tost que l’encensier tint

     Pour encenser, ladre49 devint.

     Notez bien, c’est texte de Bible.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Enfant cruel, enfant terrible,

275   Enfant descongnu, renié50 :

     Es-tu point excomunié51,

     De forcer ta Mère en ce point ?

            LA  MÈRE

     Mès celuy qui les pates ouaint,

     Par qui mon pouair est vaincu,

280   Est-il point semblable au cucu52,

     Filz putatif de l’oisellet

     Qui l’a nourry plus doux que let

     Jusqu(ez) ad ce qu’il soit grant et fort,

     Puis le mengut53 et met à mort ?

285   V(e)ez-en cy la similitude.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Bref, si mettroi-ge mon estude

     À vous garantir ens et hors ;

     Et si je ne puis tout le corps,

     Si garantirai ge quelque bras.

            PATES-OUAINTES,  parlant à Ribon[-Ribaine]

290   Or, en pren par où tu vouldras :

     Maintenant a les mains liés ;

     Et si, n’a plus nulz aliéz

     Qui ozent ses liens deffaire.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Escoute-s’il-pleust, mon bon frère,

295   Oston notre Mère de grief.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

     Quel lien esse ycy ? Ung brief,

     Ung haro54, ou ung gaige-plaige ?

            LA  MÈRE

     Enfans, je périrai, ce croi-ge,

     Se ne me secourez de bref.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

300   Je pourchasse votre relief55 ;

     Mès à votre advis, qu(e) y feroi-ge ?

     Quelz liens sont-ce ycy ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

                   Ung brief,

     Ung haro, ou ung gaige-plège.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Recourir convient vers le Chief56,

305   Luy remonstrer le sacrilège

     Qu’on fait contre le privilège

     De notre Mère.

            VA-T’EN-QUITTE

              De rechief,

     Quelz liens sont-ce ycy ?

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

                   Ung bref,

     Ung haro, ou57 ung gaige-plège.

            LA  MÈRE

310   Enffans, je périray, ce croi-ge,

     Se ne me secourez de bref.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Appellez de ce tort et grief

     Que l’en vous fait, sans plus d’alongne58.

            LA  MÈRE

     Je ne scay comment j(e) y besongne :

315   Pate(s)-ouaintes m’a lié les mains.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     N’endurez point qu’on vous empongne.

            LA  MÈRE

     Je ne sçay comment j(e) y besongne.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Cest lien ycy n’est que longne59 :

     Rompez-le(s), vous ne pouez mains.

            LA  MÈRE

320   Je ne sçay comment j(e) y besongne :

     Pate(s)-ouaintes m’a lié les mains.

            PATES-OUAINTES

     C’est pour le secours des humains,

     Povres rustiques tributaires60,

     Qui ne peuent aux nouviaux affaires61

325   Fournir, se la Mère n’y frye62.

            RIBON-RIBAINE

     Lyez, quelque choze qu’el(le) crye !

     Elle a du lait en la mamelle,

     Qu’on luy tirera de (des)soulz l’elle

     Licitement et sans offence.

            PATES-OUAINTES

330   Elle est privée de sa deffence.

            LA  MÈRE

     Des mains, m’avez privé l’usage,

     [………………………… -age,]63

     Qui est une offence mout grièfve.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Sy n’esse pas que votre glaive

     Ne puissez, s’il vous plaist, tirer ;

335    Si vous vous lessez martirer

     Vous-mesmes, la faulte est à vous.

            LA  MÈRE

     Mes enfans qu(e) ay nourris si doux,

     Contre leurs propres juremens

     Me seuffrent faire ces tourmens,

340   Tant leur tient Avarice aux rates.

     Et eux-mesmes soullent64 leurs pates

     Au sang qu(e) on tire de ma vayne.

     Mais vélà cest Ribon-ribaine,

     Qui de Pates-ouaintes se hourde65

345   Pour me tenir la main si gourde

     Qu(e) homme vivant ne la deslye.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     N’esse pas une grant folye

     Et ung abuz à Pates-ouaintes,

     Qu’il vendra de bref (les mains jouaintes,

350   Le chef nu, les genoulz à terre)

     Pour pardon et grâce requerre

     De vous, et présent, à main forte

     Vous veult commander ? Cela porte

     Contradiction, et implique

355   [Qu’]usez du glaive juridique

     Et donnez malédiction !

            LA  MÈRE

     Or çà ! fils de perdition,

     Va-t’en-quitte ; et Lâche-enmanché,

     Fièble de rains, povre eshanché :

360   Souffre-tu que Ribon-ribaine

     Me mengusse66 et face tel paine ?

     Tu y donnes consentement ?

            LÂCHE-ENMANCHÉ

     Je n(e) ozeroye [faire] autrement,

     Puisque Pates-ouaintes s’en mesle.

            VA-T’EN-QUITTE

365   En effect, que je me rebelle

     Contre Ribon-ribaine en rien ?

     Non feray ! Il me traite bien ;

     J(e) amenderay de sa venue.

            RIBON-RIBAINE

     À ceste heure estes-vous tenue ;

370   De vous, puis bien faire à ma gyse67.

            LA  MÈRE

     Sui-ge en ce point entretenue ?

            PATES-OUAINTES

     À ceste heure estes-vous tenue.

            LA  MÈRE

     Mes amys m’ont seullette et nue

     Délessée ; chacun me desprise.

            RIBON-RIBAINE

375   À ceste heure estes-vous tenue ;

     De vous, puis bien faire à ma gyse.

            LA  MÈRE

     On peult [bien] chanter à l’Église

     Les pleurs de Jérémie, cest an :

380   Omnes amici ejus spreverunt eam,

     Et facti sunt ei inimici 68.

     De moy peult-on dire cecy.

     Mes suppoz gorriers, gorgias,

     Me lessent pillier sans mercy,

     Ne m’aydent, inter angustias 69.

385   Mes propres enffans m’ont traÿe

     Et souffert70 mettre en servitute.

     Ceux me tiennent qui m’ont haÿe ;

     Je nourrys qui me perséquute ;

     Je suis convertie à rebours

390   Comme serve ignominieuse,

     Pource que j’ay perdu les jours

     De fertillité plantureuse.

     « J’ay habité entre les gens,

     Où n’ay point trouvé de repos71. »

395   Je croy, docteurs, clers et régens,

     Jérémye dit pour moy ces motz.

     Ribon-ribaine, juc’aux oz

     Me mengut ; et à bien le prendre,

     Il me deust garder et deffendre.

400   Je ne sçay qui l’en absouldra.

            RIBON-RIBAINE

     On dira ce que l’en vouldra,

     Mès j’en arroy ceste gueullée72.

            LA  MÈRE

     Je suis bien galée73

     Et de près contrainte.

            RIBON-RIBAINE74

405   Vous estes peu plainte :

     À guères n’en chault.

            LA  MÈRE

     J’ai eu ung assault

     De diverse gent.

            PATES-OUAINTES

     De bas ou de hault,

410   Fault avoir argent.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Pour cry ne pour huc

     Ne l’ay peu deffendre.

            PATES-OUAINTES

     Quant il y a p(e)luc75,

     On y doit entendre.

            LA  MÈRE

415   Par raisons trop plates

     Exigez mon bien.

            PATES-OUAINTES

     Quant on m(e) ouaint les pates,

     Je n’espargne rien.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Il n’est loy humaine

420   Qui te peueulst76 sauver.

            RIBON-RIBAINE

     C’est ribon ribaine :

     Il en fault avoir.

            LA  MÈRE

     Or bien ! Mès il est assavoir

     Se ceux qui m’ont lié les mains

425   Vendront point ung de ces demains

     Devant moy. Et si, pour leur coupe,

     La bouche leur cloe ou estoupe,

     Comme indignes de recepvoir

     Le plus grant bien77 qu’on peult avoir ?

430   Bien le pourray, se je le veux.

            RIBON-RIBAINE

     N’ayez peur : qui sera morveux,

     Si se mouche ! À tant vous suffise.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Ô Pharaon, de qui la tirannise

     Est tant dampnée, détestée et mauldite :

435   Jamès denier n’exigas de l’Église,

     Mès l’as tousjours tenue inmu[n]e et quitte ;

     Et qui plus est, en ton pays d’Égypte,

     Gagoys78 les clers, l’Escripture le dit.

            LA  MÈRE

     Puisque pour toy ma franchise est destruite,

440   Or-et-argent, de Dieu soys-tu mauldit !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Le fier Néron, monarche et empirant79,

     Tesmoing Sénèque, a aymé gens d’estude.

     Trajen aussy, et Denis le Tirant80,

     Des anciens clers ont aymé l’abitude.

445   Païens estoient, l’Escripture le cude81 ;

     Tous clers avoient, soubz eux, leur intendit 82.

            LA  MÈRE

     Puisque pour toy la saison m’est si rude,

     Or-et-argent, de Dieu soys-tu mauldit !

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Ribon-ribaine, et Pate(s)-ouaintes aussy,

450   Qui votre Mère avez du pié frappée :

     Entendez-vous en demourer ainssy ?

     Ignorez-vous ne la voir plus chappée83 ?

     Je cuide, un jour, que de ceste lippée,

     Compte rendrez par raisonnable édit.

            LA  MÈRE

455   Puisque pour toy suis ainssy galopée84,

     Or-et-argent, de Dieu soys-tu mauldit !

     Au Prince et chef soulz lequel suis régye

     En parleroy, s’on n’y met contredit,

     En lui disant par sentence eslargie :

460   Or-et-argent, de Dieu soys-tu mauldit !

            PATES-OUAINTES

     Ce que Ribon-ribaine dit,

     Vous le ferez ?

            LA  MÈRE

             À quel raison ?

          PATES-OUAINTES,  balbutiando sicut Buriau 85

     Par la mort Dieu, metray en prison !

     Passé par là ou par la fenestre !

465   La chose publique doit estre

     Exposée, quant besoin en est.

            LA  MÈRE

     Pour toute raison, il vous plaist ;

     Pour86 cela, il fault qu’il se face.

     Suffist-il point que j(e) impètre la grâce ?

470   Et ! Quant87, prenant bataille ocultement,

     Moÿse ainssy fist donc, en bien peu d’espace,

     Ses anemys deffist totallement.

     Mon office est de prier seullement,

     Je ne doy point avancer de métal.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

475   Puisqu(e) à la Mère on fait tel forcement,

     Au Dieux88, hélas ! bien lui doit faire mal.

            LA  MÈRE

     Crist, cher espoux, lesra-tu ton espouze

     Estre en ce point, par force, violée ?

     Pourquoi veux-tu qu(e) aultre que toy m’espouze

480   Sinistrement, par qui suis deffoulée ?

     De mes enfans deusse estre consolée,

     Mès l’ung d’eux m’est anemy capital.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Quant de son filz la Mère est engoulée,

     Au Dieux, hélas ! bien lui doit faire mal.

            LA  MÈRE

485   Soubtenue suis de mes enfans pisnés89,

     À qui je n’ay que trop peu de biens fait ;

     Mès ceux à qui j’ay les grans biens donnés

     Seuffrent mon droit estre du tout défait.

     Pates-ouaintes, qui de force et de fait

490   Me deust garder, me tumbe tout à mal.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Puisqu’à la Mère est tel oultrage fait,

     Au Dieux, hélas ! bien lui doit faire mal.

            LA  MÈRE

     Prince Jésus : mauldy Ribon-ribaine

     Et Pate(s)-ouaintes, qui me traitent si mal !

495   Je les nourrys, et ils me portent hayne.

     Au Dieux, hélas ! Bien me doit faire mal.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Advertissez votre mémorial90

     Que telz liens n’ont pas sur vous puissance,

     Mès [vous] doibvent porter obéissance

500   Et tout honneur les foulx qui vous impèrent91.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

     Ribon-ribaine et ses gens impropèrent92

     Notre Mère ; mès de peur de rien perdre,

     Je leur lerray prendre, ravir et herdre93

     Ce qu’il vouldront, j’en suis bien résolu.

            VA-T’EN-QUITTE

505   Quant est de moy, tout ce qu’il a voulu,

     Je l’ay souffert : aussi je m’en voys quitte.

     Et si, airoy ma part de la débite,

     Je l’ay tousjours ainssi acoustumé.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

     J(e) ymagine, quand il aura plumé

510   Les gras oysiaux, qu’il m’en amendera94.

     Mès ce pendant, ma bouche se taira,

     Et deust estre la Mère transgloutie.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Quant de ma partie,

     Je la desliray.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

515   Par sainte Marie !

     Je n’y toucheray.

            RIBON-RIBAINE

     Je la mengeray,

     Il n’y a remède.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     Je l’en garderoy,

520   Pour mourir tout rède.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

     De moy, je n’y bite95

     Tant que l’en m’assaille.

            VA-T’EN-QUITTE

     Quant je m’en vois quitte,

     Je n’en pers pas maille.

            PATES-OUAINTES

525   Son droit débatu

     Je luy ay nyé.

            LA  MÈRE

     Aussi en es-tu

     Excommunié.

            PATES-OUAINTES

     Pour neant on me flate :

530   S(i) on ne m(e) ouaint la pate

     D’or et d’argent plaine,

     On y pert sa payne.

            LA  MÈRE

     Soubz la puissance Dieu hautaine,

     Desclère devant tous humains

535   Que ceux qui m’ont lié les mains

     Par brief ou opposition,

     Encourent l’indignation

     De Dieu puissant, de Pol et Pierre

     (Qui sont ses vicaires en Terre) !

540   Et par la teneur de ma bulle,

     Je casse, anichille, et adnulle,

     Et desclaire cassés et vains,

     Par les sains Pères primerains96,

     Tout ce qui contre moy est fait !

545   Et Dieu, qui a pouair parfait,

     Veulle besongner au sourplus.

            VA-T’EN-QUITTE

     Je m’en dépars97.

            ESCOUTE-S’IL-PLEUT

               Je n’y pars98 plus.

            LÂCHE-ENMANCHÉ

     S(e) on a mal fait, je m’en raporte.

            LA  MÈRE

     On ne me peult rien qu’à main forte,

550   Par le moien de pates ouaintes.

            QUI-NE-LE-PEULT-SOUFFRIR

     On vous a fait des paines maintes ;

     Mès, à Dieu la vengeance en soit,

     Qui congnoist, qui voit et qui sçait :

     Témoings, tous clers et gens notables,

555   Qui en eussent dit leurs notables,

     S’on les eust voulu escouter.

            LA  MÈRE

     L’ire de Dieu est à doubter99,

     Sur ce point. Mais pour fin amère,

     Je vous pry que veullez noter

560   Que l’enffant a mengé la Mère.

                                      LESNAUDERIE,

                           scriba Conservatoris 100

*

1 Voir le Théâtre au service de la cause universitaire à la Renaissance de Lyse Roy, Parodies en scène d’Estelle Doudet, et la Parodie en situation de Jelle Koopmans.   2 Nous avons demandé une copie du ms. audit musée, qui nous a fait poireauter pendant un an avant de nous réclamer la somme de 717,70 € alors que notre site, fait par des bénévoles, est accessible gratuitement. Refusant de pareilles méthodes, nous avons décidé de publier ce texte d’après la très correcte édition Bonnin (B). Il est regrettable que des musées subventionnés par le public se prennent pour les propriétaires (voire pour les auteurs) de ce qui appartient à tout le monde, et que leur travail ne consiste pas à montrer les trésors que le public leur confie, mais à les lui cacher.   3 « Quomodo sedet sola civitas plena populo ? » (Comment cette ville gît-elle solitaire, autrefois si pleine de peuple ?) Début des Lamentations du prophète Jérémie, qui servent de fil rouge à toute la pièce.   4 Elle est soumise à la décime. « Facta est sub tributo », dit Jérémie.   5 Prononcer « pè », comme au v. 165.   6 Cf. Jérémie, XXXI, 15.   7 Pourvu qu’ils aient l’entrée en matière : l’argent.   8 Ils laissent dans le garde-manger.   9 N’ont plus cure de moi.   10 À tremper son pain dans le bouillon.   11 Coulpes, péchés. Idem v. 426.   12 Ils ne donnent pas un sou de moi.   13 Dérobe.   14 Cette pièce carnavalesque, aujourd’hui classée parmi les sotties, fut peut-être jouée par des Fols. Elle était donc moins statique qu’il n’y paraît à la lecture.   15 Impuissant, « faible de reins » (vers 359). « Un verd gallant bien ataché/ Et qui ne soyt lâche amanché. » Le Trocheur de maris.   16 S’il vous plaît.   17 CELUI QUI LES NOMS DISTRIBUE NE T’A PAS LE PIRE BALLIÉ contient l’anagramme « Lesnauderie praebuit ipse nomina » (c’est Lesnauderie lui-même qui a distribué les noms), à condition de remplacer un des trois U par un N, comme c’était admis <Y PRESCHE LE SALUT = Charles PyNselet // mA DURÉE est eN DIeU = Jean DureNd>. ((Cette note de 2014 a été plagiée en 2022 par Jelle Koopmans, Marie Bouhaïk-Gironès et Katell Lavéant dans leur tome II du Recueil des sotties françaises, p. 33, note 20. Comme on peut le constater, moi, au moins, je cite mes sources…)) La signature de l’œuvre mêle aussi « Lesnauderie » à du latin.   18 Ne te mouille pas.   19 B : tous vous   20 Ribon ribaine = de gré ou de force <v. 421>. Ce rôle caricature l’évêque de Chalon-sur-Saône, André de Poupet, chargé de collecter la décime.   21 Il est vêtu d’une peau de loup.   22 À partir d’ici, B abrège les noms en vedette. Je ne le suivrai pas.   23 Sur celui qui nous pourvoit en vivres.   24 Recours, ruses.   25 Prononciation bilabiale de « voire », induisant un jeu de mots sur « boire ».   26 Morsure. Idem v. 132.   27 Même si je dois. Idem v. 520.   28 B : espourey  (J’en suis épeuré = j’en ai bien peur.)  La Moralité Mars et Justice présente une situation très proche de celle-ci : Mars pousse ses troupes à maîtriser Justice, qui se plaint : « Mettre me voullez-vous entre les mains des loups ? »)   29 B : Je  (au lieu de Jl.)   30 B : trongne  (Mouse = figure. Trongne est influencé par la rime esponze, qui est une faute d’après le v. 477.)   31 Ce sera le minimum.   32 Oindre la patte = graisser la patte. D’où son nom, « Pattes ointes ».   33 Je viens me tourner vers vous.   34 B répète inutilement les refrains 176-7. Vendra = viendra.   35 Verser une garantie.   36 Ces deux vers omis par B constituent le début d’un rondel simple (triolet) enchaîné au rondel double.   37 Chevir = venir à bout.   38 « Posant un don dans sa main. » B met cette rubrique sous le v. 197.   39 B : pour  (Prou = beaucoup.)   40 La porée grasse est un potage de poireaux au lard.   41 Proclamation. Allusion à l’ordonnance qui liait les mains de l’Université. Le bref et le gage-pleige sont des brevets Cf. les Femmes qui demandent les arrérages, vers 158 et 164.   42 De perfides assauts.   43 Dans cette pièce, le verbe « pouvoir » est encore au stade archaïque : vers 228 et 319 (pouvez), 265, 279 et 545 (pouvoir), 324 (peuvent, 1 syllabe), 420 (pût).   44 Sournois.   45 Poursuivie par des aboiements : « Pour n’estre assailly des chiens ny abbayé. » (Guillaume Bouchet.) Morse = mordue.   46 Cri pour exciter les chiens.   47 « Liant les mains de la Mère avec du parchemin » (le bref ou le gage-pleige de 216).   48 Cens (redevance).   49 Des prêtres affirmèrent que le roi Ozias devint lépreux parce qu’il avait tenu l’encensoir à leur place.   50 B : renoe   51 Tous ces chantres de l’amour divin finirent en effet par s’excommunier les uns les autres.   52 Au coucou, qui pond dans le nid des autres oiseaux.   53 Mange. Idem v. 398.   54 Assignation en référé.   55 Je cherche à vous relever.   56 Le pape ? Alexandre VI ne s’opposait pas plus que son prédécesseur Innocent VIII à une taxation du clergé par Charles VIII.   57 B : et   58 Aloigne = retard, délai.   59 Une longe, une bride.   60 Paysans contribuables.   61 La nouvelle affaire qui justifiait un surcroît d’impôts était la défense de la Normandie contre un éventuel débarquement anglais.   62 Frayer = débourser.   63 B omet ce vers.   64 Souillent.   65 Se renforce.   66 Mange.   67 Prononciation spirante de « guise ». Cf. guisarme et gisarme.   68 « Tous ses amis l’ont rejetée/ Et se sont faits ses ennemis. »   69 « Au milieu des difficultés. » (Jérémie.)   70 B : souuert   71 « Habitavit inter gentes, nec invenit requiem. »   72 Cette grosse bouchée.   73 Battue.   74 B : Qui ne le peult   75 Butin.   76 Pût (note 43). Sauvèr rime avec avèr (v. 422).   77 La communion, sous la forme d’une hostie.   78 Tu gageais, tu rétribuais.   79 Décadent (avec un jeu de mots sur « empereur »).   80 Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, a fini auteur dramatique.   81 Cuider = tenir pour vrai.   82 Volonté. « Prions pour le Prince susdit,/ Et ensuivons son intendit. » Épitaphe.   83 Revêtue d’un manteau d’église.   84 Tourmentée.   85 En balbutiant comme Girard Bureau (v. notice). Le préambule du ms. dit : « Maistre Pierre Delesnauderie, qui jouait Pates-ouaintes, et estoit abilley comme Buriau, et sy, le contrefaisoit de parolle. » Les deux vers suivants, hypermètres et inintelligibles, ainsi que le v. 174, montrent qu’il parlait très vite en avalant des syllabes. On peut comprendre : « Par la mort de Dieu ! je vous mettrai en prison./ Vous passerez par là ou par la fenêtre. » Bureau était présent lors de ce charivari.   86 B : Cest  (C’est votre bon plaisir, et pour cela, il faut que cela se fasse.)   87 B : que en  (Quand Moïse, levant une armée secrètement, fit ainsi [impétra la grâce divine]…)   88 Ô Dieu !   89 Puînés, nés après les autres.   90 Greffier.   91 Gouvernent.   92 Flétrissent de reproches.   93 Aherdre = saisir.   94 Que cela me sera profitable.   95 Bitter = toucher. « Ne bitter ni toucher aux dicts héritages. » Godefroy.   96 Premiers, souverains.   97 Je me retire.   98 Participe.   99 Redouter.   100 Secrétaire du Conservateur en chef de l’Université de Caen, Richard Le Héricy.

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