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MASSONS ET
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CHARPENTIERS
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À défaut de suivre un plan rigoureux, le Mystère de saint Clément fait la part belle aux architectes : on y voit un maître charpentier, flanqué de son apprenti (Col-de-grue), lesquels sont rejoints par un maître maçon et son apprenti. Puis viendront les charpentiers Guillaume et Garnier, adjoints des maçons Maucoutel et Hermen. On devine déjà que tous ces bâtisseurs d’églises préfèrent les tavernes aux chantiers.
Sources : La Vie et les Miracles de saint Clément, évesque de Metz. Sur les tribulations de ce manuscrit du XVe siècle aujourd’hui perdu, voir la notice du Messager et le Villain. J’emprunte les vers 35-254 à Fritz TINIUS <T> : Studien über das Mystère de Saint Clement. (Greifswald, 1909, pp. 73-78.) Le reste vient de Charles ABEL <A> : Le Mystère de St Clément. (Metz, 1861.) J’utilise les leçons inédites de F. Tinius publiées par Jean-Charles HERBIN <T-H> : Du nouveau sur le Mystère de saint Clément de Metz. (Romania, vol. 132, nº 527-528, 2014, pp. 428-460.) Quelques corrections sont fournies par Frédéric DUVAL <D> : Le Mystère de saint Clément de Metz. (Droz, 2011.)
Structure : Rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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LE VARLET
Maistre, je voy que bonnement
Ne povez tant d’outils porter :
Je vous vueil ung peu supporter1,
Se vostre plaisir s’y adonne2.
LE CHARPENTIER
5 Par Dieu, tu es vaillant personne !
Or sus, varlet ! sus, Col-de-grue !
Prenez-moy tost la besaguë3,
La hache et tout ly aultre outil !
Icy, doit le varlet du charpentier
prenre tous les outtils.
LE VARLET
Maistre, regardez cy : est-il
10 [Homme tant]4 bien enharnaché(s) ?
Sachez : je suis bien empesché(s)
De les porter. Le col me ront5.
LE CHERPENTIER
Et ! il fait, sire, ung grant estront !
Quel beau va[r]let d’estront de chien6 !
LE VARLET
15 Par saint Mor(s) ! Maistre, sachez bien :
Vous ne sentez mie la mézaise7.
Dea ! vous devisez à vostre aise.
[LE CHERPENTIER]
Pour Dieu, cheminez, messag[i]er8 !
LE MESSAGER
Dites-moy, gentil cherpentier
20 (Car9 aler et parler puet-on) :
Savez-vous cy près nul masson ?
Avoir le fault sans nulle essongne10.
LE CHERPENTIER
Je sçay trop bien vostre besongne11,
À cela ne pouvez faillir.
LE VARLET
25 Je sçay bien tel12 qui assa[il]lir
Oseroit bien ung pot de vin,
Ung petit pâté metre à fin :
C’est ung ouvrier à trente-deulx13.
LE CHERPENTIER
Et ! quoise-toy14, quoise, bourdeulx !
30 Dieux vous mette en male sepmaine15 !
LE VALET
Maistre, sachez chose certaine :
Huy-mais16, ung seul mot ne diray.
Une autre fois m’aviseray.
Pardonnez-moy pour ceste fois.
*
Ici interviennent un maître maçon et son apprenti, Mal-esveillé, qui ne disent rien de drôle. 2 103 vers plus tard, le second fatiste17 présente deux compagnons maçons qui sortent d’une taverne passablement éméchés.
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MAUCOUTEL 18
35 Hermen, tu as bien bu jusqu(es) à ivre19 ;
Saint Mor ! tu ne sces que tu fais20.
Je n’eusse peu croire jamais21
Que tu fusse sy grant buvierre22.
HERMEN
Allez chier, allez, tricherre23 !
40 Dieu vous met’ en male sepmaine !
MAUCOUTEL
Mais à vous la fièvre quartaine !
Truant, pourquoy me maudis-tu ?
HERMEN
Pource que tu dis que j’ay bu
À outrage. Vous y mentez !
45 Se je devoie estre menés
En la cruppe24, se vous battrai-ge !
MAUCOUTEL
Hermen, tu n’as pas l’aventaige ;
Le plus fort, sy, l’enportera25.
HERMEN
Or se revenge qui poura26,
50 Mais vous arez ceste première !
MAUCOUTEL
Hermen, t(u) as la main trop légère.
Or tien27 ! Et sy, t’en vas dormir !
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GUILLAUME 28
Et ! dont nous29 puet cecy venir ?
Qu’est cecy ? Dont vient la bataille ?
GARNIER
55 Ce sont très mauvaise mardaille30 :
Ilz sont plus ivres qu’une soupe31.
MAUCOUTEL
Son baston n’estoit pas d’estoupe :
Il y pert32 bien à mon espaule.
GUILLAUME
Par ma foy ! le vin vous affolle.
60 Encor n’en est pas la pais faite.
GARNIER
Saint Mor ! j’en vueil faire l’enqueste33.
Pour la paix, s’en mollerons nos bouches34.
Hermen, vien çà, et cy t’aprouches !
Dy-moy, je t’en pry, le méhain35.
HERMEN
65 Je te tenroie36 jusqu(es) à demain,
Se je te contoie la manière.
Mais je le feray à ta prière ;
Bien brief j’en vueil estre délivre37.
Il di[s]t : « Tu as bu jusqu’à ivre. »
70 Et m’aloit apeller « buvierre ».
Sachiez, je l’apellé : « Tricherre !
Dieu vous met’ en malle sepmaine ! »
GARNIER 38
Dieu vous doint la fièvre quartaine !
Wardez39 comment il me maudit !
HERMEN
75 Enhen, sire ! [Aussy, il]40 me di[s]t :
« Truant, pourquoy me maudis-tu ? »
GARNIER 41
Truant ? Truant ? Et dont fus-tu42,
Dy, paillart ? Or tien ceste prune43 !
El ne charra de ceste lune44,
80 Tant soit le souloil fort ardant45.
HERMEN
Je ne disoie qu’en récitant46,
Et vous l’avez prins en despit47.
Toutesfois, se j’avoie dit
Chose qui vous despleust, Garnier,
85 Jamès ne le vouldroie nier.
Mais ung peu estes trop fumeus48.
MAUCOUTEL
Je ne vouldroie pas qu’i fist49 mieulx,
Hermen : vous avez trouvé maistre.
HERMEN
Une aultre fois, pourra bien estre
90 Que je le vous rendré à double…
GUILLAUME
Je vous requier : nul ne se trouble !
Allons boire par paix faisant50 !
Je seroie trop desplaisant51
Se le débat reconmansoit.
HERMEN
95 Sire, je veulx bien qu’il en soit
À vous52, se juger en voulez.
GARNIER
Et moy, mais que ne me foulez53 ;
Ce ne seroit pas54 conpangnie.
MAUCOUTEL
Hermen a la buffe gaignie55 :
100 Toutesfois, il ara cela.
GUILLAUME
S’ara mon56. Hau, escoutez là !
Hermen, tu commensas premier57 ;
[Et Maucoutel]58 ; après, Garnier.
Vous estes trètous de la feste59.
105 Ne me menez bruit ne temppeste !
Tous trois paierez cinq solz à boire.
Une aultre fois, arez mémoire60,
Se j’ay bien jugé, vraiement.
GARNIER
Il me desplaît61 trop grandement,
110 Guillaume, je le vous dy bien.
HERMEN
C’est « bien dit », Garnier ? Vien çà, vien !
Cuides-tu ainsy estre quitte ?
Nennin pas, par saint Jehan Baptiste !
Il fault baisier le babbouin62.
MAUCOUTEL
115 A ! que c’est « bien dit », mon cousin !
Garnier est prins à la baboue63.
GARNIER
Escoutez : point ne vous avoue64.
Se je paie, c’est malgré moy.
GUILLAUME
Nous t’en croions bien, par ma foy !
120 Il ne t’y vault le reculer65.
HERMEN
Se nous te deviens despoullier
Ta robe, sy venras-tu boire66 !
Il ne te vault pas une poire :
Trètout ton refus ne vault rien.
GARNIER
125 Saint Mor ! il [le] me semble bien ;
Mais toutesfois, il m’en desplaist.
GUILLAUME
Il me semble que Garnier est
Mout simple67. Que t’en semble, Hermen ?
HERMEN
C’est mon68, certes. Allons-nous-en,
130 Je vous requier, boire d’autant69 !
MAUCOUTEL
Saint Jehan ! j’en suis bien consentant.
Je vois devant plus que le trot70.
GUILLAUME
Garnier, vous pa[i]rez mon esquot.
N’en faites jà sy pute moue71 !
GARNIER
135 Escoutez : point ne vous avoue.
Se je paie, c’est malgré moy.72
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MAUCOUTEL
Hau ! tavernier !
LE TAVERNIER
Hau là !
MAUCOUTEL
[Par foy]73,
As-tu point de bon vin séans ?
LE TAVERNIER
Ouy dea, et des pastés frians,
140 Ne doubtez. Vous serez bien aise.
MAUCOUTEL
Or c’est bien dit, par saint Gervaise74 !
Maishuy n’oÿ75 meilleurs nouvelles.
GUILLAUME
Aportez-nous, en deux escuelles76,
Deux pastés, et vous ferez bien.
HERMEN
145 [Que] deux pastés ? Estront de chien !
Par saint Mor, sire, il en fault quatre !
GARNIER
Encor[e] te feras-tu batre
Hermen, advant que la dance départe77 !
Entens-tu ?
HERMEN
De par Dieu, de cela, quel parte78 !
150 En lair[r]ai-ge pour tant le79 boire ?
Je n’en perdré jà mon mémoire80.
Aportez-nous quatre pastés !
LE TAVERNIER
Voulentiers ! Il sont aprestés.
Et conbien voulez-vous de vin ?
GUILLAUME
155 Par saint Jehan ! c’est bien dit, cousin.
Aportez-nous-en une quarte !
LE TAVERNIER
Très voulentiers, par sainte Barte81 !
[Sept sestiers]82, se vous le voullez.
MAUCOUTEL
Tavernier, allez tost, allez !
160 Garnier, je vous pry : siette[z] cy83 !
LE TAVERNIER
Mes gentilz amis, voiez cy
Quatre pastés, ung pot de vin.
Or le mettez tentost à fin :
Quant vous vouldrez, g’iray à l’autre84.
GARNIER
165 Advisez-moy cy quel apostre85 !
Sens que j’en aie oncques tasté.
Et ! vraiement, tu es bien paillart !
HERMEN
Avisez-moy le pappellart
170 Qui va menger les crucifix88 !
Sire, se j’en mengoie dix,
De cella que vouldriez-vous dire89 ?
LE TAVERNIER
Seigneurs, ne vous mouvez en ire90 !
Je vous pry : comptez vostre esquot91.
GUILLAUME
175 C’est bien dit. Nulz ne sonne mot92 !
Mettez l’esquot en une somme93.
Vous me semblez très bon proud’omme :
Rien ne vouldriez avoir du nostre94 ?
LE TAVERNIER
Non, sire, par saint Pol l’apostre !
180 Il me souffit de mon escot.
GUILLAUME
Or sus, ami(s), or comptez tost !
Nous n’avons mestier95 de débatre.
LE TAVERNIER
Pour96 tout, devez sinq solz et quatre.
Paiez, je me tenray97 content.
GUILLAUME
185 Hau, hau ! Nous ne devons pas tant.
Je vous pry, comptez par raison.
Ce compte n’est point de saison :
Vous n’estes pas léal98 marchant.
LE TAVERNIER
Par saint Matellin de Larchant99 !
190 Vous n’arez de moy aultre compte.
Et ! par le corps Dieu, c’est grant honte
À vous d’en parler100 pour sy peu.
GUILLAUME
Je n’en donroie pas ung cleu101 !
Pour la « honte », c’est mon dammaige102.
195 Pourquoy doncques n’en parlerai-ge ?
N’ay-je pas bien raison, Garnier ?
GARNIER
J[e m’]en iroie, avant, plaidier,
Que vous accordasse la somme103.
LE TAVERNIER
Vous estes ung merveilleus104 homme !
200 Sire, ne105 voullez-vous paier ?
Me cuidez-vous doncq esmaier106
Se vous parlez de « plaidoirie » ?
HERMEN
Vous vous coursiez107, sainte Marie !
Dittes à ung mot108 : que nous devrons ?
LE TAVERNIER
205 Sinc solz et quatre.
MAUCOUTEL
Non ferons !
Vous nous feriez ainssois109 conbatre.
LE TAVERNIER
Or sus ! vous n’en pa[i]rez que quatre.
Je ne veulx point avoir de noise.
GUILLAUME
A, dia ! la parolle est courtoise.
210 Seigneurs, avisez qui paira !
Voulez-vous où le sort charra110,
De vous trois, qu’i paie cest esquot ?
MAUCOUTEL
Quant est à moy, je m’y accort.
HERMEN
Et my111.
GARNIER
Et my aussy. Faites les los112.
215 Mais que chascun ait les yeulx clos,
De nous trois, et qu’on ne voie goute !
GUILLAUME
Au ! dia, Hermen, estoupe-te113 :
Il me semble que tu vois clèr.
HERMEN
Non fais, non.
GUILLAUME
Or çà, qui tire le premier ?
220 Il fault que ne-sçay-qui commence ;
Garnier, tu mèneras la dance.
Il paie l’esquot qui a le plus lonc.
Ainsy jouent les enfans ; ne font114 ?
Garnier, avise bien à traire115 !
GARNIER
225 Il ne vous en fault jà tant braire :
Je tireray à l’aventure…
J’ay le plus grant, à la malle heure !
Or sus ! je suis pris à la moue116.
HERMEN
Garnier, c’est pour toy, cest escroue117 :
230 Ami(s), tu n’en paieras jà mains118.
GARNIER
Je te jure par ces deux mains119
Qu’une aultre fois m’en souvenra120 !
TOUS LES OUVRIERS ensemble :
Adieu ! Cest, issy121, vous paiera ;
Retenez son122 bien pour le(s) gaige.
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LE TAVERNIER
235 Saint Jehan, créez que sy ferai-ge123,
Se, senon124, que je soie paié !
GARNIER
Je ne suis pas bien advoié125 :
Hélas, je n’ay denier ne maille
Sur moy, ne chose qui rien126 vaille,
240 Se je n’alloie quérir ma hache127.
LE TAVERNIER
Or va donc tost, et te despêche !
Aportes-moy gaige ou argent !128
.
GARNIER
Ouy dea. Je suis eschappé bel et gent ;
Il ne me verra de129 sepmaine
245 (Foy que doy), [n’]à la Magdalène130 !
Je suis eschapé, Dieu mercy !
.
LE TAVERNIER
Saint Jehan ! je voy bien que je sui
Bartey131 : mon hoste ne vient point.
A, Dieu, quel [des]piesse[ur]132 de pourpoint !
250 Par ma foy ! il s’en est alley.
Je suis de mon esquot paiey.
Or sus ! plus que tant ay perdu133 ;
Je n’en seray jà esperdu
Pour quatre solz, ne plus ne mains.
*
Quand les ouvriers ne sont pas encore ivres, saint Clément leur fait bâtir des églises. D’un naturel taquin, ils se cachent mutuellement leurs outils, ce qui donne lieu à quelques blaguounettes graveleuses. On aurait tort de croire que les bâtisseurs de cathédrales travaillaient dans un recueillement religieux : ils les ont décorées avec quelques-unes des sculptures et des boiseries les plus obscènes et les plus scatologiques du Moyen Âge, à l’instar des enlumineurs de psautiers qui se défoulaient dans les marges. Ce Mystère nous offre un exemple unique de ce que furent les conversations profanes des artistes sacrés.
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GARNIER
255 À qui est-ce que j’ay presté
Ma queulx134 ? Ne le sces-tu, Guillaume ?
GUILL[AUM]E
Nennin, par monseigneur saint Cosme,
Le bon saint qui gist à Luzarches !
Or, vas voir s’el(le) seroit ès arches
260 Des[s]oux Jouy135, ou là autour.
GARNIER
A, dea ! tu me joues d’un tour ;
Ce n’est pas la première fois.
…………………………
HERMEN
Guillaume, tu n’as mie ta soye136 :
As-tu rien oublié çà bas ?
GUILLAUME
265 Ore, tu ne t’en tenrois pas137,
De toy mocquier ainsy du monde !
Vraiement, je doubt qu’i ne redonde
Une scie138 quant à tes despens…
HERMEN
Ore, vraiment, je me repens
270 De t’en avoir donné mémoire.
(Ils ont cuer ainsy qu’une poire139.
Estront ! on ne leur puet rien dire.)
………………………….
HERMEN
Avisez commant il s’atèche140 !
Maucoutel, warde les lanières141 !
MAUCOUTEL
275 Point n’as oublié tes manières :
Tousjours te truffes-tu142 du monde.
………………………….
MAUCOUTEL
Par foy, vécy bonne fontaine143 !
Hermen, je t’en pri : or y essaie !
HERMEN
Et ! je t’en requier que j’en aie :
280 Sy sauray quel goust elle sent…
[Dea !] je cuide, à mon essïent,
Qu(e) ung mort en [re]susciteroit
Se ung seul godet en buvoit.
C’est droite eaue à faire vinaige144 !
MAUCOUTEL
285 Or (par mon serment) tu dis raige145,
Hermen : les mors n’en boivent point.
HERMEN
Par saint [Mor146] ! c’est ung aultre point ;
J’ay bien dit : « S’il en povoit boire. »
MAUCOUTEL
Ton parler ne vault une poire !
290 Je te pri qu’on nous reposons
Et, tout icy, ung pouc dormons147 ;
C’est le meilleur tour que g’y voie.
HERMEN
Saint Jehan ! sire, j’en ay grant joie :
Après menger, on doit dormir.
*
Saint Clément finit par payer les maçons. Ou plutôt, comme il est radin, il les envoie se faire payer par un aubergiste qui retient en gage le marteau d’Hermen. Munis de leur florin, les ouvriers n’ont rien de plus urgent que d’aller boire autre chose que de l’eau : « Mèshuy ne buvrey de fontaine / Tant que ce florin durera. / Maudit soit qui ne buvera / À plain museau de ce bon vin ! » Mais après cette nouvelle beuverie, il faut de nouveau régler la note du tavernier.
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HERMEN
295 Maucoutel, qu’esse que tu dis ?
[MAUCOUTEL]
Nous avons trop esté séans148.
LE TAVERNIER
Merde149 ! qu’esse-cy ? Quels truans !
Foy que doy moy150, véci grant honte !
MAUCOUTEL
Nous n’attendons mais que le conte151 ;
300 Mais certes, nous n’osions hurter152.
Vueillez-vous153 ung pouc déporter,
Beaux hostes154 : comptez nostre esquot.
LE TAVERNIER
Vous avez de vin plain ung pot
— Une quarte à la grant mesure —,
305 Pain, et char, fourmaige[s] en présure155 ;
[Ou sont moulés : ce]156 sont matons.
Je suis content que nous comptons.
Trois soulz pour [tout], vous souffit-il ?
HERMEN
Ouÿ dia, compangnon gentil :
310 Vous avez compté tout à droit157.
Nulz homs blasmer ne vous saroit158.
Il vous convient argent, ou gaige ?
LE TAVERNIER
Or paiez (sy ferez que saige159)
Tout lïément sans harier160 !
MAUCOUTEL
315 Nous ne voulons grain varier161 :
Vous serez paié, bel cousin.
Hermen, tire fieur162 le florin !
Il nous convient avoir du change163.
HERMEN
Ne sçay s’il est cheu de ma mange164…
320 Ce seroit bien au pis venir…
Je la pense brièfment tenir165.
Çà, beaux hostes, de la monnoie !
LE TAVERNIER
Voulentiers, se Dieu m’envoit joie !
Il vous fault à chascun sincq soulz.
HERMEN
325 Dieu ! sire, vous estes bien soûlz166 !
Laissiez-moy les dis soulz venir ;
Après, m’en laissiez convenir167.
Vous estes paié, n’estes mye ?
LE TAVERNIER
Ouÿ. Adieu la compangnye !
330 À Dieu voisiez-vous168, belz enfans !
HERMEN
Alons-en d’écy169, il est temps :
Nous avons prins nostre repas.170
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Maucoutel, ne te cource pas171 :
J’ay dix soulz qui sont à nous deux.
335 Je les garderay, si tu veux ;
Ou se, senon172, véci ta part.
MAUCOUTEL
De les p[r]enre seray espart173 :
C’est pour gouverner le mesnaige.
HERMEN
Dya ! Maucoutel, tu deviens saige
340 D’esparnier, par mon sacrement !
MAUCOUTEL
Coise-toy174 (ce n’est pas souvent) !
Je doubte trop Mal-assenée175 :
Il semble qu’el soit forsenée
Toutes fois que n’aporte argent.
HERMEN
345 Je t’en crois bien, par mon serment !
Hahay, Dieu ! qu’elle est male famme176 !
MAUCOUTEL
Toutefois, elle [a bonne fame]177 ;
Mais elle parle ung pouc trop hault.
HERMEN
La myenne, tel fois est, m’assault178.
350 Par mon serment, tu ne croiroies !
Par foy ! s(e) escouter la vouloie
Et faire tout à son plaisir,
Je croy qu’il me fauldroit morir.
Mais je fais du tout au contraire179.
MAUCOUTEL
355 Par foy ! ainsy me fault-il faire :
A, dea ! c’est ung très bon conceil.
Il me desplaist — et sy, m’en dueil180 —
Qu’ainsy subget suis à ma famme.
*
1 Je veux vous aider un peu. « À vous aider et supporter. » Les Esveilleurs du chat qui dort. 2 Si cela vous est agréable. 3 Ma besaiguë. Le maître charpentier refile toutes les corvées à son apprenti, qui est beaucoup plus servile que celui du charpentier Saoul-d’ouvrer. 4 A : Sommes nous (« Est-il homme tant fol qui se ausast promettre vivre troys ans ? » Rabelais, Tiers Livre, 2.) 5 Se rompt. Col-de-grue, comme son nom l’indique, a un cou long et grêle, et ne peut y colleter des objets lourds, ce qui était pourtant possible du fait que les outils modernes étaient plus légers que les anciens ; le valet du charpentier mis en scène par P. Gringore est moins délicat : « Je viens de mettre/ Noz outilz à point, par saint Pol,/ Et les porter dessus mon col/ (Par Dieu) à la mode nouvelle. » La Vie monseigneur sainct Loÿs. 6 Quel valet de merde ! « Mon beau maistre d’estronc de chien. » Le Cousturier et Ésopet. 7 Mon malaise, ma gêne. 8 Nos charpentiers suivent un messager qu’on a expédié à Metz pour qu’il recrute des ouvriers afin de bâtir une église. C’est le même que dans le Messager et le Villain. 9 T-H : On dit que (Car on peut parler tout en marchant. « Aller & parler peut-on ; boire & manger, non. » Cotgrave.) 10 Sans essoine : sans retard. 11 J’ai votre affaire. 12 T-H : fel — A : tel (Je connais un maçon.) 13 Qui a 32 dents : qui est vorace. Voir la note de Frédéric Duval. 14 Tiens-toi coi : tais-toi ! Idem vers 341. Bourdeux = menteur ; cf. la Laitière, vers 313. 15 Dans une mauvaise passe. Même vers que 40 et 72. 16 Aujourd’hui. Nous aurons la forme « maishuy » à 142. 17 Voir la note 4 du Messager et le Villain. 18 Mauvais couteau. Le couteau est un outil qu’on utilise en maçonnerie. 19 Jusqu’à devenir ivre. Idem vers 69. 20 Tu ne sais pas ce que tu fais. « Va, va, tu ne sçais que tu fais ! » Gournay et Micet. 21 Je n’aurais jamais pu croire. 22 Buveur. Idem vers 70. La confusion éthylique est symbolisée par un mélange inextricable de tutoiement et de vouvoiement, y compris dans une même phrase. 23 Tricheur, trompeur. Idem vers 71. « Judas le tricherre. » Godefroy. 24 T : suppe, (Crupe = croupe. « La cruppe de son cheval. » Raoul Le Fèvre.) Même si je devais subir la peine infamante de la claie : on attache le malfaiteur sur un treillis, lui-même attaché à la croupe d’un cheval qui le traîne. 25 À 11 reprises, le futur en -ra prend la marque du conditionnel en -rait. Je corrige tacitement cette inutile complication. 26 Vengez-vous si vous pouvez. Hermen donne un coup sur l’épaule de Maucoutel (vers 58) avec sa toise en bois. 27 Il flanque une gifle à Hermen. 28 Deux charpentiers passent dans la rue ; ils reconnaissent les belligérants et les séparent. 29 T : me (D’où peut nous venir cela ?) 30 De dangereux mendiants. Même vers dans le Messager et le Villain. 31 Plus imbibés qu’un morceau de pain trempé dans du vin. « Tu es plus yvre qu’une soupe. » Ung biau miracle. 32 Cela apparaît. Verbe paroir. 33 Je veux vous interroger. 34 Pour votre réconciliation, nous mouillerons notre bouche : nous trinquerons ensemble. Voir le vers 92. 35 Dis-moi où le bât blesse. « J’iray luy dire mon méhain. » Le Messager et le Villain. 36 Je te tiendrais ici. 37 Délivré. « –Que jamais n’en seras délivre./ –Dictes tout. –Je ne suis pas yvre ! » Mahuet. 38 Il croit qu’Hermen l’injurie. 39 Regardez. Même particularisme lorrain à 274. 40 T : ainsy 41 Il prend pour lui la question d’Hermen, qui ne faisait que citer le vers 42 prononcé par Maucoutel. 42 Et d’où crois-tu venir ? « Dont fus-tu néz, et de quiex genz ? » (Geffroi de Paris.) Un paillard est un pauvre qui couche sur la paille ; cf. les Miraculés, vers 27. 43 Nous dirions : cette châtaigne. « Empoignez/ Ceste prune ! » (Le Munyer.) Garnier donne un coup sur la tête d’Hermen. 44 Elle ne tombera pas de tout ce mois. « Mais il sera bien ancien :/ Il ne sera de ceste lune. » (St Clément.) « Charra » est le futur de choir, comme à 211. 45 Même si le soleil est très chaud, il ne fera pas mûrir et tomber la bosse que je viens de te faire. 46 Hermen citait les injures échangées aux vers 35-42. 47 En mauvaise part. 48 Coléreux. 49 T : fust (Je ne voudrais pas que Garnier ait fait autre chose que de vous frapper.) 50 Ceux qui se sont querellés parce qu’ils ont trop bu iront donc faire la paix devant un verre de vin. 51 Cela me déplairait trop. 52 Que cette affaire d’injures vous soit confiée, Guillaume. 53 Et moi aussi, à condition que vous ne m’accabliez pas. 54 T : par — T-H : pas (Ce ne serait pas confraternel : Guillaume et Garnier sont compagnons charpentiers.) 55 A bien gagné cette baffe. « Tenez ceste buffe au visaige ! » Le Mince de quaire. 56 T : Saramon (Il l’aura. « Aura-il assez de cecy ?/ Ha ! s’aura mon, par sainct Gobin ! » Les Femmes qui font renbourer leur bas.) « Mon » est une particule de renforcement, comme à 129. 57 Tu commenças la dispute le premier. 58 T : Maucoutel et (Puis Maucoutel.) 59 Vous êtes tous à mettre dans le même sac. 60 Vous vous en souviendrez. 61 Cela me déplaît de devoir payer à boire. 62 « Baiser le babouin : rendre obéyssance. » Antoine Oudin. 63 A perdu comme s’il avait joué aux dés. « À d’aulcuns jeux de sort,/ Comme à la baboue ou aux tables [au trictrac]. » (Éloy d’Amerval.) Connivence sonore avec « babouin ». 64 Je ne vous reconnais pas comme arbitre, Guillaume. 65 Ce n’est pas la peine de reculer. « Riens n’y vault le songer. » Le Badin qui se loue. 66 Même si nous devions te dépouiller de ta robe, tu viendrais boire avec nous. 67 Bien bête de ne pas vouloir boire. « Il est simple et novice. » La Veuve. 68 C’est mon avis. Cf. le Fossoieur et son Varlet, vers 168. 69 Boire à la santé les uns des autres. « Allons-nous-en boire d’autant,/ Trèstous ! » Maistre Mimin estudiant. 70 Je vais devant plus vite que le trot. Dans une scène antérieure, Guillaume déclamait le même vers. 71 Une si laide grimace. « Par despit, elle en faisoit/ La pute moe. » Le Vergier d’Honneur. 72 Reprise des vers 117-8. Les ouvriers entrent dans la taverne. 73 T : Foy que tu doy (Par ta foi ! Voir les vers 277, 351 et 355.) 74 St Gervais, ici féminisé pour la rime, comme au vers 227 du Mariage Robin Mouton. 75 Jusque-là, je n’ouïs jamais de… 76 « É-cuelle » compte pour 2 syllabes : cf. le Messager et le Villain, vers 192. Les taverniers ne servent pas d’assiettes individuelles, mais des plats pour deux ou trois personnes qui s’en partagent le contenu. Guillaume commande deux pâtés, qui sont des pâtes feuilletées farcies de viande hachée ou de poisson et cuites au four. 77 Ne s’achève. « Ains que le jeu depparte. » Le Pourpoint rétréchy. 78 Quelle perte ! (Parte = perte : « Onques ne feismes telle parte :/ Tout avons perdu. » St Clément.) « Mais, pour Dieu, regardez quel perte/ Ce seroit ! » Deux hommes et leurs deux femmes. 79 T : a (La boisson, le vin. « Dea, Naudin, tu laisses le boyre ? » Troys Galans et un Badin.) Renoncerai-je à boire pour autant ? 80 Ma mémoire, qui est renforcée par le vin. « De peur de perdre mon mémoire,/ Je vous prie, donnez-moy à boire ! » Sermon pour une nopce. 81 Sainte Berthe. Pour la prononciation, voir la note 78. 82 T : Ung sepsestier (Le setier fait environ un demi-litre, ce qui est trop peu pour quatre assoiffés.) 83 Asseyez-vous ici. « Siettez-vous donc. » Glossaire des patois et des parlers de l’Anjou. 84 J’irai chercher l’autre pot. 85 Cette comparaison peu flatteuse vise Hermen. « Voyez quel appostre ! » Les Premiers gardonnéz. 86 T : ait (Je corrige encore cette désinence gênante à 222.) 87 T : son 88 L’hypocrite qui embrasse publiquement les crucifix. « Ypocrite et vray papelart,/ Ung grant mengeur de crucifix/ Qui jamais bien à nul ne fis. » Éloy d’Amerval. 89 Si je mangeais dix pâtés, qu’auriez-vous à redire ? 90 Ne vous mettez pas en colère. Le tavernier, qui a déjà vu ces ivrognes à l’œuvre, commence à craindre pour sa vaisselle et pour sa rémunération. 91 Préparez votre écot, la part que chacun me doit. 92 Que nul ne prononce un mot ! 93 Regroupez les quatre additions en une seule. 94 De notre argent : vous ne voudriez rien nous escroquer ? « Je ne vueil rien du vostre. » Les Trois amoureux de la croix. 95 Besoin. 96 T : Par (Voir le vers 308.) Pour l’ensemble, vous me devez 5 sous et 4 deniers ; idem vers 205. 97 Je me tiendrai : je serai. 98 Un loyal, un honnête. 99 C’est le saint patron des fous, notamment de ceux qui se croient possédés par le diable. Voir la Vie de sainct Mathurin de Larchant hystoriée. Montaiglon-Rothschild, XII, pp. 357-414. 100 De discuter. 101 Un clou. Cf. le Messager et le Villain, vers 183 et note. 102 Mon dommage, mon affaire. Réponse au vers 191. 103 Il s’adresse au tavernier : J’aimerais mieux aller plaider en Justice que de vous accorder cette somme. 104 Extravagant. 105 T : que 106 Croyez-vous m’émouvoir, m’impressionner ? 107 Vous vous courroucez. Idem vers 333. 108 Quel est votre dernier mot ? « Quarante solz, tout à ung mot. » Le Gouteux. 109 Avant, plutôt. 110 Que celui sur qui le sort tombera. Voir la note 44. Les buveurs vont tirer à la courte paille. Ce jeu d’enfants (vers 223) est décrit aux vers 63-77 du Jeu du capifol. 111 Moi aussi. 112 Les lots : préparez les pailles que nous allons tirer. Guillaume, le meneur de jeu, ramasse trois fétus de paille — deux courts et un long — et les dispose dans son poing. Le sol des tavernes est jonché de paille, pour absorber les flaques de vin et de vomi. 113 Bouche-toi les yeux. Le rimeur ne s’est pas trop fatigué. 114 N’est-ce pas ? 115 Choisis bien la paille que tu vas tirer. 116 À mes propres grimaces, à mon propre jeu. « Il est prins par sa moue. » Le Pourpoint rétréchy. 117 Ce qu’il y a à payer. L’écroue est le livre de comptes d’une maison princière, où sont notées les dépenses. 118 Jamais moins. Idem vers 254. 119 Façon de prêter serment à la manière des chevaliers. 120 Il m’en souviendra. 121 Celui-ci, cet homme ici. 122 T : le (Ce qu’il possède. « Faictes arest sur tout son bien ! » Le Marchant de pommes.) Maucoutel, Guillaume et Hermen quittent la taverne. 123 Croyez bien que je ferai ainsi. 124 Ou sinon. Idem vers 336. « Ou se, se non, mal vous venra/ Et grant ennuy. » (Mystère de saint Crespin.) Laissez-moi quelque chose en gage, ou payez-moi. 125 En bonne voie, en fonds. 126 T : le (Qui vaille quelque chose. « Et s’il vend chose qui rien vaille. » Sermon joyeux de Mariage.) 127 À moins que je n’aille chercher ma hache pour vous la laisser en gage le temps que je trouve de l’argent. Le tavernier aurait dû se méfier : un charpentier sans doloire ne peut plus gagner d’argent. 128 Garnier s’en va. 129 T : des (De toute la semaine. « Tu ne me verras de sepmaine. » Grant Gosier.) 130 Ni le jour de la Sainte-Madeleine (22 juillet), qui est un des termes de l’année prévus pour payer les dettes. « À paier aus termes qui s’ensivent, c’est assavoir à la Magdaleine 60 livres tournois, et au jour de Karesme 50 livres tournois. » Arch. nat. 131 « Graphie syncopée de barater. » (F. Duval.) Baratter = faire usage de barat, de tromperie. « Mais par ta flatterie j’ey esté barattée. » Godefroy. 132 Quel dépeceur. Il est si pauvre qu’il vend au détail des morceaux de son pourpoint. 133 J’ai déjà perdu plus que cela. « J’ay assez plus que tant perdu. » Les Gens nouveaulx. 134 Ma pierre à aiguiser. Queue = pénis : « Au moyns serez-vous bien joyeuse/ Quant ma queue verte sentirez. » Les Femmes qui plantent leurs maris. 135 Jouy-aux-Arches, près de Metz, fournit deux calembours grivois : Jouir d’une femme = lui faire l’amour : « Nostre chappellain/ Jouyt de ma femme. » (Ung mary jaloux.) « Arches » = fesses. Cf. TRIBOULET : la Farce de Pathelin et autres pièces homosexuelles. GKC, 2011, p. 368. 136 Ta scie de charpentier : « Ma grant hache prendrai en l’eure,/ Mon sizel, ma soie, ma congnie. » (St Clément.) Double sens : ta fourrure de porc. « De la soye de pourceau. » (Les Queues troussées.) 137 Tu ne pourrais pas te retenir. 138 A : scay (Je redoute qu’une scie ne retombe sur tes pendants, sur tes testicules.) 139 Ils ont le cœur aussi dur qu’une poire verte. 140 Comment Maucoutel s’attache. Les couvreurs sont retenus par des sangles. Contre toute logique, ce Mystère ne comporte aucun rôle de couvreur, contrairement à la Tour de babel, où œuvre l’indissociable trio : « Charpentiers, massons,/ Couvreurs de diverses façons. » Il faut croire que Maucoutel s’occupe lui-même de la toiture. Dans l’Invencion du corps de monsieur saint Quentin, c’est le charpentier Taillant et son apprenti qui s’improvisent couvreurs, et non le maçon Brisepierre. 141 Prends garde aux lanières, avec lesquelles on fustige les fesses des cancres. 142 Tu te moques. Cf. L’Andureau et L’Andurée, vers 125. 143 Les maçons viennent d’édifier une fontaine miraculeuse qui leur donne envie de boire de l’eau : saint Clément vient d’accomplir son plus grand miracle ! 144 C’est vraiment une eau digne d’en faire du vin. « Petites bouteilles de verre pour mectre le vinage. » ATILF. 145 Tu dis n’importe quoi. Cf. Mahuet, vers 45. 146 Lacune. Saint Mor [St Maur] est nommé aux vers 15, 36, 61, 125 et 146. Hermen fait un calembour sur « mort ». 147 Et que sur ce chantier nous dormions un peu. 148 Nous sommes restés trop longtemps dans cette taverne. Mais le tavernier comprend : Nous avons trop pété ici. J’ai connu l’époque où tous les étudiants en Lettres classiques savaient par cœur ces vers bien innocents de Jean de La Péruse : « Je n’ay que trop esté,/ Repeu du vent de vos promesses vaines. » Je me souviens que notre chouchou était alors Jacques de La Taille, qui fit parler Darius mourant : « ‟Ô Alexandre, adieu, quelque part où tu sois !/ Ma mère et mes enfans aye en recommenda…”/ Il ne peust achever, car la mort l’en garda. » 149 T-H : Me dia (Conséquence scatologique du vers précédent.) 150 Même juron blasphématoire au vers 275 du Messager et le Villain. 151 Plus que le compte, que l’addition. 152 Heurter notre table avec un pot métallique, pour attirer votre attention. Quelques siècles plus tard, on heurtera la sous-tasse avec une cuillère à café. « Encore nous fault-il ung verre./ S’y fault plus rien, nous hurterons. » St Clément. 153 T-H : nous — D : [v]ous (Veuillez vous écarter un peu. « Vueillez vous déporter un poy. » ATILF.) 154 Bel hôte. Même singulier à 322. 155 De la chair [charcuterie], du fromage caillé. 156 A : On sonuoules, se (Ou bien ces fromages sont moulés.) Les matons sont des fromages mous ; cf. le Messager et le Villain, vers 193. Il serait d’ailleurs judicieux de remplacer moulés par mollets : « Fourmaige frais qu’on appelle ‟mollet”. » Fleurs et antiquitéz des Gaules. 157 Avec exactitude. 158 Nul homme ne saurait [pourrait] vous blâmer. Cf. le Messager et le Villain, vers 344 et note. 159 Vous ferez sagement. « Taisez-vous, si ferez que sage. » Le Savetier Audin. 160 De bonne grâce, sans chicaner. 161 Pas du tout nous dédire. 162 Forme lorraine de fors [hors]. « Et soies fieur d’incrédulité » St Clément. 163 Il faut que le tavernier nous rende la monnaie pour que nous puissions nous la partager. 164 Si ce florin a chu de ma manche. Pour inquiéter le tavernier, Hermen fait semblant d’avoir perdu la bourse qu’il gardait dans sa manche : voir les vers 844-9 de l’Aveugle et Saudret. 165 Je pense tenir enfin ma bourse. Hermen donne le florin au tavernier. 166 Soûl. L’hôpital se moque de la charité. 167 Laissez-moi décider de leur usage. Le tavernier donne les 10 sous à Hermen. 168 Que vous alliez à Dieu ! 169 Allons-nous-en d’ici. 170 Les deux maçons se retrouvent dans la rue. 171 Ne te courrouce pas. 172 Ou sinon. Idem vers 236. 173 Je serai expert, habile pour prendre les 5 sous qui me reviennent. « Hermen est gracieulx et doulx,/ Et bien espart quant il s’y boute. » St Clément. 174 Tais-toi ! Idem vers 29. 175 Mal-mariée, mon épouse. Voir la note 24 du Messager et le Villain. 176 Elle est mauvaise femme, puisqu’elle parle plus fort que son époux, et qu’elle lui reproche de se ruiner à la taverne. « –(Elle) veult, par son caquet mauldit,/ Estre mestresse comme moy./ –Elle est malle fame pour toy. » Les Drois de la Porte Bodés. 177 T-H : est preude famme (Rime du même au même. Elle a une bonne réputation. « Elle se dist estre femme de bonne famme et renommée. » ATILF.) 178 Certaines fois, m’agresse. 179 Totalement le contraire de ce qu’elle exige. 180 Et aussi, je m’en plains.