.
*
L’ANDUREAU
.
ET L’ANDURÉE
*
.
La Vie de sainct Christofle (~1510-1514), de Claude Chevalet, contient une sottie (le Fol et la Folle) ainsi que plusieurs farces, dont les Basteleurs et les Tyrans au bordeau. En voici une autre, qui met en scène un couple de paysans. Leur nom — L’Andureau et L’Andurée — provient d’une chanson picarde : « Au chant de ‟Marchons la dureau, la durée”, une chanson vulgaire [populaire] qui lors estoit en bruit. » (Jehan Molinet.) Une autre chanson, que j’ai publiée dans la notice du Bateleur, a pour refrain : « Dureau la duroye. »
Source : La Vie de sainct Christofle, élégamment composée en rime françoise et par personnages par maistre Chevalet. Imprimé à Grenoble en 1530. Bibliothèque nationale de France, Rés. YF 116. Édition critique de Pierre SERVET : La Vie de sainct Christofle ; Droz, 2006.
Structure : Rimes plates avec beaucoup de « troisièmes rimes », et 2 triolets.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
*
Dans nombre de Mystères, un messager demande sa route à un paysan qui ne veut pas la lui indiquer ; voir, entre autres, le Messager et le Villain.
.
SAUTEREAU SCÈNE I
… Et si, ne cognois où je vois1,
Bien ou mal, ne quel chemin suyvre.
Toutesfoys ne suis-je pas yvre,
Nonobstant que j’aye bien beu2.
5 Voylà ung villain3 que j’ay veu ;
Si, m’en voys à luy le droit pas4.
.
Hau, bon homme5 ! SCÈNE II
L’ANDUREAU, villain.
Il n’y est pas6.
SAUTEREAU
Où va ce chemyn, mon amy ?
L’ANDUREAU
Il ne va ne pas, ne demy7 ;
10 Oncques il n’ala nulle part.
SAUTEREAU
Mais où tire-il8 ?
L’ANDUREAU
Il n’a point d’arc
Ne de flesche.
SAUTEREAU
Quel(le) resverie9 !
Est-ce le chemyn de Surie10 ?
L’ANDUREAU
Nenny, c’est le chemin publicque.
SAUT[E]REAU
15 Voicy ung propos bien oblicque !
Que broulles-tu le parchemyn11 ?
Dis-moy : qui suyvroit12 le chemyn,
Où yroit-on ?
L’ANDUREAU
Par mon serment !
Si le chemyn alloit devant,
20 Vous le suyvriez bien une espace13 ;
Mais il ne bouge de sa place
Pas pour telz gens comme vous estes.
.
LA VIELLE ANDURÉE 14 SCÈNE III
Est-ce le labeur que vous faictes,
Viellart rassouté15, estourdy ?
25 Par noz dieux ! vous serez ho[u]rdi16
Tout maintenant, de chaulde colle17 !
SAUTEREAU
Et ! qu’est cecy ? Estes-vous folle ?
Fault-il batre vostre mary ?
L’ANDURÉE
Venez-vous au charivary18 ?
30 Par tous noz dieux, vous en aurez19 !
Tenez !
SAUTEREAU
Gardez que vous ferez20 !
L’ANDURÉE 21
Empoigne ce coup de queno[u]ille !
SAUTEREAU
Que fera ceste troulle-broulle22 ?
L’ANDURÉE
Mais que fault-il à ce baveur23 ?
L’ANDUREAU
35 Il a esté bon24 recepveur,
Ce messagier.
L’ANDURÉE
Sus, qu’on besoigne25 !
Par noz dieux ! si je vous empoigne,
Je vous feray plus bas parler.
SAUTEREAU
Le diable m’en fit bien mesler !
40 Jamais je ne fus à tel(le) feste26.
L’ANDURÉE
Retourne, tu auras ta reste27 !
*
La ville de Samos est close par un rempart dont la porte reste ouverte sur la campagne. Une tour du guet domine ce mur ; elle est dépourvue d’escalier : on y accède par une échelle qui est ensuite retirée, pour que le guetteur soit en sécurité, ou pour qu’il ne prenne pas la fuite. « Nous ne sçavons par où descendre : / On nous a mis à faire guet. » (Les Rapporteurs.)
.
LE CONTE DE TRIPLE SCÈNE IV
Or çà ! qui montera là-hault,
Sur la tour, pour faire la guette ?
Il est force que l’on y mette
45 Quelc’um, ce sera le plus beau28.
PASQUELON
Voylà mon voisin L’Andureau :
Envoyer luy fault tout le pas29.
L’ANDURÉE
Faictes-y monter le bourreau !
NYCOLIN
Montez, mon voisin L’Andureau !
MORGALANT, bourreau.
50 Vielle guêtre30, traŷne-péneau !
Il y ira, voylà le cas !
NYCOLIN
Voylà mon voisin L’Andureau :
Envoyer luy fault tout le pas.
L’ANDURÉE
Tu y mentiras !
PASQUALET, varlet du bourreau.
Ha ! Babeau31 !
MORGALANT
55 Oste-toy d’icy, viel carcas32 !
PASQUELON
L’Andureau ne seroit pas las,
S’il y demouroit troys sepmaines33.
L’ANDURÉE
Il fera voz fièvres quarteynes !
Avez-vous entendu, beau sire ?
60 N’en sçavez-vous ung aultre eslire34
Sans le venir du guet charger,
Qui35 n’a pas du pain à menger
Sans labourer en sa maison36 ?
NYCOLY[N]
On luy fournyra — c’est raison —,
65 Et à vous, sa vie ordinaire37.
Et si, est force de le faire,
Car trop chier seroit le deffault38.
LE CONTE [DE TRIPLE]
Sus, Andureau ! Monte là-hault
Et prens garde de tous costéz,
70 Si39 que noz ennemys mortelz
Soient apperceuz de bien loing.
L’ANDUREAU
Ne vous chaille, j’en prendray soing.
Je voys monter dedans la loge40.
Et quoy41 que j’ay l’œil ung peu roge,
75 Si ay-je encor[e] bonne veue.
BROADAS
Si tu apperçois rien, si hue
Et cloche menu42 et souvent !
Puis metz la bannerolle43 au vent
Contre ceulx que verras venir.
L’ANDUREAU
80 Sçav’ous quoy ? Faictes-moy tenir44
Ou apporter une bouteille :
Car c’est cela qui me resveille
Quant ce vient au charivary.
ANDROMADÈS
Tien : empoigne-moy ce barry45,
85 Et fais le guet tant seullement !
*
L’Andurée ramasse du bois devant le rempart, non loin de la tour où veille son mari. Un soldat sort de la ville et s’approche d’elle.
.
BARDON SCÈNE V
… Çà, m’amye, a[vez-]vous point veu
Gens de guerre parmy ces champs,
Allans à pied ou chevauchans ?
Dictes-le, affin qu’on le sache.
L’ANDURÉE
90 Mon mary en est à l’estache46
— Dont il n’estoit pas grant besoing —
Hault jusché pour le[s] voir de loing.
Le grant diable ait part en la guerre47 !
BARDON
Et que faictes-vous icy ?
L’ANDURÉE
Je serre
95 Du boys pour [en] faire ung fagot
Pour mettre cuyre ung gigot.
Laissez-m’en paix et passez oultre !
BARDON
Vouldriez-vous point prester le voustre48
Près ce buysson, en quelque coing ?
L’ANDURÉE
100 Mon gigot ?
BARDON
Voire, ou [le] maujoinct49 :
Car je vous embrasseray ferme50.
.
L’ANDUREAU, au guet.51 SCÈNE VI
Allarme, bonnes gens, alarme52 !!
Je saulteray par ce créneau !
NYCOLIN 53
Qu’as-tu ?
L’ANDUREAU
Je voy ung gendarmeau
105 Qui veult ma femme brimballer54.
Descendez-moy, g’y veulx aller !
Je pers le sens, je suis deffait.
PASQUELON
N’ayes soussy : c’est peu de fait55.
Tais-toy, car c’est assez presché !
L’ANDUREAU
110 Pour Dieu, que je soye desjuché56 !
NYCOLIN
La raison ?
L’ANDUREAU
Il me fait cornu.
PASQUELON
Tu y serois trop tart venu57.
L’ANDUREAU
Je saulteray, comme qu’il soit58 !
.
L’ANDURÉE SCÈNE VII
Ostez-vous ! Mon mary me voit,
115 Qui [nous] crie à plaine caboche59.
Vous luy ferez rompre la cloche60.
Allez-vous-en sans parler plus !
BARDON
Nous ne ferons pas le surplus,
Puisque nous sommes descouvers.
.
120 Je voy des gens, sur ce renvers61, SCÈNE VIII
Qui vont crians parmy la plaine.
Je le voys dire62 au capitaine,
Affin que l’on y remédie.
.
L’ANDUREAU 63 SCÈNE IX
Alarme !!
NYCOLIN
Qu’as-tu ? Qu’on le die !
L’ANDUREAU
125 Il n’est pas temps de se truffer64.
Alarme !! Que de gens de fer,
Autant le corps comme les manches !
Ilz portent de[s] perches ferrenches65
Pour venir ruer66 ceste ville.
PASQUELON
130 Combien sont-ilz ?
L’ANDUREAU
Plus de cent mille.
Alarme, bonnes gens, alarme !!
Ilz me chevaulcheront ma femme
Aux champs, atout leur vit d’acier67 ;
Puis sera grosse d’ung archier68
135 Qui mengera nostre poullaille69.
Tout est perdu ! Que l’on me baille
Une eschelle ! Descendez-moy !
*
Quelque temps plus tard, L’Andurée traîne son mari au temple de Jupiter, où la Folle du mystère essaiera bientôt de châtrer le sien.
.
L’ANDURÉE SCÈNE X
Sus ! au Temple (de par le diable,
Entens-tu ?) pour sacrifier !
140 Le Roy l’a fait partout crier70,
Et ce paillart-cy n’en tient compte.
L’ANDUREAU
Et ! qu’est-ce cy ? N’a[s-]tu pas honte
De crier ainsi en la place ?
Par Juppin ! tu as peu de grâce.
145 Va-y toy-mesmes la première !
L’ANDURÉE
Fault-il tirer le cul arrière71 ?
Avant72, de par le diable, avant !
Ne sont pas les hommes devant ?
Veulx-tu jouer du contrepoint73 ?
L’ANDUREAU
150 Scez-tu quoy ? Ne me frappe point,
Car je voys assez sans toucher74.
L’ANDURÉE
Tout droit ! il ne faut point clocher75.
Dépesche-toy sans plus parler !
L’ANDUREAU
Tu m’y fais par [la] force aller.
155 Mais je despendray une terne
De solz, anuyt76, à la taverne,
Quelque chose qu’il en advienne.
*
Le païen Reprobe — futur saint Christophe — est un géant dont la laideur terrifie tout le monde. Mais il se confesse avec une humilité déjà toute chrétienne :
Quant je suis soûl, je suis content
De jeûner tant* que j’aye fain. *Jusqu’à ce.
Mais si je treuve rien* en main *Quelque chose.
Au matin, quant l’appettit touche,
Je le fourre dedans ma bouche. »
Pour l’heure, il cherche le diable afin de se mettre à son service.
.
SAINCT CHRISTOFLE SCÈNE XI
Je ne sçay comme je pourroye
Trouver le Diable, que je quiers.
160 J’en demandasse voulentiers
À ce villain quelque nouvelle.
.
Comment est-ce que l’on t’apelle ?… SCÈNE XII
Parle à moy !… As-tu entendu ?
L’ANDUREAU
A ! Jupiter, je suis perdu !
165 Cest homme-cy me mengera77 ;
[Et] puis ma femme enragera,
S(i) une foys je passe le pas78.
A ! Monsieur, ne me tuez pas !
Pour Dieu, ayez de moy mercy !
SAINCT CHRISTOFLE
170 Et ! nenny non, n’aye soussy !
Es-tu yvré79, ou si tu resve ?
L’ANDUREAU
Ne faictes pas ma femme vefve80
Pour prendre ung aultre mary,
Car j’en serois le plus marry,
175 Et l’aymeroys beaucoup mieulx estre81.
Par Jupit[er] qui me fit naistre82 !
Je serois hors de grant esmoy.
SAINCT CHRISTOFLE
N’aye plus paour, et parle à moy83,
Et me respons tout à ceste heure :
180 Scez-tu où le Diable demeure,
Ne où il fait sa résidence ?
Je quiers d’avoir son acointance.
Monstre-le-moy à ma requeste.
L’ANDUREAU
Vous quérez une faulce84 beste
185 Qui a les mâchouères de fer85.
L’on dit qu’il se tient en Enfer.
Quérir le diable, c’est simplesse86 ;
Mais si vous quérez la diablesse,
Voylà là où elle se cache87.
SAINCT CHRISTOFLE
190 Où est Enfer ? Que je le sache !
Monstre-moy le chemin grant erre88.
L’ANDUREAU 89
L’on dit qu’il est dedans la terre,
Mais le chemin ne sçay-je point.
Et si90, y a ung aultre point :
195 Car je croy qu’il y fait bien chault.
SAINCT CHRISTOFLE
De tout cela il ne me chault :
Il n’est chaleur que je n’endure.
Et si, trouveray (quoy qu’il dure91)
Le Diable, que je serviray.
200 À tant de gens m’en enquerray
Que quelc’um m’en dira nouvelle.
Puisque je sçay comme on l’appelle,
Je le trouveray, si je puis.
L’ANDUREAU
Vous le quérez et je le fuys :
205 Car l’on dit qu’il a le visa(i)ge
De bien trente couldées de large,
Corne devant, corne derrière.
Quant il fait bransler sa paupière,
C’est une chose merveilleuse92 !
210 Dedans le trou d’une dent creuse
Que le paillart a en la gorge93
A ung mareschal94 et sa forge,
Qui ferre les chevaulx à glace95.
……………………………
L’ANDURÉE SCÈNE XIII
M’avez-vous appellé « diablesse » ?
215 Par noz dieux, vous serez ho[u]rdy96 !
L’ANDUREAU
Viens-tu ainsi à l’estourdy97
Frapper sur moy sans dire gare ?
C’est la journée de malle hare98 !
Je voy bien qu’il me fault deffendre99.
L’ANDURÉE
220 Tu ne perdras rien de m’attendre100.
Tien, empoigne cela, yvroigne !
L’ANDUREAU
Ne frappe point de la queloigne101,
Ne des ongles encores moins !
L’ANDURÉE
Je frapperay de toutes mains
225 Tant que je t’en pourray donner !
Fault-il les femmes blasonner102
Comme tu fais, sanglante beste ?
L’ANDUREAU
Ne me frappe point sur la teste :
C’est le pot au vin103. Entens-tu ?
L’ANDURÉE
230 Par noz dieux, vous serez batu !
A ! paillart, vous fault-il hongner104 ?
L’ANDUREAU
Je le voys, [à fouÿr, gaigner]105 :
Jambes, portez le corps arrière106 !
Que le diable emport la loudière107
235 Et qui oncques m’en empescha108 !
L’ANDURÉE
Jamais femme mieulx ne torcha109
Homme que je te torcheray !
.
L’ANDUREAU SCÈNE XIV
Par Juppin ! je me cacheray
À quatre piedz, comme ung marmot110.
240 Voicy mon fait111. Ne sonne mot,
Pour crainte de ceste estourdie !
.
L’ANDURÉE SCÈNE XV
Qui le sçaura, que l’on me die
Du112 paillart qui s’en est fouy.
Je cuyde que je l’ay ouÿ,
245 Ou ung autre qui le ressemble.
.
L’ANDUREAU SCÈNE XVI
A ! Juppiter, comme je tremble !
S’elle me treuve, je suis mort.
Hélas, pour me donner confort113,
Vueillez-moy estre pitéable114 !
250 Elle est pire que n’est ung diable.
Cachez-vous, vous serez batus !
*
L’Andureau se propose de suivre des « tyrans » (un douteux ramassis de sergents, bourreaux, tortionnaires et geôliers) qui veulent dévaliser des passants pour aller dîner gratis.
.
L’ANDUREAU SCÈNE XVII
Dea ! je seray des vostres.
ALIBRAQUIN
Non !
MALLEPART
Vous estes trop couhart aux armes.
BARRAQUIN
Mais foible115.
L’ANDUREAU
Et vous aux alarmes !
BRANDIMAS
255 Gaillards116 !
FRÉMINAUD
Dehaitz117 !
L’ANDUREAU
O ! quelz gensdarmes
Pour bien tost assaillir ung pot118 !
ALIBRAQUIN
257 Tais-toy !
MORGALANT
Chut !
PASQUALET
Paix !
MALLEPART
Gényn le Sot119 !
BARRAQUIN
Garde de desrober plasm[e]use120 !
L’entens-tu ?
L’ANDUREAU
Ma121 teste fumeuse
260 Vous fera chevalier passer122 !
BRANDIMAS
Ventre123 !
FRÉMINAUD 124
Ha ! laissez-le passer :
Sa coulère est [trop] dangereuse.
L’ANDUREAU
Si j’eschauffe ma teste creuse125,
Je te batray, dea, comme ung page126 !
ALIBRAQUIN
265 Tais-toy, truant !
L’ANDUREAU
Vostre courage
Vous fera une foys mouri[r] !
MORGALANT
Cherchons…
PASQUALLET
Cherchons ?
L’ANDUREAU
Boutte boullir127 :
Tu y feras de beaulx vacarmes128.
MALLEPART
Si une foys je suis aux armes,
270 Vous me verrez bien advancer129.
L’ANDUREAU
Ilz vous feront maistre passer…
Auprès du cul de Aqueline130.
BARRAQUIN
Et moy, j’assauldray131…
L’ANDUREAU
La cuysine.
Ou quelque souppe grasse au plat.
BRANDIMAS
275 Compaignons !
FRÉMINAUD
Hau132 ?
ALIBRAQUIN
Bon guet !
MORGALANT
Eschac133 !
PASQUALET
276 J’ay…
MALLEPART
Quoy ?
BARRAQUIN
Trop vuyde
BRANDIMAS
L’estomac.
FRÉMINAUD
277 Les dens
ALIBRAQUIN
Longues
MORGALANT
Comme liépart134.
L’ANDUREAU
Qui leur vouldroit bail[l]er du lart135,
Ilz en feroient de gros morceaulx136.
PASQUALET
280 Prestz,
MALLEPART
En point,
BARRAQUIN
Arméz
BRANDIMAS
Aux assaulx.
.
FRÉMINAUD 137
281 Voicy…
ALIBRAQUIN
Qui ?
MORGALANT
Ce que demandons.
PASQUALET
282 À luy138 !
MALLEPART
À luy !
BARRAQUIN
Sus !
BRANDIMAS
Empoignons !
FRÉMINAUD
Je voys139 devant.
ALIBRAQUIN
Et moy derrière.
MORGALANT
284 Frappe !
PASQUALET
Lorgne140 !
MALLEPART
Hay !
BARRAQUIN
Assaillons !
BRANDIMAS
285 Qu’on cherche…
FRÉMINAUD
Quoy ?
ALIBRAQUIN
La gibessière141.
.
SAINCT CHRISTOFLE SCÈNE XVIII
Retirez-vous bien tost arrière,
Naintz, sotz, couhars, estradïotz142 !
MORGALANT
Baille
PASQUALET
Çà l’argent !
MALLEPART
Ou le dos
On te secoura, et bien fort !
BARRAQUIN
290 À mort !
BRANDIMAS
À mort !
FRÉMINAUD
Villain143, à mort !
SAINCT CHRISTOFLE
Vous ne serez jà le plus fort,
Ou je renie Tarvagant144 !
Par Jupin ! batus serez tant
Qu’il fauldra que chiez145 vinaigre.
295 Et verrez si ma main est aigre
Ou bien [est] rude à batre bourre146.
L’ANDUREAU
(Je ne vis oncques mieulx secourre147 !
Ilz n’ont garde des artisons148.)
SAINCT CHRISTOFLE
Tenez ! Tenez !
ALIBRAQUIN
Nous nous nous rendons !
MORGALANT
300 Alarme !
PASQUALET
Alarme !
MALLEPART
Je suis mort !
BARRAQUIN
301 Hay ! hay !
BRANDIMAS
Hay ! hay !
L’ANDUREAU
(Quel réconfort !)
SAINCT CHRISTOFLE
Ce n’est rien, s’il n’y a de plus fort.
Vient-on cy les gens assaillir ?
Sang bieu ! je vous feray mourir
305 Cruellement !
L’ANDUREAU
[De loing] fouyr
Il me convient149, ou je suis pris.
SAINCT CHRISTOFLE 150
Ma foy, vous y serez compris,
Maistre gallant ! Estes-vous cy151 ?
L’ANDUREAU
Monsieur, je vous crye mercy !
SAINCT CHRISTOFLE
310 Tenez, tenez, vilain infâme !
L’ANDUREAU
Ha ! ne faictes point que ma femme,
Qui [manye si bien les ergos]152,
Se remarye !
SAINCT CHRISTOFLE
Tiens ces coups !
Es-tu larron ?
L’ANDUREAU
Hay ! Hay ! le153 dos !
315 Las, je meurs ! Je chie de peur154 !
SAINCT CHRISTOFLE
Vient-on icy estre aguetteur155
De chemyn, pour les gens surprendre ?
Par Jupiter ! je vous voys pendre
[Tous huyt]156, deussé-je estre bourreau !
L’ANDUREAU
320 Si je vous baille mon appeau157,
N’aurez-vous pas pitié de moy ?
FRÉMINAUD
Quel de profundis158 !
ALIBRAQUIN
Quel effroy !
MORGALANT
Il en est fait.
PASQUALET
Nous sommes friz.
MALLEPART
Nous sommes bien des dieux mauldictz,
325 De nous trouver en telle bende !
SAINCT CHRISTOFLE
Venez, venez, que l’on vous pende,
Vilains assailleurs estourdis !
Et ! serez derechef ho[u]rdis159.
BARRAQUIN
Je meurs !
BRANDIMAS
Je pasme160 !
FRÉMINAUD
Trop hardis
330 Vous fustes à donner l’assault.
L’ANDUREAU
Je vous donray ung gasteau chault
Et ung tournoys161, pour ma rançon.
SAINCT CHRISTOFLE
Va, va, tu es mauvais garson162 :
Tu ne vauls pas que l’on te gaige163.
L’ANDUREAU
335 Je suis trop plus heure[u]x que saige,
Puisque j’ay eschappé sa pate164.
J’ay quarante et cinq165, l’advantage.
ALIBRAQUIN
Tu es trop plus heureux que saige.
MORGALANT
Si166 as-tu ta part au pillage.
PASQUALET
340 Il t’a bien guéry de la gratte167.
L’ANDUREAU
Je suis trop plus heureux que saige,
Puisque j’ay eschappé sa pate.
MALLEPART
Puisque nous avez rendu matte168,
Ayez pitié, nous vous prions !
SAINCT CHRISTOFLE
345 Vous avez gaignéz…
L’ANDUREAU
Horïons169 ?
SAINCT CHRISTOFLE
Mais d’estre pendus hault et court !
L’ANDUREAU
(Voylà ung terrible milourt170,
Quant je regarde son mynois.
Qu’il seroit bon à cueillir noys !
350 Il ne luy fauldroit point d’eschelle.)
SAINCT CHRISTOFLE
Rien ne vous sert ceste querelle,
Car je vous lairay estachéz171.
L’ANDUREAU
Je veulx estre — que le sachez —
Des vostres : quant vient172 aux effors,
355 Je suis tousjours vers les plus fors.
N’est-ce pas le meilleur conseil173 ?
SAINCT CHRISTOFLE
Je te bailleray ung resveil
Qui te gardera de dormir !
Va-t’en avec ceulx[-là] gémyr,
360 Si tu ne veulx [col comme]174 grue.
Par mon serment ! presque je sue
De tant férir ces truandeaulx175.
.
BARRAQUIN SCÈNE XIX
Que ferons-nous ?
L’ANDUREAU
Brides à veaulx176 ;
Et si, disnerez aux dîmages177.
BRANDIMAS
365 Quelz alarmes !
L’ANDUREAU
Vous faisiez rages,
Quant ce vint l’heure d’assaillir.
FRÉMINAUD
Je me178 cuydé esvanouÿr.
ALIBRAQUIN
Et moy, cuyday passer le pas179.
L’ANDUREAU
Vous valez ung aultre, à fouyr180
370 Quant on combat. Ne faictes pas181 ?
MORGALANT
J’aloys…
L’ANDUREAU
Plus viste que le pas ;
Mais il vous a tost recueilly.
PASQUALET
Laissons tout ce charivary !
MALLEPART
Ayde-moy182 !
BARRAQUIN
Hay ! Et qu’est cecy ?
BRANDIMAS
375 Je suis tout las.
FRÉMINAUD
Et moy aussi.
ALIBRAQUIN
Je suis boyteux.
MORGALANT
Et moy, cassé.
L’ANDUREAU
Vous estes chevalier(s) passé183.
Tout beau !
PASQUALET
L’on m’a bien compassé184
L’eschine, du long et du large.
MALLEPART
380 Desliez-nous !
L’ANDUREAU
J’en ay la charge,
Cuydé-je : a[llons] les deslier.
Es-tu le chien au gros collier185
Qui186 faisois tant de la gendarme ?
BARRAQUIN
Je ne puis aller, par mon âme,
385 Pour le coup que j’ay cy endroit187.
L’ANDUREAU
Tout beau, hau ! Allez ung peu droit !
Quoy ! me voulez-vous contrefaire188 ?
BRANDIMAS
Allons ! Cherchons aultre repaire
Pour trouver aulcun secourable189.
*
12 000 vers plus tard, L’Andureau est remonté dans la tour où il exerce « le guet qui est dessus la porte ». Il voit venir une armée. Sa femme est à l’extérieur du rempart, moins effrayée que lui par cette arrivée de violeurs potentiels. Les protagonistes jurent toujours comme des mécréants, mais leurs jurons, s’ils restent aussi orduriers, sont devenus chrétiens : cela est dû à la récente conversion du roi.
.
L’ANDUREAU, villain. SCÈNE XX
390 Saincte Marie, que de gens !
Que d’estandars ! Que de banières !
Ilz ressemblent, à leurs manières,
Que ce soyent diables d’Enfer.
Ilz portent de[s] robes de fer,
395 Et les bonnetz trèstous de mesmes.
Par mon serment ! ce sont gensdarmes190
Tous assembléz à grans monceaulx
Ainsi comme sont les pourceaulx.
Tout est perdu ! Alarme, alarme191 !!
400 Et ! par Dieu, s’il[z] treuve[nt] ma femme,
Ilz luy mettront la « queue » devant.
LA VIELLE ENDURÉE
Avant, de par le diable, avant !
Qu’as-tu trouvé, à si hault braire ?
La croix Dieu ! on te fera taire,
405 Si tu crye mèshuy192 si hault.
L’ANDUREAU
Alarme, alarme, à l’assault !!
Tout est pris, qui193 n’y prendra garde.
Va-t’en cacher, putain paillarde,
Ou ilz te mettront la « cropière194 »
410 Par devant, non pas par derrière,
S’ilz peuvent gaigner la muraille195.
L’ANDURÉE
J’ay mon saulconduyt196, ne te chaille,
Tout prest dessoubz le bout du ventre,
Et n’ay pas paour que nul y entre
415 Qui n’en saille197 bien à son aise.
L’ANDUREAU
Que le feu fust en la fournaise198
Aussi chault comme feu grégoys199,
Pour [t’]ardre le trou et le joys200,
Et mettre fin à la « beso[i]ngne » !
.
NYCOLIN, bourgeoys. SCÈNE XXI
420 Mais qu’as-tu trouvé, dy, yvroigne ?
As-tu jà parfaict201 tes vendanges ?
PASQUALON
Je cuyde qu’il a veu les anges202
Au fons d’ung pot ou en ung verre.
L’ANDUREAU
Armez-vous, car toute la terre
425 Est couverte de gens arméz !
Et si légier203 vous ne fermez
Les portes, nous sommes tous frictz.
NYCOLIN
Il a dit vray : les rats sont pris204 !
PASQUALON 205
Paix, puisque dire le convient !
430 Car c’est le secours qui nous vient,
De cela suis [b]ie[n] adverty206 :
Ce sont gens de nostre party
Qui, du Roy (ainsi que j’entens),
Ensemble207 tous les habitans,
435 Seront receuz à moult grant joye.
L’ANDUREAU
Messeigneurs, la paour que j’avoye
M’a faict faire ce grant effroy.
*
Malgré ses piètres résultats, le vigneron est à nouveau réquisitionné comme guetteur, sous les quolibets de sa femme.
.
PASQUALON SCÈNE XXII
L’Andureau, il te fault monter
Pour veoir de loing noz ennemys,
440 Et pour sonner cy pris, cy mis208 :
Car tu es, à ce faict, propice.
L’ANDUREAU
Laissez-moy, je quitte l’office.
NYCOLIN
La raison ?
L’ANDUREAU
Car j’ay la veue209 trouble,
Et n’ay pas le jarret si soupple210
445 Comme j’ay eu le temps passé.
L’ANDURÉE
Bref, il est de gaiges cassé211
Pour « monter212 », je vous en asseure !
Si, luy conseille qu’il demeure,
Pour mèshouan, dessus la plume213.
PASQUALON
450 Monte tost, car si je me fume,
Je te donray une venue214 !
L’ANDUREAU
Je deusse avoir [bien] belle « queue »,
De juscher215 tous les jours si hault !
L’ANDURÉE
La queue, devant, rien ne vault216,
455 Au moins pour mettre la « cropière » ;
Quant est de celle217 de derrière,
Elle sent son dyamerdis218.
NYCOLIN
Monte tost, puisque je le dis !
Il n’est pas temps de babiller.
460 Et prens garde de bien veiller
Aux ennemys, car ilz sont près.
L’ANDUREAU
Çà, ma bouteille ! Puis après,
Je monteray sans plus attendre.
L’ANDURÉE 219
Or tien ! Et monte sans descendre
465 Et sans retour, villain gros-bec220 !
L’ANDUREAU
Va moy attendre au gibet,
Non pas à « Reins221 », dont tu t’esbas !
As-tu entendu, viel cabas222 ?
Que du mau feu soyes-tu arse223 !
PASQUALON
470 Monte ! Et puis [tu] jouras la farce224,
Et ta femme joura du cul.
L’ANDUREAU
Je sçay bien que je suis coqu225,
Pour dire le cas tel qu’il est ;
Mais je ne suis pas tout seullet :
475 J’ay des compaignons plus de mille,
Autant au[x] champs comme à la ville.
C’est [là] maladie incurable.
NYCOLIN
Monte, villain, de par le diable !
Fault-il playdoier maintenant ?
L’ANDUREAU
480 Estes-vous du Roy lieutenant226 ?
Attendez, [ne vous en]227 desplaise,
Et je monteray à mon ayse,
Puisqu’il est force qu’il se face228.
Et toy, mauldicte chiche-face229,
485 Va moy aprester à menger !
L’ANDURÉE
Attens-moy là sans te bouger :
Si auras ung estront tout chault !
L’ANDUREAU
Bren ! De tout cela, ne m’en chault ;
Masche230 cela sans moy attendre !
*
L’Andureau finit par remonter dans la tour du guet. Cette fois, ce ne sera pas pour rien. Mais il a tant crié au loup qu’il aura du mal à être pris au sérieux.
.
L’ANDUREAU SCÈNE XXIII
490 Alarme, alarme !! Que de gens
Arméz par boys, par préz, par champs !
Courez tost, bourgeois et marchans,
Embastonnéz, sur la muraille231 !
SAUTEREAU
Mais qu’a ce fol qui si hault [b]raille232 ?
495 Je croy qu’il a veu les Angloys233 !
L’ANDUREAU
Va tost faire armer les roys
Tout d’acier, testes, piedz et mains :
Car voicy venir les Romains.
Descendez-moy, je meurs de peur234 !
500 Despêchez-vous, ou je suis seur
Qu’ilz viendront Samos desconfire !
*
1 Et aussi, je ne sais pas où je vais. Un sautereau est un saute-ruisseau, un porteur de messages ; mais le sottereau n’est pas loin : « Soctars, soctereaulx, socteletz,/ Les vrays filz de Haulte Follie. » Les Sotz ecclésiasticques. 2 Bien que j’aie beaucoup bu. Les messagers, qui arpentent des chemins poussiéreux, ont toujours soif : voir la notice du Messager et le Villain. 3 Un paysan. Celui-ci est vigneron (vers 421). 4 Aussi, je vais tout droit vers lui. 5 On surnommait les paysans « Jacques Bonhomme ». Cf. Monsieur de Delà et monsieur de Deçà, vers 148 et note. 6 Je ne suis pas là. Cette insolence est mise en général dans la bouche des valets que leur maître réclame : « –Rince-hanaps ! –Il n’y est pas. » Le Porteur de pénitence. 7 Il ne se déplace ni d’un pas, ni de la moitié d’un pas. Cette plaisanterie était tellement éculée qu’on en faisait des chansons : « –Où va ce chemin qui verdoie ?/ –Tu vois bien qu’il ne se bouge. » (Nicolas Gombert.) Au chapitre 25 du Cinquième Livre, Rabelais parle d’une île où « les chemins cheminent comme animaux…. Les voyagiers, servans et habitans du païs demandoient : ‟Où va ce chemin ?” » 8 Où mène-t-il ? 9 Quelle folie ! Cf. la Folie des Gorriers, vers 239. 10 De Syrie. Mais la « suerie » est la fournaise dans laquelle on fait suer les vérolés atteints du mal de Naples : « –Fustes-vous oncques à Naples ?/ –Sy ay, sy ay, g’y ay esté./ –Et en Surie ? » Farce de quattre femmes, F 46. 11 Brouiller le parchemin = créer des embrouilles. « C’est un brouilleur de parchemin,/ Un rassoté. » Le Pèlerinage de Mariage. 12 Si on suivait. 13 Un espace de temps, un moment. 14 Cette prétendue « vieille » est beaucoup moins âgée que son mari, qui craint qu’elle ne se fasse engrosser (vers 134). Armée de sa quenouille, elle vient voir si L’Andureau travaille la vigne. 15 Vieillard rassoté : vieux sot. 16 Hourdi, chargé de coups. Idem vers 215 et 328. 17 Sous l’effet de ma colère <χολή = bile>. « Tout enflammé & plein de chaulde cole,/ Subitement prend ses armes & sort. » (Hugues Salel.) L’Andurée administre des coups de quenouille à son mari. 18 Vous mêlez-vous de notre conflit ? Idem vers 83 et 373. 19 « Vous en aurez, de ce baston ! » Serre-porte. 20 Prenez garde à ce que vous faites. 21 Éd : Landureau. (C’est toujours la femme qui donne des coups de quenouille aux hommes, comme au vers 222.) 22 Une trouille-brouille est sans doute la femme d’un mauvais vigneron. « Leur vin trouillé, brouillé. » Complainte des Bons Vins à l’encontre des maistres de Brouillerie. 23 Ce bavard, ce médisant. Sautereau s’éloigne un peu. 24 Éd : mon (Il a bien reçu tes coups. « Receveurs du bois [du bâton]. » Le Pasté et la tarte.) 25 L’Andurée donne à son mari l’ordre de travailler. 26 « Il ne fust oncques à tel feste,/ Se je le tenoye ! » (Serre-porte.) Allusion aux coups qu’on assène aux parents de la bru pendant la fête des fiançailles : « –J’ey eu plus de cinq cens/ Gros coups de poing dessus ma teste./ –Et ! c’est à cause de ma feste. » La Veuve. 27 Reviens, tu auras la monnaie que je te dois encore. 28 Ce sera le mieux. Pâquelon fait semblant de comprendre qu’on va choisir le plus bel homme de Samos, et il propose ironiquement le vieux L’Andureau. 29 Il faut l’y envoyer de ce pas. 30 Vieille guenille ! Le bourreau insulte L’Andurée, qui le désignait comme guetteur à la place de son mari. Un traîne-panneaux est un clochard couvert de pans de tissu, de loques. « Vestu de meschans panneaux de mendians. » Godefroy. 31 Diminutif d’Isabeau qu’on inflige aux femmes de mauvaise vie. Voir la note 45 du Fol et la Folle. 32 Le carquois symbolise le vagin dans lequel l’homme introduit sa flèche virile. « Vieulx carcas/ Barbuz à bouter viretons [pour y mettre notre flèche]. » Sermon joyeux des barbes et des brayes. 33 S’il y restait 3 semaines sans devoir supporter cette harpie. 34 Ne pouvez-vous en choisir un autre ? 35 Lui qui. 36 Sans travailler chez lui. Ou bien : Sans labourer sa vigne. 37 Son pain quotidien. 38 Car une défection lui coûterait trop cher. 39 De sorte. 40 Je vais monter dans la guérite de la tour par l’échelle. L’Andureau s’exprime enfin. Pour lui, résider dans la tour n’offre que des avantages : il est débarrassé de sa virago, il n’a plus besoin de travailler, et il peut boire sans qu’on le lui reproche. 41 Éd : puis (Quoique j’aie les yeux rouges, comme tous les alcooliques. Cf. l’Antéchrist, vers 301.) 42 Si tu aperçois quelque chose, crie, et agite la cloche vivement. À l’approche des ennemis, on sonne le tocsin. 43 Éd : banuerolle (La bannière de notre roi.) 44 Éd : uenir (Rime du même au même.) Faites-moi obtenir. « Faictes-moy tenir du blé & de l’argent ! » Jan de Amelin.) 45 Ce baril de vin. Cf. les Basteleurs, vers 54. 46 Passe pour cela sa tête par un créneau de la tour comme s’il était exposé au pilori. Estache = pilori : « Ilz sont mis à l’estache,/ Ilz n’ont garde de s’en voler. » St Christofle. 47 Que le diable ait sa part de guerre ! « Le diable y ait part, en la guerre ! » L’Aveugle et Saudret. 48 Le vôtre, de gigot, pour que j’y introduise ma broche. « Gigos en brocque. » (Jehan Molinet.) Ce mot désigne la cuisse d’une dame : « Remuer le gigot : faire l’acte vénérien. » Antoine Oudin. 49 Votre mal joint, votre sexe. « Il a donc heurté au maujoint. » Les Queues troussées. 50 Je vous « baiserai » fermement. Cf. Rouge-affiné, vers 235. Bardon enlace L’Andurée, qui ne s’en plaint pas. 51 Voyant que sa femme se laisse peloter par le soldat, il se met à crier tout en secouant la cloche. 52 Ce vers, identique au vers 131, est celui que clame le Fol du mystère quand la Folle veut le châtrer. L’Andureau et L’Andurée sont les substituts du Fol et de la Folle. 53 Nicolin et Pâquelon, les deux habitants de Samos qui avaient refilé la corvée du guet à L’Andureau, montent la garde au bas de la tour. C’est eux qui s’occupent de l’échelle. 54 Secouer, au sens érotique. « Ta femme future brimballant avecques deux rustres. » Rabelais, Tiers Livre, 25. 55 C’est peu de chose, ce n’est pas grave. 56 Descendu de ce perchoir. 57 Tu arriverais en bas trop tard. 58 Je vais sauter, puisqu’il en est ainsi. 59 À tue-tête. 60 Le mari jaloux est en train de sonner le tocsin : voir le vers 77. 61 De ce côté. Bardon voit arriver l’armée romaine, que L’Andureau n’a pas vue, trop occupé à surveiller sa femme. 62 Je vais le dire. 63 En relevant la tête, il aperçoit les ennemis. Il hurle et agite la cloche. 64 De plaisanter. Cf. Massons et charpentiers, vers 276. 65 Des lances ferrées. 66 Éd : tuer (Abattre. « Tu as rué par terre/ La ville (de) Sainct-Quentin. » La Ville de Calais.) 67 Avec leur pénis couvert d’une armure. 68 Elle sera engrossée par un franc-archer. 69 Les francs-archers sont des voleurs de poules : « J’ay ouÿ poullaille/ Chanter chez quelque bonne vieille. » Le Franc-archier de Baignollet. 70 Annoncer. 71 Reculer. En ce même lieu, et avec les mêmes mots, la Folle retiendra l’homme qu’elle veut châtrer : « Ne tire point le cul arrière ! » 72 En avant ! Même vers que 402. 73 Veux-tu faire autrement que les autres, qui se placent aux premières loges lors des sacrifices à Jupiter ? 74 Je vais assez vite sans qu’on ait besoin de me toucher avec un pique-bœuf. « Il ne fault que toucher noz bestes. » St Christofle. 75 Boiter, marcher de biais. Le vieux paysan est boiteux (vers 386-7). 76 Mais je dépenserai 3 sous, ce soir. 77 On peint souvent saint Christophe avec une tête de chien. Notre Mystère le soupçonne d’anthropophagie : « C’est ung géant (je le cognois)/ Qui menge gens plus dru que noys ;/ S’il nous prent, il nous mengera. » 78 Si je trépasse, dévoré par ce monstre. Idem vers 368. 79 Enivré. Cf. le Messager et le Villain, vers 215 et note. 80 Veuve. 81 J’aimerais mieux être veuf moi-même. 82 Le futur saint use lui-même de ce juron païen : « Par Jupiter qui me fit naistre,/ Et le dieu Mars où je me fonde ! » 83 Le monstre est obligé de se faire annoncer par cette phrase rassurante : « N’ayez paour, et parlez à moy ! » « Parle à moy/ Et n’aye paour ! » 84 Maléfique. Armée de sa quenouille, L’Andurée vient contrôler si son mari travaille, comme au vers 23. Effrayée par le géant, elle se cache derrière un arbre. 85 Dans les Mystères, l’enfer d’où jaillissent les diables est une gueule qui s’ouvre et se ferme. 86 C’est de la simplicité d’esprit, de la bêtise. 87 L’Andureau montre l’arbre qui dissimule sa mégère. 88 Rapidement. 89 Éd : Landuree (La « diablesse » ne quitte sa cachette qu’au vers 214.) 90 Éd : sil (Et aussi. Idem vers 1, 66, 198 et 364.) 91 Quel que soit le temps que cela prenne. 92 Effrayante. « C’estoit une chose trop horrible et merveilleuse à racompter ! » Guillaume Tardif. 93 Dans la bouche. 94 Il y a un maréchal-ferrant. Gargantua fit mieux que le diable : il logea dans sa dent creuse « cinquante prisonniers » et « ung jeu de paulme pour esbattre lesditz prisonniers ». Les Grandes et inestimables Cronicques du grant et énorme géant Gargantua. 95 Avec des fers spéciaux qui s’incrustent dans la glace. Le futur saint part en quête de l’enfer, et L’Andurée sort de derrière l’arbre. 96 Chargé de coups (note 16). L’Andurée abat sa quenouille sur la tête de son mari. 97 Sans réfléchir. « Frappons dessus à l’estourdy ! » Les Tyrans. 98 Le paysan confond la male heure [l’heure funeste] avec la male hart [la maudite corde]. « À malle hart soit-il pendu ! » La Confession du Brigant. 99 Qu’il faut que je me défende. « Il nous fault deffendre. » L’Aveugle et Saudret. 100 Tu ne perds rien pour attendre. 101 Éd : quenoille (Avec ta quenouille. « Or me fault filer ma queloigne. » Godefroy.) 102 Diffamer. 103 « Le moulle du bonnet [le crâne], c’est le pot au vin. » Gargantua, 9. 104 Éd : hougnyr (Cette forme n’existe pas.) Devez-vous grogner ? « Vous fault-il hongner maintenant ? » Turelututu et Granche-vuyde. 105 Éd : gaigner a fouyr (Je vais remporter cette bataille en fuyant.) 106 Pour éviter la castration, le Fol du mystère s’écrie : « A ! jambes, saulvez-moy le corps ! » 107 Cette garce. 108 Et celui qui jamais m’en encombra : celui qui nous a mariés. Les époux, dans les farces, vouent aux gémonies les marieurs et les marieuses ; voir la note 256 des Mal contentes. 109 Ne battit. « Je te torcheray : tien ! » Grant Gosier. 110 À quatre pattes, comme un singe. 111 Voilà ce qu’il me faut. « Vécy nostre fait. » (Les Botines Gaultier.) L’Andureau s’accroupit derrière le socle de la statue de Jupiter, auquel il se met à parler, comme aux vers 246-251. 112 Éd : Le (Si on le sait, qu’on me dise quelque chose du paillard qui s’est enfui. « Je te prie que tu me die de noz vignes : les copera-l’on ? » Arch. dép. Côte-d’Or.) 113 Réconfort. 114 Veuillez avoir pitié de moi. Cf. les Coquins, vers 242. 115 Et aussi, vous êtes trop faible. 116 Nous sommes vaillants. Cette écriture fragmentée est propre aux sotties ; voir, entre autres exemple, Mallepaye et Bâillevant. 117 Nous sommes joyeux. 118 « Je sçay bien tel qui assaillir/ Oseroit bien ung pot de vin. » Massons et charpentiers. 119 Plusieurs personnages de sotties se nomment Jénin. « Quel glorieulx sot ! Quel jényn ! » Les Coppieurs et Lardeurs. 120 Garde-toi de prendre une gifle. « Donner une plamuse, ou plamouse : un soufflet. » Oudin. 121 Éd : La (Ma tête coléreuse. Le Fol du mystère a lui aussi une tête fumeuse, au vers 21.) 122 Je vais vous donner un coup sur la nuque, de même qu’on applique une colée au nouveau chevalier. Idem vers 377. 123 Ce juron vient de Gascogne, comme Brandimas. 124 L’imprimeur a interverti cette rubrique et la suivante. Fréminaud se moque des prétentions de L’Andureau. 125 Le Fol du mystère a aussi la tête creuse (vers 20). Teste Creuse est un personnage de sotties. 126 À coups de bâton. « Tendez-vous ung baston ?/ Cela debvez faire à ung paige. » Le Gouteux. 127 Va faire bouillir l’eau ! C’est à Pascalet, l’assistant du bourreau (vers 54), que revient cette charge quand il faut exécuter un faux-monnayeur. 128 Des troubles à l’ordre public. « Amans, prenez les armes !/ On ravit [enlève] Marion./ Faites de beaux vacarmes ! » La Meilleraye. 129 Avoir de l’avancement, monter en grade. 130 Éd : iaqueline (Dans ce Mystère, Aqueline est une prostituée bien connue des tyrans.) 131 J’assaillirai. Voir le vers 256. 132 Éd : Hault (« Sus, compaignons ! Hau ! vous dormez ? » St Christofle.) 133 Prise de guerre, rançon. « L’avoir et l’eschac qu’il conquist. » Godefroy. 134 Éd : cheuaulx (Je suis affamé comme un léopard. « Le lyépart (…) peult nuyre et par dens, & par ongles. » Lancelot du Lac.) 135 Si on leur donnait des lardons, des brocards. « Tant bien sçavez l’art/ De farser gracieusement,/ De baillier aux aultres du lart ! » (ATILF.) Autre sens figuré : Si on leur donnait du sexe. « Elle a trop bien baillé du lart/ À ung qui portoit grant couronne…./ Chascun l’aura, mais qu’on luy donne. » Jardin de Plaisance. <Guillaume Apollinaire, fin connaisseur de l’érotisme médiéval, reprit cette expression dans ses Mamelles de Tirésias.> 136 Ils en feraient de grosses bouchées. 137 Il voit venir Christophe sur le chemin forestier. 138 À l’attaque ! Cf. le Roy des Sotz, vers 141 et 183. 139 Je vais. 140 Cogne ! Cf. Troys Gallans et Phlipot, vers 489. 141 La bourse en cuir qui est attachée à la ceinture de Christophe. 142 Nains, sots, couards, mercenaires. Voir la note 3 du Fol et la Folle. 143 Bouseux. « –À mort, vilain ! À mort, à mort !/ –‟Vilain”, dictes-vous ? C’est oultrage. » L’Avantureulx. 144 Les fatistes médiévaux inventèrent le dieu païen Tervagant : c’était une rime commode. « Mars, Apolin et Tervagant. » St Christofle. 145 Éd : lõ chie (Chier du vinaigre = s’enfuir de peur. « Soyez asseuré, de ce glorieux Angloys, que je vous le feray demain chier vinaigre devant tout le monde. » Pantagruel, 18.) Nous disons aujourd’hui : chier du poivre. 146 Si ma main est faible ou forte pour battre un tapis. « Frappons sur eulx comme sur bourre ! » (St Christofle.) Christophe donne des coups de bâton aux tyrans. L’Andureau se tient à l’écart. 147 Secouer, battre un tapis. 148 Ils ne risquent plus d’avoir des larves de mites sur eux, maintenant qu’on les a battus comme des tapis. 149 Je dois fuir au loin. « Quand vient ainsi une fureur,/ De loing fuïr est bien propice. » Première Moralité. 150 Il attrape L’Andureau, qui s’esquivait. 151 Êtes-vous ici ? Christophe reconnaît le paysan, qu’il appelle d’ailleurs « vilain » 2 vers plus bas. 152 Éd : meyne si bien les argos (En latin, ergo = donc.) Dans les écoles, un ergo est un argument spécieux : « Ces gallans trouvent tousjours certains ergos sofistiquéz qui ont apparence de vérité. » Godefroy. 153 Éd : du (« Hay ! Hay ! la teste ! » Le Povre Jouhan.) 154 Éd : paour (Ce gag revient dans beaucoup de farces. « J’ay tel paour que je me conchie. » St Christofle.) 155 Éd : agresseur (Un aguetteur de chemins est un bandit de grands chemins qui se met en aguet pour surprendre les voyageurs. « De brusleurs d’église, de violeurs de femmes et aguaiteurs de chemin. » J. Molinet.) 156 Éd : Touthuyt (Je vais vous pendre tous les huit.) Christophe extrait des cordelettes de sa besace, et il attache les tyrans aux arbres : les bandits de grands chemins ficelaient ainsi leurs victimes pour mieux les dépouiller. 157 Mon sifflet de braconnier, avec lequel j’attire les oiseaux. Les campagnards pratiquent toutes les formes de braconnage sur les terres des nobles. 158 Prière qu’on récite pour les défunts : « Ilz auront leur de profundis ! » (St Christofle.) L’imprimeur a interverti les répliques de Fréminaud et d’Alibraquin, privant de rime le vers précédent. 159 Chargés de coups (note 16). Christophe matraque les tyrans. 160 Je me pâme : je m’évanouis. Voir le vers 367. « Ah ! je pasme, je meurs ! » Racan. 161 Un denier tournois. À titre de comparaison, la rançon de Charles d’Orléans, prisonnier en Angleterre, s’élevait à 220 000 écus d’or. 162 Tu es un misérable. 163 Éd : batte (Tu ne vaux pas la peine qu’on te mette à rançon. « C’estoit grand honte que eulx deux s’estoient lessiéz gaiger par un seul homme. » ATILF.) Christophe continue d’attacher les tyrans, mais il épargne L’Andureau. 164 À sa patte. L’imprimeur a interverti ces 2 premiers refrains du triolet ABaAabAB. 165 Éd : eulx (Au jeu de paume, le score maximal de 45 donne l’avantage. « On dit figurément & par métaphore prise du jeu de paume, qu’un homme a quarante-cinq sur la partie, pour dire qu’il a de grands avantages dans une affaire. » Dict. de l’Académie françoise.) 166 Pourtant. 167 De la gale, en te « frictionnant » la peau. 168 Abattus. « Matte et confus. » ATILF. 169 Éd : Dorions (Des coups. « Par les horïons qu’ay receu/ Dessus la teste et sur le dos. » Les Drois de la Porte Bodés.) 170 Milord, bourgeois. Ironique : Christophe est un géant hideux. 171 Je vous laisserai attachés aux arbres. 172 Éd : uiẽdra (Quand on en vient aux hostilités. « Les Grégois [Grecs] sont trop fors,/ Au pris des tiens, quand ce vient aux effors. » Michel d’Amboise.) Le vieux gringalet boiteux propose son aide au colosse. 173 Avis. 174 Éd : cocque sur (« La gorge plus longue que le col d’une grue. » ATILF.) Si tu ne veux pas que je te rallonge le cou en te pendant. Aux vers 318, 326 et 346, Christophe a menacé les tyrans de pendaison. Cette plaisanterie de bourreaux revient dans notre Mystère, quand Morgalant va pendre un condamné : « Je vous feray ung col de grue/ Pour mieulx faire de loing le guet. » 175 De tant frapper ces gueux. Christophe s’en va. Les tyrans sont ficelés aux arbres ; seul L’Andureau est libre. 176 Des cordes pour attacher les imbéciles aux arbres. Mallepart dira de Barraquin : « Mais qui m’a deslié ce veau ? » Jeu de mots : « On apelle des brides à vaux les raisons qui persuadent les sots, & dont se moquent les gens éclairéz. » Le Roux. 177 Éd : ymages (Et ainsi, vous mangerez le jour où on engraissera les veaux de dîme dans votre genre.) La dîme est une redevance que les paroissiens versent à l’église sous la forme d’un veau gras : cf. les Veaux, vers 4. Jeu de mots : « Un veau de disme : un grand sot. » Oudin. 178 Éd : suis (J’ai cru m’évanouir.) 179 J’ai pensé mourir. Idem vers 167. 180 Vous en valez un autre, pour fuir… 181 N’est-ce pas ? « Vous vous retirez à l’escart/ Là où on fait de bonnes chières./ Ne faictes pas ? » Faulte d’argent, F 47. 182 L’Andureau commence à détacher les tyrans ; ils tiennent à peine debout et ils boitent. 183 Vous avez reçu un coup sur la nuque. Voir la note 122. 184 Mesuré à coups de règle. 185 Le riche notable. « Tu es le chien au gros collier ? » (La Pippée.) Barraquin est attaché à l’arbre comme un chien en laisse. 186 Éd : Que (Faire la gent d’armes : jouer au soldat, faire le brave.) 187 Que j’ai reçu à cet endroit. Barraquin montre sa braguette. 188 Voulez-vous boiter autant que moi ? Ce verbe n’est pas choisi au hasard : un contrefait désigne un boiteux. 189 Quelqu’un qui nous soignera. 190 Des hommes d’armes. Il faut ici prononcer « genderme » ; le « r » est très amuï, comme aux vers 131, 383 et 399. 191 L’Andureau crie en sonnant le tocsin. 192 Maintenant. 193 Éd : quil (Si l’on n’y prend pas garde.) 194 Ce harnais qu’on passe sous la croupe d’une jument devient ici le harnais viril, comme au vers 455. Cf. les Tyrans au bordeau, vers 503. « Elle estoit dessoubz son amy, qui faisoit merveille de jouer de la croupière. » ATILF. 195 Atteindre ce rempart. 196 Mon sauf-conduit, mon laisser-passer. 197 Sans en ressortir. 198 En enfer. 199 Le feu grégeois est une bombe incendiaire. 200 Pour te brûler le trou et le sexe. Cf. le Fol et la Folle, vers 60 et note. 201 Achevé. Les vignerons sont les premiers à goûter leur vin. 202 « Je cuyde qu’il a veu les anges/ Qui tumbent du ciel en vendanges. » Les Basteleurs. 203 Rapidement. 204 Nous sommes pris au piège. 205 L’imprimeur a descendu cette rubrique entre les vers 431 et 432. 206 Informé. « J’en suis bien adverty. » Actes des Apostres. 207 En présence de. 208 « Cy prins, cy mis : aussi tost faict que dict. » Proverbe. 209 La vue. Encore un effet du vin : cf. Grant Gosier, vers 194. 210 Pour monter à l’échelle. 211 Il est cassé de gages, mis au rancart, y compris dans le domaine sexuel. 212 Pour monter sur moi. Ou bien : pour avoir une érection. « Ces plaisans visages et doulz tétins font bien souvent monter, tendre et dressier les vi[t]s. » Bruno Roy, Devinettes françaises du Moyen Âge. 213 Pour maintenant, couché sur le lit. Cf. Cuisine infernale, vers 111. 214 Si je me mets en colère, je te donnerai une rouste. « Une venuë de coups : une quantité. » Oudin. 215 De me jucher sur toi. Ou bien : de te pénétrer. « Puis Martin jusche et lourdement engaine. » Clément Marot. 216 Ta queue ne vaut plus rien, quand tu me la mets devant. 217 Éd : cela (Quant à la queue que tu me mets derrière. Chevalet goûte fort les allusions à la sodomie : voir les vers 199-202 des Basteleurs, ou les vers 476-9 des Tyrans au bordeau.) 218 La merde. « De bran ou de dyamerdys. » Sermon pour une nopce. 219 Elle lui donne une bouteille. 220 Les diseurs d’injures lançaient déjà des « noms d’oiseaux » à leurs victimes. « Ne t’en soulcye point, gros-bec ! » St Christofle. 221 Vieux calembour sur la ville de Reims et les reins. « Te fault-il tant braire et prescher/ Pour la perte de deux putains ?/ S’ilz [si elles] ont esté souvent à Rains,/ Elles veullent ores repos. » (Cuisine infernale.) S’ébattre = se livrer à des ébats sexuels. 222 Vieille prostituée au sexe trop large. « Vieille loudière [pute], viel cabas ! » Le Raporteur. 223 Que tu sois brûlée par le mal des ardents ! Cf. le Ribault marié, vers 64. 224 Tu feras ton travail. Clin d’œil de l’auteur : tu joueras la Farce. 225 Chevalet emprunte ce vers au Munyer, d’André de La Vigne. 226 Tenez-vous lieu de roi ? 227 Éd : et nen uous 228 Puisque cela doit se faire. « Car il est force qu’il se face. » Le Fossoieur et son Varlet. 229 Dans les Basteleurs, c’est une chèvre que Chevalet compare à ce loup-garou maigrichon ; ici, c’est une femme. 230 On répond ainsi au malotru qui prononce le mot étron. « –Tu ne vaulx pas ung estront ! –Masche ! » (St Christofle.) C’est l’équivalent de l’actuel : « –Merde ! –Mange ! » 231 Courez vite sur le rempart, munis d’une arme. « Armé et embastonné. » St Christofle. 232 Qui brait si fort. Voir le vers 403. 233 Lors de la guerre de Cent Ans, on sonnait l’alarme dès que les Anglais s’approchaient des côtes normandes. L’action que décrit Chevalet se déroule dans l’île de Samos au IIIe siècle ; mais comme tous les auteurs de Mystères, il joue avec les anachronismes. 234 Éd : paour