LE FOL ET LA FOLLE
.
*
LE FOL ET
.
LA FOLLE
*
.
En dehors des sotties, le théâtre médiéval ne fait guère appel aux folles : les farces s’en tiennent aux fous, et les prétendues « folles » des Mystères ne sont que des hystériques qui se croient possédées par le diable. Pourtant, Claude Chevalet1 dissimula dans sa Vie de sainct Christofle (~1510-1514) une authentique sottie, où une Folle rivalise de hardiesse avec un Fol.
Ce Mystère narre aussi les tribulations d’une troupe de bateleurs itinérants : ils sont à la fois clowns, jongleurs, montreurs d’animaux plus ou moins savants, faiseurs de bons tours, joueurs de mauvais tours, accompagnateurs de danses, marchands de fausses gravures pieuses et de partitions, chansonniers, etc. Leur troupe minable a beaucoup de points communs avec celle de la farce du Bateleur.
Source : La Vie de sainct Christofle, élégamment composée en rime françoise et par personnages par maistre Chevalet. Imprimé à Grenoble en 1530. Bibliothèque nationale de France, Rés. YF 116. Je recommande l’édition critique de Pierre SERVET : La Vie de sainct Christofle ; Droz, 2006.
Structure : Rimes plates, avec 3 triolets, et une ballade sans envoi.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
*
LE FOL 2 SCÈNE I
Gare ! Gare ! Faictes-moy place !
Reculle-toy, fol ydïot !
Car je suis ung estradïot3
Aussi légier4 q’ung lymasson.
5 Pour menger soit cher5 ou poisson,
Jamais ne m’en treuve malade.
Seray-je point de l’ambassade ?
Aray-je perdu mon crédit ?
Vous sçavez bien que chescum dit :
10 « Souvent, en ung mauvais passage6,
Ung fol enseigne bien7 ung saige
Quant le saige voyt qu’il se noye8. »
Si j’eusse la robe de soye,
Je m’en yrois en Gastinoys :
15 Car, quant on verra mon mynois,
On dira que je suis ung Conte9.
Fait-on testes de folz de fonte,
Ainsi que l’on fait une cloche ?
Celuy qui me fit la caboche
20 La me fit ung petit trop creuse10.
LA FOLLE
Il a dit vray ! Et bien fumeuse11 :
Elle va tousjours fumassant.
L’on ne trouveroit, en ung cent,
Teste que mieulx [vercoquin pille]12 :
25 Elle est ronde comme une bille
Et légière comme une plume.
LE FOL
Il fault donc, si ma teste fume,
Que je porte13 le feu au cul :
Car en effect, oncque ne fut
30 Fumée qu’il n’y eust du feu14.
Viens çà ! Il n’y a point de jeu15,
Car mon cul souffle si souvent
Que j’ay paour qu’il face, du vent,
Allumer le feu à la forge16,
35 Qui me sortira par la gorge
Et me brûlera le museau.
LA FOLLE
Va-t’en mettre le cul en l’eau
Prestement en celle rivière :
Si le feu est en ton derrière,
40 Il sera incontinent mort.
LE FOL
Je le veulx bien, j’en suis d’acord.
Viens-moy ayder et sera fait.
LA FOLLE
Garde-toy bien de faire ung pet,
Affin que le feu ne s’alume.
LE FOL 17
45 Regarde ! Voy-tu rien qui fume ?
LA FOLLE
Ne bouge le cul d’une place !
LE FOL
Ceste eau est plus froide que glace.
LA FOLLE
Ne te chault : prens en pacience
Sans bouger.
LE FOL
Par ma conscience !
50 Je suis en ung aultre danger :
Ces poissons me veullent18 menger
Tout vif 19. Il me fault reculler.
Et pour me garder de brûler,
Je ne sçay remède que boire.20
*
LE FOL SCÈNE II
55 Qui m’aura emblé21 ma marote,
Si me la rende incontinent
Sur peine d’excommuniment22 !
Ou [bien] j’en feray faire une aultre
Qui aura la teste de peaultre23,
60 Le cul de fer, d’acier le joys24 ;
Et l’une de[s] jambes, de boys ;
Et l’aultre, de pierre de taille ;
Le bec grant comme une poullaille25,
Et les tétins de deux molettes26.
65 « Venez achepter ces lunettes27
(Estront de chien) pour vostre nez !
Or advancez-vous, advancez
Pour parler à ce Jehan Testu28 ! »
.
Holà, ma sotte ! Où es-tu ? SCÈNE III
70 Je croy que tu fais l’arquimye29.
Viens çà ! approuche-toy, m’amye :
Il te fault recouldre le ventre30,
Car je me doubte que g’y entre,
Quelque jour, chaussé et vestu.
.
LA FOLLE SCÈNE IV
75 Me voicy ! Que demandes-tu ?
Je viens pour te faire merveilles :
Il te fault coupper les oreilles
À faire deux manches d’estrilles31.
Et si, te raseray les « billes »
80 Rasibus du cul32, par-derrière.
Ne tire point le cul arrière33,
Car je les auray, par mon âme !
LE FOL
Alarme, bonnes gens, alarme !
Gardez-moy qu’elle ne me tue !
85 Elle me veult, dessoubz la « queue »,
Couper les bataulx34 de la cloche,
Les oreilles de la caboche35.
[Hare ! hare]36 ! Qu’elle soit prise !
.
Seigneurs, je demande franchise37. SCÈNE V
90 Hé ! Jupiter, secourez-moy,
Et je vous voue38 (sur ma foy)
Boire tousjours le vin sans eau ;
Et ne mengeray beuf, ne veau,
Mouton, chevreau, qui ne soit cuyct ;
95 Et juneray toute toute la nuyct,
Au moins si je ne me réveille.
Mesmement39 le jour de la veille
De vostre grant solemnité40,
Car je serois déshérité
100 D’avoir perdu ung tel « joyau41 ».
.
LA FOLLE 42 SCÈNE VI
Où est-il allé, mon luneau43 ?
Je te44 trouveray, quoy qu’il t’arde.
LE FOL
Je suis en franchise, regarde !
N’aprouche point de moy, Babeau45 !
LA FOLLE
105 Je vous auray, ou le feu m’arde46 !
LE FOL
Je suis en franchise, regarde !
LA FOLLE
Je te chastieray — quoy qu’il t’arde —
Tout maintenant, de ce cousteau !
LE FOL
Je suis en franchise, regarde !
110 N’aprouche point de moy, Babeau !
Voicy le Temple bon et beau :
Garde-toy bien de faire noyse !
LA FOLLE
Qui me garde que je n’y voyse47 ?
Oncques nul des dieux n’en parla.
115 Et si, vous fault passer par là,
Au moins s’ilz ne sont les plus fors48.
LE FOL
A ! jambes, saulvez-moy le corps49,
Et je vous donray chausse[s] neufves !
Tu n’as garde que tu me treuves,
120 Et fust la lune en [son croissant]51.
*
LA FOLLE 52 SCÈNE VII
Hau, follaton ! Viens-moy passer
Maintenant delà la marine53,
Car je suis bonne pèlerine
Qui, pour avoir le « picotin54 »,
125 M’en vueil aller à Sainct-Trotin55,
Où je gaigneray le pardon56.
LE FOL
Scez-tu pas bien que mon « bourdon57 »
Est trop court pour trouver le fons58 ?
Il est aussi foible que joncs
130 Pour ployer. Entens-tu la note59 ?
LA FOLLE
Ne sces-tu prendre ta « marotte60 »,
Celle qui a la teste rouge61 ?
Approuche-toy, et ne te bouge !
Il n’est pas temps que l’on rechigne.
135 Je te voys monter sur l’eschine62 ;
Garde-toy bien de répiter63.
LE FOL
Mais te garde bien de péter
Ainsi que tu as de coustume !
Car, par Dieu, s’il fault que j’en hume,
140 Je sçay bien que nous aurons noyse.
Ventre sainct Gris, comme tu poyse64 !
Oncques ne portay tel fardeau.65
LA FOLLE
Je te rendray ce tour, lourdeau !
M’as-tu laissé tomber par terre ?
145 Or te metz là, que je te serre66 !
Ou, par Dieu, je te froteray67.
LE FOL
Que veulx-tu ?
LA FOLLE
Je remonteray,
Il ne fault point estre rebelle !
LE FOL
Il fault donc avoir une eschelle,
150 Ou tout versera, j’en suis seur.
LA FOLLE
Tien-toy ferme et [n’aye pas peur]68 ;
Et garde bien de me lascher !
Je suis bien. Pense de marcher69
— As-tu entendu ? — fort et rède !
LE FOL 70
155 Aay, ay, ay ! Que ceste eau est froide !
Elle entre dedans mon soullier.
LA FOLLE
Sus avant, maistre lymonnyer71 !
Nous serons tantost au millieu.
LE FOL
Et ! qu’est cecy ? Bon gré ’n72 ayt Dieu !
160 Paillarde, avez-vous vécy73 ?
Descendez, et m’attendez cy,
Que j’aye l’eschine plus forte.74
LA FOLLE
Alarme, alarme ! Je suis morte,
Je suis noyée, somme toute.
LE FOL
165 Je luy ay faict de son cul souppe75,
Non pas en vin mais en bel[le] eau.
Scez-tu quoy ? Attens-moy, Babeau,
Et je voy quérir ung cheval76.
Avez-vous faict le vent d’aval77,
170 Et vescy à vostre privé78 ?
Vous en avez le cul lavé,
Affin que l’on y remédie !
.
*
LES BASTELEURS 79
*
.
MAULOUÉ80, basteleur, commence. SCÈNE I
Où es-tu ? Hau, Mal-assegnée81,
Apporte-moy tous mes bateaux82,
Estrilles, focilles, cousteaux83 ;
Bastons, bacins84, siffléz85, timballe ;
5 Les gobeletz, les noys de galle86 ;
Le synge, la chièvre, le chien
Et l’ours (que nous n’oublions rien),
Avec le mole87 des ymages,
Pour courir villes et villages.
10 Maufourbie [es]t-elle [où ell’ est]88 ?
Où est Henriet, mon varlet,
Pour chanter avec sa guiterne89 ?
MAL-ASSEGNÉE
Il est allé à la taverne.
Qu’à tous les diables puist tout estre,
15 Autant le varlet que le maistre !
L’on me laisse cy toute seulle.
L’ours brayt de fain et le chien ule90 ;
Le singe dit sa pateno[u]stre91.
Et si, vous dis encor en oultre
20 Que nous n’avons denier ne maille.
MAULOUÉ
Hé ! nous en aurons — ne te chaille —,
Quelque jour, de l’argent content…
S’il en pleust, dea, cela s’entent !
MAL-ASSEGNÉE
Esse donc tout ?
MAULOUÉ
Ma [donna, sy]92 !
MAL-ASSEGNÉE
25 N’en prendrez-vous autre soussy ?
Je suis bien de mal heure93 née !
MAULOUÉ
Et ! n’es-tu pas Mal-assegnée ?
Le nom est de mesme l’ouvrage94.
Acoup, qu’on charge le bagage !
.
30 Henriet, vien çà ! Qu’on se haste ! SCÈNE II
HENRIET, varlet.
Laissez-moy mouller la gargatte95,
Qui est si sèche, pour le hâle96.
Qu’en buvant, jamais je ne parle :
Ma mère me le deffendy.
MAULOUÉ
35 Qu’est cecy ? Es-tu estourdy ?
Dont te vient ce mal, mon varlet ?
Est-ce point de menger du laict
Que tu as la couleur vermeille ?
HENRIET
Je l’ay prins en ceste bouteille.
MAL-ASSEGNÉE
40 Je cuyde qu’il a veu les anges
Qui tumbent du ciel en vendanges.
C’est la douleur qui le travaille97.
HENRIET
Je l’ay pris en ceste bo[u]teille.
MAULOUÉ
Tu as vendangé sans cousteau98.
45 Mais tu y jouras du basteau
Et99 du bassin, je le conseille.
HENRIET
Je l’ay pris en ceste bouteille.
MAL-ASSEGNÉE
Pour vous guérir de ce farcin100,
Avallez-moy ce plain bassin
50 D’eau claire ! C’est la médecine,
Il ne fault point faire la myne101.
Tenez, et vous lavez la gorge !
HENRIET
Qu’ell’ est froide, bon gré sainct George !
J’aymoys mieulx celle du barry102.
MAULOUÉ
55 Or viens çà ! N’es-tu point guéry ?
HENRIET
Je n’entens point la guérison :
J’en ay pris une trancheyson103
Qui me fera les boyaulx fendre.
MAULOUÉ
Sus devant ! Car il nous fault prendre
60 Le chemin tout droit à Damas.
Mais je ne sçay point que tu m’as
Fait104, aujourd’huy, de ma trompette.
HENRIET
Voy là cy105, maistre.
MAULOUÉ
Qu’on se mette
En voye, c’est le principal.
65 [Que] chescum preigne son bestial
Du trein de la bastellerie106.
N’avons-nous pas d’ymagerie107 ?
C’est le principal du mestier108.
MAL-ASSEGNÉE
Il en y a ung cent entier109 ;
70 C’est assez pour une sepmaine.
MAULOUÉ
Henriet ! Il fault que tu meine,
Pour ta part, l’ours avec le chien.
Garde que nous n’oublions rien,
Mon varlet ! As-tu entendu ?
HENRIET
75 Je vouldrois que tout fust vendu.
Car incessamment je travaille,
Et si110, n’ay ne denier ne maille
Ne, souvent, de quoy me repaistre.
MAULOUÉ
Tais-toy ! Je te passeray maistre111
80 Avant que soit jamais troys moys.
Et si, auras quatre tournoys
Toutes les sepmaines pour boyre.
MAL-ASSEGNÉE
Il ne boyt que trop !
HENRIET
Voyre, voyre,
Belle dame, laissez-moy vivre !
85 Si, d’aventure, je suis yvre,
Je me couche bien tout vestu112.
MAL-ASSEGNÉE
Et de quoy [donc t’esbranles-tu]113 ?
HENRIET
J’ay en la teste la migraine.
Puis après, il fault que je traîne
90 Ce bestial114 à force de corps.
Mais, par tous les dieux, si tu mors,
Tu auras une bastonade !
MAULOUÉ
Nous deussions jà estre à Grenade115,
Pour le vous dire à brief parler.
95 Avançons, et pensons d’aller !
Et qu’on me laisse ce desbat !
*
MAULOUÉ 116 SCÈNE III
Dieu gart et le Roy et la Court,
Les dames et les damoiselles !
MAL-ASSEGNÉE
Ostez vostre chapeau, tout lourt117 !
HENRIET
100 Dieu gart et le Roy et la Court !
MAULOUÉ
Nous sommes, pour le temps qui court,
Mynces118 d’argent et sans rouelles.
MAL-ASSEGNÉE
Dieu gart et le Roy et la Court,
Les dames et les damoiselles !
LE ROY DE DAMAS
105 Scez-tu nulles chançons nouvelles ?
Voulentiers les vouldrois ouÿr
Pour la compaignie resjouyr.
Si tu scez rien119, que l’on le voye !
MA[U]LOUÉ
Je fais, d’une chièvre, blanche120 oye ;
110 D’ung ourseau121, ung molin à vent ;
Et d’ung franc, dix solz122, bien souvent.
Henriet, acoup, ma trompette !
Bran123 ! qu’est cecy ? Ell’ est maulnette124.
Je cuyde que Mal-assegnée
115 Ou mon varlet l’ont embrenée.
C’est merde, que vous le sachez.
Advancez-vous et vous mouchez,
Petitz enfans125 ! Çà : Maufourbie,
Que j’ay porté de Conturbie126
120 Pour [y] en faire une levée127 :
Puisqu’ell’ est ung petit roullée128,
Ne vous chaille, c’est bien du moins129 !
[Car] pour une espée à deux mains,
Au monde n’en a point de telle.
125 Regardez-moy quelle alumelle130 !
Elle reluyct comme charbon131.
HENRIET
Et ! par tous noz dieux, voylà bon !
Pourquoy me frappez-vous, beausire ?
Je ne dis pas pour vous mauldire,
130 Mais tous les diables y ai[en]t part132 !
MAULOUÉ
Et ! par Dieu, voylà bon coquart133 !
Quant tu cognois134 que je m’esbas
De Maufourbie [et] hault et bas135,
Ne te scez-tu tirer arrière ?
135 Tu sces bien que c’est la manière
[Que] de faire136 à son maistre place.
HENRIET
Bref, je n’en sçay ne gré, ne grâce ;
Et de vray, n’en suis point content.
Et vous en desportez à tant137,
140 Car, par Dieu, le jeu ne vault rien !
MAULOUÉ
Or çà ! il fault jouer138 du chien :
Admeyne-le-moy cy en place.
Hau ! Le boys tost passe139 !… Repasse !…
Saultez, et vous ferez que saige140 !…
HENRIET
145 Il est en son aprentissage,
Et n’est pas encores bon maistre141.
MAULOUÉ
Pensez : qui le laissera croistre142,
Ce sera ung chien tout de mesme143
Pour menger [du] beurre en Caresme
150 Par faulte de chair144.
HENRIET
Hé, caroigne145 !
Par le sang que Dieu fist ! il groigne.
Je146 croy qu’il a, de paour, la fièvre.
MAULOUÉ
Çà, le singe !
MAL-ASSEGNÉE
Mais bien147 la chièvre,
Qui vous mettra au cul la corne !
MAULOUÉ
155 Laisse-la là ; qu’elle séjourne148 :
Ell’ est ung peu mal disposée149.
HENRIET
Mais faisons-en une espousée,
Et luy mettons ung couvrechef
Sur les cornes, dessus le chef,
160 Pour luy donner en mariage
Le synge.
MAULOUÉ
Tu devise rage150 !
Je suis bien content qu’il151 se face.
Ameine tout !
MAL-ASSEGNÉE
Quel chiche-face152
Pour [bien] faire ung charivary !
HENRIET
165 L[e] synge, qui est son mary,
Vouldroit bien qu’elle fust à Can…153
MAULOUÉ
Dancez, madame de Bo[u]can154 !
Et je vous mèneray la feste155.
MAL-ASSEGNÉE
Hé ! que mauldicte soit la beste !
170 Regardez quelle contenance !
MAULOUÉ
Henriet, tu menras la dance.
Et me tiens le singe de près156 !
Et ma femme yra après,
Qui fera la chièvre dancer.
HENRIET
175 Je suis tout prest de commencer.
MAL-ASSEGNÉE
Et moy, de [me] mettre au millieu157.
MAULOUÉ
Or sus ! Hay advant, de par Dieu !
Et je menray du flajolet158.
HENRIET
Hé ! Dieu, que le synge est lait !
MAL-ASSEGNÉE
180 Que la chièvre fait bonne troigne !
HENRIET
Tire avant, teste de mulet159 !
MAL-ASSEGNÉE
Hé ! Dieu, que le synge est lait !
HENRIET
La chièvre tiens par le collet.
MAULOUÉ
Oncques ne vistes tel besoigne.
MAL-ASSEGNÉE
185 Hé ! Dieu, que le synge est lait !
HENRIET
Que la chièvre fait bonne troigne !
MAULOUÉ
Elle semble une cygoigne160.
Hau ! c’est assez, laissez la dance !
Mal-assegnée, qu’on commence
190 Faire monstre de noz ouvrages :
Il fault vendre de noz ymages,
Voylà la cause qui nous meine.
MAL-ASSEGNÉE
Voyez-en cy une douzaine.161
Desployez tout à l’adventure.
MAULOUÉ
195 Seigneurs, voicy la pourtraicture
Du glorieux sainct Al[i]pantin162,
Qui fust escorché d’ung patin163
Le jour de Karesme-Prenant164.
Après, voicy sainct Pimponant
200 Avecques sainct Tribolandeau,
Qui furent tous deux d’ung seau d’eau
Décolléz165, dont ce fut dommage…
Puis voicy le dévot ymage
Du glorïeux martir sainct Pran166,
205 Qui fust jadis boully en bran
Et lapidé de pommes cuyctes167 ;
Et par ses glorïeux mérites,
Je le maintiendray devant tous :
Il guérit les chatz de la touz168,
210 Quant ilz y ont dévotion.
Si vous avez intention
De les avoir, je les vous baille
Les deux pour .III. deniers et maille ;
Mais toutesfoys, argent content169 !
215 Ung peintre n’en feroit pas tant
De bonnes couleurs pour .II. francs.
Avant170, avant, petitz enfans !
Vous n’en payez pas la façon171.
MAL-ASSEGNÉE
Il [nous] fault dire une chançon172
220 En attendant qu’on les vendra173.
MAULOUÉ
Je le veulx bien. Qui m’aydera ?
HENRIET
Tous deux ensemble, je l’entens.
MAULOUÉ ET LES AUTRES
Resveillez-vous, gentilz gallans,
Et entendez bien mon latin174 !
225 Gentilz pïons175, mes bons chalans,
Ne vous levez point trop matin.
Quant vous aurez beu ung tatin176,
Cela vous réconfortera.
Mais si vous mettez d’eau au vin,
230 Le diable vous emportera.
.
Ne rompez point les huys ouvers177,
C’est sur peine178 d’estre pendu ;
Et mettez femmes à l’envers,
Car cela n’est point deffendu.
235 Joingnez « tendu » contre « fendu » :
La besoigne se parfera.
Ou sinon — av’ous entendu ? —
Le diable vous emportera.
.
Nourrisses ne dépucellez179 !
240 Vous entendez bien le trippot 180 ?
Et quant aux tavernes allez,
Ne payez point deux foys l’escot :
Car qui mengera ung fagot 181
Sans boyre, il s[’en] estranglera.
245 Et si vous faictes le bigot,
Le diable vous emportera.
LE ROY DE DAMAS
Bénédicité ! Marïa !
Oncques je n’ouÿs chançon telle.
Je croy qu’il [l’]a faicte nouvelle
250 Tout maintenant dessus les rans182.
Séneschal, donnez-luy dix francs
Pour boyre et pour l’esbatement !
LE SÉNESCHAL
Tiens, prens cela légièrement :
C’est argent pour crocquer la pie183.
MAULOUÉ
255 Chier sire, je vous remercie.
Je ne gaignay tant de dix jours.
Tout est vostre : le synge, et l’ours,
La chièvre, et Mal-assegnée.
Je vouldrois qu’on l’en [l’]eust menée,
260 Affin d’en estre despêché184 !
J’en ferois tousjours bon marché,
Et n’en eussé-je [qu’]une maille185.
*
1 Sur ce fatiste de Vienne, voir la notice des Deux pouvres. 2 Imitant les Sots des sotties, il traite les spectateurs de fous, et les bouscule pour monter sur scène. 3 Un cavalier albanais qu’on envoie en éclaireur. Cf. le vers 287 de L’Andureau et L’Andurée, autre farce provenant du même Mystère. Le Fol chevauche sa marotte. 4 Rapide. 5 De la chair, de la viande. 6 Quand un sage s’est mis dans un mauvais pas. 7 Fait la leçon à. « J’ay souvent ouÿ en proverbe vulgaire [populaire] qu’un fol enseigne bien un saige. » Rabelais, Tiers Livre, 37. 8 Le fou donne une leçon de prudence au sage qui est en train de se noyer, au lieu de le secourir, « comme celuy qui, estant sur le bord d’une rivière, assiste de parolles son amy qui se noye ». (Cardinal de Richelieu.) 9 Il y a bien longtemps que le Gâtinais n’était plus un comté. 10 Un peu trop creuse : ma tête sonne creux comme si c’était une cloche en fonte. 11 Sa tête est bien fantasque. « La teste verte,/ Fumeuse et toute lunatique. » L’Arbalestre. 12 Éd : uerticoquille (Le ver coquin* est logé dans la tête des gens qui ont une lubie. « Leurs femmes ont mis ce ver coquin amoureux dans leurs testes. » Brantôme.) Il faut comprendre : Parmi cent personnes, on ne trouverait pas une tête que la folie dévaste mieux. *Ce Mystère emploie aussi la variante avertin : « Puis qu’elles ont prins l’avertin/ En la teste, tout est perdu. » 13 Que j’aie. Le Vendeur de livres signale une farce de Ceulx qui ont le feu au cul. 14 Il n’y a pas de fumée sans feu. Les Fols des sotties prennent toujours les expressions au pied de la lettre. 15 Il ne faut pas plaisanter. 16 J’ai peur que mon cul ne se transforme en soufflet de forge. 17 Il baisse ses chausses et plonge son postérieur dans la rivière, laquelle joue un rôle prépondérant dans ce Mystère ; nous la retrouverons aux vers 121-172. 18 Éd : uueillent 19 Les spectateurs ont entendu « tout vit », qui se prononce de la même façon : tout mon pénis. « Femmes enseintes/ Qui ont esté au ‟ vif ” atainctes. » Sermon pour un banquet. 20 Le Fol boit, mais pas l’eau de la rivière. La sottie ne reprend qu’au bout de 4 550 vers. 21 Que celui qui m’aura volé. 22 Sous peine d’excommunication. Même vers dans Saincte-Caquette. 23 D’étain. Cf. Ung biau miracle, vers 2751. 24 Le sexe. Cf. L’Andureau et L’Andurée, vers 418. « Pour luy faire fondre la gresse/ Du cropion autour du joys. » St Christofle. 25 Comme le bec d’une poule. Ou bien : comme une poule. 26 Les seins rembourrés par du molleton. « Pour mauvais tétins/ Et pour ceulx qui portent mollettes. » Maistre Pierre Doribus. 27 Sur les fous à lunettes, voir la note 72 du Monde qu’on faict paistre. 28 Pour parler à Jehan le Fol. 29 L’alchimie : que tu es en train de faire l’amour avec un autre. « N’avez-vous pas eu assez temps/ De faire vostre paillardise ?/ Faictes-vous encor l’arquemye ? » St Christofle. 30 Il faut te recoudre le bas-ventre, la vulve. 31 Il faut couper tes oreilles de Sot pour en faire deux manches de brosses. 32 Et aussi, je te trancherai les testicules d’un coup de rasoir, au ras du cul. 33 Ne recule pas. Cf. L’Andureau et L’Andurée, vers 146. 34 Les batteaux : les battants, qui pendent. Ce mot désigne les testicules. « Un bel ‟ouvrier de nature”, fort bandé, qui à bon droit mérite estre appelé membre, accompagné de deux battans au-dessoubs qui luy servent d’ornement. » Nous sommes bluteurs. 35 Les oreilles de ma tête (vers 77). Mais aussi : les testicules de ma verge. « Le membre de Colin, deffaict,/ Se retira, penchant l’oreille. » (Cabinet satyrique.) « Au moyen du vin de Baccus,/ Pour lequel souvent on bat culz,/ Sa grosse caboche dressa. » (Sermon de Billouart.) 36 Éd : Pare pare (Cri par lequel on excite les chiens pour qu’ils attrapent une proie. « Hare ! hare ! Si me mordez,/ Je le diray à l’empereur. » Daru.) 37 L’asile en zone franche, comme au vers 103. Le Fol se réfugie dans l’inviolable temple de Jupiter. 38 Je vous jure. Ces promesses ne coûtent rien : le Fol boit déjà le vin sans eau, mange déjà sa viande cuite, et il jeûne déjà pendant qu’il dort. 39 Je jeûnerai aussi. 40 « La feste de l’immortel/ Jupiter. » Mystère de sainte Barbe. 41 Mes bijoux de famille, dont j’ai hérité de mon père. 42 Elle pénètre dans le temple de Jupiter. 43 Mon lunatique. « Parlez tout doulx, car il tient de la lune…./ Il est luneau, vous le ferez troublé. » Marchandise et Mestier, BM 59. 44 Éd : le (Ce vers sert de modèle au v. 107.) Quoi qu’il t’arde = même si tu es ardent, en érection. Jeu de mots sur deux verbes qu’on distinguait mal : arder [brûler], et arser [bander]. Idem vers 107. 45 La Folle se prénomme Isabeau, dont Babeau est le diminutif, comme à 167. « ‟Certes, je n’y entreray point”,/ Respond à la mère Ysabeau…./ Elle y entra. Babeau se couche. » (Le Banquet des chambrières.) On traite de « Babeau » les femmes de mauvaise vie : cf. L’Andureau et L’Andurée, vers 54. « Approuchez-vous, dame hydeuse !/ Avez-vous entendu, Babeau ? » St Christofle. 46 Ou que le feu de l’Enfer me brûle. La châtreuse poursuit le Fol dans le temple, en brandissant un couteau. 47 Qui m’empêche d’y aller ? 48 Si les dieux ne sont pas plus forts que moi. 49 Courez assez vite pour que je puisse échapper à la châtreuse. L’Andureau, voulant échapper à sa mégère, s’écrie : « Jambes, portez le corps arrière ! » 51 Éd : decroissant (« De la lune en son croissant. » Ronsard.) Tu ne risques pas de me trouver, même avec l’aide du clair de lune. La sottie reprend au bout de 3 000 vers. 52 Elle veut passer de l’autre côté de la rivière (vers 38) en montant sur les épaules du Fol. Chevalet parodie la légende de saint Christophe, qui exerce le métier de passeur ; son plus notable client n’est autre que Jésus, auquel il vient de faire traverser la même rivière juché sur ses épaules. Chevalet parodie aussi Tristan qui, déguisé en lépreux, fait franchir un gué à Iseut en la portant sur son dos ; Tristan et Iseut deviennent donc Jean Têtu et Babeau. 53 De l’autre côté de l’eau. 54 Ma ration de sperme. « Sottes qui veulent avoir leur picotin. » Jeu du Prince des Sotz. 55 Pèlerinage où les épouses vont trotter sans leur mari. Dans ce Mystère, un cocu dit à sa femme : « Or va (sans faire le revien)/ Au diable et à Sainct-Trotin ! » 56 Où je commettrai un péché pour faire pardonner les précédents. « En divers lieux (elles) vont gaigner les pardons/ Pour en leurs lacs attraper la ‟vitaille”. » L’Advocat des dames de Paris touchant les pardons Sainct-Trotet. 57 Mon bâton de pèlerin. Double sens : mon pénis. Cf. le Pèlerinage de Mariage, vers 137 et note. 58 Le fond de la rivière. Double sens : le fond de ton vagin. « J’en ay une que j’aime ung peu./ On n’y treuve ne fons, ne rive. » Les Sotz qui remetent en point Bon Temps. 59 Comprends-tu mes paroles ? 60 Ton phallus. La marotte est un emblème phallique composé d’un bâton surmonté d’une tête. 61 Celle qui est munie d’un gland. « Ell’ avoit/ La teste bien rouge devant. » La Confession Margot. 62 Je vais monter sur ton dos. 63 D’exiger un répit, de différer. 64 Ventre de saint François d’Assise, que tu pèses ! 65 Le Fol laisse tomber la Folle par terre. 66 Afin que je te serre entre mes cuisses. 67 Je te battrai. 68 Éd : nay paour (« Et n’ayez peur que je vous faille. » Colin qui loue et despite Dieu.) 69 Je suis bien installée, dépêche-toi de traverser la rivière. « Pense d’aller et de marcher ! » Folconduit. 70 Il entre dans la rivière avec la Folle sur ses épaules. 71 Cheval d’attelage. Elle donne au Fol un coup de cravache avec sa marotte. 72 Aphérèse du pronom en. « Bon gré ’n ait bieu ! » Le Capitaine Mal-en-point. 73 Vessi, lâché une vesse, un pet. Idem vers 170. « Ell’ a du cul vessy. » (La Ruse et meschanceté des femmes.) Les vers 137-8 nous ont informé des problèmes aérophagiques de la Folle. 74 Il laisse tomber la Folle dans la rivière. 75 La soupe est un morceau de pain qu’on trempe dans le vin. « Ilz sont plus ivres qu’une soupe. » Massons et charpentiers. 76 Éd : cheuau (Je vais chercher un cheval.) 77 Éd : dariau (En terme de marine, le vent d’aval désigne le vent arrière : « Que désirons-nous ? Vent d’aval. » Gautier et Martin. Dans un registre plus scatologique, on devine d’où provient ce vent de derrière…) 78 Et pété discrètement. Mais les privées sont aussi les latrines : « (Ton père) curoit les privées. » Le Savetier Audin. 79 Cette farce en deux actes est un peu mieux intégrée au Mystère que la sottie. 80 Mal loué, mal considéré. 81 Mal assenée = mal mariée. C’est le nom générique des épouses insatisfaites. La nôtre fit l’objet d’une chanson : « C’est la femme d’un basteleur/ Qu’on apelle Mal-assenée. » (L’Arbalestre. Pour d’autres références, voir la note 60 de cette farce.) 82 Mes accessoires de bateleur. Idem vers 45. « Je susse jouer de bateaux,/ Se j’eusse ung ours ou une chièvre. » Les Menus propos. 83 Pour impressionner le public, on jongle avec des outils ou des armes munis de lames (soigneusement émoussées). 84 Le bâton est une baguette par-dessus laquelle on fait sauter le chien, comme au vers 143. Le bassin, encore nommé à 46, est un récipient qu’on utilise pour la quête : « Et faire cracher au bassin/ Ceulx-là. » Pour le cry de la Bazoche. 85 Éd : soufflez (Nos clowns sont bardés d’instruments de musique : une guitare, une trompette, un flageolet ; et donc, un sifflet [un mirliton] et une timbale [un tambour].) 86 Les gobelets servent pour les tours de passe-passe ; dans l’Escamoteur, Jérôme Bosch en a peint deux. (Nous remarquerons, au pied du bateleur, son chien savant, qui est assis près d’un cerceau en attendant de sauter au travers.) La noix de galle sert à faire de l’encre, peut-être pour réaliser les images pieuses que vendent nos baladins. Pour Pierre Servet, « il s’agit sans doute d’un élément de maquillage des jongleurs ». 87 Le moule, le pochoir avec lequel nous confectionnons des images coloriées qui représentent des saints. Voir les vers 191-216. La troupe du Bateleur vend elle aussi des portraits médiocres, mais ils représentent des comédiens. 88 Éd : quellest (Est-elle à sa place, dans le fourreau que je porte à ma ceinture ?) Maufourbie = Mal astiquée. C’est le nom que le bateleur donne à son épée, à l’instar d’un archer du Mystère de Saint Louis : « Vécy mon espée, Mal-fourbye. » Voir les vers 118 et 133. Chevalet parodie Excalibur (l’épée du roi Arthur), et Durandal (celle de Roland). 89 En s’accompagnant à la guitare. 90 Hurle. 91 « Quand un homme gronde & murmure entre ses dents, on dit qu’il dit la patenôtre du singe. » Le Roux, Dictionaire comique, satyrique. 92 Éd : donne cy (Probable refrain d’une de ces chansons que les musiciens français de l’époque composaient sur des paroles italiennes.) 93 À une mauvaise heure, sous une mauvaise étoile. Même vers dans le Nouveau marié, notamment. 94 Le nom correspond à la chose. 95 Mouiller mon gosier. « Arouse souvent la gargatte. » (Philippe Bouton.) Le valet boit à la bouteille ; il titube et sa figure est rouge. 96 À cause de la chaleur du soleil. « Ces pÿons [ivrognes] en avalleront/ Mainte chopine, pour le halle. » St Christofle. 97 C’est là son unique maladie. 98 Tu as tout perdu à la taverne. « Il n’y a plus denier ne maille ;/ Tout est vendangé sans cousteau. » Gautier et Martin. 99 Éd : Cest (Tu te renfloueras en utilisant nos accessoires de bateleurs, et tu feras la quête pour que le public crache au bassinet.) 100 Vos taches éthyliques ressemblent à une maladie qui affecte la peau des chevaux. 101 La grimace. Mal-assenée pince le nez du valet pour qu’il ouvre la bouche, dans laquelle elle verse l’eau du bassin. 102 Du baril de vin de la taverne. Cf. L’Andureau et L’Andurée, vers 84. 103 Des tranchées intestinales, des coliques. Il est exact que l’eau, pas toujours potable, provoquait un certain nombre de maladies. Les hommes du moyen âge n’ont pas attendu Louis Pasteur pour découvrir que « le vin peut être à bon droit considéré comme la plus saine, la plus hygiénique des boissons ». 104 Ce que tu as fait. 105 La voici. Henriet montre la trompette qui déforme avantageusement le devant de ses chausses tachées de crotte. 106 Que chacun prenne un des animaux de notre ménagerie. 107 D’images représentant des saints. Voir la note 87. 108 C’est ce qui nous rapporte le plus. 109 Une bonne centaine. 110 Et pourtant. 111 Je te ferai accéder au grade de maître bateleur. Ce grade imaginaire est employé comme insulte : « O ! que tu la nous vends trop chère,/ Maistre basteleur ! » Satyres chrestiennes de la cuisine papale. 112 Je ne vous demande pas de venir me déshabiller. 113 Éd : doncques branle tu (De quoi te mets-tu en peine, pourquoi t’énerves-tu ? « T’esbranles-tu au souffle du vent d’une seulle adversité ? » Jean du Croset.) 114 Cet ours et ce chien. Justement, le chiot se rebiffe. 115 Nous devrions déjà être ailleurs. « Quant il nous aura veu,/ Il vouldroit estre à Grenade ! » St Christofle. 116 La troupe rencontre le roi de Damas et la reine. Mauloué les salue sans retirer son chapeau. 117 Lourdaud. « Il avoit l’entendement tout lourd. » Histoire maccaronique de Merlin Coccaïe. 118 Dépourvus : cf. le Mince de quaire. Une rouelle est une pièce de monnaie : cf. la Confession du brigant, vers 55. 119 Si tu sais quelque chose. Le roi ne s’intéresse qu’aux chansons : voir les vers 247-252. 120 Éd : une (Une oie blanche est une pucelle ; or, aux vers 157-161, on déguise la chèvre en jeune mariée.) 121 Éd : pourceau (Nos bateleurs ont une chèvre et un ours, mais pas de porc. « Ourse alaittant ses ourseaux. » ATILF.) 122 Je fais 10 sous, une somme bien moindre. 123 Merde ! Ce juron est bien choisi : Henriet extirpe de ses chausses breneuses une trompette qui ne l’est pas moins, victime des coliques du vers 57. 124 Mal nette, malpropre. 125 Les bonimenteurs commencent toujours par cette phrase afin d’obtenir le silence : cf. le Bateleur, vers 3 et note. Sauf qu’ici et au vers 217, ces « petits enfants » auxquels on parle de merde désignent un roi et une reine. Le saltimbanque dégaine Maufourbie, sa piteuse épée (note 88). 126 Canterbury, qui est rebaptisé « Canthorbie » dans le Messager et le Villain. Les Mystères mettent un point d’honneur à ridiculiser tout ce qui rappelle la perfide Albion. 127 Pour livrer un assaut aux Anglais. « Que les François si ont esté/ Ès Anglois faire une levée. » ATILF. 128 Si elle est un peu rouillée. 129 C’est la moindre des choses. 130 Quelle lame. 131 Mauloué n’ayant pas précisé « comme du charbon ardent », force est de s’en tenir à ce qu’il a dit : Elle reluit aussi peu que du charbon. Le bateleur mime un assaut d’escrime contre son valet désarmé, qu’il touche avec le plat de sa lame. 132 Que tous les diables vous emportent ! Si ce n’est pas une malédiction, qu’est-ce que c’est ? 133 Un bon corniaud. 134 Quand tu as connaissance, quand tu vois. 135 Dans toutes les directions. « Prens tost tes fouetz, et le batz/ Du long, du lé [de long en large], et hault et bas ! » Daru. 136 Que c’est la règle de laisser. 137 Abstenez-vous-en pour le moment. « Je vous prie que vous vous déportez atant de ceste requeste faire. » ATILF. 138 Se servir. 139 Saute par-dessus la baguette ! Naturellement, le petit chien passe dessous. Même jeu dans l’autre sens. Ce gag fut longtemps au répertoire des clowns de cirques. 140 Vous ferez sagement. Le chien repasse sous la baguette. 141 Une œillade aux spectateurs suffit à faire comprendre qu’Henriet ne parle pas du chien mais de Mauloué, qui a prétendu le faire passer maître (vers 79). 142 Si on le laisse grandir. 143 Pareillement. 144 Pour s’adapter à toutes les situations. Pendant le jeûne du Carême, les catholiques ne consommaient ni beurre, ni viande, à moins d’acheter des dispenses à l’Église. 145 Charogne ! Le chiot l’a mordu. 146 Éd : Et (Je crois que la peur qu’il a eue lui a donné la fièvre.) 147 Mais plutôt. « Les chièvres alloient tout de reng./ La corne de la dèrenière/ Fut mise au cul de la première./ Quelle chièvre pourroit mieulx dire :/ ‟J’ay la corne au cul.” » Les Sotz escornéz. 148 Qu’elle se repose. 149 Elle n’est pas dans de bonnes dispositions. « Il dort, sire :/ Il est un peu mal disposé. » Le Poulier à sis personnages. 150 Tu dis bien. 151 Que cela. 152 Ce loup-garou se nourrit exclusivement d’épouses qui obéissent à leur mari ; voilà pourquoi il est d’une maigreur squelettique. Les charivaris admettent les déguisements les plus bestiaux. 153 Loin de Damas, où la scène se déroule. Henriet est interrompu après avoir prononcé la première syllabe de Cancale, qu’un passage similaire donne en entier : « Mieulx vous vauldroit estre à Cancalle ! » 154 C’est le nom de la chèvre, qui aimerait se faire boucaner, se faire saillir. « Boucaner, ou bouquaner, faire le bouc. » Godefroy. 155 Je mènerai la danse avec ma flûte (vers 178). 156 Par crainte qu’il ne consomme le mariage devant tout le monde. Les singes ont une réputation de lubricité. 157 Éd : meilleu (Voir le vers 158 du Fol et la Folle.) 158 Je mènerai la danse avec ma flûte champêtre. 159 Avance, tête de mule ! Henriet s’adresse à la chèvre. 160 Couverte par le voile nuptial, elle est blanche en haut et noire en bas, comme une cigogne. 161 On pourrait supprimer ce point en considérant que « déployés » est un participe passé qui se rapporte aux images du vers 191. « Image » était souvent masculin, par exemple au vers 203. 162 Les saints dont nos bateleurs vendent le portrait relèvent de la plus haute fantaisie. On se reportera aux notes de Pierre SERVET, ainsi qu’au Dictionnaire des saints imaginaires et facétieux, de Jacques MERCERON. Rabelais a définitivement rattaché Saint Alipentin à la scatologie : « Le pauvre Lymosin conchioit toutes ses chausses (…), dont dist Pantagruel : “Sainct Alipentin, quelle civette [puanteur] !” » (Pantagruel, 6.) 163 Par une semelle de bois : il reçut des coups de pied au cul qui lui écorchèrent les fesses. « Ung bien vaillant homme/ Qui n’est pas escous [secoué] d’ung patin. » Le Capitaine Mal-en-point. 164 Le Mardi-gras. Tout ce passage a une couleur fortement carnavalesque. 165 Traditionnellement, on jette un seau d’eau pour décoller deux chiens qui s’accouplent sur la voie publique. Ici, on sépare deux hommes dans la même posture. Le Carnaval autorise toutes les inversions. Chevalet évoquera encore la sodomie homosexuelle dans les Tyrans au bordeau (vers 476-9), et la sodomie hétérosexuelle aux vers 456-7 de L’Andureau et L’Andurée. 166 Prends ! On faisait bouillir les faux-monnayeurs, mais pas dans de la merde. 167 « Que j’abatis/ Les chièvres, et que combatis/ Ces marmotes [guenons] de pommes cuytes. » L’Arbalestre. 168 Cette expression revient dans de nombreux textes. Mais ici, Carnaval oblige, nous sommes encore dans la scatologie : « C’est mon cul qui a la toux. » (Chansons des comédiens françois.) On voyait en effet des enseignes représentant un chat qui pète. 169 Vous paierez tout de suite, pour que je ne me fasse pas rouler par vous. Rappelons que Mauloué s’adresse à un roi. 170 En avant, allons ! « Avant, avant, petit naquet ! » (Trote-menu et Mirre-loret.) Les « petits enfants » sont toujours le roi et la reine, comme au vers 118. 171 Pour ce prix-là, vous ne payez même pas le coût de leur fabrication. 172 Ce vers, tel que je le complète, est le vers 565 de la Pippée. 173 Ce n’est pas clair : vont-ils vendre leurs images, ou bien les partitions des chansons ? Les chanteurs des rues vendent la chanson qu’ils viennent d’interpréter : « Il me convient/ De vostre chanson acheter/ Plusieurs coppies. » (L’Aveugle et Saudret.) Au bas de cette planche, sur une estrade, on voit deux chanteurs proposer leurs partitions. 174 Mon langage. 175 Buveurs de vin (vers 254). « Pÿon, yvrongne et sac à vin. » (Le Raporteur.) Les chalands sont les bons compagnons. 176 Bu un coup. « Va me mener à la taverne ;/ Et là, nous burons ung tatin. » (L’Aveugle et Picolin.) Beaucoup de chansons reprochent aux moines de faire la grasse matinée et de ne se lever que pour boire. Par exemple celle-ci : « L’Ordre ne dit mye de lever matin./ Dormir jusqu’à prime et boire bon vin,/ Et chanter matines sur ung pot de vin. » La Résurrection Jénin à Paulme. 177 N’enfoncez pas les portes ouvertes. Ces « huis » béants désignent le sexe des femmes. « Je suis (celui) qui romps les huis ouvers/ Et despucelle les nourrisses. » Sermon joyeux d’un Dépucelleur de nourrices. 178 Sous peine. « Et sur peine d’estre pendu. » Légier d’Argent. 179 Éd : de pucelles (Voir la note 177.) Une nourrice a du lait parce qu’elle a eu un enfant ; malgré quelques précédents illustres, elle a donc peu de chances d’être encore pucelle. « Saint Velu (…)/ Despucella maintes nourrisses. » Sermon de saint Velu. 180 L’affaire. Mais aussi : le coït. « En faisant l’amoureux tripot. » Pernet qui va au vin. 181 Celui qui avalera un fagot. Mais aussi : celui qui dépensera un fagot. Les taverniers facturent aux clients le bois de chauffage (et la chandelle). « Brûler le fagot : aller boire bouteille ensemble au cabaret, & y brûler un fagot pour se chauffer en buvant. » Le Roux. 182 Ici même : qu’il vient de l’improviser. 183 Pour boire du vin. Cf. Te rogamus audi nos, vers 64. 184 Qu’on l’ait emmenée, afin que j’en sois débarrassé. 185 Je la céderais à bas prix, même si cela ne me rapportait qu’un centime.
LA RUSE ET MESCHANCETÉ DES FEMMES
.
*
LA RUSE ET
MESCHANCETÉ
DES FEMMES
*
.
On se plaint souvent des abus que les éditeurs du XVIe siècle ont fait subir à des farces du siècle précédent. Le record est détenu par la présente pièce. Un mauvais versificateur a perdu son temps à la mettre en alexandrins plus qu’approximatifs, alourdissant des octosyllabes volubiles et nerveux qui sont la signature du théâtre de cette époque. Au bout de 128 vers, il a fini par comprendre l’inanité de sa tâche, mais le mal était fait. Les 24 premiers vers de Rouge-affiné, Bec-affillé et Décliquetout ont subi le même traitement.
Il ne faut pas confondre cette Ruse, meschanceté et obstination d’aucunes1 femmes avec une autre farce intitulée l’Obstination des femmes, également nommée la Mauvaistié des femmes.
Source : Bibliothèque nationale de France, Rés. Yf. 3441. Édition publiée en 1596.
Structure : Rimes croisées, rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
.
*
Farce joyeuse et proffitable
à un chacun, contenant
la Ruse, meschanceté
& obstination
d’aucunes femmes.
.
Par personnages, assavoir :
LE MARY [maistre Jean Cornon]
LA FEMME
OLLIVICQUE 2
LE SERRURIER [maistre Cristofle]
*
LE MARY 3 commence SCÈNE I
Holà, ma femme, holà ! Qui est céans venu
Qui, dedans ma bouticque, a robé4 un pourpoint ?
LA FEMME
J’en ay veu, ce jourd’huy, ce savetier vestu,
Qui tient en ceste rue son banc5 en ce recoin.
LE MARY
5 Et quoy ! Est-il venu le prendre en la bouticque ?
Ou si quelque servant de nous luy a vendu ?
LA FEMME
Je ne sçay. Demandons, pour veoir, à Ollivicque
S’il ne sçait point comment ce pourpoint s’est perdu.
LE MARY
Ollivicque, venez !
.
Dictes-moy la manière SCÈNE II
10 Comme c’est qu’on a prins ce pourpoinct de satin !
OLLIVICQUE
Maistre, venez à moy, apportez la lumière6 !
Je vous compteray tout ce que vey7 un matin.
LE MARY
Sus donc, despeschez-vous, car je pers patience !
Que ne pren[-j]e8 un baston et frappe dessus tous !
OLLIVICQUE
15 Maistre, quand vous seriez plus cruel que les loups,
Attendez s’il vous plaist qu’aye dit ma sentence9.
Or sus ! C’estoit un jour qu’estiez à la [grand] messe10
Que vey entrer céans — mais d’une grand vistesse —
Un homme dont ne sçay son nom ny sa demeure.
20 Toutesfois vous diray, et en bien petit d’heure11,
Ce que j’en apperceu. Parlant à ma maistresse,
Il luy a dict : « Madame, chassons toute tristesse ! »
Puis après, d’un abord, au rays d’un clair matin12
Je vey que sa main orde13 luy prenoit le tétin.
25 Je vey tout aussitost Madame renverser,
Et après, le galland sur elle se coucher.
Pour dire vérité, ell’ eust bien des escus.
Aussi, elle vous a mis au rang des cocus.
LE MARY
Mais dy-moy, mon amy : a-il long temps sonné,
30 Ce que ce malheureux à ma femme a donné14 ?
OLLIVICQUE
Pour le moins demy-heure. Et sur le mesme poinct,
Je luy vey sur son dos emporter le pourpoint.
.
LE MARY, parlant à sa femme avec un baston, dit :
Sus ! Venez çà, charongne, effrontée putain ! SCÈNE III
Qui vous a donc esmeu15 de mener un tel train ?
35 Tu me pense tromper lorsque je n’y suis pas,
De les faire venir pour prendre tes esbats ?
Mais vous en pâtirez, car dessus vostre dos16
Je ne lairray17 entier le moindre de voz os.
LA FEMME
Quoy ? Qu’est-ce, mon mary ? Qui vous a rapporté
40 De moy ce faux rapport et propos inventé ?
Ne croyez pas que moy, qui suis à vous vouée,
Me soys, comme vous dictes, à autre habandonnée.
J’aymerois mieux cent coups, et cent coups de poignard,
Et mesmes, que mon corps fust dans un feu tout ard18.
45 Que d’avoir contre vous commis un tel mesfaict.
Regardez donc comment on doibt mettre [au retraict]19
Les propos inventéz, car je ne l’ay point faict.
Je vous jure sainct Gris : si je [pouvois tenir]20
Qui vous a dit cela, je le feroy[s] mourir !
LE MARY
50 Vous mentez faucement21, car je vous feray dire
Que lorsque je n’y suis, on ne vous veoid que rire
Avec des macquignons 22 qui viennent en ma bouticque,
Puis a[u]près des vilaines maquerelles lubricques
Qui te viennent inciter à me jouer ce tour.
55 Mais je te feray dire : « Ah ! maudit soit le jour23 ! »
LA FEMME
Dictes-moy, s’il vous plaît, celuy qui vous a dit
Qu’avec ce savetier m’a veu24 dessus mon lict.
LE MARY
Mais dy-moy — en françois, et non pas en la latin25 —
Pourquoy tu luy baillis ce pourpoint de satin.
60 Puis je te feray dire par petit Ollivicque
Comme tu es putain, [et] infâme, et lubricque.
.
LA FEMME, parlant à Ollivicque tout bassement,
luy dit, les mains jointes :
Hé ! pour Dieu, Ollivicque, ne vueille donner blasme SCÈNE IV
[À t]a pauvre maistresse pour la rendre infâme !
OLLIVICQUE
[Ne] vous souciez, Maistresse, car je ne diray rien
65 [De tout ce que j’ay veu, si vous me traitez bien…]26
.
LA FEMME, parlant tout haut à Ollivicque, luy dit :
[Vi]en çà, meschant garçon qui m’as donné tel blasme SCÈNE V
[Qu]e je seray tousjours réputée [pour] infâme !
[As-]tu veu cy venir jamais, jour de ta vie,
[Pe]rsonne qui m’ayt dict aucune villenie ?
OLLIVICQUE
70 [La]s ! parlez bas, Maistresse, car vous vous tairez bien.
[Je] vous ay dit tantost que je ne dirois rien27.
[Es]coutez, s’il vous plaît, ce que je vous veux dire,
[C]ar je croy qu’à la fin, n’aurez envi’ de rire.
[Es]t-il pas bien certain que dimanche dernier
75 [Je] vey entrer céans, par la porte derrier28,
[L]e Maistre estant allé à la première messe,
[U]n qui, d’une grand course et d’une grand vistesse,
[V]ous vint trouver au lict où vous estiez couchée ?
[E]st-il pas asseuré que, celle matinée,
80 [A]près avoir tous deux discouru d’un29 latin,
[I]l print de sa main salle vostre polly tétin ?
Me voudriez-vous nier que, tout incontinant
Que vous aviez30 finy l’amoureux passe-temps,
[J]e ne veid sus son dos, au rays du clair matin,
85 Qu’il emporta chez luy le pourpoint de satin ?
LA FEMME
Tu as menty, meschant ! Jamais, jour de ta vie,
Tu ne me veis commettre aucune villenie.
OLLIVICQUE
Maistre, je veux mourir d’une mort misérable
Si ce que je vous dy n’est aussi véritable !31
LE MARY
90 Sus, sus ! Que nous voyons la bource des escus
Qui ont esté gaignéz au travail de ton cul !
LA FEMME
Las ! je n’ay pas un sol qui soit32 en mon pouvoir.
LE MARY
Sus, sus, despeschons-nous, car je le veux tout veoir !
Et ne me faictes plus, à cest’ heure, tant braire.
95 Si je prend mon baston, je vous feray bien taire ;
Despeschons-nous, [ou bien je vous rompray le col33] !
LA FEMME
Sur ma foy, mon mary, je n’en ay pas un sol.
LE MARY
Que sont donc devenus tant de doubles ducats,
Tant de doublons d’Espaigne, escus de Portugal
100 Que l’on t’avoit donné [ce dimanche à plein poing34] ?
LA FEMME
Hélas ! je vous asseure, je n’en vey jamais point.
LE MARY, en frappant :
Or il les faut trouver, et tout incontinant35,
Ou tost tu finiras le reste de tes ans36 !
Mais voyez, je vous prie, s’elle faict la rusée !
105 On diroit, à [la] veoir, qu’elle n’y a point touchée.
Et qui la voudroit croire en ses belles parolles,
Elle vous diroit bien que le vray est frivolle[s]37.
LA FEMME
Hé ! pour Dieu, mon mary, je vous crie mercy !
Je sens desjà mon cœur à demy mort, transi.
LE MARY, en frappant :
110 Allons, allons, allons ! [L’argent,] de par le diable !
LA FEMME
Mon mary, je suis morte, rien n’est plus véritable.
Hé ! pour Dieu, laissez-moy, je vous crie mercy !
OLLIVICQUE 38
[H]é ! mon Dieu, laissez-la : ell’ a du cul vessy39.
[M]ais je vous dis puant.40
LA FEMME, faisant la morte en se pasmant 41, dict :
115 Hélas, je me meurs ! Hélas, je me meurs,
[S]i je n’ay tost secours.
LE MARY demande de la paille à Ollivicque
pour luy mettre au cul 42.
Sus, venez, mon vallet ! Apportez-moy du feu[rre]43,
Car je veux secourir ma femme, [que ne meure]44.
OLLIVICQUE
Que demandez-vous, Maistre ? Voulez-vous de la paille ?
LE MARY
120 Ouÿ, despeschez-vous ! Mon Dieu, [la grand conaille]45 !
Courage, sus, ma femme ! Et quoy, ne dis-tu mot ?
OLLIVICQUE
Sans mentir, ell’ est morte.
LE MARY
O ! que [vous estes]46 sot !
Tenez, tenez, tenez, levez-la par les bras,
Et vous verrez tantost s’elle se reviendra.
OLLIVICQUE 47
125 Mais vous la bruslerez !
LE MARY
N’importe : levez !
OLLIVICQUE, en la soubslevant :
Couraige, ma Maistresse ! Or sus, qu’on se réveille !
Sentez-vous pas la puce vous frétiller l’oreille48 ?
LA FEMME, sentant le feu :
Ha ! meschant, je te tuëray !
[LE MARY] 49
130 Ma fy50 ! je vous pardonneray.
LA FEMME
Ah ! mon Dieu, hélas, je suis morte !
[LE] MARY
Ollivicque, serrez51 la porte :
Les volleurs52 sont en ma maison.
Je la veux mener en prison.
LA FEMME
135 En prison ? [Homme] abominable !
[Hé !] tu feras les cinq cens diables !
[LE] MARY
Or, il faut trouver cest argent.
LA FEMME
Tuë-moy, malheureux meschant,
[Sans plus]53 me faire tant languir.
[LE] MARY
140 Je ne te feray jà mourir,
Mais tu seras tant plus malade54.
LA FEMME
Sainct Jehan ! tu me donne une aubade
Dont tu te pourras repentir.
[LE] MARY
Ah ! je te feray bien mentir55.
145 Mais je veux avoir la clicquaille56.
LA FEMME
Mais si je n’ay pas une maille57,
Faut-il que j’en aille trouver ?
[LE] MARY
Je ne sçay que tant estriver58.
Despesche-toy, [par sainct Cristofle59] !
LA FEMME
150 J’ay perdu la clef de mon coffre.
[LE] MARY
Il en faut faire [une forger]60 ;
Allez quérir le serrurier.
.
OLLIVICQUE, parlant au serrurier : SCÈNE VI
Maistre, venez à la maison !
LE SERRURIER
Et qu’y a-il ?
OLLIVICQUE
Il y a sans comparaison61,
155 Un cul qui a perdu sa « clef ».
[LE] SERRURIER
Ha ! je [l’ay retrouvée de bref]62,
Car je la porte à ma ceinture63.
OLLIVICQUE
Vous sçavez quasi la casseure64,
Car c’est celuy de ma maistresse.
[LE] SERRURIER
160 Tu veux jouer quelque finesse,
Est-il pas vray, [encontre moy] ?
OLLIVICQUE
Non, je vous jure en bonne foy !65
Escoutez [icy], je vous prie,
Comme nostre maistre [Jean] crie.
[LE] SERRURIER
165 Qu’a-il ? [Ah ! il bat]66 ta maistresse.
OLLIVICQUE
Ah ! qu’il luy a faict mal aux fesses :
Elle ne faict que culleter67.
[LE] SERRURIER
Dieu l’en vueille récompenser,
Et luy vueille sa peine rendre68 !
OLLIVICQUE
170 Or, nous les faisons trop attendre,
Entrons ! [Maudit soit le dernier69 !]
.
Maistre, voicy le serrurier SCÈNE VII
Qui vient pour ouvrir vostre coffre.
[LE] MARY
Pourquoy l’as-tu laissé dernier ?
175 Entrez, entrez, maistre Cristofle !
[LE] SERRURIER
Dieu vous gard, maistre Jean Cornon70 !
[LE] MARY
Qui vous a si bien dict mon nom ?
Venez un peu ouvrir ce coffre,
Depuis qu’on a perdu la clef.
[LE] SERRURIER
180 Y a-il quelque [tort ou grief]71
Qui vous faict crier liffreloffre72 ?
LA FEMME, regrétant son coffre,
dit 73 tout bassement :
Hélas, bon Dieu ! [Et] que feray-je ?
Mon Dieu, où me[s sols] cacheray-je,
Puisqu’on a trouvé mes escus ?
185 Je les avoys bien, de mon cul,
Gaigné à la grande sueur74.
Mais doresnavant, n’auray peur :
J’en feray encor(es) davantage.
Ah ! maudict soit le mariage !
190 Puis qu’il ne couvre mon honneur.
Faut-il que, pour manger du lard 75,
Mon mary soit nommé « Cornard » ?
Je vous jure qu’il est bon homme76,
Et si, ne sçay[t] comme on le nomme77.
195 Je les luy devois bien bailler78
Sans le faire tant estriver.
[LE] MARY
Çà, çà, villaigne, venez cy !
LA FEMME
Hélas, je vous crie mercy !
Jamais je n’y retourneray79,
200 Sinon quand je m’y trouveray
[Et qu’en auray occasïon.]80
[LE] MARY
Certes, tu as bonne raison.
Et pour moy, je n’ay point de tort.
LA FEMME
Ha ! le bon enfant, quand il dort !
205 Par ma fy, c’est un bon garçon !
[LE] MARY
Tu as encor bonne raison81.
Va-t’en, je te donne gaigné[e]82.
Mais si tu es jamais trouvée
Avec personne en la maison83,
210 Je leur donray à desjeuné84 !
[LE SERRURIER]
Libera nos, Domine ! 85
[LE] MARY, parlant au serrurier :
Maistre Cristofle, allez-vous-en,
Non pas pour vous donner congé86.
Or tenez : voylà de l’argent ;
215 Voyez s’il y en a assez.
[LE] SERRURIER
Grand mercy, maistre [Jean] Cornon !
Il suffit que, de vostre grâce,
J’aye beu87 en vostre maison
Et mangé d’une poulle grasse.
[LE] MARY
220 Nous boyrons donc quand vous voudrez.
[LE] SERRURIER
Requiescant in pace ! 88
.
[LE] MARY, parlant aux lecteurs de ceste 89 :
Si je n’eusse eu [si] belle femme, SCÈNE VIII
Je n’eusse point doubté90 ce blasme,
Ny moins n’eusse esté au hazard91
225 D’estre nommé « Gros-Jean Cornard92 ».
Mais d’autant que ma femme est belle,
Elle m’estime moindre qu’elle.
Comme suis, à la vérité.
Il le luy faut bien pardonner,
230 Pourveu qu’on me donne à disner93.
.
Donques, Messieurs qu’avez de belles femmes,
Ne craignez rien, ne leur donnez nuls94 blasmes,
N’entrez jamais en point de jalousie
Si vous voyez qu’elles soyent amoureuses95 :
235 C’est ce qui96 faict qu’elles sont plus heureuses.
Ne vueillez doncq entrer en frénésie.
.
FIN
Par G.F.D.M.E.F.97
*
1 De certaines. 2 Olivic, variante rarissime de « Olivier ». C’est le jeune serviteur du couple. La page de titre le nomme Le Serviteur, et la première page Le Vallet, mais toutes les rubriques l’appellent Ollivicque (et non pas Ollinicque, comme l’écrit un des rares chercheurs qui ont mentionné cette farce). 3 Il est dans sa boutique de pourpointier [faiseur de pourpoints], avec sa femme. Leur employé, Olivic, fait son travail un peu plus loin. 4 A dérobé. Cf. le Gaudisseur, vers 71 et 106. 5 Son étal. 6 Une chandelle : l’action se déroule dans la soirée. Le valet veut que son maître s’éloigne de la femme, dont il va dire du mal. 7 Je vous conterai tout ce que je vis. 8 Qu’est-ce qui me retient de prendre. « Que ne pren-je une plume, à cell’ fin que je trace/ Ton nom ! » Roger Maisonnier. 9 Mon témoignage. 10 On voit mal un tel mécréant se rendre à la messe pendant que sa femme reste à la maison, alors que c’est en général le contraire. Sachant que beaucoup de femmes qui prétendent aller prier rejoignent en fait leur amant, ce mari dépourvu du moindre sens moral (comme les trois autre protagonistes) ne rejoindrait-il pas sa maîtresse le dimanche matin ? 11 En peu de temps. 12 Grâce à un rayon de soleil. Idem vers 84. D’un abord = de prime abord. 13 Les savetiers, qui manipulent de vieilles chaussures et de la poix, ont toujours les mains sales : voir le vers 81. Cf. la Laitière, vers 139-140. 14 Les écus qu’il avait dans sa bourse ont-ils tinté longtemps, pendant qu’il s’agitait sur ma femme ? Autrement dit : combien de temps a duré le coït ? 15 Mue, incitée. 16 Éd. : corps (« Mon baston sera esprouvé/ Sus vostre dos ! » Serre-porte.) 17 Je ne laisserai. 18 Brûlé. 19 Éd. : en effect (Dans les cabinets. Cf. le Retraict.) 20 Éd. : scauois celuy (Saint Gris est le surnom traditionnel de saint François d’Assise, qui portait une robe grise.) 21 Injustement. Cf. l’Aveugle et Saudret, vers 597. 22 « Maquignon de chair humaine : maquereau. » (Antoine Oudin.) Les maquerelles occupent le vers suivant. 23 Maudit soit le jour où je suis née ! 24 Il m’a vu. La femme a couché pour de l’argent avec ce savetier (vers 3), à qui elle a donné un pourpoint (vers 2). De tels dons étaient normaux de la part des commerçantes : la drapière de Beaucop-veoir et Joyeulx-soudain offre à son amant dix aunes de drap. 25 En parlant clairement. Cf. l’Aveugle et le Boiteux, vers 235. 26 Vers manquant. Les valets de farces, en échange de leur discrétion, exigent de coucher avec leur patronne. Celui de Raoullet Ployart veut bien monter la garde pendant que sa maîtresse reçoit des amants, mais il pose ses conditions : « Maistresse, vous m’entendez bien :/ Après que labouré auront,/ Il fauldra, quant ilz s’en yront,/ Que laboure ung peu après eulx. » Comme ici, les promesses du serviteur ne l’empêcheront pas de révéler au mari l’inconduite de sa femme. 27 Que je ne dirais rien à mon maître. En effet, le valet ne s’adresse pas au mari, qui écoute pourtant la conversation, mais à la femme. 28 Éd. : dernier (De derrière. Cf. le Résolu, vers 161, 230 et 240.) 29 Éd. : au (D’un même langage. « Mais il trouva responces trestoutes d’un latin. » A. Töbler.) 30 Éd. : estiez 31 L’imprimé termine ce vers avec un point d’interrogation, et ajoute dessous : Comme ie le racompte. 32 Un sou vaillant. Idem vers 97 et 183. 33 Je comble une lacune. « Morbieu, je te rompré le col ! » Les Sotz nouveaulx farcéz, couvéz. 34 Cet hémistiche manque. La coucherie s’est produite le dimanche précédent (vers 74). « J’ay de l’or à plain poing. » Le Poulier à sis personnages. 35 Tout de suite. Idem vers 82. 36 Ou je vais te tuer séance tenante. 37 N’est que mensonge. « Bourdes, mensonges et frivoles. » (ATILF.) Le mari frappe sa femme. Éd. ajoute dessous : Sus sus qu’on se despesche. 38 Éd. : Le Mary. 39 Elle a pété, comme tous les personnages de farce qui reçoivent des coups sur les fesses. Cf. les Hommes qui font saller leurs femmes, vers 252. 40 Entre les vers 114 et 128, faute de mieux, l’éditeur a imprimé le brouillon du remanieur, qui a conservé des fragments des octosyllabes originaux en attendant de les transformer en alexandrins. Il serait donc vain de vouloir intervenir dans ce champ de bataille. À l’instar de l’éditeur, je ne peux que publier telle quelle cette ébauche informe. 41 En s’évanouissant. 42 Ce rituel carnavalesque consiste à coincer une longue gerbe de paille entre les cuisses d’un fêtard, en manière de queue, puis d’y mettre le feu. 43 De la paille. 44 Éd. : qui se meurt. (Afin qu’elle ne meure pas.) 45 Éd. : les grand canaille, / Elle se meurt. (Le mari enroule vers le haut la robe de son épouse couchée par terre, et il remarque la taille de sa vulve. On trouve une scène similaire dans Pantagruel <chap. 15>, lorsqu’un lion découvre le « comment-a-nom » d’une vieille évanouie, grand de « cinq empans et demy ».) Le con — le sexe de la femme — a été affublé de nombreux suffixes péjoratifs. Conaille n’est pas attesté, mais les écrivains immortalisaient rarement ces créations populaires ; sans compter que la plupart des textes érotiques de l’époque ont disparu. Restif de La Bretonne emploiera le verbe conailler pour copuler. 46 Éd. : tues (Le mari vouvoie presque toujours son valet.) 47 Il maintient le corps debout. Le mari approche une chandelle de la paille, puis met le feu au cul de sa femme. Les amateurs de symboles apprécieront… 48 N’avez-vous pas la puce à l’oreille ? Ne vous doutez-vous de rien ? À partir d’ici, nous voilà débarrassés des alexandrins. 49 Éd. : Olliuicque. 50 Ma foi ! idem vers 205. Éd. ajoute sous ce vers : Si vous pouuez. 51 Fermez. Voir la farce de Serre-porte. 52 Les voleurs de pourpoints, et ma femme qui est leur complice. Éd. a mis ce vers après 131. 53 Éd. : Non pas 54 Il recommence à taper. 55 Avoir tort. 56 La monnaie cliquetante. 57 Pas un centime. 58 Pourquoi tu contestes tant. Idem vers 196. 59 Je comble une lacune. Aux vers 173 et 175, coffre rime aussi avec Cristofle. Saint Christophe était invoqué par les voyageurs pressés. 60 Éd. : faire une autre, (« Et d’autres clefs vite forger. » Frère Fécisti.) Le mari s’adresse au valet. 61 Calembour grivois : sans con, par raison. Cf. la Responce de la Dame au vérolé, vers 76. 62 Éd. : l’auray tost retrouué (Rapidement. « Je périrai, ce croi-ge,/ Si ne me secourez de bref. » Pates-ouaintes.) 63 Une grosse clé phallique pend devant la ceinture du serrurier. Une illustration flamande contemporaine de notre farce (fin XVe siècle) met aux prises une dame et un monsieur : « –Amis, veilliez ouvrir mon coffre/ Que je vous baille, donne et offre./ –Dame, le coffre moult me plet,/ Mais la sérure me desplaît,/ Car ma cleif n’est point par mesure/ Grande assez selon la fendure. » 64 Vous connaissez aussi la fissure. Nous comprenons que le serrurier est un des clients de la dame. 65 Les deux hommes arrivent devant la fenêtre ouverte de la maison, où le couple se dispute bruyamment. 66 Éd. : trouué?a il battu 67 Que bouger le cul pour échapper aux coups. Mais aussi : que copuler. « Dedans le berceau, (Alix) culetoit…./ Avec garsons, petis enfans,/ Alloist tousjours en quelque coin/ Culleter…./ Et lors, culetoit plus que vingt…./ Et puis mourut en culetant. » Clément Marot. 68 Dieu veuille raccourcir sa pénitence au purgatoire ! Mais aussi : Dieu veuille lui rendre la pareille en la culetant ! 69 Je comble cette lacune à partir du vers 174, un vers d’acteur qui fut ajouté alors que la pièce était encore jouable, et donc intacte. Cette formule d’émulation est en fait le nom d’un jeu d’enfants : « Jouant à maudict soit le dernier. » (Pierre Saliat.) « Et se prindrent à jouer à toute reste au maudict soit le dernier. » (Pontus Payen.) Les deux joueurs se précipitent dans la maison. 70 « Jean, dans le stile satyrique, signifie cocu, cornard. “Sa femme l’a fait Jean”, pour l’a fait cocu, lui a planté des cornes. » (Le Roux.) Comme si ce n’était pas assez clair, Jean Cornon est surnommé « Gros-Jean Cornard » <vers 192, 194 et 225>. Le serrurier, qui pourtant le cocufie, a l’obligeance de l’appeler par son vrai nom. 71 Éd. : chose a disner? (Tort ou préjudice. « Sans faire tort ou grief à aucun. » Le Grant coustumier de France.) 72 Éd. : liffreloffee (En baragouin germanique. « Puisque tu fais si bon retour/ De ce païs des Alemaignes,/ Il ne fault pas que tu te plaignes/ De nous envoyer, si tu daignes,/ Quelque épigramme en lifrelofre. » Charles Fontaine.) Le serrurier pointe sa grosse clé, puis l’introduit dans la serrure du coffre que la femme tient devant son bas-ventre, comme sur l’illustration. 73 Éd. : di-soit (Dit à voix basse, pour le public.) 74 Je les avais bien gagnés à la sueur de mon cul. 75 Parce que je suis coupable. « Avoir mangé le lard : estre coulpable. » (Oudin.) Jeu de mots : Parce que j’aime les pénis ; cf. le Ramonneur, vers 103. 76 Que c’est une bonne poire. Cf. Raoullet Ployart, vers 263. « Bon homme : cornard. » Oudin. 77 Et même, qu’il ne sait pas qu’on le surnomme Gros-Jean Cornard. 78 J’aurais dû lui donner mes écus. 79 Je ne recommencerai à fauter. « Le mary (…)/ Cryera à sa femme mercys,/ Promectant n’y retourner plus. » Pour le Cry de la Bazoche. 80 Vers manquant. 81 Là aussi, tu as raison. Voir le vers 202. 82 Je t’accorde la victoire. « Je leur donne gaigné s’ils peuvent dire (les) plus communs vocables qui tombent en nostre usage sans parler latin. » Marie de Gournay. 83 Le mari admet que sa femme ait des clients, mais ailleurs qu’à la maison, bien que sa réputation de cocu soit déjà répandue dans le voisinage. 84 Je les repaîtrai de coups de bâton. Mais le serrurier prend le verbe déjeuner au sens propre, et réclame de plein droit ce repas que le mari vient de promettre aux amants de son épouse. 85 Les clercs, insatiables amateurs de repues franches et d’humour sacrilège, disaient : A fame libera nos, Domine ! [Libère-nous de la faim, Seigneur !] Le serrurier citera encore du latin de clercs au vers 221. 86 Sans vouloir vous chasser. Le mari prend de l’argent dans le coffre de sa femme. 87 J’aie bu. Souvenir de la scène où maître Pathelin escroque le drapier : « De venir boire en ma maison…./ Et si, mangerez de mon oye. » 88 Nouvelle plaisanterie de clercs : Que les verres de vin que nous allons boire reposent en paix dans notre estomac ! 89 De cette farce. L’éditeur n’adresse pas un congé aux spectateurs, comme c’est le cas d’habitude, mais une « moralité » aux lecteurs. Il avait certes beaucoup à se faire pardonner… 90 Redouté. 91 Et je n’aurais pas couru le risque. 92 D’être surnommé « cocu » (note 70). 93 Du moment que ses clients lui rapportent assez d’argent pour me nourrir. L’époux devient donc le « maquignon » de sa femme. La suite est en décasyllabes, mais le remanieur n’y est pour rien : c’est le cas dans beaucoup de conclusions de farces, comme le Cousturier et Ésopet, les Sotz fourréz de malice, la Mère de ville, etc. 94 Éd. : mal (« Sans donner à aucuns nulz blasmes. » Maistre Mimin estudiant.) 95 Qu’elles ont un amant. 96 Éd. : que 97 Ces initiales n’ont jamais pu être résolues.