LE NOUVEAU MARIÉ

British Library

British Library

.

*

LE  NOUVEAU  MARIÉ

*

.

Il ne faut pas confondre cette farce avec le dialogue qui la précède dans le recueil de Londres, et qui a pour titre : le Conseil du nouveau marié (BM 1). Avons-nous là une farce de noces ? L’étiquette est commode mais peu convaincante, pour des raisons que j’expose dans la notice de la Veuve. Ce n’est pas parce qu’on trouve un nouveau marié dans une pièce qu’elle a été jouée lors d’une noce, de même que ce n’est pas parce qu’on y trouve des termes juridiques – comme c’est le cas dans celle-ci – qu’elle est l’œuvre de basochiens.

Les couples hétéroclites faisaient rire, et les auteurs comiques en ont exploité les moindres variantes. Ici, une pucelle désireuse de ne pas le rester vient d’épouser un jeune homme qui n’aime pas les dames. (C’est à peu près le thème des Femmes qui demandent les arrérages, une farce publiée par le même éditeur.) Le personnage le plus amusant, c’est la mère de la mariée, qui ne recule devant aucune outrance pour convaincre son gendre d’accomplir son devoir, et pour s’assurer de visu (pour ne pas dire de tactu) qu’il a bien tout ce qu’il faut là où il faut. La scène où le jeune homme déballe son matériel sous les yeux de la belle-mère s’inspire de la 31e Facétie du Pogge, traduite du latin par Guillaume Tardif vers 1492. Je mets en gras les emprunts littéraux.

Advint ung jour que le père et la mère de ceste jeune fille voullurent assembler les parens et faire un beau disner, auquel furent invitéz ceste fille et son mary. Toutesfois n’y allèrent-ilz pas quant-et-quant l’autre1, mais partit la fille la première, qui s’en vint à la maison de son père, triste et desplaisant, portant la veue en bas en faisant une piteuse chière ; dont le père et la mère d’elle furent moult courroucéz quant ilz la virent, ygnorans [la cause] de sa doulleur. Sy l’appella la mère à part derrière, en ung petit lieu où elle couchoit, et luy demanda : « Ma fille, m’amye, que avez-vous ? Voz choses ne sont-elles point en bon estat ? Dictes-moy ce que vous avez. » Adoncques la jouvencelle, en plourant, commença à respondre : « Ha ! ma mère, vous ne m’avez pas mariée à ung homme. Car de ceste noble partie pour qui se font les mariages, il n’a riens, au moins que bien petit. Et luy deffaillent en droit tous les principaux membres virilles, dont je suis mal fortunée. » Quant la mère eut ouÿ ce que sa fille luy dist, cuidant que son gendre n’eût point de “marguet”, elle fut fort courroucée ; et s’en alla à son mary et à tous ses parens qui là estoyent assembléz pour attendre le disner, et leur compta ceste matière, en leur disant come la fille disoit que son mary n’estoit pas homme, que le principal point pour qui les mariages se faisoient luy failloit, et que s’il en avoit, c’estoit sy petit que rien. Et de ce, furent le père et tous les aultres parens tant courroucéz que merveilles, et la maison fut toute plaine de douleur pource qu’ilz croioyent avoir suffoqué leur fille (qui tant estoit belle jouvencelle), et l’avoir donnée à ung homme impotent et impourveu des instrumens de nature principaulx.

Tantost après que ceste douleur fut espandue par toute la maison, survint le nouveau marié de qui la complainte estoit faicte, qui moult fut esbahy de veoir ainsi les assistens tristes et faisant mauvaise chère. Oultre, nul ne luy osoit dire la cause de ceste douleur, fors ung qui s’en vint à luy et luy deist : « Beau cousin, mon amy : saichez que vostre femme, son père, sa mère et tous ses amys sont fort courroucéz pour tant que elle leur a donnéz à entendre que vous n’estes pas homme naturel comme les aultres, et que n’avez point – ou bien peu – de “bras séculier” pour le service des dames ; dont ilz sont tant marris que plus ne pevent, et cuident leur fille avoir perdue. » Quant ce jeune galant eut entendu la cause du courroux, il fut bien joyeux ; et deist à celuy qui luy déclaira, que bien ceste douleur rapaiseroit, et que tous fissent hardiment grant chière, car il se santoit aussi bien et mieux fourny de “baston pastoral” que homme qui fust en toute la compaignie.

Si se assirent à table et beurent et mangèrent bien à leur appétit, non pas joyeulx tant2 qu’ilz furent réconfortés par le nouveau marié qui, environ le millieu du disner, print à parler en général et deist : « Ô vous, les amys de ma femme, qui estes icy présens en desplaisance de aulcune chose dont je suis blasmé et acusé, de laquelle je vueil que vous soyez tesmoings pour dire s’il est vray ou non, et se le vice est en moy, dont l’en me accuse. » Lors le galant, qui adonc avoit vestemens cours, tira de ses chausses et meist sur le bout de la table ung beau manche et gros, de si belle forme que il convertit tous les assistens à regarder la beaulté de l’instrument ; et leur demanda s’il devoit estre blasmé en ce cas, et si sa femme avoit cause de faire plainte sus luy. En cest esbahissement de veoir ce membre, tant estoyt grant, la plus grant part des femmes qui y estoyent prioyent et désiroyent que leurs maris en eussent autant. Les hommes aussi le désiroyent, si que tous furent contre la jeune fille en la incrépant3 et blasmant de sa follie, en luy disant aussi qu’elle n’avoit cause de se plaindre. Si respondit la fille que si : et que elle avoit veu leur petit asne, en ung jardin, qui avoit l’oustil aussi gros que le bras d’ung homme estendu, et que c’estoit trèsgrant vilennie à ung homme grant et fort comme son mary de l’avoir plus petit de la moytié que une beste.

Source : Recueil du British Museum, nº 2. Imprimé à Paris par Nicolas Chrestien.

Structure : Rimes plates, avec 2 triolets que l’éditeur a un peu rabotés pour privilégier l’action dramatique.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

.

*

Farce   nouvelle   trèsbonne

et   fort   joyeuse   du

Nouveau    marié

qui   ne   peult   fournir   à

l’appoinctement   de   sa   femme

*

À quatre personnages, c’est assavoir :

       LE  NOUVEAU  MARIÉ

       LA  FEMME

       LA  MÈRE  [Thomasse]

       et  LE  PÈRE  [Roger]

.

*

                        [LE  PÈRE]4  commence                       SCÈNE  I

        Thomasse !

                        LA  MÈRE

                         Que vous plaist il, Roger ?

                        LE  PÈRE

        Le souper vous fault abréger5,

        Je ne puis plus guères attendre.

                        LA  MÈRE

        Le rost est tout prest de menger.

                        LE  PÈRE 6

5        Ne nous faictes plus tant7 songer,

        Car voicy venir nostre gendre.

                        LA  MÈRE

        Qui m[e l’]eust donné à entendre8,

        J’eusse pensé de faire mieulx.

        Mais pour ennuict, ainsi9 midieulx,

10      Il fauldra que [patience ayez]10.

                        LE  PÈRE

        M’amye, nous avons assez ;

        Je ne mengera[y] mèshuyt11 guère(s).

.

                        LA  FILLE 12                                         SCÈNE  II

        Dieu soit céans ! Bon jour, mon père !

                        LE  PÈRE

        Entre ! Tu soys la bien venue !

                        LA  FILLE

15      Comme vous portez-vous, ma mère ?

        Dieu soit céans ! Bon soir, mon père !

                        LA  MÈRE

        Dieu, que tu fais piteuse chère13 !

        Ton mary ne t’a pas batue ?

                        [ LA  FILLE

        Dieu soit céans ! Bon soir, mon père !

                        LE  PÈRE

20      Entre ! Tu soys la bien venue ! ]

                        LA  FILLE

        Vous m’avez la plus mal pourveue

        Que jamais fille sçauroit estre.

        Que mauldit de Dieu puist-il estre,

        Qui m’en donna la cognoissance14 !

25      J’estois si bien à ma plaisance.

        Je suis bien de malheure née15.

                        LA  MÈRE

        Comment ! je suis toute estonnée

        De te veoir desjà en ce point.

        Jusqu(es) à mardy, il n’y a point

30      Un moys que fustes espouséz16.

                        LA  FILLE

        Ma mère, c’est du temps assez

        Pour endurer beaucoup de peine.

        Et puis c’est chose bien certaine

        [Qu’oncques-puis je]17 n’euz bien ne joye.

                        LE  PÈRE

35      Que ne t’ostes-tu de sa voye,

        Quand tu voy qu’il se veult courcer18,

        Et, s’il est nuyt, t’aler coucher ?

        Mais nenny, tu es trop testue.

                        LA  FILLE

        Mon père, il ne m’a point batue ;

40      Ce n’est pas le mal qui me tient.

                        LA  MÈRE

        A-il quelque fille qu’il tient19 ?

        Ou s’il est yvrongne, ou joueur ?

                        LA  FILLE

        Ce qui me tient le plus au cueur,

        [C’est que je suis encor pucelle :]20

45      Certainement la chose21 est telle

        Que quand je partis de ceans.

        Se mon corps estoit de fïens22,

        Il n’en tiendroit [pas] moins de compte.

                        LE  PÈRE

        Va, va, tu deusses avoir honte !

50      Il fault qu’il commence tout beau23.

        Voicy venir le renouveau24,

        Que ses pensées seront mondaines25.

                        LA  MÈRE

        Ilz s[er]ont voz fi[è]vres cartaines26 !

        Le dyable vous en fait parler.

55      Esse à vous à vous en mesler ?

        Sçav’ous27 qu’il est ? Laissez-m’en faire !

        S’il n’avoit de quoy luy bien faire,

        Ma fille auroit beau [en changer]28.

                        LE  PÈRE

        Dea ! il n’y a point de danger

60      De l’advertir29 tout doulcement,

        Sans vous courroucer tellement.

        Ce seroit [trop] mieulx fait30, ma mye.

                        LA  MÈRE

        Hélas ! elle [n’a pas de vye]31 :

        Elle est bien changée, puis un poy32.

65      Je vous jure et prometz ma foy

        Qu’il en sera demain cité33,

        Et par surgïens visité34

        Pour veoir s’il a ce qu’il luy fault !!

                        LA  FILLE

        Pour Dieu ! ne criez point si hault :

70      Il viendra bientost, ce me semble.

                        LA  MÈRE

        Depuis que vous estes ensemble,

        N’as-tu point [eu l’]35 entendement

        De t’aprocher tout doulcement

        Et le descouvrir à demy,

75      Et quand il est [bien] endormy,

        De  veoir s’il est parfait en nature36 ?

                        LA  FILLE

        J’en prins, dimenche, l’adventure37 :

        Aussitost que fusmes couvers,

        Il se couchoit droit38 à l’envers

80      [Et il tournoit son dos vers moy.]39

        Or, estoye en [bien] grand esmoy40.

        Je l’embrassay41 parmy les rains,

        Et [l’]assis42 d’une de mes mains ;

        Et aussitost que luy euz mise,

85      Il desvelopa43 sa chemise

        Et se tourna au coing44 du lit.

                        LA  MÈRE

        Voylà un homme bien mauldit !

        [Dieu luy puist envoyer la foire !]45

        Mais encore, je ne puis croire

90      Que n’ayes [à] ton poinct advisé46,

        Et sceu s’il est organisé

        De ses membres. Tu m’entens bien.

                        LA  FILLE

        Non fais, par ma foy, je n’entens rien.

        Jamais ne m’en donna loysir.

                        LA  MÈRE

95      Tant je porte de desplaisir

        De t’avoir en ce point pourveue !

        Par ma foy ! je suis tant esmeue

        Que d’un mois ne seray remise.

        Fist-il despouiller ta chemise,

100   La prime47 nuict qu’il t’espousa ?

                        LA  FILLE

        Nenny, car je croy qu’il n’osa :

        De dormir je faisois grand fainte48.

        [Aussi], j’estois en trèsgrand crainte,

        Car je ne faisois [rien] qu’atendre

105  Sinon qu’il [ne] me vînt surprendre49

        Pour acomplir de bon courage

        Le passetemps de mariage.

        Je ne l’eusse point escondit,

        Car mes tantes me l’avoient dit.

                        LA  MÈRE

110  Voilà un homme bien maulvais50 !

        Par Dieu ! vous en départirez51,

        Ou il se changera de bien bref52.

        Comme[nt], vray Dieu ! Voicy un grief53

        Qui me prent quand [il] m’en souvient.

115  Il m’est venu, et si, me [vient

        Une]54 dague au travers du corps !

                        LE  PÈRE

        Ne les mettez point en discordz :

        Grand mal en pourroit advenir.

                        LA  MÈRE

        Je vous prie, laissez-le venir :

120  Je ne luy fauldray55, sur ma vie !

.

                        LE  MARIÉ                                            SCÈNE  III

        Dieu soit céans ! Dieu vous bénie56 !

                        LE  PÈRE

        Bien venu ! Le souper est prest.

                        LE  MARIÉ

        Ma mère, il vous est bien57 ? N’est mye ?

        [Dieu soit céans ! Dieu vous bénie !]

                        LA  MÈRE

125  Non est, par ma foy : je te nye58 !

        Ta personne fort me desplaist.

                        LE  MARIÉ

        Dieu soit céans ! Dieu vous bénie !

                        LE  PÈRE

        Bien venu ! Le souper est prest.

                        LA  MÈRE

        Qu’une femme auroit grand acquest59

130  À le loger60 plus d’une nuict !

                        LE  MARIÉ

        Qui vous meut de faire ce bruit ?

        Que vous me semblez esperdue !

                        LA  MÈRE

        Qui me meut ? Ma fille est perdue.

        Tu me donnes bien des courroux !

                        LE  MARIÉ

135  Et ! la voilà si près de vous.

        Qu’avez-vous ? Ne me celez rien.

                        LA  MÈRE

        Par ma foy ! je te batrois bien,

        Si pensois estre la plus forte.

        Es-tu point d’une faulce sorte61,

140  De t’estre mis en mariage

        Pour abuser un personnage62,

        Ainsi que tu fais à ma fille ?

        Elle est d’aage qu[e l’]on l’estrille63 :

        Tu n’y devrois rien espargner.

                        LE  PÈRE

145  Vous me ferez tant courroucer

        Que de bien bref vous vous tairez !

                        LA  MÈRE

        Par la croix de Dieu, vous mentirez64 !

        Fussiez-vous encor(es) plus testu,

        Jamais n’ira tant65 que j’aye veu

150  S’il a ses cinq cens de Nature66.

                        LE  MARIÉ

        On fait les blédz à l’adventure67 :

        Les uns en ont par abundance ;

        Les autres perdent leur semence68,

        Tant leur survient d’adversité.

                        LA  MÈRE

155  Par Dieu ! tu en seras cité.

        Dea ! je pourvoyeray à ton fait69.

        Se tu estois homme parfait,

        Naturel70, comme tu dois estre,

        Elle l’eust bien peu [re]cognoistre71.

160  Ses courroux seront convaincus72.

        S’il ne couste que dix escus,

        Je les payeray bien tout contant73.

                        LE  MARIÉ

        Pleust à Dieu qu’en eussiez autant

        Bien ataché entre deux yeulx74,

170  Et qu’eusse75 congé en tous lieux

        De vous mener de ville en ville76 :

        Ma vie seroit bien assignée77 !

                        LA  MÈRE

        Fust ta teste encor(e) plus subtille,

        Et dix mille foys plus ferme,

175  Si ne suis je point si insensée78

        Que tu me sceusses abuser.

        Mais qui te mena espouser79 ?

                        LE  MARIÉ

        Pourquoy ?

                        LA  MÈRE

                           Tu n’as point de « fréros80 ».

                        LE  MARIÉ 81

        Par Dieu, voicy [de] beaulx binos82 !

180  Bien fust que vous [vous] fussiez tue83.

                        LA  FILLE

       Se c’est cause d’estre batue84,

        Gardez-vous bien de vous [y] faindre85 !

                        LA  MÈRE

        Tu n’as point de cause de te plaindre,

        [Car tu es la plus fortunée !]86

185  Il ne t’a nuict ne jour foulée87,

        Ne fait tumber la couverture ?

                        LE  MARIÉ

        Vistes-vous jamais créature

        Plus affolée88 que ceste-cy ?

                        LA  MÈRE

        Regardez quel « seigneur89 » voicy,

190  Quel avortillon90, quel coquart !

        Il faisoit tant du loricquart91,

        Du temps qu’il[z] estoi[en]t fiancé[z] !

        De la corne92 il avoit assez.

        La pluspart du temps il dansoit,

195  Il vouloit lever le corset93

        Incessamment pour tout parfaire94 ;

        Tout à force luy vouloit faire95.

        Et maintenant qu’il le peult bien,

        Ce trahistre-cy96 ne luy fait rien.

200  Par Dieu, elle en départira !

                        LE  PÈRE

        Thomasse, il [y] advisera.

        C’est assez dit pour ceste foys.

                        LA  MÈRE

        C’est trop atendu [que] d’un moys.

        Par la puissance Charlemaigne97 !

205  Se tu estois une sepmaine,

        Voire trois jours sans me le faire,

        J’aurois le cueur de te deffaire98,

        S’il n’y avoit excusation !

                        LE  PÈRE

        Il fault souper, c[’en] est saison99.

210  Taisez-vous, il se changera.

                        LA  MÈRE

        Il ne bevra ne mengera

        Aujourd’huy à ceste maison !

                        LE  MARIÉ

        Vous aurez en brièfve saison100

        Autres nouvelles, sur ma foy :

215  Qu’elle s’en reviengne avec moy,

        Car j’avois autre empeschement.

                        LA  MÈRE

        Fauldrez-vous point101 ?

                        LE  MARIÉ

                                                Nenny, vrayment.

                        LA  MÈRE

        Or bien, tu t’en retourneras ;

        Second102 ce que tu trouveras,

220  Tu m’en viendras tost advertir.

        Car je t’en ferois départir,

        S’il ne vouloit faire autre vie103.

        Dieu gard de mal la compagnie !

.

                                   FIN

*

1 L’un avec l’autre, ensemble. La farce conservera ce détail.   2 Jusqu’à ce.   3 En la réprimandant.   4 BM : Lhomme  (Il rentre chez lui et appelle sa femme, qui cuisine.)  Ce début rappelle celui de l’Amoureux, publié vers la même époque par le même éditeur : « –Ma femme ! –Que vous plaist, Roger ? »   5 Activez la préparation du souper.   6 En regardant par la fenêtre, il voit sa fille qui vient vers la maison.   7 BM : gueres  (Ne nous faites plus attendre.)   8 Si on m’avait prévenue.   9 BM : se  (Mais pour aujourd’hui, que Dieu m’assiste. « De cela faire, ainsi m’aid Dieu, prétends. » Le Plaisant boutehors d’oysiveté.)   10 BM : ayes patience  (Correction d’André Tissier : Recueil de farces, I, Droz, 1986, pp. 67-104.)  Il faudra que vous vous contentiez de ce qu’il y a. L’auteur respecte rarement les diérèses.   11 Maishui, aujourd’hui.   12 Elle entre seule : voir la note 1. On suppose que son mari cherche dans le quartier une place pour garer la carriole.   13 Triste mine. Emprunté à Pogge : v. ma notice.   14 Celui qui me fit connaître mon mari.   15 Je suis née à une mauvaise heure, sous une mauvaise étoile. Même vers dans les Basteleurs.   16 BM : espousee.   17 BM : Que oncq puis  (Que depuis mon mariage.)  « J’eu le cuer si iré/ Qu’oncques-puis je n’eu joye, pour dire vérité. » Florent et Octavien.   18 Courroucer. « Et qui vouldra courcer s’en cource. » Jeu du Prince des Sotz.   19 BM : maintient  (Qu’il entretient. « Un filz cognut charnelment une jeunne femme que son père tenoit. » ATILF.)   20 Vers manquant. « Une nourrisse/ Qui estoit encore pucelle. » Tout-ménage.   21 Mon sexe. « Du jaloux qui seella la chose à sa femme. » ATILF.   22 Était fait de fiente. Fïents rime avec cïans, comme aux vers 496-7 de Frère Guillebert.   23 Doucement.   24 Le printemps.   25 Profanes, matérielles.   26 « Et il est ta fièvre quartaine ! » Jénin filz de rien.   27 BM : Ca vous  (Savez-vous ce qu’il en est ?)   28 BM : songer  (Aurait beau jeu de changer de mari.)   29 De le mettre en garde.   30 Cela vaudrait mieux. « Il sera trop mieulx faict d’aider à ceulx que l’on veult oultraiger. » Claude de Seyssel.   31 BM : nest pas demye  (Elle n’a plus un souffle de vie. « Sa femme est seiche et tarie,/ Et n’a pas de vie plein poing. » Guillaume Coquillart.)  Jeu de mots : elle n’a pas de vits [de pénis].   32 BM : peu  (Depuis peu. « Iceulx ville et chastel ont esté, puis un poy de temps, prises par noz ennemis. » Henri VI.)   33 Cité à comparaître devant l’Official, qui juge les cas d’impuissance. (Idem vers 155.) Sous le titre D’un qui estant couché auprès d’une belle fille sa mariée, le manuscrit « Cinq cents de Colbert 488 » consigne une anecdote survenue en 1579 : un jeune homme apprend que la fille qu’il va épouser le lendemain a déjà un enfant. Il feint d’être impuissant pour que la mère de la vierge un peu ébréchée le fasse démarier par un juge d’Église, ce qui advient. Plus tard, il révèle tout à la mère, ajoutant « qu’il estoit aussi bien fourni des pièces qu’il falloit à une femme qu’aucun autre homme de sa qualité ».   34 Examiné par des chirurgiens pour voir s’il est normalement constitué. Cf. Maistre Doribus, vers 17 et 92.   35 BM : cest  (N’as-tu pas eu l’idée.)   36 S’il est parfaitement constitué. Voir les vers 157-8. La curiosité toute féminine des mères va de soi : « Elle dist à sa fille : “Or, vien çà, et me dy par ta foy : et de ces choses de nuyt, comment t’en est-il ?…. Je suis vostre mère, à qui ne devez rien celer, et de qui ne devez estre honteuse. Vous a-il encores rien fait ?…. Scez-tu point s’il est fourny de tous ses membres ?” » Cent Nouvelles nouvelles, 20.   37 Le risque.   38 Directement, d’emblée.   39 Vers manquant. « Sitost la première nuyt qu’il fut près de sa femme couché, luy, qui oncques sur beste crestiane [sur une femme] n’avoit monté, tantost luy tourna le doz. » Cent Nouvelles nouvelles, 20.   40 « S’ilz ne sont en bien grant esmoy. » Guillerme qui mengea les figues.   41 Je l’enlaçai par-derrière.   42 Je l’assaillis, je l’assiégeai.   43 BM : lenuelopa de  (Il déroula sa chemise de nuit jusqu’aux genoux.)   44 Au bord.   45 Vers manquant. Je lui substitue le vers 206 de Mahuet. La foire est la diarrhée.   46 Que tu n’aies pas agi selon ton intérêt. L’auteur scande aye en 1 syllabe, comme à 149.   47 BM : premiere  (« Ung gros lourdault de village espousa/ Une fillette qu’estoit aspre à “l’ouvrage”./ La prime nuict, deux fois la déshousa. » Ung gros lourdault.)   48 Je faisais semblant.   49 Je ne faisais pas autre chose qu’attendre qu’il se jette sur moi.   50 BM : mauldit  (Reprise inopportune du vers 87.)  Cette tirade est très abîmée ; je ne garantis pas mes corrections.   51 Divorcerez. Idem vers 200 et 221. L’impuissance, parce qu’elle rendait la procréation impossible, autorisait le divorce.   52 Bien vite.   53 BM : tret   54 BM : frappe / Dune  (Toujours grandiloquente, la mère déploie une métaphore baroque.)   55 Je ne lui ferai pas faux-bond !   56 BM : gard.  (Voir le refrain de ce triolet à 127.)   57 Allez-vous bien ?   58 Je te renie.   59 Profit.   60 Dans son vagin. « Madame la Fourrière, vous me logeastes, l’autre nuict, bien au large ! » Bonaventure Des Périers.   61 D’une espèce perfide.   62 Pour duper quelqu’un.   63 Qu’on lui « frotte » le sexe. « Ilz vont de nuit, par les estuves,/ Unes et aultres estriller. » ATILF.   64 Mon mari, vous n’aurez pas dit la vérité. « Par la mort bieu, vous mentirez ! » Le Poulier à sis personnages.   65 Jamais il ne s’en ira avant.   66 « La veuë, l’ouÿe, l’odorat, le toucher, le goust, sont les cinq sens de Nature. » (Dict. de l’Académie françoise.) La mère considère que le sens érectile est l’un d’entre eux.   67 On récolte le blé comme il a poussé.   68 BM : croissance  (Les graines qu’ils ont semées.)   69 BM : cas  (Correction suggérée par A. Tissier.)   70 Normal. Le vers 76 porte « parfait en nature ». Mais Pogge (v. notice) dit : « Vous n’estes pas homme naturel comme les aultres. »   71 Elle aurait pu s’en apercevoir.   72 Démontrés, justifiés.   73 Comptant.   74 Plût à Dieu que vous ayez ma verge à la place de votre nez. C’est le monde à l’envers, puisqu’on souhaitait une pareille disgrâce aux homosexuels : « Les hommes de celle terre estoyent tant tachéz du très horrible péché sodomiticque, que myeulx devoyent porter en la face les segretz virilles [leurs organes cachés], pour l’impropère de leurs vices, que les tenir en lieu couvert pour en abuser contre nature. » Jean d’Auton.   75 BM : que ieusse   76 On exhibait les monstres pour gagner de l’argent. « Je vis avant-hier un enfant que deux hommes & une nourrisse (…) conduisoyent, pour tirer quelque sou de le montrer à cause de son estrangeté. » (Montaigne.) Les rimes 171-175 sont croisées.   77 Assurée. « Mon premier maistre et celuy qui m’a mis/ En service, duquel j’ay ma vie assignée. » ATILF.   78 BM : estonnee  (« Je ne suys pas sy incensée. » Le Poulier à sis personnages.)  Encore une tirade maternelle abîmée. Le cabotinage des acteurs qui ont tenu ce rôle excessif n’y est peut-être pas pour rien.   79 Jusqu’à une date récente, les homosexuels avaient intérêt à prendre femme pour ne pas attirer l’attention.   80 Les « petits frères » sont les testicules, qu’on appelle plus souvent les deux sœurs.   81 Tournant le dos au public, il baisse son haut-de-chausses devant sa belle-mère. Voir Pogge. « Le mary (…) cuidoit aussi bien estre party [partagé] de l’instrument naturel que voisin qu’il eust. “Et affin (dist-il) que j’en soye mieulx creu, et vous voiez son tort évident, je vous monstreray tout.” Il mist sa denrée avant sur la table, devant tous et toutes, et dist : “Véez ci de quoy !” » Cent Nouvelles nouvelles, 80.   82 Testicules. Plaisanterie de collégiens sur une expression de Cicéron, « binos habebam » : J’avais une paire. Au Palais des papes d’Avignon, on disait « duos habet » : Il en a deux.   83 Ma femme, vous auriez mieux fait de vous taire !   84 Si c’est une raison pour que je sois besognée. « Il y a maintz qu’ont tant de cons batuz/ Qu’en la fin sont vaincuz et combatuz. » Gratien Du Pont.   85 Ne faites pas semblant : allez-y franchement. Dans le Ribault marié, une femme qui tape sur un homme s’écrie : « Je ne m’y fains point ! »   86 Vers manquant. Fortunée = chanceuse : v. Pogge. « Il portoit le plus beau membre, le plus gros et le plus quarré qui fust…. La femme estoit eureuse et bien fortunée, qui de tel mary estoit douée. » Cent Nouvelles nouvelles, 65.   87 Écrasée sous lui. Cf. Frère Guillebert, vers 13 et note.   88 Plus folle.   89 Quel grand homme ! Cette locution ironique servait d’insulte : voir les vers 101 et 189 du Roy des Sotz, le vers 338 de Deux hommes et leurs deux femmes, ou le vers 367 du Povre Jouhan.   90 Avorton. « Plustost demourans avortillons ou naintres [nains] qu’hommes parfaicts. » Jean Talpin.   91 Le fanfaron. Cf. le Résolu, vers 88.   92 De l’orgueil. On devine une métaphore phallique : « Ma corne estant trop faible en bas,/ Messieurs, j’en porte sur ma teste. » Tabarin.   93 La robe. « Je la gettay sur l’herbette jolie,/ Je luy levay son corset, en après sa chemise. » En revenant de Sainct-Anthoine.   94 Pour tout accomplir.   95 Il voulait lui faire l’amour de force.   96 Ce traître. « Traï-tre » compte pour 2 syllabes : cf. le Jeu du Prince des Sotz, vers 74.   97 La mère, qui n’a pas d’invectives assez fortes, jure par la puissance (sexuelle ?) de Charlemagne.   98 De te tuer. Cf. le Munyer, vers 346.   99 BM : une lecon  (Il en est temps. « Il est saison/ De soupper. » Deux hommes et leurs deux femmes.)   100 Très bientôt.   101 Ne manquerez-vous pas à cette promesse ?   102 Selon, du latin secundum. Selon ce qu’il te fera.   103 Changer de vie, de comportement.

Laisser un commentaire