Archives de Tag: Aphrodisiaque
CHAGRINAS
.
*
CHAGRINAS
*
.
Comme le Capitaine Mal-en-point ou Marchebeau et Galop, cette farce écrite pour Paris est l’œuvre d’un Picard. Paris entretenait des liens universitaires avec la Picardie, grâce à la « Nation picarde » et au collège de Beauvais : voir la notice du Mince de quaire.
La farce met en scène une fille jeune qui vient d’épouser malgré elle un vieil impuissant, que l’auteur a eu la malice de baptiser Trubert : c’est le titre d’un fabliau de Douin de Lavesne, dont le héros peut faire l’amour « anuit treize foiz ». Le voisin du couple est un apothicaire douteux qui se prétend médecin ; au lieu de vendre un de ses aphrodisiaques au mari, il préfère administrer un « clystère barbarin » à l’épouse.
Source : Recueil de Florence, nº 28.
Structure : Rimes plates, avec 3 triolets.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
.
*
Farce nouvelle trèsbonne
et fort joyeuse
d’une femme à qui son
voisin baille ung clistoire
*
À .III. parsonnages, c’est assavoir :
T[R]UBERT CHAGRINAS
FRIGALLÈTE, sa femme
DOUBLET, son voisin
.
CHAGRINAS
*
DOUBLET, médecin, commence 1 SCÈNE I
Eaue de vie qui soustient vie2
Et ziques-zaques au verd-jus3 !
J’ay, contre toute maladie,
Eaue de vie qui soustient vie !
5 Çà, çà ! Qui en veult, si le die
Tandis que dure le surplus4 !
Eau de vie qui soustient vie
Et zicques-zacques au verd-jus !
.
Il me convient mettre cy jus5 ;
10 C’est le mieulx que je m’y estable6.
Je dresseray icy ma table
Pour veoir s’il viendra point d’acquest7.
Je tiendray icy mon bacquet8,
Aussi esbahi q’ung escouffle9.
15 Vécy pour guérir du froit10 souffle
(Qui procède du mal des rains)
Avec[ques] des salutz gauldins11
Et ung peu d’uille génitaine12,
Qui donne la fièvre quartaine13
20 À ung homme transi d’amours.
Si feray qu’il sera trois jours
Tous saisi de la fantaisie14,
Avec ung peu de jalousie
Qui luy viendra soubdainement.
25 J’ay encor d’ung aultre oingnement15
À ung baril mis à costé,
Qui est de tel propriété
Que la femme dit à tous coups
L’eure que son mary est coux16
30 Aussi bien que sçait le devin.
Vez-en cy17 qui est fait de vin
Pour faire les visaiges frais ;
Qui en vouldra se tire près18 :
Sa besongne sera tost19 faite.
.
TRUBERT CHAGRINAS 20 SCÈNE II
35 Estes-vous céans, Frigallette21 ?
FRIGALETTE
Ha ! je m’en voys22 à vous, Trubert.
TRUBERT
Viendrez-vous point ?
FRIGALLECTE
Dieux ! je m’apreste.
TRUBERT
Estes-vous céans, Frigallète ?
Apportez-moy…
FRIGALLETTE
Quoy ?
T[R]UBERT
Ma sellette23.
40 Si tiendray mon ouvrouèr24 ouvert.
Estes-vous céans, Frigallette ?
FRIGALLETTE
Ha ! je m’en voys à vous, Trube[r]t.
.
DOUBLET 25 SCÈNE III
Comment mon voysin est expert
D’entendre à faire son prouffit !
45 [Par le] saint sang bieu que Dieu me fist26 !
Sa femme est [bien] mal assenée27,
Qui à tel villain est donn[é]e,
Pour la mener si rudement
Sans fournir à l’appointement28.
50 C’est assez pour avoir la toux29.
.
TRUBERT SCÈNE IV
Çà, Frigalète, viendrez-vous ?
FRIGALETTE
Me vécy, Trubert. Que vous fault ?
TRUBERT
N’oyez-vous point le cry si hault ?
FRIGALETTE
Et pourquoy criez-vous ainsi ?
TRUBERT
55 Je vueil que vous soyez icy
Encoste moy30 où je besongne,
Et que fillez vostre quelongne31 :
Il vous fault penser à l’ouvraige.
FRIGALETTE
Esse le bien de mariage,
60 Trubert, que vous m’avez promis ?
Vous distes à tous mes amys32
Que [vous] me feriez tant de bien ;
Je ne m’en apperçoys de rien :
Je me liève comme je couche33.
.
DOUBLET SCÈNE V
65 Saint Anthoine ! le cas luy touche.
J’entens à ce coup la traisnée34 :
Elle est nouvelle mariée,
Et c’est dont viennent les débatz.
Elle veult qu’on besongne au « bas35 »,
70 Et il veult ouvrer à sa selle.
Par ce moyen, son « cas36 » chancelle
Et est de choir [en] grant danger.
.
TRUBERT SCÈNE VI
Frigalette, pour abréger,
Je [ne] vueil point qu’on se repose.
75 S’il vous plaist, faictes quelque chose !
Le ferez-vous ?
FRIGALETTE
Et que feray-je ?
TRUBERT
Pensez…
FRIGALETTE
À quoy ?
TRUBERT
[À vo]37 mesnage.
Allez laver vos escuelles !
FRIGALETTE
Elles sont la moitié trop belles38.
TRUBERT
80 Si nettoyez39 vostre maison !
FRIGALLECTE
Il n’est point maintenant sayson40.
TRUBERT
Mettez donc les mains à la paste41 !
FRIGALETTE
Attendez, vous n’avez pas haste42.
TRUBERT
Allez faire boullir le pot43 !
FRIGALETTE
85 Ne vous chaille, g’iray tantost.
TRUBERT
Allez acoup44 faire voz litz !
FRIGALETTE
Ha ! que vous chargez de broullis45 !
TRUBERT
Vous vous deussiez bien avancer46.
FRIGALETTE
Aussi deussiez-vous bien penser
90 À aultre chose, Chagrinas.
TRUBERT
Et à quoy ?
FRIGALLECTE
Dieulx, tant de harnas47 !
TRUBERT
Fais-je point ce qu’il appartient48 ?
FRIGALETTE
Je sçay bien où le mal me tient ;
J’ay bien cause de m’en douloir.
TRUBERT
95 Si faictes donc à mon vouloir,
Et puis nous serons à recoy49.
FRIGALETTE
Et ! que ne faictes-vous à moy,
Aussi bien, à ma voulenté,
En ung cas de nécessité,
100 Comme vous voulez que je tasche
À besongner pour vous à tâche50 ?
.
DOUBLET SCÈNE VII
A ! ventre saint Gris, quel brocart51 !
Se [je] vous tenoye à l’escart
En l’hôtel, sur52 quelque cous[s]in,
105 Je secourroye53 mon voisin
En ce cas-là, je vous asseure !
.
TRUBERT SCÈNE VIII
Frigallette, tout de ceste heure54,
Allez nous quérir à disner,
Car je suis las de tant jeûner.
110 Et faictes que je vous revoye55 !
FRIGALETTE
Si feray-je.56
.
Que froide joye SCÈNE IX
Puis[t-]il avoir de ses genoulx,
Qui57 nous assembla, moy et vous,
Pour avoir tousjours tant de peine !
115 Le villain, toute la sepmaine,
Ne cesse tousjours de hongner58 ;
Et jamais ne veult « besongner59 ».
Mais ung jour, s’en repentira.
.
DOUBLET SCÈNE X
Dieu vous gard, voisine ! Comment va ?
120 Chagrinas vous fait-il grant chère60 ?
FRIGALETTE
Pleust à Dieu qu’eust61, en la rivière,
Six piéz d’eau62 dessus les esselles !
DOUBLET
Sainct Jehan ! ce sont maises63 nouv[e]lles.
Et ! qu’i a-il ? Dont64 vient le cas ?
FRIGALLETTE
125 Et ! com[m]ent ? Ne voyez-vous pas
Comment Chagrinas me chagrinne ?
DOUBLET
Ne vous chaille, c’est pour doctrine65.
Il fault endurer, se m’ai Dieux66 !
FRIGALLETTE
Endurer ? J’aymeroye mieulx
130 Qu’il fust mort de senglante mort !
DOUBLET
Et ! certes, vous n’avez pas tort.
J’ay bien tout le débat ouÿ :
Encor suis-je tout esbaÿ
Commant vous avez enduray
135 Tant que le jour si a duray67
La grande peine de son plait68.
FRIGALLETTE
Cuidez-vous, mon voisin Doublet,
Qu’il me parle d’esbatement ?
Nenny ! Tousjours, incessammant,
140 Je suis en peine et [en] traveil69.
DOUBLET
Se voullez croire mon conseil,
Croyez que ferons par decoste70
Bien noz « besongnes ».
FRIGALETTE
(Quel fin hoste71 !
[Mais je suis encore plus fine.]72)
DOUBLET
145 Ha ! dea, entendez, ma voisine :
Laissez Chagrinas chagriner,
Et entendez à vous donner
Du bon temps [tout] à vostre entente73.
FRIGALETTE
Sur mon âme, j’e[n] suis contente !
DOUBLET
150 Soit blanc, soit noir comme charbon,
Pour tant que74 vous semblera bon,
Prenez-le tandis qu’estes jeune.
FRIGALLETTE
Mauldicte sois-je se j’en jeusne75 !
DOUBLET
Se vous avez mestier76 de moy,
155 Je suis tout vostre, par ma foy,
Pour vous « servir77 » soir et matin.
FRIGALLETTE
Et ! certes, c’est dit78 de voisin.
DOUBLET
Sçavez-vous comment vous ferez ?
Quant [à vostre hostel vous viendrez]79,
160 S’il veult entrer en son propos,
Hardiment tournez-luy le dos
Et luy dictes (pour abréger)
Que vous estes en grant danger ;
Et, qui brief ne remédiera80,
165 [Que vous vous mourrez]81 de cela :
Une maladie soubdaine,
Qui tient jeune femme si vaine82
Qu’elle en chiet83 [très]toute pasmée
Vingt et deux fois en la journée,
170 Qui n’y remédie à l’ostel84.
FRIGALLETTE
Le [moyen fera-l’on ytel]85.
[DOUBLET]
[Pour entendre]86 au fait principal,
Je luy diray que tout ce mal
Est dangereux, en la saison.
175 [Si] que87 luy-mesme(s), en ma maison
Vous envoira tout deschappé88
Pour vous bailler ung récipé 89.
Et par ce moyen, bien et beau90
[Nous] le ferons franc macquereau91,
180 [En] faisant grant chère au surplus.
FRIGALLETTE
Ouy, il souffist, n’en parlez plus :
J’entens où vous voullez venir.
La fièvre le puisse tenir,
Qui92 bien ne tiendra sa promesse !
185 Adieu, mon voisin ! Je vous laisse.
DOUBLET
Adieu, ma voisine, m’amye !
Mais, pour Dieu, ne m’oubliez mye93 !
Je suis vostre.
FRIGALLETTE
J’entens assez.
DOUBLET
Nous luy en baillerons.
FRIGALLETTE
Pensez !
DOUBLET
190 Tout au long du bras.
FRIGALLETTE
N’en doubtez !
DOUBLET
Que vous baise, pour tous recors94 !
FRIGALLETTE
Je vous baille la foy du corps95
Que jamais ne luy feray bien.
DOUBLET
Se vous voulez, par mon moyen,
195 Nous luy ferons menger de l’oue96.
FRIGALLETTE
Adieu, mon voisin ! Je m’en broue97
Pour luy dresser son entremetz98.
Ne vous doubtez99 : puisque m’y metz,
Je luy en bauldray100 bien avant.
.
TRUBERT SCÈNE XI
200 Quant je m’avise, maintenant,
Frigallette ne revient point ;
Et si101, est bien dessus le point
D’une heure qu’elle [s’]est partie102.
L’homme est heureux qui a partie103
205 Qui ne luy contredit de rien.
.
FRIGALLETTE SCÈNE XII
Dieu y soit ! Trubert, je revien.
Par mon serment ! je suis bien matte104.
Je feusse cheute toute plate.
Se n’eust esté [ma bonne Agathe]105,
210 Qui106 de son bien m’a secourue,
Je fusse cheute enmy la rue107
Tout soudainement sur les dentz108.
TRUBERT
Je cuide que guaires de gens
Ne meurent de tel maladie ;
215 Mais il souffist bien qu’on le die,
Pour faire ung peu [de] la mignotte109.
FRIGALLETTE
Vélà de quoy110 ! Tousjours riote
Vostre corps111.
TRUBERT
Ayez pacience !
FRIGALLETTE
Ha ! Nostre-Dame-de-Lience112 !
220 Sainte Marie Magdalène !
Je [me] meurs ! Je n’ay plus d’alaine113 !
Ma maladie si me vient114.
TRUBERT
Esse donc à bon escïent115 ?
FRIGALLETTE
À bon escïent ? Ha ! Trubert,
225 Vous m’aymez bien peu, il y pert116,
Quant vous me voyez au mourir
Et ne me voulez secourir
En mon mal, qui117 est nécessaire.
Au moins, se ne le voulez faire,
230 Appellez-moy le médecin.
TRUBERT
Je voys donc hucher118 mon voisin.
FRIGALLETTE
Allez, ou mourir [je m’en voys]119.
.
TRUBERT SCÈNE XIII
Hélas, mon voisin ! Ceste foys,
Aydez-moy, ou je je suis infâme120 !
DOUBLET
235 Qu’i a-il ?
TRUBERT
Qu’il y a ? Ma femme
Taillée est qu’elle se mourra121,
Qui bien brief ne la secourra122.
Elle m’a dit que la peine
Est tant grièfve et tant soubdaine
240 Qu’elle en est presque au mourir.
Pour Dieu ! venez la secourir,
Mon voysin, je vous en requiers !
DOUBLET
G’y vois, certes, trèsvoulentiers.
Pour vous, feroye plus que tant123.
TRUBERT
245 Pour Dieu, allons-y tout batant124 !
DOUBLET
Hastons-nous !
TRUBERT
Mais je vous en prie !
.
DOUBLET SCÈNE XIV
Or çà, ma voysine, m’amye :
Comment se porte la santé125 ?
FRIGALLETTE
Laissez-moy !
DOUBLET
Bénédicité !
250 Jhésucrist soit avecques vous !
Que je taste ung pou vostre126 poux…
Elle a maladie grevaine127.
TRUBERT
Comme quoy ?
DOUBLET
La bate luy vaine128
Terriblement en plusieurs lieux.
TRUBERT
255 Comment ? Le temps est dangereux129.
Vécy [bien] terrible adventure !
DOUBLET
Le mal luy vient130 d’eschauffeture,
Et luy procède de courroux.
TRUBERT
Ha ! mon voisin, que dictes-vous ?
DOUBLET
260 C’est maladie conjonctive131
— Et aulcunement132 narative
D’abundans superfulités133 —
Qui luy espraint134 tous les costés.
Elle en chet en grant litargie135.
265 S[e] elle en veult estre allégie136,
Il convient, tout au long de l’an,
Qu’el use du dëadragan137
Confit avec dïaculun138.
TRUBERT
Hélas, mon voisin, calculon139
270 Quel maladie ce peult estre.
DOUBLET
Dieu ait l’âme de mon bon Maistre140,
Qui trèstous ses biens aprins m’a !
Brief, el(le) ne meurt que de cela141.
Se voulez qu’en santé la tienne,
275 Qu’avecques moy elle142 s’en vienne ;
Et je lui bauldray ung clistoire
Qu’on dit « barbarin143 ».
TRUBERT
Hélas, voire,
Mon voisin, c’est dit de bon homme.
Mais je ne sçay manière144 comme
280 Elle se pourra soustenir.
FRIGALLETTE
Me ferez-vous b[e]a[u]coup languir ?
Ha ! las, Nostre Dame, le cueur145 !
TRUBERT
Frigallette, prenez bon cueur146 :
Il vous fault lever, ma doulcine.
285 Si prendrez cy la médecine
Que mon voisin vous veult donner.
FRIGALETTE
Hastez-vous de m’y147 enmener,
Ou je me mourray en ce lieu.
DOUBLET
Or, sus donc, allons ! De par Dieu,
290 J’espoir que vous amenderez148.
Adieu, voisin ! Vous la verrez
En bonne sancté au retour.
TRUBERT
Je vous prie par [fine] amour149,
Voysin : faictes vostre devoir.
DOUBLET
295 Je le feray à mon povoir,
Tout ne plus ne moins (par mon âme !)
Que s’elle estoit ma propre femme.
[Il est temps de se mettre en route.]150
Adieu !
TRUBERT
Adieu !
.
DOUBLET SCÈNE XV
Ronge la crouste151 !
300 Çà ! Nostre Dame, quel lambert152 !
FRIGALLETTE
Par ma foy ! il est bien trubert153,
De [moy laisser]154 venir seullette.
DOUBLET
Ne vous en chaille, Frigalette :
Nous nous dégoiserons155, nous deux.
FRIGALLETTE
305 Et ! sur mon âme, je le veulx,
[Mon] amy !
DOUBLET
Ma plaisance entière !
FRIGALLETTE
Mon souverain !
DOUBLET
M’amye chère !
Ma mignonne !
FRIGALECTE
Mon dorelot156 !
DOUBLET
Mon cueur doulx !
FRIGALETTE
Mon petit falot157 !
DOUBLET
310 M’amour !
FRIGALLETTE
Et mon esbatement !
DOUBLET
Passons le temps joyeusement,
Puisque nous sommes à gogo158.
.
TRUBERT SCÈNE XVI
Et ! certes, je suis bien dendo159.
Dando ? Mais bien plus : que dandinastre160 !
315 Dandinastre ? Mais vray folastre161
Folastreusement affollé,
Que je ne m’en suis pas allé
Avec[ques] ma femme, en coquoys162.
Se mon voisin « crousle ses pois163 »,
320 J’en seroye prins par la moue164.
Touteffois, ainsi qu’on se joue165,
Je m’en iray, par bon advis,
À l’uys166 escouter leur devis,
Et sçauray toute leur façon.
.
DOUBLET SCÈNE XVII
325 Je vous requier que nous fasson167
Bonne chère.
FRIGALLETTE
Mais j’en supplie !
DOUBLET
Comment vous portez-vous, m’amie ?
FRIGALETTE
À vostre plaisir, mon amy.
Quant je pense : se168 mon mary
330 Venoit icy pour nous ruser,
Je ne [me] pourrois excuser169 ;
Je seroye déshonnorée.
DOUBLET
Vécy com(me) serez excusée :
Lundy, quant vous prendrez la voye
335 De venir droit à Saincte-Avoye170,
Vous trouverez par le chemin
Une chambre par Saint-Martin171.
Garde [il] n’aura de vous trouver ;
Il ne vous fauldra soucier
340 Que l’ung ou l’autre vous y voye.
FRIGALECTE
Sur ma foy, ce sera ma voye !
.
TRUBERT SCÈNE XVIII
Trubert Chagrinas, entens-la !
Ha ! ventre bieu, esse cela
De quoy on m’a tousjours servy ?
345 Se [je] ne m’en venge aujourd’uy,
Je vueil estre mort ou tué172 !
.
DOUBLET SCÈNE XIX
Touchez là173 !
FRIGALLETTE
Il en est sué174 :
Je ne fauldray point175. À lundy !
DOUBLET
Et par ce moyen que je dy,
350 Nous parvendrons à nos attaintes176.
.
TRUBERT SCÈNE XX
Vous ferez vos malles attaintes177,
Dont vous soyez tous deux farcys !
.
DOUBLET SCÈNE XXI
Ne faillez pas !
FRIGALLETTE
À mes périlz,
G’y serai, comment qu’il en voise178.
.
TRUBERT SCÈNE XXII
355 Revenez-vous, nostre bourgoise179 ?
Le sang bieu, vous serez servie !
FRIGALLETTE
Regardez : vécy belle vie !
Tousjours vostre corps tencera.
TRUBERT
Avez-vous plus mal de cela ?
FRIGALLETTE
360 Je n’en ay plus, la Dieu mercy !180
TRUBERT, en frappent :
Saint Jehan ! vous aurez de cecy :
C’est remède contre cela.
FRIGALLETTE
Ha ! faulx meurdrier, tu m’as meurdry !
TRUBERT
Saint Jehan ! vous aurez de cecy.
FRIGALLETTE
365 Au meurdre !
TRUBERT
Avez-vous plus mal de cela ?
FRIGALLETTE
Je n’en ay plus, la Dieu merci !
TRUBERT, en frappant :
Saint Jehan ! vous aurez de cecy :
C’est remède contre cela181.
FRIGALLETTE
370 Ha ! faulx traistre, tu m’as meurdry182 !
TRUBERT
Saint Jehan ! vous aurez de cecy.
FRIGALLETTE
Au meurdre !
TRUBERT, en frappant :
Je criray aussi !
FRIGALLETTE
Vous me tuez ! Pour Dieu, holà !
TRUBERT, en frappant :
Saint Jehan ! vous aurez de cecy :
375 C’est remède contre cela.
.
DOUBLET 183 SCÈNE XXIII
N’ay-je pas entendu delà
Frigallette, qui crie si hault ?
.
Et ! qu’esse, voisin, qu’il vous fault ? SCÈNE XXIV
Comment vous allez combatant !
TRUBERT
380 Saint Jehan ! vous en aurez autant,
Puisque vous trouvez en ma voye184 !
En frappant :
Tenez ! portez à Sainte-Avoye
Ceste chandelle pour offrande !
DOUBLET
Je m’en vois. À Dieu vous commande185 !
385 Comment il fiert186 à descouvert !
De m’en aller, je suis expert.
.
Vous priant trèstous, hault et bas,
Que prenez en gré nos esbatz,
Je vous en prie sans villenye :
390 Adieu toute la compaignie !
.
EXPLICIT
*
1 Devant chez lui, l’apothicaire fait de la réclame pour vendre ses aphrodisiaques. Il est chargé d’une tablette pliante et de diverses fioles. « Doublet », comme son nom l’indique, fait preuve de duplicité ; l’épouse adultère de Raoullet Ployart se nommera Doublette. 2 Jeu de mots sur le vit : le pénis. « Sa femme est seiche et tarie,/ Et n’a pas de vie plein poing. » (Guillaume Coquillart.) Cette eau de vie est donc un aphrodisiaque. 3 Au sperme. « Remuer la pille [le pilon] au verjus. » (La Fluste à Robin.) Faire zic-zac [faire le va-et-vient] = faire l’amour : cf. Frère Guillebert, vers 13. 4 Qu’il le dise tant que j’en ai en réserve. 5 Je vais tout poser ici. 6 F : estalle (Que je m’y établisse.) Le bonimenteur dresse un stand dans la rue, devant sa maison, qui jouxte l’atelier du sellier Chagrinas. 7 Quelque chose à acquérir, à gagner. 8 Le bac qui contient les fioles magiques. 9 Les yeux aussi ronds que ceux d’un oiseau de proie. L’écoufle est d’un naturel voleur, si l’on en croit le roman homonyme de Jean Renart. 10 F : poil (Le souffle froid, c.-à-d. une ventosité trop faible, empêche l’érection.) Avant la découverte de la circulation sanguine, on croyait que le pénis était déployé par un souffle d’air chaud. « Celle ventosité enfle le vit & le dresse…. Car se le vit ne tendoit, le sperme ne se pourroit espandre en la matrice. Et pour ce, ventosité y est nécessaire. » (Bernard de Gordon.) D’après le docteur Rabelais, avoir « vent en pouppe », c’est être en érection (Pantagruel, 1). 11 Des salutations féminines plaisantes. 12 L’huile génitale doit être une de ces huiles épicées dont on frictionnait les hommes souffrant d’un problème érectile. « Oindez l’espine du dos et les reins, & les coillons & le vit, & entour le cul, & la plante des piés, de huille de béen ou de huille de poivre. » B. de Gordon. 13 Le soi-disant médecin confond la fièvre quarte, qui revient tous les quatre jours, avec la fièvre blanche, qui est le désir érotique. Cf. Beaucop-veoir et Joyeulx-soudain, vers 340 et note. 14 De l’envie de copuler. 15 Une pommade. 16 À quelle heure elle a cocufié son mari. « Les femmes font coux leurs maris. » Les Esbahis. 17 Voyez-en ici : en voici un, d’onguent. 18 Que celui qui en voudra s’approche ! 19 F : toue (Il aura vite la figure rouge.) 20 Le fabricant de selles est dans son atelier, voisin de l’officine du charlatan. 21 Ce mot signifie appétissante (le Gaudisseur, v. 189) et gourmande. 22 Vais. Idem vers 231, 232, 243, 384. 23 Mon tabouret. 24 Mon ouvroir. Certains ateliers d’artisans s’ouvrent sur une large baie où s’accoude la clientèle. 25 Il s’approche de l’éventaire de ses voisins. 26 Juron picard. Halina Lewicka, qui examine les régionalismes de notre pièce dans ses Études sur l’ancienne farce française <pp. 129-132>, cite Éloy d’Amerval : « Par le sainct sang que Dieu me fist/ (Puisqu’il fault jurer en piquart) ! » Le Livre de la deablerie. 27 Mal mariée. Cf. le Clerc qui fut refusé, vers 16. 28 Au devoir conjugal. Cf. le Nouveau marié qui ne peult fournir à l’appoinctement de sa femme. 29 Le sexe d’une femme tousse quand aucun homme ne le réchauffe : « Vostre con a la toux, commère. » (Journal d’un bourgeois de Paris.) Le remède est évident : « Son “vraibis” en prit la toux./ Il luy faut faire un potage/ Batu à quatre genoux. » (Il estoit une fillette.) 30 À côté de moi. 31 Et que vous filiez votre quenouille. 32 À mes parents. Cf. le Gallant quy a faict le coup, vers 338. 33 Je suis aussi vierge le matin que le soir. 34 Les raisons profondes. « La bonne dame savoit bien la trainnée. » Cent Nouvelles nouvelles, 72. 35 Jeu de mots sur le bât [la selle], et le bas [le sexe des femmes]. Cf. les Femmes qui font renbourer leur bas. 36 Sa vulve : cf. la Fille esgarée, vers 38 et note. Quand le « cas » d’une femme risque de choir, il faut qu’un homme le sangle, ou le recouse avec son aiguille. « C’est pour fort retenir le “bas” :/ Leurs culz fourréz cherraient embas,/ S’elles n’estoient ainsi “senglées”. » (Les Sotz qui corrigent le Magnificat.) « –La belle fille,/ J’aperçoy que vostre “quoquille”/ A bien métier [besoin] de resserrer./ –Et vous voulez considérer/ Que s’elle tumboyt, d’avanture,/ Que ce seroyt double enfouture ? » (Jehan de Lagny.) 37 F : Au (En Picardie, vo = votre. Cf. Jehan Molinet, vers 18, 32, 34, 40.) La rime ai-je / ménage est picarde ; voir H. Lewicka, p. 130. 38 Elles sont déjà deux fois trop étincelantes. 39 F : nettoys (Jody Enders* a remarqué un détail frappant : « This is the only play of our entire collection in which all characters use the courteous vous form throughout. » *The Farce of the Fart and other ribaldries. University of Pennsylvania Press, 2013, pp. 194-218 et 432-436.) 40 Ce n’est pas le moment. 41 Pétrissez du pain, ou un pâté. 42 Ça ne presse pas. 43 Préparez le pot-au-feu. 44 Tout de suite. 45 D’embrouilles, de complications. Cf. les Sotz qui corrigent le Magnificat, vers 136. 46 Vous devriez prendre de l’avance, par rapport au ménage. 47 Tant de bruit pour rien ! C’est une expression picarde : « Pourquoy fait-on tant de harnas ? » Jehan de Wissocq. 48 Ce qu’il faut faire. 49 En paix. 50 Avec application. 51 F : bracart (Quelle pique ! « Ha ! ventre bieu, quel broquart ! » G. Coquillart.) Saint Gris est le surnom traditionnel de saint François d’Assise, qui portait une robe grise. 52 F : de (Dans ma maison, sur un édredon.) 53 Je lui porterais secours, je le seconderais. 54 La rime asseure / heure est picarde. Voir Lewicka, p. 130. 55 F : renuoye (Que je vous revoie vite.) 56 Elle sort dans la rue. 57 Qu’il puisse avoir la goutte aux genoux, celui qui… « Bien froide joye/ Puissiez-vous avoir des genoux ! » Les Drois de la Porte Bodés. 58 De grogner. 59 Copuler. Idem vers 69. 60 Vous traite-t-il bien, notamment au lit. 61 F : qui fust (Qu’il ait.) 62 F : par (Frigalette aggrave une expression : « Ils estoient en l’eaue jusques aux esselles. » ATILF.) 63 F : mauuaises (Locution picarde. Voir Lewicka, p. 58.) « Que tart ne peut venir à porte,/ Qui maises nouvelles aporte. » ATILF. 64 D’où. Idem vers 68. 65 C’est pour vous endoctriner, vous former. 66 Si m’aid Dieu : que Dieu m’assiste ! 67 A duré : toute la journée. F intervertit ce vers et le précédent. 68 De son plaid, de son radotage. 69 En travail, en souffrance. René Debrie, dans son Glossaire du moyen picard, donne la même graphie. « Qui souffrirent ce jour paine et traveil à merveilles. » ATILF. 70 À l’écart. 71 Quel malin ! Cf. la Pippée, vers 892 et note. Cette tirade est dite en aparté. 72 Vers manquant. J’emprunte le vers 503 des Botines Gaultier. 73 Comme vous l’entendez. 74 Pour autant que le plaisir. 75 F : iensn (Si je m’en prive.) 76 Besoin. 77 « Qui la vouldroit/ Servir à gré, il luy fauldroit/ Houer [labourer] sa “vigne” jour et nuyt. » Raoullet Ployart. 78 C’est une parole. Idem vers 278. 79 F : vous viendres a vostre hostel (Correction suggérée par Jelle Koopmans : Le Recueil de Florence, Paradigme, 2011, pp. 401-411.) 80 Si on n’y remédie pas rapidement. 81 F : Qua vous moures (Voir le vers 288.) 82 Si affaiblie. « Car vostre puissance est trop vaine/ Pour bien faire vostre devoir. » Ung jeune Moyne. 83 Qu’elle en tombe (verbe choir, comme à 264). Pâmée = évanouie. 84 Si on n’y remédie dans la maison, ou bien dans une hôtellerie, comme au vers 337. 85 F : meyen fera hon y tel (Itel = tel, ainsi. « Jamais je ne vis cas ytel. » Grant Gosier.) On suivra ce conseil. 86 F : Dentendre (« Et pour entendre le propos. » Troys Gallans et Phlipot.) 87 Si bien que. Cf. le Tournoy amoureux, vers 71 et 75. 88 F : eschappay (Sans prendre le temps de mettre son chapeau. « Lorsqu’il fauldra que la mort vous deschappe. » Godefroy.) 89 Une formule pharmaceutique. Cf. Maistre Doribus, vers 12, 81, etc. 90 « Bien et biau : Bel et bien. » Debrie, Glossaire du moyen picard. 91 F : malquereau (Nous en ferons un vrai maquereau, puisqu’il m’aura livré sa femme lui-même.) 92 Celui de nous deux qui. 93 F : pas (« Ma mye,/ Et ! pour Dieu, ne m’oubliez mye ! » La Fille bastelierre.) 94 Pour sceller notre contrat. Doublet embrasse Frigalette. 95 Je vous jure. 96 Nous le tromperons, comme maître Pathelin trompa le drapier quand il promit de lui faire manger de l’oie. « Je luy feray manger de l’oue ! » Serre-porte. 97 Je m’en vais. C’est un terme d’argot : cf. Gautier et Martin, vers 73. 98 Ce mauvais divertissement. Cf. Frère Frappart, vers 238. 99 Ne craignez rien. 100 Baillerai. (Même futur picard à 276.) Nous dirions aujourd’hui : Je la lui mettrai bien profond. N’oublions pas que le rôle de Frigalette est joué par un homme. 101 Et pourtant. 102 Il y a bien une heure qu’elle est partie. Cf. Raoullet Ployart, vers 232. 103 Quand il a une compagne. Jeu de mots involontaire : l’impuissant est souvent contredit par sa partie virile. « Garde bien que t’amye/ N’ayt pas faulte de ta partie,/ Ou tu t’en feras mespriser. » Le Conseil du nouveau marié, BM 1. 104 Abattue. « Dolente et mate. » Godefroy. 105 F : mon bon voisin (Le voisin n’est pas censé connaître la maladie de Frigalette. D’autre part, son empressement à la soutenir eût donné des soupçons au jaloux Trubert.) On supposera qu’Agathe est une voisine de Frigalette, une de ces « commères » toujours prêtes à jouer les faux témoins pour duper un mari. 106 F : Que 107 J’aurais chu dans la rue. « Cheute » est picard : voir Lewicka p. 130, et le Glossaire du moyen picard, de Debrie. 108 F : rencz (Sur les dents = à plat ventre. « Je crains qu’elle ne se trouve si haracée (…) qu’elle ne soit contraincte de tomber sur les dentz. » Duc de Nevers.) 109 L’élégante. Les dames de l’aristocratie trouvaient distingué d’avoir des vapeurs et de s’évanouir à tout bout de champ. 110 Nous y voilà ! « –Encore aurez-vous trop de bien./ –Vélà de quoy ! » Le Patinier, F 35. 111 Vous cherchez toujours des querelles. 112 Invocation au plus célèbre pèlerinage de Picardie. Même vers dans les Frans-archiers qui vont à Naples, et (avec la variante plus récente « Liesse ») dans la Laitière. 113 D’haleine, de souffle. 114 La crise revient. Frigalette s’écroule sur une chaise. 115 Est-ce donc vrai ? La rime est picarde. 116 Cela est apparent. Verbe paroir. 117 Ce qui pourtant. 118 Je vais appeler. Voir le Glossaire du moyen picard, de Debrie. 119 F : me conuient (Sinon, je vais mourir. « Ton œil, meurtrier de moy,/ Me mect en tel esmoy/ Que mourir je m’en vois. » Ton amour, ma Maistresse.) 120 Laisser mourir son épouse était somme toute assez mal vu. 121 Est susceptible de mourir. 122 Si on ne la secourt pas rapidement. Jeu de mots involontaire : Si on ne la « secoue » pas. Cf. le Sermon pour une nopce, vers 159-166. « L’un des clercs la secouoit, dis-je [je veux dire] la secouroit au besoin. » (Bonaventure Des Périers.) Les 3 vers suivants sont trop courts d’une syllabe. 123 Je ferais plus que cela. Cf. les Gens nouveaulx, vers 215. 124 F : bataut (Tout droit. Cf. Mahuet, vers 41 et 142.) 125 L’apothicaire du Testament Pathelin prononce le même vers, qui apparaît d’ailleurs dans une pléthore de farces. 126 F : son (Un pou = un peu : cf. la Laitière, vers 105. On admirera l’allitération avec « pouls ».) 127 Pénible. 128 Le guérisseur veut dire : La veine [le pouls] lui bat. Mais il ignore les termes techniques. 129 Cette saison — en général le printemps — est propice aux maladies : voir le vers 174. « Ne vous courroucez point,/ Car le temps est trop dangereux. » Le Povre Jouhan. 130 F : vient (Lui vient de la colère.) 131 F : viue (« Des maladies de la conjonctive qui sont, en nombre, treize. » Gui de Chauliac.) Jeu de mots sur la conjonction, le coït. 132 F : aultrement (Et quelque peu révélatrice.) 133 Encore un terme médical déformé. « Superfluité de menstrues. » ATILF. 134 Qui lui comprime. 135 Elle en tombe dans une grande léthargie. 136 F : allegee (Je rétablis la rime picarde. Voir Lewicka, p. 130.) 137 Nom vulgaire du diadragum, un remède à base de gomme adragante. « Autre médecine que dyadragan. » ATILF. 138 Sur cet emplâtre, précurseur de la vaseline, voir le vers 488 du Testament Pathelin, ou le vers 376 des Sotz fourréz de malice. À la française, diaculum se prononce dïaculon, d’où son franc succès dans la littérature grivoise. 139 F : calculun (Calculons, diagnostiquons.) 140 Lequel ? Nous avons le choix entre maître Doribus, maître Aliboron, maître Macé, maître Accipé, maître Grimache, etc. 141 De ne pas pouvoir faire l’amour. Idem vers 362. « De faire cela ? Ne luy chault,/ Car sa vigueur est amortie. » (Les Femmes qui font refondre leurs maris.) Cette maladie mortelle se nomme la « trop-fille » ; voir la notice de Frère Phillebert. 142 F : quelle 143 À une chambrière atteinte de trop-fille, frère Phillebert prescrit « un bon clistère barbarin ». Ce qualificatif remonte aux barbares turcs, qui passaient pour des sodomites indécrottables. Mais on pouvait aussi « donner un barbarin clystère/ Par devant, et non par derrière,/ À quelqu’une. » Le Pasquil des cocus. 144 F : ma mere (De quelle manière. « Or me dy la manière comme/ Tu es venu cy en ce lieu. » Les Trois amoureux de la croix.) 145 Dans Frère Phillebert, la chambrière atteinte de trop-fille se plaint aussi du cœur : « Han ! Dieu, le cœur ! » Mais le savant praticien rectifie : « Le cul ! » 146 Courage ! 147 F : moy 148 J’espère que vous guérirez. 149 Ce vers, tel que je le complète, est le vers 87 de Colin qui loue et despite Dieu. « Pri-e » compte pour 2 syllabes. 150 Vers manquant. 151 Contente-toi de la croûte, car c’est moi qui aurai la mie. Chez Doublet, Frigalette retrouve instantanément sa bonne santé. 152 Dans les Miracles, Lambert est un serviteur ou un sergent alcoolique. « Alez devant, alez, Lambert !/ Et ne faictes pas le trubert [le fou]. » Miracle de sainte Bautheuch. 153 Fou. « Robert,/ C’on tient pour fol et pour trubert. » Miracle de Robert le Dyable. 154 F : mon plaisir 155 Nous nous ébattrons. 156 Mon mignon. 157 Mon plaisant. « Ton dorelot,/ Ton mignon, ton petit fallot. » Le Dorellot aux femmes. 158 À notre aise. « Mieulx aimassent, à gogo,/ Gésir sur molz coissinés [coussins]. » Charles d’Orléans. 159 Idiot. « Tant tu es dando ! » (Mystère de l’Incarnation.) Mais également, cocu : cf. le Vendeur de livres, vers 100 et note. 160 Triple idiot. Jody Enders, p. 434, rappelle que le personnage de Molière « George Dandin is a famous cuckold ». 161 Fou. Les Fols des sotties n’auraient pas parlé plus follement : « Ces folâtres affolemens/ Affollés de folle affolance. » Les Vigilles Triboullet. 162 En catimini : cf. les Coppieurs et Lardeurs, vers 43. Mais le mot « cocu » n’est pas loin. 163 La secoue sexuellement. L’expression est inconnue ; je pense qu’il faut lire « crocque ses nois », comme dans cette ballade picarde : « Le galant, qui l’eut rebrassye [retroussée],/ Si luy print à croquer ses noix/ Si bien qu’elle en fut esbahye. » J’ay vit et couillons tout d’un drap. 164 Je serai abusé par leurs grimaces. « Il en sera par la moue pris. » Les Trois amoureux de la croix. 165 Tandis qu’ils s’amusent. 166 À l’huis. Trubert va écouter à la porte du voisin. 167 F : faison (« Tous hommes de haulte façon,/ Quelque chose que nous fasson,/ Ont grandement dames chéries. » Apologia mulierum.) 168 F : a 169 Je n’aurais aucune excuse. 170 Le lundi, des Parisiennes désireuses de rejoindre leur amant prétendaient aller faire leurs dévotions dans cette chapelle. « Tant aller trotant par ville à jeunes femmes, au lundy à Saincte-Avoye, au jeudy je ne sçay où, au vendredy à Saincte-Katherine, & ainsi ès autres jours. » (Christine de Pizan.) Cf. le Povre Jouhan, vers 190-2. 171 Saint-Martin-des-Champs, près de Sainte-Avoie. Jody Enders, p. 195, y voit « the medieval equivalent of getting a motel ». 172 F : tuay (Cette plaisanterie n’était pas neuve : « Si je ne suis mort ou tué. » Arnoul Gréban.) 173 Topez là ! Traditionnellement, le comédien met alors la paume de sa main devant sa braguette : cf. le Gallant quy a faict le coup, vers 40 et note. 174 F : tout suay (L’affaire est réglée. « Je suis mort, il en est sué. » La Laitière.) 175 Je ne vous ferai pas défaut. 176 Nous viendrons à nos fins. « Je parviendray à mes actaintes. » Mistère de la Passion de Troyes. 177 Vous serez atteints par de funestes maladies. « Pour préserver les cœurs de male actainte. » ATILF. 178 Quoi qu’il en soit. 179 Bourgeoise, avec un « g » dur picard. 180 L’imprimeur, ou le manuscrit qu’il avait sous les yeux, anticipe un doublon fautif et incomplet du triolet 368-375. 181 Les coups de bâton sont un remède contre les démangeaisons sexuelles. 182 Sournois meurtrier, tu m’as tuée. 183 Entendant crier sa maîtresse, il vient aux nouvelles. 184 Puisque vous vous trouvez sur mon chemin. 185 Je vous recommande. Cf. la Laitière, vers 75. 186 F : sert (Verbe férir.) Comme il frappe des parties du corps qui ne sont pas protégées par une armure ou un casque ! « Et le fiert à descouvert tellement qu’il l’abat à terre, mort. » Guy de Warvich.