COLIN QUI LOUE ET DESPITE DIEU
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COLIN QUI LOUE
ET DESPITE DIEU
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Cette longue pièce n’est qualifiée de farce qu’au vers 522. De par son thème et son traitement, elle a déjà tout des futures comédies psychologiques. L’auteur n’est pas entièrement responsable de cette innovation : il n’a fait qu’adapter pour la scène la 1ère des Facécies de Poge florentin, que Guillaume Tardif avaient traduites du latin vers la fin du XVe siècle. Cette traduction, que je publie sous la pièce, connut plusieurs rééditions dans la première moitié du XVIe siècle ; l’une d’entre elles inspira notre auteur.
L’auteur en question semble avoir appartenu à une quelconque Basoche, ces « royaumes » de clercs de procureurs qui organisaient toutes sortes de festivités, notamment théâtrales1. Voici ce qu’en dit son précédent éditeur, André Tissier2 : « Que l’auteur de la farce de Colin ait été un basochien contemporain de Guillaume Coquillart semble de même probable. Ne trouvera-t-on pas dans le texte un certain nombre de plaisanteries (d’auteur) qui appartiennent à la bonne tradition des joyeusetés basochiennes ? La langue surtout est significative d’un basochien de ce temps. »
Source : Recueil du British Museum, nº 14. La farce, peut-être lyonnaise3, fut publiée à Lyon vers 1546.
Structure : Rimes abab/bcbc, avec 3 triolets.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Colin qui loue
et despite Dieu
en ung moment
à cause de sa femme
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À troys personnaiges, c’est assavoir :
COLIN
SA FEMME [Catin]
et L’AMANT
*
COLIN commence en labourant 4, SCÈNE I
et dit en chantant :
A ! qu’i fauldroit souvent aguillonner 5 !
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Me6 pourray-je point séjourner
Le corps7, sans me tant travailler ?
Je ne sçay quel lieu8 me tourner,
5 N’à9 quel propos me ralier.
Cent mille escus et ung malier10
Me feroit tost cesser l’ouvrage ;
Ou de nobles ung plain cailler11.
Ce seroit bien pour faire rage,
10 Estre vestu à l’avantage
À la gorre12 du temps présent.
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LA FEMME 13 SCÈNE II
Colin !
COLIN
Hau !
LA FEMME
Muez ce langaige.
COLIN
Comme quoy14 ?
LA FEMME
Il fault de l’argent.
COLIN
C’est au propos de mon courage15.
LA FEMME
15 Colin !
COLIN
Hau !
LA FEMME
Muez ce language.
COLIN
Parlez de faire bon potaige16,
Car ce parler n’est beau ne gent.
LA FEMME
Colin !
COLIN
Hau !
LA FEMME
Muez ce language.
COLIN
Comme quoy ?
LA FEMME
Il fault de l’argent.
COLIN
20 Et pourquoy ?
LA FEMME
Vélà le sergent
À l’hostel, qui nous exéquute17.
COLIN
Vous me chantez ung piteux chant !
Je suis mis jus18 de ceste lutte.
Allez luy dire que je blutte19
25 La farine pour ung grant pain.
LA FEMME
Dieu ! faictes-vous la beste brutte ?
COLIN
Comment ?
LA FEMME
Il a jà mis la main,
À la requeste de Germain20,
En noz biens tout entièrement.
COLIN
30 Allez luy dire que demain
Je luy feray son payement.
LA FEMME
………………………… 21
Et puis il fault, au lancement22,
De l’argent pour mes carreleures23.
COLIN
Dictes-moy à cent frans d’injures,
35 Et nompas de bailler finance.
Engagez24 bagues et saintures.
Par ma foy ! je n’ay croix en France25.
LA FEMME luy tire la bource du sain 26.
Ne faictes point ces couvertures27 :
À ceste bource qu’on s’avance !
COLIN
40 Tousjours femme demande ou tence
Sans28 avoir paix à l’environ.
LA FEMME
Colin, en effect et substance29,
Si me fault-il ung chapperon.
COLIN
A ! voire, c’est don[c] de faucon30.
45 Ou d’espervier31, s’il vous duyt mieulx…
LA FEMME, en tirant.
Vous bourdez-vous32 ?
COLIN, en riant.
Ha, ha ! Mon con33,
Ne dictes mot, car je le veulx.
LA FEMME
Encores fault-il ung bacon34.
Entendez-vous, meschant morveux ?
COLIN
50 Et puys35 ?
LA FEMME
Pour acomplir noz veulx
Qu’avons promis, povre sottin.
COLIN
Et quant fut-ce ?
LA FEMME
Le jour des Feux36,
Qu’eustes si grant mal, au matin.
COLIN
Je ne sens nul mal, ma Cattin37.
55 Sans cause38 prieroye les sainctz,
Se ce n’est que pas ung tattin39
Je n’ay en bource n’en mes mains40.
À peu que je ne me dessains41
Pour faire ung beau cedo bonis 42.
60 Maintenant sont failliz mes gains,
Veu les choses que je fournis43.
LA FEMME
Table n’avons, ne banc tournis44
Qui vaille ung estront de chien chié45.
De tous biens sommes desgarnis.
65 Par mon serment, c’est grant pitié !
En vous, n’a ne goust n’amytié46.
COLIN
Catin, pitié vault mieulx qu’envie :
……………………………. 47
En vertus, ce disent les sages.
J’ay la teste toute ravie48
70 Quant vous usez de telz languages.
Se le diable emportoit noz gages
Et qu’il nous faillist tout quant qu’est49,
Pour vous fournir de50 telz bagages,
En moy ne trouver[i]ez voz aquest51.
LA FEMME
75 C’est peu de bien.
COLIN
Mais intérest52
Qui ne porte soulas53 ne joye.
Se j’en pensoy[s] trouver aprest54,
Voulentiers g’y travailleroye.
LA FEMME
Feriez ?
COLIN
Voyre. Et le bailleroye,
80 Se je l’avoye où que ce soit.
LA FEMME luy tire sa bource.
Laschez doncques ceste courroye !
L’argent doit estre cy endroit.
COLIN
Par ma foy ! monnoye n’y croist
Nemplus que l’herbe dans ung four.
LA FEMME le flatte 55.
85 Héé, Colin !
COLIN
Haro, que de broit56 !
Vé-me-cy57 en piteux séjour.
Je vous prie, par fine amour :
Laissez m’achever mon preffait58,
Car c’est ung terrible labour59.
LA FEMME
90 Baillez-moy donc60…
COLIN
Dieu, que de plait61 !
[D’en tant parler il me desplaît.]62
LA FEMME
S’en auray-je bien tost.
COLIN
Mais tard !
Je deffens la voye et de fait63.
[Ah !] que le grant diable y ait part,
95 À la gabesse64 et au [bro]quart
De la femme qui tant m’empesche !
Je n’ay – ou sainct Anthoine m’ard65 –
Pas ung.
LA FEMME
Si fault-il qu’on le pesche66.
COLIN
Dont plus je crie [et] moins [m’en] despêche67.
100 Et ubi prenu68, qui ne l’emble ?
LA FEMME, en soubzriant.
Au moins, pour avoir de « cher fresche69 »,
Faictes de cours70.
COLIN
Mais bien à l’emble71 !
De vous ouÿr parler, je tremble ;
Ce marcher me vient à dur trot.
LA FEMME
105 Je ne sçay comment il vous semble.
Endurer ne puis ce tripot72.
COLIN
Allez faire boullir le pot ;
Je viens après, et soupperons.
LA FEMME
Je n’ay point d’argent, povre sot !
COLIN
110 Vendez l’ung de voz chapperons,
Ce sera pour payer l’escot.
Et puis après, nous compterons73.
LA FEMME
Que dictes-vous que nous ferons74 ?
COLIN
Gros rost75, et feu à troys landiers.
LA FEMME
115 Je congnoys bien que nous serons
En povre estat de tous cartiers76.
Ferez-vous rien ?
COLIN
Trèsvoulentiers.
Allez devant, je vous suivray.
LA FEMME
Tout77 le meilleur de voz mestiers,
120 C’est de non jamais dire vray.
Elle tire la bource.
Vrayement, sire, j’en auray !
COLIN
De quoy ?
LA FEMME
De l’argent ou de l’or.
COLIN
Allez devant puis je viendray.
Et faictes cuire ung haranc sor78.
LA FEMME
125 Viendrez-vous ?
COLIN
Ouÿ, par sainct Mort79 !
La femme le laisse et s’en va.
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Et COLIN dit à parsoy 80 : SCÈNE III
Allez ! Qu’au fin fons d’Angleterre
Puisse-on, de vous, faire trésor81 !
Il n’est au monde plus grant guerre,
Plus grant tempeste ne tonnerre
130 Que d’ouÿr ce dyable de femme !
Mieulx me seroit estre soubz terre
Qu’endurer tant. Elle m’affame82
D’argent, vélà toute sa game83.
Comme se le devoye myner84,
135 Nuyt et jour à cela me clame,
Sans que je sache où le finer85.
Brief ! je ne puis ymaginer
Comment je m’en pourray jouyr,
Se n’est86 qu’ailleurs m’en cheminer
140 En quelque part, et m’en fouyr87.
C’est assez faict pour esvanouÿr,
Qu’estre tousjours en ces aboys.
Il s’en va.
Je m’en voys88 autre part ouÿr
L’oysellet par champs et par boys,
145 Ronger ma crouste à tout des poys89,
Et besoigner de mon mestier.
Quoy qu’en aviengne à contrepoys90,
Je m’en passe, de ce quartier.
Il s’en va.
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Et LA FEMME 91 dit apart soy : SCÈNE IV
Et ! ne viendra point ce gaultier92 ?
150 Fault-il ancor que g’y retourne ?
Si n’est-il pas vers le moustier93 ?
Ou qu’il se demeure, ou séjourne94 ?
Hau, Colin !
COLIN 95, en s’en allant :
Tu dis vray, g’y tourne96.
Vous ne m’y crocherez de pièce97.
LA FEMME
155 Hau, Colin !
COLIN
Il y faict trop morne ;
Je n’y acquiers bien ne liesse.
LA FEMME 98 dit à parsoy :
Ha ! Colin, est-ce la promesse99
Que me tenez ? Lasse, doulente !
COLIN dit à parsoy :
Par le sacrement de la messe !
160 Ce m’estoit une fièvre lente.
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LA FEMME s’assiet sur ung banc en plourant.
Hélas ! que feray-je, meschante100, SCÈNE V
De dueil et desplaisir meurtrie ?
Plourer fault, et que plus ne chante,
Puisque j’ay perdu ma partie101.
165 Or est bien ma vie esmortie
De joye102, et mise en piteux termes.
Maintenant, ne suis assortie103
Fors que de souspirs et de larmes.
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L’AMANT 104 dit à parsoy : SCÈNE VI
Sont-ce criz de femme ou gendarmes105,
170 Que j’oy ainsi plaindre et crier ?
Sans prendre harnoys ne guisarmes106,
Il le me fault aller espier.
Et se g’y puis riens approprier107
Au propos de mon principal108,
175 J’en feray, selon son entier,
Mention en mon procès-verbal.
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Il va à elle. SCÈNE VII
M’amye, Dieu vous gard de mal !
LA FEMME luy faict la révérence.
Sire, Dieu vous doint bonne vie109 !
L’AMANT
J’ay entendu en [cest aval]110
180 Des plains111 comme femme marrie.
S’il y a riens qui vous ennuye112,
Dictes vostre cas plainement :
J’appointe tout113.
L’Amant s’assiet emprès elle, et
[LA FEMME]114 dit en plorant :
Pouvre bannye !
En moy gist pouvre appointement115.
L’AMANT
185 Dictes-moy, s’il vous plaist, comment
Vous avez le cueur si marry.
LA FEMME
Hélas ! Tout mon marrissement
Est à cause de mon mary.
L’AMANT
Pourquoy ?
LA FEMME
Sans avoir déméry116
190 En luy de riens qui mal agrée,
De moy (lasse !) s’est desparty117 ;
Et si, ma seulle délaissée.
L’AMANT
Vous fault-il estre courroussée
Et vous douloir le cueur si fort ?
195 Si fault-il, ma trèsbien aymée,
Avoir pacience, et fût-il mort118.
LA FEMME
J’en ay ung si trèsgrant remort
Au cueur qu’à peine je n’enrage.
L’AMANT
Pourquoy, dame, ne à quel tort ?
LA FEMME
200 Sainct Jehan, sire ! Car le dommage
Chet119 sur moy et sur mon mesnage,
Dont j’en suis en grièfve douleur.
Je n’ay pain, vin, chair ne fromage
Pour ma vie. Ne, de malleur,
205 Je n’ay possession n(e) héritage,
Se ce n’estoit de son labeur.
L’AMANT
Est-ce toute vostre clameur,
Vostre soucy et pensement120 ?
De ce, n’ayez crainte ne peur :
210 J’ay des biens assez largement,
Qui sont à vo121 commandement ;
Prenez-en com’ du vostre propre.
LA FEMME torche ses yeulx et se
réconforte, et dit :
Je vous remercye humblement ;
À moy n’appartient pas tel offre.
L’AMANT
215 Je n’ay or n’argent à mon coffre
– S’à plaisir vous vient de m’aymer –
Que d’ung franc vouloir ne vous offre,
Sans jamais vous abandonner.
LA FEMME
L’avoir122 me seroit trop amer
220 À prendre, d’ung si beau donneur,
Quant, par mariage entamer,
Perdisse le trésor d’onneur123.
L’AMANT
Aussi, de mes ditz la teneur
Ne porte(nt) point d’autre intendit 124,
225 Mais tousjours, sans nul déshonneur,
Vous aymer d’onneste crédit.
Pour tant125, que ne soye escondit,
S’il vous plaist, à ceste requeste.
Lors, de vous sera [bon crédit]126
230 D’avoir faict trèsnoble conqueste.
LA FEMME
En ouvrage où en rien ne s’acqueste127,
C’est grant follie d’y quester
Et128 de soy charger de tel queste :
Je ne vaulx pas le requester129.
235 Et pour ce, sans130 plus cacquester,
Ma foy tiens à qui m’a conquise.
Ailleurs fault chasse racquester131,
Car d’aultre que vous suis aquise.
L’AMANT
Vostre reffus assez je prise,
240 Ma mignonne, pour ung prinsault132.
Se vostre œil ung peu me desprise
De ce premier trait, ne m’en chault.
Mais133 que le froit reviengne en chault,
Vostre dur cueur s’amollira ;
245 S’il ne tient plus que fil d’archault134,
J’espère qu’il m’accu[ei]llira.
LA FEMME
Accueilli[r] d’autre n’en séra135
Que mon mary, dans ma pensée.
Ce qu’on vouldra l’on pensera.
250 D’aultre ne seray compensée136 ;
Car à ce ne suis dispensée137,
Quelque mal que j’aye ou souffrance.
Et138 quant à la chose pensée,
Il en est prou d’aultres en France.
L’AMANT
255 Si n’av’ous139 garde que j’en tence,
Et deussé-je pour vous mourir.
Et ! nonobstant vostre constance,
Vous ne me lair[r]ez encourir140
De mon141 povoir vous secourir ?
260 Je suis vostre, de142 corps et biens.
Et pour vous en tous lieux courir
Suis tout prest, s’en grâce parviens143.
LA FEMME
Le parvenir ne vous peut riens,
Car mon personnage est trop minse ;
265 De greigneurs avez entretiens144
Des plus belles de la province.
Folleur seroit que vous détinse145
D’abus ne parolles longtaines146.
Mieulx vauldroit qu’a[vant] cela, vinse
270 Avoir tremblé fièvres quartaines147.
L’AMANT
L’assault de douze capitaines
Ne sçauroit vostre cueur abbatre !
On n’a point tel chat sans mitaines148.
D’une foys, de deux ne de quatre,
275 Se briser devoys149 comme plastre,
Ne cesseray vous supplier.
Vostre suis, saige ou tout folastre,
À ce que me vouldrez plier150.
LA FEMME
Seigneur, cessez tout ce prier,
280 Et envers moy plus n’attendez :
De mon costé ne fault fier151.
Affin que court152 vous l’entendez,
Aultre part vous prie que tendez
Voz rez153, en plus propre desduyt154.
285 Temps perdez, s’à moy prétendez.
Vélà mon refus, s’il vous duyt.
L’AMANT
Duyre ? Nompas ! Se jour et nuyt
Vous me disiez tousjours « va-t-en ! »,
À vous prier riens ne me nuyt :
290 Je n’en cesseray de cest an.
Vous n’estes pas si fort Satan
Comme vous monstrez la rigueur.
D’autant aujourd’huy com entan155,
À vous mon cueur tient sa vigueur.
LA FEMME
295 Tant prescher engendre ranqueur :
Il est156 possible qu’on se157 fasche,
Combien que vous monstrez, en cueur,
Qu’en amours vous n’estes rien lasche.
Quant pour le présent158, je vous masche159
300 Que plus ne m’en soit sermoné.
À tenir tant l’ouvrage en ta[s]che160,
C’est trop l’atellier ramonné161.
L’AMANT
Ung rost162, s’il n’est souvent tourné,
Il se brusle et pert sa saveur.
305 Se mon labeur est couronné163,
Loué soit le benoist Saulveur !
Si, de vostre amour en chaleur164,
Mon povre cueur frit et frissonne,
(il l’embrasse ung peu)
Mercy prendrez de sa douleur165,
310 Puysqu’à166 vous se rend et ransonne167.
LA FEMME se rend en disant :
Je ne sçay si rude personne
De femme (pour le faire court),
S’une foys l’oreille abandonne168,
Qu’on ne gaigne la « basse-court169 ».
315 Plus ne puis faire le cueur sourt :
À vostre vueil suis, désormais,
Vous priant, s’autre chose y sourt170,
Que ne m’abandonnez jamais.
L’AMANT
Repeu suis de tous entremetz,
320 Puisque vo cueur ay d’abandon ;
D’autre acquérir ne m’entremetz,
Soit en paix, guerre ou [par] bandon171.
Il luy donne ung annel, et la baise.
Prenez en gré ce petit don
De vingt escuz que je vous baille.
325 Et de Colin le bon preudon172,
Vostre mary, plus ne vous chaille !
LA FEMME
Mon bon seigneur, comment qu’il aille173,
Je vous pry que me venez veoir
En ma chambre. Et quoy qu’on [en] raille,
330 Envers vous feray mon devoir174.
L’AMANT
M’amye, de tout mon avoir
Vous serviray, je vous affy175.
Et quant vous vouldrez rien176 avoir,
Venez à moy, n’ayez soucy.
LA FEMME, en soy suppliant 177.
335 Mon bon seigneur, vostre mercy !
Mais d’une chose vous supplye :
Que nous nous départons178 d’icy,
Affin que nul mal on n’en dye.
L’AMANT
C’est très sagement dit, m’amye.
340 Encor, anuyt179 vous iray veoir.
LA FEMME
N’y faillez pas, je vous en prie !
L’AMANT
C’est très sagement dit, m’amye.
LA FEMME
Viendrez-vous ?
L’AMANT
Je vous en affye.
LA FEMME
Et je feray bien mon devoir.
L’AMANT
345 C’est très sagement dit, m’amye.
Encor, ennuyt vous iray veoir.
Il la baise et luy baille d’or et d’argent.
Adieu vous dy jusques au soir !
Tenez cest or et cest argent,
Je vous [prie, et]180 faictes devoir
350 De faire vostre hostel bien gent181.
Et s’il y a paillard ou sergent
Qui mal ou desplaisir vous face,
Venez à moy : je suis régent
[Du Palais]182, chascun me faict place.
LA FEMME, en [soy] suppliant.
355 Mon bon seigneur, de vostre grâce
Vous mercye.
L’AMANT
Allez, ne vous chaille !
Ne craignez aulcune menasse,
Et n’ayez peur183 que je vous faille.
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Les instrumens jouent.184 Et puys
LA FEMME, en s’en allant, dit à parsoy :
Prise suis d’estoc et de taille185. SCÈNE VIII
360 S’on le scet, je seray infâme.
Elle regarde son argent.
J’ay pour avoir meuble et vitaille186.
Il n’est celle qu’avoir n’affame187.
Mainte se tient pour preudefemme
Par faulte de la requérir188.
365 Qu’elle sauve son los et fame189,
Car elle n’en scet où quérir190.
Si me fault penser d’acquérir
– Puisque j’ay trouvé ce butin –,
Sans y penser plus, n’enquérir191.
370 C’est assez du premier hutin192.
*
COLIN 193 SCÈNE IX
Sçavoir vouldroye ung bon tatin194
Comment faict nostre mesnagière ;
S’en bon françoys ou en latin
Elle faict bonne ou malle ch[i]ère195.
375 À elle prendray ma dressière196,
Car en ce pays n’y faict[z] nulz197.
Je n’ay pourpoint ne robe entière ;
À peu que je ne suis tout nudz.
Ung cent198 de poux gros et menus
380 [Je luy]199 porte en lieu de pécune.
.
Il va en sa maison, et dit en entrant : SCÈNE X
Dieu gard !
LA FEMME
Estes-vous revenus ?
Av’ous d’argent ?
COLIN
Forme nésune200.
LA FEMME
C’est grant faict !
COLIN
Ce n’est que Fortune201 :
Au livre des heureux m’efface.
LA FEMME se seigne 202.
385 Pas une croix203 ?
COLIN
Non, pardieu, q’une :
Celle qui se tient en ma face204.
Se vous me chantiez la préface205
Du grand Sanctus, ou le Credo…
Quant à fournir206, ne sçay que face,
390 Car ma lesson n’est qu’à crédo 207.
LA FEMME
Vous estes à quia 208 ?
COLIN
Mais à « ho209 ! » :
Ne puys tirer s’on ne me boute.
LA FEMME
Que ferons-nous ?
[COLIN]
Feste à gogo,
S’on joue de la sacqueboute210.
LA FEMME
395 A ! pouvre perdu !
COLIN
Somme toute,
Boire fault, vélà mes211 raisons.
C’est trop tenu propos de route212,
Pour ung homme qu’a les dens longz213.
Avant214, Catin, m’amour, allons !
400 Je suis creux215 com une lanterne.
LA FEMME
Nous allons bien à reculons.
COLIN
C’est selon la mode moderne216…
Bevons !
Il se met à table, et
LA FEMME luy baille à boire de l’eau, et dit :
Vélà d’eau de cisterne217 ;
Or bevez, se vous avez soif !
COLIN
405 Elle faict le [mal sainct]218 Materne.
Pendu soit-il qui vous en croit !
Elle me faict trembler de froit,
Quant je la voy dessus la table ;
Elle [e]st plus propre à faire broit219,
410 Et au[x] chevaulx plus convenable.
LA FEMME
Mais dont venez-vous ?
COLIN
Dont ? Du dyable !
De tant de pays que c’est rage.
LA FEMME
Av’ous veu lieu plus profitable
Ont220 vous ayez plus d’aventage ?
415 Vous avez esté en fourrage221
Despendre follement le vostre222.
En quelque fille de passage
Avez faict du paillard avoutre223.
COLIN
Et ! non ay, par la Patenostre !
420 Mais ay esté preudhomme et bon.
Or m’en croyez !
LA FEMME
Ha, fin apostre !
Je cuide bien que sçavez mon224.
COLIN
Je vous pry qu’à boire [on] s’acoustre225,
Et me laissez ce grand sermon.
LA FEMME
425 G’y voys226.
COLIN
Apportez d’ung jambon,
Pour nous mettre en vin227 pour entrée,
Et du vin [de sus]228 Jehan Coppon.
Et venez de cours229, ma sucrée.
LA FEMME aporte à boire et à manger,
et Colin boit. Et elle dit :
Avant, Colin ! À la230 havée !
430 Entendez à ceste besoigne.
COLIN la flate 231.
Loué soit Dieu quant t’ay trouvée !
Vous estes ma sadine troigne232.
LA FEMME
Ce nonobstant, fault que je soigne
Vostre « vie233 » en quelque moyen.
435 (Il a bien fallu, pouvre yvroigne,
Qu’ailleurs j’aye trouvé maintien234.)
COLIN
Ce ne vous est que los et bien
Entre les femmes de ce lieu.
Il regarde le mesnage 235 et dit :
Dont est venu tant de merrien236
440 Et de mesnage que j’ay veu ?
LA FEMME
Colin, de la grâce de Dieu237.
COLIN
Et ce beau lict, ciel et cortines238,
Simaises239, potz, casses, bassines ?
Dont vous est venu cest aveu240 ?
LA FEMME
445 Colin, de la grâce de Dieu.
COLIN
Bancz, tréteaux, tables, escabelles,
Et tant d’utensiles si belles :
Dont l’av’ous gaigné, n’à quel jeu ?
LA FEMME
Colin, de la grâce de Dieu.
COLIN s’agenoille et dit :
450 Et ! loué soit le bon Jésus
En tous temps, yver et esté,
Qui de ses trésors de lassus241
Nous a tant de biens [a]presté !
Il se dresse.242
Tant de foys me suis arresté
455 À genoux devant son ymage,
Quant j’estoy[e] en nécessité,
Que je n’avoye pain ne fromage,
Luy prier en mon chant ramage243
D’avoir secours à mon besoing,
460 Luy promettant foy et hommage.
Mais oncques n’en ouvrit le poing244.
LA FEMME
Saint Jehan ! Mais je sçay le droit coing
De l’église dont il les oyt245.
COLIN
C’est donc de plus près ?
LA FEMME
Mais plus loing
465 Qu’il prent sa visée246 et nous voit.
COLIN
Je ne sçay. Mais comment qu’il soit,
Je suis de luy trèsfort content,
Quant ainsi tous noz biens accroît,
Veu que n’avions ne peu ne tant247.
470 Il me souffist, pour le présent.
J’en loue le Dieu éternel.
Il regard[e] à ung petit enfant emprès elle, et dit :
Et puis, à qui est cest enfant ?
LA FEMME
Il est à moy.
COLIN
Vray filz charnel ?
Après la brebis vient l’aignel248.
475 Mais de qui l’avez-vous conceu ?249
LA FEMME
Colin, de la grâce de Dieu.
COLIN
Je ne luy en sçay gré ne grâces,
De s’estre de tant avancé !
LA FEMME
Usez-vous à Dieu de menasses ?
480 Fault-il, du bien, estre tancé ?
COLIN
Ouÿ, car il m’a offencé
De soy mesler de tant de choses.
À luy je n’ay pas tant pensé.
LA FEMME
Taisez-vous, ce ne sont que roses.
COLIN
485 Je n’y entens texte ne gloses250,
Et n’ay bien eschauffé le front251.
LA FEMME
Ce ne sont que richesses closes252
À plaines253 cornes, qui naistront
À cest enfant.
COLIN
C’est ung estront
490 De chien chié emmy vostre gorge254 !
LA FEMME
Dieu et les sainctz s’en cour(rou)ceront :
Or, vous taisez !
COLIN
Bon gré sainct George !
Le cas trop me grièfve255 et escorche.
Fère enfans, c’est trop procédé256 !
LA FEMME
495 Pourquoy ?
COLIN
Car cela me rend lorche257.
C’est, à Dieu, trop tourné258 le dé.
LA FEMME
Estes-vous yvre ou embridé259,
Et plain de tout[e] ingratitude
Contre Dieu, qui vous a vuydé
500 De misère et sollicitude ?
Se Dieu, à vous qu’estes si rude,
A donné des biens par entier,
Et puys (selon loy d’Institute 260)
Il vous a faict ung héritier,
505 Louez Dieu en vostre mestier261 !
Car cecy n’est pas de nouveau ;
C’est le dit de chascun quartier :
À la vache est tousjours le veau262.
COLIN
Ou mol, ou dur com ung morti[e]r,
510 C’est le dict de chascun quartier.
LA FEMME
C’est trop exposé le psaultier263 ;
Ne vous chault qui soit le toreau264.
COLIN
C’est le dit de chascun quartier :
À la vache est tousjours le veau.
515 Tousjours ronge son frain Moreau265.
.
À chascun argument, réplicques ; SCÈNE XI
Et de reproches plain boisseau266,
Qui servent en lieu de rubriques267 :
C’est le faict d’entre nous, comicques268.
520 Comment femme, du tout269, renverse
Nostre intendit 270 ? Et ! pour relicques271,
C’est l’istoire de nostre Farce.
LA FEMME
Hélas ! se je suis povre garce272,
C’est à cause de ma partie273 ;
525 Car j’eusse plus cher qu’on m’eust arse274
Que de mener meschante vie.
Pour ce, Messeigneurs, je vous prie
Que voz femmes n’abandonnez.
Et se nous avons dit follie,
530 S’il vous plaist, que nous pardonnez !
COLIN
Bonnes dames, entretenez
Voz maris par bonne manière,
Et trop fort ne les ransonnez
Pour faire trop de la gorrière275.
535 Telle cuide estre la première,
Qu’est276 la dernière de la dance.
Pardonnez-nous, à no277 prière,
Se nous vous avons faict offence !
.
CY FINE COLIN.
*
.
La première Facécie
est d’ung povre pêcheur
qui loua et despitta Dieu
tout en une heure. 278
.
…Pour la petite provision que ce povre jeune homme faisoit en la maison, sa femme souvent le tourmentoit & tempestoit ; et si, luy donnoit grandes reprouches. Tellement que le povre compaignon, comme tout désespéré, proposa de s’en aller dessus la mer et délaisser sa femme, en espérance de gaigner, et de ne retourner jamais en sa maison ne au pays tant que il eust aucune chose conquesté279…. [Il] partit d’avecques sa femme, laquelle il laissa en une povre maisonnette toute descouverte280, ayant seullement ung petit lict dont la couverture ne valloit comme riens. Et s’en alla dessus mer, là où il y fut près de cinq ans ou plus sans revenir.
Or advint que, tantost après que ce dit gallant fut party, le filz sa mère281, qui estoit tout de loisir, voyant la beaulté de ceste povre jeune femme que son mary, par povreté, avoit habandonnée, vint à elle, & l’exhorta par belles parolles, dons & promesses qu’il luy fist ; tant qu’elle se consentit faire sa voulenté, et mist en oubly la foy de mariage qu’elle avoit promise à son mary. Ainsi recouvrit282 la povre femme, pour283 son mary, ung amy. Lequel la vestit plaisamment, & luy donna trèsbeau lict & belle couverture. Luy fist refaire la maison toute neufve, la nourrit & gouverna trèsbien. Et, qui plus est, à l’aide de Dieu — & de ses voisins —, en succession de temps luy fist trois beaulx enfans, lesquelz furent deuement284 eslev[é]z et nourris, tant qu’ilz estoyent jà tous grans quant le mary de la mère, qui estoit desjà oublyé, retourna ; lequel, au bout de cinq ans ou environ, arriva au port de la cité, non pas tant chargié de biens qu’il avoit espoir quant il partit.
Après que ce povre homme fut descendu sus terre, il s’en alla en sa maison ; laquelle il vit toute réparée, sa femme bien vestue, son lit couvert d’une belle couverture, et son mesnaige trèsbien en point. Quant cest homme vit cest estat ainsi que dit est, il fut moult esbahy, et demanda à sa femme dont ce procédoit. Premier, qui avoit esté cause de refaire la maison, de la revestir si bien ? Qui luy avoyt donné son beau lit, sa belle couverture ? Et générallement, dont estoyent procédéz & venus tant de biens à la maison qu’il n’y avoit au-devant285 qu’il partist ? À toutes les demandes que ce mary feist à ceste femme, elle ne respondit autre chose sinon que la grâce de Dieu les luy avoit envoyéz et luy avoit aydé. Adoncques commença le povre homme à louer Dieu, & luy rendre grâce de tant de biens qu’il luy avoit envoyéz.
Tantost après arriva dedans la maison ung beau petit enfant, environ de l’aage de troys ans, qui se vint froter encontre la mère, ainsi que la mère l’admonnestoit286. Lors le mary, ce voyant, tout esbahy, commença à demander qui estoit celuy enfant. Elle respondit qu’il estoit à eulx. Et le povre homme, tout estonné, demanda dont il luy estoit venu que, luy estant dehors et en son absence, elle eust conceu & enfanté ung enfant. À ceste demande respondict la jeune femme que ce avoit esté la grâce de Dieu qui luy avoit envoyé. Adonc le povre homme, comme tout hors du sens et enragé, commença à maugréer et despiter287 Dieu, que tant solicitement288 s’estoit meslé de ses besongnes & affaires, qu’il ne luy suffisoit pas de se mesler des affaires de la maison sans qu’il touchast à sa femme & luy envoyer des enfans.
Ainsi, en peu d’heure, le povre homme loua, maulgréa & despita Dieu de son fait.
*
1 Voir la notice de Pour le Cry de la Bazoche. 2 Recueil de farces, t. I. Droz, 1986, p. 117. 3 Voir Jean-Pierre CHAMBON : Touches régionales dans Colin qui loue et despite Dieu…. Zeitschrift für romanische Philologie, 1996, pp. 387-400. (Toutefois, le savant linguiste laisse de côté les nombreuses localisations qui contredisent sa thèse.) 4 Colin est laboureur. N’étant pas assez riche pour avoir son propre champ, il travaille dans celui des autres (vers 88). 5 Aiguillonner, piquer avec un aiguillon le bœuf qui tire la charrue. Mais Colin est trop pauvre pour avoir un bœuf ; il est seulement armé d’une houe. Cette chanson de laboureurs est perdue. 6 BM : Ne 7 Me reposer. « De ton chaitif corps séjourner. » ATILF. 8 De quel côté. 9 BM : Ne de (Voir le vers 448.) Ni à quel avis me rallier. 10 « MALLIER : Cheval de valet, ou de postillon, qui porte la malle. » (Furetière.) L’auteur devait connaître ce vieux triolet du ms. de Stockholm : « Cent mile escus et ung cheval,/ Santé, et adieu le galant ! » 11 Le caillier est un vase à boire. Les nobles sont des pièces d’or anglaises. 12 Selon la mode. Cf. la Folie des Gorriers, vers 233. 13 Elle arrive du village. 14 Pourquoi ? Cf. Régnault qui se marie, vers 118. 15 C’est dans l’intention de mon cœur : J’en ai bien l’intention (ironique). 16 Occupez-vous de votre cuisine. Le potage est une potée. 17 Un huissier est venu à notre domicile pour saisir nos biens. Cf. les Premiers gardonnéz, vers 257. 18 Par terre. 19 Que je sasse. Colin en est encore à labourer le champ de blé : on n’est pas près d’avoir de la farine ! 20 De notre créancier. 21 Il manque un vers en -ment, et un vers en -ures. 22 Sur votre lancée : tant que vous y êtes. 23 Pour ressemeler mes souliers. 24 Hypothéquez vos. 25 Je n’ai plus un sou. Cf. le Bateleur, vers 147. 26 De son sein, de sous sa robe : « Lors, de son sain tira la boursse. » (A. de La Sale.) De la même façon, l’épouse de Calbain dérange son mari au travail pour qu’il lui paye une robe, et voyant son peu d’enthousiasme, elle lui vole sa bourse. 27 Ces prétextes. « Sous couverture : sous prétexte. » Antoine Oudin. 28 Sans qu’on puisse. 29 Véritablement. 30 Les fauconniers placent un chaperon de cuir sur la tête des oiseaux de proie pour qu’ils ne soient pas perturbés par l’environnement. « Maiz autre chose est du faucon,/ Car on lui met le chapperon. » (ATILF.) Au second degré, le « faux con » désigne la vulve, comme le confirme le vers 46. « Il craind un peu le dangereux faux con. » Lasphrise. 31 De pénis. « Il luy vint mettre son espervier, ou, pour plus clairement parler, son instrument entre les mains. » (Brantôme.) Duire = convenir. Idem vers 286 et 287. 32 Vous moquez-vous ? 33 Mon lapin. Cf. l’Amoureux, vers 87. Pour rester dans la métaphore animalière, nous dirions aujourd’hui : ma chatte. 34 Un jambon : voir le vol du bacon dans le Roman de Renart. Le couple a promis d’offrir un jambon en ex-voto au saint thaumaturge qui a guéri la cuisse de Colin. 35 À quel sujet ? 36 Le premier dimanche de Carême, qui succède à la nuit des Brandons. 37 Diminutif commun de Catherine. Idem vers 67 et 399. « Catin veult espouser Martin :/ C’est faict en trèsfine femelle./ Martin ne veult point de Catin :/ Je le trouve aussi fin comme elle. » Clément Marot. 38 Même sans avoir de raison, je… 39 Pas un sou. 40 BM : sains (Ni dans mes mains.) 41 Il s’en faut de peu que je n’ôte ma ceinture. Voir la note suivante. 42 Une cession de mes biens. « En matière de cession de biens, l’on faict abandonnement de sa ceinture devant la face du juge…. Celuy qui abandonne ses biens est tenu par mesme moyen d’abandonner sa ceinture en justice. » Estienne Pasquier. 43 Vu tout ce que j’ai à payer : impôts, créances, caprices de l’épouse, etc. 44 Dont le dossier peut se pencher vers l’avant ou vers l’arrière, suivant le côté où les gens s’assoient. Un site fort bien illustré met en valeur ce meuble qui prouve une fois de plus l’ingéniosité de nos aïeux. 45 Qui vaille quelque chose. Voir les vers 489-490. 46 Vous ne m’aimez pas. 47 Il manque un vers en -tié et deux en -vie, qui nous démontraient que selon la morale chrétienne, il vaut mieux faire pitié qu’envie. 48 Transportée, troublée. 49 Qu’il nous manque tout ce qui est chez nous. 50 BM : a (De ces choses inutiles. Cf. le Résolu, vers 125.) 51 Nul acquêt, nul profit. 52 C’est plutôt un préjudice. Cf. la Résurrection de Jénin Landore, vers 64. 53 Plaisir. 54 Un apprêt, un arrangement. 55 Le caresse. Au vers 431, c’est Colin qui la caressera. 56 BM : bruit (Broit = brouet, bouillon indigeste. Idem vers 409.) « Or vueilles donc considérer/ Quel broit le Monde si te brasse. » La Remembrance du mauvais Riche. <Brasser un brouet = préparer un mauvais coup : cf. les Coppieurs et Lardeurs, vers 421.> 57 Me voici. Cette forme de « voyez-moi ici » couvrait plusieurs régions : Poitou, Dauphiné, Lorraine, etc. 58 Le « prix fait » désigne un travail accompli pour un prix convenu. « Quarente livres tournois pour partie de certain préfait à luy baillé par madicte dame pour faire le plancher du hault de la salle. » ATILF. 59 BM : labeur 60 À partir d’ici, les demandes de la femme deviennent ambiguës, et peuvent concerner aussi bien l’argent que le sexe. On peut comprendre : Baillez-moi mon picotin, ma ration de sexe. « (Il) la veult voir ordinairement/ Et luy bailler le picotin. » G. Coquillart. 61 Que de plaids, de discours. 62 Vers manquant. Je recycle un vers de Charles d’Orléans : « Il me desplaist d’en tant parler. » 63 J’interdis tout acte de violence. « Faire cesser la voye de fait. » (ATILF.) « voi-e » compte pour 2 syllabes. Le vers suivant, tel que je le complète, est le vers 528 de Serre-porte. 64 On traduit cet hapax par tromperie, d’après le verbe gaber. C’est aussi le sens du brocard : cf. la Pippée, vers 99. 65 Ou que le mal des ardents me brûle. 66 Certains hommes cachent leur bourse dans leur braguette : cf. Saincte-Caquette, vers 424 et note. La femme essaie donc de « pêcher » quelque chose dans la braguette de son époux. 67 Et moins je m’en débarrasse. « Dieu scet comment je m’en despêche ! » Les Femmes qui font baster leurs maris aux corneilles (F 29). 68 Jargon de basochiens : Où le prenons-nous, cet argent ? « –En ceste ville, il y a force preudes femmes, chastes & pucelles. –Et ubi prenus ? dist Panurge. » (Pantagruel, 15.) Qui ne l’emble = si on ne le vole pas. 69 Le sourire de Catin laisse entendre à son époux qu’il trouvera de la « chair fraîche » au lit plutôt qu’à table. 70 Venez au galop. Idem vers 428. « Et ne vont jamais les chevaulx, en icelluy pays, que le pas ou le cours. » ATILF. 71 L’amble est un des pas du cheval, comme le marcher et le trot du vers 104. Jeu de mots sur « embler » : dérober (vers 100). 72 Cette chicanerie. Un avocat du Plaidoyé de Coquillart dit : « J’ay bien ouÿ tout son tripot/ Et ses baves : elle prouvera/ Tous ses fais. » 73 Je vous rembourserai. 74 Elle ne renonce pas à son idée de copuler. Faire = faire l’amour, comme au vers 117. Cf. Frère Guillebert, vers 33. 75 Un grand festin : cf. Colinet et sa Tante, vers 75 et note. Les landiers sont des chenets sur lesquels les rôtisseurs font tourner les broches. Voir le vers 303. 76 BM : chantiers (De tous côtés. « Y renient et maugrient Dieu/ Pour moins que rien, en tous cartiers. » Troys Galans et un Badin.) 77 BM : Pour (« Tout le meilleur de sa grande excellence. » Hugues Salel.) Ce que vous savez faire de mieux. 78 Le hareng saur est la nourriture des pauvres lors des jours maigres. Les riches, eux, s’en mettent plein la bedaine : « C’estoit un jour maigre, où il couste d’ordinaire trois fois autant qu’à un jour de chair. » Facécieux devis et plaisans contes. 79 Par saint Maur. Cf. Messire Jehan, vers 322. 80 À part soi : en aparté. Cette indication scénique va revenir souvent, dans une œuvre qui en compte beaucoup. 81 Que les Anglais puissent vous détenir en otage contre rançon. Colin espère peut-être qu’ils la garderont 25 ans, comme Charles d’Orléans. 82 BM : masserre (Elle me prive. « Affamé d’argent : nécessiteux. » Oudin.) « Gens affamés d’argent auront leurs cours. » La Cène des dieux, T 17. 83 Toute sa rengaine. 84 Comme si je devais le ramasser dans une mine d’argent. G. de Machaut dit que pour arriver à payer tous les impôts, « on pourroit bien une mine miner ». 85 Où le trouver. Cf. les Drois de la Porte Bodés, vers 232. 86 Si ce n’est. 87 M’enfuir. 88 Vais. Idem vers 425. 89 Avec des pois. 90 Quoi qu’on mette sur l’autre plateau de la balance pour m’en dissuader. 91 En chemin, elle se retourne et ne voit pas venir son mari. 92 Ce compagnon (péjoratif). Cf. la Satyre pour les habitans d’Auxerre, vers 122 et note. 93 À hauteur du monastère. 94 Ou serait-ce qu’il est demeuré au champ, ou qu’il se repose (vers 2) ? Catin retourne au champ. 95 Il entend le cri de sa femme, de loin. 96 J’y retourne (ironique). Cf. les Femmes qui font refondre leurs maris, vers 290. 97 Vous ne m’y attraperez pas de longtemps. 98 Elle comprend que son mari l’a quittée. 99 Le nouveau marié promettait à son épouse la « foi de mariage ». 100 Misérable. Cf. les Drois de la Porte Bodés, vers 63. 101 Ma moitié, mon mari. Idem vers 524. Cf. Frère Frappart, vers 281. Mais la femme a aussi « perdu sa partie » en jouant contre Colin. Enfin, elle a perdu la partie virile de l’homme : « Garde bien que t’amye/ N’ayt pas faulte de ta partie,/ Ou tu t’en feras mespriser. » Le Conseil du nouveau marié (BM 1). 102 Privée de joie. « Amorti de toute joie. » (Froissart.) La rime « tarme » est plutôt parisienne, mais pas exclusivement. 103 Pourvue. 104 C’est-à-dire l’amoureux, sans connotation sexuelle. Il sort de chez lui et entend la femme, qui pleure sur un banc à proximité. 105 Ou de soldats. Rappelons que le rôle de la femme est tenu par un homme. 106 Ni harnais, ni hallebarde : sans perdre de temps. 107 Et si je peux adjoindre quelque chose. L’Amant est un juriste : les 3 vers suivants et beaucoup d’autres contiennent des termes de droit. 108 Au sujet de l’affaire principale qui m’amène. Le Juge de la Farce de Pathelin ordonne : « Laissez en paix ceste assessoire/ Et venons au principal ! » 109 Cet échange de politesses prouve que les deux protagonistes ne s’étaient pas encore vus aujourd’hui : l’Amant n’est donc pas le sergent qui vient d’opérer la saisie chez Catin. 110 BM : ceste val (Dans cette descente, en contrebas. L’expression est lyonnaise, mais Chambon ne l’a pas relevée. « Et s’en dévalet un aval per Fonturbanna. » Paulette Durdilly, Documents linguistiques du Lyonnais, p. 253.) 111 Des plaintes. 112 S’il y a quelque chose qui vous chagrine. 113 Je règle tous les litiges. 114 BM : elle 115 Je suis très mal lotie. Le public a dû sourire : l’appointement désigne aussi le coït ; cf. le Nouveau marié qui ne peult fournir à l’appoinctement de sa femme. 116 Sans que j’aie démérité. 117 Il s’est séparé. 118 Même s’il était mort. 119 Choit, retombe. 120 Votre pensée. 121 Votre. Même pronom picard au vers 320. 122 L’argent. 123 Je n’en voudrais pas si, en écornant mon mariage, je devais perdre mon honneur. 124 D’autre volonté. On retrouve ce terme juridique au vers 521. Cf. les Sotz escornéz, vers 252. 125 Pour cela. 126 BM : mon edit (Vous aurez bonne réputation, car vous aurez conquis un notable. « Moy, dea, je porte bon crédit. » Légier d’Argent.) 127 Dans une action où il n’y a rien à gagner. 128 BM : Car (Le ms. de base portait une esperluette, « & », abréviation de « et ». Les clercs de la Basoche, qui devaient économiser le papier, employaient beaucoup d’abréviations latines qui ont posé d’énormes problèmes aux imprimeurs.) 129 Je ne vaux pas la peine qu’on me sollicite. 130 BM : den (« Sans plus cy caqueter. » La Résurrection Jénin à Paulme.) 131 Il faut aller chasser ailleurs. 132 Pour une première fois. 133 Pour peu. 134 S’il n’est pas plus solide que du fil d’archal, une sorte de fil de fer. 135 Saura, pourra (normandisme). « Et sy, n’en séra rien mon père. » Messire Jehan. 136 Dédommagée. 137 Autorisée. 138 BM : Cest (Encore une esperluette mal résolue : voir la note 128.) Et pour la chose à laquelle vous pensez, vous trouverez d’autres femmes. 139 N’avez-vous. (Même contraction normande aux vers 382, 413 et 448.) Aussi, vous ne risquez pas que je m’en plaigne. 140 Ne me laisserez-vous tenter. Le futur « lairrez » est plutôt normand : cf. le Testament Pathelin, vers 451. 141 BM : non (De tout mon pouvoir. « De mon povoir je vous supporte [soutiens]. » Pour porter les présens.) 142 BM : et (L’abréviation manuscrite du « de » peut ressembler à « et ».) « Ne soit au Roy de corps et biens. » Pour le Cry de la Bazoche. 143 Si je peux entrer dans vos bonnes grâces. 144 Vous avez de meilleurs entretiens. Cf. le Tesmoing, vers 245-6. 145 Ce serait folie que je vous détienne. 146 Qui se concrétiseront un jour lointain 147 Que j’aie attrapé la fièvre. Cf. la Pippée, vers 10. 148 On n’attrape pas un chat qui griffe sans mettre des gants. Cf. les Esveilleurs du chat qui dort, vers 79-80. Mais le chat désigne aussi le sexe de la femme : « Tenant “l’éguille” en mains, que j’enfile à veuglettes,/ Car les chats sont trop grands, chacun s’en plainct partout. » Lasphrise. 149 Même si je devais me briser. 150 Imposer. 151 Vous ne devez pas placer votre foi en moi. 152 Qu’en peu de mots. Idem vers 312. Cf. Ung Fol changant divers propos, vers 126. 153 Que vous tendiez vos rets, vos filets. 154 Vers un plaisir plus digne. 155 Comme antan, comme l’an dernier. Ce n’est donc pas la première tentative de l’Amant, qui connaît déjà le couple : voir les notes 172 et 183. 156 BM : nest 157 BM : ne (Que je me fâche.) 158 Pour le moment. « Amender ne le puis, quant pour le présent. » Perceforest. 159 Je vous dis en articulant. Nous dirions aujourd’hui : Je ne mâche pas mes mots. 160 À cœur. 161 C’est trop balayer l’atelier. Mais « ramoner l’atelier », c’est aussi faire l’amour : cf. Frère Guillebert, vers 27 et note. 162 Un rôti à la broche. 163 BM : destourne (Récompensé.) 164 Étant enflammé de votre amour. « Votre amour en chaleur » n’est pas involontaire : « Quand quelque femme entre en challeur. » Marot. 165 BM : labeur (Réminiscence du vers 305.) Vous prendrez pitié de sa douleur. 166 BM : Puys que 167 Il se soumet à la rançon que vous exigerez de lui. Les séducteurs ont toujours recours au vocabulaire militaire ; il est efficace, puisque « la femme se rend ». 168 Si elle prête une fois l’oreille aux discours des galants. Je recommande la thèse extrêmement fine que Carol Anne KENT a consacrée pour partie à cette farce en 1997 : Le Signe trompeur : une étude du langage ambigu et mensonger dans quelques farces médiévales, pp. 159-181. 169 Son bas-ventre. « Avoir pouvez les talons si très cours*/ Qu’ilz [que les gens de Cour] ont bien pu estre en voz basses-cours/ Logéz au large. » (Débat des dames de Paris et de Rouen.) *Les femmes qui ont les « talons courts » tombent à la renverse facilement. 170 Si une autre femme se présente. 171 Par licence. « Jàçoit que parmy tout le pays des Mèdes régnast licence et grand bandon. » Godefroy. 172 Prudhomme, homme sage (ironique). En effet, Colin se définira comme tel à 420. Remarquons que l’Amant connaît le nom de Colin, qui n’a pas été prononcé : voir la note 155. 173 Quoi qu’il advienne. 174 Son devoir extra-conjugal. Catin va lourdement insister pour que l’Amant vienne consommer sa victoire : vers 341-344. 175 Je vous l’affirme. Idem vers 343. 176 Quelque chose (sens étymologique). 177 En s’inclinant. Même forme de « se souployer » au vers 355. « Qu’il ne ploiassent,/ Ne que vers Dieu se suppliassent. » Godefroy. 178 Que nous partions. Les deux tourtereaux sont assis sur un banc, loin de la maison de Catin. 179 Cette nuit. Cf. la Confession Margot, vers 2. 180 BM : priez 181 D’embellir votre maison. 182 BM : Des galans (Quelques lettres du ms. de base ont été mal lues.) Le régent du Palais de justice n’est autre que le roi de la Basoche : « Item a esté ordonné que le régent du Palais, ou roy de la Bazoche, sera esconduit de la requeste par luy faicte. » <Michel Rousse : la Confrérie des Conards de Rouen. Textes de farces, documents d’archives ; p.67.> Cf. les Veaux, vers 101. 183 BM : pour (Voir le vers 209.) N’ayez pas peur que je vous fasse défaut. L’Amant se retire (définitivement), et Catin marche vers sa maison, dont elle n’a pas eu besoin de préciser l’adresse puisque l’Amant la connaît déjà. 184 Les basochiens mettaient des interludes instrumentaux dans leurs pièces : « Icy sonnent les instrumentz. » Pour le Cry de la Bazoche. 185 D’une manière ou d’une autre. Les femmes usent elles aussi du vocabulaire guerrier. 186 Des victuailles. Cf. l’Aveugle et Saudret, vers 1090. 187 BM : neffame (Graphie normale au vers 132.) Il n’y a pas de femme qui ne soit affamée d’argent. 188 Parce qu’aucun homme ne la requiert. 189 Son honneur (idem vers 437) et sa réputation. 190 Elle ne saurait en trouver d’autre. 191 Ni me poser de questions. 192 C’est suffisant pour un premier coït. Cf. Frère Guillebert, vers 133 et note. 193 ACTE II. Nous sommes un an plus tard. Colin est en train de labourer dans une autre ville. 194 Un coup. 195 Ou mauvaise chère. Ce mot désigne à la fois la figure et la nourriture. 196 Un raccourci. « Le chevalier se destourna du grand chemin en une petite dressière. » Jacques Gohory. 197 Je n’y fais pas d’argent. 198 Une centaine. 199 BM : Que ie 200 Sous aucune forme. 201 C’est la faute de Fortune. 202 Elle se signe pour conjurer le mauvais sort. 203 Pas un sou. Idem vers 37. 204 Le signe de croix que vous venez de faire devant moi. 205 La partie de la messe qui précède le Sanctus. « Ce n’est encor que la Préface ;/ Nous serons tantost au Sanctus. » Deux hommes et leurs deux femmes. 206 Fournir de l’argent. 207 Mon apprentissage du latin en est encore à credo. Ce mot signifie « je crois » (vers 388), mais aussi « je prête ». Pour cette raison, en argot de basochiens, le crédo désigne le crédit : « Je l’ay eu à crédo. » Moral de Tout-le-Monde. 208 Encore du latin : en mauvaise posture. « Nous sommes toutes à quia. » Sœur Fessue. 209 Halte ! C’est une injonction de charretier. Colin se compare à un cheval arrêté, qui ne peut tirer la charrette si on ne le pousse. 210 Cet ancêtre du trombone, plutôt aristocratique, n’allait pas se galvauder dans les fêtes populaires. Mais Colin le nomme parce qu’il symbolisait le phallus, qu’on tire et qu’on pousse : « Je boute et sacque et boute/ Souvent de ma sacqueboute. » Bruno Roy, Devinettes françaises du Moyen Âge. 211 BM : mais 212 BM : tout (À la suite. Cf. le Ramonneur de cheminées, vers 219.) C’est trop bavarder. 213 Qui a les dents longues : qui a faim. 214 En avant ! Allons ! Idem vers 429. 215 J’ai le ventre creux. 216 La mode italienne qui subjuguait la France artistique et politique touchait également les mœurs. À en croire certains, le « vice italien » n’existait pas chez nous avant l’irruption de la « mode lombarde », ou de la « mode milanaise », ou de la « mode romaine » que dénonceront les protestants. 217 Les campagnards recueillaient l’eau de pluie dans une citerne. Ils pouvaient la boire à condition de la faire bouillir. 218 BM : col trop (Saint Materne ressuscitait les noyés, victimes de l’eau.) Les deux éditeurs modernes ont lu « Elle me faict ». 219 Un brouet, un bouillon indigeste. Voir la note 56. 220 Où. « Ces parolles que m’avez dit,/ Ont les trouvez-vous par escript ? » Le Conseil du nouveau marié (BM 1). 221 En vadrouille, comme les soldats qui vont au pillage. 222 Dépenser votre argent. « Sans du vostre beaucoup despendre. » Colinet et sa Tante. 223 Adultère. La rime est en -ôtre : « Enfans d’avoltres. » (Godefroy.) On admirera le cynisme de l’épouse, qui prête ses propres turpitudes à son mari. 224 Que vous en savez beaucoup. « Mon » est une particule de renforcement qui étaye le verbe. 225 On se dispose. 226 J’y vais, chercher du vin. 227 Pour que son goût salé nous incite à boire. 228 BM : dessus (De chez Jean Copon, qui est apparemment le tavernier du village.) 229 Au galop (note 70). 230 BM : ceste (Anticipation du vers suivant.) Mangez à pleines poignées ! « Sitost que les pastéz sont cuys (…),/ Chascun en prengne sa havée/ Tant qu’il se brusle le palays ! » Actes des Apostres. 231 La caresse. 232 Mon gracieux museau. Cf. Raoullet Ployart, vers 3. 233 Jeu de mots sur « vit » : pénis. 234 Un soutien. Ces 2 vers sont dits en aparté. Colin ne répond pas tout de suite aux deux vers précédents parce qu’il a la bouche pleine. 235 Les meubles, la vaisselle et le linge de maison. 236 De mobilier. 237 Tissier rappelle qu’Étienne Jodelle reprendra cette réplique en 1552 dans l’Eugène, où un cocu dit de sa trop riche épouse : « Car c’est de la grâce de Dieu/ Que cest argent luy vient ainsi. » De fait, le mari a les mêmes difficultés que Colin : « Le créancier/ M’a faict ore signifier/ Qu’il veut que je paye aujourd’huy. » 238 Le ciel de lit et les courtines constituent le baldaquin. 239 Une cimaise est un pot à vin. Une casse est une casserole : cf. le Munyer, vers 437. 240 La traduction « biens », admise faute de mieux, n’est pas très convaincante. 241 De là-haut, du ciel. 242 Il se relève. 243 En chantant comme un oiseau des bois. Cf. Pour le Cry de la Bazoche, vers 92. 244 BM : groing (Ouvrir le poing = donner généreusement : « Biau Dieu, ouvre ton poing/ Pour aidier no querelle ! » ATILF.) 245 BM : ouyt (Le bon coin d’où il les entend, nos prières.) 246 BM : visiere (On vise mieux de plus loin : « Laisse-moy un peu reculer,/ Et je prendray myeulx ma visée. » L’Avantureulx.) 247 Vu que nous n’avions rien. 248 L’agneau. Nous aurons d’autres comparaisons animales à 508 et 512. 249 Entre les vers 475 et 478, le schéma des rimes est lacunaire, mais pas le sens. 250 Je n’y comprends rien. Cf. les Drois de la Porte Bodés, vers 267. 251 Et pourtant, je ne suis pas encore soûl. « Quand le nectar leur eschaufe le front. » Ronsard. 252 Encloses, renfermées. 253 BM : petitez (Peut-être faut-il comprendre : Cet enfant divin recevra toutes les richesses enfermées dans la corne d’abondance. « Il en y a plus que de fols au monde, & se multiplient encor journellement à pleines cornes d’abondance. » Philippe de Marnix.) Le public aura surtout retenu l’évocation des cornes en présence d’un cocu. 254 Dans votre bouche. « C’est ung estront de chien chié/ Emmy vostre sanglante gorge ! » (Le Prince et les deux Sotz.) Au vers 63, chié compte aussi pour une syllabe. 255 Me grève, me pèse. 256 C’est aller trop loin. 257 Lourche : embarrassé. « C’est l’objection de ceux qui se trouvent lourches. » Godefroy. 258 BM : tire (De la part de Dieu, c’est trop truquer le jeu. « Fortune fait souvent tourner/ Les déz contre moy mallement. » Charles d’Orléans.) 259 Bête. « Au moins se deussent-ilz garder de se lesser ainsi abestir…. Mais quant ils sont mariéz, je les regarde embridéz et abestis mieulx que les aultres. » XV Joyes de Mariage. 260 Les Institutes, recueil de droit romain compilé sur l’ordre de Justinien. Une femme ne pouvait pas connaître ce livre latin ; mais il est vrai que la nôtre fut jouée par un basochien. 261 Vous en avez besoin. 262 La mère est sûre que son fils est d’elle. 263 C’est trop prêcher. 264 Peu vous importe qui est le père du veau (vers 508). 265 On donne souvent ce nom à un cheval noir. Comprenons : je ronge mon frein. Le finale s’adresse au public. 266 Un plein boisseau d’éléments pour récuser les témoins adverses. 267 En guise de procès-verbaux d’audience. Tout ce jargon juridique dépeint le dialogue théâtral. 268 BM : ornicques (Auteurs comiques. « Quant les comiques et les tragèdes s’en furent départis (…), les comédians et les tragédians ont esté gastéz et perdus. » ATILF.) 269 Totalement. 270 Notre volonté, notre plan (note 124). 271 En fin de compte. 272 On peut lire la chanson de la Povre Garce dans la notice de Frère Phillebert. 273 De mon mari (note 101). Possible allusion aux « parties casuelles des femmes », comme les appelle Noël Du Fail. 274 J’aurais préféré qu’on me brûle. 275 L’élégante (note 12). 276 Qui est : alors qu’elle est. 277 BM : peu (À notre prière. Voir la note 121.) « Il nous a prestés, à no prière et requeste, quatre cens et quatrevins florins. » Jean de Bohême. 278 Voici la fin du conte de Pogge, traduit par Guillaume Tardif, que l’auteur de la pièce a transposé au théâtre. 279 Jusqu’à ce qu’il ait gagné quelque chose. 280 Dépourvue de toit. 281 Le fils de sa mère : son demi-frère. C’est un des innombrables développements que Tardif a brodés sur le texte du Pogge, qui se contente de « cum alio » (avec un autre). 282 Recouvra, trouva. 283 À la place de. 284 Dûment. L’auteur de la farce élude pudiquement l’aide des voisins. Dans la facétie LXX, Tardif traduit l’histoire d’un homme qui abandonne son épouse « l’espace de ung an ou plus…. La femme, à qui il ennuya, avecques l’ayde de Nostre Seigneur Jésucrist — et de ses voysins — fist tant qu’elle engrossa d’ung beau filz dont son mary la trouva acouchée quant il arriva. » 285 Avant. 286 L’y encourageait. 287 À blasphémer et à renier. 288 Qui avec tant de sollicitude.