LES ENFANS DE BORGNEUX
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LES ENFANS
DE BORGNEUX
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Borgneux est une faute de lecture pour Boigneux (vers 263), qui est lui-même une faute de lecture pour Baigneux. À l’époque, Bagneux était un village agricole au sud de Paris, en pleine campagne. Les Parisiens se moquaient des paysans, qui les nourrissaient, en les affublant d’un accent picard1 : c’est le cas de nos deux habitants de Bagneux, comme ce fut le cas de Mahuet, qui était pourtant « natif de Baignolet ». Bagnolet est d’ailleurs nommé (v. 20), ainsi que d’autres villages proches de Paris2 : Clamard (v. 151), Gentilly (v. 157), Meudon (v. 166).
Jelle Koopmans3 attribue ce dialogue à Guillaume Crétin sur la foi de Charles Estienne, qui écrivait en 1543 : « Et quant aux Françoys, j’y mettray Pathelin avecq sa Guillemette & son drapier (…), Coquillart avecq son Plaidoyer4, Crétin avecq son Thibault Chènevote. » Le problème, c’est que le style emberlificoté de ce Grand Rhétoriqueur est sans le moindre rapport avec le style coulant de notre farce, où Thibaud Chènevotte n’est d’ailleurs que le faire-valoir du personnage principal, Guillot Tabouret, qui déclame 60 vers de plus que lui. Le nom « Thibaud Chènevotte » devait être proverbial : Jehan d’Abundance fit de lui l’un des signataires facétieux de sa Lettre d’escorniflerie (T 26), qui renferme beaucoup d’autres noms proverbiaux. Bref ! si Guillaume Crétin a composé une pièce intitulée Thibault Chènevote, force est de constater que ce n’est pas le présent dialogue.
Source : Recueil de Florence, nº 27.
Structure : Rimes abab/bcbc, rimes plates, aaba/bbcb.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce des
Enfans de Borgneux
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À deux personages, c’est assavoir :
GUILLOT TABOURET
TYBAULT CHÈNEVOTE
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THIBAULT CHÈNEVOTE 5 commence
Hay, hay, hay6, Guillot Tabouret !
GUILLOT
Hay, hay, [hay] !
TIBAULT
Ventre sainct Canet7,
Guillot ! Et, que tu es mignon !
GUILLOT
Pourquoy ?
TIBAULT
Tu as ung beau bonnet
5 Tout fin pinpant.
GUILLOT
Michié8 ! c’est mon.
Et puis ?
TIBAULT
Tu fays du compaignon.
GUILLOT
Et toy, tu trenches du gorrier9.
Te marie-tu point ?
TIBAULT
Nenny non !
Me parle-tu de marier ? 10
GUILLOT
10 Ha, que tu es ung fin ouvrier11 !
TIBAULT
Ma foy, [que] tu es ung fin hoste12 !
GUILLOT
Tu es légier13 comme ung lévrier,
Quant il faut piquer de la bocte14.
TIBAULT
Sanc de moy15 ! Je n’y entens nocte
15 En ton fait, Guillot Tabouret.
GUILLOT
Et pourquoy, Thibault Chènevote ?
TIBAULT
Pour ce que t(u) es trop mignolet16.
Que gibet17 ! Il n’y a varlet,
Tant sache[-il] bien avoir de quoy,
20 D’icy jusque[s] à Bagnollet,
Qui soit si bien au mignolet
[Qui soit]18 si abille que toy.
GUILLOT
Va, va ! Tu te mo(u)cques de moy,
Mès19 toy, tu fringues comme raige.
TIBAULT
25 Non fois[-je], par la vertu goy20 !
Mès dy-lay tousjours de21 couraige.
GUILLOT
Thibault !
TIBAULT
Et quoy, [Guillot] ?
GUILLOT
Je gaige
Que je devineray bien celle
Que tu auras en mariage.
TIBAULT
30 Je gaige que non. Qui est-elle ?
GUILLOT
N’esse pas Dy[ane la belle22] ?
TIBAULT
Nenny non !
GUILLOT
Et ! si est[-ce], si.
Quel mestier est-il qu’on la celle23 ?
TIBAULT
Tru, tru ! Tu luy bailleras belle.
35 C’est tout le moins de mon souci.
GUILLOT
Si24, l’ayme-tu bien. [Si fais, si !]
TIBAULT
In Jan ! Aussi fais-tu les ti[e]nnes25 :
Pour Michelette, Dieu merci,
Il fault bien que tu l’entretiengnes.
GUILLOT
40 Voylà : chascun fait [bien] des siennes26
Le mieulx qu’il peult.
TIBAULT
C’est la façon.
Te tarde-il point que ne la tienne[s]
En l’ombre de quelque buisson27 ?
GUILLOT
Tu es ung terrible garson !
45 Il te semble que tu y es.
TIBAULT
Fourby luy as son pelisson28
Maintes fois.
GUILLOT
Hée ! bona dïès29 !
Te souvient-il que tu estiés30,
L’autre hier31…
TIBAULT
Où ?
GUILLOT
Bénédicité !
50 Ce fut ce jour que vous32 saultiez,
Qu’il n’estoit plus d’orribleté.
TIBAULT
O ! cela n’est qu’abilité33.
GUILLOT
Par ta foy ! en as-tu jouy ?
TIBAULT
Qu’ey-j[e] ouÿ34 ?
GUILLOT
Se t(u) as point joutté35
55 À elle ?
TIBAULT
In Jaques36 ! ouÿ.
Mès Dieu scet sy j’ay bien rouy
Et rauldé37, premier qu’en avoir !
GUILLOT
Tu en es tout fin resjouy.
TIBAULT
Et quoy ! aussy, tu fais ton depvoir
60 [De te faire bien recepvoir]38
Par la fille Perrin Piquet39.
GUILLOT
Je la fus encor au soir veoir,
En mectant ses porceaux en tect40.
TIBAULT
La baisas-tu point ?
GUILLOT
Ung tantet41.
TIBAULT
65 [Estoys-tu]42 aise ?
GUILLOT
Ha, Nostre Dame !
TIBAULT
T’estraingnit-elle point le det43 ?
GUILLOT
Sy fit44, par la vertu mon âme !
Mais de fin maleur, une femme
Cuida tout gaster45.
TIBAULT
Mès le diable !
GUILLOT
70 Par le [clair] jour, j’estoys infâme46,
Si je n’eusse trouvé l’estable47.
TIBAULT
C’est une chose espouventable
Que d’estre pris en [tel] destour48.
…………………………………. 49
GUILLOT
C’est mon. Et puis, [dessoubz ung four50],
75 Je cuidoye estre prins proprement.
TIBAULT
Je te prie, compte-moy comment
………………………….. 51
GUILLOT
J’entry [dans l’estable]52, et me cache
En ung quignet53, [tousjours hardy]54.
[Quant elle]55 vint tirer la vache,
80 Je la baisé à l’estourdy56.
TIBAULT
Quant fut-ce ?
GUILLOT
Ce fut [ung] mardy.
TIBAULT
En ce point57 ?
GUILLOT
En ce point, et voylà.
Comment [qu’il soit]58, m’y desgourdy
Ung coup ou deux, et puis haulà !
TIBAULT
85 Et là, de par le gibet, là !
Tu [luy] fis le sanglant pochon59 ?
GUILLOT
Tantoine60 ! nous fismes cela
En chantant l’Amy Bauldichon61.
Vint62, de fin maleur, ung cochon
90 Qui me cuida faire faillir ;
Je luy baillay si grant tourchon63
Du pied que je le fis saillir64.
TIBAULT
C’estoit assez pour tré[s]aillir
De frayeur.
GUILLOT
Ventre sainct Grys65 !
95 [La peur me fit le cueur faillir.]66
Je cuidoye que tout fust pri(n)s
Fors que moy.
TIBAULT
Hay, hay, hay !
GUILLOT
Tu t’en ry[s] ?
TIBAULT
J’en ry. Et puis, que veulx-tu dire ?
GUILLOT
Mauldy sois-je sy j[e m’]en ry[s] !
100 Ha, dea ! ce n’es[toit] point pour rire.
TIBAULT
Pourquoy cela ? Pourquoy, béchire67 ?
[GUILLOT]
Si j’eusse esté tenu privé68,
On m’eust mis en prison de tire69
Comme ung [vil] larron tout prouvé70.
TIBAULT
105 Tu estois [très] bien arrivé,
Qui t’eust veu71.
GUILLOT
Je r(e)gny72 mon serment !
Qui m’eust tenu [ainsi grevé73],
J’eusse eu des coups [bien] largement.
TIBAULT
Je te pri, conte-moy comment
110 T(u) en eschapas.
GUILLOT
Par sainct Michié !
…………………………….., 74
J’atendy que tout fut couché.
TIBAULT
Et puis ?
GUILLOT
Je marché tout fin bellement75.
Mais en passant par le marché,
Je fus croté amèrement.
TIBAULT
115 Tu en es bien, et gentiment.
Puisqu’elle t’aime [tout] ainsi,
[Ce ne sera qu’esbatement.]76
GUILLOT
[Si77 ay-]je le cueur tout transi,
Béchire : celle fille-cy78
120 Ne m’aime point, [ne donne un zec79
De ma personne].
TIBAULT
Si fait, si !
GUILLOT
Je voue80 à Dieu : j’en suis tout sec.
Cuides-tu81 ? Le faux traist[r]e bec
De sa belle ante lui82 jura
125 Que toy, ne moy, ne aultre avec,
De ce village, ne l’aura.
TIBAULT
Le dyable d’enfer la forga83 !
Elle vit trop de la moitié84.
GUILLOT
Jamais la vielle ne songa85
130 Que tout mal [faire86].
TIBAULT
C’est pitié.
GUILLOT
Si j’y87 metz, de l’ennée, le pié,
Je vueil qu’on m’appelle Huet88 !
……………………………… 89
Or, va [l’espouser] !
TIBAULT
J’en appelle90 !
GUILLOT
J’en auré bien une plus belle
135 Quant je vouldray, voire plus riche.
TIBAULT
Que gibet ! Tu ne tiens riens d’elle ?
GUILLOT
In Jaques ! non, s’il n’est en frische91.
Mais quelque chose qu’elle disse92,
Elle et tout le cariage93,
140 S’y fault q’une foys je m’i fiche94,
Si l’auray-je en mariage !
TIBAULT
Elle t’a donc promis ?
GUILLOT
Tay-toy, je gaige
[Qu’aussi] j’ay bien intencion
— Puisque je l’ay mis en [mon courage]95 —
145 D’avoir une citation96.
TIBAULT
As-tu fait consultacion
De cecy [touchant nullité97] ?
GUILLOT
J’ay passé proculacion98
[De] piéçà à l’adversité99.
TIBAULT
150 Fu[s-]tu pas, l’autre jour, cité
Par100 ceste fille de Clamard ?
GUILLOT
Que diable, bénédicité !
J’en euz ung coup de braquemard101 ;
Mès je [le] luy rendy gail[l]art :
155 Je n’euz pas couraige failly !
TIBAULT
Ne fusse pas contre ce paillart
Colin Guilly102, de Gentilly ?
GUILLOT
Tout juste !
TIBAULT
Est-il fort ?
GUILLOT
Qui, Guilly103 ?
Nenny non : ce n’est q’une vache.
160 Il n’oseroit estre assailli
Contre moy, je vueil qu’il le sache.
[Et] s’y fault que je m’y atache,
[Apportez-moy tost ung baston :]104
Je r(e)gni sy je ne luy arrache
165 Le museau !
TIBAULT
Non feras[-tu], non.
GUILLOT
Te souvient-il [point] qu’à Meudon
Je bailly si belle orgemuse105 ?
TIBAULT
À qui ?
GUILLOT
À ce villain goudon106
Qui jouoyt de la cornemuse.
TIBAULT
170 C’est tout ainsy que j’en use107 :
Pour ung coup, j’en baille sept.
GUILLOT
Il ne fault point qu’on s’i amuse
À me dire chose qui soit108 !
THIBAULT
Mais di[s-moy], hay : quant Jehan Gosset
175 Nous vint oster nostre may109,
Il en eut bien !
GUILLOT
Dieu le scet !
Il en eut à la bonne foy110.
THIBAULT
Combien estiez-vous ?
GUILLOT
Jour de moy !
Il estient111 tout premièrement
180 Jehan Peillon (ce112 maulvais garson),
Odin Bidault, et Robin Preudhom113,
Richart Coutet, Gillet Basset,
[Jehan] Michel. J’estiés114 six ou sept,
Et si115, [ilz] s’en fuirent trèstous.
THIBAULT
185 Mais qui estoit avecques vous ?
GUILLOT
J’estiés moy et toy.
THIBAULT
Et qui encor ?
GUILLOT
Et ! que sçay-je ? [Briffault, Paillart116,]
Tire-Viret117, Martin Couillart,
Et aussi le grant Guillot.
THIBAULT
190 Et ! que c’est ung gentil fillault118 !
GUILLOT
Quelque vent qui puisse venter
— Je ne dis pas pour me venter —,
J’avois [sur eux]119 tousjours le bruit.
THIBAULT
Mais j’ay ung point qui me destruit.
GUILLOT
195 Et quel point ?
THIBAULT
Je suis trop franc.
Aga120 ! se je n’avoye q’ung blanc,
Et [que deux deniers tu voulois]121,
La vertu goy, tu les aurois122 !
GUILLOT
Autant123 te dis ! Il ne pert mie,
200 Aussi, à nostre filomie124,
Que je n’avons gentil couraige125.
TIBAULT
Vis-tu onc feste126 de village
Aussi belle que fut la nostre ?
GUILLOT
[La feste ?] Tantoine l’Apostre !
205 Ce fut jusques dedens la ville
De Paris. Et si estoit habille
Assez127.
TIBAULT
J’estïéz bien en point128.
GUILLOT
Avois-je pas ung beau pourpoint ?
TIBAULT
Nos livrées estiés gorrières129.
GUILLOT
210 Au ! que ces filles estiés fières,
Quant je les menïés dancer !
TIBAULT
C’estiés mon. [Pour mieulx trémoucer130,]
Aussi, j’avès ung bon bedon131
Qui faisoit si bien « don, don, [don] ».
GUILLOT
215 Dansay-je pas bien ?
TIBAULT
Et moy, quoy ?
GUILLOT
Oncques[-puis132], par la vertu goy,
Je ne cessay d’estre amoureux.
TIBAULT
Nous le sommes donques tous deux.
Car, par le jour qui [sur] nous luit,
220 Onques-puis [je] ne dormi nuit :
Je ne fais tousjours que songer,
[Je pers le boire et le menger.]133
GUILLOT
Quant je suis au champ, cuide-tu ?
J’ay le cueur aussi abatu.
225 C’est grant pitié que de mon fait.
TIBAULT
Sces-tu que134 ceste garce fait ?
Quant je viens au soir, et je clique
Mon fouet135, elle, [aussitost s’]136 attricque
Et m’apporte ung bouquet gaillart.
GUILLOT
230 Et ! que mauldit soit le paillard,
Se je le veulx ! Que tu es aise !
Et que fais-tu ?
TIBAULT
Je la baise
[À désir137] ung bon horïon.
GUILLOT
Je fay ainsi de Marïon ;
235 Mais [chez elle], elle est si hastive !
TIBAULT
Pourquoy cela ?
GUILLOT
Elle est craintive.
Et puis on la tient trop subjecte138.
Aulcuneffois139, elle me gecte
Par la fenestre ung petit brin
240 De lavende ou de rommarin.
Toutes les fois qu’el(le) me regarde,
Elle rit. Sainct Anthoine m’arde140 !
Cuide-tu ? J’en suis tout godin141.
Mais son oncle, Tailleboudin142,
245 S’en est bien aperceu.
TIBAULT
[Or] vien
Çà : que luy as-tu donné ?
GUILLOT
Rien.
TIBAULT
Et ! dy-le-moy, je te requier.
GUILLOT
Je luy donné ung espinglier143
Qui m’avoit cousté six tournas144.
TIBAULT
250 Mort d’homme, [Guillot], tu en as145 !
GUILLOT
J’ay tousjours [pinte] à desjuner,
Mon petit demy-cartier [à disner146],
Et demistier tout [en ung tas]147.
[TIBAULT, en chantant :]
Cueilly, cueilly, belle bille, beau tas148.
GUILLOT
255 J’en ay ung poinson et deux caques149.
TIBAULT
Se tu les gardes jusqu’à Pasques,
Ilz te vauldront [bonne mémoire]150.
GUILLOT
Mais ce sera — tu peuz bien croire —
Pour me mettre sur le bon bout151.
TIBAULT
260 Je fringuerons152.
GUILLOT
À tout153, à tout !
Je ferons la feste nous deux.
TIBAULT
Voire ! Et on dira partout :
« Voilà les enfans de Boigneux ! »
GUILLOT
Mais, beau sire, ces amoureux
265 De Paris, ont-il plus beau temps ?
THIBAULT
Il sont plus [que nous maleureux]154,
Car [aux champs], je sommes contens
De ce que j’avons.
GUILLOT
Je m’atens
À faire plus, d’ung quarteron
270 D’esguilles155, à [ce que j’entens]156,
Qu’ilz ne feront d’ung chaperon157.
TIBAULT
Sans fournir158, ilz n’ont rien.
GUILLOT
Jehan159 ! non.
Cuide-tu ? Les160 femmes de ville
Ne font riens s’il n’ont, gros et bon,
275 La croix devant161. C’est le s[e]tille.
C’est bruit qu’ilz ont le corps habille162.
THIBAULT
Michel ! Aussi ont-ilz la main163 :
Ilz prendront bien, au jourd’uy, mille164
Bons escus, et autant demain.
GUILLOT
280 Ilz ont si beau cul !
THIBAULT
Mais beau sain !
GUILLOT
Je ne sçay, moy, dont vient l’usaige.
Je croy qu’il n’ont point [le] cueur sain,
D’estre si palles au visage165.
TIBAULT
Par Dieu ! [nos] femmes de village
285 Sont aussi belles, soubz les draps,
Tant pour tant et gaige pour gaige166,
Que ceulx qui font tant de fratras167.
GUILLOT
Il168 ont menu corps, menu bras.
Il font bien, si bien, [les] sucr[é]es169 ;
290 Mon Dieu, [que] c’est fin ypocras170 !
TIBAULT
S’elles171 sont ainsi acoutrées,
Et fussent-ilz comme bourrées172,
Il tient à ces façons nouvelles173
Qu’il ont de ces robes fourées ;
295 Si les font-il devenir belles174.
GUILLOT
Je r(e)gni ! [Ce] sont fines fumelles175.
Il ont [ungs yeulx si très rians]176 !
[T]IBAULT
J’en voys, au vilage, de telles
Qui les ont presque aussy frians.
GUILLOT
300 L’autre jour vis, en chériant177,
Celle-là.
TIBAULT
[Au jeu]178 d’amourettes,
Il n’est tel plaisir récréant179
Qu’estre180 aux champs avec les fillètes.
GUILLOT
Aux champs, aux champs ! La ville put181 !
305 Faisons quelque beau vasselage182,
Et frappons au blanc et au but183 !
Il n’est amours que de village.
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EXPLICIT
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1 Halina Lewicka examine les tournures picardes et parisiennes de notre pièce dans ses Études sur l’ancienne farce française, p. 64. 2 Ils en étaient beaucoup plus éloignés qu’aujourd’hui, car la capitale n’était pas encore devenue cette ville tentaculaire qui a phagocyté tous les environs. Plusieurs arrondissements actuels n’étaient alors que des hameaux indépendants. 3 Le Recueil de Florence, Paradigme, 2011, pp. 389-400. 4 Le Plaidoyé d’entre la Simple et la Rusée, de Guillaume Coquillart. Voir l’édition des Œuvres de Coquillart publiée par Michael Freeman, Droz, 1975, pp. 3-55. 5 La chènevotte est du chanvre écorcé qui s’enflamme vite et qui aide le bois vert à flamber. 6 Retranscription du rire, comme au vers suivant et au vers 97. 7 « Ventre sainct Quénet ! Parlons de boire ! » Gargantua, 5. 8 Forme picarde de « par saint Michel » : voir les vers 110 et 277. C’est mon = c’est mon avis ; idem vers 74 et 212. 9 Tu fais l’élégant. Voir le vers 209. C’est dimanche : les deux villageois ne travaillent pas et ont revêtu leurs beaux habits pour plaire aux filles. 10 Même refrain de chanson au vers 448 du Povre Jouhan. 11 Un habile débrouillard, comme ceux qui esquivent une question gênante par une pirouette ou une chanson. 12 Allusion aux finesses que déploient les hôteliers pour se faire payer. « Quel fin hoste ! » Chagrinas. 13 Rapide. 14 Quand il faut fuir, ou esquiver une question embarrassante. 15 Par mon sang ! Cf. les Maraux enchesnéz, vers 65. Je n’y entends note = Je n’y comprends rien ; cf. le Prince et les deux Sotz, vers 58. 16 Mignon, plaisant. « Tu es » se prononce « t’es », à la manière parisienne ; idem vers 54 et 110. 17 Atténuation de : « Que diable ! » Idem vers 85 et 136. 18 F : Ne (Qui soit aussi habile que toi.) 19 Mais. Idem vers 26, 56, 69, 154. Fringuer = se fringuer avec une élégance tapageuse. Mais aussi : culbuter une fille. « Trois foys il l’a fringuée à l’ombre d’ung buisson. » (Fringuez, moynes, fringuez.) 20 Je ne le fais pas, par la puissance de Dieu ! 21 F : bon (Mais dis-le toujours de bon cœur. « Vous estudïez de couraige. » Pernet qui va à l’escolle.) 22 Je comble arbitrairement cette lacune grâce au Miracle de saint Panthaléon : « Nanil, par Dyanne la belle ! » Les flatteurs baptiseront ainsi Diane de Poitiers : « Pour estre aimé de Diane la belle. » Clément Marot. 23 Quel besoin y a-t-il de taire son nom ? Mais seller une femme, c’est la chevaucher : cf. le Ribault marié, vers 459. 24 Pourtant. Idem vers 118 et 184. 25 Par saint Jean ! Tu aimes aussi les tiennes. 26 Fait avec les siennes, fait avec ses maîtresses. Mais « faire des siennes » = faire des bêtises. « Chascune fera bien des siennes. » Les Femmes qui aprennent à parler latin. 27 La note 40 d’Un qui se fait examiner explore ces buissons à l’ombre propice. 28 Sa fourrure, son pubis. « Pour me fourbir mon peliçon. » Ung jeune moyne. 29 Bonjour. C’est ce qu’on répond ironiquement à celui qui se mêle de nos histoires de fesses comme un curé. « Car mon cul te dit bona diès ! » La Trippière, F 52. 30 Que tu étais. On retrouve ces désinences pseudo-parisiennes aux vers 179, 183, 186, 207, 209, 210, 212. 31 F : iour (L’autre jour. On scande l’au-trièr en 2 syllabes. « L’autre hyer, revenant de Monmartre. » Le Médecin qui guarist de toutes sortes de maladies.) 32 F : tu (Que vous dansiez ensemble, tellement qu’il n’était rien de plus horrifique.) 33 Ce n’est qu’une question d’agilité. Cf. le Fossoieur et son Varlet, vers 11. 34 Que dis-tu ? 35 Entrepris une « joute » amoureuse. Cf. le Raporteur, vers 443. 36 Par saint Jacques ! Idem vers 137. 37 Macéré <Queues troussées, v. 253> et galopé <Marchebeau, v. 25>, avant de l’avoir. 38 Vers manquant. « Un très asseuré sauf-conduict pour le faire bien recevoir. » Pyramus de Candole. 39 La fille de P. Piquet, l’éleveur dont Guillot est l’homme à tout faire. 40 En rentrant ses porcs dans leur étable. « Mon mary jainct/ Comme ung pourceau dedans son tect,/ Quant il a foullé ung tantet/ La ‟vendenge”. » Raoullet Ployart. 41 Un tantinet, un peu. 42 F : Et toy (Voir le vers 231.) 43 F : doy (Le doigt. « Engrillonné pousses et detz [les pouces et les doigts attachés]/ Comme larron, car il fut des/ Escumeurs que voyons courir. » Villon.) Serrer le doigt d’un homme est affectueux : « Je le tiens par le doigt./ La nuict, quand je me couche,/ [Il] se met auprès de moy. » (Mon père, aussi ma mère.) Mais le doigt peut désigner le pénis : « J’ay gaigné la chaude-pisse ;/ Et du doy de quoy je pisse,/ On m’en a coupé le bout. » Chansons folastres. 44 F : fut (Elle le fit.) 45 Les privautés hors mariage sont souvent gâchées par l’arrivée d’une importune : cf. le Poulier à sis personnages, vers 598-601. 46 En plein jour, j’aurais été déshonoré. 47 L’étable à cochons du vers 63. On ne compte plus les amants qui ont dû « s’en fuyr tout nud,/ Se cacher dedans une estable ». Pour le Cry de la Bazoche. 48 Dans une telle embuscade. « Quant je me treuve en tel destour. » Les Frans-archiers qui vont à Naples. 49 Lacune de 4 vers. L’aventure qui a débuté hier soir (v. 62) s’est terminée ce matin (v. 70). Thibaud rappelle maintenant à Guillot un épisode plus ancien. 50 F met cet hémistiche à la fin du vers 78. Les fours étaient des ouvrages de maçonnerie surélevés, sous lesquels on entreposait le bois de chauffe. Il était donc possible de se cacher dessous provisoirement. 51 Lacune de 3 vers. Thibaud interroge Guillot sur une autre de ses aventures, qui eut lieu un mardi (v. 81). 52 F : la 53 Dans un recoin. « En ung quingnet me mys secrètement. » Octovien de Saint-Gelais. 54 F : dessoubz ung four (Voir la note 50.) « Un chien est tousjours hardy sur son fumier. » Proverbe. 55 F : Tant quelle (Quand la nièce de la tante du v. 124 vint traire la vache.) 56 Je l’embrassai sans réfléchir. 57 C’est tout ? 58 F : ie (Quoi qu’il en soit, je m’y activai. « Comment qu’il soit,/ Je suis de luy trèsfort content. » Colin qui loue et despite Dieu.) 59 « PAUCHON, s.m., pieu. » René Debrie, Glossaire du moyen picard. 60 Par saint Antoine ! Idem vers 204. 61 « L’amy Baudichon, ma dame, l’amy Baudichon. » Nous avons perdu le texte complet de cette rengaine, mais le titre en fut souvent repris, notamment dans la chanson Une bergerotte : « Robin Taste-motte/ Leva son plisson [sa pelisse] ;/ Par-dessoulz sa cotte,/ Luy tasta son con./ Et luy dist : ‟Chanton/ Notte contre notte/ Et l’amy Baudichon.” » Sur l’air de la chanson originale, Josquin Des Préz composa pieusement une Missa L’ami Baudichon. 62 F : Mais (Le cochon, malgré son nom encourageant, fait lui aussi obstacle aux amoureux : « Puis Martin juche, et lourdement engaine./ Le porc eut peur, et Alix s’escria :/ ‟Serre, Martin ! Nostre pourceau m’entraîne !” » Marot.) 63 Coup. « Deschargez sur ce pèlerin/ Torchons plus drus que pois en pot ! » Godefroy. 64 Sortir de l’étable. 65 Par le ventre de saint François d’Assise, qui portait une robe grise. 66 Vers manquant. « La puanteur,/ Hélas, me faict faillir le cœur. » Le Retraict. 67 « BÉCHIRE : beau sire. » (R. Debrie, Glossaire du moyen picard.) Idem vers 119. 68 F : a prime (Se dit d’un oiseau qu’on met en cage pour l’apprivoiser. « Ce petit oyseau se paist de toute sorte de pasture (…), mais estant tenu privé, il mange volontiers de la navette. » Pierre Belon.) 69 Tout d’un coup. Cf. Cautelleux, Barat et le Villain, vers 351. 70 Comme un fieffé voleur. « C’est un meschant laron prouvé ! » (Le Retraict.) Les vols de bétail étaient sévèrement punis, quand ils n’étaient pas commis par des soldats. 71 Tu serais bien tombé, si on t’avait vu ! « Me voicy trèsbien arrivé ! » Pernet qui va à l’escolle. 72 Je renie. Même contraction euphémique aux vers 164 et 296. Pour tromper le diable, on prononçait « jerni » ou « jarni » : jarnidieu ! 73 Si on m’avait trouvé dans cette position de faiblesse. « Neptune seul se tient ainsi grevé. » Jacques Peletier du Mans. 74 Lacune de 2 vers. Guillot sort de l’étable, mais il doit attendre que toute la maison dorme avant de sauter le mur et d’atterrir dans la rue. 75 Une fois dehors, je marchai d’un bon pas. « Il marcheroit si bellement. » Les Femmes qui plantent leurs maris. 76 Vers manquant. J’emprunte le vers 259 de la Satyre pour les habitans d’Auxerre. 77 Pourtant. « Si ay-je merveilleux couraige. » Les Frans-archiers qui vont à Naples. 78 F : la 79 Ne donne pas même une coquille de noix. « Je n’en donne ung zec. » Le Résolu. 80 F : feue (Je prends Dieu à témoin. « Je voue à Dieu et sainct Martin. » Les Mal contentes.) 81 Le croirais-tu ? Idem vers 223, 243 et 273. 82 F : qui (La bouche médisante de sa tante lui jura… Cf. l’Antéchrist, vers 16.) 83 Forgea cette tante. Même « g » dur picard à la rime : song[e]a. 84 Elle a vécu deux fois trop longtemps. 85 Jamais cette vieille ne songea, ne machina. 86 « À tout mal faire se déduisoit, & de bien faire ne luy chaloit. » Robert le Diable. 87 F : icy (Le « c » est de trop.) Si, de toute l’année, je mets le pied dans son étable. 88 Je veux bien qu’on me traite d’imbécile. « Je veulx qu’on m’appelle Huet/ Se, de moy, il a jà tournoys [un sou] ! » Te rogamus audi nos. 89 Lacune de 5 vers. Thibaud vante les mérites de la nièce ; Guillot lui répond qu’il n’a qu’à l’épouser. 90 Je fais appel, je m’y oppose. Cf. le Marchant de pommes, vers 175. C’est le premier terme juridique d’une longue série. 91 Si son sexe n’est pas en manque. « Povres femmelettes en friche/ Par faulte d’estre ‟labourées”. » G. Coquillart. 92 Qu’elle dise. Les Picards prononçaient « diche » : Debrie, Glossaire du moyen picard, p. 151. 93 Toute sa famille, et notamment la tante, qui refuse de m’accorder sa nièce. « Mon frère est sot et ma seur sote,/ Et moy, et tout leur cariage. » Rondeau. 94 Que je me fourre dans son vagin pour la mettre enceinte. 95 F : ma teste (Dans mon cœur, dans mon esprit. « Soubdainement, je miz en mon couraige/ De vous escripre. » Michel d’Amboise.) 96 Une citation à comparaître devant elle : d’obtenir un rendez-vous galant. Les deux hommes détournent le jargon judiciaire à des fins érotiques ; le théâtre basochien repose sur de tels détournements. Voir la notice de Pour le Cry de la Bazoche. 97 L’official prononce la nullité d’un mariage qui n’a pas été consommé. 98 F : procultacion (Procuration. « Porteur et chargé de proculation…. La ditte proculation portant pouvoir au dis Charles Viollet de passer acte en forme de transaction. » Archives de Gournay.) Jeu de mots sur cul. « Sy vous faictes cullation,/ Mounyère, avec monsieur le brave. » Le Poulier à sis personnages. 99 F : la diuersite (Depuis longtemps à la partie adverse.) 100 F : Pour (Cité à comparaître devant l’Officialité, pour l’avoir mise enceinte.) 101 Un coup de semonce, un avertissement. Mais le double sens phallique du braquemart ne tarde pas à émerger. 102 F : guillon (Le nom de Guilly existe, et il est nécessaire pour la rime du vers suivant.) 103 F : luy 104 Vers manquant. « Apportez-moy tost un baston,/ Que je luy casse le museau ! » Jéninot qui fist un roy de son chat. 105 Un coup. « Tien ! pren celle orgemuse ! » ATILF. 106 On traitait les Anglais de « godons » : cf. les Coppieurs et Lardeurs, vers 225 et note. La cornemuse semble viser les Écossais composant la garde des archers du roi : cf. la Satyre pour les habitans d’Auxerre, vers 129-130. 107 À partir d’ici, beaucoup de vers ne font que 7 syllabes alors que leur sens et leur rime sont satisfaisants, comme si l’auteur n’avait pas eu le temps de les peaufiner. Je n’y toucherai donc pas. 108 Quelque injure que ce soit. On prononce « sè ». 109 Selon une coutume peu catholique — elle remonte aux druides —, le premier mai, on jonchait avec de la verdure (du houx, des branches de hêtre) le seuil de sa promise ou des gens auxquels on voulait porter bonheur. Si ce houx était dérobé, cela portait malheur. Notre dialogue est peut-être l’œuvre des basochiens de Paris qui, le dernier samedi du mois de mai, plantaient un « may » — c’est-à-dire un arbre — dans la cour du Palais de justice. 110 Il eut des coups en toute naïveté. Cf. les Femmes qui font refondre leurs maris, vers 447. 111 Ils étaient : il y avait, du côté de nos ennemis. 112 F : et 113 F : preudhomme (On prononçait prudon : « Vaillans preudhoms,/ N’oubliez pas ces beaux pardons. » Saincte Caquette.) 114 De mon côté, nous n’étions que 6 ou 7. 115 Et pourtant, nos adversaires… 116 J’emprunte au Capitaine Mal-en-point le nom de ces deux soldats plus enclins à attaquer une cuisine qu’une forteresse. 117 Tire flèche. 118 Un bon compagnon. « Tenez, la belle : ay-je trouvé,/ À ceste heure, ung gentil fillault. » Ung jeune moyne. 119 F : deux (J’avais l’avantage sur nos ennemis. « [Gens d’entendement] haront le bruit sus eulx certainement. » Pronostication d’Habenragel.) 120 Regarde ! Cette exclamation est plus normande que picarde, comme « dis-lay » au vers 26 ; mais l’essentiel est de faire patoiser les deux paysans. 121 F : tu voulois les deux deniers (Un blanc vaut 5 deniers.) 122 F : ouroies 123 F : Autel (J’en ai autant à ton service.) 124 Il ne paraît pas, d’après notre physionomie. « Un beau personnaige représentant ou figurant le Roy, choisi au plus près de sa philomie. » Godefroy. 125 Que nous n’ayons pas un cœur valeureux. 126 F : teste 127 Et elle était très bien organisée. 128 J’étais élégant. 129 Nos costumes étaient pimpants. 130 « Et verrons qui mieulx dencera/ Et qui mieulx se trémoucera. » ATILF. 131 Il y avait un bon tambour. « Ne dancer qu’au joly bedon. » Sermon pour une nopce. 132 Jamais depuis. Idem vers 220. 133 Vers manquant. J’emprunte le vers 82 des Chambèrières qui vont à la messe. 134 Ce que. « Garce », féminin de « gars », n’est pas péjoratif ; voir la notice de Frère Phillebert. 135 Et que je fais claquer mon fouet à bœufs pour lui signaler mon arrivée sans prendre le risque de frapper à sa porte. 136 F : sen (Elle s’attife.) 137 « Baiser, acoller à désir. » (Les Femmes qui demandent les arrérages.) Je l’embrasse un bon coup. Mais aussi : Je la besogne un bon coup. Baiser = copuler : voir la note 130 du Povre Jouhan et la note 29 du Trocheur de maris. Horion = coup de pénis : « La dame (…) s’escrye, disant que son ‟escu” n’estoit assez puissant pour recevoir les horions de si gros fust. » Cent Nouvelles nouvelles, 86. 138 Son oncle la traite comme une servante. 139 Parfois. 140 F : tarde (Que le mal des ardents me consume ! « Que le feu sainct Anthoine m’arde/ Se je ne luy baille sa part ! » La Nourrisse et la Chambèrière.) 141 Réjoui. 142 Ce nom, plébiscité par la littérature joyeuse, est ici donné à un négociant en vin. Traditionnellement, les buveurs se gavent de charcuterie salée parce qu’elle donne envie de boire. « –Et apportez force de vin !/ –Faciem [que je fasse] force de boudins. » Les Sotz nouveaulx farcéz. 143 Un étui à épingles. Guillaume Coquillart regrette l’époque où les femmes se contentaient de si peu : « On aymoit pour ung tabouret*,/ Pour ung espinglier de velours./ Aujourd’huy, il fault le corset,/ Ou bailler dix escus d’ung tret. » *Guillot Tabouret porte le nom des coffres à bijoux « appelléz tabouretz, sur les couvercles desquelz on mect des espingles ». Godefroy. 144 6 deniers tournois (prononciation picarde). 145 Tu as de l’argent (ironique). Ou bien : tu as des cornes, puisqu’une maîtresse si mal entretenue ne peut que te cocufier. 146 Un demi-quart de vin au dîner. « Pinte à soupper, pinte à disner,/ Et puis chopine à desjeuner. » (Le Capitaine Mal-en-point.) La nièce du marchand de vin veille à ce que son prétendant ne se dessèche pas. 147 F : entier (Et un demi-sétier de vin en même temps. « Adieu toute ceste assemblée,/ Pelle-melle, tout en ung tas ! » Le Povre Jouhan.) 148 Une grande quantité, un gros tas. Ce décasyllabe hermétique semble provenir d’une comptine. 149 J’ai obtenu d’elle un tonneau et deux barriques. « On ne trouvoit que ung caque de vin, ou ung poinsson tout au plus. » ATILF. 150 F : de bon argent (Pâques est le moment où l’on se confesse ; il faut alors se souvenir de tous les péchés qu’on a commis dans l’année : « –Si le fault-il dire/ Au confesseur, quant vient, à Pasques./ –Quant j’y suis, il ne m’en souvient. <Les Chambèrières et Débat.> Par chance, le vin développe la mémoire : « –Versez à boyre seullement !/ –Et, aurez très bonne mémoyre. » Deux hommes et leurs deux femmes.) 151 Je vendrai ce vin pour me mettre sur mon trente-et-un. « (Il) m’a mis dessus le bon bout. » Pour le Cry de la Bazoche. 152 Nous frimerons. Idem vers 24. 153 Allons ! « Sus, sus, à tout ! » Les Botines Gaultier. 154 F : maleureux que nous 155 F : Despuilles (Avec 25 aiguilles : grâce à l’épinglier que j’ai offert à Marion au vers 248.) 156 F : mon intencion (À mon avis. « À ce que j’entens,/ Ce Caresme, avons eu bon temps. » L’Antéchrist.) 157 En offrant à leur amie un chaperon. Cela suffit pour acheter les faveurs d’une femme ; cf. le Gallant quy a faict le coup, vers 41 et note. 158 S’ils ne fournissent pas d’argent. 159 F : In iaques (« Jehan ! » = par saint Jean. Cf. le Marchant de pommes, vers 1.) 160 F : des 161 La pièce frappée d’une croix avant toute chose : « Je resemble aux archevesques : je ne marche point si la croix ne va devant. » (Pierre de Larivey.) C’est le style = c’est la façon de maintenant. « C’est la fasçon, c’est le setille. » Les Coppieurs et Lardeurs. 162 Il est de notoriété publique qu’elles sont habiles de leur corps. 163 Elles ont aussi la main habile quand il s’agit de prendre l’argent de leurs clients. 164 F : mise 165 Guillot fait mine de croire que la pâleur des Parisiennes est due à leur mauvaise santé, alors qu’elle est due au maquillage. 166 En comparaison. 167 Que celles qui font tant de chichis. La forme fratras est correcte : voir par exemple les vers 56 et 63 des Sotz qui corrigent le Magnificat. 168 Les Parisiennes. 169 Les doucereuses. « Je n’ay dueil que des vieilles dogues/ Qui font les sucrées. » Dyalogue pour jeunes enfans. 170 L’hypocras est un vin médicinal dont on ne se méfie pas parce qu’il est très doux, mais qui fait vite tourner la tête. 171 F : Celes (Si elles. « Leurs culz fourréz cherroient embas,/ S’elles n’estoient ainsi senglées. » Les Sotz qui corrigent le Magnificat.) 172 Si leurs fesses ont l’air d’être rembourrées par un faux cul. « Celles qui deux culs supportent/ Sous les robes qu’elles portent,/ Desquels l’un, de chair, la nuit/ Leur sert à prendre déduict ;/ L’autre, de crins et de bourre,/ Autour leurs fesses embourre. » (Pierre Le Loyer.) F descend ce vers après 294. 173 F : nonuellez (Cela tient à ces modes nouvelles. Cf. les Femmes qui plantent leurs maris, vers 377.) 174 Leurs robes rembourrées les font devenir belles. 175 Je renie Dieu ! Ce sont des femmes malignes. 176 F : ung yeuly si atirens (Uns yeux = une paire d’yeux : « Elle vous a uns yeulx petis…./ A ! que vous avez ungs fins yeulx. » La Pippée.) La rime — et une longue tradition — postule pour l’adjectif riants : « Car il a si très rians yeulx. » Moralité de Fortune. 177 En conduisant ma charrette. Guillot montre une des spectatrices. 178 F : Aga pour parler (« Alons derière le rydeau/ Acomplir le jeu d’amourètes. » Le Poulier à sis personnages.) 179 F : recouuert (Il n’est pas de plaisir si divertissant. Les Picards prononçaient « récriant ».) 180 F : Que destre 181 Pue. Les citadins n’ont pas attendu Rousseau pour s’extasier béatement sur une nature dont ils ignorent tout : « Fi, fi, la ville put ! Les champs et les fustaies,/ Le doux chant des oiseaux, ne sont point destinéz/ Pour ceux qui sont tousjours aux villes confinéz. » Claude Gauchet, le Plaisir des champs. 182 Un bel acte de bravoure, ici ramené au domaine sexuel. 183 Tirons dans la cible féminine.