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SERMON JOYEUX DES QUATRE VENS

Manuscrit La Vallière

Manuscrit La Vallière

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SERMON  JOYEUX

DES  QUATRE  VENS

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Cette parodie de sermon fut prêchée à Rouen vers 1520, par un acteur déguisé en moine Bénédictin. Examinons les quatre vents qu’il décrit :

1. Le « vent du vin », représenté par Zéphyr. Vers 118-175 (57 vers).

2. Le « vent des instruments » qui font danser, représenté par Éole. Vers 176-227 (51 vers).

3. Le « vent de chemise », qui génère la folie amoureuse. Il est représenté par Notus. Vers 236-313 (77 vers).

4. Le « vent de derrière » : le pet. Il est représenté par Borée. Vers 314-385 (71 vers).

Source : Manuscrit La Vallière, nº 4.

Structure : Rimes plates, abab/bcbc.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Sermon     joyeux

des   .IIII.   vens

*

        In nominé Patrix, et Fili,

        Et Spiritu Santy.1       AMEN !

        Quatuor ventus de mondo

        Faciunt mirabilia.2

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5      Je dis : in diverso modo3,

        Quatre vens au monde il y a,

        Prudente assistence. Il [fault jà]4,

        En ma brefve colation5,

        Vous donner l’exposition6

10    Pour endoctriner homme et femme.

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        Aucuns7 vous preschent le Karesme,

        Les Quatre-temps8 et les Avens.

        Mais je diray9 des quatre vens,

        Lesquelz viennent10 (comme je gage)

15    Pour soufler les gens au visage

        En les faisant haster d’aler,

        Reculer et triquebaler11,

        Voller, tumber, saulter souvent.

        Et pour vous garder de tel vent,

20    J’e[n] diray les propriétés.

.

        Mais avant que d’icy partez

        Et que procède plus avant,

        Je vous recommande devant12

        Nostre couvent, qui est oyseulx13 :

25    Nous sommes bons religïeulx,

        Et bien povres moynes reiglés14,

        Aussy chanoynes desreiglés15.

        Vous congnoissez assez l’afaire !

        Et ne voulons jamais rien faire

30    Synon [de] boyre et chopiner16,

        Dîner, réciner, souper,

        Rire, danser, chanter, bouter17

        Soublz nostre nez, à nostre bouche ;

        Et puys dormir sur une couche

35    En blans draps, avec la fillète

        Belle, doulce et mygnonnète18.

        Et pour tant19, par humble manyère,

        Mectez la main à l’amônyère20 !

        Et nous regardez, par concorde21,

40    Des22 gros yeulx de Miséricorde !

        Voylà de quoy vous faictz requeste.

        Dam Phlipot23 vous fera la queste.

        Mais escoutez, sy vous povez :

        Car il convyent que vous ouez24

45    Bons25 Frères par commandement,

        Dont vouécy le commencement.

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               Prions pour marchans de chevaulx26

               Vendans vieux chevaulx et jumens :

               Que s’y ne sont27 trompeurs et faulx

50           — Combien qu’ilz facent des sermens —,

               La gouste28 les tienne en tourmens,

               Ou la forte fièvre quartaine,

               Qui les tienne bien fermement

               Tout du long de la quarantaine29,

55           Ou leur envoye la bosse30 à l’aine,

               La chaulde-pisse ou la [toux] forte,

               Affin qu’il n’en soyt de tel sorte !

.

               Nous prirons pour ces gens d[’É]glise

               Qui veulent femmes décepvoir31 :

60           Qu’on les puisse, soublz leur chemise,

               D’unes bonnes verges32 le cul fesser !

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               Pour ces boucher[s] à grosses lipes33,

               Prions qu’i puissent sans arês34

               Estre, de leurs plus ordes35 tripes,

65           Amerdés jusques [aux] jarés36 !

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               Nous prirons pour mu[n]iers37, munières,

               Qui desrobent sactz par les g[u]eulles38 :

               Qu’i puissent choir en leurs rivières39

               Ou qu’i trébuchent entre deulx meules40 !

.

70           Nous prirons pour ses barbiers [jurés41]

               Qui font la barbe à la moytié :

               Qu’ilz ayent tous les yeux crevés,

               Sans en avoir nule pityé !

.

               Nous prirons pour femmes enceintes,

75           Que quant viendra à enfanter,

               Que leurs fruictz sortent sans contraintes,

               [Aussy doucement qu’à l’entrer]42.

               Aussy, qu’ilz puissent enhorter43

               Leurs maris en telle manière

80           Qu’i leur(s) puissent le cul froter

               Plustost devant que par derière44.

.

               Nous prirons singulièrement

               Pour toute fille de village :

               Qu(e) on puisse trouver le moyen

85           Qu’el soyt bientost à mariage45

               [Pour perdre enfin son pucellage !]46

.

               ……………………………….

               D’un saq à chaulx et à cherbon47,

               Et d’un gros marteau de chéron48,

               D’un buleteau49 à la farine,

90           D’une braye50 et d’une estamine51,

               Et de la pate d’un griffon52

               Ayez tous la bénédictïon !         AMEN !

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        Notez qu’in diverso modo53,

        Quatuor ventus de mo[n]do

95    Faciont myrabilia :

        Bonnes gens, je dis qu’il y a

        Quatre vens de mode dyverse

        Qui54, chascun, [un] homme renverse,

        Et font en ce monde merveille.

100  Et ! pour Dieu, que chascun s’esveille55 !

        Et n’entrons poinct en grandz argus56 !

        On dict qu’il y a Zéphyrus,

        [Éolus, Notus]57, Boréas ;

        Mais ces quatre vens ne sont pas

105  Bien suffisans pour raporter58

        À ceulx dont je vous veulx conter :

        [Le premier]59 est le vent du vin,

        Qui souvent souffle au chérubin60.

        Et le second, c’est des haultz-vens61,

110  Des flajotz62 et haultz instrumens

        Qui sonnent63, font muer la chèr,

        Marcher, troter, glasser64, glisser.

        Le tiers est du vent de chemise65,

        Qui vault pirs que le vent de bise.

115  Le quart est le vent de derière66,

        Dont on se doibt tirer arière

        À cause du vray sentement67.

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        Dont — en fin que mon « fondement68 »

        Puisse [selon le vent]69 marcher —

120  Je vous vouldray premyer toucher70

        Du plus souef71 vent de l’anée :

        C’est Bacus, dieu de la vinée,

        Qui s’aproprye à Zéphirus72.

        À cela, n’y a poinct d’abus.

125  Et ce vin, tant plus est nouveau,

        De tant plus atainct le cerveau.

        Ce vent est moytié froid et chault ;

        Y sifle, y souffle, y faict un sault.

        Au premier73, y semble qu’i tonne :

130  Il enfondre quasy la tonne74,

        S’il n’a le passage à souhaict.

        Il rend un homme de bon hect75

        En sentant une odeur sy bonne ;

        Il réconforte la personne.

135  Ce vent à plusieurs choses duict76 :

        Il engendre joye et déduict77

        Et oste la mélencolye78.

        Il cause souvent qu’on s’alye79

        Et qu’on faict [des] enffans petis.

140  Il donne divers apétis.

        Y faict croistre bonnes humeurs

        Comme Zéphirus faict80 les fleurs.

        Quant y souffle modérément,

        Il aguise l’entendement.

145  Quant y faict les doulces virades81,

        Il réconforte les malades.

        Mais quant il n’est bien atrempé82,

        Homme n’est qui n’en soyt trompé :

        Il vous faict changer le vyaire83

150  Et faict troubler le lumynaire84 ;

        Y faict ung homme sy hideulx85

        Que, d’une chose, on en voyt deulx.

        Ung homme comme un Célestin86,

        Y vous en faict un chérubin87 !

155  Y faict [les] gens chanter, parler,

        Saulter, tripper88, tumber, baler,

        Abastre un huys89, rompre une porte.

        Y semble c’un deable l’emporte,

        Tant esmeult un térible orage !

160  Ce vent faict faire rouge rage90.

        Sy unne femme en est férue91,

        La clef de son con est perdue92 :

        Car il abat (c’est chose prompte)

        La femme en bas ; puys l’homme [y] monte.

165  Exemple en avon bien avant :

        Lo93 en fut frapé, de ce vent,

        Et en r[e]ceust tel passe-avant94

        Qu’on le veist derière et devant ;

        Et tèlement il chancela

170  Que ses95 deulx filles racola.

        Et tant d’aultres96 que c’est merveille !

        Et pour tant, don, je vous conseille :

        Ne prenez de ce vent qu’à poinct97.

        Et voylà pour mon premyer poinct,

175  Qui touche de ventus vinon98.

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        L’autre vent, c’est d’instrumenton99.

        Oyez, bonnes dévotes gens !

        Ce vent procède des haultz-vens100,

        Lesquelz n’ont poinct les sons hideulx

180  Mais trèsdoux ; tant, qu’au moyen d’eulx

        Sont jeunes et vieux resjouys.

        Il avint un jour que j’o[u]ÿs

        Ce vent de flûtes et de lus101,

        Que j’aproprye ad Éolus102 ;

185  Puys je m’en vins (pour chose honneste103)

        Tout droict en une grosse feste

        Où tout chascun faisoyt merveille.

        Ce vent leur souffla à l’horeille

        Et les faisoyt sail[l]ir en hault,

190  Faire un tour [et] ung souple sault104.

        Jamais — don j’aye souvenance105

        Ne vis plus lourde contenance

        Que ce vent la leur faisoyt faire.

        Un grand Sot, regardant l’afaire106,

195  Les vist aller puys reculler.

        Aucuns faisouent107 les bras branler ;

        L’un marche avant, l’autre s’avance

        Au loing : au meileu108 de la dance

        Se métoyt pour faire virades109.

200  Bien montrouent qu’i n’estouent malades110

        — Car pas n’avoyent esté batus —

        De ce vent ne de ses vertus.

        Tout autant de gens qu’i toucha,

        Chacun d’iceulx le cul haucha111.

205  L’un souffloyt et suet112 de peine,

        L’autre en estoyt [tout] hors d’alaine113 :

        Chacun en estoyt boutiflé114.

        S’il eust plus longuement souflé,

        C’estoyt pour prendre la brigade115

210  De ce vent qui faict ceste ambade116.

        Depuys l’entrée jusqu(es) à l’issue,

        Rend sy grand chaleur qu(e) on [en] sue :

        C’est un vent chault, en vérité,

        Plus que le soleil en esté.

215  Y vous faict esmouvoir les vaines117,

        Y faict suer entre deulx aines118.

        Ce vent est plaisant instrument,

        Car y faict faire ajournement119 ;

        Et bref, yl a120 (comme y me semble)

220  Faict metre homme et femme ensemble.

        De nuict, souvent, y faict merveille :

        Les jeunes filles y réveille121,

        Et sy, les faict toute nuict estre,

        Pour escouster, en la fenestre ;

225  Y les faict sortir hors du lict

        Pour entendre mieulx le déduict.

        Par quoy, c’est mirabilia !

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        Et pour tant, je dis qu’il y a

        Quatre vens en ce monde ycy,

230  Dont [en] voy(e)là deulx, Dieu mercy !

        Mais avant que soyons partys,

        Verrons122 les deulx aultres partys :

        Ces123 deulx aultres seront notés

        Bien deument124 et bien racomptés,

235  Comme nous avons de coustume.

.

        Et pour tant, en heure oportune,

        Parleron du vent de chemise,

        Aussy froid que le vent de bise :

        Car souvent faict haper l’onglée125,

240  Et faict la personne engelée,

        Qui126 s’en laisse fraper souvent.

        Car y fault noter que ce vent

        Premièrement frape au regard ;

        Et, du regard (se Dieu me gard),

245  Frape au cerveau, et puys au cœur.

        Et oste à l’homme sa127 rigueur,

        Sa franchise et son industrie,

        Et totalement le mestrie128.

        À tort & à travers, y rue,

250  Y faict l’homme courir en rue,

        Et passer, en une saison129,

        Cent foys devant une maison130 ;

        Et s’une foys il ne claquète131,

        Du moins il baise132 la cliquète.

255  Ce vent, souvent (sans soy débatre133),

        Faict soudain un homme s’embatre134,

        Fraper, cresmir135 par fantazie,

        Prendre fièvre par jalouzie.

        Car quiquonques en est souflé,

260  D’engaigne136 en devient boursouflé

        Et n’a, [ne] jour ne nuict, repos.

        Il est pensif à tous propos.

        S’y cuide un petit sonmiler137,

        Ce vent vous le faict réveiler

265  Et faire chasteaux en Espaigne138.

        Il se rapaise, y se rengaigne139.

        Puys s’il espoire aucun délict140,

        Ce vent le soufle sus son141 lict

        Et hors de la maison l’emporte ;

270  S’il ne peult sortir par la porte,

        Y saulte hors par la fenestre,

        Et ne séroyt en nul lieu estre142.

        Y143 le conduict, y le pourmaine,

        Et devant quelque hostel le maine144,

275  Là où il va compter le careau145.

        En lieu de panser146 son cerveau,

        Y menge des poyres d’engoysse147,

        Et soufre très mauvaise engoysse

        En craignant du vent l’accident148.

280  Y vous est tremblant dent à dent149,

        Tant qu’i fault que par force on l’oye150.

        Ce vent le faict chanter sans joye.

        Y va siflant avant le vent151 ;

        Y s’eslongne et revient souvent.

285  Y croquette du doy à l’uys152

        Ou contre une fenestre ; et puys

        S’y est nul qui met153 contreverse,

        Y vient quelqu(e) un154 [qui] luy renverse

        Ung pot à pisser sur la teste155.

290  Puys y jure [et] y se tempeste :

        « Le mal sur mal n’est pas sancté156 ! »

        Le voylà quasy despité.

        N’esse pas une grand pityé ?

        Ainsy, n’y a nule amytié157

295  À ce maudict vent de chemise ?

        Et ! sy a bien158, quant je m’avise :

        Non obstant, je dis qu’entre nous

        Aucuns159 le treuvent sy très doulx ;

        C’est quant y leur soufle au visage

300  En faisant le pèlerinage

        Et le voyage Sainct-Bézet160 :

        On trouve [à] la foys161 quelque esguet,

        Tandy[s] que se passe l’orage…

        Ce vent de chemise faict rage,

305  Pour finalle conclusion.

        Tel [en dict icy maldisson]162

        Qui en peult bien estre frapé.

        Virgille mesme en fut trompé163,

        David164, et son filz Salomon165,

310  Aristote166. Le fort Sanson

        [En traïson]167 fust « circonsit »,

        Et bientost après, on l’ocit.

        Et pour tant, n’en prenez qu’à poinct168.

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        Et voy(e)là, pour nostre aultre poinct,

315  De  la dernière colatïon :

        Seigneur[s], pour résolution

        De nostre partye dernière,

        Toucheron du vent de derrière,

        Que j’aproprye à Boréas.

320  Ce vent soufle tousjours en bas,

        Rendant souvent un bien lect ton169 ;

        Mais il revient vers le menton

        Fraper tout droict à la narine,

        Sentant plus fort que poix résine170,

325  Procédant de bruyne espoisse171.

        Ce vent a deulx noms : pet, et vesse.

        (D’autre172 pet, donc, n’a pas science.)

        Je vous diray la différence :

        Sachez qu’i produict173 d’un estroict

330  Bien chault, et qu’i tire vers le froit ;

        Et quant froid et chault sont ensemble,

        Voulontiers tonne174, ce me semble.

        Aussy, quant ce vent [chault] s’entonne,

        Y semble proprement qu’il tonne,

335  Ou y resemble à la trompète ;

        Adonc dict-on que ce vent « pète ».

        Mais quant y soufle doulcement

        Sans rendre son aucunement175,

        On l’apelle le vent de « vesse ».

340  Sy je nomme leur non, qu’en esse ?

        Les parolles ne sentent pas !

        Se, non obstant, soyt hault ou bas,

        Touches176 de ces deulx vens, pensez

        Qu’i sont tous deulx puans assez :

345  J’en eustz le sentement orains177 !

        Ce vent procède devers178 Rains,

        Tyrant devers Roye et Cuissy179.

        Entendez bien180 ? Il est, ainsy

        Que luy181, plain de layde bruyne.

350  En passant182 vient une ruyne

        Et une pluye mout espouesse183.

        Et pour cela, bonnes gens, esse

        Que sy [très] puant sentement184

        A, dont y soufle rudement.

355  Et s’esmeult un cruel orage

        Qui luy faict faire rouge rage.

        Mais la bruyne chet185 en bas

        Et cesse ainsy que Boréas.

        Et pour ce, dict-on bien souvent :

360  « Petite pluye abat grand vent.186 »

        Ce vent est doulx ; mais non obstant,

        Yl est sy fort et sy puant

        Que nous en sommes bien tennés187.

        Aussytost qu’i nous frape au nez,

365  L’un en dict « fy ! » et l’autre en crache.

        Entendez188 ? Je veulx bien c’on sache :

        S’y soufle en bonne compaignye,

        Quelc’un189 le faict, chascun le nye ;

        Et faict tirer les gens arière

370  Aussytost qu’i sort du derière.

        S’y soufle entre deulx amoureux,

        Chascun des deulx en est honteux.

        S’y soufle entre l’homme190 et la femme,

        Y répute[nt] l’un l’autre infâme191.

375  Et mesmement, sy c’est au lict,

        Yl  empesche l’amoureux délict192 :

        Car la femme, sentant ce vent,

        Eslongne son mary. Souvent,

        Elle boute du premier sault193

380  La teste hors194, le bec en hault.

        Et pour tant, sy ce vent sentez,

        Estoupez vos nez ! Et notez

        Que les quatre vens dessusdictz

        Sont dangereux — je le vous dictz —

385  À sentir oultrageusement.

.

        Et pour tant, au commencement

        De ceste prédication,

        Ay prins pour ma fondation :

        Quatuor ventus de mondo

390  Faciont myrabilia.

        Je dis qu’in diverso modo195,

        Quatre vens au monde il y a.

        Ainsy, vous sérez qu’il viendra196

        Quatre vens souflans à tous nez.

395  Gardez-vous-en, sy vous voulez :

        C’est cela que je vous conseilles.

        Je vous en ay compté les merveilles

        Et les maulx pour eulx197 avenus ;

        Je prye à Bacus et Vénus

400  Que d’iceulx soyons absentés198.

        Finablement, saulvez199, goustez,

        Notez et retenez mes dis !

        Que Dieu nous doinct son Paradis !

.

                                                   FINIS

*

1 Comme il est de règle dans les farces, le prédicateur ignore le latin. Même le début de la messe lui échappe. In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti : Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.   2 Quatre vents, au monde, font des miracles.   3 LV : mondo  (Correction d’Émile PICOT : Romania, nº 16, 1887, pp. 462-4. Même faute aux vers 93 et 391.)  Cette locution plus italienne que latine signifie : De plusieurs manières, par différents moyens.   4 LV : y a  (À la rime.)  Il faut maintenant.   5 Dans mon bref sermon. Idem vers 315. Cf. le Sermon pour un banquet, vers 136.   6 LV : lexposision  (Le sujet du sermon.)   7 Certains. Idem vers 196 et 298. Le Carême est un jeûne de 40 jours. Dans les pièces normandes, « femme » rime parfois en -ème : « Sçaichez qu’il n’est homme ne femme/ Qui ne doit jûner en Caresme. » La Confession Rifflart.   8 Jeûne de 3 jours qui revient quatre fois par an. « Lors estoit le jeusne des Quatre-temps. ‟Je n’entens point (dit Panurge) cest énigme : ce seroit plustost le temps des quatre vens, car jeusnant, ne sommes farcis que de vent.” » (Rabelais, Vème Livre, 1.)  L’Avent est la période frugale qui précède Noël.   9 Je prêcherai. Le sermonneur fusionne « Quatre-temps » et « Avent » pour obtenir « quatre vents ».   10 LV : vens  (Correction suggérée par Jelle KOOPMANS : Recueil de sermons joyeux, Droz, 1988, pp. 508-528.)   11 Trinqueballer, chanceler.   12 D’abord. Lorsqu’ils font la quête, les moines mendiants recommandent leur couvent aux donateurs.   13 Oisif. L’oisiveté des moines est régulièrement dénoncée. Longtemps avant le célèbre Couvent des Oiseaux, il y eut donc un couvent des oiseux.   14 Le sermonneur porte le froc des Bénédictins, qui sont astreints à la Règle de saint Benoît.   15 Débauchés. Tout comme les Conards de Rouen, qui dénonçaient sur les planches les derniers scandales, notre sermonneur fait allusion à une « affaire » récente qui implique un chanoine : voir les vers 58-61.   16 D’engloutir des chopines de vin. Il existe un Sermon de la choppinerie.   17 Mettre un verre. « Ont-ilz bien bouté soubz le nez ? » Villon.   18 « Une trèsgente mignonnette/ Qui est belle, doulce et tendre. » Le Mariage Robin Mouton.   19 Pour cela. Idem vers 172, 228, 236, 313, 381, 386.   20 LV : lammayre  (L’aumônière, la bourse. « Je vos donrai amônière de soie. » Godefroy.)  À votre bourse pour en extraire une aumône.   21 Par amitié.   22 Avec les.   23 Le jeune clerc du moine. Le prêcheur du Sermon pour un banquet fait lui-même la quête, car son clerc est absent : « Sy j’avoye frère Alitrotin,/ Y s’en yroit fère la queste. » Émile Picot argumente que ce Phlipot pourrait être un comédien rouennais qui créa vers 1545 les Troys Gallans et Phlipot : Recueil général des sotties, t. III, pp. 171-172.   24 Que vous oyiez (verbe ouïr).   25 LV : vons  (« Je suys un bon frère Frapart. » Sermon pour un banquet.)   26 Les maquignons faisaient passer leurs vieux canassons pour de fringants coursiers ; voir la note 54 de Troys Galans et un Badin. Les vers 47-92, qui raillent des professionnels véreux à la manière des Conards de Rouen, ne font pas partie du sermon original.   27 Que s’ils ne sont pas. L’ironie consistant à feindre de récompenser des actes immoraux porte la signature des Conards : « Nous accordons aux meusniers/ Prendre la quarte pour myne [de confondre à leur profit les unités de poids]…./ Cousturiers,/ S’ilz ne sont fins ouvriers,/ Ne pourront faire bannière [voler du tissu]. » Ordonnances conardes, 1542.   28 La goutte.   29 Pendant 40 jours. C’est la durée du jeûne du Carême.   30 LV : bose  (Inflammation des ganglions due à la peste ou, en l’occurrence, à la syphilis. « Quelque gallant s’y fourrera,/ Qui en aura la boce en l’ayne :/ Et vélà (ce) qu’il y gaignera. » Parnasse satyrique du XVe siècle.)   31 Séduire. Décevèr rime avec fessèr, à la manière normande.   32 Avec des verges : « Unes verges trèsbien poignantes. » (Le Ribault marié.) Les supérieurs condamnent à la fustigation les moines fautifs : « Au couvent,/ Où (il) fut receu myeulx que devant/ Avec des verges et des fouetz. » (Pour le Cry de la Bazoche.) Mais cette proximité entre des verges et un cul peut faire jaser…   33 Les bouchers ont les lèvres enflées parce qu’ils « soufflent » la viande pour la faire paraître plus fraîche et plus grosse : « Ne porront les bouchers souffler ou faire souffler leurs chairs, ne les vendre soufflées. » Godefroy.   34 Sans arrêt : sans retard. Cf. l’Aveugle et Saudret, vers 415 et 703.   35 Merdeuses. Les tripiers, qui vendent des morceaux d’intestins plus ou moins propres, font l’objet d’insultes scatologiques : « Paillart tripier breneux ! » Trote-menu et Mirre-loret.   36 Pleins de merde jusqu’aux jarrets.   37 Meuniers. « Prions pour ces ‟loyaux” muniers,/ Que tous chascun disent larons. » Sermon pour un banquet.   38 Qui prélèvent dans les sacs un peu du blé qu’on leur apporte à moudre. Voir la note 184 du Munyier.   39 Dans la rivière qui actionne leur moulin à eau.   40 Qu’ils soient broyés par les meules de leur moulin. « Ou qu’il soit mis entre meules flotans/ En ung moulin ! » Villon.   41 Mot manquant : la rime est en -és. Les barbiers jurés représentent leur corporation. « Perrot Girard,/ Barbier juré du Bourg-la-Royne. » (Villon.) On leur reproche de prendre plusieurs clients à la fois, de commencer tout et de ne rien finir : cf. Jehan qui de tout se mesle.   42 LV : de leurs ventres sans mal porter  (Ces prières ne peuvent être que satiriques.)  J’emprunte ce vers au Sermon pour un banquet, dont les rapports avec le présent sermon sont multiples : « Prion Dieu pour femmes enseintes :/ Que l’enfant puisse desloger/ Aussy doucement qu’à l’entrer ! »   43 LV : en horter  (Qu’elles puissent exhorter.)   44 La sodomie était un efficace moyen de contraception, mais les femmes ne l’appréciaient pas beaucoup : cf. la Fille bastelierre, vers 177 et note.   45 Au changement de folio, le scribe a omis la fin de cette prière et le début de la suivante. Il a rajouté ce vers après coup au-dessus de la nouvelle colonne du fº 16 vº, mais n’avait plus de place pour noter son pendant, que je restitue d’après la rime et le sens probable. La lacune qui suit ne nous permet plus de savoir à qui s’adresse l’imprécation finale.   46 La jeune fille des Mal contentes rêve de se marier pour perdre le sien.   47 Charbon.   48 De charron, de fabricant de charrettes.   49 Le bluteau sert à tamiser la farine.   50 LV : blraye  (J. Koopmans lit « bleraye ou blaaye », mais le « r » un peu orné de blraye est celui de trompé au v. 148. On reconnaît ce « r » orné tout au long du ms. La Vallière.)  Villon conseille à ceux qui n’ont pas d’étamine ni de bluteau d’utiliser comme tamis des braies merdeuses : « Passez tous ces frians morceaulx/ —S’estamine, sas n’avez ou bluteaulx—/ Parmy le fons d’unes brayes breneuses. » Ballade des langues envieuses.   51 Gaze servant à filtrer des liquides. Cf. Mallepaye et Bâillevant, vers 268-270.   52 Animal mythique aux griffes redoutables. « Quant au griffon coupit la pate. » (Le Capitaine Mal-en-point.) Le sermonneur compare donc cette patte prédatrice à la main d’un curé.   53 LV : mondo  (Note 3.)  Reprise, dans un ordre différent, des vers 3-5.   54 LV : que   55 Se mette en garde contre un tel danger.   56 Ce n’est pas le moment de tomber dans des querelles de langage.   57 LV : eleos nodue   58 Pour les comparer.   59 LV : la premiere  (Correction Picot.)  Le vent du vin désigne les vapeurs d’alcool ; on dit aussi l’esprit du vin, ou les fumées du vin.   60 Au visage. « À cestuy-cy qui a du vin,/ Et si, ne m’en veult point bailler/ Pour arrouser mon chérubin. » Vie de sainct Didier.   61 Le vent des hautbois. Idem vers 178. « Deux autres trompettes et trois hauvens. » ATILF.   62 Des flageolets : des flûtes champêtres.   63 Mes prédécesseurs lisent : souvent. « Icy sonnent les instrumentz. » (Pour le Cry de la Bazoche.)  Chair rime avec glissèr, à la manière normande.   64 LV : glaser  (Glisser comme sur de la glace. « Quant li uns des piés glace, li autre li aide tantost. » Godefroy.)   65 Un vent de folie qui renverse la raison. « Qui a du vent de la chemise,/ Il est tousjours de Dieu bénist. » (Ung Fol changant divers propos.) Le sermon réserve cette expression à la folie amoureuse, qui frigorifie les amoureux vêtus d’une simple chemise et exposés au vent : « En chemise, sur la perchette [dans le poulailler]/ Je fuz trois heures et demy. » Beaucop-veoir et Joyeulx-soudain.   66 « Les quatre ventz auront discord,/ Car l’un doibt souffler par derrière. » Pronostication nouvelle, Montaiglon, XII, 165.   67 De sa senteur, de sa puanteur. Voir la farce du Pet, vers 291 et 304.   68 Donc, afin que le thème de mon sermon. Ce thème est nommé « fondation » au v. 388, comme il se doit ; mais ici, nous avons un jeu de mots sur le « fondement » qui laisse échapper des vents.   69 LV : secondement  (« On dit aussi ‟Aller selon le vent” pour dire : Régler sa navigation sur le vent. » Dict. de l’Académie françoise.)   70 Toucher un mot, parler. Idem vers 175, 318 et 343.   71 Suave, doux. J’ignore ce qu’avait bu Jelle Koopmans pour écrire que « souef » est la forme normande de « soif ». Les Normands disaient « sé », comme en témoignent une infinité de textes : « Il sont mortes de sai pour le trop peu de vin. » (La Muse normande.) Voir la note 33 de Troys Galans et un Badin.   72 Qui s’apparente à Zéphyr. Voir les vers 184 et 319.   73 Au premier saut : de prime abord. Voir le vers 379.   74 Il fait quasiment exploser le tonneau de vin, ou le ventre du buveur.   75 De bon hait : de bonne humeur.   76 Sert.   77 Plaisir.   78 « Se tu es en mérancolye,/ Boy bon vin ! » Sermon joyeux de bien boire.   79 Il fait qu’on s’allie, qu’on s’unit à une femme.   80 Fait croître. La pollinisation est en partie due au vent.   81 Quand il fait tourner la tête.   82 Coupé avec de l’eau. « Du vin molt bien atrempé d’eaue. » ATILF.   83 Le visage. Cf. les Brus, vers 110 et 186.   84 Il rend la vue trouble. Cf. l’Aveugle et Saudret, vers 328.   85 Il fait loucher si hideusement un homme.   86 Un moine paillard. « Ains que ces maistres Jacobins,/ Cordeliers, Carmes, Célestins/ Ne jouent de nature la basse. » Les Rapporteurs.   87 Un ange. Les chérubins, qui ont la figure aussi rouge* que les ivrognes, en sont parfois rapprochés : « –Où seroyent les bons biberons [buveurs] ?/ –Assis auprès des chérubins,/ Car y sont supôs de Bacus. » (Troys Galans et un Badin.)  *« Rouge comme un beau chérubin. » Sœur Fessue.   88 LV : triquer  (L’erreur est due à la proximité du verbe baller [danser] : au vers 17, nous avions triquebaler.)  Sautiller. « Quant je danse, je saulx, je tripes. » Les Menus propos.   89 Une porte, comme le fait l’ivrogne des Sotz fourréz de malice : « Deffait tu as cest huys : Tien ! tien ! »   90 Fait faire des étincelles. Idem vers 356. « Sy très bien que c’est rouge rage. » L’Arbalestre.   91 Frappée, atteinte.   92 Son con ne fermera plus à clé, sera ouvert au premier venu.   93 Loth, que ses deux filles ont enivré pour qu’il leur fasse un enfant.   94 Un tel coup. Cf. la Laitière, vers 263.   95 LV : ces  (Qu’il accola sexuellement ses deux filles. « Soudain se va dresser son chose./ ‟Ma femme sera racollée.” » La Fille bastelierre. Cependant, l’Invitatoyre bachique nous affirme que Loth « bacula » ses filles, qu’il leur martela le cul.)   96 Tant d’autres hommes ivres en ont fait autant.   97 Qu’avec modération. Idem vers 313.   98 Prononciation à la française de ventus vinum : vent du vin. Si le sermonneur avait su le latin, il eût employé le génitif vini.   99 Instrumentum. Les instruments à vent, eux non plus, ne sont pas sans danger pour la morale. D’ailleurs, le haut clergé voyait la danse d’un très mauvais œil.   100 Des hautbois (note 61).   101 De luths, qui sont des instruments à cordes.   102 Nouvelle faute du sermonneur, pour « ad Eolum ».   103 En tout bien, tout honneur. Cf. Deux jeunes femmes qui coifèrent leurs maris, vers 254.   104 Un soubresaut : une cabriole. Cf. le Bateleur, vers 16.   105 Pour autant que je m’en souvienne.   106 Les Sots sont de bons connaisseurs en matière d’instruments à vent et de danses débridées. Il faut dire que leur tête est pleine de vent.   107 Quelques-uns faisaient bouger leurs bras. Cette terminaison dont notre copiste a le secret revient au vers 200 mais pas ailleurs.   108 Au milieu.   109 Des pirouettes.   110 Ils montraient bien qu’ils n’étaient pas malades. Le Moyen Âge connut plusieurs épidémies de danse de saint Guy : sans raison, la population se mettait à danser convulsivement jour et nuit, jusqu’à s’écrouler de fatigue. Parmi les causes invoquées figurait l’influence du vent. Les vers 188-216 décrivent avec une précision clinique le phénomène qui s’abattit sur Strasbourg en 1518. Curieusement, cette source française n’a jamais été signalée, alors que l’auteur raconte ce qu’il a vu.   111 Hocha le cul, se trémoussa.   112 Suait.   113 Essoufflé. « Je suis quasi tout hors d’haleine. » Frère Fécisti.   114 « BOUTIFLÉ : Gros, gonflé, bouffi. » Jules Corblet, Glossaire du patois picard ancien et moderne.   115 J’aurais rejoint la compagnie des danseurs.   116 Cette farandole. « Je faictz petis saulz, gambades/ Et ambades. » Les Mal contentes.   117 Il vous réjouit sexuellement. « Je ‟luteray” corps à corps/ Et m’esmouvray bien les vaines. » Les Botines Gaultier.   118 Entre les cuisses. Saigner une femme entre deux aines, c’est lui faire l’amour : cf. Frère Phillebert, vers 119.   119 LV : laiournement  (Un ajournement de fesses : une promesse de coït. « Le baiser/ De chambrières ou de maistresses,/ C’est un adjournement de fesses. » Les Chambèrières qui vont à la messe.)   120 LV : la   121 Leur amoureux donne sous leur fenêtre une sérénade d’instruments à vent.   122 LV : fron  (Nous verrons les deux autres possibilités.)   123 LV : les   124 Dûment, comme il faut.   125 Il blanchit les doigts. Les hommes que ce vent a rendus fous d’amour passent leurs jours et leurs nuits devant la porte ou sous la fenêtre de leur belle, y compris en hiver.   126 Quand elle.   127 LV : la  (Corr. Leroux de Lincy et F. Michel.)   128 Le maîtrise.   129 En un moment.   130 Devant la maison de la femme qu’il aime.   131 Si l’amoureux ne claque pas des dents à cause du froid. « Et faire claqueter les dens. » Les Sotz fourréz de malice.   132 LV : baisse  (Les amoureux embrassent le heurtoir pendu à la porte de leur belle, en signe d’allégeance. Cf. Troys Pèlerins et Malice, vers 167-175.)   133 Sans conteste.   134 LV : dbatre  (Corr. Koopmans. Le tilde remplace un « n » ou un « m ».)  Se précipiter. « Quant dueil sur moy s’embat. » Villon.   135 Craindre.   136 De dépit.   137 S’il compte sommeiller un peu.   138 Imaginer que sa maîtresse le trompe.   139 Il s’apaise et il se calme. Rengainer = remettre une arme dans son fourreau.   140 S’il espère que sa maîtresse lui donnera un peu de plaisir. Voir le vers 376.   141 LV : un  (Le soulève de son lit.)  « Ung autre vent s’engendrera entre les nuées, tant impétueux et de si grande activité qu’il sourprendra gens en leurs lictz, et transportera hommes et femmes en divers quartiers de ce monde. » Jehan Molinet, Prenostication des quatre vens.   142 L’amant ne saurait rester en aucun lieu loin de sa belle.   143 Ce vent de folie. Le sermonneur oublie de rappeler que ledit vent est représenté par Notus (vers 103).   144 Et le mène devant la maison de son amie.   145 Les pavés, sur lesquels il va faire les cent pas. En Normandie, « où il » se prononçait « wil » en 1 syllabe : voir la note 188 de la Folie des Gorriers.   146 LV : penser  (Au lieu de soigner.)   147 Au sens propre, instrument de torture qui écarte les mâchoires : « Mengier d’angoisse mainte poire. » (Villon.) Au sens figuré, on dirait aujourd’hui : il avale des couleuvres.   148 L’effet.   149 Il claque des dents. « Mon maistre tremble dent à dent. » Le Cousturier et Ésopet.   150 Tellement qu’il faut bien qu’on l’entende claquer des dents.   151 L’amoureux siffle de-ci, de-là. Cf. les Veaux, vers 209 et note.   152 Il toque plusieurs fois contre la porte de sa maîtresse avec son doigt. « Nous prendrons noz esbas/ À luy croqueter sur la teste. » ATILF.   153 LV : le  (Si un voisin engage une controverse parce qu’il fait du bruit.)   154 Le mari de la dame, ou sa gouvernante.   155 Les donneurs de sérénades s’exposent à recevoir sur la tête l’urine d’un pot de chambre, ou le pot lui-même : « J’ay chanté (le diable m’emporte)/ Des nuicts cent foys devant sa porte,/ Dont n’en veux prendre qu’à tesmoings/ Trois potz à pisser, pour le moins,/ Que sur ma teste on a casséz. » Clément Marot.   156 « Mal sur mal, ce n’est pas santé./ Se le mary dit ung seul mot,/ Elle vous prendra tout à coup/ Quelque tison, ou le vieux pot/ À pisser. » Les Secretz et loix de Mariage (Montaiglon, III, 188).   157 Il n’y a aucun avantage.   158 Il y a bien un avantage.   159 Que parmi les moines, certains…   160 Les femmes vont en pèlerinage sans leur mari, mais entourées d’hommes qui guettent une bonne occasion : les vers 219-230 de Régnault qui se marie rendent bien compte de cette promiscuité. Saint-Béset comporte un jeu de mots sur baiser : « À la feste/ De sainct Trotin et sainct Béset. » Tout-ménage.   161 À l’occasion : « C’est je ne sçay quel folye/ Qui à la fois le sang me ronge. » (Ung mary jaloux.)  Un esgait est une hutte d’oiseleurs : « Je me mis en esgais/ Où maint gentil oisel estoient. » (ATILF.) En résumé, les moines profitent d’un orage pour attirer des pèlerines sous une hutte.   162 LV : ne dict icy mal ne son  (Malédiction. « Et cent mille aultres mauldissons/ À chascun coup nous nous disons. » Deux hommes et leurs deux femmes.)   163 Victime de ce vent de folie amoureuse, Virgile resta suspendu dans une corbeille à cause de la femme qu’il allait rejoindre. C’est Folie — elle s’en vante — qui a fait « mectre Virgille en la corbeille,/ Sallomon chevaucher sans selle ». La Folie des Gorriers.   164 Victime de la coquetterie de Bethsabée, « David le roy, sage prophètes,/ Crainte de Dieu en oublia/ Voyant laver cuisses bien faites ». Villon.   165 LV : absalon  (Aucune frasque féminine concernant ce personnage falot ne nous est parvenue.)  Salomon, fils de David, est rangé parmi les victimes de la folie amoureuse : « Folles amours font les gens bestes :/ Salmon en ydolâtria. » Villon.   166 Le Lai d’Aristote, un des poèmes les plus connus du XIIIe siècle, raconte comment le philosophe tombe amoureux d’une allumeuse qui lui met une selle sur le dos et monte dessus pour qu’il la promène dans un verger. Le sage Aristote ne put empêcher « qu’Amour ne l’ait mis à folie ». La farce de Lordeau et Tart-abille lui a rendu justice : « Les hommes en sont bien vengiés :/ Car pour ung qui fut chevauchés/ Une fois par malle meschance,/ Ung seul homme, pour sa vangence,/ En ‟chevauche” deus cens [200 femmes dans] l’anée ! »   167 LV : sision en  (C’est toujours Folie qui a fait « par Dalida, en traïzon,/ Copper les cheveux de Sanxon ». La Folie des Gorriers.)  Circoncire = couper les cheveux : « Je veux circoncire ces cheveux. » Godefroy.   168 Pour cela, ne prenez du vent d’amour qu’avec modération.   169 Un son bien laid. « Et le let ton au cul des brenatiers [foireux]. » (J. Molinet.) « De quel métal est ung pet ? Il est de laiton. » Demandes joyeuses en manière de quolibetz.   170 Poix très odorante issue de la combustion des résineux. « Poix résine de pin. » (Godefroy.) Notons qu’en Normandie, « poix » se prononçait comme « pet ».   171 Épaisse. La bruine désigne un nuage gazeux, comme aux vers 349 et 357. On marque la diérèse : bru-ine.   172 LV : Lautre  (Il n’existe donc pas d’autre pet que ces deux-là.)   173 Que ce vent provient. « Ceulx dont peult produyre/ Et sourdre débat et envie. » (Le Roy des Sotz.)  Un étroit est une ouverture étroite : « Saintré (…) actaint le Turcq, de sa lance, par l’estroit de sa bavière [mentonnière]. » ATILF.   174 On expliquait déjà les orages par une rencontre d’air froid et d’air chaud.   175 Sans produire aucun son.   176 Je vous parle (note 70).   177 La puanteur tout à l’heure.   178 LV : vers les  (Jeu de mots banal sur la ville de Reims et les reins, qu’on prononçait de la même façon : « Il n’est ouvrage que de Rains. » Les Botines Gaultier.)   179 LV : cuysi  (Jeu de mots sur les cuisses féminines : « En la vallée de Cuissy,/ (Il) se lança comme ung estourdy/ Contre le con d’une tripière. » Le Tournoy amoureux.)  La ville de Roye et la raie des fesses avaient la même prononciation : « L’abbesse de Roye. » Les Sotz qui remetent en point Bon Temps.   180 Le sermonneur fait un bruit de pet, comme à 366. Cf. le Bateleur, vers 35-37.   181 Ainsi que le vent dont je viens de vous régaler.   182 Quand il passe. Une ruine est un écoulement : « Il est tenu (…) de faire voye aux esgoux d’icelle bastide quand il vient ruine d’eaues par les conduis desdis esgoux. » ATILF.   183 Une pluie moult épaisse : une diarrhée.   184 LV : sentiment  (Puanteur : v. la note 67. Notre sermonneur ne fait pas dans le sentiment !)   185 Choit, retombe.   186 Rabelais donna lui aussi un tour scatologique à ce proverbe : « Mais ne pouvant Jénin dormir, en somme,/ Tant fort vesnoit [pétait] Quelot et tant souvent,/ La compissa. Puys : ‟Voylà (dist-il) comme/ Petite pluie abat bien un grand vent.” » (Quart Livre, 44 : Comment petites pluyes abattent les grans vents.)  Notre dramaturge, qui a pourtant lu Villon, nous épargne un autre proverbe : « Autant en emporte le vent. »   187 Tannés, incommodés.   188 Nouveau bruit de pet.   189 LV : chascun  (« Et quant est hors, chascun le nye./ Et si [pourtant, il] abreuve la compagnie :/ C’est une vesse toute née. » Adevineaux amoureux.)   190 Le mari. Cf. Deux hommes et leurs deux femmes.   191 Ils s’accusent mutuellement de l’avoir fait, comme dans la farce du Pet.   192 L’amour. « Je la baiseray des foys trente/ En faisant l’amoureulx délict. » Le Poulier à sis personnages.   193 D’emblée.   194 Hors du lit.   195 LV : mondo  (Note 3.)  Reprise des vers 3-6.   196 LV : y a  (Rime du vers précédent.)  Vous sérez = vous saurez ; même normandisme à 272.   197 LV : elles  (Corr. Picot.)  Advenus à cause de ces vents.   198 Que de ces vents nous soyons éloignés. Il vaudrait mieux lire exemptés.   199 LV : saultes  (Sauvez de l’oubli.)