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SERMON POUR UNE NOPCE

Bibliothèque nationale de France

Bibliothèque nationale de France

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SERMON  POUR

UNE  NOPCE

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Roger de Collerye1, prêtre et secrétaire de l’évêque d’Auxerre, composa ce sermon joyeux vers 1530. Lors de certains banquets de noces, on embauchait un ou deux comédiens pour jouer des saynètes dénigrant l’institution du mariage : voir la notice de la Présentation des joyaux. Ce sermon parodique est ici déclamé par un acteur « habillé en femme2 » ; étant donné que les prêcheurs des sermons joyeux revêtaient un costume de prêtre ou de moine, on peut admettre que le nôtre est déguisé en religieuse. Il s’adresse à la nouvelle mariée, qui est présente (vers 102-103), et à toutes les futures épouses.

Source : Les Œuvres de maistre Roger de Collerye, publiées à Paris en 1536. Je laisse de côté les éditions ultérieures, qui datent au minimum de la fin du XVIe siècle.

Structure : Rimes plates.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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                      LE  PRESCHEUR,  habillé en femme.     

                                                               THEUME3 :

       Audi, filia, et vide !

       Ce theume que j’ay dévidé4

       Est escript d’une grosse plume

       Aussi pesante qu’une enclume5 ;

5     Et d’ung vielz psaultier enfumé

       Je l’ay extraict et escumé6

       Affin d’en faire ung bon brouet.

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       À propos, ung chartier sans fouet7

       Qui ne dit « dea ! » ne « hurehau8 ! »

10   Pourroi[t-]il toucher9 son chevau10,

       Sa jument, son asne et sa beste ?

       Jamais, car ung homme sans teste11

       N’a point besoing de chapperon12,

       Ne de picquer de l’esperon13.

15   Qu’il soit ainsi, sans faire espreuve14,

       Soubdainement je le vous preuve.

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       Je prens le cas qu’une fillette

       Frisque, gaillarde et guillerette

       Veult estre aujourd’huy mariée

20   Et à ung masle appar[i]ée.

       Assavoir mon15 s’il se peult faire,

       Pour à son plaisir satisfaire.

       Je veulx dire que ouy, pourveu

       Que le marié soit pourveu

25   D’ung baston à feu16 et d’oultilz

       Soudains, ligiers17, chaulx et hâtifz :

       Sans instrumens, on ne faict rien

       En telz cas, vous le sçavez bien.

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       Laissons cela, et retournons

30   À nostre theume. Et revenons

       Au point principal. Qui pourra

       En face ainsi comme il18 vouldra ;

       Car je suis bien seure et certaine

       Qu’i joustera à la quintaine19

35   Avant qu’il soit demain matin.

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       Sans trop escumer le latin20,

       Je dy qu’on peult bien défricher

       Ung terrouër21 sans dénicher

       Le trou où estoient les oyseaulx22 :

40   « Tout soudain chaussa ses houseaulx23,

       Puis après, monta à cheval24 ;

       Et en courant à mont, à val,

       Pour éviter les grans dangers25,

       Cuydant arriver à Angiers26,

45   Il vint coucher à Carcassonne27… »

       Or, avant que la cloche sonne,

       De peur de perdre mon mémoire28,

       Je vous prie, donnez-moy à boire !

                        (Elle boyt.)

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       Beaucoup de gens treuvent estrange

50   De veoir ung dyable avec ung ange29.

       Petis musequins30, fines trongnes,

       Friqueliniques31 fatrillonnes,

       Escoutez bien et retenez,

       Oyez, entendez, aprenez

55   Le bien qu’on a en mariage.

       Le premier an, de franc courage,

       On s’entrebaise, on s’[entr’]acolle32,

       On jaze, on caquète, on bricolle33,

       On faict le dyable de Vauvert34.

60   Jamais il n’y a feu couvert35.

       Tout va c’en36 dessoubz, pelle-melle.

       S’il vient qu’el(le) soit belle fumelle37,

       Le povre mary s’esvertue

       De labourer38 tant qu’il s’en tue.

65   Puis à desfricher39 il s’aplique

       Si fort qu’il en demeure éthique40.

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       L’an d’après, jà escorniflé41,

       Voyant qu’elle a le ventre enflé,

       Il se commence à soucyer

70   Et à chagrin s’assocyer.

       Il plaint42 la teste, puis les dents,

       Et a les oreilles pendens43

       Ne plus ne moins comme ung lymier44.

       S’il advient qu’il soit coustumier

75   De faire ung enfant tous les ans,

       Telz jeux ne luy sont plus plaisans.

       Et bien souvent, pour leur entrée45,

       Font deux enfans d’une ventrée.

       Qui est lors esbaÿ ? C’est il,

80   En disant : « Mauldit soit l’ostil46,

       Le fourneau, la forge et le moule47 ! »

       On le faict tenir pied à boule48,

       Et recommancer à l’ouvrage

       Qui est subject à mariage49.

85   Et après qu’il a folâtré50,

       Il vouldroit bien estre châtré,

       Quant il voit que sa femme est grosse.

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       Si en arez-vous ceste endosse51,

       Vous aultres, jeunes mariéz ;

90   Et serez tanséz, hariéz52

       De voz femmes à tous propos.

       Y cuydez-vous avoir repos,

       En mariage, mes mignons ?

       Ouy dea ! De beaulx bons compaignons

95   Ne s’en font au jourd’uy que rire.

       Et puis à chacun ilz vont dire,

       Quant quelc’un s’est apparié53 :

       « Et ! voylà Trop-tost-maryé54

       Qui en est Jobelin Bridé55 ! »

100  Audi, filia, et vide !

                        Pause.56

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       Avant qu’en ma matière entrer,

       À genoulx il vous fault veautrer

       Devant nostre belle espousée

       En luy disant : « Doulce rosée,

105  Dieu te doint ung bien bon confort57,

       S’il advient que trop grant effort

       Te face, la nuyt, ton mary.

       Et que ton cueur ne soit marry

       De l’assault qu’il te donnera.

110  Car je croy qu’il s’adonnera,

       Celle nuyt, entre deux blancs draps,

       À58 t’acoller gay, bras à bras59 ;

       Et te donra tel coup de lance60

       Qu’elle entrera jusqu’à ta pance.

115  Il est vray, c’est ung point vuydé61.

       Audi, filia, et vide ! »

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       Pour tant qu’il62 n’advient pas souvent

       Qu’en ung monstier63 n’en ung couvent

       On [oyt] ne veoit prescher les femmes64,

120  Je vous diray, seigneurs et dames,

       Qu’il est bien de nécessité,

       Autant en ville qu’en cité,

       Que femmes preschent. La raison ?

       Le temps le veult, et la saison65.

125  La femme retient à ung coup

       Choses assez, et plus, beaucoup66,

       Que ne faict l’homme en maintz endroitz,

       Posé que67 les loix et les droitz

       Soustiennent que l’homme comprent68

130  Plus que la femme. Mais el’ prent

       À toutes mains69, quant on luy baille.

       À celle fin que je ne saille70

       Du coq à l’asne, somme toute,

       Il est besoing que l’on escoute

135  Mon preschement et ma doctrine.

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       Se l’espousé plaint71 la poitrine

       Demain au matin, ou la teste,

       Je suis d’avis qu’on luy appreste

       Le beau petit chaudeau flamant72 ;

140  Et qu’il ne soit point si gourment

       De le humer tout seul, sans [c]elle

       Qu’il [a gardée]73 d’estre pucelle.

       Si est-il bien à74 luy d’atendre

       Jusqu’à troys jours sans y entendre,

145  Ainsi que fist le bon Thobie75.

       Mais s’elle veult estre fourbye76

       (Ainsi qu’il survient) en sursault77,

       Sans luy livrer trop dur assault,

       Je suis bien d’avis qu’il [l]a traicte

150  De trois bons coups tous d’une traicte78.

       Et si le couraige luy croist,

       Qu’elle ait des « verges sainct Benoist79 »,

       Car l’Église80 l’a décidé.

       Audi, filia, et vide !

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155  Les œuvres de miséricorde

       Vous recommande81. Je m’accorde,

       Avant que plus loing procéder,

       Qu’il vous plaise d’intercéder

       Pour toutes femmes çà et là

160  Qui, par la faulte de cela82,

       Meurent en grant affliction,

       Comme on dict, sans confession83.

       Seigneurs d’Esglise, pourvoyez

       En leurs cas84, ainsi que voyez !

165  Congnoissant leur fragilité,

       Secourez-les85 en charité.

       Sans charité, nul n’entrera

       En Paradis, ne montera86.

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       En après, je vous recommande

170  (Ainsi que la loy le commande)

       Tous povres amoureux transifz87.

       J’en congnois plus de trente-six

       Qui chassent fort mais rien ne prennent.

       Quant ilz voient que88 bien peu comprennent89

175  Avec leur dame, [ilz] vont, les nuyctz,

       Baiser la cliquette de l’uytz90 ;

       Bien souvent, quant on les y voit,

       Quelqu’un la cliquète pourvoit91,

       Autant les lundys que mardys,

180  De bran ou de dyamerdys92.

       Voyant, les povres amoureux,

       Qu’ilz sont trompéz, très douloureux

       S’en vont coucher sans faire bruyt,

       Et ne vont plus courir de nuyt.

185  En général et en commun,

       Vous recommande tout chascun93.

       Audi, filia, et vide !

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       Or ay-je assez bien procédé

       Jusques ycy, comme il me semble94.

190  Pendant que nous sommes ensemble,

       Je vous veulx apprendre et monstrer

       Ung peu de bien, et remonstrer95

       L’ignorance de ces fillettes

       Qui ayment le jeu des billètes96 :

195  À97 plusieurs se laissent picquer

       Sans riens gaigner, ne praticquer98.

       Escoutez, dressez voz oreilles99 !

       Nous avons veu de grans merveilles100,

       Depuis certain temps. N’avons pas ?

200  Or disons, parlant101 par compas :

       Esse raison, à vostre advis,

       Que, pour quaquet ou pour devis102,

       Pour promectre et riens ne tenir,

       Ung monsieur doibve parvenir

205  Du premier coup à son ataincte103 ?

       Je dy que non. Telle contraincte

       Ne rend point la fille subjecte104.

       Mais s’il advient qu’[onc] il luy gecte,

       Pour acquérir sa bonne grâce,

210  Dix, douze escuz de prime face105,

       La fillette, sans le surprendre,

       Les doit empoigner et les prendre,

       Car il n’est acquest que de don,

       Ne dancer qu’au joly bedon106.

215  Mais de s’aller habandonner

       Sans quelque chose luy donner107,

       Je n’en suis pas d’oppinion108.

       Jamais de son corps l’union

       Ne doit consentir (s’ell’ est sage)

220  Sans or, ou argent, ou bon gage.

       Et par ainsi, il est brydé109.

       Audi, filia, et vide !

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       J’ay veu tel gallant, qu’il110 se vente

       Que les filles luy doibvent de rente,

225  Et qu’il leur faict ung111 grant honneur

       De les prier de déshonneur.

       D’autant qu’il est plus fier qu’ung pet112,

       Laissez-le là comme suspect

       Et comme sot oultrecuydé.

230  Audi, filia, et vide !

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       Encor ung mot, et puis après

       Nous ferons fin, car par exprès,

       Je suis ycy pour tesmoingner

       Et pour fillettes enseigner,

235  Qui ne sont fines ne ruzées,

       Jusques à ce qu’i soient usées113.

       Saint Jehan ! ce n’est pas la façon,

       Car jeune chair et vielx poisson

       Ont le bruyt114, pour le temps qui court.

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240  J’ay autresfoys hanté la Court,

       Où j’ay aprins et retenu,

       Et maint bon gallant soustenu115.

       Du temps qu’estoye en [mon] jeune aage,

       Il n’y avoit varlet ne page

245  Qu’il ne fust joyeulx de me voir.

       Mais depuis qu’on m’a veu avoir

       Les grans rydes que j’ay au fronc116,

       On ne m’a prisé[e] ung estronc117.

       Et par ainsi, mes jeunes filles,

250  Ne faictes fourbir vos coquilles118

       À seigneurs ny à coquibus119

       S’ilz ne vous baillent des quibus120.

       Ce pendant que vous estes jeunes,

       Ne gardez121 ne festes ne jeûnes.

255  Toutesfois, ne vous laissez pas

       Tumber plus viste que le pas122.

       Mais si quelqu’un de vous s’abuse123,

       Monstrez que vous sçavez la ruze

       Comment on se doibt gouverner,

260  Affin de le bien yverner124 :

       Qu’il me soit mené et guydé125 !

       Audi, filia, et vide !

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       Qui sera, sans dilation126,

       De nostre prédication

265  L’achèvement, et bien couché127,

       Ainsi que je vous ay touché128.

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1 Voir la notice de son Monologue du Résolu.   2 Sur les monologues joués par des travestis, voir la notice de la Fille esgarée.   3 Le « thème » est la citation biblique qui ouvre un sermon et lui sert de fil rouge. Celui-ci est tiré du Psaume 44 : « Écoute, ma fille, et vois. »   4 Que j’ai mis à plat.   5 « Escrit à la main, d’une plume/ Légère ainsy comme une enclume. » Sermon de sainct Frappecul.   6 Ce n’est plus un sermon, c’est une recette de cuisine ! Écumer le latin = écorcher le latin. (L’Escumeur de latin des Coppieurs et Lardeurs ne fait pas autre chose.) Voir le vers 36.   7 Cette strophe accumule les métaphores érotiques. Fouet = pénis : « (Il) avoit son fouet en tel poinct que, sans fléchir, il eust pu percer une muraille. » Les Joyeuses adventures.   8 Ordres qu’un charretier donne à son cheval pour qu’il tourne à gauche ou à droite. Cf. Guillerme qui mengea les figues, vers 56.   9 « Piquer » sa monture : « S’estant plaincte de son mari, qui couchoit avec elle trente-deux fois tant de jour que de nuict (…), le roy arresta et ordonna qu’il ne la toucheroit que six fois. » Brantôme.   10 Son cheval ; on dit toujours un chevau-léger. « Car autant en faict ung chevau. » Sermon joyeux de bien boire.   11 Sans gland. « En levant les rains et en serrant les fesses, (elle) luy serra tellement la teste que la cervelle [le sperme] en sortit hors. » Nicolas de Troyes.   12 De prépuce. « Ell’ avoit la teste bien rouge devant,/ Et ung chapperon. » La Confession Margot.   13 « Sy vostre esperon/ Faisoyt tant que la pance dresse [que je me retrouve enceinte]. » Le Gallant quy a faict le coup.   14 Sans tester sa valeur, comme on fait l’épreuve de l’or sur une pierre de touche.   15 Je cherche à savoir, je vous demande. Cf. la Pippée, vers 684.   16 D’un pénis. « Bastons à feu roydes et chaulx. » Guillaume Coquillart.   17 Légers : qui se dressent facilement.   18 Éd. : el  (Que celui qui en aura la puissance sexuelle fasse comme il voudra.)   19 Que notre nouveau marié cognera contre la partie adverse. Cf. Ung jeune Moyne et ung viel Gendarme, vers 133 et note.   20 Sans aller jusqu’à nommer le coitus interruptus, méthode de contraception condamnée par les théologiens.   21 On peut se frotter contre les poils d’un pubis féminin sans le pénétrer. « Va t’y fourrer : tu trouveras un terrouër tant reposé, que jour & nuict il ne te faudra faire autre chose que le labourer. » Pierre de Larivey.   22 Sans déflorer la fille. On représente toujours le pucelage comme un oiseau qui rêve de quitter sa cage ou son nid. Un mari, s’apercevant que la fille qu’il vient d’épouser n’est plus vierge, s’écrie : « Les oyseaux s’en sont alléz. » Bonaventure Des Périers (cité par Jelle Koopmans dans son Recueil de sermons joyeux, Droz, 1988, p. 420). La citation qui suit sort du cerveau de Collerye, et non pas de la Bible.   23 Un houseau est un vagin trop large. « (Elle est) large com ung vieil houzeau. » Resjouy d’Amours.   24 Il chevaucha sa femme.   25 Le danger d’une grossesse.   26 Croyant qu’il allait éjaculer dans le vagin. Enger = engendrer. (ATILF.) Aller à Angers : Aller se livrer à des rapports sexuels. (ATILF.) « Ongier une femme, l’étreindre, avoir commerce avec elle. » (Godefroy.)   27 Il la sodomisa. Le mot Carcassonne est doublement scatologique. D’abord, le comédien peut faire entendre Cacassonne, comme l’ont imprimé par erreur les frères Colomiès en 1568, dans l’Histoire des Albigeois, fo 39 vo. Ensuite, sonne est synonyme de pète : « Et nos brodiers [culs] sonnent hault comme cloches. » (Parnasse satyrique du XVe siècle.) D’où la « cloche » qui sonne au vers suivant.   28 Ce mot était souvent masculin. Le vin est censé être bon pour la mémoire : « En lairrai-ge pour tant le boire ?/ Je n’en perdrémon mémoire. » Massons et charpentiers.   29 Un satyre avec une jeune fille.   30 Museaux, minois. « Hélas, quel petit musequin ! » Le Povre Jouhan.   31 Éd. : Friquelimiques  (Cabotines. Un histrion du XVIIe siècle adoptera le pseudonyme de Fricquelin.)  Une fatrillonne est une fille vive et bavarde : « C’est la plus gente fatrillonne/ Et la plus gaye esmerillonne/ Qu’on veit onc. » Collerye.   32 « Si cela est déshonneste de s’entrebaiser, de s’entr’accoler devant des estrangés. » Godefroy.   33 On coïte. « Et n’a-on cure de vostre huys de derrière [de votre anus],/ Car désormais, il est trop bricollé. » (Le Vergier d’Honneur.) Cf. les Hommes qui font saller leurs femmes, vers 103.   34 On fait le diable à quatre. « Je suis contant que tout vif on m’enterre/ Se je ne fais le deable de Vauvert ! » ATILF.   35 On ne laisse jamais le feu s’éteindre : on ne dort jamais.   36 Éd. : sen  (C’en dessus dessous. Cf. Raoullet Ployart, vers 200.)   37 S’il advient que ce soit en plus une belle fille.   38 Cf. le Povre Jouhan, vers 315.   39 À aplatir les friches du pubis de sa femme. Idem vers 37.   40 Étique : maigre et fiévreux pour avoir trop fait l’amour. « Que fera le mary, éthique et sans humeur ?/ Pourra-il de sa femme esteindre la chaleur ? » T. Sonnet de Courval.   41 Écorné.   42 Il se plaint de.   43 Les couilles pendantes. Voir le vers 197. « Le membre de Colin, deffaict,/ Se retira, penchant l’oreille. » Cabinet satyrique.   44 Qu’un grand chien.   45 Pour leurs débuts.   46 Éd. : lostel  (L’outil viril du vers 25.)   47 Ces trois mots symbolisent le ventre de la femme.   48 Résister fermement (Colin filz de Thévot, vers 112). Pied = pénis : « [Francisquine,] tu as un si beau “pot” ! S’il n’y a point de pied, il y en faut mettre un. » (Tabarin.) Boules = testicules : « Encore qu’il soit desgarni de boules, si peut-il néanmoins jouer à la fossette. » (Bruscambille, Des Chastréz.)   49 L’ouvrage subordonné au mariage est « l’ouvrage de reins ».   50 Éd. : folarrê   51 Ce fardeau. « Grosse ? Jésuchrist, quel endosse ! » Sœur Fessue.   52 Harcelés.   53 S’est mis en couple. Idem vers 20. Deux « bons compagnons » se gaussent de Régnault qui se marie à La Vollée.   54 Sur ce personnage proverbial, voir par exemple les Dictz & Complainctes de Trop-tost-marié.   55 Personnage proverbial de mari trompé. « L’autre n’a rente ne héritage,/ Et en est Jobelin Bridé. » (Collerye.) Le jeune Gargantua aura pour précepteur « un aultre vieux tousseux nommé maistre Jobelin Bridé ».   56 Éd. : Prinse  (J. Koopmans a publié dans son Recueil de sermons joyeux une édition tardive du Sermon pour une nopce qui donne ici : pause.)  Notre prêcheuse fait comme les Sotz nouveaux farcéz, qui profitent des pauses indiquées aux vers 112 et 116 pour boire un coup de vin.   57 Un con fort, qui va résister aux assauts de la nuit de noces. « Je ne hante femme ne fille,/ Tant soit plaine de bon confort,/ Qui ne culette bien et fort. » (Collerye.) Cf. Frère Phillebert, vers 14.   58 Éd. : Et  (À t’accoler gaiement.)   59 « Se vous tenoye entre deux draps/ À ceste heure-cy, bras à bras. » Le Povre Jouhan.   60 « Ma mye, je vous pry qu’il vous plaise/ Endurer trois coups de la lance. » Frère Guillebert.   61 Réglé.   62 Parce qu’il.   63 Un moutier, un monastère. Cf. Maistre Mymin qui va à la guerre, vers 116 et note.   64 C’était la terreur du haut clergé catholique : « En pleine esglise (elles) prescheront,/ Et auront voz mitres et crosses. » Clément Marot.   65 C’est dans l’air du temps. Luther, dont Collerye a dit beaucoup de mal*, était favorable au clergé féminin. « Les femmes feront les offices des évesques, & les évesques les offices des femmes ; car elles prescheront la Saincte Escriture, & les esvesques broderont en chambre avecques les demoiselles. » (Étienne Le Court.)  *Voir Monsieur de Delà et monsieur de Deçà, vers 110 et note.   66 De beaucoup.   67 Bien que.   68 Prend des cons. L’édition tardive publiée par Koopmans donne ici : « Et posé qu’ils soient a con-prendre/ Fort habiles, nous savons prendre. »   69 De tous les côtés. Cf. le Poulier à sis personnages, vers 71. On peut aussi traduire : elle prend avec ses mains.   70 Afin que je ne saute pas.   71 Se plaint de. C’est la suite du vers 71.   72 Une boisson chaude reconstituante à base de jaunes d’œufs, qu’on servait protocolairement aux nouveaux mariés après — ou même pendant — leur nuit de noce.   73 Éd. : la gardé  (Qu’il a préservée de rester vierge.)   74 Éd. : en  (C’est bien qu’il attende trois jours sans recommencer, pour que l’irritation s’apaise.)   75 Tobie et son épouse passèrent leurs trois premières nuits à prier. Cf. la Bouteille, vers 172-175.   76 « S’il y a quelque mariée/ Mal fourbie. » Sermon joyeux des Friponniers.   77 Tout de suite.   78 L’un à la suite de l’autre.   79 Un coup de sa verge. « Verges saint Benoist, il n’en faut qu’un brin pour en faire une poignée : Le membre viril. » (Antoine Oudin.) Voir aussi le chapitre 15 du Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville. En outre, le benoît, ou benêt, désigne le pénis : « Et que après que elle auroit manié son benest pour sçavoir la vérité, que il coucheroit avecques elle. » Les Joyeuses adventures.   80 Le mariage devait être consommé pour que l’Église le juge valable, et l’époux devait s’acquitter régulièrement de son devoir conjugal.   81 Je vous recommande les œuvres de miséricorde. (Cf. la Confession Rifflart, vers 169.) Donner du plaisir aux femmes n’en fait pas partie.   82 Par manque de plaisir sexuel. Cf. Frère Guillebert, vers 33.   83 Sans qu’un con fesseur ait pu con fesser. Cf. Gratien Du Pont, vers 417-440.   84 À leur sexe. Voir le v. 71 de Chagrinas, et le v. 38 de la Fille esgarée.   85 Secourre = secouer. « L’un des clercs la secouoit, dis-je [je veux dire] la secouroit au besoin. » Des Périers.   86 Et n’y montera. Le prêtre Collerye, tel le curé de la Confession Margot, prône que c’est en donnant du plaisir qu’on gagne le Paradis.   87 Voir la farce de Poncette et l’Amoureux transy.   88 Éd. : qui  (Cette chasse érotique est décrite dans le Faulconnier de ville.)   89 Cons prennent. (Cf. Gratien Du Pont, vers 245-254.) Le con représente le connil ou le connin, qui désignent à la fois un lapin et le sexe de la femme.   90 De l’huis. Les amoureux embrassaient le marteau de la porte de leur belle en signe d’allégeance et d’amour. « Et puis, s’on en ayme quelc’une,/ Baiser la cliquette de l’huis. » (La Vraye médecine qui guarist de tous maulx.) Cf. Troys Pèlerins et Malice, vers 171.   91 Quelqu’un enduit le marteau.   92 D’excréments ou de merde. Cf. L’Andureau et L’Andurée, vers 457. « Diamerdis : Confection de sauge sauvage…. Il signifie aussi “excrément”. » Lacurne.   93 Chacun d’entre eux, comme aux vers 169 et 171.   94 La prêcheuse s’abuse : elle n’observe absolument pas les règles très strictes de la rhétorique oratoire. Collerye veut démontrer qu’une femme, fût-elle luthérienne, est incapable de prêcher.   95 Corriger.   96 Des testicules. « Ils feront la beste à deux dos,/ Car c’est le chef [la tête] à deux billètes/ Qui pent auprès des ayguillètes [de la braguette]. » Jeu à VIII personnages.   97 Par. Piquer = pénétrer : « La picqueriez-vous pas ? La perceriez-vous pas comme on perce les femmes ? » P. de Larivey.   98 Ni négocier. « Pratique n’est en ma bourse esprouvée. » Collerye.   99 Pour qu’elles ne soient plus pendantes, comme elles le sont au vers 72. « Mon quinault dresse les oreilles et lève le groin. » Guillaume Des Autels.   100 Éd. : mermeilles  (Des choses étonnantes.)   101 Éd. : parlons  (Parlant avec prudence. Cf. Troys Gallans et Phlipot, vers 359.)   102 Qu’en faisant à une fille de beaux discours.   103 À son but : coucher avec cette fille.   104 Liée à ce monsieur par contrat.   105 De prime abord.   106 Au son du tambour. Mais « danser » veut dire copuler, et un bedon est un pénis : « Mon flajollet ne vault plus rien,/ Et mon bedon ne veult plus tendre…./ La basse-danse doulce et tendre/ Est hors de mon commandement. » Jehan Molinet.   107 Sans qu’il lui ait donné quelque chose.   108 Je ne suis pas de cet avis.   109 Son amant est coincé.   110 Un galant tel, qu’il se vante que… Même utilisation de « qu’il » au vers 245.   111 Éd. : tel   112 Outre qu’il est plus fier qu’un pet qu’on fait dans une baignoire. « –Et fiers ? –Comme ung beau pet en baing ! » (Mallepaye et Bâillevant, attribué à Collerye.) L’expression complète s’étant perdue, on en est venu à remplacer « fier (ou glorieux) comme un pet » par « fier comme un pou », c’est-à-dire comme un poul [un coq]. Or, nous ne trouvons ni pou ni coq dans cette locution avant l’époque moderne.   113 Qu’elles soient aguerries. « Putain usée ! » Les Chambèrières et Débat.   114 Sont à la mode. « Jeune chair & vieil poisson ; signifie que la chair des jeunes bêtes est ordinairement meilleure à manger que celle des autres, & que les vieux poissons sont au contraire plus excellens que les jeunes. » (Dictionnaire des proverbes françois.) Collerye parle à mots couverts de la chair fraîche [des jeunes filles], et des vieux maquereaux. Ce qui nous conduit tout droit à la Cour.   115 Entretenu.   116 Notre prêcheuse partage avec la belle heaumière, de Villon, l’apparence physique (« le front ridé »), les regrets sexuels (« la haulte franchise/ Que beaulté m’avoit ordonné/ Sur clers, marchans et gens d’Église »), et la morale pratique : « Prenez à destre et à sénestre ;/ N’espargnez homme. »   117 Pas plus qu’un étron.   118 Votre vulve. Cf. Jehan de Lagny, vers 43 et 373.   119 À des imbéciles. Cf. le Pauvre et le Riche, vers 252.   120 De l’argent. « Nous chanterons maulgré tous coquibus./ Le Général a assez de quibus. » (Les Sotz qui remetent en point Bon Temps.) Cf. Maistre Doribus, vers 50.   121 Ne faites abstinence ni les jours de fêtes religieuses (où on ne devait pas travailler), ni les jours maigres (où on devait se ménager).   122 Ne cédez pas trop vite aux hommes. Cf. les Chambèrières et Débat, vers 420.   123 S’entiche de vous.   124 De bien l’endormir, comme une marmotte qui hiberne.   125 Mené par la bride, comme un cheval.   126 Voilà qui sera, sans délai, la fin du sermon.   127 Couché par écrit : « Je congnoys bien que ne suis pas égal/ Aux orateurs Cicéro et Ovide,/ Pour bien coucher, car de sçavoir suis vuyde. » (Les Fleurs et antiquitéz des Gaules.) Allusion à la couche nuptiale.   128 Comme je vous en ai touché un mot. L’acteur finit sur une ultime gauloiserie.