SERMON JOYEUX DE BIEN BOIRE
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SERMON JOYEUX
DE BIEN BOIRE
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Cette œuvre débute comme un sermon joyeux1. Mais les spectateurs vont découvrir avec surprise qu’il s’agit en fait d’une farce à deux personnages. Elle raconte l’histoire d’un prêcheur public qui tente de prononcer un sermon alors qu’un trublion veut l’en empêcher. Imaginons la scène : le prêcheur, en habit de moine, est juché sur un tonneau, au milieu d’une place. Complètement ivre, il fait l’éloge du vin, et se cramponne à son lutrin pour ne pas perdre l’équilibre. Il a le nez rouge. Entre deux phrases, il tète le goulot d’une bouteille. Dans le public se tient un de ces rôtisseurs qui vendent sur les places et les marchés. Le nôtre est armé d’une broche et d’un litron. Il est aussi soûl que le prêcheur. Notons qu’un authentique sermon joyeux, le Sermon de la choppinerie <Koopmans, pp. 142-165>, confronte aussi un Sermonneur et un Opposant ; mais il fut probablement joué par un seul comédien.
Source : Recueil du British Museum, nº 23. Publié vers 1545 à Lyon, chez feu Barnabé Chaussard.
Structure : Rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Sermon joÿeux
de bien boire
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À deux personnaiges, c’est assavoir :
LE PRESCHEUR
et LE CUYSINIER
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LE PRESCHEUR commence
Bibite et comedite2 !
(Mathei, [vicesima sexta]3.)
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Messeigneurs, faictes paix4 ! Holà !
Les parolles cy proposées
5 Si furent jadis composées
Dedans le fons d’ung beau sélier5
(Comme récite Sainct-Valier6),
Escriptes d’or en lettre jaune
Sur ung tonneau de vin de Beaune7.
10 Et furent racompt[é]es et dittes
Du tout8, et de nouveau escriptes
Au quart livre, ad Epheseos9,
[Et decimo]10, ad Hebreos,
Là où dit monseigneur sainct Pou11
15 Qu’on doibt boire jusques au clou12
Tandis qu’on a denier ne maille13.
Et puis après, vaille que vaille,
Dominus providebit 14 nos.
LE CUISINIER
Et ! qui est ce vuideur de potz
20 Qui nous vient icy empescher
De chanter ? Voise15 ailleurs prescher !
Mais avisez quel champïon16 !
Or est-il le plus franc pÿon17
Qui soit point d’icy en Bourguoigne18.
LE PRESCHEUR
25 Et ! faictes taire cest yvroigne,
Que mon sermon puisse parfaire !
LE CUISINIER
Il y auroit beaucop à faire !
Me tairé-je pour ung yvrays19 ?
Quel vaillant prescheur de mes brays20 !
30 Pas ne sçait son Deprofundis21.
LE PRESCHEUR
Seigneurs, entendez à mes dis :
Dieu pourvoyra tousjours ceulx-là
Qui croiront ces articles-là
Que, qui bien boit (dire le vueil)
35 Tant que la lerme22 vient à l’œil,
Ceulx23 sont cousins germains de Dieu.
Com est24 récité en ce lieu :
« Hebrei sunt 25 ? Et ego ! »
Dieu le dit de sa bouche. Ergo,
40 Au matin te doibs avancer26
De boyre, pour bien commencer.
Et pour mieulx resjouyr ton sang,
Fay une rostie27 au vin blanc.
Et puis, pour trouver le goust bon,
45 Prens-moy28 la cuisse d’ung chapon29
Dont tu mangeras ung petit30 :
Cela te donra appétit,
Et en bevras mieulx tout le jour.
De beau vin claret31, sans séjour
50 Boy, après, jusques à minuyt.
LE CUYSINIER
Despêche-toy, car il m’ennuyt32 !
Ne nous fay point long preschement !
Il a tant beu (par mon serment)
Qu’il ne scet qu’il faict ne qu’il dit33.
LE PRESCHEUR
55 Or es-tu bien de Dieu mauldit,
De me destourber34 ma parolle !
LE CUYSINIER
Tout ce qu’il dit n’est que frivolle,
Et nous tiendra jusqu’à demain.
LE PRESCHEUR
Dieu a commandé de sa main
60 Qu’on se doit, au matin, lever
Pour bien arrouser le gosier ;
Car « qui bien boit, longuement vit35 ».
Ainsi que le note David :
« Media nocte surgebam36. »
65 Pourquoy ? Pour arrouser la dent.
Car qui veult ès sainctz Cieulx aller,
Luy convient souvent avaller
Bonum vinum et optimum37.
LE CUYSINIER
Escoutez quel vaillant sermon !
70 L’aultre jour, but tant (se m’ait Dieux38)
Qu’il perdit presque l’ung des yeulx ;
Et de l’aultre n’estoit pas sain.
Tenez : quel nés de Sainct-Poursain39
Enluminé de vin de Beaune !
LE PRESCHEUR
75 Et ! faites taire ce becjaune40
Qui quaquette tant, là-derrière41 !
LE CUYSINIER
Il a bien haulcé la bavière42 !
Tenez : il ne scet où il est43.
LE PRESCHEUR
Seigneurs, escoutez, s’il vous plaist,
80 Exposer la loy de Vinum44
Qui est escripte (ce dit-on)
En Digeste, ou .XII. livre45.
Ne cuidez pas que je soye yvre !
LE CUYSINIER
Non, mais il est n[o]yé46. Tenez :
85 Qui luy tordroit47 ung peu le nez,
De vin rendroit une symaise48.
LE PRESCHEUR
Tu en parles bien à ton ayse !
Voyez com il est desvié49 !
LE CUYSINIER
Mais où a-il si bien pÿé50 ?
90 Il a tant beu qu’il ne voit « goutte ».
LE PRESCHEUR
Et, paix ! Que vous ayez la goutte !
LE CUYSINIER
[Ce aura]51 mon prochain voysin.
LE PRESCHEUR
Tu as bien mangé du raysin52 !
LE CUYSINIER
Je ne boys fors53 que du meilleur.
LE PRESCHEUR
95 Nostre Dame !
LE CUISINIER
Nostre Seigneur !
LE PRÊCHEUR
Mourir puisses de malle54 toux !
LE CUISINIER
Je suis sauvé ; priez pour vous !
LE PRESCHEUR
Pour Dieu, qu’on face paix, mèshuyt55 !
LE CUISINIER
Despêche-toy, car il m’ennuyt.
100 Ne nous fay point longue traînée56 !
LE PRESCHEUR
Dieu te mette en très male année !
Tu ne deusses point boyre de vin.
Mais qui tousjours boit du plus fin
Ne peut avoir que bon courage57.
LE CUISINIER
105 Mourir puisses de malle rage !
L’autre jour, beut par tel délit58
Qu’il en chia59 dedens son lict,
Sauf l’honneur de la compaignie60.
LE PRESCHEUR
Tu as menty : je le te nye !
LE CUYSINIER
110 Je m’en rapporte à son hostesse61 :
Car en cuidant faire une vesse62,
Il fit tant du prim et du gros63
Qu’il luy fallut64 payer deux gros
Pour luy avancer de blancz draps.
LE PRESCHEUR
115 Or en dy ce que tu vouldras.
Mais tu es du tout, en effaict,
Le plus fort yvroigne parfaict
Qui soit d’icy en Avignon.
LE CUISINIER
Et vous estes mon compaignon :
120 Nous povons bien aller ensemble.
LE PRESCHEUR
Or Messeigneurs, se bon vous semble,
Ouez65, s’il vous est acceptable,
Que dit ung bon Docteur notable66 :
« La loy Vinum n’est pas antique67 ;
125 Elle chet68 souvant, en practique. »
Se tu es en mérancolye,
Boy bon vin : et, sans mocquerie,
Tu seras en bon point tantost.
(E)spécïalement le moys d’aoust
130 Et aussi en toute saison,
On doit boyre vin à foyson,
Sans point y mettre de aqua69.
Car on70 dit que le rébéqua
D’y mettre eau, c’est trop [grant] meffaict :
135 Despécer71 ce que Dieu a faict,
On en doibt bien estre repris.
LE CUISINIER
Aussi ne l’as-tu pas apris72.
Soit au disner ou quant on gouste,
Vray(e)ment, s’il en met une goutte,
140 Je veulx estre tué d’ung vouge73 !
Il luy pert bien74 à son nés rouge,
Qui est si trèsplein de bubettes75.
S’il ne porte encor les cliquettes76,
Je suis content d’estre tondu77 !
LE PRESCHEUR
145 Va, tu puisses estre pendu !
[Car] le trèspuissant Roy divin
Dit qu’on boyve du meilleur vin
Et nous deffend de boyre l’eau :
Car autant en faict ung chevau78
150 Quant on le meine à la rivière.
Et le Prophète nous déclère :
« Nolite fieri sicut equus et mulus,
Quibus non est intellectus79. »
[Puis] le Prophète a desclaré
155 Qu’on boyve muscadet, claré,
Ypocras et vin de pyneau ;
Et dit qu’on n’y mette point d’eau,
Qui jure : « Se tu y [en] metz,
Vray(e)ment, tu n’entreras jamais
160 En Paradis ! » Croy cest article,
Car il est escript en la Bible,
Undecimo, Libri Regum80.
LE CUYSINIER
Il n’y a, d’icy en Arragon,
Ung plus fort yvroigne qu’il est.
165 Et aussi, on voyt bien que c’est81 :
Il fut, en jeunesse, nourry
De vin tant qu’il en est pourry
Et resemble [à ung droit]82 méseau.
LE PRESCHEUR
Tu puisses perdre le museau
170 Et mourir de sanglante83 rage !
LE CUYSINIER
Mais bien vostre sanglant visaige,
Car il ne fut anuyt84 lavé !
LE PRESCHEUR
Cecy ! Et ! vélà trop bavé85 !
LE CUYSINIER
Regardez ce seigneur notable !
LE PRESCHEUR
175 Or vous taysez, de par le dyable !
LE CUYSINIER
Qui vous puisse rompre le col !
LE PRESCHEUR
Et ! qu’on face taire ce fol86,
[Très ort]87 villain, puant pugnays !
LE CUYSINIER
Plus honneste suis que tu n’es88 !
180 Le vez-vous là, ce [sainct] Baboyn89 ?
Vrayement, il put tant le vin
Que je sens d’icy son alaine90.
LE PRESCHEUR
Et tu fais ta fièbvre quartaine !
LE CUYSINIER
C’est bien dit : reliez-vous-la91 !
185 Tenez-vous bien !
LE PRESCHEUR
Cecy !
LE CUISINIER
Cela !
LE PRESCHEUR
Tant de mynes92 !
LE CUISINIER
Tant de quaquet !
LE PRESCHEUR
Je te feray…
LE CUISINIER
Manger ung pet ?
LE PRESCHEUR
En ton nés !
LE CUISINIER
Mais bien en ta gorge93 !
LE PRESCHEUR
Tais-toy ! Feras ?
LE CUISINIER
On le te forge94 !
LE PRESCHEUR
190 N’es-tu pas content que je presche ?
LE CUISINIER
Ouÿ bien, mais qu’on se despesche :
Ne voys-tu pas qu’il est [jà] tard95 ?
LE PRESCHEUR
Escoutez que dit saint Bernard :
« De pardon mille quarenteines96
195 Auront ceulx qui grans tasses97 pleines
De vin boiront tout à ung trait. »
Aussi je l’ay98 treuvé extrait
En ung sien livre, où il [est] dit :
« Bene bibens Deum videbit 99. »
200 Sont toutes parolles dorées100 ;
En [son livre les]101 ay trouvées,
Où n’ay mis grant peine à le[s] lire.
Et pour tant102, vous ose bien dire
Quod ille qui bene bibat,
205 [Que] par raison bene pissat 103,
S’il n’a la vessie estouppée.
Et pour tant, la bonne purée104,
À mes amys, je vous recommande.
À bien boyre chascun entende
210 Tant qu’on pourra finer de croix105.
[On faict les]106 gosiers si estroictz
Faulte de bien les arrouser.
Bevons jusques aux yeulx plourer107 !
Car qui bien boyt, bien se gouverne.
215 Et qui ne va à la taverne,
Luy fault envoyer son varlet108.
S’il est aigre, nihil valet 109,
[ Dont il fait mal aux bons buveux ;
Préférer luy fault le vin vieulx ]110
220 À l’avaller délicieux :
J’en boy si fort que vers les cieulx
Fays tourner les yeulx de ma teste.
LE CUYSINIER
Et ! cest yvrongne déshonneste
Fera-il huy que quaqueter ?
225 Mais que povez-vous conquester111
À luy ? Le me vez-vous là bien112 ?
LE PRESCHEUR
Ce dit ung théologïen :
« Bon vin, selon cours de nature,
Faict grand bien à la créature113. »
230 Par auctorité je le preuve :
Je suis si ayse quant je treuve
Ung trèsbon vin emmy ma voye !
Ung bon vin jamais ne desvoye114
Ainsi que faict ung vin petit.
235 Quant j’ay vin à mon appétit,
Je m’y porte aussy vailla[mme]nt115
Que fist Olivier et Rollant116
En bataille qu’ilz firent oncques.
Or je vous pry : bevons fort, doncques !
240 Et aussi, Dieu nous avisa
De bien boyre, et nous devisa117
Et nous dist ce mot : « Sitio118 ! »
LE CUYSINIER
Et ! ho, de par le dyable, ho !
Durera mèshuy ce language
245 De parler fors119 que du beuvrage ?
Le paillart n’a aultre mémoire
Fors à gourmander120 et à boyre :
Soit au dîner ou quant on soupe,
Il est yvre com une soupe121
250 Et s’en va coucher tout vestu.
LE PRESCHEUR
Mais escoutez ce fol testu122 !
Comme souffrez-vous tel fol coquart123 ?
Vous vez que ce n’est q’ung paillart,
Ung coquillart et ung yvroing124.
LE CUYSINIER
255 Il y pert bien à vostre groing125 :
Comme[nt] il est enluminé126 !
LE PRESCHEUR
De la fièbvre soys-tu myné !
LE CUYSINIER
Mais127 vostre corps et vostre teste !
LE PRESCHEUR
Je fais à tous humble requeste
260 Que vous ouez, grans et menus,
Ung proverbe de Martinus128 :
« Martinus fuit bonus homo,
Et ad bibendum totus primo129. »
Chascun n’entend pas mon130 latin,
265 Car il fut faict d’estain trop fin,
Engendré d’ung viel pot de cuyvre ;
Nul ne l’entend s’i n’est bien yvre.
Consommé fut de viel léton131,
Et le dit132 le docteur Platon
270 En son derrenier quolibet133.
LE CUYSINIER
Et il fist ton sanglant gibet !
T’apartient-il prescher en chayre ?
On te deust en une rivière
Getter, qui feroit134 son devoir.
LE PRESCHEUR
275 Bonne feste ne peult avoir135
— Comme je treuve en Réthoricque —
S’il n’y a de bon vin qui picque.
Vous sçavez que Nostre Seigneur
A dit qu’on boyve du meilleur ;
280 Je le puis tesmoigner par luy.
Aussi, quant le vin fut failly,
Aux nopces de Archédéclin136,
Ne mua-il pas l’eau en vin ?
Bonum vinum bibat etiam137 !
LE CUYSINIER
285 Et, paix ! Dieu te mette en mal an,
Sanglant paillart, yvroignibus138 !
Il nous tient cy en ces abus,
Et tout ce qu’il dit ne vault rien.
Le vez-vous, cest homme de bien ?
290 Aussitost qu’il a ung lyard139,
Par ma foy, la gorge luy ard140
Qu’il ne le porte au tavernier141.
LE PRESCHEUR
Mais toy, qui n’as pas ung denier ?
À ses142 voysins je m’en rapporte :
295 Avisez quel habit il porte !
Est-il habille compagnon143 ?
S[on] amye est en Avignon144 ;
Ses chausses tirent contrebas145.
Au fort, laissons tous ces débas.
300 Cathon note et met [en] avant
Qu’on se doibt tremper bien souvant
En bon vin, quant il s’avisa
Dire : « Vino te tempera146.
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Or, omnibus, attendite147,
305 Et venons à comedite148 :
Se voulez ès sainctz Cieulx aller,
Et non pas embas149 dévaller,
Se faictes (ainsi que j’entens)
Que ne jeûnez point en nul temps.
310 S’on ne vous faict jeûner par force.
Ès croniques du roy d’Escosse
Il est escript en droit civil
Qu’il est notable, non pas vil.
Les jeûnes sont à débouter150
315 Du droit civil, sans en doubter.
Mais quoy ! Sces-tu que tu feras ?
À double jeûne doubleras,
Et feras double[s] tes morceaux151.
LE CUYSINIER
C’est belle vie de pourceaux !
320 C’est bien, à toy, parlé en beste152 !
LE PRESCHEUR
Ce ne vous est pas chose honneste
Q’un tel follastre me gouverne.
LE CUYSINIER
Quel vray champïon de taverne
Qui vient cy trancher du sage homme153 !
LE PRESCHEUR
325 Je cuyde que d’icy à Romme,
Meilleur que moy on ne doibt querre
Pour bien prescher.
LE CUYSINIER
Au pot et au verre !
De cela il a bon renon.
LE PRESCHEUR
Encor(e) ? Mais [te] tayras-tu ?
LE CUYSINIER
Non !
LE PRESCHEUR
330 Et pourquoy ?
LE CUYSINIER
Il ne me plaist pas.
À bas154, de par le dyable, à bas !
Car vous ne sçavez que155 vous dictes.
Tout son faict ne sont que redictes :
Tousjours presche156 sur la vendenge.
LE PRESCHEUR
335 S’il convient que de toy me venge,
Tu le congnoistras par Justice !
LE CUISINIER
Tu es bien sot !
LE PRESCHEUR
Tu es bien nice157 !
Laisse-m’achever158 mon sermon !
LE CUYSINIER
Par ma foy ! si ne feray mon159,
340 Car tu ne dis chose qui vaille.
LE PRESCHEUR
Que tu as le bec plain de raille160 !
Faictes-le taire ou je m’en voys !
LE CUYSINIER
Et dyables après161 !
LE PRESCHEUR
Or, te tays !
Dire vueil chose souveraine.
LE CUYSINIER
345 Tu feras ta fi[è]bvre quartaine !
J’ay le cul tout plain de ta noyse162.
LE PRESCHEUR
Puisqu’il convient que je m’en voyse,
Par ce paillart, à tel[z] diffames,
Adieu vous dy, seigneurs et dames !
350 Plus ne demour[r]ay en ce lieu.
LE CUYSINIER
Adieu, de par le dyable, adieu !
Le prescheur va croquer la pye163,
Et je voys prendre la copye164
Du vin qui est en la despense165.
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355 Seigneurs et dames d’excellence,
Je vous supplye, [et] hault et bas,
Que prenez en gré noz esbas !
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FINIS
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1 Jelle KOOPMANS l’a d’ailleurs incluse dans son Recueil de sermons Joyeux. Droz, 1988, pp. 560-580. 2 Buvez et mangez ! « Comedite : hoc est corpus meum…. Bibite ex hoc omnes. » (Matth., 26.) Les sermons joyeux parodient scrupuleusement les sermons sérieux, lesquels se présentent comme une variation sur un thème en latin, ou theume, tiré des Écritures. Voir le début du Sermon pour une nopce. 3 BM : vndecima secunda. (26ème chapitre de l’Évangile selon saint Matthieu.) Les copistes, chacun à sa manière, abrégeaient ce genre de chiffres : l’imprimeur a mal résolu les abréviations de son ms. de base, et a donc publié un vers incorrect doublé d’une référence inexacte. 4 Faites silence ! 5 D’un cellier, d’une cave à vin. 6 Peut-être le nom d’un tavernier local. 7 L’ivrogne du Testament Pathelin veut être inhumé « en une cave, à l’advanture,/ Dessoubz ung muy de vin de Beaulne./ Puis faictes faire en lettre jaulne,/ Dessus moy, en beau parchemin :/ ‟Cy repose et gist Pathelin.” » 8 Totalement. Idem vers 116. 9 BM met ce vers sous le vers 9. L’Épître aux Éphésiens, attribuée à saint Paul, ne contient pas plus la citation initiale au chapitre 4 que dans les autres. Au contraire, le chapitre 5 condamne l’abus du vin. 10 BM : Undecimo (Et au chapitre 10 de l’Épître aux Hébreux, attribuée à saint Paul. En fait, la citation initiale ne s’y trouve nulle part.) Jeu de mots banal — on le retrouve au vers 38 — sur le latin ebriosus [ivrogne] : « Ung visaige il ha d’esbrieu. » Les Sotz qui corrigent le Magnificat. 11 Saint Paul. Mais il existe un Sermon de Monsieur saint Pou ; malheureusement, « sa boisson n’est pas dans le vin ». Koopmans, p. 486. 12 Jusqu’à la dernière goutte. « Quant ils boyvent jusques au clou. » Sermon joyeulx de sainct Raisin <Koopmans, p. 535>. 13 Ou une piécette. « S’il emporte denier ne maille. » Les Tyrans. 14 BM : prouidebis (Le Seigneur y pourvoira pour nous. Voir le v. 32.) 15 Qu’il aille. Idem vers 347. Le « cri » des marchands ambulants est parfois chanté. 16 Un champion de taverne est un pilier de bars. Voir le v. 323. 17 Le plus grand « croqueur de pie », avaleur de vin. « –Plus boire ne pourroye./ –Hé, franc pion ! » Grant Gosier. 18 Qui soit d’ici jusqu’en Bourgogne, une région célèbre pour son vin. 19 À cause d’un ivrogne. 20 De mes braies. « Quel grant conseillier de mes brayes ! » Le Capitaine Mal-en-point. 21 Le De profundis est une prière de base que tout religieux, même soûl, doit se rappeler. 22 Prononciation parisienne de larme. « Et boy d’autant, vueille ou non vueille,/ Tant que la larme en vient à l’œil. » La Nourrisse et la Chambèrière. 23 Ceux-là. « (Les folz) sont cousins germains de Dieu. » Les Sobres Sotz. 24 BM : il (Comme cela est dit dans saint Paul. « Comme est récité/ Aulx Hystoires. » Le Testament d’un amoureux.) 25 BM : sont (Saint Paul, Épître aux Corinthiens, 11.) Comprenons, d’après la note 10 : Ils sont en état d’ébriété ? Moi aussi ! 26 Tu dois t’apprêter. 27 Une tranche de pain grillé qu’on trempe dans le vin. 28 BM : Prenes moy 29 BM : iambon (« Une cuysse/ De gras chapon. » Le Cousturier et Ésopet.) 30 Un peu. 31 Clairet : vin rosé. Idem vers 155. Sans séjour = sans délai. 32 Je m’ennuie. Même vers que 99. 33 Ce qu’il fait ni ce qu’il dit. 34 Troubler. 35 Réfutation de deux proverbes : « Qui boit et mange sobrement/ Vit, de coustume, longuement. » « Boy par raison, tu vivras longuement. » 36 Je me levais au milieu de la nuit. Psaume 118. 37 Du bon vin et du meilleur. Le prêcheur remplace Dieu par le vin : « Deum bonum et optimum credimus. » (Tertullien.) On prononçait « optimon », à la française. 38 Que Dieu m’assiste ! Nous allons découvrir au fur et à mesure que les deux adversaires se connaissent bien ; sont-ils d’anciens compagnons de taverne ? 39 Quel nez rouge, par allusion au vin rouge de Saint-Pourçain : voir le v. 141. « –Quel visage de Saint-Poursain !/ –Si ont esté ces gros vins rouges/ Qui nous ont paincturé ainsi/ Les narines de cramoysi. » Le Ramonneur de cheminées. 40 Ce béjaune, ce blanc-bec. 41 Derrière les spectateurs. Si le cuisinier était au 1er rang et tournait le dos au public, on ne l’entendrait pas bien. 42 La partie du casque protégeant le menton ; pour boire, les soldats sont obligés de la soulever. Nous dirions aujourd’hui : hausser le coude. 43 BM : nest. 44 On prononçait « vinon ». Cette loi Vinum quod mutuum — dont il est encore question au vers 124 — concerne la façon de rendre du vin qui a été prêté. Elle est connue pour sa niaiserie, et Rabelais ne l’a pas épargnée : « La loy Quinque pedum [5 pieds], la loy Vinum, la loy Si Dominus. » Pantagruel, 13. 45 Au 12e livre du Digeste, titre 1. « Une contestation qu’il eut avec un de ses confrères sur l’intelligence de la Loi Vinum, au Digeste. » Gilles Ménage. 46 Noyé dans le vin. « Quant il sont yvres et noyés. » ATILF. 47 Si on lui tordait. 48 Une cimaise : un plein pot à vin. Cf. Baudet, Blondète et Mal-enpoint, vers 17. 49 BM : dessire. (Dévoyé. « Dévier, c’est forvoier et aler hors le droit chemin. » ATILF.) 50 Bu. Voir la note 17. 51 BM : Sera a (C’est mon plus proche voisin qui l’aura. On suppose que ce voisin n’est autre que le prêcheur.) 52 Du jus de raisin fermenté : du vin. 53 Si ce n’est. Idem vers 245 et 247. 54 Male = mauvaise. Idem vers 101, et vers 105, qui est construit sur le même modèle que celui-ci. 55 Maishui, désormais. Idem vers 244. 56 Ne traîne pas ! 57 Un cœur vaillant. 58 Il but tellement. 59 BM : pissa (Voir les vers 111-4.) 60 Sauf le respect que je vous dois. Cette formule excuse les allusions aux excréments : « Le caqua, sauf l’honneur de vous. » Saincte-Caquette. 61 À sa logeuse. Le cuisinier montre une quelconque spectatrice. 62 Un pet silencieux. 63 Du fin et du gros : des excréments. 64 BM : faillit (Le gros est une pièce de monnaie.) 65 Oyez ; idem vers 260. Écoutez, si vous voulez. 66 Ce que dit un célèbre docteur en Droit. S’il existait vraiment, le prêcheur le nommerait. 67 BM : etyque (N’est pas très ancienne. « En celle loy antique. » ATILF.) 68 Elle achoppe. Verbe choir. 69 D’eau. 70 BM : il (Le rébéca = l’abus. Cf. Frère Frappart, vers 152.) 71 Mettre en pièces. Cf. Troys Galans et un Badin, vers 299. 72 Tu n’as pas l’habitude de mettre de l’eau dans ton vin. « Je n’ay point apris que l’on crie/ Devant ma prédication. » Le Pardonneur. 73 Long bâton prolongé par une lame ou une serpe. 74 Cela se voit, est apparent. Même forme du verbe paroir à 255. 75 De petits bubons, de pustules. 76 Les castagnettes, comme un lépreux qui doit signaler sa présence. Le cuisinier traite encore le prêcheur de lépreux à 168. 77 Je veux bien être tondu comme un fou. Cf. le Sourd, son Varlet et l’Yverongne, vers 132 et note. 78 « Son chevau,/ Sa jument, son asne. » Sermon pour une nopce. 79 Ne soyez pas comme un cheval ou un mulet, qui ne sont pas intelligents. Psaume 31, attribué à David. Mais la suite n’est pas de lui, quoi que prétende le prêcheur. 80 Les Livres des Rois n’abordent pas plus ce sujet capital au livre 11 qu’ailleurs. Regum se prononçait « régon ». 81 Ce que c’est, de quoi il s’agit. 82 BM : droit ung (« Il semble ung droit varlet de cartes. » Le Povre Jouhan.) Il ressemble à un véritable lépreux. 83 Maudite. Idem vers 171, 271 et 286. 84 Aujourd’hui. Le prêcheur a une telle aversion pour l’eau qu’il ne se lave jamais. 85 Trop bavardé. Cf. Pernet qui va au vin, vers 216. 86 « Faictes taire ce fol ! » Cette réplique est tirée du Pardonneur où, comme ici, deux rivaux veulent se faire taire mutuellement pour capter l’attention des passants. 87 BM : Tresort (Très sale. « Très ort villain ! » La Laitière.) Punais = puant. Le cuisinier, lui non plus, ne se passe jamais d’eau sur le corps. 88 BM : nays (Honnête = propre. Cf. Grant Gosier, vers 22.) 89 Le voyez-vous bien, ce sectateur d’un Ordre bachique ? « Nous sommes de l’Ordre de Saint-Baboyn./ Dormir jusqu’à prime et boire bon vin,/ Et chanter matines sur ung pot de vin. » (La Résurrection Jénin à Paulme.) « Tous ces suppoz de l’Ordre Sainct-Babouyn/ Haront tousjour pertroublé le cerveau,/ Les ungs d’iceulx par trop boire de vin,/ Et la pluspart pour ne boire point d’eau. » Pronostication d’Habenragel. 90 Son haleine. 91 Attrapez-la. « Que de la fièvre cartaine/ Puissez-vous estre relié ! » (Le Povre Jouhan.) Le prêcheur, qui ne se cramponne plus à son lutrin, se met à chanceler. 92 Que de grimaces, de chichis. « Tant de mines ! » Le Dorellot. 93 Dans ta bouche. Les imprécations sont volontiers scatophagiques : « Ung estront/ De chien chié emmy vostre gorge ! » Colin qui loue et despite Dieu. 94 Réponse narquoise qu’on fait à une personne trop exigeante. « –Je vous demande/ Pour six aulnes, bon gré saint George,/ De drap, dame. –On le vous forge ! » Farce de Pathelin. 95 « Despeschez-vous, ma femme,/ Il est jà tard. » Le Testament Pathelin. 96 Les buveurs obtiendront des indulgences qui leur permettront de quitter le Purgatoire avec 40 000 jours d’avance. « Gaignasmes sept ans et sept quarantaines de pardon. » ATILF. 97 De grandes chopes. « Pleine tasse/ De vin. » (Le Capitaine Mal-en-point.) Saint Bernard n’a jamais proféré de telles fredaines. 98 BM : le (Voir le v. 201.) 99 Qui bene bibit, Deum videbit : Celui qui boit bien verra Dieu. Ce proverbe existait avant saint Bernard. 100 Tellement sages qu’elles valent de l’or. 101 BM : mon liure len 102 Et pour cela. Idem vers 207. 103 Que celui qui boit bien, il pisse bien. On rencontre parfois la variante bene dormiat. 104 Et pour cela, le vin. « Nous beuvons/ De la purée du raisin. » (Pernet qui va au vin.) « La purée des vignes. » (L’Arbalestre.) « Purée septembrale. » (Gargantua, 7.) 105 Tant qu’on pourra trouver de l’argent. Finer de = se procurer : « Tu ne sauroies finer d’ung blanc [un sou]. » (Les Drois de la Porte Bodés.) Les « croix » sont des pièces frappées d’une croix sur leur côté face. 106 BM : Qui faictes (On rend les gosiers si étroits, si desséchés.) 107 Jusqu’à ce que nos yeux pleurent. Voir le v. 35. 108 Il n’a qu’à y envoyer son valet à sa place. 109 Si le vin est aigre, il ne vaut rien. 110 Lacune. « Les vins sont bien vers, ceste année,/ Dont il fait mal aux bons buveux./ Ceulx qui ont gardé les vins vieulx/ N’y perdront rien. » (Raoullet Ployart.) On préférait le vin vieux au vin nouveau : voir le Testament Pathelin, vers 173-180. 111 Gagner. 112 Le voyez-vous bien, là ? Nous dirions : Regardez-moi ça ! « Vez » = voyez ; idem vers 180, 253 et 289. 113 À l’être humain. Ce prétendu « théologien » ressemble à Guillaume Dufay, le compositeur de la chanson Bon jour, bon mois : « Bon vin/ Pour maintenir la créature saine. » 114 Ne dévoie les intestins, ne cause une diarrhée. Cf. Lucas Sergent, vers 44. 115 Je me comporte aussi bravement. « (Il) se porta si vaillamment qu’il en emporta l’onneur de ladicte jouste. » ATILF. 116 Les deux héros de la Chanson de Roland. Notons que les ivrognes plaignent beaucoup Roland depuis qu’une légende affirme qu’il est mort de soif : cf. le Ribault marié, vers 200 et note. 117 Nous déclara. 118 J’ai soif. C’est l’une des sept dernières paroles du Christ en croix. Rabelais l’a parodiée dans ses Propos des bien yvres : « Le grand Dieu feist les planettes, et nous faisons les platz netz. J’ai la parolle de Dieu en bouche : Sitio ! » Gargantua, 5. Ce passage ne figure que dans la seconde édition, de 1542 : entre-temps, Rabelais avait peut-être vu notre pièce. 119 De ne parler d’autre chose que du breuvage, de l’alcool. « Il n’est beuvraige que de vin. » ATILF. 120 Sinon à faire preuve de gourmandise. 121 La soupe est le morceau de pain qu’on trempe dans le bouillon. Même vers dans Deux hommes et leurs deux femmes. 122 Entêté. « Mais regardez ce fol testu ! » Le Prince et les deux Sotz. 123 Un tel sot. 124 Un imbécile et un ivrogne. 125 Cela se voit à votre museau. « Il y pert bien à mes habitz. » Les Sotz qui remetent en point Bon Temps. 126 Peint en rouge vif. « Il a le groing enluminé. » Le Ramonneur de cheminées. 127 Mais que ce soit plutôt. 128 Saint Martin de Tours (Martinus Turonensis) est fêté le 11 novembre, jour de la fête des vendanges. On le mêle à plusieurs proverbes concernant le vin : « À la Saint-Martin,/ L’on boit le bon vin. » « À la Saint-Martin, bois ton vin/ Et laisse l’eau courre au moulin. » Le Sermon joyeulx de sainct Raisin lui rend hommage : « Prions monseigneur sainct Martin,/ À laquelle feste on boict vin. » Koopmans, p. 534. 129 Martin fut un bon compagnon, et toujours le premier à boire. Quand la rime consiste en un mot latin accentué sur l’avant-dernière syllabe, comme c’est le cas dans le présent distique, la dernière syllabe est atone, ce qui permet d’obtenir un octosyllabe régulier. Même scansion pénultième aux vers 2 et 199. 130 BM : bien (« Chacun n’entend pas mon latin,/ Car il est faict de fin estaing. » Farce de Guilliod.) Le prêcheur prend cette expression au pied de la lettre, puisqu’on buvait dans des chopes en étain. 131 Il fut consommé de vieux laiton. Cette phrase n’a aucun sens, et voici pourquoi : les collégiens s’amusaient à transcrire platement le latin prononcé à la française. On devine ici que « consommé fut » transcrit le biblique « consummatum est », et que « viel laiton » transcrit littéralement « vel lætum ». Mais quelle est la phrase latine qui a suscité ce jeu ? En tout cas, elle n’est pas dans les adaptations de Platon en latin. 132 BM : fit (Le docte Platon. « De ce docteur Platon à teste folle. » François de Fougerolles.) 133 Son dernier « quod libet », son dernier dialogue philosophique. Voir les Demandes joyeuses en forme de quolibet. On ignore quel est le dernier dialogue écrit par Platon, et notre sermon ne renvoie à aucun d’entre eux. 134 Si on faisait. 135 Il ne peut y avoir. Le prêcheur fait croire à un auditoire inculte que la rébarbative Rhétorique d’Aristote exalte les fêtes et le vin. 136 Architriclin était le maître d’hôtel des noces de Cana, où Jésus changea l’eau en vin. Les suppôts de Bacchus n’omettent jamais cette pieuse évocation : « Ce fut qu’il mua l’eaue en vin/ Aux nopces de l’Architriclin. » Sermon de sainct Raisin <Koopmans, p. 533>. 137 BM : illam. (Le pronom féminin illam ne se rapporte à rien.) Qu’il boive encore du bon vin. Etiam [encore] se prononçait alors « étian ». 138 Ivrognibus. 139 Un sou. 140 Lui brûle. 141 D’habitude, cette récrimination est faite par les épouses : « Je n’ay mye ung tant seul hardy [sou]/ Qu’il ne le porte à la taverne. » Serre-porte. 142 BM : ces (Aux gens qui sont actuellement près de lui. Le cuisinier est toujours derrière les spectateurs.) 143 Un habile compagnon : un maître cuisinier. 144 La cité des papes était réputée pour ses bordels. « Ne n’est bourdeau qu’en Avignon. » Le Dict des pays. 145 Descendent sur ses chevilles. 146 C’est un des distiques moraux attribués à Caton : « Vino te tempera : Boy du vin sobrement. Boy par mesure et sans excèz. » D’après le vers 301, le prêcheur traduit tout au contraire : Dans le vin tu te tremperas. 147 Attendez tous. Un collégien d’aujourd’hui traduirait : « Attendez l’omnibus ! » 148 Au verbe manger. C’est le second point du sermon, énoncé dès le 1er vers. 149 En bas, en enfer. 150 Retirer. 151 Les morceaux de viande que tu mangeras pendant les jours maigres. « Si en prenez tout à la foys/ Double morceau ! » Le Capitaine Mal-en-point. 152 « Un hérétique qui ne croit ny Ciel, ny Enfer, ny Diable ; qui passe cette vie en véritable beste brute : un pourceau d’Épicure ! » Molière, Dom Juan. 153 Qui vient contrefaire le sage. « Flater en Court, trancher du saige. » Gautier et Martin. 154 Descendez de votre tonneau ! 155 Ce que. 156 BM : parle (« Prescher sur la vendange : discourir long temps avec le verre à la main. » Antoine Oudin.) « Certain curé/ Qui preschoit peu, sinon sur la vendange. » La Fontaine. 157 Naïf. 158 Laisse-moi achever. « Laisse-m’aler ! » La Laitière. 159 Je ne le ferai pas. « Mon » est une particule de renforcement. « Par saint Jehan ! ce ne feray mon ! » La Mauvaistié des femmes. 160 De raillerie. 161 Et les diables courront après lui pour l’expédier en enfer. 162 J’en ai plein le cul de ta furie. « Tu me remplis le cul de noyse ! » Trote-menu et Mirre-loret. 163 Avaler du vin. Cf. le Chauldronnier, vers 195 et note. Le prêcheur descend de son tonneau. 164 Je vais avoir la jouissance. « J’auray la copie de ce corps. » Jehan de Lagny. 165 Dans la cave. « Or venez boire, je vous pry,/ En ma despense. » (ATILF.) Le cuisinier s’empare du tonneau que le prêcheur a laissé.