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LE PRINCE ET
LES DEUX SOTZ
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On date du début du XVIe siècle cette pochade parisienne. Mais elle est caractéristique des sotties primitives, et elle se réfère aux œuvres et à l’entourage de Triboulet (nommé au vers 130), qui mourut peu après 1480.1 Les spécialistes s’accordent pour dire qu’elle fut écrite par un basochien : les emprunts juridiques sont fréquents ; l’auteur affiche son mépris pour le collège du Cardinal-Lemoine, pour les jacobins et pour les carmes ; enfin, les clercs de la Basoche jouaient leurs sotties non loin de Saint-Germain-l’Auxerrois (cf. le vers 140, et la notice du Capitaine Mal-en-point).
Les personnages, pour le moins velléitaires, nous promettent successivement une satire de la Cour, un sermon, une chanson, des ragots ; mais rien de tout cela n’aboutit, et cette histoire de fous qui passent leur temps à ne pas se reconnaître se termine en queue de poisson.
Source : Recueil de Florence, nº 1.
Structure : Cri en forme de tercets, rimes plates, abab/bcbc.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle fort joyeuse
à trois personnaiges
C’est assavoir :
LE PRINCE [Maistre Coquart]
LE PREMIER SOT [Sotin2]
LE SECOND SOT [Sotibus]
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LE PRINCE commence, estant habillé en longue
robe, et des[s]oubz est habillé en Sot :
Sotz estourdiz, Sotz assottéz SCÈNE I
Qui3 faictes ce que vous voulez :
Eslevez4 voz oreilles !
.
À venir, point ne demourez,
5 Et icy courant5 acourez !
Vécy l’an des merveilles6.
.
Sotz ont le Temps7, quoy qu’il en soit ;
Il est sot qui8 ne l’aperçoit.
Quant Folie se démaine,
10 Roger le scet, Bontemps9 le voit ;
Ainsi, soit à tort ou à droit,
Il passe la sepmaine.
.
Chacun de vous, s’i[l] est sçavant,
Et se doit mectre à foller10 avant,
15 Et passer en follye :
.
C’est elle qui doresnavant
Fait tourner le moulin à vent11,
Car tousjours le fol lye12.
.
Fol qui follie, il [n’]est follet13.
20 Ung saige ne scet que fol est
Se14 premier ne l’espreuve.
.
Ung fol a tousjours fol a souhaict
Et vient à tout le monde à het15,
Quelque part qu’il se treuve.
.
25 S’il fait mal par trop folloyer
Et puis on le veult affoller16
Ou payer une amende,
Fol ne demande qu’à galler ;
C’est ung fol, laisse-le aller17 :
30 Il ne sçait qu’i demande.
.
LE .I. SOT SCÈNE II
Qu’esse que je voy là venir18 ?
LE .II. SOT
Haro !
LE PREMIER
Qu’esse ?
LE SECOND
Il me fait frémir.
Je ne sçay, moy, que ce peult estre.
LE PREMIER
Est-il point escollier ou prestre,
35 Pour ce qu’il a ceste grant robe ?
LE SECOND
Il vient.
LE PREMIER
Il ne hobe.
LE SECOND
Il vient.
LE PREMIER
Il reculle.
LE SECOND
Il ne hobe19.
Je ne me congnois à son fait.
LE PREMIER
Qu’il est maigre !
LE SECOND
Qu’il est deffait !
LE PREMIER
Quel Socratès !
LE SECOND
Quel valeton20 !
LE PREMIER
40 Quel Pithagoras !
LE SECOND
Quel Platon !
LE PREMIER
Quel mignon !
LE SECOND
Qu’il est [vert]molu21 !
Mais regardez ce fol testu,
Comme il regarde çà et là.
LE PREMIER
Regardez-moy quel Sot vélà !
LE PRINCE
45 Sotin, approche sans eslongne22 !
LE PREMIER
Quel museau !
LE SECOND
Quel mine !
LE PREMIER
Quel trongne !
LE PRINCE23
(Hon, hon ! Quoy ? Que diable esse-cy ?
Est-ce24 tout ? Et ! d’où vient cecy ?
Quant mes Sotz trouve, qu’esse à dire
50 Qu’ilz se gardent si bien de rire ?
Jamais cestuy tort ne fut veu.
Sont-ilz saiges depuis ung peu ?
Quel diablerie, quel sinagogue(s)25 !
Si ne sont-ilz point en [leur vogue]26.)
55 Avant, Sotin !! Que faictes-vous ?
(On leur a fait quelque courroux.)
Sotibus !!
LE PREMIER
[Je croy qu’il rassote :]27
Qu’esse qu’il dit ?
LE SECOND
Je n’y entens note.
LE PREMIER
Esse point maistre Mousche28 ?
LE SECOND
Non.
LE PREMIER
60 Or, par monsieur sainct Sim[é]on29,
Si esse quelque teste sotte.
LE PRINCE
Sotin !! Sotin !!
LE SECOND
Il chante à note30.
LE PREMIER
C’est quelque prince-cardinal31.
LE .II. SOT
Ou maistre Antitus32 qui se botte
65 Pour remonstrer le Cardinal33.
LE PRINCE
Hau, mes suppostz !!
LE .II. [SOT]
Propos final34,
Le sang bieu, c’est maistre Co[q]uart35 !
LE PREMIER SOT
Hau ! nostre Prince original36.
[ …………………………….. -art
…………………………….. -art. ]
Honneur !
LE SECOND
Gloire !
LE PREMIER
Magnificence !
LE SECOND
70 [Que nous vault ?]37
LE PRINCE
Garre le péna[r]t38 !
LE PREMIER
[Et dont vous]39 vient ceste ordonnance ?
LE SECOND
D’où venez-vous ?
LE PRINCE
De veoir la dance,
L’estat et le train de la Court.
LE PREMIER
Qu’avez veu ?
LE PRINCE
La vieille ballance
75 Où l’en pesoit l’argent40 de court.
LE .I. [SOT]
Qui bruit là ?
LE PRINCE
Le Temps qui court41,
Tout nouveau, tout nouvelles gens42.
Ung chacun est dessus le bort,
Et si ne peut entrer dedans43.
80 Mais à vous demande, présent[z] :
De quoy estes-vous esbahis44 ?
LE PREMIER
Esbahis ?
LE PRINCE
Voire.
LE .I. [SOT]
À mon advis,
Je le vous diray maintenant :
Quant regarde présentement
85 La contenance et la manière
Que tenez voz parolles, infère45
Que ne soyez plus nostre Maistre.
LE PRINCE
Par celuy Dieu qui me fist naistre !
Je ne sçay pas46 que voullez dire.
LE .I. SOT
90 J’ay veu que vous souliez rire47
Et folloyer en folloyant.
LE PRINCE
[Si] est-il vray.
LE PREMIER SOT
Et maintenant,
Vous portez une longue robe.
Pour Dieu ! que d’ilec on la hobe48,
95 Car je vous ay jà descongneu49.
LE SECOND
Ma foy, c’est qui m’a tant tenu50
De parler à votre personne.
Mais premier51 que plus loing m’eslongne,
Si Nostre Dame vous doint joye,
100 Despoullez-vous tost52, que je voye
Si vous estes Sot soubz la forme53.
Icy doivent despouller 54 le Prince.
[Et !] vécy une chose énorme !
Je voy aussi… Je congnois [bien]
Qu’on ne congnoist gens au maintien
105 Ne55 à l’abit, soit long ou court.
LE PRINCE
C’est la coustume de la Court :
Mais q’ung homme soit bien vestu,
Ung chascun si sera esmeu
De le vouloir entretenir.
LE SECOND
110 Dictes-moy, Prince, sans mentir :
Pourquoy n’y estes-vous encor ?
LE PRINCE
Et ! je vous jure par sainct Mor
Que j’ayme mieulx cy folloyer
Que d’estre plus en ce dangier !
LE PREMIER
115 Vous voulez-vous dont reposer ?
LE PRINCE
Plus ne vous en vueil exposer,
Car vous avez trop sotes testes.
LE PREMIER
Or çà, recommançons56 noz festes,
Puisque vous estes revenu.
120 Je vous cuidoys avoir perdu,
Et que jamais je ne vous tinsse.
LE PRINCE
Faictes honneur57 à vostre Prince,
Et me dictes cy en présent,
Sans rien laisser aucunement,
125 Comment vous avez folloyé.
LE SECOND
Une fois, tant je m’enyvray
De la servoyse de Rouen,
Que j’en avoye si grant ahan58 ;
J’en beu une quarte59 d’ung traict
130 Aussi bien que fist Triboullet.
N’estoyt-ce pas bien folloyé ?
LE PREMIER
C’est ung estront de chien chié
Emmy60 vostre sanglante de gorge !
LE PRINCE
Holà, hau ! que nul ne desgorge61 !
135 Dy-moy : que [mengeoys entre]62 deux ?
LE SECOND
Je mengeays deux ou trois moyeux
D’aulx63 et d’ongnons, sans pain ne sel.
LE PRINCE
Tu es ung bon fol naturel64 !
Et que n’achetoye-tu du pain ?
LE SECOND
140 Sur le clochier de Sainct-Germain65
Je laissay toute ma pécune.
LE PRINCE
Or sus ! c’est assez parlé(z) d’une66.
Que ferons-nous ?
LE PREMIER
Tousjours grant chère !
LE SECOND
Je le veulx bien.
LE PRINCE
C’est ma manière.
145 Aucuneffois, je vous amyelle
Ma raye du cul si doulcement :
Grant n’est mousche67 jeune ne vieille
Que je ne happe incontinant.
LE PREMIER68
Je veulx prescher tout maintenant ;
150 Donnez-moi votre béne[i]sson69.
LE PRINCE
Qu(i) esse-là70 ?
LE SECOND
C’est ung Sot.
LE PREMIER
C’est mon71.
LE PRINCE
Que veult-il ?
LE SECOND
Votre béneisson.
LE PREMIER
Jube, Domine, benedicere 72 !
LE SECOND
Amen !
Que Dieu [si] te mecte en mal an73 !
LE PREMIER
155 Je suis prest d’évangéliser.
Ne vous sçavez-vous adviser
De parer autrement la chaire,
Affin de me garder de braire74 ?
[LE SECOND]
Que Dieu en mal an si vous mecte,
160 Et trèstous ceulx qui font la beste,
Et qui mèshuy en preschera !
[LE PREMIER]
Et puis ? Se75 course qui vouldra ;
Si ce fust Jacobin ou Carme,
Je prens sur Dieu et sur mon âme
165 Qu’il [fust pendu]76 dès huy matin !
Par Dieu ! il coust(e)ra ung tatin77
À qui que soit, j’en ay juré !
Riez-vous, monsieur le curé78 ?
Gardez bien que ne vous empongne !
170 J’avoye la meilleur[e] besongne79,
Et qui venoit tout à propos ;
Je l’eusse exposé en deux motz
Et puis une petite fin80.
LE .II. SOT
Par ma foy ! tu es bien jényn81
175 De vouloir prescher devant moy.
Et ! tays-toy, tays, Sotin, tais-toy !
Je veulx chanter à contrepoint82.
LE PRINCE
Vrayement, cela ne me duit point83,
Car j’ay trop grant mal en la teste.
LE .II. SOT
180 N’est-il pas aujourd’uy la feste
Que nous devons tous folloyer84 ?
LE .I. [SOT]
Hau ! Prince, je vous vueil compter
Ce que j’ay veu depuis deux jours.
LE PRIN[CE]
Et ! je te supply par amours :
185 Dy quelque chose de nouveau.
LE .I. [SOT]
J’ay aujourd’uy veu ung thoreau
Plus petit que une souris85.
LE .II. [SOT]
C’est trop menty, et je m’en ris.
As-tu tant songé à le dire86 ?
190 Prince, je m’en vois d’une tire87
Veoir se j(e) aprendray quelque chose.
LE PRIN[CE]
Par Dieu ! d’icy bouger je n’ose.
LE .I. [SOT]
Dictes pourquoy.
LE PRINCE
Je me repose88.
LE .II. [SOT]
Allons-nous-en à la taverne89.
LE PRIN[CE]
195 Nous fault-il point une lanterne90 ?
LE .II. [SOT]
Nenny, non : c’est à saiges gens.
LE PRIN[CE]
Allon !
LE .I. [SOT]
Bonjour !
LE .II. [SOT]
Devant !
LE .I. [SOT]
Attens91 !
LE .II. SOT
Prenez en gré, je vous en prie !
LE PREMIER
À Dieu toute la compaignie92 !
FINIS
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1 TRIBOULET : La Farce de Pathelin et autres pièces homosexuelles. Édition critique de Thierry Martin. Bibliothèque GKC, 2011. 2 On peut rattacher ce comédien à la troupe de Triboulet : il joua dans les Coppieurs et Lardeurs, et dans les Sotz qui corrigent le Magnificat. Connaissant de l’intérieur la technique d’écriture du maître, il pourrait bien être l’auteur de cette bagatelle. 3 F : Que (Les Sots étourdis et les Sots rassottés sont également convoqués par le cri du Jeu du Prince des Sotz.) 4 Dressez. Le chaperon des Sots est orné d’oreilles d’âne. 5 F : acourant 6 Annus mirabilis. Cf. les Veaux, vers 155. Pour mieux vendre les pronostications et les almanachs, on laissait croire qu’ils annonçaient une année de prodiges. « Chascun se préparoit à voir l’an des merveilles, comme ils l’apelloyent. » Agrippa d’Aubigné. 7 « Je vous asseure/ Que les Sotz ont tousjours le Temps. » (Les Sotz triumphans.) Le Temps –le Bon Temps du vers 10, ou le Temps qui court du vers 76– est, avec le Monde, le personnage allégorique le plus important du théâtre médiéval ; on regrette son absence, et on espère son retour. Cf. les Moralités de Genève. 8 Celui qui. 9 Roger Bon Temps était la personnification nostalgique d’un passé meilleur mais révolu. 10 F : passer (La répétition de ce verbe aux vers 12, 14 et 15 est suspecte.) Foller = faire le fou. « Fol qui ne folle n’est pas fol. » (Vigilles Triboullet.) Le principe du « cry » est de répéter le plus souvent possible le radical fol ou sot. 11 Les Fols entretiennent un rapport étroit avec le vent, dont leur tête est remplie. Dans Mallepaye et Bâillevant (notes 2 et 187), le Prince des Sots se nomme Angoulevent. Dans le Roy des Sotz, Triboulet dit : « Vécy ung Sot qui donne vent ;/ Il nous servira de soufflet. » Enfin, les Sots ont un vrai talent de pétomanes : cf. Trote-menu et Mirre-loret. 12 La Folie lie le fou. La rime folie / fol lie a été surexploitée par la poésie morale. Dans les rébus de Picardie dont la folie constitue la clé, le « fol lie » toujours quelque chose. 13 Il n’est pas fou : il a raison. 14 F : Ce (Se premier : si d’abord il ne l’éprouve.) 15 De bonne humeur. Mais aussi, en érection. Cf. le Povre Jouhan, vers 151. 16 Assommer, blesser. Le passage 18-26, avec son avalanche de fols, est très proche des onze premiers vers des Vigilles Triboullet. 17 « Ha ! c’est un Fol, laissez-le aller. » Dialogue du Fol et du Sage, qui offre des similitudes avec les vers 18-30. 18 Les deux Sots observent le Prince de loin ; ils ne le reconnaissent pas, car son uniforme de Sot est masqué par une robe longue munie d’une capuche. Leur crainte mêlée de curiosité devant l’inconnu est propre à la fin du Moyen Âge : cf. les Esveilleurs du chat qui dort, vers 33-44. 19 Il ne bouge plus. 20 Quel gaillard ! « Quel valeton, quel valeton ! » (Les Bélistres.) Pour rester avec les philosophes grecs, on pourrait mettre Xénophon. 21 Vermoulu. Étant donné que les Sots font beaucoup d’allusions sexuelles, on peut traduire par impuissant. « Yl sera tant acouardy,/ Mais que son bourdon [pénis] soyt lassé./ Le mien est rompu et cassé,/ Tout verdmoulu depuys long temps. » Le Pèlerinage de Mariage. 22 F : demourance (Sans eslongne = sans délai. « Sans différer et sans élogne. » Godefroy.) 23 En aparté. 24 F : Estoit ce (Sur cette formule de reproche, cf. le Povre Jouhan, vers 435.) 25 Sabbat de sorciers. « Les sorciers estans assembléz en leur Synagogue adorent premièrement Satan. » Henry Boguet. 26 F : leurs iogues (En grande forme. « Nous voyons les contempteurs de Dieu estre en leur vogue & avoir le vent en poupe. » Calvin.) 27 Je comble cette lacune à partir du Povre Jouhan : « Je croy que cest homme rassote. » 28 Célèbre farceur, chef de troupe et « Sot renommé » qui, au milieu du XVe siècle, eut Triboulet pour disciple. Cf. Bruno Roy : Pathelin : l’hypothèse Triboulet. <Paradigme, 2009, p. 16.> 29 Saint Syméon d’Émèse, dit le Fol-en-Christ. Son cas relevait de la psychiatrie. « Demander à sainct Siméon Salus [le Fou] un grain de cette sainte folie qui l’a rendu si sage & si saint. » Méditations de Philagie. 30 Il crie fort. Chanter à note = claironner, annoncer hautement. « Il le diroit tantost à Malebouche, qui le chanteroit à note par tous les quarrefours du pays. » Guillaume de Machault. 31 F : capital (qui n’a pas grand sens.) Si la pièce a été composée du vivant de Louis XI († 1483), il valait mieux modifier le mot « cardinal », qui risquait de lui rappeler le prince-cardinal Balue <voir la notice des Sotz ecclésiasticques >. « Ô Prince-cardinal ! ta langue infecte,/ Plus venimeuse que langue de serpent,/ Bien doys mauldire en ta pensée couverte. » Balade contre le cardinal Balue. 32 Sur ce grand défenseur de la cause féminine, voir la notice de Deux jeunes femmes qui coifèrent leurs maris sur le conseil de maistre Antitus. 33 Qui se chausse pour aller botter les fesses au collège du Cardinal-Lemoine, où on encourageait les propos misogynes. Voir Ung Fol changant divers propos. 34 En définitive. 35 Un maître coquard est un fol. « Je me rys d’ung maistre coquart,/ Le plus follas que je viz oncques. » La Pippée. 36 Originel, authentique. 37 F : De nouueau (Cette insolence attire au 2ème Sot une menace du Prince.) 38 Mon poignard. « Ung grant cousteau ou pénart. » ATILF. 39 F : Dont nous (Ordonnance = comportement.) 40 F : les gens (Le trébuchet sur lequel on pesait jadis l’argent à son juste poids. Les Proverbes rimés nous incitent à « tenir l’argent de court », autrement dit, à le surveiller de près.) 41 La dernière mode. C’est un des personnages allégoriques du Temps-qui-court. 42 Cf. la sottie des Gens nouveaulx. 43 Parmi ces gens nouveaux qui bruissent aux abords de la Cour sans pouvoir y entrer, citons Mallepaye et Bâillevant. 44 La sottie des Esbahis a plusieurs points communs avec celle-ci. 45 F : chiere (Inférer que = déduire. « S’il y a eu quelques femmes mal advisées, vous inférerez que toutes les autres femmes ne vallent rien. » Godefroy.) 46 F : pss (« Je ne sçay quel mouche vous point./ Par celuy Dieu qui me fist naistre ! » Testament Pathelin.) 47 Que vous aviez naguère coutume de rire. 48 Qu’on l’enlève de là. 49 Je ne vous ai pas reconnu. 50 Ce qui m’a retenu. 51 Avant. 52 Dans le Roy des Sotz, on déshabille Triboulet : « –Despouille-le tost ! –Quel “seigneur” !/ Il est tout fin fol par-dessoubz. » Dans les Sotz qui corrigent le Magnificat, Sotin déshabille un fol : « Despouillez ceste robe ! » 53 F : robe (qui ne rime pas.) En droit, « sous la forme » = dans les règles. « En cas que le tout se treuve avoir esté faict et passé soubs la forme et solemnitéz. » Nouveau coutumier général. 54 F : despoullez (Dépouiller de sa robe.) C’est la scène rituelle du déshabillage du Sot : cf. la note 228 du Jeu du Prince des Sotz. La « chose énorme » était symbolisée par une marotte, comme celle qu’exhibe le personnage central de notre illustration. Chez les Fols, l’exhibitionnisme est naturel, comme on peut le voir ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou ici, ou encore ici. Un Fol dépouillé de ses attributs a toujours d’autres « attributs » en réserve pour rappeler que le sexe et la folie sont indissociables. 55 F : Ne (Les juristes et les médecins sont « de robe longue », les nobles « de robe courte ». Mais on distingue les magistrats « de robe longue, s’ils sont reçus sur la loi après avoir pris leurs licences ; & de robe courte s’ils n’y sont pas reçus ». On faisait la même distinction pour les chirurgiens.) 56 F : recommancerons (Ce quatrain assimile le Prince au Temps ; v. la note 7.) 57 Le Roy des Sotz exprime la même revendication: « Se vous me venez faire honneur. » 58 Tourment. 59 Une grande chope. « Triboullet gyst en ceste couche,/ Le lieutenant de maistre Mousche./ Pour humer pinte d’une alaine,/ Il buvoit quarte toute pleine. » Vigilles Triboullet. 60 F : En (Dans votre maudite bouche. « C’est ung estront/ De chien chié emmy vostre gorge ! » Colin qui loue et despite Dieu. Le drapier de la farce de Pathelin jurait « par la sanglante gorge ».) 61 F : se hobe (Que nul ne dise d’injures ! « Si Servet (…) n’eust desgorgé force injures contre luy. » Calvin.) 62 F : mengeust tu rntre 63 Des cœurs d’ails. Les temps sont durs : Triboulet, lui, entre deux gorgées de vin, gobait quatre-vingts saucisses et boudins, suivis par un banneton de tripes et de pieds de mouton. Vigilles Triboullet. 64 Un fou authentique, contrairement au Sot, qui fait le fou. « Or est-il plus fol, [celui] qui boute/ Tel fol naturel en procès. » (Farce de Pathelin.) Cf. la Pippée, vers 65. 65 Les marguilliers de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, en face du Louvre, sollicitèrent longuement les dons des paroissiens pour fondre une cloche monumentale. Cette cloche, baptisée « Marie », sera posée en 1527. (45 ans plus tard, elle sonnera le début du massacre de la Saint-Barthélemy.) 66 D’une matière, d’un sujet. « Quand on luy parle d’ung, il respond d’autre. » Dicton. 67 Il y a peu de mouches à miel (d’abeilles) que je n’attrape. À l’époque où l’œuvre fut imprimée, les Parisiens n’ignoraient pas que la « raie du cul » attirait une autre catégorie de mouches, les mouchards : « Ce nom de “mouches” avait été donné aux agents qu’Antoine de Mouchy, premier espion de la Cour de France sous François Ier, employait pour découvrir les opinions religieuses de ses contemporains…. Les mouches employées à la chasse antipédérastique se recrutaient le plus souvent parmi de jeunes prostitués qui avaient eu affaire à la justice. » (Maurice Lever, les Bûchers de Sodome, 10/18, p. 263.) Sur les allusions à l’homosexualité dans les sotties, voir la notice des Sotz fourréz de malice. 68 Il enfile la robe longue à capuche que portait le Prince tout à l’heure. Il devient donc lui aussi méconnaissable en tant que fou, puisqu’il n’en affiche plus les attributs. 69 Votre bénédiction. Les Sots parodiaient les prêches dans des Sermons joyeux obscènes et scatologiques. Cf. le Sermon joyeux de tous les Fous (Jelle Koopmans, Recueil de Sermons joyeux, Droz, 1988, nº 12). 70 Il ne reconnaît plus le 1er Sot, qui s’est déguisé en prêcheur grâce à la robe longue. L’habit fait le moine, mais comme d’habitude, le sage n’est qu’un fou déguisé. 71 C’est la vérité. Cf. le Munyer, vers 458. 72 « Daigne, Seigneur, me bénir. » Cette formule précède les leçons des Vigiles ; c’est avec elle que commence le Sermon joyeulx de saint Billouart (Koopmans, nº 3). 73 En malheur. Idem vers 159. « Amen » rimait en -an : cf. Maistre Mymin qui va à la guerre, vers 59. 74 De placer autrement ma chaise, pour que je ne sois pas obligé de crier. « Chaire » désigne la chaire du prêtre et la chaise. Le Sot veut prêcher debout sur une chaise ; dans les monologues dramatiques et autres Sermons joyeux, ce n’est pas rare : la Fille bastelierre monte plusieurs fois sur une escabelle pour mieux se faire entendre. 75 F : ce (Se courrouce. Cf. le Jeu du Prince des Sotz, vers 207.) 76 F : fut tendu (Je prends Dieu et mon âme à témoins qu’il serait pendu ce matin.) 77 Un coup de poing. « En donnant maint coup et tatin/ Aux Angloys. » (Godefroy.) Cf. la Chanson des dyables, vers 81. 78 Il montre quelqu’un dans le public. Ce vers est peut-être le refrain d’une chanson. 79 La tâche de prononcer un sermon. 80 Le sermon en trois points comprend l’exorde, la confirmation, et la péroraison. 81 Bête. « Quel glorieulx sot ! Quel jényn ! » (Les Coppieurs et Lardeurs.) Cf. la Résurrection Jénin à Paulme. 82 Une chanson à 3 voix. Traditionnellement, on réserve la chanson polyphonique pour la fin de la pièce : le Monde qu’on faict paistre, vers 441. 83 Ne me convient pas. 84 On jouait des sotties les jours de fêtes. V. la note 26 de Trote-menu et Mirre-loret. 85 Le bestiaire fantastique est souvent sollicité dans les fatrasies des Sots : « J’avois une jument/ Qui cochonna [mit bas] quinze thoreaux. » (Les Sotz nouveaulx.) Voir aussi les Sotz escornéz, vers 31-32. 86 « Tu as beaucoup mis à le dire. » Le Roy des Sotz. 87 Je m’en vais sans m’arrêter. « Vers elle m’en voys d’une tire. » Tout-ménage. 88 Il réplique au vers 115, qu’il n’a pas digéré. 89 Les joueurs abandonnent leur public pour aller boire, comme maître Doribus ou les Sots triomphants. Quand l’auteur ne sait pas comment conclure, c’est une fin très pratique. 90 Depuis Diogène jusqu’à Rabelais (Vème Livre, 32), la lanterne fut l’emblème de la sagesse, d’où le vers qui suit. On opposait la lanterne à la vessie, qui était l’emblème des fous : Jeu du Prince des Sotz, note 68. 91 F : Je le attens 92 Cette formule clôt deux pièces de Triboulet : la farce de Pathelin, et les Vigilles Triboullet.