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LES MARAUX ENCHESNÉZ

Fers de chevilles

Fers de chevilles

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LES  MARAUX

ENCHESNÉZ

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Les personnages de cette farce parisienne écrite en 1527 n’ont rien de traditionnel : deux marauds1 curent les fossés2 de la capitale, sous la férule de Justice.

À la demande réitérée des bourgeois et des marchands, on voulut empêcher les vagabonds de traîner dehors. Les mesures d’encadrement à leur encontre se multiplièrent. Le 7 mai 15263, François Ier s’inquiéta de voir rôder dans Paris ces « adventuriers et vagabonds, oysifs et mal vivans4, de sorte que plusieurs larcins et pilleries y se commettent, et plusieurs meurtres, forcemens de filles et autres grandes insolences en procèdent ». Il est incontestable que ces marauds alcooliques et bagarreurs n’étaient pas des petits anges. Parmi eux, il y avait beaucoup de soldats révoqués, comme le sont nos deux « héros », qui ne parlent que de tuer. On capturait les sans-logis, on leur mettait des chaînes aux chevilles, et on les occupait à des travaux d’utilité publique pendant quelques jours ou quelques semaines. Seuls étaient concernés les « mendians sains de leurs corps, pouvant autrement gagner leur vie », c’est-à-dire les fainéants valides. Les mendiants invalides ou âgés étaient pris en charge par les églises.

En 1532, une semblable ordonnance inspira Claude Jamin, qui s’en servit l’année suivante pour écrire une comédie de collège en latin : Marabeus 5.

Source : Recueil de Florence, nº 42.

Structure : Rimes plates. L’auteur n’a pas osé recourir à des rimes enchaînées…

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Farce  nouvelle  des

Maraux  enchesnéz

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À trois personnages, c’est assavoir :

       JUSTICE

       SOUDOUVRER 6

       COQUILLON 7

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           LES   .II.  MARAUX8  commencent en chantant

    Nous somes maraux, meschans, malostrus,        SCÈNE  I

    Tant las de rien 9 faire que n’en povons plus,

    Les piedz enferréz, et tous morfondus 10.

       Hé, Dieu ! Et, Dieux !

5   Se l’yver ne cesse, nous sommes perdus.

           SOUDOUVRER

    Se nous eussions estéz rendus

    En quelque église, pour chanter,

    Par Dieu, je m’ose bien vanter

    Que nous deux, [nous] eussions fait rage !

           COQUILLON

10   Hé ! ce n’est point [de] bon courage11

    Ne du bon du cueur que je chante.

           SOUDOUVRER

    Ceste malheureuse meschante

    Fortune nous est bien contraire.

           COQUILLON

    Rien n’y vault le crier ne braire :

15   C’est pour neant12. Il fault endurer.

           SOUDOUVRER

    Quel moyen, pour nous defferrer,

    Puissons-nous [bien], à ton advis,

    Trouver ? Car je seuffre13 envys

    [D’]estre en cest estat garotté.

           COQUILLON

20   Je sçay bien une abilité14

    –Se n’estoit crainte de Justice15

    Qui(l) nous seroit assez propice ;

    Mais nous ferions pis que devant.

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           JUSTICE                 SCÈNE  II

    Sus, paillars, [sus] ! tirez avant16 !

25   Acoup, besongnez vistement !

           COQUILLON

    Dame, le plus diligemment

    Que je puis, je fais ma besongne.

           SOUDOUVRER

    Hé ! mau gré17

           JUSTICE

               Qui esse qui hongne18 ?

    Et ! qu’esse-là ? Fault-il grongner ?

           COQUIL[LON]

30   Je fais rage de besongner,

    Regardez ; voulez-vous mieulx faire ?19

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           SOUDOUVRER               SCÈNE  III

    Puisque Justice nous esclaire20

    De si trèsprès, il est bien force

    Que nous endurons ceste endosse21 :

35   Il n’y a point d’autre remide22.

           COQUIL[LON]

    Puisqu’ainsi est qu’el[le] nous guide23

    Et marche si près des tallons24,

    [Et] que, partout où nous allons,

    Elle nous suyt, corps bieu, je n’ose

40   Maintenant dire ou25 faire chose

    Qui soit contre son Ordonnance26.

           SOUDOUVRER

    Se je puis eschapper, je pense

    Qu’el(le) ne me tiendra mais en pièce27.

           COQUILLON

    Se depuis prime jusqu’à tierce28

45   Elle me veult laisser courir

    Tout defferré, je veulx mourrir

    Si à beau pié ne vois29 à Tours

    Seullement en mains de trois jours !

    Vélà, j’e[n] feray l’entreprise30.

           SOUDOUVRER

50   Se tu me véoys31 en ma chemise

    Courir, se j’estoye eschappé,

    Le coul vouldroye avoir couppé

    Ou avoir la sanglante fièvre

    Se ne courroye plus fort32 q’ung lièvre

55   Qui soit au royaulme de France !

           [COQUILLON]

    Ha ! jamais ne fût diligence

    Faicte si grande, à mon advis.

           SOUDOUVRER33

    Pleust à Dieu que fussions ravis34

           SOUDOUVRER

    Toy et moy, gentil Coquillon,

60   En l’air comme ung estourbillon35,

    Jusques à Lyon sur le Rosne !

           COQUILLON

    Par le sang Dieu (qui36 me pardonne) !

    Nous aurions bon temps, toy et moy.

           SOUDOUVRER

    Nous cririons bien hault : « Le roy boy37 ! »

           COQUILLON

65   Par le sang de moy, Soudouvrer,

    Toy et moy [sçaurions gouverner]38

    [Tout] incontinant de quelque prince.

           SOUDOUVRER

    Et pourtant, se nous sommes mince39

    Maintenant, il n’en peult chaloir40.

           COQUILLON

70   Mais41 que nous [nous] fassions valoir,

    Ce sera grant-chose que de nous.

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           JUSTICE                 SCÈNE  IV

    Corps bieu ! [plus tost]42 aurez des poux

    Pour faire de l’huylle en Karesme !

           SOUDOUVRER

    Se nous ne faillons à nostre esme43,

75   Je suis seur que aurons du bien ;

    Du nombre, je ne sçay combien.

           COQUILLON

    Cent mil escuz ou au-dessoubz.

           JUSTICE

    Sang bieu ! [plus tost]44 aurez des poux

    Et ung maillet pour les casser !45

.

           COQUILLON              SCÈNE  V

80   Mais vien çà ! Tu me fais penser :

    Quant nous aurons or ou argent,

    Pour entretenir le cueur gent,

    À quoy passerons-nous le temps ?

           SOUDOUVRER

    À hanter les gens esbatans46

85   Aux jeux de cartes [ou] aux quilles,

    Aux jeuz de déz, aux belles filles,

    À la taverne jour et nuyt47.

           COQUILLON

    Que sera-ce que de nous ?

           SOUDOUVRER

                   Tout le bruit48,

    Deux gaudisseurs49 de l’autre monde ;

90   Tenir tous les jours table ronde50

    À tous ceulx qui vouldront venir.

           COQU[ILLON]

    Nous sommes gens pour parvenir

    À ces fins-là.

           SOU[DOUVRER]

            Point je n’en doubte.

           COQUI[LLON]

    Mais vien çà, Soudouvrer, escoute :

95   Sçaurions-nous trouver le moyen

    D’estre mis hors de ce lyen

    De Justice –en quoy nous sommes–,

    En baillant pleige51 de deux hommes

    Pour bonne et seure cauction ?

           SOU[DOUVRER]

100  Ho ! vray, c’est mon intencion ;

    Que le tour ne seroit pas mauvais.

           COQUI[LLON]

    Foy que [je] doy à saint Gervais,

    Ce seroit moult belle adventure.

           SOU[DOUVRER]52

    Se quelque bonne créature

105  Nous vouloit faire ce plaisir,

    La fin53 de tout nostre désir

    Seroit acomply. Mais aussi,

    [Il] ne fauldroit estre en soucy54

    Qu’ilz n’en fussent récompenséz

110  Et qu’il n’eussent des biens assez,

    Mais que nous fussions en vertu55.

           COQUI[LLON]

    Hé dea, Soudouvrer : enten-tu

    Que nous donnissions tout le nostre56 ?

           SOU[DOUVRER]

    Nenny, par saint Pierre l’appostre !

115  [Mais] touteffois, mocquin mocquart57

    Ha ! je ne suis pas si coquart58

    D’en bailler, sinon par raison59.

           COQUI[LLON]

    Si fauldroit-il tenir maison60,

    À tout le moins, cela s’entend.

           SOU[DOUVRER]

120  Quant là viendra61, je suis content

    Que nous facions tousjours grant chière.

           COQUI[LLON]

    Premièr(e)ment, fault trouver manière

    Comme nous puissons eschaper.

           SOU[DOUVRER]

    Hélas ! se nous sçavions tromper

125  Justice, nostre maistresse,

    Qui nous tient à si grant détresse,

    Nostre fait seroit à louer.

           COQUI[LLON]

    Ha ! il ne s’i fault pas jouer :

    Je la congnois, elle est trop fine.

           SOU[DOUVRER]

130  Quel remède, don ?

           COQUI[LLON]

                Bonne myne62,

    Endurer tout paciemment.

    Et puis, par quelque apointement63,

    On trouv(e)ra façon de vuyder64.

           SOUDOUVRER

    Or sus, donc ! Dieu nous vueille aider !

135  Rien n’y vaul[droi]t le déconfort65.

           COQUILLON

    Se maistre Henry66 ne fust mort,

    Nous fussions piéçà despêchés67.

           SOU[DOUVRER]

    [Que] Dieu luy pardoint ses péchéz !

    Hélas, c’estoit nostre bon père.

           COQUI[LLON]

140  Nous estions la meilleure paire

    Des pigons de son coulombier68.

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           JUSTICE                 SCÈNE  VI

    Sus, paillars, [sus] ! En ce bourbier,

    Nestoyez-moy bien ces fosséz !

           COQUI[LLON]

    Nous avons tous les rains casséz.

145  Dieu ait bon gré du labouraige !

           JUSTICE

    Quel[le] rencontre69, à ung passaige,

    Ces deux maraux dedens ung bois !70

.

           SOU[DOUVRER]            SCÈNE  VII

    Il y a plus de quinze moys,

    Par la mère Dieu de Boulongne71,

150  Que ne fis autant de besongne,

    Pour ung jour, que j’ay fait ennuyt72 !

           COQUI[LLON]

    Hélas ! povres enfans mauduit[z]73,

    Nous fault-il avoir tant de peine ?

           SOU[DOUVRER]

    Sur mon corps, n[’y] a nerf ne vaine,

155  Par le sang bieu, qui ne s’en sente !

           COQUI[LLON]

    Des jours y a plus de soixante

    Que je n’euz autant de meschef74.

           SOU[DOUVRER]

    Se nous en povons venir à chef75,

    Croire pourrez tout seurement

160  Qu’il jouera bien finement,

    Qui nous y fera atraper76 !

           COQUI[LLON]

    Je beu tant, arsoir77 à souper,

    De citre78 ! Le deable y ait part !

    Je vouldroye que d’une hart79

165  On eust parmy le col pendu

    Le faulx villain80 qui l’a vendu !

    J’en ay si trèsmal à ma pance

    Qu’i me semble, en ma conscience,

    Qu’on me fent [en deux] les boyaulx.

           SOU[DOUVRER]

170  Ce n’est que bruvage à pourceaulx ;

    Pour abréger, ce n’est qu(e) ordure.

           COQUI[LLON]

    Et puis il fault coucher sur la dure81

    Toute nuyt, à trembler de froit.

           SOU[DOUVRER]

    Cuyde-tu : qui nous regard(e)roit

175  De nuyt couchéz à nostre peaultre82,

    Entremeslé l’ung parmy l’autre

    Ensemble, il83 nous feroit beau veoir !

           COQUILLON

    Dieu nous vueille trèstous84 pourveoir !

           SOUDOUVRER

    Et ainsi soit-il, par Sa grâce !

           COQUI[LLON]

180  Il fault que jeunesse se passe,

    Vélà, nous sommes fortunéz85.

           SOU[DOUVRER]

    Nous sommes de malle86 heure néz,

    Il ne fault point dire autrement.

           COQUI[LLON]

    Esse faulte d’entendement ?

           SOU[DOUVRER]

185  Nenny, car nous sommes trop saiges.

           COQUI[LLON]

    Se les bonnes gens des villages

    Estoient aussi sages que nous,

    Ilz auroient de l’argent trèstous

    Autant comme ung chien a de pusses87.

           SOU[DOUVRER]

190  Que88 cuide-tu, se je ne fusses

    Enferré de ceste féraille89,

    Que je feroie ?

           COQUI[LLON]

             Ne te chaille90,

    Je ne dy pas ce que j’en pense.

           SOU[DOUVRER]

    L’en nous fait dancer une dance

195  Que n’avons pas acoustumé.

           COQUI[LLON]

    Ha ! se j’eusse esté armé,

    Quant les sergens vindrent à moy91,

    Je puisse renier92 la Loy

    Se je n’en eusse tué ung !

           SOU[DOUVRER]

200  Et moy, j’estoie encor jeun93

    Au matin, ainsi qu’on se liève ;

    Entre le Port-au-Fain94 et Grève,

    Entre ses [grans] chantiers95 de busches,

    Trois sergens estoient en embusches,

205  Qui m’empoignèrent au collet

    Et me mirent96 en Chastellet.

    [Et] vélà comme je fus prins.

           COQUI[LLON]

    Comme qu’il soit, nous sommes pris ;

    Nous n’avons garde de voller97.

           SOU[DOUVRER]

210  C’est tout, il n’en fault plus parler.

    Changon98 propos, n’en parlons plus.

           COQUI[LLON]

    Pensez que povres truppellus99

    N’ont pas tousjours toutes leurs aises.

           SOU[DOUVRER]

    Mais100 que les poux ou les punaises

215  Ne nous estranglent, en prison,

    J’ay bien encore intencion

    D’avoir bon temps, n’en doubtez point.

    J’ay veu que j’estoye fricque et coint101,

    Du temps que j’estoye coustiller102.

220  Ha ! qui me fust venu railler103

    Ainsi qu’on [le] fait maintenant,

    J’eusse baillé incontinent,

    Par le sang bieu, dessus104 la joue !

           COQUILLON

    Vélà, nous sommes à la boue,

225  Maintenant, jusques au[x] genoulx ;

    [On ne tient plus compte de nous.]105

           SOU[DOUVRER]

    Une autre fois, nous aurons mieulx.

           COQUI[LLON]

    Hélas ! j’ay bien veu (se m’ai Dieux106),

    Du temps que j’estoye pâticier,

    Que j’estoye tenu aussi ch[i]er107

230  Comme cresme, et plus encoire.

           SOU[DOUVRER]

    Hé ! je faisoye rage de boire

    Et de hanter108 bons compaignons.

           COQUI[LLON]

    Et que fis-je des109 Bourguignons,

    À Beauvais ? Saincte Katherine !

235  Je tuay d’une coulevrine110

    Des Bourguignons plus d’ung mill[ie]r.

    Sang bieu ! qui m’eust voulu bailler111

    La charge de toute l’armée,

    [Ne croyt-on]112 point qu’à ma fumée

240  Je ne les eusse tous deffaitz ?

    Mémoire eust esté de mes fais

    Plus de cent ans après ma mort.

           SOU[DOUVRER]

    Et moy, je fis bien aussi fort

    Devant Amÿens113, où j’estoye :

245  Atout114 ung baston que j’avoye,

    Ung voulge115 et une hallebarde,

    Je passay oultre l’avant-garde

    En despit de tous les Flamens,

    Et vins tuer trois Allemans

250  Droit au millieu de la bataille.

    O ! j’estoie chault comme une caille.

    Je frapoie à tort, et à travers.

    Sang bieu ! j’abatis d’ung revers

    [Et] aussi net comme ung naveau116

255  La teste d’ung cheval fauveau117

    Sur quoy118 ung homme d’arme estoit :

    Pouac ! Ung homme n’arrestoit119

    Devant moy nen plus q’ung festu.

    La mort bieu ! j’en eusse [a]batu

260  Tout seul, à ceste heure-là, cent !

    Et si, n’estoie qu(e) ung innoscent120 :

    Je n’avoye point plus de .XVI. ans121.

    Par la chair bieu ! les plus puissans

    Me craignoient comme le tonnerre.

           COQUI[LLON]

265  Je fus courir devant Auxerre122

    Une fois, sus ung bon cheval.

    (Je pry à Dieu qu’i gard de mal

    Celuy qui le m’avoit donné123.)

    De ma vie, ne fus plus tenné124

270  Que je fus à ceste heure-là.

    Ma brigandine m’affolla125,

    Car à peine y povoie entrer.

    [Incontinent vins]126 rencontrer

    Ung homme armé, blanc comme signe127 ;

275  Je luy vins contre la poytrine

    Frapper si grant coup de ma lance,

    Que je fis sortir de sa pense

    Plus de dix aulnes128 de boyaux.

           SOUDOUVRER

    Et moy, que fis-je, auprès de Meaulx129,

280  Une fois, d’une javeline ?

    J’ouÿs chanter une géline130

    Qui estoit emmy une court ;

    Je m’en vins (pour le faire court)

    Frapper dessus de mon baston.

285  Incontinant, ung gros garson,

    Tout estourdy comme ung coquart131,

    Me vint dire : « Maistre paillart,

    Vous avez tué nostre poulle. »

    Il chargea une bûche de moulle132

290  Qu’il trouva [des]sus ung fumier,

    Ensemble avecques le fermier

    Et les autres de la maison.

    Ainsi, pour faire ma raison133,

    –L’ung ung voulge, l’autre une haste134–,

295  Mectoyent tous les mains à la paste

    Pour me brasser ung beau levain135,

    Cuidant que j’eusse le cueur vain136,

    Que ne m(e) osasse revancher.

    Incontinant, sans plus prescher,

300  Charge[ay] dessus à tour de bras.

    Mais (je regny saint Ypocras137)

    Se j’eusse [ung peu] creu138 mon courage,

    J’eusse fait le plus beau mesnage

    Qui oncques fut fait au pays.

305  Ha ! si ne s’en fussent fouïz139,

    Par ma foy, j’eusse tout tué !

    Mais vraiement (Dieu soit loué),

    Pour tant140, il n’en mourut pas ung.

           COQUILLON

    À ce propos, près de Mellun141,

310  J’estoye aussi en ung village

    Allé, d’aventure, en pillage.

    Et [je] me logé chez ung prestre ;

    Puis luy demandé, pour repaistre,

    Du pain, du vin, de la vïande.

315  Inconti[n]ant, une truande142

    Qu’il avoit à sa chambèrière,

    Par ma foy, qui estoit bien fière,

    Me commença à rechigner ;

    Et je la vous voys143 empoigner

320  Incontinant devant le prestre,

    Et fis semblant, par la fenestre,

    De la gecter emmy la rue.

    Mais quoy ? Je n’estoye pas si grue144 :

    Je le faisoye pour mieulx jouir

325  D’elle, et pour faire fouïr

    Le curé, qui à desloger

    Ne mist guères. Pour abréger,

    Je vous troussay la godinette145

    Tout subit sus une couchette.

330  Ce pendant que l’huys estoit clos,

    Je la vous despesché en gros,

    Gaillart, à deux fil[z] de coton146 !

    Le curé, ce povre mouton,

    Revint [quant] c’estoit desjà fait.

335  Je luy ouvris l’huis en effect.

    Le prestre et la chambèrière

    Me firent la meilleure chière147

    Que [je] vis oncques faire à homme.

           SOUDOUVRER

    C’est rage que de nos faitz !

           COQUILLON

                     En somme,

340  On n’en viendroit jamais à bout.

           SOUDOUVRER

    Voire, qui vouldroit dire tout,

    Par ma foy, ce ne feroit mon148.

           COQUILLON

    On [en feroit trop long]149 sermon,

    Qui dureroit (par mon serment)

345  Jusques au jour du Jugement150.

           SOUDOUVRER

    Je croy qu’il ne s’en fauldroit guères.

    Qui vive151 ?

           COQUILLON

             Qui ?

           SOUDOUVRER

                  Les pauvres hères152 !

    [Qui les a ainsi acoustré ?]153

           COQUILLON

    Ceulx qui ont tout clos et serré

    Le leur154, et n’osent riens despendre ;

350  Qui se lerroient155 aussitost pendre

    Que d’e[n] oster ung seul denier,

    Et jeûner pour en espargner

    Encore tant plus largement.

    Quel(le) joye et quel esbatement

355  Peuvent-ilz156 avoir en ce monde ?

           SOUDOUVRER

    Sur tous biens –que Dieu [me confonde]157 –,

    Il n’est trésor que de liesse.

           COQUILLON

    Mais que vault couroux ?

           SOUDOUVRER

                   Mais158 tristesse ?

           COQUILLON

    Mais [que vault] soucy ne chagrin ?

           SOUDOUVRER

360  Riens qui soit.

             Mais pour faire la fin,

    Prenez en gré l’esbatement.

           COQUI[LLON]

    Se failly avons nullement159,

    Plaise-vous le nous pardonner.

           SOUDOUVRER

    Se n’eussions paour de vous tenner,

365  [Nous eussions]160 bien dit autre chose.

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           JUSTICE                    SCÈNE  VIII

    Messieurs, se la Porte161 [n’]est close,

    [Mectez-vous tost]162 hors de cëans.

           COQUIL[LON]

    Et ! gardez aussi que vos chiens,

    [Lors,] ne nous facent aucun mal.

           SOUDOUVRER

370  À Dieu trèstous en général !

    Nous reviendrons une autre fois.

           COQUILLON

    Adieu ! Nous en allons tous trois.

                                           FINIS

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1 Maraudeurs, mendiants. « Quant on enchaŷne les maraulx,/ Que n’enchaîne-on les marauldes ? » Les Sotz escornéz.   2 « Ceulx qui furent prins comme vagabons furent enchesnéz deux à deux ; et fut ordonné qu’ilz cureroient et nettoyroient les fosséz de la porte Sainct-Honoré par ordonnance de la Cour. Et pour ce faire, (ils) furent bailléz aux prévost et eschevins de la ville. Et ce fut au moys de juing, audict an 1524. » Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier.   3 Cette ordonnance fut enregistrée au Parlement de Paris le 14 décembre 1526.   4 Gens de mauvaise vie.   5 « Toutefois, il existe bien une autre pièce du XVIe siècle où les travaux forcés des fossores ad evacuandas valli luteciani fossas sont mis en scène : il s’agit de la farce latine Marabeus (BnF lat. 8439). » Jelle Koopmans, le Recueil de Florence, p. 590.   6 Soûl d’œuvrer : fatigué de travailler. Voir la note 1 de Saoul-d’ouvrer et Maudollé.   7 Étudiant en Droit qui passe son temps à jouer à la paume et à danser au lieu de travailler. « Un esteuf en la braguette,/ En la main une raquette,/ Une loy en la cornette,/ Une basse-dance au talon :/ Vous voylà passé coquillon. » Pantagruel, 5.   8 Vêtus d’une chemise longue, enchaînés l’un à l’autre par les chevilles, ils se reposent en s’appuyant sur le manche de leur pelle, plantée dans le sol.   9 F : bien  (« Pusilanimes & lasséz de rien faire. » Antoine du Saix.)  Jelle Koopmans rappelle, p. 581, qu’ « il existe un mandement joyeux intitulé La Confrérie des saouls d’ouvrer et enragez de rien faire (…) ce qui suggère de corriger bien faire en rien faire ».   10 Enrhumés. Cf. la Chanson des dyables, vers 27.   11 De bon cœur : c’est pour me réchauffer.   12 Cela ne sert à rien. On scande « nian » en 1 syllabe.   13 F : senffre  (Je souffre.)  Envis = malgré moi.   14 Une habileté, une ruse.   15 C’est le nom de leur gardienne.   16 Avancez   17 Que maudit soit…   18 Qui grommelle.   19 Justice s’éloigne ; les marauds s’appuient de nouveau sur leur pelle.   20 Nous surveille avec son « flambeau de Justice ».   21 Ce fardeau.   22 F : remede  (Je corrige pour la rime ; on trouve la forme régulière à 130. Cf. L’Avantureulx, vers 67.)  « Car je n’y voy sans miracle remide./ Je l’ay perdu, & n’y ha croix ne guide. » Marguerite de Navarre.   23 Qu’elle nous tient par les guides, par les rênes, comme des chevaux.   24 Qu’elle marche sur nos talons.   25 F : ne   26 Contre l’Ordonnance de justice qui s’attaquait au vagabondage. Voir ma notice.   27 Qu’elle ne me tiendra de longtemps. « Vous ne la verrez mais en pièce :/ Elle s’en viendra avecques moy. » ATILF.   28 De 6 heures à 9 heures.   29 Si d’un bon pas je ne vais. Tours n’est là que pour la rime.   30 F : ceste entreprise  (Je l’entreprendrai.)   31 Si tu me voyais. Les forçats sont en chemise : on leur confisque leurs vêtements pour dissuader les évasions.   32 Si je ne courais plus vite.   33 F : Coquillon   34 Emportés.   35 Une tornade.   36 F : le  (Coquillon demande pardon à Dieu d’avoir juré son nom. Aux vers 155 et 223, on jure « par le sang bieu ».)  L’ordonnance contre les marauds met dans le même sac les « blasphémateurs du nom de Dieu, ruffiens, mendians ».   37 À l’Épiphanie, quand celui qui avait trouvé la fève dans le gâteau buvait, on criait « le roi boit », pour obliger tous les convives à en faire autant. « Tenez, voylà de la boisson :/ N’espargnez pas ce vin cléret./ Le roy boit ! le roy boit ! le roy boit ! » Jéninot qui fist un roy de son chat.   38 F : serions gouuerneur  (« Mais gouverner vueil à ma poste/ Mon filz le Prince. » Jeu du Prince des Sotz.)   39 Minces de caire, pauvres d’argent. Cf. Mallepaye et Bâillevant, vers 14.   40 Peu importe.   41 Pour peu.   42 F : vous  (« Mais trois boysseaux de poux/ Pour faire de l’uylle en Karesme. » Ung Fol changant divers propos.)   43 Si nous ne nous trompons pas dans nos prévisions. Même vers dans les Sotz escornéz.   44 F : vous  (Voir le vers 72.)   45 Justice s’éloigne ; les marauds s’appuient sur leur pelle.   46 À fréquenter les gens qui jouent.   47 L’influence de Villon est palpable : « Gaigne au berlanc [dés], au glic [cartes], aux quilles :/ Aussi bien va (or escoutez)/ Tout aux tavernes et aux filles. » François Ier assimilait aux marauds les « joueurs de cartes et de dés, quilles et autres jeux prohibés et défendus ».   48 Bonne réputation.   49 Jouisseurs. Cf. le Gaudisseur. De l’autre monde = incroyables. « Faisans choses de l’autre monde, et quasy incrédibles. » ATILF.   50 Table ouverte.   51 Une garantie : des otages qui prendront notre place. En 1526, François Ier avait pu quitter les geôles madrilènes de Charles Quint en lui livrant ses deux fils de 7 et 8 ans, qui restèrent prisonniers des Espagnols durant quatre longues années.   52 Il s’adresse au public afin d’y trouver deux volontaires pour les travaux forcés.   53 L’assouvissement.   54 Nos remplaçants n’auraient pas à craindre.   55 Pour peu que nous soyons en puissance (de les dédommager).   56 Veux-tu que nous leur donnions tout notre argent ?   57 À malin, malin et demi. Voir la note 66 des Sotz fourréz de malice.   58 Sot. Idem vers 286.   59 En quantité raisonnable.   60 Avoir un grand train de maison.   61 Quand on en viendra là.   62 Lui faire bonne figure.   63 Arrangement.   64 De vider les lieux, de partir. On scandait à la parisienne « trou-vra », « pre-mièr-ment » (v. 122), re-gar-drait (v. 174), etc.   65 Il ne servirait à rien de se lamenter.   66 « Maistre Henry Cousin, maistre bourreau en ladicte ville de Paris », mourut à une date inconnue mais postérieure à 1486.   67 Nous serions depuis longtemps expédiés ad patres.   68 Des pigeons de son colombier : nous étions ses meilleurs clients. Le bourreau ne se contentait pas d’exécuter, il appliquait aussi la torture et les punitions courantes : « Unze-vings coups luy en ordonne,/ Livréz par la main de Henry. » Villon.   69 F : rencontrer  (Quelle horrible rencontre que ces deux marauds, dans un coupe-gorge, au fond d’un bois !)   70 Justice s’éloigne, et les prisonniers s’appuient sur leur pelle.   71 « Par Nostre-Dame-de-Boulongne ! » Le Testament Pathelin.   72 Aujourd’hui.   73 Mal duits, mal élevés. (L’un des Bélistres s’appelle Mauduit.) L’imprimeur a corrigé un pluriel gênant pour la rime.   74 De malheur.   75 À bout : si nous pouvons en sortir.   76 Celui qui nous y reprendra.   77 Hier soir.   78 De cidre. La ville se débarrassait de celui qui avait tourné en le donnant aux forçats.   79 D’une corde.   80 Le maudit paysan.   81 À même la terre. « J’ay beu chaud, mangé froid, j’ay couché sur la dure. » Mathurin Régnier.   82 Sur notre paillasse. « Jényn couchoit au peaultre. » La Résurrection Jénin à Paulme.   83 F : qui   84 F : trestout   85 Chanceux (ironique).   86 F : ceste  (Nous sommes nés sous une mauvaise étoile.)   87 La Chanson sur l’Ordre de Bélistrie, où Jehan Molinet donne la parole à des mendiants, s’achève ainsi : « Nous prions Dieu (qui voit les siens)/ Qu’autant vous doint de marcs de fiens [de grammes de merde]/ Qu’ung vieu chien a de puces ! »   88 F : He   89 De ces chaînes.   90 Ne t’en déplaise.   91 Vinrent m’arrêter.   92 F : regnier   93 À jeun, ainsi qu’on l’est quand on se lève.   94 Entre le Port-au-Foin et la place de Grève, au bord de la Seine. Les clochards venaient y dormir. « Compaignons vacabondes (…) alèrent couchier sur le Port-au-Fain, en Grève. » Registre criminel du Châtelet de Paris.   95 Pièces de bois en X destinées à supporter les tonneaux qu’on embarquait ou qu’on débarquait. « Grans chantiers de busche. » ATILF.   96 F : menerent  (Le roi fit « mettre èz prisons du Châtelet de Paris » les « vagabonds, oisifs, mal vivans, gens sans aveu ».)   97 De nous envoler. Mais aussi : de dérober. Une abondante littérature montre les tours qu’inventaient les marauds pour voler les commerçants. Voir par exemple la farce de la Trippière, F 52.   98 Changeons de. Cf. la Résurrection Jénin à Paulme, vers 202.   99 Sots.   100 Pour peu.   101 Élégant et gracieux.   102 Valet d’un soldat.   103 Si on était venu se moquer de moi.   104 F : sur  (J’aurais distribué des gifles.)   105 Vers manquant. J’emprunte le vers 162 de Mallepaye et Bâillevant.   106 Si Dieu m’aide : que Dieu m’assiste !   107 Cher. « Drap est chier comme cresme. » Farce de Pathelin.   108 De fréquenter.   109 F : par les  (Beauvais fut assiégé par le duc de Bourgogne en 1472.)  Les bravaches se vantent toujours d’avoir pris part à des événements qu’ils n’ont pu connaître. L’Avantureulx vainquit Talbot à une époque où lui-même n’était pas né, le capitaine Mal-en-point combattit avec Hannibal et Nabuchodonosor, etc.   110 À l’aide d’un canon long et fin.   111 Si on avait voulu me confier.   112 F : Je croy  (Fumée = colère.)   113 En 1471, Amiens fut repris aux Bourguignons, dont l’armée, faite de bric et de broc, comptait beaucoup de Flamands et quelques Allemands.   114 Avec.   115 Long bâton prolongé par une lame ou une serpe.   116 Aussi nettement qu’un navet. « (Il la) coupa en deux pièces, aussi net qu’un naveau. » Philippe d’Alcripe.   117 Fauve, roux, comme le cheval du Roman de Fauvel.   118 F : lequel  (N’en déplaise à Vaugelas, « sur quoi » pouvait s’appliquer à un cheval : « Le cheval sur quoy il estoit. » Christine de Pizan.)   119 Ne résistait.   120 Et pourtant, je n’étais qu’un enfant.   121 Soudouvrer aurait donc aujourd’hui 70 ans ; or, on ne faisait pas travailler de force les vieillards. Au vers 180, nos marauds avouent qu’ils sont encore jeunes.   122 Entre 1471 et 1477, les partisans du roi firent de sanglantes incursions dans le comté d’Auxerre, acquis au duc de Bourgogne.   123 Entendez : celui à qui je l’avais volé. Les soldats ne se gênaient pas pour s’approprier des chevaux ; cf. Troys Gallans et Phlipot, vers 398.   124 Tanné, fatigué par les ennemis.   125 Mon pourpoint ferré me meurtrit. Le pâtissier Coquillon (vers 228) est trop gros pour y entrer.   126 F : Incontinens vint  (L’imprimeur a interverti les finales « t » et « s ».)  Rencontrer = attaquer.   127 Comme un cygne. Blanc de peur. Nous dirions : blanc comme un linge.   128 11,80 mètres. Nos deux marauds ont une légère tendance à l’exagération.   129 Prétend-il avoir fait partie de la garde royale qui escorta Louis XI à Meaux, en 1468 ?   130 Une poule. Le soldat se révèle enfin pour ce qu’il est : un voleur de poules, comme tous ses congénères. (Cf. Colin, filz de Thévot, vers 73 et 195.) Le Franc-archier de Baignollet s’écrie lui aussi : « J’ay ouÿ poullaille/ Chanter chez quelque bonne vieille ! »   131 Un imbécile.   132 Un morceau de bois à brûler. « Et se prindrent à jecter (…) pierres, busches de moulle, tables, tresteaulx et autres choses pour grever iceulx Angloyz. » ATILF.   133 Pour me régler mon compte (au sens propre et au sens figuré).   134 Un bâton prolongé d’une serpe, et une broche à rôtir.   135 Pour me mettre dans le pétrin.   136 Vide, sans courage.   137 L’hypocras, vin médicinal, doit son nom au médecin païen Hippocrate. En reniant un saint qui n’existe pas, on ne risque plus de passer pour un blasphémateur.   138 Accru.   139 S’ils ne s’étaient pas enfuis.   140 Pour cette raison : parce qu’ils se sont enfuis. Le second brigand du Mystère de saint Martin, d’André de La Vigne, se nomme également Souldouvrer ; il a le même instinct meurtrier que le nôtre : « S’il venoit riches ne meschans,/ Tout passoit dessoubz noz espées./ Tant de gorges avons coppées ! »   141 Pour ne pas être en reste, Coquillon fait croire qu’il a escorté Louis XI à Melun en 1465.   142 Une mendiante qui épaule les servantes pour les tâches les plus dures, de même que les mendiants étaient « tournebroches » dans les cuisines.   143 Vais. Les viols font partie des exploits dont se vantent les soldats. « Il empoigna ma chambèrière,/ Et si, luy fist deux ou troys foys. » Colin, filz de Thévot.   144 Si dinde. Cf. la Complainte d’ung Gentilhomme, vers 62.   145 Cette mignonne : la « truande », puisque la chambrière s’est enfuie en même temps que le curé.   146 Rapidement. « Despêcher à deux fils de coton. » (Le Roux de Lincy, Livre des proverbes français.) Ce proverbe vise les fabricants de chandelles qui, pour aller plus vite, ne mettaient que 2 fils de coton dans leurs mèches, au lieu des 3 réglementaires.   147 Figure.   148 Il ne le ferait pas.   149 F : nen feroit trop ung  (Jeu de mots sur « sermon » et « serment ».)   150 Du Jugement dernier. Mais aussi : du jugement du tribunal.   151 Cri de reconnaissance des soldats. Cf. Maistre Mymin qui va à la guerre, vers 230 et 302.   152 F : maraulx enchesnes  (L’imprimeur a essayé de reconstituer le vers suivant, perdu.)   153 Vers manquant. « (Le roy) s’escria tout haut en luy demandant qui l’avoit ainsi accoustré, & pourquoy. » Pierre Saliat.   154 Ceux qui ont enfermé leur bien. Dépendre = dépenser. La satire des avares est commune à tous les dépensiers.   155 Qui se laisseraient.   156 F : peult il   157 F : habonde   158 Un mastic a transposé ici le « que vault » qui aurait dû se trouver au vers suivant.   159 Si nous avons commis des fautes.   160 F : Jeussions   161 Les fossés qu’entretiennent les marauds se trouvent aux Portes de Paris. V. la note 2. Une fois libérés, les vagabonds devaient quitter la ville.   162 F : Mectez nous (« Céans », prononcé « ci-an », rime avec chian. « Je vous prie de vous retraire/ Et de ne plus venir cëans :/ Mieulx aymeroye que les chiens/ M’eussent mengé les piedz trèstous. » De l’art d’aymer.)