Archives de Tag: Rimes cliquetantes

MONOLOGUE DU RÉSOLU

Bibliothèque nationale de France

Bibliothèque nationale de France

*

MONOLOGUE

DU  RÉSOLU

*

.

Roger de Collerye1 naquit à Paris en 1468 et mourut après 1536. En tant que prêtre, il fut secrétaire des évêques d’Auxerre. Sous le pseudonyme de Desbride-gozier2, il tint le même rôle auprès de l’abbé des fous de l’Église d’Auxerre, une société joyeuse, bachique et théâtrale3. En effet, beaucoup de ses œuvres sont dramatiques : le Dyalogue de Messieurs de Mallepaye et de Bâillevant, le Dyalogue pour jeunes enfans, le Dialogue de Monsieur de Delà et de Monsieur de Deçà, la Satyre pour les habitans d’Auxerre, le Sermon pour une nopce (un réjouissant déballage d’obscénités dites par un travesti), etc.

Le Monologue du Résolu, écrit après 1532,4 brocarde la coquetterie des jeunes galants sans le sou. Par sa grivoiserie et sa vivacité, il est très proche des monologues de Guillaume Coquillart5 qui, lui, travaillait pour l’archevêque de Reims. L’acteur joue trois rôles : celui du Résolu, celui d’une femme, et celui d’un mari. Rappelons que Verconus, l’auteur et interprète du Monologue auquel sont introduictz deux advocatz et ung juge6, n’expédia pas moins de quatre rôles en même temps !

D’après le dictionnaire de Furetière, un résolu est « un homme brave, hardy, déterminé, qui ne craint aucun péril, qui est capable de tout entreprendre ».

Les 25 premiers vers jouent sur des rimes cliquetantes (-uc, -oc, -ic, -ec, -ac), qui amusaient beaucoup les Grands Rhétoriqueurs et leurs héritiers. Dans Monsieur de Delà et monsieur de Deçà, Collerye case cinq rimes en -ec. Pour que les rimes cliquetantes libèrent tout leur pouvoir comique, il faut les dire à haute voix, ou les chanter ; ce fut le cas des six poèmes que je publie sous le monologue.

Source : Les Œuvres de maistre Roger de Collerye, publiées en 1536 chez la veuve de Pierre Roffet, à Paris.

Structure : Quintils enchaînés (aabaa/bbcbb), rimes plates, quintils enchaînés.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

.

*

.

     Qu’i vault le songer7 ? Pas le truc8 !

     Tant au soir, la nuyct qu’au desjuc9,

     Prompt, prest, preux10 d’actendre le choc,

     Bon pied, bon œil, frès comme ung suc11,

5     Acoustré comme ung petit duc,

     Asseuré, plus ferme qu’ung roc,

     Donnez du taillant, de l’estoc12 !

     Gardez-vous d’estre prins au bric13.

     Baillez14, comptez, payez en bloc,

10   Tousjours joyeulx, franc comme ung coq,

     Aussi esveillé qu(e) ung aspic15.

     S’on vous menasse, dictes : « Pic16 ! »

     À tout propos ayez bon bec17.

     Ne soyez longuement au nic18,

15   Mais poursuyvez-moy ric-à-ric19

     Voz amourettes chault et sec20.

     La fluste, le luc21, le rebec ;

     Quant et quant, vostre petit trac22.

     Parlez françoys, hébrieu ou grec23 :

20   C’est tout ung, je n’en donne ung zec24.

     Vous entrerez, patic patac25,

     Bon cueur, bon corps, bon esthommac.

     À bien babiller qu’on s’aplique !

     Baisez, fatroullez26, tric[que]-trac27,

25   [Torches estainctes]28 ric[que]-rac ;

     Montez, grimpez : c’est la pratique29.

     Le déduyct finy30, l’or qui clique

     Vous leur fourrerez au poignet31.

     Se quelque cornart en réplique32,

30   Je suis d’advis qu’on luy aplique

     Ung beau soufflet en ung quignet33 !

.

     L’autrier au soir, mon œil guignet34

     Une mignonne fort humaine,

     Qui contre moy se desdaignoit35

35   Ou, à tout le moins, se faignoit

     D’une face[tte] assez mondaine36.

     Devant son huys je me pourmaine37,

     Soubz l’espoir de parler à elle.

     Son mari vient, qui se démaine38,

40   Et me dict :

            « – Galant, qui vous meine

     En ce cartier ? Tirez de l’elle39 ! »

     Pour garder l’honneur de la belle,

     Je n’y feiz pas longue demeure40.

     Puis le mary, à sa fumelle41

45   Hongne, frongne, grongne, grumelle42

     Par l’espace d’une grosse heure.

     Près la maison, je vous asseure,

     Mot à mot j(e) ouÿz leur devis.

     Le mari brait ; et la femme pleure :

50   « – Enné43 ! si Dieu ne me sequeure44,

     Je mourray d’ennuy45 se je vis46.

     Vous avez trèsmauvais advis,

     Car sans cesser me tourmentez.

     Si mignons sont d’amours raviz

55   Et leurs espritz joyeulx et vifz,

     Qu’en puis-je mais ?

                        – Brief, vous mentez !

     – Mon mary, si vous y sentez

     Quelque chose, si le me dictes.

     – Ouy, par Dieu ! Car vous les temptez47

60   D’ung tas de souhaictz créantés48,

     Et voz yeulx en font les poursuictes ! »

     Après plusieurs autres redictes

     Proférées par ledict mari,

     Tost après se trouvèrent quictes

65   De leurs parolles trop despites49,

     De quoy je ne fuz pas marry.

     Ung mot fut dict (dont je me ry)

     Par la mignonne, fort propice,

     Moult bien taillé et escarry,

70   Qu’elle avoit aprins en Berry50 :

     C’estoit ung mot de haulte lice !

     Qu’il y ait cautelle51 ou malice

     En elle ? Non, comme je pence.

     Aussi ne suis-je pas si nice52

75   Ne, pareillement, si novice

     D’en dire mal en son absense ;

     Encores moins à sa présence.

     S’ainsi estoit, je mentiroye.

     Elle est belle et bonne en substance,

80   Je le prens sur ma conscience.

     Dire autrement, je ne sçauroye.

     Or en effect, je me feroye

     Tuer pour elle, et assommer,

     Batre, navrer53 jusqu’à grant playe,

85   Foy de mon corps ! Elle est tant gaye

     Que je suis contrainct de l’aymer.

     Si quelc’un m’en venoit blasmer,

     Contrefaisant le loriquart54,

     Je luy dirois tost, sans chommer,

90   En ung brief mot, et le sommer55,

     En faisant taire le coquart56 !

.

     Tantost, je me tire à l’escart57

     (La nuyct survint), puis je me couche.

     De soupper ? J’en donne ma part :

95   Le Résolu, comme il appart58,

     N’est pas fort subject à sa bouche59

.

    Le jour venu, je me descouche60.

    Fus-je acoustré, fus-je agencé61,

    Bien pigné, miré62. Je me mouche,

100  Je sors, je pars. Puis je m’approuche

    Près son huys où je fuz tensé63,

    Pour en estre récompensé.

    Fortune envoya le milourt64

    Jouer aux champs, maisgre, eslencé,

105  Triste et pensif, presque insensé

    De jalouzie, sot et lourt.

    La Dame me veit, sur le gourt65,

    Gay et gaillard selon la mode.

    Elle m’appelle brief et court.

110  J’entre gayment dedans sa court,

    Aussi fier [comme ung]66 roy Hérode.

    Je vous estoys ceinct, sur la brode67,

    D’ung beau baudrier riche et plaisant.

    Tant soy[t] peu ne sentoys ma gode68.

115  Alors à jazer je m’amode69,

    Comme beau parlant bien disant.

    La petite tocque duisant70

    Sur ma teste, la belle image71,

    Pourpoint de satin reluysant,

120  Le saye72 gaillard, non nuysant,

    Robbe faicte selon l’usaige,

    Bonne trongne[tte]73 et bon visage,

    La courte dague, la rapière74,

    Bien délibéré, bon courage.

125  D’argent ? Point : ce n’est que bagage75 ;

    Aussi, je ne m’en charge guyère…

    Quant la mignonne, la gorrière76

    Me veit, acoustré en falot77,

    El me dist en ceste manière :

130  « – Ennémen, je me tiens bien fière

    D’estre aymée d’ung tel dorelot78 ! »

    J’estoys faict comme u[ng a]ngelot

    Que l’on voit painct en une église.

    Demandez au page Chalot79

135  Et à la chambrière Mélot80

    S’il n’est pas vray, je m’en advise81.

    Dessoubz le pourpoint, la chemise

    Froncée ; puis le chappelet82.

    Et davantage, quant g’y vise83,

140  Je portoys sur moy, pour devise,

    Le gris et bleu84, qui n’est pas let.

    « – Hé ! que vous estes propelet85 !

    Tout vous siet tant bien !

                   – Aa ! ma Dame,

    Vous le dictes ; mais sotelet86.

145  – Ennémen non, mais gentelet ;

    Je le prens sur Dieu et mon âme87 ! »

    Lors, el(le) me mist en telle game88

    Que je cuidé, de prime face89,

    Jouyr de son corps droit et ferme.

150  Et pensant90 faire mon vacarme91,

    Elle me dit :

            « – Sauf vostre grâce !

    Mais cuidez-vous que bien j’osasse

    Brizer ainsi mon mariage ?

    Nenny, jamais ! »

               Lors, sans fallace92,

155  Je cheuz tout pasmé en la place,

    Tant fuz navré en mon couraige93.

.

    Tantost après, en brief langage,

    Pensant la prier d’aultre sorte94,

    Le mary revient du vilage.

160  Fût-il détenu95 pour ostage !

    Je me cache derrièr’ la porte96.

    Ung point y a qui me conforte :

    Car je croy que la créature,

    De mon ennuy, se desconforte,

165  Et qu’el ne sera plus si forte97

    À convertir, par adventure.

    Elle est de si bonne nature

    Qu’à mon advis, el(le) pensera

    Que je n’ay point, par conjecture,

170  Icy esleu ma sépulture98,

    Et de ce danger m’ostera.

    Le mary vient, tary tara99,

    Qui ne faict que brayre et crier.

    Corps de moy ! il m’advisera…

175  Non fera… Par Dieu, si fera !

    Je suis pis que [je] n’estois hyer100.

    Tantost, pour me mieulx ennuyer,

    Le mary murmure et quaquète

    Puis de Gaultier, puis de Jacquette,

180  De son varlet, de sa chambrière101,

    Du chaud[e]ron102, de la chauldière,

    De son cheval, de ses houseaux,

    Des potz, de la cruche, des seaulx,

    De la maison et du mesnage,

185  Du pain, du vin et du potage103,

    Du foing, de l’avoyne, du blé…

    Sang bieu ! je seroys acablé104,

    S’il me trouvoit en ce lieu-cy.

    « – Quant vous prenez quelque soucy,

190  Ma femme, c’est bien sur le tard105.

    Puis mon varlet n’est qu’ung fétard106,

    Ma chambrïère ne vault guyère :

    Vous n’avez façon ne manière

    De parler franc à leur visage107. »

195  Or pensez alors quel courage

    Ses propos me povoient donner,

    De l’ouÿr ainsi blazonner !

    Eust-il108 bien cryé, bien presché,

    Et mon cerveau bien empesché,

200  « – Sus ! acoup, qu’on mette la nappe ! »

    Le corps de moy Dieu109 ! s’il attrappe

    Le povre gorrier résolu,

    C’est faict, il a cuyct et moulu110,

    De par Dieu ! La nappe fut mise,

205  Le seigneur et la dame assise,

    Et furent servis de leurs mectz.

    Lors, le mary, pour l’entremetz111,

    [Veult et]112 commande expressément

    Que la porte légèrement

210  (Où j’estoys caché) fust fermée.

    « – Vous arez cy tant de fumée,

    Mon mary !

            – Est-il vray, ma femme ?

    Je ne veulx donc pas qu’on la113 ferme,

    Puisqu’ainsi est.

              – Il le vault mieulx :

215  Elle114 est mauvaise pour les yeulx ;

    Ennémen, je la crains beaucoup. »

    Or suis-je eschappé pour ce coup,

    Posé que je soye en malaise115,

    Presque aussi plat qu’une punaise.

220  J’eusse voulu, par mon blazon116,

    Estre saulté117 en la maison

    De mon compaignon118 sans respit,

    Tant estoys marry et despit.

    Eurent-il disné, grâces dictes119,

225  Le mary, sans autres redictes,

    S’en reva monter à cheval

    Pour aller à mont et à val120.

.

    Est-il party, est-il vuydé ?

    Comme ung amoureux bien guydé,

230  Derrièr’ la porte, d’une tire121,

    Gaillardement je me retire.

    Et pour mon ennuy compenser,

    Je vous vins ma Dame embrasser

    Et la baise[r] falotement122,

235  Ung petit coup tant seulement.

    Pour mieulx à la foy me réduyre123,

    En soupirant, el me va dire :

    « – Depuis l’heure que je fuz née,

    Ne me trouvé aussi tennée124

240  De vous [sça]voir derrièr’ la porte.

    – Ma Dame, le dyable m’emporte !

    Pour l’amour de vous, sans mentir,

    Vouldroys mourir comme ung martyr.

    – Enné ! vous estes (se m’eist Dieux125)

245  Le plus doux, le plus gracieux

    Que je rencontré de ma vie. »

    Et sur ce point126, j’eux grant envye

    De luy donner à descouvert,

    Joyeusement, la cotte vert127.

250  Mais je différé ung petit128,

    Pour tant que129 j’avo[i]s l’appétit

    De la prier, premièrement130

    Qu’en jouyr tout soudainement.

    Car vous sçavez qu’avant [qu’]aymer131,

255  La Dame seroit à blasmer

    S’el ne congneust132 l’amant discret,

    Léal133 amoureux et secret.

    Sur ce point, elle me va dire :

    « – Disons quelque chose pour rire,

260  Ainsi que le sçavez bien faire. »

    Pour à son plaisir satisfaire,

    Tantost me prins à barbeter134,

    Deviser, gaudir, caqueter

    En faisant ung tas de mynettes135

265  Et façons assez sadinettes136.

    Car je congno[i]ssoys la mignote

    Estre bien frisque et dorelote137.

    Pour tousjours mieulx l’entretenir,

    Je luy voys138 telz propos tenir :

270  « – L’ung va, l’ung court et l’autre vient,

    L’ung est party, l’autre revient,

    L’ung est joyeulx, l’aultre est coursé139,

    L’ung est gaudy, l’aultre est farsé140,

    L’ung est plaisant, l’aultre advenant,

275  L’ung est franc et l’aultre tenant141 ;

    Ceste-cy ayme cestuy-là142,

    L’ung va par-cy, l’autre par-là,

    L’ung va devant, l’autre derrière,

    Ceste-cy n’est pas fort gorrière,

280  Ceste-là s’acoustre gaillard143,

    L’ung est moqueur, l’autre raillard.

    Ma Dame, il est bruyt par la ville

    Que l’ung est lourt, l’autre est habille144,

    L’ung est pesant comme une enclume,

285  L’autre est léger comme une plume,

    L’ung est trop gras, l’autre trop mesgre,

    L’ung est reffait145, l’autre est allègre.

    On faict cecy, on faict cela,

    L’ung va deçà, l’autre delà146,

290  L’ung est à cheval, l’autre à pié,

    L’ung est guecté, l’autre espyé,

    L’ung va le pas, l’autre le trot,

    L’ung en a peu, l’autre en a trop ;

    Puis l’ung dict : Vaille que vaille,

295  Je l’aymeray, quoy qu’il en aille ! »

    Tous ces petitz propos disoye,

    Et puis la prier m’advisoye

    Estre de son corps jouyssant147.

    Par aucuns coups148, je soupiroye

300  Et son doulx maintien aspiroye

    D’ung regart de mes yeulx issant149,

    Comme Dame bien congnoissant

    Par ung soupir fort savoureux

    D’ung voulloir gay et florissant.

305  Elle me dist en se150 baissant :

    « – Vous estes léal amoureux,

    Hélas, voire ; mais malheureux

    Se vous me faillez151 au besoing !

    À ung tel mignon plantureux152,

310  Résolu et avantureux,

    Je ne veulx faillir près ne loing153. »

    Lors, je torche mon petit groing154

    En luy présentant le déduyt.

    Et fut faict à ung joly coing155

315  Le « coup156 » amoureux, en grant soing,

    Bien délibéré, bien conduict.

.

    Suis-je façonné157 ? Suis-je duict ?

    Me fault-il riens158 ? Vous le voyez :

    J’ay mes despens159, j’ay mon pain cuyt160.

320  À la « voye161 » je suis tout réduit.

    Il est ainsi que vous l’oyez.

    Or, Messieurs, soyez avoyéz

    De dire à ung mot absolu162

    Qu’on vous a icy envoyéz

325  Nompas comme gens desvoyéz

    Pour escouter le Résolu.

.

*

[ SOTTE ]  BALLADE 163

     Se je porte en ma devise coac164,

     Et se d’Amours j’ay frappé sur le pec165,

     Et je despens tous les jours ung patac166,

     Ou se je suis faitis comme ung gros-bec167,

5     Ce sont amours qui, par hic ou par hec 168

     (La leur mercy !) m(e) ont si bien prins au bric169

     Que j’ayme et sers la belle ric-à-ric170,

     Qui mieulx me tient qu’à corde ny [qu’à croc]171.

     Souvent, s’en va chantant de blic en bloc172 :

10   Oncques n’oÿstes [ung] si très terrible huc173 !

     Amours, Amours, benoît soit ton afroc174 !

     S’il n’y a gaing, au moins y a-il pluc175.

.

     Elle a le corps aussi wide qu’ung sac176,

     Et a le cul aussi plat comme ung hec177 ;

15   Dedens son ventre a des tripes le plain bac,

     Et a la barbe aussi longue qu’ung Grec.

     Elle ressemble, de visage et de bec,

     À ung vielz singe qui put comme ung aspic178.

     Quant elle a soif, la gueule baye [à cric]179,

20   Et puis y tumbe de servoise plain broc.

     Et pette et rote, et dit :

                  « Eschec et roc180 !

     Beau doulx amy, enuy[t] m’aras au juc181,

     Car plus vous ayme de taille que d’estoc182 !

     S’il n’y a gaing, au moins y a-il pluc. »

.

25   Puis se rebrasse183 jusques à l’estomac,

     Et voit son cuir de gratelle tout blec184 ;

     Et puis piss’-elle ung grant desrivé185, flac186,

     Tout aussi cler comme l’eaue de Robec187.

     En son pertuys188 se musseroit l’espec,

30   Car il fut fait ou de hache ou de pic.

     En ses jambes a [tant] gratelle et fic189

     Qu’on en feroit morseaulx à haricoc190.

     Les yeulx a vairs191 comme ung moyne a [le] froc.

     Bien devroit [cy] ung roy, ou prince ou duc

35   Se contempter d’amours sur l’establoc192 :

     S’il n’y a gaing, au moins y a-il pluc.

.

     Prince : vermeil comme creste de coq

     A le brodier193, aussi large qu’ung soc ;

     Ung compaignon qui y seroit au cruc194

40   Pourroit bien dire (et feust195 de Languedoc) :

     « S’il n’y a gaing, au moins y a-il pluc. »

.

*

BALLADE  POUR  UNG  VIEIL

GAUDISSEUR  CADUCQUE

Jehan Molinet (1435-1507) 196

.

     Adieu, Vénus et Mars197 ! De moy est pic198 ;

     Je suis proscript, et jà passé au bac199 :

     Car quant je veulx, à bauldryer200 ou à cric201,

     Tendre l’engin, j’ay mal en l’esthomac.

5     Les reins me tuent, les nerfz me dient « crac ».

     Je décline par hic et hec et hoc 202.

     J’en lairray faire à Lancelot203 du Lac,

     Car plus ne puis, de taille ny d’estoc204.

.

     Pour vous servir, j’ay passé ric-à-ric205

10   De maint dangier, qui bien sçauroit mon trac206 ;

     Et qui m’eust sceu207, j’eusse esté pris au bric

     Et dépecé comme chair en boussac208.

     Ores, ne suis Bourguignon n(e) Armaignac209 ;

     Tout autant m’est Flandres que Languedoc.

15   J’en lairray faire à Lancelot du Lac,

     Car plus ne puis, de taille ny d’estoc.

.

     Plus je ne quiers q’un beau feu et le glic210,

     Force bon vin, dragée et codoignac211 ;

     Car Amour hait gens vieulx comme ung aspic212,

20   Ainsi que dit maistre François Pétrac213.

     Je suis mouillé, et retraict comme ung sac214 ;

     Et n’y voy tour, de hanche ne de croc215.

     J’en lairray faire à Lancelot du Lac,

     Car plus ne puis, de taille ne d’estoc.

.

25   Prince d’amours : je ne compte ung patac216 ;

     Car je voy bien, selon mon armanac217,

     Qu(e) aage m’a jà donné eschec et roc218.

     J’en lairray faire à Lancelot du Lac,

     Car plus ne puis, de taille ny d’estoc.

.

*

BALLADE  DE  CHAMP  ROYAL

FINISSANT   TOUTE  PAR  .C.

André de La Vigne (~1470-~1526) 219

.

             SATHAN

     Prodigue220 infect portant d’Enfer le froc,

     Corps invoqué221, de tous venins le broc222 :

     Que te fault-il, lupardin appostac223 ?

     Puys224 infernal, dampné gouffrineux225 roc !

5     Deable d’Enfer, que vault ton villain croc,

     Quant ton parler ne prisons ung patac226 ?

     Tu va[s] hurlant, cryant « patic, patac227 ».

     Que malle bosse, malle[s] poisons228, maultac

     Et malle grayne te puisse prandre au bric229,

10   Ort, vil, villain, puant coquodrillac230,

     Loup rabissant231 pour lequel je dys : « Gnac ! »

     Que te fault-il, paillart, puant aspic ?

.

     La malle mort –soit de taille ou d’estoc–

     Te puisse brief serrer le palletoc232,

15   Bricqueboiller233, et broiller234 en ung lac !

     Le feu d’Enffer te présente le choc235

     Pour te brusler (soit en tâche ou en bloc236)

     Et boursouffler au charonnyeux bac237,

     Ou t’emporter, soit d’aboc ou d’abac238,

20   Au paludin239 sulphureux Bulcibac !

     Désespéré, superbe porc-espic,

     Sot plus doubteux que bosse ny entrac240 :

     Je viens le cours241 vers toy, faisant tric-trac.

     Que te fault-il, paillart, puant aspic ?

             BURGIBUS

25   Gresle, tempeste, en faisant « tic, tac, toc »

     Te puisse prandre d’abac, aussi d’aboc !

     Prince portant de tous tourmens le sac,

     Orrible monstre, loupineux242 sennédoc,

     Dragon pugnais243, ort bazelique-coc244 :

30   Pourquoy bray-tu ? J’aporte mon bissac245.

     Vécy Bérith (le seigneur de Boussac246)

     Et Astaroth (qui va disant « sic-sac247 »),

     Courans, brouans plus tost qu’on ne dit « pic »248

     Soubz ton obscur, trémébundeux249 tillac,

35   Affin qu’Enfer ne s’en voise à basac250.

     Que te fault-il, paillart, puant aspic ?

             BÉRITH

     Prince dampné, […] scrupuleux coac251,

     Germe mauldit, corps d’infernal eschac252,

     Insaciable cornu, tigre estopic253,

40   Becjaulne254 infect, téméraire ypodrac255,

     Fol enraigé : qu’as-tu mengé ? Poac ! poac256 !

     Que te fault-il, paillart, puant aspic ?

.

*

NOËL  EN  FORME  DE  BALLADE

SUR  LE   CHANT  « J’AY  VEU  LE

TEMPS  QUE   J’ESTOYE  À  BAZAC »

Clément Marot (1496-1544) 257

.

     Or est Noël venu son petit trac258.

     Sus doncq ! aux champs, bergères de respec259 !

     Prenons chascun panetière et bissac,

     Fluste, flageol260, cornemuse et rebec.

5     Ores n’est pas temps de clorre le bec :

     Chantons, saultons et dansons ric-à-ric261 !

     Puis allons veoir l’Enfant au pouvre nic262,

     Tant exalté d’Hélye, aussi d’Énoc263,

     Et adoré de maint grant roy et duc.

10   S’on nous dit « nac264 », il fauldra dire « noc265 ».

     Chantons Noël, tant au soir qu’au desjuc266 !

.

     Colin, Georget, et toy, Margot du Clac267 :

     Escoute ung peu, et ne dors plus, illecq268.

     N’a pas long temps, sommeillant près d’un lac,

15   Me fut advis qu’en ce grant chemin sec,

     Ung jeune enfant se combatoit avec

     Ung grant serpent et dangereux aspic ;

     Mais l’enfanteau, en moins de dire « pic »269,

     D’une grant croix luy donna si grant choc,

20   Qu’il l’abbatit et luy cassa le sucq270.

     Garde n’avoit de dire, en ce desroc271 :

     « Chantons Noël tant au soir qu’au desjucq ! »

.

     Quant je l’ouÿ frapper (et ticq ! et tacq !),

     Et luy donner si merveilleux eschec,

25   L’ange me dist :

              « D’un joyeulx estomach,

     Chante Noël en françoys ou en grec,

     Et de chagrin ne donne plus ung zecq272 ;

     Car le serpent a esté prins au bricq273. »

     Lors m’esveillay. Et, comme fantasticq274,

30   Tous mes troupeaux je laissay près ung rocq.

     Si m’en allay, plus fier q’un archeduc,

     En Bethléem. Robin, Gaultier et Roch275 :

     Chantons Noël, tant au soir qu’au desjucq !

.

     Prince276 dévot, souverain catholicq :

35   Sa maison277 n’est de pierre ne de bricq,

     Car tous les vens y soufflent à grant floc.

     Et qu’ainsi soit, demandez à sainct Luc278.

     Sus doncq, avant ! Pendons soucy au crocq !

     Chantons Noël, tant au soir qu’au desjuc !

.

*

J’AY  VEU   LE  TEMPS

QUE  J’ESTOYE  À  BAZAC 279

.

     Hé ! J’ay veu le temps que j’estoye à bazac280,

     Et qu’avec moy chevauchoit le Soudenc281.

     Je282 mys le siège tout droict devant Uzac,

     Où il y a troys milliers de hazenc283

     En garnison, et autant d’espélenc284,

5     Ung chascun d’eulx bon[ne] arbalestre au poing ;

     De tirer fort ilz prenoient moult grant soing.

     Quant est à moy, j’en eux mainct horion285,

     Dont jamaiz jour je n’en seray vengé.

     Regardez donc se l’on doibt dire ou non :

10   « Le pain au fol est le premier mengé.286 »

.

     Hé ! Il n’y a point, d’ici en Armignac287,

     Ne par-delà la duché de Millenc288,

     Ung si beau nedz que celuy Jehan Sénac :

     Il me semble d’ung duc ou chambrelenc289,

15   Car il y a mille rubis de renc290,

     Bien arrunéz291, pendant jusq[ue]z au groing292,

     Tant qu’on le voit de cinquante lieux loing,

     Plus reluysant que ne faict ung poupon293.

     Pleust ore à Dieu qu’au jour d’huy fust logé

20   Dedens Brun-val294, au cul de Mouquandum295 !

     Le pain au fol est le premier mengé.

.

     Hé ! Je m’en alloys l’aultre jour à Lussac,

     Et rencontray, au chemin de Hodenc,

     Hé ! Une fillette qui portoit ung bissac ;

25   Laquelle avoit sus moy l’œil et la dent296.

     [………………………………….. -ent.]

     À tant s’arta297, me tirant en ung coing.

     Couart je fus : me retiray au loing,

     Dont elle enfla plus gros qu(e) ung scorpion,

     Et, de grant deuil, m’eust voluntiers mengé !

30   Ce nonobstant, m’en allay mon tré[t]on298.

     Le pain au fol est le premier mengé.

.

*

LA  FIÈBVRE  QUARTE 299

.

     La fièbvre quarte assaillit Lohéac300

     Par le morceau d’un harenc célerin301.

     La fièbvre quarte assaillit Lohéac,

     Qui piéçà fût envoyé en basac302,

5     Se Dieu n’eust eu pitié du pèlerin :

     Il n’est sirop, plantain303 ne mestridac,

     Ne vin qu’on boit à long trait ou grant flac304

     (Soit de Beaulne, ou d’Aus[s]erre, ou de Rin305),

     Ne médecin (pour quelque bon florin)

10   Qui [onc] le sceust restaurer en son trac306.

     Prendre puist-on l’ort, vil, meschant marin307

     Qui luy baillast si mortiféreux drac308

     Par le morceau d’un harenc célerin !

.

*

1 Pour sa biographie et ses œuvres complètes, voir : Sylvie Lécuyer : Roger de Collerye. Un héritier de Villon. Champion, 1997.   2 On lui prête aussi le surnom de Roger Bon Temps. Dans une ballade intitulée Bon Temps, il écrit : « Je suys Bon Temps, vous le voyez. » Dans la Satyre pour les habitans d’Auxerre, un personnage nommé Bon Temps dit : « Je suis Bon Temps, qui d’Angleterre/ Suis icy venu. » Ces deux seuls éléments ont suffi pour créer une légende. Roger Bon Temps, qui vécut au XIVe siècle, était proverbial au XVe : René d’Anjou lui donna la parole en 1457 dans le Cuer d’Amours espris, et nous offrit même son portrait. Voir aussi le Prince et les deux Sotz (vers 10). Toutefois, les suppôts de l’Abbé des Fous ont sans doute fait un lien entre le prénom Roger et le personnage de Bon Temps, même s’il n’en reste aucune preuve écrite.   3 Son Cry pour l’abbé de l’Église d’Ausserre et ses suppostz imite les « cris » qu’on déclame au début des Sotties.   4 Clément Marot fit parvenir à Collerye un exemplaire de l’Adolescence clémentine dans l’édition de 1532. (Voir Sylvie Lécuyer, p. 15.) On y trouve un Noël dont Collerye s’est inspiré pour écrire les 27 premiers vers du Résolu. Je publie ce poème en appendice. Voir l’article magistral de Jean-Charles Monferran : Chantons Noël, et en l’occurrence sa note 31.   5 ŒUVRES. Suivies d’œuvres attribuées à l’auteur. Édition critique de Michael John Freeman. Droz, 1975.   6 Ou le Bien et le mal des Dames. Montaiglon, t. XI, pp. 178-191.   7 (Pour séduire une femme,) que vaut l’hésitation ? « Je m’y en voys sans plus tarder,/ Car riens n’y vault le songer. » (Le Badin qui se loue.) Les 31 premiers vers du Résolu constituent un poème satirique dans lequel un vieux dragueur enseigne le métier à un jeune galant. Collerye eut la bonne idée d’illustrer ce poème avec le monologue qui suit. On remarque une légère inadvertance : dans le poème, c’est l’amant qui paye, alors que dans le monologue, c’est la maîtresse.   8 Cela ne vaut pas la ruse. « En lui n’eut nule fiction,/ Barat [tromperie], truc ne décepcion. » ATILF.   9 Au lever. Voir Marot, vers 11.   10 « Prestz, prins, promps, preux. » (Collerye, Mallepaye et Bâillevant.) Le choc = l’assaut : voir La Vigne, vers 16.   11 Comme un jus de fruit.   12 Frappez d’estoc et de taille, employez tous les moyens. Double sens érotique : cf. le v. 68 du Tournoy amoureux, et le v. 8 de Molinet.   13 D’être pris au piège (par le mari). Voir le v. 6 de la Sotte Ballade, le v. 11 de Molinet, le v. 9 de La Vigne, le v. 28 de Marot.   14 Donnez de l’argent à votre dulcinée. Voir les vers 27-28.   15 Qu’une vipère.   16 C’en est fait de vous. « Il est prins au bric,/ Il est perdu, il en est pic. » (Arnoul Gréban.) V. Molinet, vers 1.   17 Ayez une grande gueule. « Elle a bon recueil et bon bec. » Collerye, Delà et Deçà.   18 Au nid. Voir Marot, vers 7.   19 Rigoureusement. « Allons partir [partager] notre butin/ Ric-à-ric, à chacun sa pièce. » (A. Gréban.) Voir le v. 7 de la Sotte Ballade, et le v. 6 de Marot.   20 Avec ardeur. « Elle le baille chault et sec. » Collerye, Delà et Deçà.   21 Le luth. Le rebec est un violon à 3 cordes. « À la fleute, au luc, au rebec/ Dance tous les jours. » (Collerye, Delà et Deçà.) Pour séduire sa belle, un galant doit lui donner la sérénade.   22 En même temps, votre chasse érotique. « Grant femme seiche, noire et mesgre,/ Qui veult d’amour suivre le trac. » (Guillaume Coquillart.) Voir le v. 348 du Faulconnier, et le v. 10 de Molinet.   23 Voir Marot, vers 26.   24 Pas même une coquille de noix. « De regrectz, el n’en compte ung zec. » (Collerye, Delà et Deçà.) Voir Marot, vers 27.   25 En disant patati, patata. Chez G. Coquillart, cette expression désigne les futilités qu’on roucoule avant le coït : « Nous entre-tendismes le bec./ Patic, patac, boutez illec [là-dedans] ! » (Monologue du Baing.) Voir La Vigne, vers 7.   26 Farfouillez sous la robe de votre amie. « Après baiser et fatrouller,/ Dire adieu par l’huys de derrière. » Le Monologue Coquillart (dont Collerye s’inspire).   27 Faites vos manœuvres d’approche. « Je vous fays mon beau trique-trac. » Le Faulconnier.   28 Éd : Torchez,estraictes  (Une fois les torches éteintes. « Maint mignon perruquet/ Frappe du billart au tiquet/ Quant on a les torches soufflées. » Régnault qui se marie à la Vollée.)  « Riqueraque : Throughly, wolly. » Cotgrave.   29 Montez sur la femme, c’est ainsi qu’on doit faire. « (Il) monta dessus pour veoir de plus loing, et luy fit ung bon “coup” sans que sa femme en sceût oncques rien. » Nicolas de Troyes.   30 Une fois le coït terminé. « Bailler aux dames le déduyt,/ Ferme comme ung sanglier en rut. » (Monologue Coquillart.) Idem vers 313.   31 Dans leur poing.   32 Si le cocu se plaint.   33 Sur le coin de la figure.   34 L’autre soir, mon œil lorgnait.   35 Faisait la dédaigneuse.   36 Me montrait une figure distante. « Sa facète vermeillète/ Come rosier floris. » Godefroy.   37 Je me promène. Le Résolu est particulièrement visible, puisque la maison est à l’écart du village (vers 159).   38 Qui s’agite.   39 Envolez-vous, partez !   40 Le Résolu fait semblant de partir, mais il s’embusque derrière un arbre de la cour, face à la porte ouverte.   41 À sa femme. Cf. Frère Frappart, vers 368.   42 Il rouspète, se renfrogne, grogne, grommelle. « Grongnars, fongnars, hongnars. » Collerye, Bon Temps.   43 Vraiment. « Enné » et « ennément » sont des interjections féminines : voir Ung jeune moyne (vers 187), et le Povre Jouhan (vers 199 et passim). Ces jurons réapparaissent aux vers 145, 216 et 244, ce qui démontre que lesdits vers sont prononcés par la femme.   44 Ne vient à mon secours.   45 De tourment. On retrouve ce sens fort aux vers 164, 177 et 232.   46 Si je vis jusque-là. Trait d’humour comparable à celui de Rabelais : « Et vesquit jusques à la mort. » (Gargantua, 21.) Ou de Jehan d’Abundance : « Nous vivrons jusques à la mort. » (Testament de Carmentrant.)   47 Vous les tentez.   48 Éd : crectes  (De souhaits dont vous leur garantissez l’accomplissement. La rime est en -antés.)   49 Agressives.   50 Bren est la forme berrichonne de bran [merde]. Littré en donne l’étymologie : « Berry, bren, prononcé brin, ordure. » Cf. la Seconde Moralité, vers 293.   51 De la ruse.   52 Si naïf.   53 Blesser jusqu’au sang.   54 Le fanfaron. Cf. le Nouveau marié, vers 191.   55 Et je le sommerais de se taire. Ce « bref mot » pourrait bien être celui que la femme a lâché devant son mari.   56 Cet imbécile.   57 Bientôt, je rentre chez moi.   58 Comme cela est visible : l’acteur qui joue ce meurt-de-faim doit être maigre.   59 N’est pas très porté sur la nourriture.   60 Je me lève.   61 Bien attifé. « Pigner, mirer ou s’agencer. » Monologue Coquillart.   62 Bien peigné, miré dans une glace. Tous ces verbes s’appliquent aux femmes : « Pluseurs femmes, en leur atour,/ Mectent grant paine et grant labeur…./ Dès le matin au point du jour,/ Pignent et mirent. » Jean Dupin.   63 Réprimandé par son mari.   64 Le milord : son mari. « L’une, pour ung millourt saisir,/ De l’oueil gettera mainte larme. » Coquillart, Monologue des Perrucques.   65 Vêtu à la mode. « De ces varlès dymencherés [endimanchés]/ Qui sont vestus sur le gourt. » Coquillart, Monologue du Puys.   66 Éd : qu’ung  (« Marchant fier comme ung roy Hérode. » Mellin de Saint-Gelais.)  « L’acteur qui jouait ce personnage dans les Mystères était somptueusement habillé. » Sylvie Lécuyer, p. 513.   67 Sur le brodier, sur le cul. « Seinctures floctant sur la brode. » (Saint-Gelais.) Les snobs laissaient glisser leur ceinture au-dessous de la taille ; la femme de Martin de Cambray (F 41) oblige son époux à porter sa ceinture très bas, pour qu’il en soit « ceint sur le cul ». Cette expression était devenue fort péjorative, comme en témoigne Pathelin : « Le meschant villain challemastre/ En est saint sur le cul ! »   68 Aucunement je ne sentais la brebis. « J’ay trois vaches, une chèvre et une noire gode. » (Huguet.) Sentir son = puer : « Un homme laid, sentant mieux son bouc puant, ord et lascif, que son homme. » Brantôme.   69 Je me mets à jaser.   70 Éd : duissant  (Comme il convient, c’est-à-dire penchée sur l’oreille : v. la note suivante.)   71 Médaille ou petit portrait fixé à la coiffure. « Bonnet renversé de guingant [de guingois],/ La belle ymaige sur l’oreille. » Monologue Coquillart.   72 Sayon, manteau léger. « Pour son saie furent levéz dix-et-huyt cens aulnes de velours bleu. » (Gargantua, 8.) Sai-e compte pour 2 syllabes.   73 Petit visage. « Vous le sçaurez, doulce trongnecte,/ Vous le sçaurez, ma mignonnecte. » (ATILF.) Pour se rajeunir et s’embellir, le Résolu se décrit avec beaucoup de diminutifs : vers 5, 132, 144, 264, 265…   74 L’épée.   75 Qu’une chose encombrante. « D’avoir soulcy n’est que bagage. » Collerye.   76 Gorrier = élégant. Idem vers 202 et 279.   77 En galant. « Ton dorelot,/ Ton mignon, ton petit fallot. » Le Dorellot aux femmes.   78 Mignon. « Je me fis dorelot/ Et mignon. » (Coquillart, Monologue du Baing.) Cf. le Dorellot aux femmes.   79 Ce page et cette chambrière servent la dame et son mari. On reparle d’eux aux vers 180 et 191-192. Dans le Monologue Coquillart, « Charlot le paige » et la chambrière sont également au service de la bien-aimée.   80 André de La Vigne, dans la Farce du Munyer, donne à une voisine le nom de « Mélot ».   81 Maintenant que j’y pense.   82 Le bracelet de tissu. « J’avoye le pourpoint de satin (…),/ Et aux manches le chappelet/ Joyeulx, en la manche attaché,/ De velours. » Monologue Coquillart.   83 Et en plus, maintenant que je m’en avise.   84 Le gris symbolise l’espérance, le bleu symbolise l’amour. « Le gris me plaist, le bleu vous est décent [vous convient] ;/ Telles couleurs tousjours porter je vueil. » Collerye, L’Amy.   85 Propre, gracieux. « Il est gaillard et propelet. » Collerye.   86 Je suis plutôt un sot.   87 Je vous le jure.   88 À un tel niveau. « Et me mist-on en telle game/ Que la dame et la chambèrière/ Me jonchièrent. » Monologue Coquillart.   89 Que je pensai, de prime abord.   90 Alors que je pensais. Même tournure à 158.   91 Un assaut sexuel. « Mais aux assaulx et aux vacarmes/ D’amours, une dame en vault dix. » Collerye, Dyalogue des Abuséz du temps passé.   92 Sans mentir.   93 Atteint dans mon cœur. En principe, les évanouissements sont réservés aux femmes.   94 Alors que je pensais le lui demander autrement.   95 Éd : descendu  (Que ne l’a-t-on gardé en otage ! « Il estoit détenu en ostage. » Gabriel Chappuys.)  Les deux fils de François Ier, détenus en otages par Charles Quint, avaient été libérés en 1530. Collerye salua leur retour dans la Satyre pour les habitans d’Auxerre.   96 Le Résolu est caché entre le mur et la porte d’entrée, qui va rester grande ouverte. On retrouve la graphie « derrier » aux vers 230 et 240.   97 Si difficile.   98 Que je n’ai pas l’intention de passer l’éternité derrière cette planche.   99 Ceci, cela. Cette onomatopée imite le bavardage, comme « patic patac » au vers 21. « Nous parlasmes, tarin, tara. » Monologue Coquillart.   100 La veille, quand l’époux avait fait fuir le soupirant de sa femme. Chez Collerye, « hier » est presque toujours monosyllabe, d’où mon insertion.   101 « Il caquette/ Puis de Gaultier, puis de Jacquette,/ Il tance puis la chambèrière. » Monologue Coquillart.   102 Collerye écrit dans un décasyllabe : « Chauderonnier de dueil esvanouy. » (À Monsieur le lieutenant civil.) Cf. les Femmes qui font escurer leurs chaulderons.   103 De la potée. Cf. le Capitaine Mal-en-point, vers 645.   104 Terrassé. Le mari est certainement plus fort que ce freluquet.   105 Quand vous vous occupez de quelque chose, c’est trop tard.   106 Qu’un paresseux. « On ne luy sceût pot des mains arrachier :/ De bien boire ne fut oncques fétard. » (Villon.) Étymologiquement, le fait tard est l’égal du fait néant.   107 Vous ne savez pas les commander.   108 Quand il eut. Même tournure à 224.   109 Même juron dans le Cousturier et le Badin, vers 118.   110 C’en est fini de lui. Dans le Monologue Coquillart, l’amant caché dit : « Le corps bieu ! j’estoye résolu,/ J’avoye tout cuyt et moulu. » C’est dans cette phrase que Collerye a dû piocher le nom du Résolu. Voir Sylvie Lécuyer, p. 84.   111 Au milieu du repas.   112 Éd : Il  (« Dieux veult et commande expressément que on aime son anemi. » Christine de Pizan.)   113 Éd : le  (Ferme se prononce farme, comme à 149, et rime avec femme.)   114 La fumée de la cheminée.   115 Bien que je sois inconfortablement installé. « Ung bon coquin (…)/ Ne s’en va point, posé qu’on le menace. » Collerye, Complaincte d’ung povre homme infortuné.   116 Par un tour de passe-passe.   117 Transporté.   118 De mon compère. Mais de la part d’un jeune homme si efféminé, on ne peut pas exclure une allusion homosexuelle, d’autant que « être sauté » est l’exact synonyme de « être sailli ».   119 Quand ils eurent dîné et récité les grâces.   120 « Puis après monta à cheval/ Et en courant à mont, à val. » Collerye, Sermon pour une nopce.   121 De derrière la porte, d’un seul coup.   122 Plaisamment. « N’est-ce falotement mourir, quand on meurt le caiche [le pénis] roidde ? » Rabelais.   123 Pour mieux m’apaiser.   124 Tannée, tourmentée. « De ma vie, ne fus plus tenné/ Que je fus à ceste heure-là. » Les Maraux enchesnéz.   125 Si m’aid Dieu : que Dieu m’assiste ! « Se vous n’estes bons, se m’eist Dieux,/ Je m’en iray en aultres lieux. » Collerye.   126 À ce moment. Idem vers 258.   127 « Donner la cotte-verte, c’est baiser quelque fille ou femme sur l’herbe. » Dictionaire comique, satyrique.   128 Un peu.   129 Parce que.   130 Avant. Par galanterie, le Résolu ne violera pas sa bien-aimée.   131 Qu’avant de faire l’amour. « Mais je vous tiens si saige & si experte/ Que vous voulez, sans personne blasmer,/ Pour le plus seur, congnoistre avant qu’aymer. » Collerye, Épistre.   132 Éd : congnoist  (Si elle n’était pas sûre que son amant fût discret.)   133 Loyal. Le Résolu est agréé comme loyal amoureux au vers 306.   134 Je me mis à bavarder futilement. Ce verbe s’applique surtout aux femmes.   135 De minauderies. « Tant de propos, tant de minettes,/ Et tant de façons sadinettes/ Que, par sa parolle mignote,/ J’en cuidoye jouyr. » Monologue Coquillart.   136 Gracieuses. « Admenez-y voz femmes sadinettes. » Collerye, Cry pour l’abbé.   137 Éd : dorolote  (Vive et mignonne. Voir le vers 131.)   138 Vais. D’habitude, ces propos insignifiants sont tenus par des femmes. L’acteur doit se livrer à un numéro de mime pour camper tous les personnages dont il parle.   139 Courroucé.   140 L’un est réjoui, l’autre est moqué.   141 L’un est généreux et l’autre est avare. « (Il) me fault estre chiche et tenant. » Collerye, Rondeau.   142 Celui-là aime celle-ci. Le sujet et le complément sont inversés.   143 Gaillardement, audacieusement.   144 Habile.   145 Rassasié.   146 Le passage 270-293 démarque le Monologue Coquillart : « On faict cecy, on faict cela,/ On va par-cy, on va par-. »   147 Je m’avisai de la prier de me laisser jouir de son corps.   148 Souvent.   149 Sortant de mes yeux. La tirade 299-304 parodie le discours amoureux : elle aligne tous les poncifs obligatoires, mais elle est vide de sens. Comble de la dérision, le cérémonial courtois est déployé par une mauviette et une petite bourgeoise.   150 Éd : ce  (Le Résolu est à genoux devant elle.)   151 Si vous me faites défaut.   152 Fastueux.   153 De près ou de loin. L’amant a débité le discours protocolaire ; la maîtresse, convaincue légalement, peut donc s’offrir à lui sans passer pour une femme facile.   154 Je m’essuie la bouche. Double sens : Je la frappe avec mon gland. « Mon quinault [pénis] dresse les oreilles et lève le groin. » Guillaume Des Autels.   155 Dans son joli sexe. « Ung gentil gorgias de Court (…)/ Qui luy frapperoit sus son coing/ D’ung gros martel pesant et lourt. » Jehan Molinet.   156 Même sens que dans la note 29. Voir encore le v. 388 d’Ung jeune Moyne, et le v. 90 de Frère Guillebert.   157 Formé aux choses de l’amour. « Qui se façonne/ Joyeusement de complaire à sa Dame. » (Collerye, Épistre.) « Duit » a le même sens.   158 Me manque-t-il quelque chose ?   159 Ma cliente me rembourse mes frais.   160 Villon emploie cette expression pour dire qu’il est entretenu par la Grosse Margot : « J’ay mon pain cuit./ Je suis paillart, la paillarde me suit. » Collerye évoque un autre gigolo dans le Sermon pour une nopce : « J’ay veu tel gallant, qu’il se vente/ Que les filles luy doibvent rente,/ Et qu’il leur faict tel grant honneur/ De les prier de déshonneur. »   161 À son vagin.   162 Je vous engage à dire d’un mot définitif.   163 Comme les 25 premiers vers du Résolu, ce poème — qui fut abusivement attribué à Octovien de Saint-Gelais — joue sur des rimes cliquetantes, aussi appelées « rimes rauques » (v. Jean-Charles Monferran). Outre la finale en « c », l’auteur s’impose deux autres contraintes : presque toutes les rimes sont des monosyllabes, et leurs voyelles suivent l’ordre alphabétique : a, e, i, o, u. Ces contraintes furent adoptées par Marot. La grossièreté des rimes s’accorde bien à celle du contenu, comme l’avait déjà compris le troubadour Arnaut Daniel, dont un sirventés hautement scatologique commence par 9 rimes en -ècs. J’utilise le ms. Vu 22 de la Bibliothèque royale de Stockholm, qui est plus correct et plus complet que les mss. de Paris et de Berlin.   164 Si mon blason représente un crapaud (voir La Vigne, vers 37). Certains lisent : crac — Paris donne : coac — Berlin donne : cohacLa Chasse et le départ d’Amours donne : quoac   165 Le pieu, à interpréter comme la flèche du dieu Amour, Cupidon.   166 Ms : pastac  (Une pièce de monnaie provençale.)  Voir le v. 25 de Molinet et le v. 6 de La Vigne.   167 Beau comme un passereau.   168 D’une manière ou d’une autre. Voir Molinet, vers 6.   169 Au piège.   170 Rigoureusement (note 19). On ignore si cette ballade a été composée avant celle de la Grosse Margot, qui débute ainsi : « Se j’ayme et sers la belle de bon hait. » Les deux ballades, très proches par leur thème et par leur style, voisinent d’ailleurs dans le ms. de Stockholm et dans celui de Berlin.   171 Ms : anoc  (Le ms. fr. 1719 de la BnF donne ici : qua crocq )   172 À gros traits. « Nous avons en bloc et en blic/ Marchandé. » Pierre Gringore.   173 Cri. Cf. Pates-ouaintes, vers 411.   174 Béni soit ton règne. « Et qui mis l’Archiduc en pitoyable affroc. » Première Balade sur la naissance de la Fronde contre le Mazarin (elle est entièrement bâtie sur des rimes cliquetantes).   175 En argot, rétribution qu’on accorde aux prostituées. Voir le v. 31 de la Résurrection Jénin à Paulme, et le v. 155 du Dorellot.   176 Aussi fripé qu’un sac vide. Voir Molinet, vers 21.   177 Qu’une porte.   178 Ms : hasic  (Qui pue comme un serpent. Voir le « puant aspic » de La Vigne, vers 12.)   179 Stockholm : aglic — Paris : aclicLa Chasse et le départ d’Amours : a tric  (Elle ouvre la bouche en grand, comme si un cric d’arbalète l’écartait. Voir Molinet, vers 3.)   180 Échec et mat. Voir Molinet, vers 27.   181 Cette nuit, tu m’auras sur ton perchoir. « Et quand Hacquin fut juché, elle luy fist tout mettre (…), & ne voulut oncques lâcher Hacquin qu’il n’eust faict trois fois sans déjucher. » Les Joyeuses adventures.   182 J’aime mieux la taille de votre braquemart que sa pointe. « Femme n’est vivant qui me vaille/ Pour combatre en ceste bataille/ Où l’on fait son mary coqu ;/ Car j’ay harnoys, targe et escu/ Qui moins craint l’estoc que la taille. » Rondel.   183 Elle retrousse sa robe.   184 Blet. « Pommes blecques. » (Godefroy.) La femme a la peau rougie à force de se gratter.   185 Un débordement.   186 Onomatopée imitant le bruit de l’eau qui coule. « Et ma bouteille a fait flac. » (Godefroy.) Voir la Fièbvre quarte, vers 7.   187 Cette rivière qui traversait Rouen était particulièrement peu limpide, à cause des rejets provenant des teintureries. « Et à Robec, qui est tant ord. » La Muse normande.   188 Dans son trou. Cf. le Poulier, vers 599. Un espec est une épeiche, un pivert, qui se niche dans les trous des arbres.   189 De verrues autour de l’anus.   190 Le haricot est un ragoût composé de morceaux de viande. Cf. le Capitaine Mal-en-point, vers 647.   191 Verts. Le froc des moines est de la couleur de la crasse : cf. les Rapporteurs, vers 182.   192 De faire l’amour sur l’établi. « (Il) coucha sur l’establit d’un cousturier. » (ATILF.) Tous les métiers relevant du compagnonnage avaient leur propre jargon. Aujourd’hui encore, les finales en -oc sont naturellement argotiques : vioc (vieux), médoc (médicament), pédoque (pédé)…   193 Elle a le cul (v. la note 67). « Il a le brodier et la pance/ Plus pesantz que nostre jument. » Le Gaudisseur.   194 Pendu comme à un crochet, en argot. « Je le vous grupperay au cruc ! » Rabelais, Tiers Livre, 12.   195 Fût-il. Mais il aurait alors parlé la langue d’Oc, et non l’argot.   196 Le jouisseur impuissant est un des thèmes favoris de Molinet. J’utilise le Ms. fr. 1717 de la BnF.   197 Je renonce au plaisir et à la guerre.   198 C’en est fait de moi (note 16).   199 J’ai traversé le fleuve de l’Enfer dans la barque de Charon (note 237). Voir le v. 124 des Sotz qui remetent en point Bon Temps, et le v. 53 du Testament Pathelin.   200 Large ceinture contre laquelle on appuie l’arbalète pour la bander.   201 Crémaillère servant à tendre une arbalète.   202 De toutes les manières (note 168).   203 Je laisserai faire Lancelot. Possible jeu de mots sur lance l’eau : éjacule.   204 Note 12.   205 De justesse.   206 Si on connaissait mon comportement amoureux (note 22).   207 Si on m’avait repéré. Bric = piège.   208 Comme des morceaux de viande en sauce. Cf. le Capitaine Mal-en-point, vers 557.   209 Le poète flamand avait soutenu les Bourguignons contre les Armagnacs.   210 Un jeu de cartes.   211 Cotignac, confiture de coing.   212 Comme il haïrait une vipère. Le peu fiable ms. fr. 2375 remplace les vers 19-21 par : « Et oultre plus une pelle ou ung picq/ Sans jamais plus faire patisq patacq,/ D’y behourder ny tempester à flacq. »   213 Le poète italien Pétrarque était mort en 1374, mais son influence perdurait.   214 Je suis en sueur, et aussi fripé qu’un sac vide (note 176).   215 Je ne me vois pas faire un bon tour, d’une manière ou d’une autre. « Qu’il entre, de croc ou de hanche !/ Il soufist, mais qu’il soit dedans. » Les Femmes qui font renbourer leur bas.   216 Je ne vaux plus un sou (note 166).   217 Les almanachs contenaient des prévisions astrologiques.   218 Que la vieillesse m’a désormais donné échec et mat (note 180).   219 Cette ballade (qui n’est pas un chant royal, en dépit de son titre) se trouve au début du Mystère de saint Martin (1496), où les diables répondent à Lucifer. J’utilise le Ms. fr. 24332 de la BnF, qui contient aussi la Farce du Munyer de qui le Deable emporte l’âme en Enffer, du même auteur et avec les mêmes diables. Dans le Vergier d’Honneur, La Vigne décrit de la sorte une ballade enchaînée qu’il est en train de composer : « Chaŷne enchaŷnée tant d’aboc que d’abic,/ Faicte et forgée fut par moy sur ung sac/ Sans martelet, sans charbon et sans pic./ Ainsi, toute la fis passer au bac./ S’elle ne vault le vaillant d’un patac,/ Autant y mis de taille que d’estoc :/ Partir ne peult du fons de l’estomac/ Que ce qui est, vous le sçavez par hoc. »   220 Fils prodigue : Lucifer est un ange déchu, d’où l’apostat du vers 3.   221 Auquel les sorciers adressent des invocations.   222 Toi qui verses aux hommes tous les venins.   223 Apostat cruel comme un léopard.   224 Puits : l’Enfer était situé dans les entrailles de la terre. « Au puis d’Enfer telles gens confondront. » Gratien Du Pont.   225 Caverneux. « Ceste gouffrineuse lice. » Le Munyer.   226 Alors que de tes paroles nous ne donnons pas un sou (note 166).   227 Patati, patata. (Note 25.)   228 Ce mot était féminin : « Que malle poyson et venin/ Vous crève ! » (Le Povre Jouhan.) La mauvaise bosse est le bubon de la peste. Le mautac est une inflammation syphilitique : « Fuyez ce trou que le mau tac confonde ! » (Rondeau de la vérolle.) La mauvaise graine est la « grayne de Naples », comme l’appelle La Vigne dans ce même Mystère.   229 Au piège.   230 Crocodile. « Hideux cocodrilles,/ Vieulx aspis, orribles dragons. » ATILF.   231 Jeu de mots sur « rabi » (enragé), et « ravissant » (ravisseur). On accolait toujours une de ces deux épithètes aux loups. (Cf. Mallepaye et Bâillevant, vers 330.) « Gnac ! » transcrit, de nos jours encore, le bruit d’une morsure.   232 Le paletot.   233 Te faire bouillir. « Divers métaulx bricqueboillans et chaulx. » La Vigne, St Martin.   234 Te remplir d’eau, comme le vin que brouillent les taverniers.   235 L’assaut (note 10).   236 « En gros & sans entrer en discussion du détail…. Acheter des marchandise en bloc & en tasche. » Dict. de l’Académie françoise.   237 Et pour te couvrir de cloques dans la barque de Charon, qui fait traverser le fleuve des Enfers (note 199).   238 Ici ou là. (Idem vers 26.) « Tripiers en triperie/ Seront mis à bazac ;/ Trompeurs en tromperie/ Iront passer au bac,/ Soit d’aboc ou d’abac. » La Vigne, Complaintes et épitaphes du Roy de la Bazoche.   239 Paludéen, marécageux. Bulcibac = Bucifal, c’est-à-dire Bucéphale, le cheval d’Alexandre le Grand. Au Moyen Âge, il porte des cornes et il est anthropophage. Le Roman d’Alexandre met en valeur son caractère diabolique : « C’est une bête moult fière ; jamais de telle ne vit-on, félonnesse et hideuse. Cheval l’appelle-t-on. [Il a] la tête d’un bœuf, et les yeux d’un lion, et le corps d’un cheval ; pour cela, il a pour nom Bucifal. Quand on prend en ce royaume un traître ou un larron, jamais nul n’en fera justice sinon lui : à la bête on le livre, et il en fait destruction ; il en occirait bien 80 de suite. » <Je modernise le texte.>   240 Qu’un bubon ou un anthrax.   241 J’accours. Tric-trac imite le bruit des semelles en bois : « Ilz chaussent ungz vielz brodequins :/ Tric, trac, on traisne les patins. » Coquillart.   242 Ms : loubineux  (Loupin = digne d’un loup. « Violence loupine. » Godefroy.)  Dans ces 2 vers consacrés aux animaux monstrueux, le sennédoc doit être la sénédecte, une baleine qu’on accusait de couler les bateaux : « L’énorme sénédette/ Qui (…) verse tant de flos sur les prochains bateaus/ Qu’ils s’enfondrent soudain sous les baveuses eaus. » Du Bartas.   243 Punais, puant.   244 Sale basilic [serpent dont le regard tuait]. « Le basilicoc est li rois de toz les serpenz. » Godefroy.   245 Le sac dans lequel les diables emportent l’âme des pécheurs. « Quant l’âme vouldra desloger,/ En mon sac je la pourray prandre. » Le Munyer.   246 Possible jeu de mots sur « bout sac » : les diables font bouillir les âmes qu’ils tirent de leur sac. Cf. le Munyer, vers 452-453.   247 Faire zic-zac = faire l’amour. Cf. Frère Guillebert, vers 13. Astaroth est l’amant de l’exigeante Proserpine : voir la note 5 du Munyer.   248 Accourant en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Voir Marot, vers 18.   249 Le copiste a d’abord noté cremebundeux, puis il a biffé le « c » avec la barre verticale d’un « t ». Trémébundeux est un latinisme : qui fait trembler. « Tromperesse,/ Trémébundeuse. » (La Vigne.) Sous ton tillac : à fond de cale, où on enchaîne les mutins. « Fons de cale est l’espace qui est soubs le tillac inférieur. » (Georges Fournier.) « Les Mores enferméz soubz le tillac. » (Nicolas de Grouchy.)   250 Ne s’en aille à vau-l’eau. Voir la Fièbvre quarte, vers 4, et J’ay veu le temps que j’estoye à bazac.   251 Crapaud (note 164). Il manque après la césure un mot de 2 syllabes.   252 Échec. Il y a peut-être un jeu de mots sur « eschaque » : teigne.   253 Éthiopique ?   254 Béjaune : blanc-bec. Cf. le Monde qu’on faict paistre, vers 191 et 253.   255 Hippodraco : cheval-dragon. En 2010, un dinosaure fut baptisé hippodraco.   256 Bérith fait semblant de vomir en songeant à ce que Lucifer a pu manger. Cf. Gautier et Martin, vers 80.   257 Voici le texte dont découle le début du Résolu. Il se trouve dans l’Adolescence clémentine. J’utilise l’édition que Collerye a connue : celle de 1532, publiée par son futur éditeur, Pierre Roffet. Dans l’édition de 1538, la ballade s’intitulera : Du Jour de Noël. On peut constater que les mêmes rimes conviennent aux diables et aux anges, à la luxure et à la piété. Voir l’article de J.-C. Monferran.   258 Son petit bonhomme de chemin. Voir la Fièbvre quarte, vers 10.   259 Respectables. Dans ses épigrammes, Marot a glissé des bergères un peu moins respectables.   260 Flageolet, pipeau. Le rebec est un violon à trois cordes.   261 En mesure (note 19).   262 Jésus dans la crèche (le nid : note 18).   263 Élie et Hénoch sont des prophètes.   264 (Donnez-nous) une étoffe précieuse. « Deux chapes de nac vermeil. » Godefroy.   265 (Donnez-nous) votre con. « De Luc et Noc [du cul et du con] le bel assault ! » Le Vendeur de livres, vers 181 et note 91. Jean-François Sarrasin décrira en rimes cliquetantes une transaction de ce genre : « (Je) la priai qu’à moi, n’étant suspec,/ Baillât en main l’anagramme d’ÉNOC ;/ Non pas de l’É, mais seulement du NOC,/ Et prît en don chaperon de satin. »   266 Qu’au lever.   267 Ce sont des bergers. Marot a mis en scène une bergère prénommée Margot : « Un jour, Robin vint Margot empoigner/ En luy monstrant l’oustil de son ouvraige,/ Et sur le champ la voulut besongner… » Le surnom Clac nous ramène au verbe claquer : « Mon povre courtault (…) est recreu sus le sable ;/ De servir plus en cro[u]pe ne luy chault./ Las ! je l’ay veu porter la teste hault,/ Et claquer culz roidement en soursault. » Ms. fr. 1719.   268 Ici. Le durcissement du « c » par un « q » démontre que les rimes cliquetantes étaient sonores, à une époque où l’amuïssement de la consonne finale était de règle : nous disons encore un bro(c), ou un estoma(c).   269 En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire (note 248).   270 La tête. (Cf. la Résurrection Jénin à Paulme, vers 32.) Il s’agit là d’une lecture protestante ; pour les catholiques, c’est Marie qui écrase le serpent. De toute manière, cette légende n’est aucunement biblique : elle est païenne et concerne Héraclès (Hercule).   271 Le serpent ne risquait pas de dire, en étant ainsi détruit.   272 Une coquille de noix (note 24).   273 Au piège.   274 Comme un fou.   275 Encore des bergers.   276 L’envoi s’adresse à François Ier.   277 L’étable de Jésus.   278 Évangile selon saint Luc, II, 1-20. Voir J.-C. Monferran.   279 Marot a repris cette chanson normande pour écrire le Noël ci-dessus. Il en adopte la musique et le schéma métrique. Cependant, la chanson ne contient qu’une douzaine de rimes cliquetantes, et il manque l’envoi. J’utilise le Manuscrit de Bayeux.   280 En mauvais point.   281 Le sultan, un des personnages grotesques du carnaval de Rouen. Voir Jean-Pierre Legay, Vivre en ville au Moyen Âge, p. 264.   282 Ms : He  (Cette interjection purement musicale émane de la lettrine.)   283 De harengs.   284 D’éperlans. Dans les batailles qui font rage à la fin du Carnaval, les poissons armés sont les soldats de Carême ; ils combattent Mardi-gras. Le messager de la Bataille de Caresme et de Charnage est un hareng. Un des guerriers du Testament de Carmentrant se nomme Haren Soret. Dans la Bataille de sainct Pensard à l’encontre de Caresme, ce dernier utilise comme armes des « harens bien picquans » et des « flesches/ Empénées de harens soretz ».   285 J’en reçus plusieurs coups. « Regardez ce paillart haren,/ Comme il m’a marqué sur le nez ! » Bataille de sainct Pensard.   286 Ce proverbe signifie que les fous épuisent leurs provisions tout de suite.   287 En Armagnac.   288 Le duché de Milan. Les Français le gouvernèrent entre 1499 et 1513 ; notre chanson date de cette période.   289 Les ducs et les chambellans sont décorés de médailles, tout comme le nez de cet ivrogne est décoré de pustules rouges.   290 Mille pustules rouges à la suite. « Le dieu Bacchus, au nez plein de rubis,/ Verse le vin. » Gilles Corrozet.   291 Bien rangés.   292 La bouche.   293 Luisant plus qu’un melon. « Melons que l’en appelle poupons. » ATILF.   294 Cette « vallée brune » désigne le sexe de la femme, comme Valparfont [vallée profonde] dans le Tournoy amoureux.   295 Ce faux mot latin rime en -don. En bas latin, il pourrait venir de mœchari [commettre un adultère] : « Inflammentur ad concupiscendum & mœcandum. » (Hervæus.) Mais en très bas latin, il pourrait se traduire par musqué ou moussu, et désignerait alors la raie des fesses.   296 Avoir la dent sur : convoiter. « Il n’y a eu guères de roys en Portugal qui n’ayent eu la dent dessus. » Léon l’Africain.   297 Alors elle s’arrêta (normandisme).   298 Au trot. « Venir le tréton. » Godefroy.   299 Terminons avec cette autre chanson, dont Pierre Attaingnant publia la partition en 1528. Elle comporte 6 rimes en -ac.   300 Le maréchal de Lohéac mourut de vieillesse en 1486. L’anecdote mineure ici narrée doit être mise au compte d’un de ces soldats qui chansonnaient les hauts faits d’armes de leurs chefs, mais également leurs ridicules. (Un autre maréchal, Bugeaud, sera plus connu pour sa casquette que pour ses états de service.)   301 Par l’intermédiaire d’un morceau de hareng. « Harenc célerin ne doit point de coustume [de taxe]. » (Godefroy.) La marchandise des harengères n’avait pas une grande réputation de fraîcheur, et on pense aujourd’hui que beaucoup de ces maladies qu’on baptisait « fièvres » faute de mieux, étaient des intoxications alimentaires : « Harens frais & semblables sortes de poissons qui sont extrêmement doux & gras, lesquels se corrompent facilement & engendrent des fièbvres. » Angelo Sala.   302 Qui depuis longtemps aurait été mis à bas.   303 L’eau de plantain servait pour les gargarismes. Le métridat est un contrepoison dont on attribuait la formule au roi Mithridate. Cf. Tout-ménage, vers 86.   304 Onomatopée imitant le bruit de l’eau qui coule (note 186).   305 Du Rhin.   306 Qui aurait pu le remettre en train.   307 Pécheur.   308 Ce mot qui signifie dragon (v. ypodrac, note 255) est mis pour venin.