LA MAUVAISTIÉ DES FEMMES
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LA MAUVAISTIÉ
DES FEMMES
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Certaines femmes poussent l’obstination jusqu’à refuser de céder devant l’obstination de leur époux. Leur « mauvaiseté1 » s’exprime dans des joutes verbales et parfois physiques dont témoigne ce dialogue normand2 écrit au début du XVIe siècle.
Les deux époux n’ont aucune chance de s’entendre, car ils ne sont pas de la même étoffe : la femme se nomme Finette. Ce mot désigne un tissu de coton très fin. Le mari se nomme Rifflard ; ce mot désigne la laine la plus longue et la plus grossière d’une toison. Nos deux tourtereaux se volent dans les plumes en échangeant des noms d’oiseaux, pour savoir lequel des deux va mettre l’autre en cage. Et la gagnante est… ?
Sources : Recueil de Florence, nº 48, peut-être imprimé à Paris vers 1517,3 sous le titre : « La Mauvaistié des femmes. » Recueil du British Museum, nº 3, imprimé à Lyon entre 1532 et 1550 sous le titre : « L’Obstination des femmes. » (Cette farce n’a pas de rapport avec celle qui s’intitule la Ruse, meschanceté et obstination d’aucunes femmes.) J’utilise l’édition F <Florence>, et je la corrige tacitement sur l’édition BM <British Museum>.
Structure : Rimes plates, avec six triolets dont les 30 refrains, par leur côté itératif et obsessionnel, matérialisent les rabâchages du couple.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle
à deux personnages
C’est assavoir :
RIFFLART
et FINETTE 4
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LA MAUVAISTIÉ DES FEMMES
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RIFLART 5 commence [en chantant] :
Gens mariéz ont assez paine, SCÈNE I
À bien considérer leur cas.
Par chascun jour de la sepmaine,
Gens mariéz ont assez peine.
5 L’ung tracasse, l’autre pourmaine 6
De nuit, de jour, vélà le cas.
Gens mariéz ont assez peine,
À bien considérer leur cas.
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À besongner ne fauldray pas7 :
10 Car se ma femme survenoit,
Certainement el me batroit.
Nuit et jour ne fait que hongner8.
Il me fault aller besongner
Pour éviter son hault langaige.
15 Je vueil assouvir9 ceste cage ;
Ce sera pour mectre une pie.
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FINETTE SCÈNE II
Que fait Riflart ?
RIFLART
Quoy ? Dea, m’amye,
Je remetz à point ceste cage.
FINETTE
Esse tout ? Que la malle rage
20 Te doint Dieu, villain malostru !
Or dy : comme gaigneras-tu
Ta vie ? Tu ne veulx riens faire.
Du mal monseigneur saint Aquaire10
Puisse-tu estre tourmenté !
25 Et aussi, que malle santé
Te doint Celuy qui te forma11 !
RIFLART
Me mauldissez-vous ? Qu’esse-là ?
Dea, Finète, quant je me mis
En mesnage, tu me promis
30 Que feroye mon commendement ;
Et tu me maulditz, maintenant.
Fault-il qu’endure ? Qu’esse-cy ?
Je feray ceste cage icy,
Et deussiez-vous vive enrager !
FINETTE
35 Mais pour quoy faire ?
RIFFLART
Pour loger
Une pie : c’est ung bel oyseau.
FINÈTE
Et que dira-(e)lle12 ?
RIFFLART
« Maquereau13 !
Va hors ! Va, larron ! »
FINETTE
Que vous estes14 !
Hé ! Dieu, qu’il est de sottes testes !
RIFFLART
40 Je ne suis point macquereau, non.
FINETTE
Se la pie par vostre nom
Vous appelle, vous l’orrez15 bien.
RIFFLART
Je suis aussi homme de bien
Qu(e) homme qui soit, dessus16 mes piedz.
45 Et vueil bien que vous le saich[i]ez :
Puisque je l’ay mis en ma teste,
Ce ne sera pour autre beste
Que pour une pie, je le vueil !
FINETTE
Se17 vous en aviez plus grant dueil
50 – Et deussiez de courroux crever
Et de male rage enrage[r] –,
Par la tocque bieu18, non sera !
Ung cocu19 on y boutera,
Entendez-vous bien ?
RIFFLART
Ung cocu ?
55 J’aymeroye mieux perdre ung escu !
Comment ! en serez-vous maistresse20 ?
Je mourroye plustost de destresse !
[Certe,] une pie y sera mise.
FINETTE
Certes, j’en feray à ma guise,
60 Vueillez ou non !
RIFFLART
Voire, Finette,
Que jamais on ne m’en quaquette21 :
G’y mettray une pie.
FINETTE
Vous, paillart !
Vueillez ou non, par Dieu, Rifflart,
Je mettray ung cocu dedans !
RIFFLART
65 Vous en mentirez par les dens22 !
Par le sainct sang que Dieu me fist23 !
Puisque je l’ay dit, il souffist,
Finette, n’en quaquetez plus !
Ou, foy que doy au roy Jésus,
70 Ung coup aurez sur la narrine !
FINETTE
Foy que doy saincte Katherine !
Vous ne le porterez pas loing24.
Je vous bailleray sur le groing,
Entendez-vous, villain jaloux ?
RIFFLART
75 Et ! belle dame, taisez-vous !
Paix !
FINETTE
Pour qui ?
RIFFLART
Taisez-vous, mèshuit25 !
FINETTE
Pour ung loudier26 ? Pour ung yvrongne ?
RIFFLART
Encore ?
FINETTE
Fy-fy27 !
RIFFLART
C’est trop dit !
Paix !
FINETTE
Pour qui ?
RIFFLART
Taisez-vous, mèshuit !
FINETTE
80 Me tairé-ge pour ung [ mauldit,
Pour ung homme qui tousjours grongne ?28
RIFFLART
Paix !
FINETTE
Pour qui ?
RIFFLART
Taisez-vous, mèshuit !
FINETTE
Pour ung loudier ? Pour ung ] yvrongne ?
RIFFLART
Avoir pourrez sur vostre trongne !
FINETTE
85 De qui ? De vous ?
RIFFLART
Et de qui doncques ?
FINETTE
Faictes, faictes vostre besongne !
RIFFLART
Avoir pourrez sur vostre trongne !
FINETTE
Par Nostre Dame de Boulongne !
Je ne vous crains en rien quiconques29.
RIFFLART
90 Avoir pourrez sur vostre trongne !
FINETTE
De qui ? De vous ?
RIFFLART
Et de qui doncques ?30
Par la mort bieu ! je ne vy oncques
Femme qui eust telle caboche !
Mais que j’aye cy mis une broche31,
95 Ma cage sera assouvie32.
FINETTE
Et qu’i mettra-l’en33 ?
RIFFLART
Une pie.
FINETTE
Mais ung cocu !
RIFFLART
Mais ung estronc34 !
Laissez-moy faire35 !
FINETTE
Quel folie !
Mais qu’i mettra-l’en ?
RIFFLART
Une pie.
100 Elle sera cointe36 et jolie ;
Et si, sera à demy ront37.
FINETTE
Mais qu’i mettra-l’en ?
RIFFLART
Une pie.
FINETTE
Mais ung cocu !
RIFFLART
Mais ung estronc !
Aussi tost que les gens l’orront
105 Appeler38 « macquereau ! », siffler,
Par mon âme, ce sera fer39 !
Il n’en fault point parler du pris40.
FINETTE
Ung cocu dedens sera mis,
Qui est ung oyseau de grant bien.
RIFFLART
110 Par ma foy, il n’en sera rien !
Et ne m’en parlez plus, Finette !
Aussi tost qu’elle41 sera faicte,
G’iray une pie acheter.
FINETTE
Pour quoy faire ?
RIFFLART
Pour y bouter.
FINETTE
115 Saint Jehan ! mais ung cocu jolis.
RIFFLART
Si sur vous je gecte mes gris42,
Vous direz « une pie43 ».
FINETTE
Feray ?
Par Dieu, ennuit44 ne me tairay !
[Dictes « ung cocu »]45, oyez-vous ?
RIFFLART, en frappant
120 La chair bieu ! vous aurez des coups,
Tenez ! Dictes « une pie ». Ferez ?
FINETTE
Mais ung cocu !
RIFFLART
Vous en aurez
Plus de cent coups, n’en doubtez mye,
Ou « une pie » vous nommerez46.
FINETTE
125 Mais ung cocu !
RIFFLART
Vous en aurez !
FINETTE
C’est pour neant47 : avant, me tuerez.
RIFFLART
Dictes « une pie », je vous prie.
FINETTE 48
Mais ung cocu !
RIFFLART
Vous en aurez
Plus de cent coups, n’en doubtez mie !
130 Cuidez-vous que soit mocquerie ?
Il fault que je vous serve49 à bon.
FINETTE
Me tueras-tu, traistre larron,
Méseau50 pourry ? Que veulx-tu faire ?
Je conteray tout ton affaire
135 Au maire51 de nostre village.
Tu ne te vis52 que de pillage,
Sanglant bougre53 d’un vieil thoreau !
Je te donray54 sur le museau,
Se tu me frappes aujourd’uy !
RIFFLART
140 Par Dieu ! si vous parlez mèshuy
De cocu ne de tel oyseau,
Je vous casseray le museau,
Tant vous donray de horions55 !
Taisez-vous donc, et ne disons,
145 Chascun, mot56 ; et je vous en pry.
F[I]NETTE
Que je me taise ? Je t’affy
Que c’est bien envis57, par ma foy !
RIFFLART
Certes, Finette, je t’en croy…
Or dy doncques, je te supplye,
150 Que ma caige est pour une pie ;
Car je l’ayme bien58, entens-tu ?
FINETTE
Et ! par Dieu, c’est pour ung cocu !
Jamais ce propos ne lerray59.
RIFFLART
Mais pour une pie !
FINETTE
[Quel testu !]60
155 Et ! par Dieu, c’est pour ung cocu !
RIFFLART
Je te donneray ung escu,
Et le dy61.
FINETTE
Sainct Jehan, non feray !
[Et !] par bieu, c’est pour ung cocu :
Jamais ce propos ne lerray.
RIFFLART
160 (Au fort, tout luy accorderay,
Je n’y voy point de meilleur62 voye.
Le sang bieu ! avant la turoye
Qu’elle changast [d’]oppinion63.)
FINETTE
Par saint Jehan ! ce ne feray mon64,
165 Car jà pie n’y sera mise.
J’en feray tout à ma devise65.
Tu m’as rompu tout le(s) costé(s)66.
Ung cocu y sera bouté,
Et ne m’en tiens plus de langaige ;
170 Ou, en despit de ton visaige,
[Se mettre y veulx nul]67 contredit,
Je la brûleray68 par despit !
Entens-tu, [Rifflart] ?
RIFFLART
Belle dame,
Je suis bien mari69, par mon âme,
175 Que vous avez si malle70 teste.
Les gens si me tiendroyent pour beste
Se n’estoye maistre en ma maison ;
Aussi esse droit et raison,
Aultrement ne seroye pas saige.
FINETTE
180 Cela n’est pas à nostre usaige71,
Et ne sert72 point à mon propos.
Femmes n’ont jamais le bec clos,
Et ce n’est pas de maintenant73 !
En ta caige, certainement,
185 Y mettré ung joli cocu.
Or dy : le m’achetteras-tu,
Ou se je l’iray acheter ?
RIFFLART
J’ayme mieulx le vous apporter,
Car j’en trouveray mieux que vous…
FINETTE
190 À quoy dea[b]le congnoistrez-vous
S(e) il est mâle ou [s’il est] fumelle74 ?
RIFFLART
Regarder luy fault soubz l’esselle75,
Finette : là le congnoist-on.
FINETTE
Entour Noël76, en la saison,
195 [Ilz] chantent soubz la cheminée77 ;
C’est [là] une chose esprouvée.
RIFFLART
Or allons, vous et moy, chercher
Se ung [nous] en pourrons trouver
– Pour bouter dedens vostre78 cage –,
200 Qui gouvernera le mesnage79
Tandis que g’irons80 au marché.
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Bonnes gens, vueillez prendre en gré.
Nous en allons par-cy le pas,
Ung chascun selon son degré81.
205 Vueillez prendre en gré nos esbatz !
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FINIS
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1 Que Jean de Marconville étudiera en 1564 dans De la bonté et mauvaistié des femmes. 2 Plusieurs tournures normanno-picardes ont résisté aux éditeurs parisiens et lyonnais : vers 23, 37, 66, 93, 96, 105, 116, 191, 201, etc. 3 D’après Jelle Koopmans : le Recueil de Florence, Paradigme, 2011, pp. 673-680. 4 Une jeune fille porte ce nom dans la farce des Femmes qui vendent amourettes (F 38). 5 Il est seul dans son atelier d’artisan. Au lieu de travailler, il répare une cage en osier. Il chante un rondel (que le ms. Phillipps 3644 baptise Rondeau). Dans la Confession Rifflart, le personnage éponyme obéit lui aussi aux volontés de son épouse. 6 Le mari se décarcasse, la femme va et vient. 7 Je ne m’abstiendrai pas de travailler. 8 Elle ne fait que grogner. 9 Finir de rafistoler. Idem vers 95. 10 « On appeloit ceux qui acquèrent, qui gagnent : pèlerins de St Aqaire. » La Curne de Sainte-Palaye. 11 Que le Créateur te donne une mauvaise santé. 12 L’aphérèse du « e » de (e)lle après un futur confirme l’origine normanno-picarde de la pièce. « Sy en sera-’lle resjouye. » Marchebeau et Galop. 13 On dressait des oiseaux parleurs pour qu’ils insultent les visiteurs, notamment ceux qui venaient voir la maîtresse de maison. Clément Marot se plaint que les femmes de Paris traitent quelqu’un de « maquereau,/ Comme une pie en cage injurieuse ». Voir aussi la Résurrection de Jénin Landore : « –Quand on met une pie en cage,/ Que luy aprent-on de nouveau/ À dire ? Parle ! –“Macquereau.” » 14 Maquereau vous-même ! 15 F : lornez — BM : lorres (Orrez est le futur du verbe ouïr.) Vous entendrez bien que vous êtes un maquereau. 16 Leçon BM. F : sur (Quand je suis debout : quand je ne suis pas ivre.) 17 Même si. 18 De Dieu. Pour ne pas jurer sur le corps de Dieu, on jure sur ses vêtements. « Par les patins bieu ! » Te rogamus audi nos. 19 Un coucou. « Cocu » est le second degré traditionnel : « J’ay une autre forest/ Où tous les jours le cocu chante. » (Le Faulconnier de ville.) La femme veut mettre en cage un cocu semblable à son mari, lequel veut y mettre une pie qui passe son temps à jacasser, comme son épouse. 20 Est-ce vous qui commanderez ? 21 La femme caquette, comme une pie. De même au vers 68. 22 Votre bouche n’aura pas dit la vérité. « Vous y mentirez par les dens ! » Actes des Apostres. 23 « Par le sainct sang que Dieu me fist/ (Puisqu’il fault jurer en piquart) ! » Éloy d’Amerval. 24 Vous ne l’emporterez pas au Paradis. 25 Maishui, à présent. 26 Pour un vaurien comme vous. Cf. le Mince de quaire, vers 229. 27 F et BM : Fy fy fy (Voir la note 193 du Munyer.) La femme traite son époux de Fy-fy, de merdeux. On comprend la réplique offusquée de Rifflard. 28 Un « bourdon » a mutilé ce triolet. Je reconstitue le vers qui a sauté en m’inspirant de Raoullet Ployart, qui, d’après sa femme, « tousjours tence, riotte ou grongne ». 29 En rien du tout. « –Or ne riez point. –Rien quiconques,/ Mais pleureray à chaudes larmes. » Pathelin. 30 F répète dessous : Par la mort bieu / Et de qui donques 31 Lorsque j’aurai mis ici une tige pour obstruer l’ouverture. 32 Terminée. 33 Qu’y mettra-t-on ? « L’en » est surtout employé en Normandie : cf. Pates-ouaintes, vers 66, 77, 94, 210, 313, 401, 522. 34 Cet étron virtuel met fin aux contestations. « –Malade suis. –Mais ung estront ! » Le Povre Jouhan. 35 Laissez-moi finir ma cage. 36 Gracieuse. « Ma femme sera coincte et jolie comme une belle petite chouette. » Rabelais. 37 Et aussi, elle aura « les plumes de sa queüe estalées en demy rond », comme celles du paon dans les armoiries. Voir le Trésor héraldique ou Mercure armorial. 38 L’entendront crier. 39 Ce sera grandiose. « À ceste foys, nous ferons fer ! » (ATILF.) Fer rime avec sifflèr, à la manière normande. Vaugelas déplorera qu’en Normandie, on prononce l’infinitif aller « tout de mesme que si l’on escrivoit allair ». 40 Peu importe son prix. 41 Que la cage. 42 Mes griffes. Cf. Tout-ménage, vers 61. Ce normandisme désigne également les serres d’un oiseau. 43 Il n’y a là aucun rapport avec l’expression « dire pie » ; v. la note 66 des Coppieurs et Lardeurs. 44 Anuit, aujourd’hui. 45 F : Dung cocu — BM : Dictes pie 46 F : mommeres (Les vers 123-125 manquent dans BM.) Un fragment de sottie qui suit la moralité de Digeste Vieille fait allusion à ce passage, à moins que notre farce ne s’inspire de ladite sottie : « On luy livre sy durs assaulx/ Qu’i n’ose nommer une pie…./ Et vous plaise de prendre en gré,/ Se le coqu gaigne la pie. » 47 Ça ne sert à rien. (« Nian » compte pour 1 syllabe.) Vous me tuerez avant que je ne capitule. 48 F et BM intercalent un vers dans le triolet ABaAabAB : Non feray par sainte marie 49 Leçon BM. F : fine (« Servir au bond » est une action du jeu de paume.) 50 Lépreux. Ce mot ne servait plus que d’insulte : cf. la Laitière, vers 265. 51 Le maire est officier de justice. Cf. Colin, filz de Thévot le maire, vers 23-24. 52 Tu ne te nourris. « Que les loups se vivent de vent. » François Villon. 53 Homme qui copule avec des animaux. « Bougre à chièvres. » (Scarron.) Cette accusation n’était pas anodine : la bestialité était punie de mort. Jody Enders, qui a eu la bonne idée d’adapter notre farce en américain, traduit ce vers ainsi : « Fuck you and bugger off, you crook ! » (Holy Deadlock and further ribaldries, pp. 118-134.) 54 Leçon BM. F : donneray (Je corrige le même défaut à 143.) Je te donnerai un coup. 55 De coups. Avec la diérèse, ho-ri-ons fait 3 syllabes. 56 Et qu’aucun de nous ne dise un mot. Dans le Chauldronnier et dans les Drois de la Porte Bodés, un couple s’écharpe jusqu’au moment où il décide de se taire, le premier qui parle ayant perdu. 57 Je t’affirme que c’est bien malgré moi. Dans le Chauldronnier, la femme avoue : « Et moy, qui me tais bien envys. » 58 Aimer la pie = aimer boire du vin. Cf. le Roy des Sotz, vers 222. Rifflard est porté sur la boisson : vers 44, 77. 59 Je ne laisserai. 60 F : Ay non feray (L’éditeur a mélangé ce 3e vers du triolet, qui rime en -u, avec la rime de 157. « Un mary testu et génin. » Le Trocheur de maris.) BM omet les vers 154-159. 61 Si tu dis qu’on y mettra une pie. 62 F et BM : meilleure (« J’en eusse ung peu meilleur mémoyre. » Trote-menu et Mirre-loret. « Dedans la meilleur de noz chambres. » La Confession Margot.) 63 Elle se laisserait tuer plutôt que de changer d’avis. 64 Jamais je ne changerai de langage. Finette, qui n’a pas entendu l’aparté de Rifflard, complète sa tirade 157-159. 65 Selon ma volonté. « Là où jouë l’obstination des femmes, elles veulent tousjours vaincre & emporter le dessus. » Pierre de Larivey. 66 La rime est au singulier, comme dans BM : tout rompu le couste. À partir de maintenant, les rôles, ou plutôt les genres, sont inversés : Finette tutoie son mari, qui se met à la vouvoyer. 67 F : Se mtttre y veulx — BM : Ce mettrcy veulx (« Je n’y mectray nul contredict. » Sœur Fessue.) 68 Je brûlerai cette cage en osier. 69 Marri, fâché. Jeu de mots banal sur « mari ». 70 Si mauvaise. L’auditoire pouvait comprendre : si mâles testes [des testicules si masculins]. Voir la note 99 du Faulconnier. 71 Dans nos habitudes (que vous portiez la culotte). 72 Leçon BM. F : seroit (« Ostez hardiement ceste clause,/ Elle ne sert pas au propos. » Les Sotz qui corrigent le Magnificat.) 73 Cela remonte à Ève. Finette parle du « bec » des femmes : on ne quitte pas l’ornithologie. 74 Femelle (normandisme). V. la note 159 de Frère Frappart. Finette veut un mâle, car c’est lui qui chante le fameux « cou-cou ». Des marchands de coucous arpentaient les rues en criant : « Je fais le coqu, moy ! » On peut en entendre un dans les Cris de Paris, de Clément Janequin. 75 Si le coucou est épilé sous les ailes, c’est une femelle. Dans les étuves, les femmes se faisaient épiler, ou raser. « Qui oste le poil des aiscelles à ceuls qui vont aux estuves. » Robert Estienne. 76 Ce dialogue fut peut-être joué un 28 décembre, à l’occasion de la Fête des Fous. 77 Le coucou est un migrateur qui revient en France au printemps ; si on l’installe en hiver sous le large manteau d’une cheminée (seul endroit chaud et lumineux de la maison médiévale), il croit que le printemps est de retour, et se met à chanter. Mais on peut s’interroger sur ce cocu qui chante devant une cheminée, alors que le mot « cheminée » est synonyme de vagin : cf. le Ramonneur de cheminées. 78 La cage appartient désormais à la femme, comme tout le reste. 79 La maison. 80 Que nous irons. C’est du moins l’avis de John Palsgrave qui, en 1530, a cité les vers 39 et 201 de notre pièce, et qui reproche aux Français de dire : « Hee Dieu, qu’il est de sottes testes, for : Il y a de sottes testes. And : Faictez-le ce pendant que g’yrons au marché, for : Nous yrons. » (L’Esclarcissement de la langue françoyse.) La réalité est plus ambiguë, et bien souvent, le provincialisme « j’irons » se traduit par « j’irai » : « J’irons, pour vous, courir la prétentaine. » (Hauteroche.) On peut en conclure que, désormais, c’est Rifflard qui fera les courses à la place de Finette. 81 Chacun marchant à la place qui lui revient ; en l’occurrence, la femme devant et l’homme derrière. Même vers dans Pour porter les présens, et dans les Femmes qui font escurer leurs chaulderons.