LE TESMOING
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LE TESMOING
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On a pris l’habitude injustifiée de baptiser cette farce sans titre l’Oficial, du nom d’un de ses personnages qui ne déclame que 79 vers. Le rôle principal (187 vers) n’est pas ce juge qui – circonstance aggravante dans une farce – est honnête et compétent, ni la fille déshonorée qui voudrait bien épouser son joli suborneur, ni le garçon qui abusa de sa naïveté en lui promettant le mariage, ni la mère un tant soit peu maquerelle qui connaît mieux les lois qu’un juriste. Non, le clou du spectacle, c’est le témoin : ce vieux radoteur au langage archaïque et patoisant ne cesse d’opposer la perfection (toute relative) de l’ancien temps, à la décadence du monde moderne. Au Moyen Âge, on trouvait déjà que c’était mieux avant. Au XIVe siècle, le poète Eustache Deschamps regrettait le XIIIe siècle, où on préférait le XIIe, qui ne valait pourtant pas le XIe, tellement inférieur au Xe… Faute de titre, j’ai donc pris la liberté de mettre en valeur le Tesmoing.
Cette farce rouennaise date de la première moitié du XVIe siècle. L’auteur connaît son métier : il commence in medias res et expose son intrigue avec un grand naturel.
Je recommande la mise en scène de la Farce du Témoin menée tambour battant (20 minutes !) par des étudiants diplômés et des professeurs de l’Université de Western Ontario, à London (Canada).
Source : Manuscrit La Vallière, nº 22.1 Un censeur a barré en tout 14 vers qui avaient un lointain rapport avec l’Église, et leur a substitué des niaiseries dont je n’ai pas tenu compte. (Voir la notice du Raporteur.) Dans les rubriques, il a systématiquement remplacé L’OFICIAL par LE JUGE : un official est un juge ecclésiastique ; tout ce qui entoure le sacrement du mariage dépend de lui, et non d’un juge civil. La farce du Clerc qui fut refusé à estre prestre fait aussi appel à l’official de Rouen.
Structure : Rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle
à cinq personnages
C’est asçavoir :
LA MÈRE
LA FILLE [Marion]
LE TESMOING [Guillot des Noix]
L’AMOUREULX [le beau Colin]
et L’OFICIAL
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LA MÈRE commence SCÈNE I
Par la † Dieu2 ! j’aymeroys myeulx
Luy avoir crevé les deulx yeulx
Que je n’en eusses la raison3 !
Faire à4 ma fille, en ma maison,
5 Et puys dire, pour tout potage :
« Y n’y a poinct de tesmoingnage
Pour le preuver5. » On le voeyra6…
LA FILLE
Par ma foy ! bien faict ce sera :
C’est un trompeur, est pas7, ma mère ?
LA MÈRE
10 A ! que j’ey de douleur amère
De ta fortune8, Marion !
Il fault que nous te marion,
S’y debvoyt9 tout fol enrager.
LA FILLE
Et, dea ! pourquoy vint-il rager10
15 Tant de foys, comme vous savez ?
LA MÈRE
A ! Marion, pas vous n’avez
L’esprit encor assez propice
Pour vous garder de la malice
De tel deable.
LA FILLE
Vous dictes vray.
LA MÈRE
20 Sy veulx-je sçavoir [et sçauray]11
Qu’en dira le juge, par Dieu !
Je me suys trouvée en mainct lieu
Où j’ay faict consultation
Du cas ; mais la probation12
25 Nous fera gaigner nostre cause
Avec, se j’entens bien, la clause13.
Tu congnoys bien Guillot des Noix14 ?
LA FILLE 15
Ouy, ma mère, je le congnoys :
C’est celuy qui trèsbien l’oÿst,
30 Quant à ma16 chambre m’encloÿst,
Et qu’il disoyt :
« Ma Marion,
Trèsbien ensemble nous serion ;
Voulez-vous pas estre ma femme ? »
Quant luy respondis, sur mon âme,
35 Que j’en estoys trèsbien contente,
Lo[r]s y fist tout à son entente17,
Car ainsy vous me l’aviez dict18.
Guillot est homme de crédict,
On le croiera du premier coup.
LA MÈRE
40 C’est très bien dict. À coup19, à coup !
Je m’en voys, sans me contrister20,
Chercher sergent pour le citer21.
Je croy qu’il n’y faillira pas.
LA FILLE
Alon, ma mère, pas à pas ;
45 Sa maison22 n’est pas loing d’icy.
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L’OFICIAL entre SCÈNE II
Il y a long temps que n’issy23
Hors du logis pour aler veoir
Mes24 gens, et faire mon debvoir ;
Je m’y en voy tout maintenant.
50 Celuy qui est Droict maintenant25
Est prisé de Dieu et des hommes.
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La Fille et la Mère, parlant ensemble
dens la salle 26, revenant du sergent.
LA FILLE SCÈNE III
Mère, c’est icy, nous y sommes.
LA MÈRE
Ce chemin est beaucoup plus court.
LA FILLE
Par mon serment ! voécy la Court,
55 Je le congnoy27. Et ! que de gens !
Que l’on médise des sergens
Qui28 vouldra ; trèsbien je m’en loue.
Il ne me fera plus la moue29,
Le trompeur30. Monsieur le sergent
60 A esté bien fort diligent
De le citer31 : voécy la lestre,
Où il ne fault oster ne mectre32.
La voélà, la relation33 !!
L’OFICIAL
Mon Dieu, quel exclamation !
65 D’où vient ce grand bruict et tempeste ?
LA MÈRE
Marion, tu es fine beste :
I[l] fault finement sermonner34.
L’OFICIAL
Ceulx[-cy me fault questionner]35
De leur procès.
LA MÈRE
Dieu vous gard, sire !
L’OFICIAL
70 Or çà ! qu’avez-vous à me dire ?
LA MÈRE
Monsieur, la plus grand traÿson,
Meschante[té] et déraison36
Que vous ouÿstes de vostre âge37 !
L’OFICIAL
Or bien. Qui est le personnage
75 Qui vous a faict tel déshonneur ?
LA MÈRE
Ce n’est pas un trop grand seigneur,
C’est un nommé le beau Colin.
Que le chault mal sainct Mathelin38
Luy puisse ronger la cervelle !
80 J’avoys une fille très belle ;
Le meschant l’a déshonorée.
Et voécy la povre esplourée,
Qui de luy justice requiert.
L’OFICIAL
Est-il cité comme il afiert39 ?
85 Aultrement, n’y saroys que fère40.
LA FILLE 41
Que pour cela on ne diffère42 :
En voécy la relation.
LA MÈRE
O ! quelle babillation43 !
Laisse-moy parler, sy tu veulx !
90 Monsieur, de Colin je me deulx44,
Qui a ma fille viollée,
Puys dict qu’i ne l’a acollée,
Combien qu’i luy ayt, sur bon gage,
Promys sa foy en mariage.
L’OFICIAL, parlant à la Fille :
95 Est-il vray ? Or dictes, ma mye.
LA FILLE
Je n’estoyes pas sy endormye
Que ne me soyes bien aperceue
D’avoir esté ainsy déceue.
Mais à nul mal je n’y pensoy[e]s.
L’OFICIAL
100 Colin, vien cy, où que tu soyes !
Aultrement, te mès en deffault45.
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LE BEAU COLIN entre SCÈNE IV
Il [ne] me fault crier plus hault46 :
Me voécy à vostre présence.
L’OFICIAL
Or vien çà ! Par ta concience,
105 As-tu congneu charnellement
Ceste fille icy ?
COLIN
Elle ment,
Je m’en raporte à tout le monde.
LA MÈRE
Y ment, le malureux immunde !
Je le veulx prouver fermement.
L’OFICIAL 47
110 Or le prouvez donc vitement,
Je vous en donne tout loysir.
[COLIN]
Male mort me puisse saisir
Sy je luy fis48 rien de ma vie !
LA MÈRE 49
Par la doulce Vierge Marye !
115 Monsieur, sans atendre plus loing,
Voécy à présent mon tesmoing ;
Examinez-le50, s’il vous plaist.
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L’OFICIAL SCÈNE V
Tesmoing, parlez sans plus de plaist51.
Vous jurrez52 par la Passion
120 De Dieu, par53 la salvation
Ou dannation de vostre âme
(Ou vous puissez estre soublz lame54
Dedens quatre jours enfouy),
Que vous me direz vray ?
LE TESMOING entre 55
Ouÿ,
[Je le jure par l’Évangille !]56
125 Monsieur, je ne suy sy habille57
Pour en sçavoir juger sy bien.
Je ne vous mentiray de rien.
Je vous diray ce que j’en say58.
Au temps passé, que commensay
130 À devenir frisque59 et dispos,
On mectoyt chopines et pos60
Sur la table, et ne servoyt-on
En buffect61 par un valeton,
Comme on faict en ce temps icy62.
L’OFICIAL
135 Et à quel propos tout cecy ?
LE TESMOING
Monsieur, monsieur, sauf vostre grâce,
Il ne faloyt farder sa face
Pour sembler belle à son amy.
On ne parloyt mot ne demy63
140 De mules qui ne mengent poinct64.
L’OFICIAL
Vrayment, voécy un aultre poinct ;
Que veulx-tu dire par ce dict ?
LE TESMOING
Je dis qu’on chevauche à crédict,
En espargnant avoyne et foing.
145 Il n’estoyt poinct sy grand besoing
De décroter65 robe à vasquine
Pour madame la musequine66 ;
Ny de Monsieur l’acoustrement,
Qui chevauche en cuir seulement67.
150 Ô chambèrières bien fasch[é]es
De veoir sy bien enharnach[é]es
Voz mêtresses de belle crote !
Page, alez quérir une hote :
Vous l’emplirez certainnement
155 Des fenges qui ont plainement
Gasté la robe à vostre maistre.
Par mon âme ! on deust mener paistre
Ces muletons, muleurs68, muliers69
Qui, pour ne gaster leurs souliers,
160 Mectent grand-peine, pour [ce jour]70,
Se rompre le col nuict et jour
À faire la tourne-bouelle71.
Au temps de la dague à rouelle72
Et des souliers à la poulaine73,
165 On ne faisoyt telle fredaine
Ne74 telles folyes, mydieulx !
L’OFICIAL
Mais qu’esse-cy ?
LE TESMOING
Je suys des vieulx :
Je parle de long temps, Monsieur.
L’OFICIAL
Vous estes un plaisant rieur.
170 Respondez à ce qu’on demande.
LE TESMOING
Monsieur, monsieur, la chose est grande75 :
Il y fault de plus loing venir.
J’ey veu c’on faisoyt convenir
Tout le monde en Court de l’Église76.
175 J’ey veu qu’on ne prenoyt chemise
Fors que de deulx moys en deulx moys77.
J’ey veu la mesure de boys
Estre pour six beaulx soublz donnée78,
Qui a bien valu ceste année
180 Quarante-six ! C’est piteulx cas.
J’ey veu qu’i n’estoyt advocas
Que deulx ou troys en ceste ville79.
J’ey veu deulx cens cas, voyre mille,
Qui sont au renq des trespassés80.
L’OFICIAL
185 Encore n’esse pas assez81 ?
Sus, respondez82 sans faulte nulle !
LE TESMOING
J’ey veu qu’i n’estoyt83 c’une mulle,
Et une seulle Damoyselle84
En ceste ville, layde ou belle ;
190 Maintenant, on en voidt un cent.
Je ne say pas que cela sent85,
Sinon que tous nobles deviennent86 ;
Et sy plus d’aultres en surviennent,
Adieu vous dy la marchandise87 !
195 J’ey veu qu’on ne parloyt de Frise,
De vasquines ne vertugales88 ;
Mais la maladye de galles 89
En a trouvé l’invention.
J’ey veu qu’on disoyt un « s[a]yon90 » ;
200 Maintenant, c’est un « casaquin ».
Dont est venu le damasquin91
Qu’on grave en espée ou [en] dague ?
Pour vray, ma dame saincte Brague92
En fust la première inventrice.
205 J’ey veu qu’on ne trouvoyt nourice93
Dedens la ville de Rouen ;
Mais94, j’asseure, par sainct Ouen,
Que pour une, on en trouve douse.
D’où vient que tout chacun se house95
210 Pour se pourmener à l’église ?
Par mon âme ! quant je m’avise,
Tout est tourné à la rebours96.
Les moutons d’or97 n’ont plus le cours :
On ne parle que de ducas98.
215 Et pour99 l’or à douze caras,
On en faict bien à .X., et huict100.
J’ey veu qu’on ne blessoyt de nuict
Les passans, comme l’on veoyt fère.
Maintenant, tout est à refère,
220 Et tourné c’en dessus dessoublz.
Du temps qu’on disoyt mésuroulz101,
On ne parloyt poinct de catère102 ;
Maintenant, n’y a eau103 ne terre
Qui ne soyt toute catéreuse104.
225 Ô que la femme estoyt heureuse
Et riche, qui au temps passé,
Portoyt [un surcot]105 rebrassé
De belle sarge ou ostadine106 !
Ô qu’elle sembloyt [bien] godinne107,
230 Qui avoyt en toute108 saison
Robe de drap en sa maison,
Fourée de beaulx dos de gris109
Ou de grignos ! Ventre sainct Gris !
Y m’est advis que je les voy.
L’OFICIAL
235 (Je croy qu’il est tout hors de soy.)
Mon amy, parle[z] à propos.
Je croy qu’avez rinché les pos110.
Je ne parle du temps jadis.
Respondez à mes propres dis :
240 Avez-vous veu le beau Colin
Avoir faict le « heurte-belin111 »
Avec ceste fille présente ?
LE TESMOING
Vous ne voulez pas que je mente ;
Aussy ne veulx-je, mon seigneur.
245 Acoustez112, voécy le greigneur
Compte que vous oÿstes onques113.
L’OFICIAL
Or sus, amy, despeschez donques !
Je ne veuil estre icy mèsuy114.
LE TESMOING
Encor[e] ne say-ge où j’en suy…
250 Atendez, Monsieur : je disoys
Que le monde est crû de .X. foys
Plus grand qu’il n’estoyt de mon temps115.
Et pource que bien je n’entens116
(Car tout est changé, comme on voyt)
255 Sy on le faict comme on souloyt117,
Je ne say que je vous doys dire.
Mais sy vous dirai-ge sans rire
Et sans mentir, que sy on faict
L’œuvre118 des noces en effaict
260 Comme on faisoyt au temps passé,
Tout en est moulu et cassé119.
Je le jure certainnement.
L’OFICIAL
Tu le pence donc vrayement ?
LE TESMOING
Ouy, Monsieur. Et sy, le tesmoingne120,
265 Sy on faict ainsy la beso[i]ngne
Comme on faisoyt quant je fus né.
L’OFICIAL
C’est honnestement tesmoingné.
Tu les vis donc tous deulx ensemble ?
LE TESMOING
Ouÿ, Monsieur, comme il me semble.
270 Mais Marion estoyt dessoublz.
L’OFICIAL
Quans escus, quans testons ou soublz121
Luy bail[l]a-il ?
LE TESMOING
Je n’en say rien,
[Monsieur.] Mais je vous diray bien
– Et jurray122 sur ma conscience –
275 Qu’el prenoyt tout en pacience,
Et sans crier fort haultement.
« Faictes ! » (dict-el tout bellement.)
« Colin, vous estes bel et sage :
Mais c’est à nom123 de mariage,
280 Entendez-vous, mon doulx amy ? »
Colin ne faisoyt l’endormy,
Mais ce mot un peu luy despleust124.
L’OFICIAL
Toutefoys, en fin, le voulust ;
Feist-il pas ?
LE TESMOING
Ouy, Monsieur, sans faulte.
285 Car elle avoyt la jambe haulte,
L’une sur l’aultre fermement125,
Qui n’estoyt grand esbatement
Au pauvre Colin, qui mouvoyt126.
Mais elle dict qu’il ne feroyt
290 Rien qui fust sans qu’il fist promesse
De l’espouser à la grand-messe,
En l’église de leur vilage.
Colin disoyt :
« Huy, huy : formage127 ! »
(Contrefaisant la basse voix.)128
295 « Un formage ? Par saincte Croix !
Pour un fourmage, n’en feray
Un coup tant que vive seray ! »
(Dict-elle.) Ce voyant, Colin
Se laissa mener en belin129
300 Et bender130. Tout à son bel aise,
Y vous la tâtonne, y la baise,
Y vous la couche sur le dos,
Et après cinq ou sis bons mos,
Feist entrer Geufray au bissaq131 !
305 Le châlic[t]132 faisoyt tic et taq,
Cric, crac, cric, croq ! C’estoyt merveille.
L’OFICIAL
Par où l’oyès-tu ?
LE TESMOING
Par l’oreille,
Car on n’ot pas du boult du nes133.
J’avoys rompu le boult d’un ays134
310 D’entre leur maison et la mienne,
Bien que chascune m’apartienne ;
Et par là, voy[oy]es clèrement
Tout leur joly contentement
Que je vous ay cy racompté.
L’OFICIAL
315 Vraiment, tu m’en as bien compté !
Faictes aprocher les partyes135 !
LA MÈRE
Et bien, serons-nous départyes136 ?
Avons-nous bien prouvé le cas ?
L’OFICIAL
Poinct ne fault avoir d’avocas,
320 Car la matière est to[u]te claire.
LA FILLE
Qu’en esse ?
L’OFICIAL
Vous voulez-vous taire ?
Nous disons Colin avoir tort.
Et de ce, doibt estre bien fort
Blasmé, et en payer l’amende,
325 Oultre combien qu’il se deffende
(Mais à tort) d’avoir rien promys137
À Marion. La Court l’a mys
Et mect, pour aulx povres donner,
À cent soublz (sans plus sermonner)
330 D’amende ; et le condampne aussy
De demander grâce et mercy
À Marion, à deulx genoulx138,
Nues jambes. Entendez-vous ?
Et sy, pay(e)ra à la Justice
335 Les frais, sans que sortir y[l] puisse
De prison premier que139 payer.
LA MÈRE
Or sus, as-tu bel abayer140 ?
L’OFICIAL
Tout beau ! Et sy, l’a condamné
D’estre en son église amené
340 Aveq flutte141, tabour et loure ;
Et là, sans que plus loing on coure,
Il espousera142 Marion
En grande consolation.
Voeylà ma sentence donnée.
LA MÈRE
345 Dieu vous envoye bonne journée,
Tant vous estes homme de bien143 !
COLIN
Un gros vilain estron de chien
Luy puisse estouper les babines !
Voylà des frauldes féminines !
350 J’en ay144 !
LE TESMOING
Y te convient [de] prendre
En gray145.
COLIN
Que l’on te puisse pendre !
C’est par toy que je suys ainsy !
LE TESMOING
Pourquoy luy faisoys-tu, aussy ?
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Messieurs : celuy146 qui veult promectre SCÈNE VI
355 (Soyt par foy, par tesmoingtz ou lestre),
Y doibt sa parolle tenir.
Car on doibt quelque jour venir
Devant le très souverain Juge,
Qui [les] vis147 et trespassés juge ;
360 Et qui148 menteur trouvé sera,
Pour149 ses meffaictz le jugera.
Il n’est donc qu’estre véritable
Et, en foy, très constant et stable.
Nous ne pensons avoir dict chose
365 Où aulcuns puissent faire glose150 :
Sy on s’en sent piqué ou poinct151,
Messieurs, on ne l’entendons poinct152.
Mais prions le Dieu supernel153
Nous154 donner repos éternel.
370 En prenant congé de ce lieu,
Une chanson pour dire « à Dieu »155 !
FINIS
*
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D’UNE JEUNE FILLE 156
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Une jeune fille, ayant fait mettre prisonnier un jeune homme, [et] qui avoit – à ce qu’elle disoit – eu parole de luy de l’espouser, ce jeune homme, qui fut arresté par elle157, nia absolument d’avoir eu affaire avec elle. Elle, maintenant son accusation, demande être receue à en faire la preuve. Il faut examiner plusieurs tesmoins, & entre autres un, aagé de plus de quatre-vingt ans. On l’interrogea sur l’accusation de la fille ; on l’obligea de dire ce qu’il avoit veu. Il dit avoir veu que cet homme mena cette fille dans l’estable aux vaches158.
« Mais que vistes-vous de plus ? » dit le Juge.
« Je vis (dit le bon homme) qu’il la jetta sur le lict. »
« Et que vistes-vous de plus ? » dit le Juge.
« Je vis (dit le bon homme) qu’il monta dessus. »
« Et bien (dit le Juge), que faisoient-ils ? »
« Je ne vis pas (dit le bon vieillard) ce qu’ils faisoient. Mais si on le fait de ce temps icy comme on le faisoit du nostre, par ma foy, Monsieur, il luy faisoit tout ainsi comme autrefois je faisois à nostre femme pour avoir des enfans. »
Si le tesmoignage fut valable ou non, je m’en rapporte à ce qui en est.
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1 Pour les divers problèmes que pose ce texte, je renvoie à deux éditions critiques : EMMANUEL PHILIPOT, Six farces normandes du Recueil La Vallière. Plihon, 1939. ANDRÉ TISSIER, Recueil de farces, tome II. Droz, 1987. 2 Par la croix de Dieu. Notre copiste a beaucoup utilisé cet emblème (voir l’illustration) dans un recueil de palinods, poèmes religieux destinés à concourir au Puy de Rouen <BnF, ms. fr. 19184>. 3 Plutôt qu’un juge ne me fasse raison de Colin. 4 LV : en (Faire l’amour à ma fille. Le verbe faire a le même sens elliptique aux vers 255, 277 et 353.) La fille, qui est très jeune, habite chez sa mère. 5 LV : premier (Correction Philipot.) 6 On verra ça. 7 N’est-ce pas. 8 À cause de ton sort. 9 Même si ton suborneur devait. 10 Me reprocher de ne pas me donner à lui. 11 LV : de vray (Rime du même au même et vers trop court.) Cette manière de renforcer un verbe est plutôt normande : « Par Dieu j’en jure et jureray ! » Jehan de Lagny. 12 La preuve apportée par notre témoin. 13 Et nous fera aussi gagner la conclusion du procès. 14 C’est leur vieux voisin, et leur propriétaire. On compare à des noix ce qui n’a plus aucune valeur : « Ma trompe ne vault pas deux noix. » Les Sotz triumphans. 15 LV : femme 16 LV : sa (Quand Colin m’enferma dans ma chambre. L’acte a été commis dans la maison des deux femmes : vers 4.) 17 Selon ses désirs. 18 La Mère a conseillé à sa fille de coucher avec Colin à condition qu’il promette de l’épouser, afin de sceller leurs fiançailles. On disait alors que le fiancé « empruntait un pain sur la fournée ». 19 Allons ! 20 LV : consister (Sans me lamenter. « Le Roy ne pouvoit voir ces choses si funestes sans se contrister. » Pierre Matthieu.) 21 Pour citer Colin à comparaître. 22 La maison du sergent. 23 Que je ne sortis. 24 LV : mais (L’official se rend à la salle d’audience de l’archevêché de Rouen.) 25 Qui maintient le Droit, qui applique la Justice. 26 Dans la salle de l’Officialité. 27 Je le devine. « Que de gens » s’applique aux spectateurs. 28 Celui qui. Sur la haine qu’on vouait aux sergents, voir les vers 469-472 du Testament Pathelin. 29 Il ne se moquera plus de moi. 30 Colin, son séducteur. 31 LV : cister (De le citer à comparaître. Même fantaisie graphique du copiste à 84, mais pas à 42.) 32 Parce qu’elle est parfaite. « L’on n’y sçauroit oster ni mettre », dit-on d’une lettre dans la Première Moralité de Genève. 33 Le rapport du sergent où les faits délictueux sont relatés. (Cf. Jehan de Lagny, vers 233.) La Fille dit ces derniers mots très fort. 34 Plaider. 35 LV : sy ne me font questonner (Corr. Philipot.) 36 LV : deraission (La méchanteté, qui est le vice du méchant, peut s’employer pour un violeur : « Ne pouvant obtenir ce qu’il désiroit du gré de Lysca, il la força, aydé par un valet complice de sa meschanteté. » Jean-Pierre Camus.) 37 De toute votre vie. 38 Que la folie. Cf. Tout-ménage, vers 227. 39 LV : apert (Corr. Philipot.) Comme il convient. « Moult belle dame, et qui parler sçavoit/ Comme il affiert & comme elle devoit. » Alain Chartier. 40 Je ne pourrai rien faire. 41 Elle donne à l’official la lettre du sergent. 42 Qu’on n’ajourne pas le procès pour cela ! 43 Que de bavardage ! La Mère, qui s’y connaît en Droit et qui, en tant que veuve, est habilitée à plaider devant un tribunal, veut empêcher son idiote de fille de nuire à ses intérêts. 44 Je me plains. 45 Je te condamne par défaut, par contumace. Colin, qui est dans le public, monte sur la scène. 46 Il n’est pas nécessaire de m’appeler plus fort. 47 LV : colin 48 LV : fus (Si je lui fis quelque chose.) 49 Elle remarque Guillot des Noix dans le public. 50 Interrogez-le. Guillot monte sur la scène. C’est un vieillard, vêtu comme au siècle précédent et chaussé de souliers à la poulaine. 51 De plaid, de perte de temps. 52 LV : jureres (Contraction du futur normand, comme jurray au vers 274. « Regardez à qui vous lairrez :/ Je demourray povre et seullette. » Testament Pathelin.) 53 LV : a 54 Sous une pierre tombale. « Quant est du corps, il gist soubz lame. » François Villon. 55 En jargon théâtral, ce verbe signifie : commence à parler. Voir la note 35 du Bateleur. 56 Dans Jehan de Lagny, « le Juge faict faire serment à Trétaulde par l’Évangille de la Bible ». À la place de ce vers manquant, LV porte en vedette, de la main du scribe puis du censeur : loficial le Juge 57 Habile. Ce vers n’ayant plus de rime, il a été raturé. 58 Trop heureux d’avoir enfin un auditoire qui écoute ses radotages sans le faire taire, Guillot fait durer son plaisir. 59 Frais. 60 Les pots : les marmites. On ne mangeait pas encore dans des assiettes mais sur des tranchoirs, et on se servait directement dans le plat, avec les doigts. Tissier cite la Comédie de proverbes (1633), d’Adrien de Monluc : « Il ne fut jamais si bon temps que quand le feu roy Guillot vivoit : on mettoit les pots sur la table, on ne servoit point au buffet. » 61 Dans de la vaisselle. « Agatocle (…) se faisoit servir à buffet de terre, en commémoration de ce qu’il estoit fils d’un potier. » Godefroy. 62 LV : sy (Voir le vers 106.) 63 Pas du tout, car cela n’existait pas. 64 Chacun était propriétaire de sa mule, et avait intérêt à bien la nourrir. Aujourd’hui qu’on les loue, elles ne mangent plus à leur faim. 65 LV : denoster (Corr. Philipot.) Les robes à la basquine furent à la mode au tout début du siècle. Cf. le Cousturier et son Varlet, vers 177. Les satiristes brocardent souvent les femmes qui passent leur temps dehors, et qui rentrent crottées par la fange des rues : « Johan nétoye la robe/ De sa femme, qui est crotée. » Le Povre Jouhan. 66 LV : mousequine (Le petit museau : la mignonne. « [Il] s’amouracha d’une musequine friande, blondelette, mignardelette. » Marcellin Allard.) 67 Aujourd’hui, les cavaliers sont contraints de s’habiller tout en cuir, pour qu’on puisse nettoyer plus facilement les éclaboussures provoquées par leur cheval. Guillot sous-entend que les rues sont beaucoup plus sales que jadis. 68 Ces gens qui montent sur une mule pour ne pas salir leurs souliers. 69 Ces épouses (lat. mulier). « Je ne vi dammoisele, pucelle ne moullier. » ATILF. 70 LV : seiour (Corr. Philipot.) « Jour » a ici le sens de date, et à la rime le sens de journée. 71 La culbute (les Sotz nouveaulx, vers 221) : à tomber de leur mule. 72 Cette arme d’un maniement délicat était périmée. (Cf. Colin, filz de Thévot, vers 84.) Clément Marot traite de la sorte une ancienne coquette : « Retirez-vous, vieille dague à rouelle !/ Retirez-vous, car vous n’estes plus celle/ Qui jadis sceut aux hommes tant complaire. » 73 Ces chaussures fragiles et peu pratiques se prolongent d’une corne en tissu qui se tordait sous la semelle et provoquait des accidents. Leur mauvaise réputation les réservait aux Fous et aux hommes efféminés. « Du temps qu’on portoit souliers à la poullaine, mes amys, et que on mettoit le pot sur la table. » Noël Du Fail. 74 LV : qne 75 Importante. 76 Qu’on faisait venir tout le monde à la cour de l’Officialité ; aujourd’hui, les calvinistes refusent ses convocations. « Mon procureur en Court d’Église. » Villon. 77 On ne changeait de chemise que tous les deux mois. 78 Être vendue 6 sous. 79 L’avocat normand Robert Angot dira la même chose un siècle plus tard : « Où cent cliens souloient parêtre,/ Ils n’avoient que six avocas ;/ Où cent avocas on voit être,/ Six cliens ne se trouvent pas. » 80 J’ai vu 200 personnes mises au rang des trépassés. Plus Guillot vieillit, plus il voit mourir de gens de sa génération. 81 On peut comprendre : Ce n’est pas bientôt fini ? Ou bien : Il n’en meurt pas encore assez (puisque vous êtes toujours vivant). 82 LV : respons 83 Qu’il n’y avait. Dans les grandes villes, la mule était le moyen de transport des élites appartenant à l’université, la magistrature ou le haut clergé. 84 Femme noble. « Les deulx femmes des deulx gentilz hommes, abillées en damoyselles. » Le Poulier à sis personnages. 85 Ce que cela nous annonce. 86 Tout le monde se fait anoblir. 87 Le commerce disparaîtra, puisque les nobles refusent de travailler. 88 De robes de Frise, de robes à la basquine (note 65), ni de jupons évasés par un bourrelet. « Ô la gente musquine !/ Qu’elle a une belle basquine !/ Sa vertugalle est bien troussée/ Pour estre bien tost engrossée. » Le Blason des basquines et vertugalles. 89 Des galants, qui ne pensent qu’à galer, qu’à s’amuser. « Jeulx, gales ou esbatemens. » ATILF. 90 Une casaque avec des manches. 91 Les lames damasquinées, incrustées d’or ou d’argent. 92 La sainte patronne des bragards, des élégants. « Pour mieulx gorrer [frimer] et faire de grans bragues,/ Le beau pourpoinct, la cappe bigarrée. » ATILF. 93 Les mères allaitaient elles-mêmes, alors qu’aujourd’hui, elles craignent de flétrir leur poitrine. 94 Désormais. 95 Chausse des bottes de cavalier. Guillot ne précise pas que de son temps, on se plaignait des nobles qui entraient dans l’église en tenue de fauconnier avec leur meute : « Qui sur son poing porte espervier/ Dedans le temple, et faict bruyt (…)/ De ses chiens. » Le Grand nauffraige des Folz. 96 « En contre-sens, à l’envers, au rebours. » Mémento du patois normand, p. 235. 97 Anciennes pièces d’or. 98 Le ducat est une monnaie vénitienne. Or, Guillot est foncièrement xénophobe : il n’aime pas les robes de Frise (italiennes), les vertugales (espagnoles), les vasquines (basques), ni les lames de Damas. Il ignore apparemment que les chaussures à la poulaine sont originaires de Pologne… 99 Au lieu de. 100 À 10 carats, et même à 8. 101 À l’époque qu’on qualifiait de malheureuse. (Méshuroux est un normandisme pour mésheureux.) « Ce meschant mésurous. » Le Triomphe des Normans. 102 On n’attrapait pas de catarrhe : de sinusite avec complications bronchiques. « Vif fust encores, si ne fust ung caterre/ Qui trop soubdain l’a tombé jusqu’à terre. » ATILF. 103 Tous mes prédécesseurs ont lu : can 104 Qui ne favorise l’apparition d’un catarrhe. « La chambre est froide et caterreuse. » Godefroy. 105 LV : en son cul (Corr. Philipot.) Rebrassé = retroussé. « Sottes doulces qui rebrassez voz cottes. » Jeu du Prince des Sotz. 106 La serge et l’ostadine sont des étoffes légères. 107 Réjouie. 108 LV : tante (Celle qui avait en toute saison.) 109 De fourrure d’écureuil. Le grignot du vers suivant semble être la même chose. 110 Que vous avez rincé les pots : que vous avez bu. 111 Litt. : frappe, bélier ! Ce mot fut contaminé par heurtebiller, qui signifie coïter, et par beliner, qui a le même sens. 112 Écoutez. Cf. Lucas Sergent, vers 218. 113 Voici le meilleur conte que vous ayez jamais entendu. 114 LV : messuy (Maishui = indéfiniment. Cf. le Gentil homme et son Page, vers 117.) 115 Guillot a quand même entendu parler de la découverte de l’Amérique. 116 Je ne sais. 117 Si on fait l’amour comme on le faisait. Dans son édition, Philipot cite Guillaume Bouchet : « Si on le fait comme on faisoit de mon temps. » (Les Sérées, 1584.) Le même Philipot a repéré cette formule proverbiale dans un conte de d’Ouville que je publie en appendice. 118 LV : doeuure (L’œuvre des noces : le coït. « L’Apostre exempte de tout crime l’œuvre des nopces, disant : & quand bien tu auras prins femme, tu n’as pas péché pour cela. » Pierre Coton.) 119 Tout est consommé : l’acte a bien eu lieu. 120 Et même, je vous l’atteste. 121 Combien d’écus, de testons ou de sous. 122 LV : jureray (Note 52.) 123 Sous condition. Le noble vieillard, en contrefaisant les gestes et la voix d’une pucelle, devait obtenir un beau succès public. 124 Lui déplut. 125 Sur les conseils de sa mère, elle croisait les jambes pour empêcher la pénétration. 126 Qui bougeait le bassin. 127 Oui, oui, (plutôt que de vous épouser, je vous donnerai un) fromage. « Hui » semble être une minoration de « oui » ; à moins qu’il ne s’agisse d’un sifflement : voir la note 93 du Capitaine Mal-en-point. Tissier se réfère aux Nouvelles récréations de Bonaventure Des Périers (1558) : l’Enfant de Paris qui fit le fol pour jouyr de la jeune vefve ne cesse de dire devant elle : « Ha ! ha ! formage ! » 128 Parlant à voix basse. Mais il pourrait s’agir là d’une didascalie : le Témoin, après avoir contrefait la voix aiguë de la fille, contrefait la voix grave du garçon. Dans ce cas, le vers suivant est apocryphe. 129 Comme un mouton. Ou comme un bélier : cf. le sens érotique du « heurte-belin » (vers 241) et de « beliner » (Pantagruel, 23). 130 Bander les yeux. Mais pas seulement les yeux : « Le paillard outil d’un amant se bande sans guindal [treuil], de luy-mesme. » Béroalde de Verville. 131 LV : bisaq (Cf. Frère Guillebert, vers 14.) Tissier rappelle qu’on trouve cette expression chez le Normand Philippe d’Alcripe, et chez Gabriel Chappuys, rouennais d’adoption : « Elle commença à mettre la main sur son braquemard à fin de le loger (…), & mit Geoffroy au bissac. » 132 Le châlit. « Je vous souhaide toute nue/ Entre mes bras, dessus mon lyt,/ Pour assayer se le châly/ Endure bien qu’on s’y remue. » Quant je vous voy. 133 On n’entend pas avec le nez. 134 D’une planche. Ce n’est plus un témoin, c’est un voyeur ! « Je regardois par une fente/ Qui est à l’huys de ma chambrette,/ Où je l’ay veu sur la couchette/ Avec ma fille Madalêne. » Jacques Grévin. 135 Les plaignants. Jeu de mots sur les parties sexuelles. 136 Départagés. 137 D’avoir promis quelque chose. 138 À genoux sur le lit pour coïter avec elle. « Je vous amèneray la nonnette jolie ;/ Boutez-vous en prières trèstous à deux genoulx,/ Et devant qu’i soit nonne, nous fringuerons trèstous. » (Fringuez, moynes, fringuez.) Cf. Sœur Fessue, vers 71. 139 Avant de. 140 As-tu un bel aboiement : as-tu encore une grande gueule ? (Le sarcasme s’adresse à Colin.) « Tu as bel abbayer, mastin [chien] ! » Louis Des Masures. 141 LV : un (La flûte et le tambourin sont les instruments traditionnels pour faire danser une noce. « Soyez-y avecques vostre flutte et tabour. Les parolles dictes, et la mariée baisée au son du tabour… » Rabelais.) La loure est une cornemuse. 142 LV : espoussera (= il époussettera. Mais « il épousera » est plus logique.) 143 Dans les Cent Nouvelles nouvelles (nº 86), une mère plaide avec sa fille devant l’official de Rouen pour une histoire de sexe ; ayant obtenu gain de cause, elle s’écrie : « Grand mercy, monseigneur l’Official ! Vous avez trèsbien jugé. » 144 Je suis pris. « J’en ay pour une ! » Testament Pathelin. 145 De le prendre en gré, de faire contre mauvaise fortune bon cœur. 146 LV : colin (Corr. Philipot.) 147 Les vifs, les vivants. 148 Et celui qui. 149 LV : par 150 Trouver à critiquer. 151 Ou piqué. 152 « Nous ne comprenons pas pourquoi. » (Tissier.) La tournure est normande. 153 Suprême. 154 LV : vous (De nous.) 155 Cette ultime scène, tellement moralisatrice que le censeur n’y a rien trouvé à redire, n’est peut-être pas du même auteur que le reste. Elle est dépourvue de la moindre originalité, et le distique final sert de conclusion à de nombreuses pièces. Le ms. La Vallière inflige le même traitement à Sœur Fessue, et à l’Avantureulx ; mais dans cette dernière farce, la fin moralisatrice et le congé banal ont carrément été biffés. 156 La farce du Tesmoing demeura longtemps populaire en Normandie. En 1643, un dramaturge normand, Antoine Le Métel d’Ouville, en publia ce résumé dans ses Contes aux heures perdues. 157 À sa demande. 158 D’Ouville ne mentionne pas la chambre (et le trou percé dans la cloison) ; mais plus bas, il parle d’un lit, qui n’a rien à faire dans une étable.