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LE TESMOING

Ms. La Vallière

Ms. La Vallière

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LE  TESMOING

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On a pris l’habitude injustifiée de baptiser cette farce sans titre l’Oficial, du nom d’un de ses personnages qui ne déclame que 79 vers. Le rôle principal (187 vers) n’est pas ce juge qui – circonstance aggravante dans une farce – est honnête et compétent, ni la fille déshonorée qui voudrait bien épouser son joli suborneur, ni le garçon qui abusa de sa naïveté en lui promettant le mariage, ni la mère un tant soit peu maquerelle qui connaît mieux les lois qu’un juriste. Non, le clou du spectacle, c’est le témoin : ce vieux radoteur au langage archaïque et patoisant ne cesse d’opposer la perfection (toute relative) de l’ancien temps, à la décadence du monde moderne. Au Moyen Âge, on trouvait déjà que c’était mieux avant. Au XIVe siècle, le poète Eustache Deschamps regrettait le XIIIe siècle, où on préférait le XIIe, qui ne valait pourtant pas le XIe, tellement inférieur au Xe… Faute de titre, j’ai donc pris la liberté de mettre en valeur le Tesmoing.

Cette farce rouennaise date de la première moitié du XVIe siècle. L’auteur connaît son métier : il commence in medias res et expose son intrigue avec un grand naturel.

Je recommande la mise en scène de la Farce du Témoin menée tambour battant (20 minutes !) par des étudiants diplômés et des professeurs de l’Université de Western Ontario, à London (Canada).

Source : Manuscrit La Vallière, nº 22.1 Un censeur a barré en tout 14 vers qui avaient un lointain rapport avec l’Église, et leur a substitué des niaiseries dont je n’ai pas tenu compte. (Voir la notice du Raporteur.) Dans les rubriques, il a systématiquement remplacé L’OFICIAL par LE JUGE : un official est un juge ecclésiastique ; tout ce qui entoure le sacrement du mariage dépend de lui, et non d’un juge civil. La farce du Clerc qui fut refusé à estre prestre fait aussi appel à l’official de Rouen.

Structure : Rimes plates.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Farce  nouvelle

à  cinq  personnages

C’est asçavoir :

       LA  MÈRE

       LA   FILLE  [Marion]

       LE  TESMOING   [Guillot des Noix]

       L’AMOUREULX  [le beau Colin]

       et  L’OFICIAL

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           LA  MÈRE  commence         SCÈNE  I

     Par la Dieu2 ! j’aymeroys myeulx

     Luy avoir crevé les deulx yeulx

     Que je n’en eusses la raison3 !

     Faire à4 ma fille, en ma maison,

5     Et puys dire, pour tout potage :

     « Y n’y a poinct de tesmoingnage

     Pour le preuver5. »  On le voeyra6

           LA  FILLE

     Par ma foy ! bien faict ce sera :

     C’est un trompeur, est pas7, ma mère ?

           LA  MÈRE

10   A ! que j’ey de douleur amère

     De ta fortune8, Marion !

     Il fault que nous te marion,

     S’y debvoyt9 tout fol enrager.

           LA  FILLE

     Et, dea ! pourquoy vint-il rager10

15   Tant de foys, comme vous savez ?

           LA  MÈRE

     A ! Marion, pas vous n’avez

     L’esprit encor assez propice

     Pour vous garder de la malice

     De tel deable.

           LA  FILLE

              Vous dictes vray.

           LA  MÈRE

20   Sy veulx-je sçavoir [et sçauray]11

     Qu’en dira le juge, par Dieu !

     Je me suys trouvée en mainct lieu

     Où j’ay faict consultation

     Du cas ; mais la probation12

25   Nous fera gaigner nostre cause

     Avec, se j’entens bien, la clause13.

     Tu congnoys bien Guillot des Noix14 ?

           LA  FILLE 15

     Ouy, ma mère, je le congnoys :

     C’est celuy qui trèsbien l’oÿst,

30   Quant à ma16 chambre m’encloÿst,

     Et qu’il disoyt :

               « Ma Marion,

     Trèsbien ensemble nous serion ;

     Voulez-vous pas estre ma femme ? »

     Quant luy respondis, sur mon âme,

35   Que j’en estoys trèsbien contente,

     Lo[r]s y fist tout à son entente17,

     Car ainsy vous me l’aviez dict18.

     Guillot est homme de crédict,

     On le croiera du premier coup.

           LA  MÈRE

40   C’est très bien dict. À coup19, à coup !

     Je m’en voys, sans me contrister20,

     Chercher sergent pour le citer21.

     Je croy qu’il n’y faillira pas.

           LA  FILLE

     Alon, ma mère, pas à pas ;

45   Sa maison22 n’est pas loing d’icy.

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           L’OFICIAL  entre            SCÈNE  II

     Il y a long temps que n’issy23

     Hors du logis pour aler veoir

     Mes24 gens, et faire mon debvoir ;

     Je m’y en voy tout maintenant.

50   Celuy qui est Droict maintenant25

     Est prisé de Dieu et des hommes.

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           La Fille et la Mère, parlant ensemble

           dens la salle 26, revenant du sergent.

           LA  FILLE                SCÈNE  III

     Mère, c’est icy, nous y sommes.

           LA  MÈRE

     Ce chemin est beaucoup plus court.

           LA  FILLE

     Par mon serment ! voécy la Court,

55   Je le congnoy27. Et ! que de gens !

     Que l’on médise des sergens

     Qui28 vouldra ; trèsbien je m’en loue.

     Il ne me fera plus la moue29,

     Le trompeur30. Monsieur le sergent

60   A esté bien fort diligent

     De le citer31 : voécy la lestre,

     Où il ne fault oster ne mectre32.

     La voélà, la relation33 !!

           L’OFICIAL

     Mon Dieu, quel exclamation !

65   D’où vient ce grand bruict et tempeste ?

           LA  MÈRE

     Marion, tu es fine beste :

     I[l] fault finement sermonner34.

           L’OFICIAL

     Ceulx[-cy me fault questionner]35

     De leur procès.

           LA  MÈRE

               Dieu vous gard, sire !

           L’OFICIAL

70   Or çà ! qu’avez-vous à me dire ?

           LA  MÈRE

     Monsieur, la plus grand traÿson,

     Meschante[té] et déraison36

     Que vous ouÿstes de vostre âge37 !

           L’OFICIAL

     Or bien. Qui est le personnage

75   Qui vous a faict tel déshonneur ?

           LA  MÈRE

     Ce n’est pas un trop grand seigneur,

     C’est un nommé le beau Colin.

     Que le chault mal sainct Mathelin38

     Luy puisse ronger la cervelle !

80   J’avoys une fille très belle ;

     Le meschant l’a déshonorée.

     Et voécy la povre esplourée,

     Qui de luy justice requiert.

           L’OFICIAL

     Est-il cité comme il afiert39 ?

85   Aultrement, n’y saroys que fère40.

           LA  FILLE 41

     Que pour cela on ne diffère42 :

     En voécy la relation.

           LA  MÈRE

     O ! quelle babillation43 !

     Laisse-moy parler, sy tu veulx !

90   Monsieur, de Colin je me deulx44,

     Qui a ma fille viollée,

     Puys dict qu’i ne l’a acollée,

     Combien qu’i luy ayt, sur bon gage,

     Promys sa foy en mariage.

           L’OFICIAL,  parlant à la Fille :

95   Est-il vray ? Or dictes, ma mye.

           LA  FILLE

     Je n’estoyes pas sy endormye

     Que ne me soyes bien aperceue

     D’avoir esté ainsy déceue.

     Mais à nul mal je n’y pensoy[e]s.

           L’OFICIAL

100  Colin, vien cy, où que tu soyes !

    Aultrement, te mès en deffault45.

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           LE  BEAU  COLIN  entre       SCÈNE  IV

    Il [ne] me fault crier plus hault46 :

    Me voécy à vostre présence.

           L’OFICIAL

    Or vien çà ! Par ta concience,

105  As-tu congneu charnellement

    Ceste fille icy ?

           COLIN

              Elle ment,

    Je m’en raporte à tout le monde.

           LA  MÈRE

    Y ment, le malureux immunde !

    Je le veulx prouver fermement.

           L’OFICIAL 47

110  Or le prouvez donc vitement,

    Je vous en donne tout loysir.

           [COLIN]

    Male mort me puisse saisir

    Sy je luy fis48 rien de ma vie !

           LA  MÈRE 49

    Par la doulce Vierge Marye !

115  Monsieur, sans atendre plus loing,

    Voécy à présent mon tesmoing ;

    Examinez-le50, s’il vous plaist.

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           L’OFICIAL                 SCÈNE  V

    Tesmoing, parlez sans plus de plaist51.

    Vous jurrez52 par la Passion

120  De Dieu, par53 la salvation

    Ou dannation de vostre âme

    (Ou vous puissez estre soublz lame54

    Dedens quatre jours enfouy),

    Que vous me direz vray ?

           LE  TESMOING  entre 55

                   Ouÿ,

    [Je le jure par l’Évangille !]56

125  Monsieur, je ne suy sy habille57

    Pour en sçavoir juger sy bien.

    Je ne vous mentiray de rien.

    Je vous diray ce que j’en say58.

    Au temps passé, que commensay

130  À devenir frisque59 et dispos,

    On mectoyt chopines et pos60

    Sur la table, et ne servoyt-on

    En buffect61 par un valeton,

    Comme on faict en ce temps icy62.

           L’OFICIAL

135  Et à quel propos tout cecy ?

           LE  TESMOING

    Monsieur, monsieur, sauf vostre grâce,

    Il ne faloyt farder sa face

    Pour sembler belle à son amy.

    On ne parloyt mot ne demy63

140  De mules qui ne mengent poinct64.

           L’OFICIAL

    Vrayment, voécy un aultre poinct ;

    Que veulx-tu dire par ce dict ?

           LE  TESMOING

    Je dis qu’on chevauche à crédict,

    En espargnant avoyne et foing.

145  Il n’estoyt poinct sy grand besoing

    De décroter65 robe à vasquine

    Pour madame la musequine66 ;

    Ny de Monsieur l’acoustrement,

    Qui chevauche en cuir seulement67.

150  Ô chambèrières bien fasch[é]es

    De veoir sy bien enharnach[é]es

    Voz mêtresses de belle crote !

    Page, alez quérir une hote :

    Vous l’emplirez certainnement

155  Des fenges qui ont plainement

    Gasté la robe à vostre maistre.

    Par mon âme ! on deust mener paistre

    Ces muletons, muleurs68, muliers69

    Qui, pour ne gaster leurs souliers,

160  Mectent grand-peine, pour [ce jour]70,

    Se rompre le col nuict et jour

    À faire la tourne-bouelle71.

    Au temps de la dague à rouelle72

    Et des souliers à la poulaine73,

165  On ne faisoyt telle fredaine

    Ne74 telles folyes, mydieulx !

           L’OFICIAL

    Mais qu’esse-cy ?

           LE  TESMOING

               Je suys des vieulx :

    Je parle de long temps, Monsieur.

           L’OFICIAL

    Vous estes un plaisant rieur.

170  Respondez à ce qu’on demande.

           LE  TESMOING

    Monsieur, monsieur, la chose est grande75 :

    Il y fault de plus loing venir.

    J’ey veu c’on faisoyt convenir

    Tout le monde en Court de l’Église76.

175  J’ey veu qu’on ne prenoyt chemise

    Fors que de deulx moys en deulx moys77.

    J’ey veu la mesure de boys

    Estre pour six beaulx soublz donnée78,

    Qui a bien valu ceste année

180  Quarante-six ! C’est piteulx cas.

    J’ey veu qu’i n’estoyt advocas

    Que deulx ou troys en ceste ville79.

    J’ey veu deulx cens cas, voyre mille,

    Qui sont au renq des trespassés80.

           L’OFICIAL

185  Encore n’esse pas assez81 ?

    Sus, respondez82 sans faulte nulle !

           LE  TESMOING

    J’ey veu qu’i n’estoyt83 c’une mulle,

    Et une seulle Damoyselle84

    En ceste ville, layde ou belle ;

190  Maintenant, on en voidt un cent.

    Je ne say pas que cela sent85,

    Sinon que tous nobles deviennent86 ;

    Et sy plus d’aultres en surviennent,

    Adieu vous dy la marchandise87 !

195  J’ey veu qu’on ne parloyt de Frise,

    De vasquines ne vertugales88 ;

    Mais la maladye de galles 89

    En a trouvé l’invention.

    J’ey veu qu’on disoyt un « s[a]yon90 » ;

200  Maintenant, c’est un « casaquin ».

    Dont est venu le damasquin91

    Qu’on grave en espée ou [en] dague ?

    Pour vray, ma dame saincte Brague92

    En fust la première inventrice.

205  J’ey veu qu’on ne trouvoyt nourice93

    Dedens la ville de Rouen ;

    Mais94, j’asseure, par sainct Ouen,

    Que pour une, on en trouve douse.

    D’où vient que tout chacun se house95

210  Pour se pourmener à l’église ?

    Par mon âme ! quant je m’avise,

    Tout est tourné à la rebours96.

    Les moutons d’or97 n’ont plus le cours :

    On ne parle que de ducas98.

215  Et pour99 l’or à douze caras,

    On en faict bien à .X., et huict100.

    J’ey veu qu’on ne blessoyt de nuict

    Les passans, comme l’on veoyt fère.

    Maintenant, tout est à refère,

220  Et tourné c’en dessus dessoublz.

    Du temps qu’on disoyt mésuroulz101,

    On ne parloyt poinct de catère102 ;

    Maintenant, n’y a eau103 ne terre

    Qui ne soyt toute catéreuse104.

225  Ô que la femme estoyt heureuse

    Et riche, qui au temps passé,

    Portoyt [un surcot]105 rebrassé

    De belle sarge ou ostadine106 !

    Ô qu’elle sembloyt [bien] godinne107,

230  Qui avoyt en toute108 saison

    Robe de drap en sa maison,

    Fourée de beaulx dos de gris109

    Ou de grignos ! Ventre sainct Gris !

    Y m’est advis que je les voy.

           L’OFICIAL

235  (Je croy qu’il est tout hors de soy.)

    Mon amy, parle[z] à propos.

    Je croy qu’avez rinché les pos110.

    Je ne parle du temps jadis.

    Respondez à mes propres dis :

240  Avez-vous veu le beau Colin

    Avoir faict le « heurte-belin111 »

    Avec ceste fille présente ?

           LE  TESMOING

    Vous ne voulez pas que je mente ;

    Aussy ne veulx-je, mon seigneur.

245  Acoustez112, voécy le greigneur

    Compte que vous oÿstes onques113.

           L’OFICIAL

    Or sus, amy, despeschez donques !

    Je ne veuil estre icy mèsuy114.

           LE  TESMOING

    Encor[e] ne say-ge où j’en suy…

250  Atendez, Monsieur : je disoys

    Que le monde est crû de .X. foys

    Plus grand qu’il n’estoyt de mon temps115.

    Et pource que bien je n’entens116

    (Car tout est changé, comme on voyt)

255  Sy on le faict comme on souloyt117,

    Je ne say que je vous doys dire.

    Mais sy vous dirai-ge sans rire

    Et sans mentir, que sy on faict

    L’œuvre118 des noces en effaict

260  Comme on faisoyt au temps passé,

    Tout en est moulu et cassé119.

    Je le jure certainnement.

           L’OFICIAL

    Tu le pence donc vrayement ?

           LE  TESMOING

    Ouy, Monsieur. Et sy, le tesmoingne120,

265  Sy on faict ainsy la beso[i]ngne

    Comme on faisoyt quant je fus né.

           L’OFICIAL

    C’est honnestement tesmoingné.

    Tu les vis donc tous deulx ensemble ?

           LE  TESMOING

    Ouÿ, Monsieur, comme il me semble.

270  Mais Marion estoyt dessoublz.

           L’OFICIAL

    Quans escus, quans testons ou soublz121

    Luy bail[l]a-il ?

           LE  TESMOING

               Je n’en say rien,

    [Monsieur.] Mais je vous diray bien

    – Et jurray122 sur ma conscience –

275  Qu’el prenoyt tout en pacience,

    Et sans crier fort haultement.

    « Faictes ! »  (dict-el tout bellement.)

    « Colin, vous estes bel et sage :

    Mais c’est à nom123 de mariage,

280  Entendez-vous, mon doulx amy ? »

    Colin ne faisoyt l’endormy,

    Mais ce mot un peu luy despleust124.

           L’OFICIAL

    Toutefoys, en fin, le voulust ;

    Feist-il pas ?

           LE  TESMOING

            Ouy, Monsieur, sans faulte.

285  Car elle avoyt la jambe haulte,

    L’une sur l’aultre fermement125,

    Qui n’estoyt grand esbatement

    Au pauvre Colin, qui mouvoyt126.

    Mais elle dict qu’il ne feroyt

290  Rien qui fust sans qu’il fist promesse

    De l’espouser à la grand-messe,

    En l’église de leur vilage.

    Colin disoyt :

              « Huy, huy : formage127 ! »

    (Contrefaisant la basse voix.)128

295  « Un formage ? Par saincte Croix !

    Pour un fourmage, n’en feray

    Un coup tant que vive seray ! »

    (Dict-elle.) Ce voyant, Colin

    Se laissa mener en belin129

300  Et bender130. Tout à son bel aise,

    Y vous la tâtonne, y la baise,

    Y vous la couche sur le dos,

    Et après cinq ou sis bons mos,

    Feist entrer Geufray au bissaq131 !

305  Le châlic[t]132 faisoyt tic et taq,

    Cric, crac, cric, croq ! C’estoyt merveille.

           L’OFICIAL

    Par où l’oyès-tu ?

           LE  TESMOING

                Par l’oreille,

    Car on n’ot pas du boult du nes133.

    J’avoys rompu le boult d’un ays134

310  D’entre leur maison et la mienne,

    Bien que chascune m’apartienne ;

    Et par là, voy[oy]es clèrement

    Tout leur joly contentement

    Que je vous ay cy racompté.

           L’OFICIAL

315  Vraiment, tu m’en as bien compté !

    Faictes aprocher les partyes135 !

           LA  MÈRE

    Et bien, serons-nous départyes136 ?

    Avons-nous bien prouvé le cas ?

           L’OFICIAL

    Poinct ne fault avoir d’avocas,

320  Car la matière est to[u]te claire.

           LA  FILLE

    Qu’en esse ?

           L’OFICIAL

            Vous voulez-vous taire ?

    Nous disons Colin avoir tort.

    Et de ce, doibt estre bien fort

    Blasmé, et en payer l’amende,

325  Oultre combien qu’il se deffende

    (Mais à tort) d’avoir rien promys137

    À Marion. La Court l’a mys

    Et mect, pour aulx povres donner,

    À cent soublz (sans plus sermonner)

330  D’amende ; et le condampne aussy

    De demander grâce et mercy

    À Marion, à deulx genoulx138,

    Nues jambes. Entendez-vous ?

    Et sy, pay(e)ra à la Justice

335  Les frais, sans que sortir y[l] puisse

    De prison premier que139 payer.

           LA  MÈRE

    Or sus, as-tu bel abayer140 ?

           L’OFICIAL

    Tout beau ! Et sy, l’a condamné

    D’estre en son église amené

340  Aveq flutte141, tabour et loure ;

    Et là, sans que plus loing on coure,

    Il espousera142 Marion

    En grande consolation.

    Voeylà ma sentence donnée.

           LA  MÈRE

345  Dieu vous envoye bonne journée,

    Tant vous estes homme de bien143 !

           COLIN

    Un gros vilain estron de chien

    Luy puisse estouper les babines !

    Voylà des frauldes féminines !

350  J’en ay144 !

           LE  TESMOING

            Y te convient [de] prendre

    En gray145.

           COLIN

            Que l’on te puisse pendre !

    C’est par toy que je suys ainsy !

           LE  TESMOING

    Pourquoy luy faisoys-tu, aussy ?

.

    Messieurs : celuy146 qui veult promectre         SCÈNE  VI

355  (Soyt par foy, par tesmoingtz ou lestre),

    Y doibt sa parolle tenir.

    Car on doibt quelque jour venir

    Devant le très souverain Juge,

    Qui [les] vis147 et trespassés juge ;

360  Et qui148 menteur trouvé sera,

    Pour149 ses meffaictz le jugera.

    Il n’est donc qu’estre véritable

    Et, en foy, très constant et stable.

    Nous ne pensons avoir dict chose

365  Où aulcuns puissent faire glose150 :

    Sy on s’en sent piqué ou poinct151,

    Messieurs, on ne l’entendons poinct152.

    Mais prions le Dieu supernel153

    Nous154 donner repos éternel.

370  En prenant congé de ce lieu,

    Une chanson pour dire « à Dieu »155 !

                                 FINIS

*

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D’UNE   JEUNE  FILLE 156

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Une jeune fille, ayant fait mettre prisonnier un jeune homme, [et] qui avoit – à ce qu’elle disoit – eu parole de luy de l’espouser, ce jeune homme, qui fut arresté par elle157, nia absolument d’avoir eu affaire avec elle. Elle, maintenant son accusation, demande être receue à en faire la preuve. Il faut examiner plusieurs tesmoins, & entre autres un, aagé de plus de quatre-vingt ans. On l’interrogea sur l’accusation de la fille ; on l’obligea de dire ce qu’il avoit veu. Il dit avoir veu que cet homme mena cette fille dans l’estable aux vaches158.

« Mais que vistes-vous de plus ? » dit le Juge.

« Je vis (dit le bon homme) qu’il la jetta sur le lict. »

« Et que vistes-vous de plus ? » dit le Juge.

« Je vis (dit le bon homme) qu’il monta dessus. »

« Et bien (dit le Juge), que faisoient-ils ? »

« Je ne vis pas (dit le bon vieillard) ce qu’ils faisoient. Mais si on le fait de ce temps icy comme on le faisoit du nostre, par ma foy, Monsieur, il luy faisoit tout ainsi comme autrefois je faisois à nostre femme pour avoir des enfans. »

Si le tesmoignage fut valable ou non, je m’en rapporte à ce qui en est.

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1 Pour les divers problèmes que pose ce texte, je renvoie à deux éditions critiques : EMMANUEL PHILIPOT, Six farces normandes du Recueil La Vallière. Plihon, 1939. ANDRÉ TISSIER, Recueil de farces, tome II. Droz, 1987.   2 Par la croix de Dieu. Notre copiste a beaucoup utilisé cet emblème (voir l’illustration) dans un recueil de palinods, poèmes religieux destinés à concourir au Puy de Rouen <BnF, ms. fr. 19184>.   3 Plutôt qu’un juge ne me fasse raison de Colin.   4 LV : en  (Faire l’amour à ma fille. Le verbe faire a le même sens elliptique aux vers 255, 277 et 353.)  La fille, qui est très jeune, habite chez sa mère.   5 LV : premier  (Correction Philipot.)   6 On verra ça.   7 N’est-ce pas.   8 À cause de ton sort.   9 Même si ton suborneur devait.   10 Me reprocher de ne pas me donner à lui.   11 LV : de vray  (Rime du même au même et vers trop court.)  Cette manière de renforcer un verbe est plutôt normande : « Par Dieu j’en jure et jureray ! » Jehan de Lagny.   12 La preuve apportée par notre témoin.   13 Et nous fera aussi gagner la conclusion du procès.   14 C’est leur vieux voisin, et leur propriétaire. On compare à des noix ce qui n’a plus aucune valeur : « Ma trompe ne vault pas deux noix. » Les Sotz triumphans.   15 LV : femme   16 LV : sa  (Quand Colin m’enferma dans ma chambre. L’acte a été commis dans la maison des deux femmes : vers 4.)   17 Selon ses désirs.   18 La Mère a conseillé à sa fille de coucher avec Colin à condition qu’il promette de l’épouser, afin de sceller leurs fiançailles. On disait alors que le fiancé « empruntait un pain sur la fournée ».   19 Allons !   20 LV : consister  (Sans me lamenter. « Le Roy ne pouvoit voir ces choses si funestes sans se contrister. » Pierre Matthieu.)   21 Pour citer Colin à comparaître.   22 La maison du sergent.   23 Que je ne sortis.   24 LV : mais  (L’official se rend à la salle d’audience de l’archevêché de Rouen.)   25 Qui maintient le Droit, qui applique la Justice.   26 Dans la salle de l’Officialité.   27 Je le devine. « Que de gens » s’applique aux spectateurs.   28 Celui qui. Sur la haine qu’on vouait aux sergents, voir les vers 469-472 du Testament Pathelin.   29 Il ne se moquera plus de moi.   30 Colin, son séducteur.   31 LV : cister  (De le citer à comparaître. Même fantaisie graphique du copiste à 84, mais pas à 42.)   32 Parce qu’elle est parfaite. « L’on n’y sçauroit oster ni mettre », dit-on d’une lettre dans la Première Moralité de Genève.   33 Le rapport du sergent où les faits délictueux sont relatés. (Cf. Jehan de Lagny, vers 233.) La Fille dit ces derniers mots très fort.   34 Plaider.   35 LV : sy ne me font questonner  (Corr. Philipot.)   36 LV : deraission  (La méchanteté, qui est le vice du méchant, peut s’employer pour un violeur : « Ne pouvant obtenir ce qu’il désiroit du gré de Lysca, il la força, aydé par un valet complice de sa meschanteté. » Jean-Pierre Camus.)   37 De toute votre vie.   38 Que la folie. Cf. Tout-ménage, vers 227.   39 LV : apert  (Corr. Philipot.)  Comme il convient. « Moult belle dame, et qui parler sçavoit/ Comme il affiert & comme elle devoit. » Alain Chartier.   40 Je ne pourrai rien faire.   41 Elle donne à l’official la lettre du sergent.   42 Qu’on n’ajourne pas le procès pour cela !   43 Que de bavardage ! La Mère, qui s’y connaît en Droit et qui, en tant que veuve, est habilitée à plaider devant un tribunal, veut empêcher son idiote de fille de nuire à ses intérêts.   44 Je me plains.   45 Je te condamne par défaut, par contumace. Colin, qui est dans le public, monte sur la scène.   46 Il n’est pas nécessaire de m’appeler plus fort.   47 LV : colin   48 LV : fus  (Si je lui fis quelque chose.)   49 Elle remarque Guillot des Noix dans le public.   50 Interrogez-le. Guillot monte sur la scène. C’est un vieillard, vêtu comme au siècle précédent et chaussé de souliers à la poulaine.   51 De plaid, de perte de temps.   52 LV : jureres  (Contraction du futur normand, comme jurray au vers 274. « Regardez à qui vous lairrez :/ Je demourray povre et seullette. » Testament Pathelin.)   53 LV : a   54 Sous une pierre tombale. « Quant est du corps, il gist soubz lame. » François Villon.   55 En jargon théâtral, ce verbe signifie : commence à parler. Voir la note 35 du Bateleur.   56 Dans Jehan de Lagny, « le Juge faict faire serment à Trétaulde par l’Évangille de la Bible ». À la place de ce vers manquant, LV porte en vedette, de la main du scribe puis du censeur : loficial le Juge   57 Habile. Ce vers n’ayant plus de rime, il a été raturé.   58 Trop heureux d’avoir enfin un auditoire qui écoute ses radotages sans le faire taire, Guillot fait durer son plaisir.   59 Frais.   60 Les pots : les marmites. On ne mangeait pas encore dans des assiettes mais sur des tranchoirs, et on se servait directement dans le plat, avec les doigts. Tissier cite la Comédie de proverbes (1633), d’Adrien de Monluc : « Il ne fut jamais si bon temps que quand le feu roy Guillot vivoit : on mettoit les pots sur la table, on ne servoit point au buffet. »   61 Dans de la vaisselle. « Agatocle (…) se faisoit servir à buffet de terre, en commémoration de ce qu’il estoit fils d’un potier. » Godefroy.   62 LV : sy  (Voir le vers 106.)   63 Pas du tout, car cela n’existait pas.   64 Chacun était propriétaire de sa mule, et avait intérêt à bien la nourrir. Aujourd’hui qu’on les loue, elles ne mangent plus à leur faim.   65 LV : denoster  (Corr. Philipot.)  Les robes à la basquine furent à la mode au tout début du siècle. Cf. le Cousturier et son Varlet, vers 177. Les satiristes brocardent souvent les femmes qui passent leur temps dehors, et qui rentrent crottées par la fange des rues : « Johan nétoye la robe/ De sa femme, qui est crotée. » Le Povre Jouhan.   66 LV : mousequine  (Le petit museau : la mignonne. « [Il] s’amouracha d’une musequine friande, blondelette, mignardelette. » Marcellin Allard.)   67 Aujourd’hui, les cavaliers sont contraints de s’habiller tout en cuir, pour qu’on puisse nettoyer plus facilement les éclaboussures provoquées par leur cheval. Guillot sous-entend que les rues sont beaucoup plus sales que jadis.   68 Ces gens qui montent sur une mule pour ne pas salir leurs souliers.   69 Ces épouses (lat. mulier). « Je ne vi dammoisele, pucelle ne moullier. » ATILF.   70 LV : seiour  (Corr. Philipot.)  « Jour » a ici le sens de date, et à la rime le sens de journée.   71 La culbute (les Sotz nouveaulx, vers 221) : à tomber de leur mule.   72 Cette arme d’un maniement délicat était périmée. (Cf. Colin, filz de Thévot, vers 84.) Clément Marot traite de la sorte une ancienne coquette : « Retirez-vous, vieille dague à rouelle !/ Retirez-vous, car vous n’estes plus celle/ Qui jadis sceut aux hommes tant complaire. »   73 Ces chaussures fragiles et peu pratiques se prolongent d’une corne en tissu qui se tordait sous la semelle et provoquait des accidents. Leur mauvaise réputation les réservait aux Fous et aux hommes efféminés. « Du temps qu’on portoit souliers à la poullaine, mes amys, et que on mettoit le pot sur la table. » Noël Du Fail.   74 LV : qne   75 Importante.   76 Qu’on faisait venir tout le monde à la cour de l’Officialité ; aujourd’hui, les calvinistes refusent ses convocations. « Mon procureur en Court d’Église. » Villon.   77 On ne changeait de chemise que tous les deux mois.   78 Être vendue 6 sous.   79 L’avocat normand Robert Angot dira la même chose un siècle plus tard : « Où cent cliens souloient parêtre,/ Ils n’avoient que six avocas ;/ Où cent avocas on voit être,/ Six cliens ne se trouvent pas. »   80 J’ai vu 200 personnes mises au rang des trépassés. Plus Guillot vieillit, plus il voit mourir de gens de sa génération.   81 On peut comprendre : Ce n’est pas bientôt fini ? Ou bien : Il n’en meurt pas encore assez (puisque vous êtes toujours vivant).   82 LV : respons   83 Qu’il n’y avait. Dans les grandes villes, la mule était le moyen de transport des élites appartenant à l’université, la magistrature ou le haut clergé.   84 Femme noble. « Les deulx femmes des deulx gentilz hommes, abillées en damoyselles. » Le Poulier à sis personnages.   85 Ce que cela nous annonce.   86 Tout le monde se fait anoblir.   87 Le commerce disparaîtra, puisque les nobles refusent de travailler.   88 De robes de Frise, de robes à la basquine (note 65), ni de jupons évasés par un bourrelet. « Ô la gente musquine !/ Qu’elle a une belle basquine !/ Sa vertugalle est bien troussée/ Pour estre bien tost engrossée. » Le Blason des basquines et vertugalles.   89 Des galants, qui ne pensent qu’à galer, qu’à s’amuser. « Jeulx, gales ou esbatemens. » ATILF.   90 Une casaque avec des manches.   91 Les lames damasquinées, incrustées d’or ou d’argent.   92 La sainte patronne des bragards, des élégants. « Pour mieulx gorrer [frimer] et faire de grans bragues,/ Le beau pourpoinct, la cappe bigarrée. » ATILF.   93 Les mères allaitaient elles-mêmes, alors qu’aujourd’hui, elles craignent de flétrir leur poitrine.   94 Désormais.   95 Chausse des bottes de cavalier. Guillot ne précise pas que de son temps, on se plaignait des nobles qui entraient dans l’église en tenue de fauconnier avec leur meute : « Qui sur son poing porte espervier/ Dedans le temple, et faict bruyt (…)/ De ses chiens. » Le Grand nauffraige des Folz.   96 « En contre-sens, à l’envers, au rebours. » Mémento du patois normand, p. 235.   97 Anciennes pièces d’or.   98 Le ducat est une monnaie vénitienne. Or, Guillot est foncièrement xénophobe : il n’aime pas les robes de Frise (italiennes), les vertugales (espagnoles), les vasquines (basques), ni les lames de Damas. Il ignore apparemment que les chaussures à la poulaine sont originaires de Pologne…   99 Au lieu de.   100 À 10 carats, et même à 8.   101 À l’époque qu’on qualifiait de malheureuse. (Méshuroux est un normandisme pour mésheureux.) « Ce meschant mésurous. » Le Triomphe des Normans.   102 On n’attrapait pas de catarrhe : de sinusite avec complications bronchiques. « Vif fust encores, si ne fust ung caterre/ Qui trop soubdain l’a tombé jusqu’à terre. » ATILF.   103 Tous mes prédécesseurs ont lu : can   104 Qui ne favorise l’apparition d’un catarrhe. « La chambre est froide et caterreuse. » Godefroy.   105 LV : en son cul  (Corr. Philipot.)  Rebrassé = retroussé. « Sottes doulces qui rebrassez voz cottes. » Jeu du Prince des Sotz.   106 La serge et l’ostadine sont des étoffes légères.   107 Réjouie.   108 LV : tante  (Celle qui avait en toute saison.)   109 De fourrure d’écureuil. Le grignot du vers suivant semble être la même chose.   110 Que vous avez rincé les pots : que vous avez bu.   111 Litt. : frappe, bélier ! Ce mot fut contaminé par heurtebiller, qui signifie coïter, et par beliner, qui a le même sens.   112 Écoutez. Cf. Lucas Sergent, vers 218.   113 Voici le meilleur conte que vous ayez jamais entendu.   114 LV : messuy  (Maishui = indéfiniment. Cf. le Gentil homme et son Page, vers 117.)   115 Guillot a quand même entendu parler de la découverte de l’Amérique.   116 Je ne sais.   117 Si on fait l’amour comme on le faisait. Dans son édition, Philipot cite Guillaume Bouchet : « Si on le fait comme on faisoit de mon temps. » (Les Sérées, 1584.) Le même Philipot a repéré cette formule proverbiale dans un conte de d’Ouville que je publie en appendice.   118 LV : doeuure  (L’œuvre des noces : le coït. « L’Apostre exempte de tout crime l’œuvre des nopces, disant : & quand bien tu auras prins femme, tu n’as pas péché pour cela. » Pierre Coton.)   119 Tout est consommé : l’acte a bien eu lieu.   120 Et même, je vous l’atteste.   121 Combien d’écus, de testons ou de sous.   122 LV : jureray  (Note 52.)   123 Sous condition. Le noble vieillard, en contrefaisant les gestes et la voix d’une pucelle, devait obtenir un beau succès public.   124 Lui déplut.   125 Sur les conseils de sa mère, elle croisait les jambes pour empêcher la pénétration.   126 Qui bougeait le bassin.   127 Oui, oui, (plutôt que de vous épouser, je vous donnerai un) fromage. « Hui » semble être une minoration de « oui » ; à moins qu’il ne s’agisse d’un sifflement : voir la note 93 du Capitaine Mal-en-point. Tissier se réfère aux Nouvelles récréations de Bonaventure Des Périers (1558) : l’Enfant de Paris qui fit le fol pour jouyr de la jeune vefve ne cesse de dire devant elle : « Ha ! ha ! formage ! »   128 Parlant à voix basse. Mais il pourrait s’agir là d’une didascalie : le Témoin, après avoir contrefait la voix aiguë de la fille, contrefait la voix grave du garçon. Dans ce cas, le vers suivant est apocryphe.   129 Comme un mouton. Ou comme un bélier : cf. le sens érotique du « heurte-belin » (vers 241) et de « beliner » (Pantagruel, 23).   130 Bander les yeux. Mais pas seulement les yeux : « Le paillard outil d’un amant se bande sans guindal [treuil], de luy-mesme. » Béroalde de Verville.   131 LV : bisaq  (Cf. Frère Guillebert, vers 14.)  Tissier rappelle qu’on trouve cette expression chez le Normand Philippe d’Alcripe, et chez Gabriel Chappuys, rouennais d’adoption : « Elle commença à mettre la main sur son braquemard à fin de le loger (…), & mit Geoffroy au bissac. »   132 Le châlit. « Je vous souhaide toute nue/ Entre mes bras, dessus mon lyt,/ Pour assayer se le châly/ Endure bien qu’on s’y remue. » Quant je vous voy.   133 On n’entend pas avec le nez.   134 D’une planche. Ce n’est plus un témoin, c’est un voyeur ! « Je regardois par une fente/ Qui est à l’huys de ma chambrette,/ Où je l’ay veu sur la couchette/ Avec ma fille Madalêne. » Jacques Grévin.   135 Les plaignants. Jeu de mots sur les parties sexuelles.   136 Départagés.   137 D’avoir promis quelque chose.   138 À genoux sur le lit pour coïter avec elle. « Je vous amèneray la nonnette jolie ;/ Boutez-vous en prières trèstous à deux genoulx,/ Et devant qu’i soit nonne, nous fringuerons trèstous. » (Fringuez, moynes, fringuez.) Cf. Sœur Fessue, vers 71.   139 Avant de.   140 As-tu un bel aboiement : as-tu encore une grande gueule ? (Le sarcasme s’adresse à Colin.) « Tu as bel abbayer, mastin [chien] ! » Louis Des Masures.   141 LV : un  (La flûte et le tambourin sont les instruments traditionnels pour faire danser une noce. « Soyez-y avecques vostre flutte et tabour. Les parolles dictes, et la mariée baisée au son du tabour… » Rabelais.)  La loure est une cornemuse.   142 LV : espoussera  (= il époussettera. Mais « il épousera » est plus logique.)   143 Dans les Cent Nouvelles nouvelles (nº 86), une mère plaide avec sa fille devant l’official de Rouen pour une histoire de sexe ; ayant obtenu gain de cause, elle s’écrie : « Grand mercy, monseigneur l’Official ! Vous avez trèsbien jugé. »   144 Je suis pris. « J’en ay pour une ! » Testament Pathelin.   145 De le prendre en gré, de faire contre mauvaise fortune bon cœur.   146 LV : colin  (Corr. Philipot.)   147 Les vifs, les vivants.   148 Et celui qui.   149 LV : par   150 Trouver à critiquer.   151 Ou piqué.   152 « Nous ne comprenons pas pourquoi. » (Tissier.) La tournure est normande.   153 Suprême.   154 LV : vous  (De nous.)   155 Cette ultime scène, tellement moralisatrice que le censeur n’y a rien trouvé à redire, n’est peut-être pas du même auteur que le reste. Elle est dépourvue de la moindre originalité, et le distique final sert de conclusion à de nombreuses pièces. Le ms. La Vallière inflige le même traitement à Sœur Fessue, et à l’Avantureulx ; mais dans cette dernière farce, la fin moralisatrice et le congé banal ont carrément été biffés.   156 La farce du Tesmoing demeura longtemps populaire en Normandie. En 1643, un dramaturge normand, Antoine Le Métel d’Ouville, en publia ce résumé dans ses Contes aux heures perdues.   157 À sa demande.   158 D’Ouville ne mentionne pas la chambre (et le trou percé dans la cloison) ; mais plus bas, il parle d’un lit, qui n’a rien à faire dans une étable.