LA CONFESSION DU BRIGANT AU CURÉ
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LA CONFESSION DU BRIGANT
AU CURÉ
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Ce dialogue normand1 du XVIème siècle présente une particularité : le prêtre ne succombe ni au péché de luxure, ni au péché de gourmandise ; seul le péché d’avarice lui est imputable. Dans une forêt obscure, un bandit de grands chemins réclame sa bourse à un curé, qui la prétend vide, mais qui accepte de confesser le brigand. Celui-ci, à genoux aux pieds du curé, vide peu à peu la sainte bourse, tout en commentant son forfait dans les termes d’une confession en règle.
Le Plaisant boutehors d’oysiveté (1553) relate la même tromperie, intitulée D’un Pipeur venant à confesse à un bon prebstre :
… Car cependant qu’il estoit à genoux
Devant Monsieur, faignant jetter courroux
Et maints souspirs pour son vice & péché,
Et que ce prebstre estoit bien empesché
À s’enquérir, certainement, ce hère
Fouilloit dedans la bourse ou gibes[s]ière
De ce bon prebstre, où estoyent sept escus,
Dont en print cinq comme à luy bien escheuz ;
Les autres deux il laissa jusque à tant
Que Monsieur vînt à luy dire entre-tant :
« Çà, mon amy, criez à Dieu mercy
De vos péchéz ! & vous souvienne aussi
Vous repentir, & de ne laisser rien
Que vous puissiez. Car –entendez-vous bien ?–
Vous ne seriez pas absouls, autrement. »
Sur quoy, il a respondu promptement :
« De cela faire, ainsi m’aid Dieu, prétends,
Mais que donnez le loisir & le temps. »
« C’est la raison (dit Monsieur). Besongnez,
Et à tout dire & confesser, songnez. »
Sur tel propos, cestuy mignon, encore,
Eust de rechef le soing & la mémoire
De refouiller dedans la gibecière
De son prédit confesseur ou beau Père,
Tant qu’à la fin, les sept escus il eust.
Puis, par après les avoir, dire il peust
Au confesseur que plus rien ne sçavoit….
Dont sans tarder absolution donne
Audit gallant, auquel encore ordonne
Tant seullement trois patenostres dire.
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Source : Recueil de Florence, nº 10.
Structure : Rimes embrassées, rimes plates, rimes croisées. Les 44 derniers vers, dans un état désespéré, semblent avoir été reconstitués de mémoire.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
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Farce nouvelle du Curé et du Brigant
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À deux personnaiges, c’est assavoir :
LE BRIGANT
LE CURÉ
La Confession
du Brigant au Curé
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LE BRIGANT commence SCÈNE I
Je suis desconfit de quinquaille2,
Tout mon argent est despendu3.
À malle hart4 soit-il pendu,
Qui soustient ne denier ne maille5 !
5 Or n’est-il riens qui ne me faille,
Et [n’ay] grant planté6 d’escuz vieulx.
Ma robbe a le ventre creux
Depuis que je n’ay eu nul gaige.
Tout me fauldra7, en mon mesnaige :
10 Du pain, du lart et du fourmaige.
Je ne le tiendray pas à saige,
Qui8 passera ains que je couche.
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LE CURÉ SCÈNE II
Voicy la feste qui s’approuche
De Pasques ; et pource, à ma cure
15 Je veulx aller à l’aventure
Confesser mes paroissiens,
Car ilz sont si trèsnégligens
Que ce n’est que toute ignorance.
Pour acquiter ma conscience,
20 La Dieu mercy, je suis tout prest.
Aller me fault sans nul arrest ;
Et si, convient que [me haston]9.
Mais ung homme sans baston
Est à la mercy des chiens10.
25 Or avant ! Je ne crains [plus] riens.
Dieu me conduye, et Nostre Dame !
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LE BRIGANT SCÈNE III
Par la croix bieu ! il ne passe âme.
Je ne fois icy que morfondre…
Je prie à Dieu qu’il me confonde
30 Si je ne voy là quelque proye.
Ho, ho ! Il convient que je voye
S’il y a point de compaignie.
Sang bieu ! vous y perdrez la vie
Tantost, domine Curate 11.
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LE CURÉ SCÈNE IV
35 Je me suis [assez tost]12 hasté,
Je seray bientost à mon estre13.
LE BRIGANT 14
À mort ! à mort ! Demourez, prestre :
Il fault retourner par-deçà15 !
LE CURÉ
Hélas, hélas ! Et ! qu’esse-là ?
40 Pour Dieu, ne me faictes nul mal !
LE BRIGANT
[Vient-on]16, à pié ou à cheval ?
LE CURÉ
Je n’ay veu âme. [Quel tourment]17 !
LE BRIGANT
Vous avez peur, maistre gallant18 ?
LE CURÉ
Je cuydoye premièrement
45 Que ce fussent mauvaises gens ;
Mais [voy que] non sont, Dieu mercy !
LE BRIGANT
Jamais ne partiray d’icy
Que n’aye compté vostre monnoye.
LE CURÉ
(C’est donc pis que [je] ne cuydoye.)
50 Las, ne me faites nul effors !
LE BRIGANT
Je te mettray la dague au corps,
Par la chair Dieu, se tu dis mot !
LE CURÉ
Nenny, je ne suis pas si sot ;
Il n’en sera jamais nouvelle19.
LE BRIGANT
55 Çà, de l’argent !
LE CURÉ
Il n’y a rouelle20,
Par le Dieu qui me fist21, en ma tasse.
LE BRIGANT
Parle bas, [de peur] qu’i ne passe
Quelq’un qui face empeschement.
LE CURÉ
Vous dictes vray, par mon serment ;
60 [Desjà] je l’avoye oublié.
J’ay mon argent tout employé
Au luminaire de la feste.
LE BRIGANT
Par le sang bieu, ribault [de] prestre,
Vous chanterez d’autre martin22 !
LE CURÉ
65 Je vous don(ne)ré ung pot de vin,
Beau sire, et soyons amys.
LE BRIGANT
Baille des escus cinq ou six :
Tu n’auras garde qu’on [les t’emble]23.
LE CURÉ
Je n’en vis oncques tant ensemble,
70 Par Dieu qui me fist, en ma bource.
LE BRIGANT
S’il convient que je me cour(ou)ce…
LE CURÉ
[Ce me]24 seroit une grant peine.
LE BRIGANT
Voicy desjà25 longue sepmaine
Que je veulx estre confessé.
LE CURÉ
75 A ! par Dieu, tout sera laissé
Devant que je ne vous confesse.
Or sus, mectez-vous à vostre aise,
Debout, assis, agenoillé26,
Et dictes : « Bénédicité,
80 Dominus 27. »
LE BRIGANT
Dy-le pour moy, [don28].
LE CURÉ
Bénédicité… Sempiternum…
[Et] spiritus sancti… Amen !
Or, dites donc : « Je me confesse. »
LE BRIGANT
85 Dy-le pour moy.
LE CURÉ
« Je me co[n]fesse
À Dieu31. »
LE BRIGANT
Et maulgré bieu du villain prestre32 !
T’en veulx-tu desjà aller [paistre] ?
LE CURÉ
C’est ung mot de confession.
LE BRIGANT
Par la mort ! sans rémission
90 Je te tueray, se tu quaquettes.
LE CURÉ
Or sus, dictes voz besongnettes33 :
Avez-vous prins rien de l’autruy34 ?
LE BRIGANT
[Se j’ay prins ?] Et ! morbieu, ouÿ :
Quant je jou[o]ye aulx espinettes35
95 Avec[ques] les belles fillettes,
Je leur ostoye leurs espilles36
Et les donnoye à d’autres filles.
LE CURÉ
Or Dieu le vous pardoint, [beau] sire !
Comment vous va du péché d’ire37 ?
100 Vous courro[u]cez-vous voluntiers ?
LE BRIGANT
Quant je vois38 parmy les santiers,
[S’]une ronce ou une espinette
Me happe parmy ma jambette,
Incontinent je maulgroye Dieu
105 Et la couppe par le mellieu ;
Voire tout bas39, sans mot sonner.
LE CURÉ
Dieu le vous vueille pardonner !
Mais d’argent prendre, il s’en fault f[r]aindre40.
LE BRIGANT 41
Si fois-je, quant n’y puis actaindre.
LE CURÉ
110 C’est bien fait, car Dieu s’en courrouce.
Avez-vous point, voyant42 la bource
À ces gallans, et joué de « force »43 ?
LE BRIGANT
Nenny, [pas encore, par Dieu]44.
LE CURÉ
Or sus, faicte[s] bien vostre deu45 ;
115 Il faul[t] laisser, chascun, son fais46.
LE BRIGANT
Par le sang bieu, je suis emprès ;
Encor(e) ne fais que commencer.
LE CURÉ
Il vous fault trèsbien [a]penser
À mettre tout hors, mon amy.
LE BRIGANT
120 Aussi fais-je tant que je puis,
Mais le pertuis47 est trop petit.
LE CURÉ
Ce sera [pour] vostre prouffit,
Mon amy : ne laissez rien.
LE BRIGANT
[Pour] mon prouffit ? Par sainct Julien,
125 Au moins y ay-je espérance !
LE CURÉ
N’avez-vous pas en Dieu fiance ?
Dea ! ne vous hastez48 qu’à vostre aise.
LE BRIGANT
Nenny dea, je suis bien aise.
Vous fais-je point de desplaisir ?
LE CURÉ
130 Nenny non, faictes tout à loisir ;
De vous amender j’ay grant joye.
LE BRIGANT
Je vaulx mieulx que je ne faisoye
Des escus, par Dieu, plus de six49.
LE CURÉ
Vostre confession, beau filz,
135 Elle doit estre parfaicte.
LE BRIGANT
El(le) sera, par Dieu, toute nette,
Se je puis, avant que [je cesse]50.
LE CURÉ
Dea, il ne fault pas que l’en laisse
Aucuns péchés : n’en laissez nulz.
LE BRIGANT
140 Je prens les grans et les menus,
Certes, j’en foys bien mon effors.
LE CURÉ
Dieu vous sera miséricors.
Or çà, savez-vous autre chose ?
LE BRIGANT
L’autre jour, il y a grant pose51,
145 On avoit mis ung gras confit52
À la gelée53, toute [une] nuyt ;
Et je le prins.
LE CURÉ
[C’est bien forgé]54 !
LE BRIGANT
Par le sang bieu ! je le mengay
Sans sel55, dont je m’en confesse.
LE CURÉ
150 Or çà, oyez-vous point la messe,
Au dimenche, quant elle sonne ?
LE BRIGANT
Je l’oy bien d’où je suis.
LE CURÉ
[Grant somme
Avez]56, mais que faites vous tousjours ainsi ?
LE BRIGANT
J’en ay beaucoup, [la] Dieu mercy57 !
LE CURÉ
155 Or mon amy dictes, après, [vos reliques58],
Sans [me] faire tant de réplicques.
LE BRIGANT
Je mengay l’autre jour des trippes
D’une59 tripière, [à fines lippes]60 ;
Et luy abbatis [sa tripière]61
160 Tant que la gresse cheut à terre.
Et [j’ay] laissé là son62 couteau.
LE CURÉ
Dea, nous en sommes bien et63 beau !
Confession est-elle faicte ?
LE BRIGANT
Par le sang bieu ! elle est [bien] nette :
165 Je ne sçay en [tout mon couraige]64
Plus riens seul, s’il n’est bien sauvaige65.
LE CURÉ
C’est vostre prouffit, j’ay66 fiance.
LE BRIGANT
Or sus doncques, que l’en s’avance67 !
LE CURÉ
Il vous fault avoir pénitence,
170 Pour des68 péchéz pardon avoir69.
LE BRIGANT
Monsïeur, vueillez y penser :
Car si vous me baillez grant charge,
Je ne la sçauroie porter70.
LE CURÉ
…………………. Égo asvoté 71…
175 De la crouste d’ung pasté72…
Sicut érat… Sempiternam…
[Et] spiritu sancti… Amen !
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LE BRIGANT 73 SCÈNE V
Sire Moris[s]e, mon amy,
[De grant sens vous estes garny]74.
LE CURÉ
180 Vertu bieu ! je [chante mercy]75
Que je n’é pas laissé l’endosse76.
Morbieu ! se je reviens par cy…
Je m’en vois à mon sacerdoce77,
Confesser mes parroisiens.
185 Prenez en gré l’esbatement !
Sire Dieu [vous donne tous biens]78 !
Adieu vous dy pour maintenant.
FINIS
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1 Comme d’habitude, les particularismes normands n’ont survécu que dans les rimes : vers 16 et 17, 22 et 23, 111 et 112, 113 et 114, 170 et 171… Mais il nous reste un couplet sur les tripes, spécialité normande ! 2 Cliquaille, monnaie. Cf. les Tyrans, vers 49. 3 Dépensé. 4 À une maudite corde. 5 Celui qui a des deniers ou des piécettes. « Je ne soustiens denier ne maille. » La Confession Rifflart. 6 Quantité. Les écus vieux furent décriés le 5 décembre 1511. Voir la note 124 du Jeu du Prince des Sotz. 7 Me fera défaut (verbe faillir, vers 5). 8 Celui qui passera avant que je ne me couche. 9 F : ie me haste (Tournure normande : « Je n’avons pas putost eu gagé, que j’avons vu les deux hommes tout à plain. » Molière, Dom Juan, II, 1.) 10 Il ramasse une branche morte, et l’utilise comme canne pour marcher et se défendre pendant le long trajet entre son presbytère et la cure où il officie. Les villes se trouvaient dans la forêt, alors peuplée de chiens sauvages, de loups, et de détrousseurs. 11 Monsieur le Curé. C’est du vrai latin, contrairement à celui que va écorcher le curé. « Et ma femme banquètera/ Avecques domine Curate./ Ell’ en ara le cul frapé. » Le Vilein, sa Femme et le Curé. 12 F : asses toust 13 À destination. 14 Il surgit de derrière un arbre. 15 Par ici, vers moi. Il attrape le curé qui s’enfuyait. 16 F : Vient il (Est-ce que quelqu’un d’autre vient ? Voir le vers 32.) 17 F : quelconques (« N’y est-elle point ? Quel tourment ! » Les Botines Gaultier.) 18 Les prêtres avaient une réputation de séducteurs. 19 F : nouuoelles (Je n’en parlerai à personne. Cf. Beaucop-veoir et Joyeulx-soudain, vers 256.) 20 Aucune pièce de monnaie. 21 Même expression au vers 70. Tasse = bourse : cf. le Ramonneur de cheminées, vers 61. 22 Vous changerez de ton. « Bientost vous ferai d’autre martin chanter. » Godefroy. 23 F : le lemble (Tu ne craindras plus qu’on te les vole.) 24 F : Se (On se demande si le curé plaint le brigand ou son argent.) 25 F : la (Il y a déjà longtemps.) 26 F : ou a genoulx (Cf. la confession du Nouveau Pathelin : « –Çà, dictes, sans plus vous brouiller,/ Tout premier Bénédicité…./ –Seray-je cy agenoillé ? » 27 Nombreux points communs avec la confession du Testament Pathelin (notamment les vers 327-330), et la confession du Munyer (vers 390-391). 28 Donc. On plaquait parfois cette rime commode à la fin d’un vers bancal : « Il suffist, je n’en dy rien, don. » Maistre Pierre Doribus. 29 Le curé amalgame le début de secula et la fin de sursum corda [élevons nos cœurs]. Il a tellement peur qu’il mélange et estropie les textes liturgiques. Voir la note de Gustave Cohen, Recueil de farces françaises, p. 82. 30 F : predicale (qui ne rime pas. Emprunt classique à saint Augustin : divino eloquio praedicatam = prêchée par une éloquence divine — que ne possède visiblement pas notre pauvre curé de campagne.) Prédicatan rime avec aman, de même que le sempiternon du vers précédent rime avec don. 31 Le brigand comprend « Adieu ! », et croit que le curé va s’en aller. On trouve exactement le même jeu scénique dans la farce du Ribault marié, vers 403-405. Et dans la 13e Nouvelle de Philippe de Vigneulles : « “Or dictes doncques ainsi, sire : Je me confesse à Dieu”, ce dit le curé. Et le rusticque, pensant qu’il eust désjà fait (…), dit : “Et ! adieu ? Messire prebtre, en voullez-vous desjà aller ?” » 32 Maudit soit ce vilain prêtre ! « Maugré du vieux ! » Farce de la Cornette. 33 Vos petites affaires. Double sens érotique (besogner = coïter) : cf. Jolyet, vers 54. 34 Du bien d’autrui. Cf. la confession du Testament Pathelin, vers 388. 35 Espine = pine, pénis. « Dame Proserpine/ Fust espinée de l’espine/ Qui est en ta brague cachée. » (Rabelais, V, 46.) On peut comprendre : quand je faisais l’amour. 36 F : espingles (Les espilles sont des épingles qui fermaient les robes : « S’il choit à la dame une espille. » XV Joyes de mariage.) 37 La colère est un péché capital. 38 Vais. 39 Silencieusement. 40 Se retenir (Godefroy). Le curé estime moins grave d’enfreindre le deuxième Commandement (« Tu ne prendras point le nom du Seigneur ton Dieu en vain ») que le septième (« Tu ne desroberas point »). 41 À partir de là, le brigand à genoux entrouvre discrètement l’aumônière du curé, puis en sort les pièces une à une. Le curé lui parle de sa conscience qu’il doit vider de tout péché, mais le brigand parle de la bourse du curé, qu’il vide de ses écus. 42 F : veu en 43 Les forces étaient les ciseaux des coupeurs de bourses. Voir l’édition Koopmans, p.176, note 32. 44 F : par dieu pas encore (Cf. Koopmans, note 33.) 45 Votre devoir. « Diu » rime avec « dû », à la manière normande. 46 Chacun doit laisser son fardeau moral. Le brigand songe plutôt à un fardeau métallique. 47 Le goulot de ma conscience. (Et l’ouverture de votre bourse.) 48 F : hastrs 49 Je vaux 6 écus de plus que je ne valais avant de me confesser. 50 F : la laisse (Rime du même au même.) 51 Il y a longtemps. 52 F : chappon 53 À la campagne, on laissait refroidir les plats chauds sur une fenêtre, pour le plus grand plaisir des chapardeurs. 54 F : Dea iulfhange (C’est bien combiné.) 55 Goulûment, comme le chat de Renart le nouvel quand il dévore un héron « sans nape et sans sel ». 56 F : Par dieu vous auez grant somme (Vous avez tellement sommeil, que vous restez couché au lieu d’aller à l’église ? Le brigand va équivoquer sur les sommes d’argent. Cf. Koopmans, note 49.) 57 Même exclamation au vers 20. Cf. la Seconde Moralité de Genève, vers 129. 58 Le reliquat, le reste. « S’il y a encores en vous quelques reliques de l’amour passée. » Marguerite de Navarre. 59 F : A une (Vers trop long.) Les tripières vendaient au marché des tripes chaudes que les clients consommaient sur place, dans une écuelle ou une chope : « Demandé luy ay du brouet [sauce],/ En mon escuelle, de ses trippes. » (Farce de la Trippière, F 52.) « Je payeray choppine de tripes. » (Le Disciple de Pantagruel.) À défaut, on versait les tripes dans un cornet de papier fort : « Ma besace sera gastée,/ Se ne le metez au cornet. » (L’Aveugle, son Varlet et une Tripière.) Les tripières de la littérature comique sont toujours victimes de resquilleurs, comme dans les Repues franches de maistre François Villon. 60 F : qui passoit (« Regardez là quelz fines lippes/ Pour tesmoigner d’ung plat de tripes. » Le Capitaine Mal-en-point.) 61 F : son bacquet (Tripière = large pot en terre cuite muni d’un petit couvercle.) 62 F : mon (Je me suis enfui avant qu’elle me poignarde.) Le redoutable couteau à double tranchant des tripières était passé en proverbe : « L’Évangile est un cousteau de tripière, qui coupe des deux costéz. » Satyre Ménippée. 63 F : el (Ce « nous » de majesté désigne le curé lui-même, qui regrette charitablement que la tripière n’ait pas tué le brigand.) 64 F : ma conscience (Dans mon cœur, dans mon âme. « Ce sont choses (…) qui moult me grièvent et poisent en mon courage. » Froissart.) 65 Je n’ai pas laissé un sou, à moins qu’il n’ait eu des griffes. 66 F : Se ie ny ay part iay 67 Qu’on en finisse. 68 F : vos 69 Rime normande : avèr rime avec pensèr. Cf. Pates-ouaintes, vers 420 et 422. 70 Il faudrait une rime en -arge, ou à la rigueur en -age. Les pénitents resquillent toujours pour diminuer leur pénitence ; le meilleur exemple se trouve dans la Confession Rifflart. 71 Ego absolvo te [je t’absous]. Pressé d’en finir, le curé recommence à dire n’importe quoi (note 29). 72 « De la croûte » évoque Juxta crucem [près de la croix], et « D’un pâté » rappelle Deus Pater [Dieu le Père]. 73 Il s’éloigne en se parlant à lui-même. On apprend qu’il se nomme Maurice. 74 F : Vous estes garny de grant sens 75 F : eschape bien aucy (Chanter merci = rendre grâces à Dieu.) 76 Le bas du dos : le curé se félicite de ne pas s’être fait violer ! Voir le glossaire des Ballades en argot homosexuel de Villon <édition de Thierry Martin>. D’après le Dictionnaire érotique de Pierre Guiraud, « se faire endosser » = se faire sodomiser. 77 F : avanture (Réminiscence des vers 15-16.) 78 F : le vous pardonne (Encore une fois, ces « biens » sont plus terrestres que spirituels.)