LE MÉDECIN QUI GUARIST DE TOUTES SORTES DE MALADIES
.
*
LE MÉDECIN QUI
GUARIST DE TOUTES
SORTES DE MALADIES
*
.
Évoquant cette farce — ou plutôt, cet empilement de séquences graveleuses et scatologiques —, Emmanuel Philipot a dit1 : « Le travail d’invention de l’auteur a consisté à choisir dans les Facéties du Pogge six anecdotes en majorité relatives à des médecins, puis à les relier tant bien que mal en les faisant rentrer dans une intrigue rudimentaire. » Philipot cite Montaigne (Essais, II, 10) : « Ceux qui se meslent de faire des comédies (…) entassent en une seule comédie cinq ou six contes de Boccace. » L’auteur de notre farce ne semble pas avoir lu le Liber facetiarum de Poggio Bracciolini dans l’original latin. Il en a plutôt connu la traduction de Guillaume Tardif, parue vers la fin du XVe siècle et souvent rééditée ; c’est donc elle que je citerai.
Le début est très proche de Chagrinas : un charlatan qui se dit médecin vend des remèdes magiques devant sa porte, et veut bien payer de sa personne pour satisfaire ses patientes.
Aux quatre personnages officiels, ajoutons l’âne Martin Baudet, qui tient un rôle non négligeable. Il s’agit, selon toute vraisemblance, d’un âne vivant. Les Mystères de la Nativité en louaient un pour transporter Marie et pour figurer dans la crèche ; or, on incluait dans ces Mystères des farces qui bénéficiaient du même décor et des mêmes accessoires qu’eux : voir la notice des Tyrans.
Source : Recueil de plusieurs farces tant anciennes que modernes. Paris, Nicolas Rousset, 1612, pp. 3-21. La pièce fut donc éditée plus d’un siècle après avoir été écrite.
Structure : Rimes abab/bcbc, rimes plates.
Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.
.
*
Farce nouvelle et récréative du
Médecin qui guarist
de toutes sortes
de maladies & de
plusieurs autres.
Aussi fait le nés à l’enfant d’une
femme grosse, & apprend à deviner.
*
À quatre personnages, c’est à sçavoir :
LE MÉDECIN
LE BOITEUX
LE MARY
LA FEMME
*
LE MÉDECIN commence SCÈNE I
Or faictes paix2, je vous [en] prie,
Afin que m’oyez publier
La science, aussi l’industrie
Que j’ay apris à Montpellier3 ;
5 J’en arrivay encore hyer,
Avec la charge d’un chameau
De drogues4, pour humilier
Femmes qui ont mauvais cerveau5.
J’ay aussi du bausme nouveau
10 Pour guarir playes et fistules.
Et dedans cest autre vaisseau,
De toute sorte de pillules
Pour les basses et hautes mules6,
Pour fièbvres, chaut mal7 et jaunisse[s],
15 Mal de dents et de mendibules,
Et de mammelles de nourrices.
Ouvrier [je suis]8 des plus propices
Qui soit en ce monde vivant
Pour renouer9 bras, jambes, cuisses,
20 Soudain et viste comme vent.
Onc homme on ne vid plus sçavant
En chirurgie n’en physique.
Et mieux que ceux de par-devant10
Je me connois en la practique.
25 J’ay appris d’un devin antique
Qui se tenoit par-delà Thrace11
À deviner, guarir colique.
Je n’en dy plus : l’heure se passe.
.
LE BOITEUX 12 SCÈNE II
Je pourrirois en ceste place
30 Avant que j’en sceusse13 bouger.
Hélas ! Monsieur, par vostre grâce,
Vueillez-moy mon mal alléger !
LE MÉDECIN
Je désire te soulager.
Qu’as-tu ? Tu es froid comme marbre.
LE BOITEUX
35 Las ! Monsieur, je suis cheu d’un arbre
Et me suis desmis [la jointure]14.
LE MÉDECIN
Sans y mettre oignement n’ointure15,
Je te la remets et r’assemble16.
LE BOITEUX
Ha ! Je suis guary, ce me semble.
40 À vous suis tenu grandement.
LE MÉDECIN
Que donneras-tu franchement,
Si je t’enseigne de léger17
À descendre sans tel danger
(Qui n’est pas petite science) ?
LE BOITEUX
45 Je vous promets en conscience
De vous payer à vostre gré.
LE MÉDECIN
Escoute : Soit d’arbre ou degré18,
Garde-toy de te plus haster
Que tu n’avois faict à monter,
50 Alors qu’il t’en faudra descendre.19
LE BOITEUX
Et vous, ne vous hastez de prendre
Non plus que je faicts de bailler.
Il dict en s’enfuyant :
Il se cuidoit de moy railler ;
Toutefois, j’ay gaigné le jeu.
.
LA FEMME 20 SCÈNE III
55 Mon mary, pour l’amour de Dieu,
Menez-moy à ce médecin
Duquel on parle tant, afin
De voir s’il me pourra guarir.
LE MARY
Je vas nostre baudet quérir
60 Pour plus doucement vous mener.
LA FEMME
Hastez-vous donc de l’amener !
Je debvrois y estre desjà.
[LE MARY.] Il va quérir son asne,
et monte sa femme dessus. Puis dit :
Allons, hay, baudet ! Comme il va !
LA FEMME
Ne le faictes si fort haster,
65 Ou à bas me ferez jetter,
En danger de me rompre le col.
Conduisez-le par le licol,
De crainte qu’il ne vous eschappe.
LE MARY
Martin21 Baudet, si je vous happe,
70 Je vous donneray tant de coups
Que vous feray aller tout doux.
Vous faictes de l’acariâtre ?
LA FEMME
Il n’est pas saison de le batre
Maintenant, qu’il nous faut soigner22
75 Allégeance à mon mal donner.
Il suffit mais qu’il aille l’amble23.
LE MARY
Arrivéz sommes, ce me semble,
Où le médecin fait demeure.
Il est que vous descendiez heure.
80 Arreste, hau, baudet ! [Or, cesse]24 !
LA FEMME
Aydez-moy, que je ne me blèce.
LE MARY 25
Dévaller pouvez — embrassée
Vous tenant — sans estre offencée26.
Voilà l’huis : heurtez seurement.
LA FEMME
85 Ne vous esloignez nullement,
Tandis. Et faictes l’asne paistre.
Le mary se couche contre terre et
s’endort. Tandis, l’asne s’en va.27
.
LA FEMME, parlant au médecin. SCÈNE IV
J’ay très grand douleur, nostre28 Maistre,
Depuis le genouil jusqu’à l’aine.
Voudriez-vous bien prendre la peine
90 De me guérir, en vous payant ?
LE MÉDECIN
M’amye, j’en suis très content.
Et vous tenez seure et certaine
Que pour discerner nerf et veine,
N’y a nul mieux que moy apris.
95 Ce mal, comment vous a-il pris ?
LA FEMME
L’autre hyer, revenant de Monmartre29
(Où allée estois pour m’esbatre),
Cheus, de malheur, à [la] renverse30.
LE MÉDECIN
Si voulez que je la redresse,
100 Il convient [qu’el soit manïée]31.
LA FEMME
Encor(e) que je sois mariée,
[Il me faudra]32 cela permettre
Toutefois, pour à mon mal mettre
Et donner quelque alégement
105 (Ce que ne voudrois autrement).
Faictes comment vous l’entendez.
LE MÉDECIN 33
Maintenant, la jambe tendez34 !
[Je croquerois bien ceste prune.]35
LA FEMME
Ho ! je ne sens douleur aucune.
110 Guarie suis, ou autant vaut.
Dictes, Monsieur, ce qu’il vous faut ;
Ne m’espargnez ne tant, ne quand36.
LE MÉDECIN 37
De vous je me tiens très content :
Dresser m’avez faict (c’est assez)
115 Le membre. Ne sçay s’y pensez.
Prenez que l’un aille pour l’autre.
LA FEMME
Je comprens l’intention vostre.
Mais mot38 ! Devisons d’autre chose.
J’ay opinion d’estre grosse :
120 Diriez-vous bien de quel enfant39 ?
LE MÉDECIN
Ouy, m’amie, et tout maintenant.
Çà, vostre main, que je la voye40 !
Ha ! qu’est-ce-cy ? Dieu y pourvoye !
J’apperçoy ce qu’oncques ne veis,
125 Ou je perds et sens et advis,
Tant la chose est extr(a)ordinaire41.
LA FEMME
Mais qu’il ne vous vueille desplaire,
Vous me direz s’il y a rien42
Qui vous semble autrement que bien.
130 Je vous en prie d’amitié.
LE MÉDECIN
Ma foy ! vous me faictes pitié,
Vous voyant si jolie et cointe43.
Car l’enfant dont estes enceinte
N’a point de nés44, c’est vérité.
LA FEMME
135 Hélas ! Monsieur, par charité,
Sçauriez-vous à ce mal pourvoir ?
LE MÉDECIN
Je luy en feray un avoir
Avant qu’il soit demain ceste heure,
Si voulez que je vous sequeure45.
140 Ou tardif sera le secours46.
LA FEMME
J’auray doncques à vous recours
Pour l’œuvre encommencé parfaire.
LE MÉDECIN
Un ouvrier vous faut, pour ce faire,
Qui entende ce qu’il fera ;
145 Autrement, le nés ne tiendra,
Restant difformé le visage.
LA FEMME
Je vous donneray si bon gaige47
Que serez très content de moy,
Avant que parte, sus ma foy,
150 S’il vous plaist en prendre la peine.
LE MÉDECIN
Très volontiers, tant je vous ayme,
Sans que, pour ce, rien vous demande.
Mais la compagnie est trop grande48
Pour mettre en ouvrage et effect
155 Ce qu’entens. Cherchons lieu secret :
Trop de gens entendroient mes tours49.
Ils s’en vont ensemble.50
.
Et le mary se resveille et dit : SCÈNE V
LE MARY
Hau, baudet ! Pais-tu pas51 tousjours ?
Où est-il allé ? Qu’est-ce-cy ?
S’en est-il point fuÿ, aussi ?
160 L’avez-vous point veu, bonnes gens ?
L’ont point emmené les sergens,
Du procès sçachans le trictrac52 ?
En ce lieu, n’en apperçoy trac53.
Peut-estre un loup s’en est farcy.
165 Tant tu me donne de soucy
Et de courroux, maudit sois-tu !
Encore seray-je battu
De ma femme, je m’y attens.
.
LA FEMME 54 SCÈNE VI
J’ay cy esté assez long temps,
170 Monsieur. Faut me remettre en voye,
Requérant à Dieu qu’il pourvoye
De nés à mon enfant joly.
LE MÉDECIN
Il en aura un bien poly,
Que luy ay faict bien et [à] poinct55.
.
LE MARY SCÈNE VII
175 Mais ma femme ne revient point,
Non plus que mon asne, au repaire56.
Il me faut le malade faire,
Pour éviter d’estre battu.
Il se couche, puis dit :
Hé ! mon Dieu ! M’amie, où es-tu ?
180 Tant je sens de mal entour moy !
.
LA FEMME SCÈNE VIII
Vous me mettez en grand esmoy !
Qu’avez-vous à vous plaindre tant ?
LE MARY
S’au médecin ne vas comptant57
Mon mal, je mourray promptement.
LA FEMME
185 Allez-y doncques vistement
Tandis qu’il est en la maison.
LE MARY
Que luy porteray-je ? Un oyson,
Ou des poulets, ou de l’argent ?
LA FEMME
Il est courtois, honneste et gent.
190 Allez seulement, ne vous chaille.
Ne portez ny denier, ny maille ;
Il ne vous demandera rien.
.
LE MARY, y allant. SCÈNE IX
Que ce me seroit un grand bien
Si ma femme devenoit bonne !
.
195 Holà ! Holà ! N’y a-il personne ? SCÈNE X
LE MÉDECIN
Si a, dea ! Que demandez-vous ?
LE MARY
Monsieur, las ! J’ay si fort la toux
Qu’il faut que prenne médecine.
LE MÉDECIN
Voicy de la pilule fine
200 Qui vaut mieux qu’autant d’or massis58.
Il t’en faut prendre cinq ou six :
Cela guarira tous tes maux.
LE MARY en prend, puis dit :
Qu’est-ce ? Diable ! ils sentent les aux59.
Comment il[s] roullent dans mon ventre !
205 Ha ! il faut que mon cul s’esvente60.
.
Il va à l’escart pour faire ses « affaires »,
où il trouve son asne.61 Puis dit :
Ha ! baudet, estiez-vous icy ? SCÈNE XI
Quel bon médecin ! & sans [nul] si62,
M’ayant guary, et sans grand queste63,
Fait aussi retrouver ma beste.
210 Vrayement, je l’en contenteray
Du premier argent que j’auray.
Sus, baudet ! À l’hostel64 ! Sus, sus !
.
LA FEMME, en acouchant.65 SCÈNE XII
Hélas ! Mon Dieu, je n’en puis plus.
Hélas, hélas ! le « cœur66 » me fend.
LE MARY
215 Et quoy ! Ma femme a un enfant ?
Hé ! m’amie, comment vous est67 ?
LA FEMME
Bien, Dieu mercy, puisqu’il luy plaist
Que mon enfant est bien venu.
LE MARY
J’ay l’entendement tout cornu68
220 De ce qu’accouchée vous voy.
Treize mois sont, je l’apperçoy,
Qu’avecques vous je n’ay couché,
Au moins que ne vous ay « hoché69 ».
Et si70, dès la première année
225 Qu’avec moy feustes mariée,
Vous geustes71 au bout de six mois.
LA FEMME
Vous ne l’aviez plus de trois doigts
Mis avant72 : et pour ceste cause,
L’enfant vint sans plus longue pause,
230 N’ayant si long chemin à faire.
LE MARY
Il s’ensuit par raison contraire
Que l’y ay fourré trop avant
À ce coup, puisqu’il a mis tant.
J’ay peur de vous avoir gastée73.
LA FEMME
235 Non avez, non. Mais la nuictée
Que vous me feistes cest enfant,
Je vis une asnesse, en dormant74 ;
Parquoy, treize mois l’ay porté.
LE MARY
Il est donc mien, tout doubte osté.
Il prent l’enfant et le regarde, puis dit :
240 Il a tant beau nez que c’est rage !
LA FEMME
Ha ! ce n’est pas de vostre ouvrage :
Il ne vous estoit souvenu
Luy en faire. On en est tenu
Au bon ouvrier qui l’a parfaict.
LE MARY
245 Qui, tous les diables, l’a donc faict ?
Comment ! faict-on le nez à part ?
Tenez-le ; j’en quitte75 ma part,
Et m’en vas à ce médecin
— Qui, peut-estre, est aussi devin —
250 Sçavoir qui ce nez a refaict.
Mais mieux me vaudroit en effect,
Ce croy-je, apprendre à deviner,
Voire : car j’en pourrois gaigner
De l’argent. Or vay-je orendroit76
255 M’enquérir de luy s’il voudroit
M’y apprendre. C’est bon party.
.
Monsieur, voicy un apprenty SCÈNE XIII
Qui vient apprendre la science
De deviner, comme (je pense)
260 Vous l’apprenez à toute gent.
LE MÉDECIN
Ouy dea. En me donnant argent,
Je te l’aprendray, sans doubtance.
Ne prendras77 pour toute pitance
Que de ces pilules que j’ay,
265 Dont aussitost qu’auras mangé,
Tu seras un devin parfaict.
Regarde à toy ; pense à ton faict.
Dy-moy : que me donneras-tu ?
LE MARY
Tout compté et tout rabatu,
270 Voilà un bel escu comptant.
LE MÉDECIN
Par mon âme ! j’en suis content.
Mais tu payeras les confitures78,
Autant les molles que les dures
(Stercus79 canis, boue de blé)
275 Qu’ensemble ay mis et assemblé.
Tu en prendras ou deux, ou trois ;
Cela faict, la première fois
Que parleras, sois asseuré
Que ce que diras sera vray.
280 Or, pour ce secret-là t’apprendre,
Ouvre la bouche : il te faut prendre
De ces pillules que voicy.
LE MARY 80
Fy ! Tous les diables ! qu’est-ce-cy ?
Cela sent plus fort que moustarde.
LE MÉDECIN
285 Devine.
LE MARY
Le sambieu ! c’est merde81 !!
LE MÉDECIN
En ma conscience, c’est mon82.
Or fais-je veu à sainct Simon
Que tu es [un] très bon devin.
LE MARY
Allez, yvrongne, sac à vin !
290 Feussiez-vous pendu par le col !
LE MÉDECIN
Da ! Ton asne avec son licol
Estoient perdus, si je ne feusse83 ;
Et si, mon payement n’en eusse84
Sans que par subtile façon
295 J’ay[e] tiré ton jaulne escusson85.
Et la cuisse que j’ay remise
À ta femme, rien tu ne prise ?
[Qu’ay-je eu pour avoir terminé]
Son enfant qui, sans moy, fust né
300 Sans nez, qui t’eust esté grand honte ?
LE MARY
Vous l’avez donc fait, à ce compte,
Ce nez ? Monstrez-moy à en faire
De mesme, il ne vous coustera guère.
Et si, bien vous contenteray.
LE MÉDECIN
305 Retiens bien ce que te diray :
Quand un autre enfant tu feras,
Ton nez au trou du cul mettras
De ta femme. Et ne sois testu86,
Mais tiens-l’y bien — et deusse-tu
310 Y estre et jour et nuict aussi —
Jusques à tant qu’elle ait vessi87.
Par ainsi, il te souviendra
Du nez, qui trop mieux en tiendra.
Fais en la sorte que te dis.
LE MARY
315 Ha ! vertubieu ! En faicts et dicts,
Vous mocquez-vous ainsi des gens ?
Si je peus trouver des sergens,
Je vous feray mettre en prison88 !
.
LE MÉDECIN SCÈNE XIV
Partir d’icy il est saison ;
320 Retirons-nous à nostre enseigne89.
Vive tout drôle90 qui enseigne
À faire le nez aux enfans !
Adieu vous dy, petis et grands !
.
FIN
*
.
XXIX. UNG FACÉCIEUX ET JOYEULX CONSEIL DONNÉ À UNG RUSTICQUE.
…Ce rusticque91 monta en ung de ces chastaigniers pour cueillir desdictes chastaignes. Mais il en descendit plus tost qu’il ne cuida, car il se fia à une branche, laquelle rompit dessoubz luy ; et cheut aval l’arbre, & se rompit une des costes de la poictrine.
Et près de là estoit ung plaisant et joyeulx homme nommé Minatius, qui vint pour réconforter ce pouvre malheureux rusticque qui estoit cheut. Et luy dist Minatius — qui estoit homme trèsjoyeulx et plaisant : « –Mon amy, réconforte-toy. Je te enseigneray et te donneray une reigle que, si tu la gardes92, jamais de arbre où tu montes tu ne cherras. –Haa (dist le blécé) ! J’aymasse mieulx que vous me l’eussiez dit devant que je fusse cheut : pas ne me fusse ainsi blécé. Toutesfoys, s’il vous plaist de me conseiller, il me pourra prouffiter au temps advenir. »
Adonc dist Minatius : « Mon amy, quant tu monteras en aulcun lieu hault, faictz que tu soyes aussi tardif93 à descendre comme à monter ; car si tu fusses aussi en paix descendu que tu es monté, jamais tu ne te fusse blécé. »
*
.
LVI. D’UNG MÉDECIN QUI REDRESSA LA JAMBE À UNE TRÈSBELLE JEUNE FILLE.
…Ung médecin fut mandé pour médeciner une moult belle jeune fille, laquelle, en danssant et saillant94, se estoyt estors95 le genoul.
Quant ce médecin fut venu & qu’il tint la jambe de ceste moult belle jeune fille, & la cuisse plus blanche que neige, molle & tendre, en la maniant, le cueur luy eschauffa ; & se leva le « petit doy96 d’embas » tellement que de son estable97 il sortit. Et est assez vraysemblable que le maistre médecin, veu les préparatoires98, eust voulentiers sanglé le « bas99 » de la belle jeune fille. Et luy faisoit grant mal au cueur qu’il ne luy osoit demander.
Toutesfoys ne luy en dist rien. Mais après qu’il eut fait sa cure100, quant vint au partir, la belle fille, qui sentit sa jambe droicte101 & guarie, demanda au médecin combien elle luy devoit. Et il respondit : « Belle, vous ne me devez rien. Car, se je vous ay dressé ung membre, aussi avez-vous à moy. Ainsi, nous demourrons quittes l’ung vers l’aultre. »
*
.
CII. DU FRÈRE MINEUR QUI FIST LE NEZ À UNG ENFANT.
…Ledict Cordelier se doubtoit et bien appercevoit celle adolescente estre jà enceinte. Et, comme devin & vaticinateur102 des choses futures, en la présence du mary, appella ladicte femme & luy dist : « M’amye, vous estes grosse & enceincte. Et si, suis seur que vous enfanterez aulcune chose103 qui vous aportera moult de tristesse. » Adoncques la femme, suspectionneuse104 que ce fust une fille, dit qu’elle avoit espérance que ce fust une belle fille, gracieuse & amiable. Toutesfoys, le frère Cordelier tenoit ung visaige fort triste & monstrant signe scrupuleux de aulcune maulvaise fortune. Et tousjours gettoit ung triste regard sur ladicte femme, laquelle s’en espouventa et eut grant paour, voyant ce triste regard. Et elle luy pria moult affectueusement qu’il luy pleust luy dire que105 ce pouvoit estre de quoy elle estoit enceincte, & quelle fortune106 elle pourroit avoir. Mais le traistre et cauteleux frère Frappart107 disoit qu’il ne luy diroit point, & que c’estoit une chose trop horrible et merveilleuse à racompter.
Ce nonobstant, la pouvre femme, désirante et envieuse de sçavoir son mal, continua et persista ; et, en derrière de son mary, trouva le moien de parler audict moyne. Et par belles requestes, fist tant qu’il se consentit à luy dire le cas. Si dist : « M’amie, il fault doncques que la chose soit tenue bien secrette ; mais soyez seure que vous enfanterez ung filz qui n’aura point de nez, laquelle chose est la plus villaine qui puisse advenir en face108 d’homme. »
Lors fut la pouvre femme toute espouventée, et commença à dire : « –Hélas, sire ! N’i a-il point de remède à cecy ? Est-il force que l’enfant vienne sur terre sans nez ? Ce seroit ung cruel desconfort. –Taisez-vous (dist le Cordelier), m’amye. Pour l’amour de ce que je doys estre vostre compère109, il y a ung seul remède, que je vous y feray. Mais il fault que ce soit à certain jour & heure que le temps soit bien disposé, car aultrement n’y feroit-on rien. Avecques ce, fauldra-il que je couche avecques vous pour suplier110 la faulte de vostre mary et adjouster ung nez au visaige de vostre enfant. » Cette chose sembla dure à la pouvre femme ; toutesfois, affin que l’enfant ne nacquist ainsi defformé & monstrueux, elle se accorda de aller à ung certain jour en la chambre du maistre moyne, ce qu’elle fist ; et obéit111 à la voulenté de luy ainsi qu’il luy commanda.
Et pour tant que le ribault moyne trouva bon harnois112 entour elle, il luy dist que du premier jour ne pouvoit pas estre le nez bien fait. Et mesmes, quant ceste fille — qui estoit honteuse d’estre soubz ledict moyne — ne se remuoit, il luy disoit qu’elle se remuast affin que par la confrication113, le nez herdist114 mieulx au visaige, & tenist plus fermement.
En fin, ce filz nacquit avecques ung trèsbeau nez & grant, dont la femme s’esjouissoit ; et disoit au frère Frappart qu’elle estoit grandement tenue à luy par tant qu’il avoit mis grant peine à faire ung trèsbeau nez à son enfant…
*
.
LV. DE CELLUY QUI CONTREFAISOIT LE MÉDECIN, ET DONNOIT DES PILLULES POUR TROUVER LES ASNES PERDUS.
…Ung pouvre simple homme perdit son asne ; dont il fut en si grande desplaisance que, de la mélancolie qu’il print, il fut constipé. Si pensa en soy-mesmes de se transporter vers ce médecin dont la renommée florissoit, pour sçavoir si, par aulcun art, il luy sçauroit à dire aucunes nouvelles de son asne.
Quant cestuy pouvre homme fut devant le notable médecin, il luy déclaira sa douleur. Et ne demanda pas santé, mais seullement s’il y avoit point de remède à recouvrer son asne que il avoit perdu. Ledict médecin, qui indifférentement de toutes choses se mesloit, respondit que ouy. Et, par le marché faict entre le pouvre homme & luy, ordonna que le bon homme prendroit six pillules ; lesquelles prinses, ledict bon homme s’en alla en sa maison.
Et, ainsi que lesdictes pillules — qui estoient aulcunement115 laxatives — luy eu[ren]t destrempé116 le ventre, contrainct de aler au retrait, il entre en ung petit lieu secret, plain de roseaux, hors le chemin, là où il trouva son asne paissant.
Alors commença le pouvre homme à extoller117 jusques au ciel la science dudit médecin, et les bonnes pillules qui luy avoyent faict trouver son asne…
*
.
LXX. DE CELLUY QUI DEMANDA SI SA FEMME PORTOIT BIEN EN DOUZE MOYS UNG ENFANT.
En la cité de Florence fut ung citoyen qui avoit espousé une moult belle jeune femme, laquelle il habandonna pour aller à ung voyaige, là où il fut l’espace de ung an ou plus. Tellement que par sa trop longue demourée, la femme, à qui il ennuya118, avecques l’ayde de Nostre Seigneur Jésucrist — et de ses voysins119 —, fist tant qu’elle engrossa d’ung beau filz, dont son mary la trouva acouchée quant il arriva. Et de première venue, fut moult courroucé & dolent, disant que l’enfant n’estoit pas à luy, car il y avoit bien environ douze moys qu’il ne l’avoit veue.
Si s’en alla à une vieille matrosne qui demouroit auprès de luy120 ; et luy demanda, à bon privé conseil, s’il estoit bien possible que une femme peust bien porter ung enfant douze moys. « –O ! (dist la subtile matrosne), mon voysin, mon amy, ouy ! Sachez que, si le jour que vostre femme conceut, elle vit ung asne, elle a porté autant que porte une asnesse. C’est une chose toute clère, que l’en a par plusieurs foys veue advenir. Et pour tant, si vostre femme a esté douze moys portant enfant, ne vous en esbahissez point, car il vient de cela. » Lors fut le pouvre sotouart tout resconforté…
*
.
LXXXV. FACÉCIE DE CELLUY QUI VOULUT ESTRE DEVIN.
…Advint qu’il y eust ung aultre sot oultrecuydé, disant qu’il luy donneroit ung bon pot de vin s’il luy sçavoit apprendre celle science de deviner. « Vrayement (dist le devin, qui bien apperceut la folie de l’aultre), ouy, mais que tu me donnes bon pris d’argent, et que tu mangeues121 ce que je te bailleray. Car devant122 que ung homme puisse avoir l’entendement assez cler et ouvert pour deviner, il est requis que il soit clarifié123, ce qui se fait en prenant d’une sorte de pilulles confites de toutes choses requises à ce cas. » Le pouvre sotouart respondit qu’il donneroit argent sur le champ, & qu’il mangeroit tout ce qu’on luy bailleroit. Et de fait, tira son argent et le bailla.
Ainsi, ledict devin s’en alla prendre ung peu de grosse urine — c’est assavoir merde —, & en fist une pillule grosse comme une avellaine124. Et la vint apporter à son aprentiz en disant : « Tien, ouvre la bouche pour manger ceste pillule. Et je te prometz que incontinent tu devineras aussi vray que l’Évangile, & sera vray le premier mot que tu diras. » Lors ouvrit ledit sot la bouche, et luy mist l’aultre ceste pillule dedans. Et sitost que le meschant sentit l’oudeur, il commença à vomir, & à dire : « O ! mon Dieu, que est-ce que tu m’as baillé ? Je suis perdu ! » L’aultre luy dist : « –Or devine. –Quoy (dist le sot) ? C’est merde ! –Par le sang bieu (dist le devin) ! Tu as deviné aussi vray que la patenostre. Tu es desjà ung maistre devin. »
*
.
DES MÉDECINS & DE LA MÉDECINE. 125
…À propos des médecins empiriques (va dire un autre de la sérée126), escoutez deux ou trois vieux contes de ces médecins qui ne sçavent qu’une recepte pour toutes maladies, où vous trouverez plus de sens que de raison.
Il y avoit un pauvre homme qui, ayant perdu son asne, eut recours à un de ces médecins devineurs pour le recouvrer. Ce médecin luy baille cinq pillules, qu’il avala afin de trouver son asne. Ce bon homme retournant en sa maison, les pillules commençans à opérer, il se met hors du chemin pour aller à ses « affaires ». Et là, il trouve son asne, qui sans cela estoit en danger d’estre perdu. Ce qui bailla si grand bruyt à ce médecin, que plusieurs eurent envie de son sçavoir, & surtout pour apprendre à deviner.
Il convint de marché127 avec un ; & ayant prins argent d’avance, il bailla à son escholier, qui vouloit apprendre à deviner, trois pillules communes. Il est vray qu’il y entroit un peu de diamerdis128. Ce médecin, mettant la première pillule en la bouche de son disciple, luy demande : « Que vous ay-je baillé & mis en la bouche ? Devinez que c’est ! » Ce masche-merde129, de peur de perdre son argent, & à cause de la grand envie de sçavoir deviner, n’osa cracher ; mais il ne l’eut pas si tost sur la langue qu’il commença à deviner, & dire à son maistre : « –C’est de la merde. –Et bien (va respondre son maistre), tu n’as point perdu ton argent : tu devines desjà. Es-tu pas contant ? »
Voilà pas (adjousta celuy qui faisoit le conte) une bonne recepte130, qui faict si tost deviner, encores qu’elle ne soit que sur le bout de la langue ? Regardez, s’il eust masché ceste pillule ou qu’il eust prins les deux autres, que c’eust esté !…
*
1 Revue des études rabelaisiennes, t. IX, 1911, pp. 406-410. 2 Maintenant, taisez-vous. C’est l’ordre que les batteurs d’estrades donnent au public avant de commencer leur boniment. « Or faictes paix, ma bonne gent ! » L’Aveugle et Saudret. 3 Là se trouvait une des plus prestigieuses facultés de médecine d’Europe. Rabelais en fut l’élève, mais on y admettait aussi quelques charlatans, comme le futur Nostradamus, qui en fut d’ailleurs expulsé. 4 Avec de pleines malles de médicaments. Le bonimenteur préfère le chameau au mulet parce que l’exotisme conférait aux remèdes venus de loin une touche de mystère, et donc d’efficacité, au moins psychologique. 5 Pour rendre plus humbles les femmes qui ont mauvais caractère. 6 Contre les engelures aux talons ou aux mains. 7 Le chaud mal est la fièvre continue. 8 Éd : aussi (Je suis un des meilleurs spécialistes.) « Ou-vrier » compte toujours pour 2 syllabes, comme aux vers 143 et 244. 9 Pour remettre dans leur articulation. 10 Que mes devanciers. 11 Éd : Tharse (La Thrace est une région de Grèce réputée pour ses sorciers. « Sorciers qui plantèrent si bien la sorcèlerie en la Thrace qu’elle y est demeurée jusques à présent. » Pierre Le Loyer.) 12 En s’appuyant sur un bâton, il clopine vers la maison du « médecin ». 13 Que j’en puisse. 14 Éd : une iambe. (« Les joinctures des genoulx. » ATILF.) 15 Éd : ny herbe, (Ni pommade, ni onguent. « Il me gari tout nettement/ Sanz emplâtre ny oingnement/ Mettre y, n’ointure. » ATILF.) 16 Le rebouteux manipule la jambe blessée. 17 Éd : legier, (Aisément.) 18 Ou d’un escalier. 19 L’imprimé intervertit ce vers et le précédent. L’histoire originale est du Pogge : voir la facétie XXIX en appendice. 20 À la maison, avec son mari. Elle se plaint d’une jambe. Les spectateurs, contrairement au mari, voient qu’elle est enceinte. 21 C’est le nom traditionnel des ânes, bien avant Aliboron. « Martin, tost avant !/ Hay avant, bodet ! » Cautelleux, Barat et le Villain. 22 Qu’il nous faut songer à alléger mon mal. 23 Il suffit qu’il aille au trot alterné. 24 Éd : arreste. 25 Il prend sa femme dans ses bras. 26 Lésée, blessée. 27 La maison du médecin est encadrée par deux petites cours herbues. Le mari fait sa sieste dans l’une d’elles, mais l’âne va paître dans l’autre. 28 Éd : n’estre (« Nostre maistre, Dieu gard ! » Jehan qui de tout se mesle.) 29 Un de ces pèlerinages où les épouses se rendaient sans leur mari. Dans la Farce de quattre femmes (F 46), on demande à une élégante si elle a coutume « d’aller jouer à Montmartre,/ Au pellerinage de Saint-Mors/ Pour visiter les sainctz corps/ Des moynes, pour vous esbatre ? » 30 Une femme choit à la renverse quand elle se fait culbuter par un homme. Cf. le Poulier à sis personnages, vers 40. 31 Éd : que ie la manie. (Il faut que votre jambe soit manipulée.) 32 Éd : Qu’il me faille 33 Il masse la cuisse et l’aine de la femme, sous sa robe. Voir la facétie LVI du Pogge, en appendice. 34 Éd : fendez. 35 Vers manquant. « Et vous de croquer ceste prune ? » Beaucop-veoir et Joyeulx-soudain. 36 Si peu que ce soit. Pour la rime, on peut mettre : ne quand, ne tant. 37 L’imprimé remonte cette rubrique avant le vers précédent. 38 Pas un mot ! 39 Quel est le sexe de l’enfant. 40 Un vrai médecin aurait tâté le pouls ; le devin se contente de lire dans les lignes de la main. 41 D’après Somaize, on prononçait « extr’ordinaire ». Le Grand Dictionaire historique des Prétieuses. 42 Quelque chose. 43 Gracieuse. 44 De nez. Voir la facétie CII du Pogge en appendice. Bonaventure Des Périers s’en inspirera <Nouvelles récréations et joyeux devis, IX>, mais transformera ce nez phallique en oreille testiculaire : De celuy qui acheva l’oreille de l’enfant à la femme de son voisin. Il sera suivi par La Fontaine, dans un conte ayant pour titre : le Faiseur d’oreilles et le raccommodeur de moules. 45 Éd : secoure (« Se Dieu me sequeure. » Serre-porte.) 46 Sinon, mon secours arrivera trop tard. 47 Des gages, des émoluments. 48 Le public est trop nombreux. 49 Comprendraient mes actes médicaux. Mais aussi : mes ruses. 50 Ils vont derrière le rideau de fond. C’est souvent là qu’on abrite les scènes de coït : cf. le Poulier à sis personnages. 51 Ne broutes-tu pas. 52 Éd : trictric (Les finesses. « Le tric-trac du Palais. » Godefroy.) 53 Éd : nul tric, (Aucune trace. « Grant femme seiche, noire et mesgre,/ Qui veult d’amour suivre le trac. » Guillaume Coquillart.) 54 Elle sort de chez le « médecin ». 55 Double sens : « à point » = en érection. Cf. Frère Guillebert, vers 210. 56 Nous ne sommes pas chez le couple, mais dans une petite cour contiguë à la maison du médecin. 57 Conter. 58 Éd : massif, (« Ses cheveulx blons comme fin or massis. » ATILF.) 59 Vos pilules sentent l’ail. 60 Que j’aille déféquer. Voir la facétie LV du Pogge en appendice. Un médecin des Cent Nouvelles nouvelles <79> remplace les pilules par un clystère, qui permet aussi au paysan de retrouver son âne. Des Périers <94> confirme l’efficacité du traitement : D’un pauvre homme de village qui trouva son asne, qu’il avoit esgaré, par le moyen d’un clistaire qu’un médecin luy avoit baillé. 61 Le mari se rue dans la seconde cour, où broute son âne. 62 Sans hésitation. « Et je vous jure sans nul sy/ Que loyaument vous serviray. » René d’Anjou. 63 Sans chercher longtemps. 64 À la maison ! Le mari monte sur l’âne et rentre chez lui, où sa femme est déjà arrivée. On suppose qu’il est assis à l’envers sur l’animal : c’est la punition qu’on infligeait aux hommes qui se laissaient battre par leur épouse (vers 167 et 178). Voir la note 30 du Munyer. 65 Nombre de Mystères ou de Miracles montrent une ou plusieurs scènes d’accouchement. La femme porte sous sa robe un poupon maintenu par une ficelle ; il suffit de tirer sur le bout pendant de la ficelle pour que le poupon se détache et tombe. 66 Délicat euphémisme. La femme récupère le poupon, qui est pourvu d’un immense nez. 67 Comment vous sentez-vous ? 68 Perturbé. L’auteur n’a pas mis par hasard le mot « cornu » dans la bouche d’un cocu. 69 Éd : hochée, (Secouée sexuellement. Cf. Frère Guillebert, vers 359.) 70 Et pourtant. Idem vers 293. 71 Vous avez accouché (verbe gésir). Sur les femmes qui ont un enfant peu après leur mariage, voir Jolyet. 72 Vous n’aviez pas mis dedans plus de 5 cm. 73 De vous avoir blessée. 74 Les rêves et les envies des femmes enceintes influaient sur le physique ou le caractère de leur futur enfant. La gestation de l’ânesse dure 12 ou 13 mois : voir la facétie LXX du Pogge en appendice. 75 Je vous en abandonne. 76 Maintenant. Le mari retourne chez le « médecin ». 77 Éd : prenant 78 Les excréments. « Bouter sa teste au trou du retrait [des latrines], où il fut bien ensensé de la confiture de léans. » Cent Nouvelles nouvelles. 79 Éd : Cucta (Mélangé à du miel, le « stercus canis officinarum », c.à-d. les crottes de chien, s’appliquait sur une gorge enflammée.) La boue du blé, c’est le son, avec lequel les gens de théâtre représentaient les excréments : voir la note 187 du Retraict. « Bou-e » compte pour 2 syllabes, et l’imprimeur écrit d’ailleurs « bouë ». 80 Il met une pilule dans sa bouche. 81 Au milieu du XIIIe siècle, déjà, Rutebeuf dépeignait un charlatan qui soignait avec « de la merde de la linote/ Et de l’estront de la putain ». Li Diz de l’erberie. 82 C’est exact. Cf. le Badin qui se loue, vers 302. Voir la facétie LXXXV du Pogge en appendice. 83 Si je n’avais pas été là pour te permettre de les retrouver. 84 Et pourtant, je n’en aurais pas eu le paiement. 85 Ton écu d’or (au vers 270). 86 Ne sois pas cabochard. 87 Qu’elle ait pété. 88 Clin d’œil à la farce de Pathelin : « Se je trouvasse/ Ung sergent, je te fisse prendre./ ….Mésadvenir/ Luy puisse-il s’il ne t’emprisonne ! » Le mari s’en va. 89 Sans doute à l’enseigne d’une taverne, comme l’apothicaire Doribus. 90 Tout mauvais plaisant. 91 Ce paysan. Voici donc les 6 nouvelles que notre fatiste adapta pour la scène. La traduction de Guillaume Tardif s’intitule : les Facécies de Poge, Florentin, translatées de latin en françoys, qui traictent de plusieurs nouvelles choses moralles. Pour racompter en toutes bonnes compaignies. 92 Si tu l’appliques. 93 Lent. « Tardif » est la signature du traducteur. 94 En sautant. 95 Tordu. 96 Doigt = pénis. « Il fut esbahy & honteux que son petit doy ne levoit. » Pogge-Tardif, LIV. 97 De sa braguette. 98 Vu ces préliminaires. 99 Jeu de mots sur le bât et le bas. « Mon père (…) a mille fois sanglé le bas à ma mère. » Pogge-Tardif, LXXX. 100 Qu’il l’eut soignée. 101 Redressée. 102 Annonciateur. 103 Quelque chose. 104 Soupçonnant. On préférait avoir un garçon, qui pourrait reprendre les affaires familiales, plutôt qu’une fille, à qui l’on devrait fournir une dot pour la marier, pour peu qu’elle soit mariable. 105 Ce que. 106 Quel destin. 107 Surnom des moines paillards, notamment des Cordeliers, dont font partie les Frères mineurs nommés dans le titre. Cf. Frère Frappart. 108 Sur une face. 109 Le parrain de votre enfant. 110 Suppléer, réparer. 111 Éd : obtint 112 Allusion à un proverbe. « Car qui a bon harnois, tousjours va-il avant. » (ATILF.) Plus prosaïquement, le harnais désigne le sexe de la femme : « Une jeune femme, laquelle de plusieurs estoit convoitée, non pas pour espouser mais pour prester le harnois. » Pogge-Tardif, CVII. 113 Éd : confacation ou confocation (Par le frottement réciproque. « Un désir de confrication, qui est la conjonction charnelle. » Godefroy.) 114 Adhère (verbe erdre). 115 Quelque peu. 116 Ramolli. 117 Exalter. 118 Qui se lassa de son abstinence. « Sa femme (…) prioit très humblement et très instamment qu’il s’en retournast vers elle pour payer le tribut de mariage, car il luy ennuyoit. » Pogge-Tardif, LXXVI. 119 Même plaisanterie dans Pogge-Tardif, I : « À l’aide de Dieu — & de ses voisins —, en succession de temps luy fist trois beaulx enfans. » 120 Près de chez lui. 121 Que tu manges. 122 Avant. 123 Éclairé, illuminé. 124 Une aveline, une noisette. Pour rester dans les fruits, Tiel Ulespiegle vend des « prunes de prophétie ». Le devin ne s’y trompe pas : « Cette prune n’est autre chose que merde ! » 125 Voici un extrait du Premier Livre des Sérées, de Guillaume Bouchet, nº X, pp. 677-679. En 1584, cet écrivain regroupa deux anecdotes provenant de notre farce, dont la seule édition aujourd’hui connue paraîtra en 1612. 126 Un des participants à la soirée. 127 Il conclut un marché. 128 De merde. Cf. le Sermon pour une nopce, vers 180 et note. 129 L’élève du devin. 130 Formule pharmaceutique.