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LA FILLE BASTELIERRE

Ms. La Vallière

Ms. La Vallière

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LA  FILLE

BASTELIERRE

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Composé vers 1536, ce monologue normand est à peu près contemporain de la farce du Bateleur, où joue une bateleuse nommée Binette. La bateleuse (ou batelière) du présent monologue est plutôt la version féminine1 du charlatan Pierre Doribus : désireuse de vendre ses remèdes miraculeux et ses philtres magiques, elle ne recule devant aucune esbroufe pour attirer les gogos.

Source : Manuscrit La Vallière, nº 1.

Structure : Rimes plates, abab/bcbc, aabaab.

Cette édition : Cliquer sur Préface. Au bas de cette préface, on trouvera une table des pièces publiées sur le présent site.

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Monologue  nouveau  et  fort  récréatif  de  la

 Fille  bastelierre

 

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                           [LA  FILLE  BASTELIERRE]

         Comme une servante mect peine2

         D’aprendre ce qu’elle void faire,

         J’ey servy mainct an et semaine

         Mon maistre3 en toute bonne afaire,

5       J’ey esté la chambèrière d’un bateleur.

         Or escoustez la grand valleur,

         Le bon sçavoir et providence

         Dont il m’a aprins la science.

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         Luy et moy, un jour de dimence,

10     À l’essue4 d’une grand-messe,

         Me vint à faire la promesse

         Et me dict en ceste manyère :

         « Or venez çà, ma chambèrière !

         Long temps a que [vous] me servez,

15     Mais encor[e] vous ne sçavez

         Le setille5 ny le l’entregent

         Comme il fault avoir de l’argent

         Des bonnes gentz de ces villages.

         Boutez-moy bas tous vos bagages,

20     Et vous despouillez toute nue.

         Mais qu’ayez eu une venue6

         De mon corps, je vous certiffye

         Que vous gaignerez vostre vye

         En tous pays où vous irez.

25     Et sy, quoy7 ? Vous vous trouverez

         De ma science sy trèsbien,

         Que n’arez souffrète8 de rien,

         En quelque lieu où vous allez.

         Y convyent que vous avalez9

30     Cela aussy doulx comme layct. »

         Quant j’aperceutz qu’i me bail[l]aict

         Ce sçavoir ameureusement,

         Je le prins sçavoureusement

         En remercyant mon doulx maistre.

35     Il me dict que je povès estre

         De son métier passée mêtresse.

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         Alors, je prins la hardiesse.

         Engin(s) ouver(s) comme ponètes10,

         J’ey aporté bissaqz, bouètes11

40     Plains d’ongnementz, pouldres, racines,

         Pour faire grosses médecines12

         À ceulx qui en éront besoing.

         J’ey esté en un lieu sy loing

         Avec mon maistre, sans mêtresse :

45     En Judée, au[x] rivaud[s]13 de Gresce,

         À Madère, et à Lisbonne

         (Où j’ey eu de la graine bonne

         Pour faire croistre les pertuys14).

         J’ey esté en d’aultres partys15 :

50     En une nation de Mores16,

         Les hommes ont les génitores

         De la longueur de VII cartiers17.

         J’ey esté en d’aultres cartiers18

         Où les femmes ne peuent mentir ;

55     Et les ay veu bien acoustrés.

         De ce lieu ne voulus partir

         Sans en congnoistre l’expérience19.

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                            Icy, monte sur une sécabelle 20, et dict :

         Pour démonstrer l’efect21 de ma science,

         En ce lieu-cy convyent que je m’aplique ;

60     Et vous vouérez tous, en vostre présence,

         En quelle œuvre j’ordonne ma pratique.

         S’il y a homme qui soyt garny d’étique22,

         Je le guéris, et sy23, le rens tout sain

         ([Qu’il soyt] clerq, lé, ou homme mécanique24),

65     Sy tost [que j’ay]25 sur luy bouté la main.

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         Je pence avoir sur moy le souverain,

         L’expert remède pour faire ouvrer caleux26

         Dès27 aujourd’uy sans atendre à demain.

         Je rens sancté à toutes gentz galeux.

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70     J’ey dessus moy d’une erbe la racine28

         Dont, s’il convyent c’une fille macine29

         À décepvoir30 quelque [sien] amoureulx,

         Joyeusement, en luy faisant le signe31,

         Viendra [sy tost] à elle en la cuisyne

75     En luy donnant ung regard de ses yeulx.

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         J’ey de la pouldre sy notable et propice

         [Que] s’yl y a céans quelque nourisce

         Qui ayt perdu le cours de son ruysseau32,

         Qu’el soyt lyée33 au plus près de sa cuisse :

80     Je veulx mourir sy, en deulx jours, ne pisse

         Assez pour faire mouldre ung moullin à eau.

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         J’ey des drogues de sy grande valleur !

         S’un compaignon est muny de chaleur,

         Son corps soyt prys de chaulde maladye34,

85     Vienne vers moy, et qu’il soyt tout asseur35 :

         Se ne luy faictz séparer de son cœur36

         À moingtz d’un jour, je veulx perdre la vye !

         Puysque je suys en ce lieu espartye37,

         De mon effect je veulx faire acongnoistre.

                            Icy dévalle 38 de dessus la sécabelle,

                       et prent unne verge 39 en sa main

                       et faict ung tour ou deulx. Et prent

                           ung chien 40 vestu de quelque toylle

                       de coulleur, et dict ce qui ensuyct :

90     Or, réveillez la male beste41 !

         Petis enffans, mouchez vos nés42,

         Et de toutes contrés, venez

         Icy vous faire aparoistre.

         Or, réveillez la malle beste !

95     Malle beste, retirez-vous !

         Autant à dextre qu’à sénestre43 !

         Or çà ! De par Dieu, male beste,

         [Qu’on voye]44 que vous [vous des]portez !!

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         J’ey esté en en plusieurs costés,

100  Dont maintenant je suys icy.

         Et vous diray, en ce lieu-cy :

                            Icy, remonte sus une sécabelle, et dict :

         J’ey, pour donner sancté au corps,

         Sur moy, d’une herbe qui mect hors

         Le basaq45 et les escruelles,

105   Les fièvres cartes et gravelles46,

         Douleurs de testes47 et de dens,

         Mal de coste, aultre[s] acidens.

         Se la personne estoyt gouteuze,

         Ou dessus la partye honteuze

110   Le chancre l’avoyt assail[l]ye,

         Soudainnement seroyt guérye

         Devant que partir48 de mes mains.

         Or çà ! levez trèstous les mains,

         Petis et grandz, sans secrupules.

115   Qui n’éra grandz blans ou sizains49,

         Je prendray brevès et cédules50.

         J’ey mys en sancté maintes mules :

         Je les faictz courir par monceaulx.

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         J’ey esté à Tours, à Bordeaulx,

120   À Toulouze, La Bonne-ville51.

         J’en ay vendu à plus de mille,

         Tout partout, à mont et à val :

         À Sainct-Aubin, à Dernétal52,

         À Sainct-Léger, Lompan, Carville,

125   À Sainct-Hyllaire et à Sainct-Gille,

         Et à tous ceulx de ceste ville53 ;

         À Sainct-Gervais et à Yonville54,

         Et à tous ceulx de Bondeville,

         À Bouvereul et à Déville,

130   À Cauchoise prèz ceste ville,

         À Tous-vens55 [et] à Malaunay,

         Et à Sainct-Jehan-du-Cardonney,

         À Barentin, à Pavilly,

         [Et] à Roumare, et à Pissy,

135   À Montygny et à Maromme,

         Et à tous ceulx du Grand-Couronne,

         J’en ay vendu à Quevyl[l]y,

         À La Bouille [et] à Moullineaux,

         Et à toutz ceulx d’entour les eaux56,

140   À Sainct-Sever, à Soteville,

         Et à Eauplet57, à Martainville,

         À Ménil, mesmes à Blon[v]ille,

         À Brun[ev]al, à Franqueville,

         À Bo[o]s et à La Neuville,

145   [Au Faulx, et au Bourg]58 Baudouin,

         À La Myvée59, au port Sainct-Ouen,

         [Et] à Oyssel, et à Tourville,

         [Et] à Bédenne60, et à Sainct-Gille,

         À Orival, à Ellebeuf,

150   À Freneuze [et] à Criquebeuf,

         À Léry, [et] au Pont-de-l’Arche

         (Où je vidys61 tant ma besache),

         Au Val-de-Reuil, et à Lovyers62

         (Où je remplys tous mes pényers63).

155   Et de là, m’en alys grand erre64

         À Pîtres & au Pont-Sainct-Pierre,

         À Rommylli, à Radepons

         (Où je trouvys de grans fripons,

         Lesquelz me vouloyent prendre à force65.

160   Alors, je vins monte[r] à force

         Hault la montaigne de Fleury66,

         Ayant le cœur triste et mary.)

         À Gaillard-Boys et à Gran[v]ille,

         À Noyon67 et à Cressanville.

165   Mais plus oultre passer n’osay,

         Pour68 les garnementz de Rozey.

         Lors, m’en alay à Escouys

         (Où toutz mes saqués j’escouys69),

         À Frenelle[s], à Boysemont

170   (Où toutes filles bien le font),

         À Richeville, à Muchegros70.

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         Toutes les filles de dehors

         Acouroyent vers moy sy très royde71,

         Ne72 disant que de ce remède.

175   Les aultres me disouent : « Ma mye,

         Et ! pourdieu, ne m’oubliez mye :

         J’ey la raye du cul essanée73. »

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         Une nourisse réclamée74

         Me vint dire un mot à l’oreille :

180   « Hélas ! (dict-el), pour la pareille,

         Que j’aye ung peu de ceste pouldre !

         Et me faictes un [peu ressouldre]75

         Mon ventre, qui est sourbatu76. »

         Or escoustez la grand vertu

185   Des bonnes drogues que je porte :

         Je fis bouter la pauvre sote

         En la reverse devant moy ;

         Mais, aussy vray qu’i n’est q’un Roy,

         Luy vint ouvrir le pauvre creux

190   Sy gros77, qu’il [s’]est fendu en deulx !

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         Ung bon viel homme de vilage

         Vint à moy du meilleur courage,

         Et me dict en ceste manière :

         « Et, Vierge Marye ! Bastelière,

195   Tant vos racines portent vertus ?

         Mon povre menbre ne tient plus78. »

         Et soudain, sans atendre plus,

         Je luy happe son instrument,

         Et je luy lave doulcement.

200   Quant je l’eutz lavé une pose79,

         Soudain se va dresser son chose ;

         Et le povre viellard de rire.

         Et je luy dix : « En ! et puys, sire ? »

         Et de me faire la gohée80 :

205   « Ma femme sera racollée81.

         En82 chemin, ne le lâche poinct.

         Mon Dieu ! ne reviendrez-vous poinct ? »

         Ce me disoyt-il tous les jours :

         « Et ! tant je suys tenu à vous,

210   De m’avoir ce service faict. »

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         Seigneurs, vous avez veu l’effaict

         De la fille de la Science.

         Je pry Jh[ésu]s, qui a tout faict,

         Qu’il préserve [ceste assistence]83,

215   En prenant congé de ce lieu,

         En vous disant à tous : à Dieu !

                                       FINIS

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1 Cependant, ce rôle fut joué par un homme : on n’eût pas toléré qu’une vraie femme débitât de pareilles cochonneries devant un public en partie masculin. En tête du Sermon pour une nopce, Roger de Collerye indique : « Le Prescheur, habillé en femme. »   2 S’évertue.   3 Un apothicaire ambulant.   4 À l’issue, en sortant. Les deux escrocs vont à la messe pour rassurer les « bonnes gens de ces villages » afin de les plumer.   5 Le style, l’art et la manière.   6 Quand vous aurez eu un accouplement. « N’aurai-ge poinct une venue/ De la femme de mon mounyer ? » Le Poulier à sis personnages.   7 Et aussi, quoi d’autre ?   8 Que vous ne manquerez. « Je n’éray soufrète de riens. » La Veuve.   9 Que vous supportiez. « Cela » désigne le lait spermatique : « Si continuellement ne exerces ta mentule, elle perdra son laict et ne te servira que de pissotière. » (Rabelais, Tiers Livre, 27.) Pour l’expression « l’avaler doux comme lait », voir le v. 84 de Pierre Doribus.   10 Ayant le sexe ouvert comme une pouliche. « El avoyt l’engin trop ouvert/ Pour estre faicte religieuse. » Sœur Fessue.   11 J’ai porté des bissacs, et des boîtes contenant des produits mystérieux, comme les « boètes » du nécromancien dans le Monde qu’on faict paistre, vers 250.   12 Médicaments.   13 Aux rivages (pluriel de « rival », ou « rivail »).   14 On vendait plutôt des produits destinés à rétrécir la vulve des femmes, comme la poudre que la batelière emploiera aux vers 181-190. Voir aussi la note 35 de Sœur Fessue.   15 Pays. « De Cananée je party/ Pour m’en venir en ce party. » Godefroy.   16 D’Africains.   17 « Le quartier désigne le quart d’une longueur admise ; si l’on admet que la longueur moyenne d’un phallus est de 16 cm, le quartier équivaut à 4 cm, et le phallus des Maures mesure 28 cm. » Thierry Martin, Trois études sur la sexualité médiévale, GKC, 2001, p. 12.   18 Quartiers, contrées.   19 Avant de vérifier ce prodige par moi-même.   20 Une escabelle, un tabouret. La Batelière se prend pour la pythie de Delphes, qui rendait ses oracles juchée sur un trépied. Elle adopte d’ailleurs le décasyllabe, plus sentencieux que l’octosyllabe.   21 Le pouvoir, la puissance. Idem vers 89 et 211.   22 Atteint d’étisie.   23 Et aussi.   24 Laïc ou travailleur manuel. Cf. les Povres deables, vers 313.   25 LV : queray   26 Pour faire travailler les paresseux, qui ont un cal dans la main (et non pas un poil, comme on le dit trop souvent). « Tu n’es rien qu’un caleux ! » La Muse normande.   27 LV : tres   28 La racine d’une herbe, comme celle qui composait le « vin herbé », le philtre d’amour de Tristan et Iseut. On notera qu’aujourd’hui, Iseut travaille à la cuisine…   29 Machine, manigance.   30 De séduire, d’ensorceler.   31 Dès qu’elle lui fera signe.   32 Qui n’ait plus de lait.   33 Que ce sachet de poudre soit fixé. On portait souvent des sachets à même la peau, en guise de parfum ou de talisman.   34 Du chaud mal, de fièvre continue. Cf. Saincte-Caquette, vers 378.   35 Il peut en être sûr.   36 Si je ne fais éloigner de son cœur la fièvre.   37 Mise à l’écart, condamnée au bannissement.   38 Elle descend.   39 Une baguette magique.   40 Les bateleurs montraient des chiens savants. Celui-ci, tout comme celui du devin dans Jénin filz de rien, représente l’Antéchrist ; il est vêtu de vert : cf. les Cris de Paris, vers 293. On revient aux octosyllabes.   41 L’Antéchrist, incarné dans le petit chien. « Aulcuns gens ont mis avant que l’Antéchrist estoit nés en Babilone…. Je cuide qu’elle a fait son cours, la malle beste. » (Jehan Molinet.) C’est un truc publicitaire des bateleurs : « Ung batelleur qui crye “la malle beste ! la malle beste !” pour assembler le peuple, et quant il est assemblé, ilz vendent leurs coquilles, font leur profit, et néanmoins la malle beste ne se treuve point. » (Archives nationales.) « Et fuyez de la male beste,/ Qui donne à vivre aux basteleurs ! » (Cabinet satyrique.) La Batelière veut faire croire que ses herbes ont le pouvoir de chasser le diable ; telle était la réputation du millepertuis, surnommé « chasse-diable » : voir la note 49 des Sotz nouveaulx.   42 Les bonimenteurs déclament ce vers proverbial pour obtenir l’attention du public. C’est le vers 3 du Bateleur.   43 À droite et à gauche.   44 LV : que on vouee  (Au nom de Dieu, qu’on vous voie quitter les lieux !)  Le chien s’enfuit derrière le rideau de fond.   45 LV : bausaq  (Un refroidissement. « À rafreschir cet estomac,/ Toutes fois, garde le basac !/ De tant refroidir la bedaine,/ Qu’une belle fièvre soudaine,/ Tierce et puis continue après,/ Trop tost les envoye ad patres. » Pronostication généralle.)  La guérison des écrouelles était un privilège royal.   46 Les calculs.   47 Les testes au pluriel sont les testicules (lat. testes). Cf. le Faulconnier de ville, vers 392.   48 Avant qu’elle ne parte.   49 Des pièces de monnaie.   50 Des quittances et des reconnaissances de dettes.   51 Les spectateurs normands pouvaient reconnaître Tour (dans l’actuel Calvados), Bordeau (Seine-Maritime), Tourouvre (Orne), et La Bonneville (Manche). « La Bonneville, Bonport, Bons-Moulins, Boos, Bordeaux. » <Masseville.> Quelques années plus tôt, Rabelais plaisantait sur « Londres en Cahors » (dans l’actuel Lot-et-Garonne), et « Bordeaux en Brie » (Seine-et-Marne). La Pippée, au vers 583, fait l’apologie de Pontoise, minuscule village de Picardie.   52 Darnétal. Toutes ces communes ou ces paroisses proches de Rouen furent ajoutées au gré des tournées. L’auteur n’y est pour rien, comme en témoignent la désorganisation du schéma des rimes, les particularismes verbaux <note 61>, et le fait que Saint-Gilles est nommé deux fois. On reconnaît beaucoup des noms ci-dessous dans les Beautéz de la Normandie ou l’origine de la ville de Rouen, de Jean Oursel, et dans l’État géographique de la province de Normandie, du sieur de Masseville.   53 De Rouen, où le monologue fut créé.   54 Les spécialistes de Flaubert affirment qu’il a « inventé » ce bourg normand pour y situer Madame Bovary. Or, le lieudit Yonville figure dans le ms. La Vallière depuis le XVIe siècle. D’après Jean Oursel, une « source d’Yonville, ou de S. Filleul » coulait à Rouen. Voir aussi les Triomphes de l’Abbaye des Conards : « À Pîtres, Romilly, Sotteville et Yonville. »   55 Tousvents : hameau proche d’Yvetot.   56 Des îles de la Seine. « Bru de Loviers et de Gaillon,/ Bru de La Bouille et Moulineaulx,/ Bru des isles par tout les eaulx,/ Bru [de Sainct-Aubin], Dernétal,/ Bru partout, tant amont qu’aval. » Les Brus.   57 LV : eau pleust  (Eauplet, au bord de la Seine, avait des guinguettes mal fréquentées : « Les gaillards & filles de joye (…)/ Allaient gouster dedans Yauplait. » La Muse normande.)  Sotteville-lès-Rouen avait une spécialité locale : « Les pucelles de Sotteville…./  Qu’elles le soient ou non, qu’importe ;/ Mais on les nomme de la sorte. » Le Tracas de la Foire du Pré.   58 LV : o faulx o bort  (Le Faulq est une commune du Calvados : « Franqueville, Le Faux, Roüen. » <J. Oursel.>)  Bourg-Beaudouin est dans l’Eure : « Ch’est le milleur garçon qui soit o Bourbaudouin. » (La Muse normande.) L’hésitation du scribe tient au fait qu’on l’appelait aussi Port-Baudouin.   59 Amfreville-la-Mi-Voie. « En ce temps-là, tu allets, drolatique,/ À la My-vais. » La Muse normande.   60 Prononciation normande de Bédanne, près de Tourville.   61 Je vidai ma besace : je vendis toute ma marchandise. Le Normand qui a rallongé le texte a encore usé de conjugaisons locales aux vers 155, 158, 168 et 175.   62 Louviers.   63 Mes paniers d’herbes médicinales.   64 Je m’en allai rapidement. Marot se gaussa des terminaisons normandes : « Collin s’en allit au Lendit,/ Où n’achetit ni ne vendit. » Sur quelques mauvaises manières de parler.   65 Violer. La Batelière ne se laisse pas faire, ce qui prouve que ce passage est apocryphe.   66 Fleury-sur-Andelle. Voir la Carthe topographique du chemin de la montagne de Fleury, à cinq lieües de Rouën.   67 Noyon-le-Sec.   68 À cause. Rosay ne semble pas avoir été un lieu dangereux.   69 Je secouai tous mes sachets (après en avoir vendu le contenu). « J’ai ci assez ma bourse escouse. » Godefroy.   70 « Richeville, Sausay, Boisemont, Frenelles, Muchegros, Escouy. » J. Oursel.   71 Si vite.   72 LV : me  (En ne parlant de rien d’autre que de ce remède.)   73 Ensanglantée. Il n’était pas rare que des femmes acceptent la sodomie, ne serait-ce qu’à des fins contraceptives. « Elle contoit à son amy que de toutes les parties de son corps, elle n’avoit réservé à son mary que le cul, qu’elle luy donnoit de bon cueur. » Les Joyeuses adventures.   74 Réputée, recherchée.   75 LV : petit resouldre  (Faites un peu se ressouder, se refermer.)   76 Courbatu, fourbu.   77 Elle vint à ouvrir son sexe si largement.   78 Ne tient plus en érection.   79 LV : posse  (Une pause : un instant.)   80 Il me fit une démonstration de joie.   81 Accolée de nouveau.   82 LV : son  (Pendant le trajet du retour, je ne lâche pas mon phallus, de peur qu’il ne ramollisse.)   83 LV : lassistence